Catégorie : Théâtre

« SAMO, A tribute to Basquiat » : une rhapsodie théâtrale

— par Roland Sabra —

Une rhapsodie théâtrale dominée par la figure du père et par le jazz. Une écriture en mouvement de paroles et de notes.

A la recherche du Père. Basquiat-Guédon dans une symbiose aux contours évanescents, aux frontières vaporeuses comme un reflet d’une peinture-écriture dont le trait d’union serait le jazz. Koffi Kwahulé, dont l’écriture est habitée par le Jazz comme on a pu le voir dernièrement au T.A.C. avec Jaz mis en scène par Jandira Bauer, a répondu, sans trop se faire prier, à la commande de Laetitia Guédon d’un texte sur Jean-Michel Basquiat.

Coltrane-Parker pour Kwahulé-Basquiat. Pour l’écrivain dramaturge c’est Coltrane considéré comme le saxophoniste le plus révolutionnaire des années 40-60, celui qui sans cesse a repoussé les limites de l’instrument dans une quête stylistique et spirituelle bordée d’alcool et de drogues. Mort à 41 ans d’un cancer du foie. Pour le peintre, c’est Charlie Parker Jr fils unique de Charlie Parker Senior, pianiste et danseur, nomade. Parker Jr est l’inventeur du jazz moderne, prometteur du bebop, celui qui va bouleverser la mélodie, le rythme et l’harmonie, avec des œuvres qui vont devenir des standards.

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De la scène politique à la scène théâtrale, il n’y a qu’un pas

—Par Jack Dion —

L’actualité rattrape parfois le théâtre (et vice versa). C’est le cas avec « Timon d’Athènes », mis en scène par Cyril Le Grix au Théâtre de la Tempête, et « Honneur à Notre Elu », de Marie Ndiaye, mis en scène par Frédéric Bélier-Garcia au Théâtre du Rond-Point. Et Aurélie Van Den Daele s’est inspirée d’Ovide pour créer « Métamorphoses ».

Nul ne pensait que la présidentielle et ses aléas les moins reluisants donneraient un écho à Shakespeare, qui n’a pas besoin de caisse de résonance pour remuer les consciences. C’est pourtant ce qui se passe pour Timon d’Athènes, adapté et mis en scène par Cyril Le Grix au Théâtre de la Tempête.

Il s’agit de l’une des dernières pièces du grand Will, moins célèbre que d’autres, et pourtant l’une des plus radicales. L’auteur y dénonce le pouvoir maléfique de l’argent. On y entend notamment ce passage qui sera relevé par Karl Marx dans les Manuscrits de 1844 (1) : «Que vois-je ? De l’or ? De l’or jaune brillant et précieux ? (…) Un peu de cet or rendra blanc le noir ; beau, le laid ; juste, l’injuste ; noble, l’infâme ; jeune, le vieux ; vaillant, le lâche (…) Cet esclave jaune placera les voleurs en leur accordant titre, hommage et louange, sur le banc même des sénateurs ».

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« Vénus et Adam » texte et m.e.s. d’Alain Foix

 Jeudi 16 mars 2017 à 20h. Tropiques-Atrium

Cie Quai des Arts
Création en co-diffusion avec l’Artchipel Scène nationale de Guadeloupe
21 septembre 2001. Alors que la planète regarde les ruines fumantes des Twin Towers, le tronc d’un enfant noir, recouvert d’un short orange, est retrouvé dans la Tamise. Dépêchés sur place, l’inspecteur Ling et Jean Dumoulin, journaliste, tentent d’identifier l’origine du garçon baptisé Adam par Scotland Yard.
Le monde s’émeut, l’enquête s’étend en Allemagne, en Afrique du Sud et au Nigeria, tandis que Nelson Mandela lance un vibrant appel pour retrouver l’identité de l’enfant. La troublante Vénus Baartman, nouvelle recrue de la police scientifique, a peut-être des réponses -d’autant que le hasard- ou le destin replace dans l’actualité une autre Vénus, Hottentote, née en esclavage en 1789 et exposée dans des zoos humains en Angleterre et en France avant de finir empaillée au Musée de l’Homme.

Quels liens y a-t-il entre Adam et Vénus, archétypes modernes de la question de l’origine et du crime inaugural ?
« L’alliance d’une esthétique brillante et d’un message profondément humaniste fait des merveilles dans ce roman » – Evène

Vénus et Adam a été lue à la Comédie Française en 2005, puis publiée sous la forme d’un roman en Janvier 2007.

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« SAMO, A Tribute to Basquiat » de Koffi Kwahulé, m.e.s. de Laëtitia Guédon

Vendredi 10 mars 2017 à 20 h à Tropiques-Atrium

Compagnie 0,10
Mise en scène : Laëtitia Guédon
Texte : Koffi Kwahulé
Avec : Yohann Pisiou, Willy Pierre-Joseph,

SAMO, A Tribute to Basquiat est une oeuvre indisciplinée, écrite pour deux musiciens, un acteur et un danseur sur le célèbre peintre noir américain. Né en 1960 à Brooklyn, issu de la middle class new-yorkaise, Jean-Michel Basquiat devient dans les années 80, une des figures de proue de mouvement underground new-yorkais.

Qui est S.A.M.O. ?
Basquiat, Al Diaz et Shannon Dawson créent avec “ SAMO ” (anagramme de “Same Old Shit”), les prémices du graffiti. Basquiat est le moteur principal de ce projet et traduit son observation sensible du monde par des messages lapidaires inscrits, tagués, sur les édifices de l’environnement urbain new-yorkais. Les courts messages qu’il inscrit à l’époque sont déjà, avant ses toiles, des actes poétiques et politiques. La suite : la rencontre avec Warhol, la vitalité désespérée qui le conduit à cette production boulimique de tableaux, le succès, les trop nombreuses drogues et son entrée dans le funeste Club 27.
Ce qui m’intéresse ici c’est l’avant, la période d’errance, de marche, de recherche, la période de signalétique, où à New York on se dit : “ qui est SAMO ? 

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F(l)ammes, dans Multiscénik

Diffusé sur France Ô ce dimanche à 23H35

Parce que toutes les femmes méritent d’être célébrées dans leur diversité et qu’il n’y a pas besoin d’attendre la #Journeedelafemme pour cela, découvrez la programmation spéciale de Multiscénik ce dimanche 5 mars ! Greg Germain propose pour cette édition, F(l)ammes, la nouvelle création du metteur en scène Ahmed Madani. Après Illumination(s) créé avec de jeunes hommes de Mantes-la-Jolie, il présente le versant féminin de son aventure artistique « Face à leur destin ». F(l)ammes met en scène de jeunes femmes de quartiers populaires. Elles sont une dizaine, nées de parents immigrés. Elles explorent ensemble leurs identités multiples, leur sensibilité, leurs désirs.

Avec Anissa Aou, Ludivine Bah, Chirine Boussaha, Laurène Dulymbois, Dana Fiaque, Yasmina Ghemzi, Maurine Ilahiri, Anissa Kaki, Haby N’Diaye, Inès Zahoré

%ise en scène : Ahmed Madani

Assistante à la mise en scène Karima El Kharraze
Création vidéo Nicolas Clauss
Création lumières et régie générale Damien Klein
Création sonore Christophe Séchet
Régie son Jérémy Gravier et Samuel Sérandour
Costumes Pascale Barré et Ahmed Madani
Coaching vocal Dominique Magloire et Roland Chammougom
Chorégraphie Salia Sanou
Photographie François Louis Athénas

Production Axe sud

Création sonore Christophe Séchet
Régie son Jérémy Gravier et Samuel Sérandour
Costumes Pascale Barré et Ahmed Madani
Coaching vocal Dominique Magloire et Roland Chammougom
Chorégraphie Salia Sanou
Photographie François Louis Athénas

Production Axe sud

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F(L)AMMES : « Le feu de la vie »

— Par Christian Antourel —

Face à leur destin -est une aventure idéale déclinée en trilogie , issue de la recherche amplifiée de création artistique en milieu urbain menée par Ahmed Madani avec de jeunes habitants des quartiers populaires.

Avec ce travail, Ahmed Madani souhaite faire une description appliquée et minutieuses de ce que recouvre la réalité d’être de jeunes français vivant dans une zone urbaine sensible. Les jeunes des quartiers périurbains sont en quête d’identité et de reconnaissance, ils désirent être français à part entière, mais ils vivent mal ces regards portés sur eux qui sont liés à une histoire dont ils n’ont pas été les acteurs. Le metteur en scène veut dresser cette topographie avec des experts de la jeunesse : les jeunes eux-mêmes. Sous le joug d’une mémoire collective dont on commence à peine à soulever le voile, d’une situation économique particulièrement difficile et d’une incapacité à se projeter dans l’avenir, cette jeunesse sera la matière bouillonnante d’une aventure artistique qui depuis plus de vingt ans, s’élabore sur le vif à partir de la vie des protagonistes.

– « Illumination(s) » réalisé avec des jeunes hommes du Val Fourré a Mantes-la-Jolie

– «  F(l)ammes » le second pilier, réalisé avec des jeunes femmes des quartier populaires

– « Des garçons et des filles » est le titre provisoire du troisième volet en cours de réalisation.

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« F(l)ammes » : et le phénix renaît de ses cendres

— par Janine Bailly —

C’est un samedi soir peu ordinaire sur la terre. À l’extérieur, le Carnaval se déploie. Dans la nuit foyalaise, la « Bet a fé » déroule ses anneaux, et ses luminescences font surgir de l’obscurité les lisières de la Savane. Il nous faut donc louvoyer, un œil sur les groupes chamarrés qui se déchaînent au rythme endiablé des percussions, l’autre sur les aiguilles de la montre, pour être sûrs de rejoindre à temps la scène de Tropiques-Atrium. Car là, à l’intérieur nous attendent d’autres lumières, d’autres chants, d’autres danses, et les mots de ces femmes-feu, femmes-filles, femmes-volcans qui laissent couler une parole libérée, brûlante de sincérité et d’énergie vitale.

Ahmed Madani a choisi, pour nommer l’œuvre, d’inscrire entre parenthèses le « L » de « F(l)ammes », cette lettre signifiant, dit-il, le pronom « elles » autant que le nom « ailes ». Puisqu’aussi bien celles qui, jusqu’alors étaient enfermées dans les territoires de quartiers dits sensibles, celles qui étaient victimes d’une double discrimination, en tant que femmes et comme descendantes de parents immigrés, celles-ci donc vont prendre leur envol, refusant le carcan des préjugés et des coutumes si elles s’avèrent nuisibles, décidant de tracer leur propre destin, rejetant l’idée d’une quelconque prédestination, qui serait inéluctable et funeste.

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« F(l)ammes » : il n’y a pas de gens ordinaires

— Par Selim Lander —

Merci, monsieur Ahmed Madani pour cette démonstration enthousiasmante portée par dix jeunes femmes de toutes couleurs et de toutes conditions, comme on dit, mais plutôt typées immigrées, même s’il y a parmi elles une Guadeloupéenne qui a toutes les raisons de se revendiquer française d’ancienne lignée. Quoi qu’il en soit, si l’on dit qu’il n’y a pas de gens ordinaires, ces jeunes femmes en particulier, on ne veut pas insister sur leurs différences apparentes qui les distinguent des Françaises dites (horresco referens !) « de souche », la peau noire des unes, les cheveux frisés des autres (il n’y a  pas d’Asiatiques parmi elles) : elles ne sont pas ordinaires comme l’est chacun d’entre nous, parce qu’elles ont chacune une histoire qui les rend uniques.

Nous sommes tous intéressants mais nous ne sommes pas tous capables de le montrer. Le grand mérite d’A. Madani est d’avoir su insuffler à chacune de ces dix jeunes femmes la force de s’exprimer avec une éloquence de bon aloi, sans gommer l’identité de chacune et surtout sans atténuer une émotion constamment palpable.

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Erzulie Dahomey, divinité de la liberté

— Vu par José Alpha au TAC le 17 fev 17 —

Avec la crise de possession du corps de Fanta, la jeune bonne haitienne au service de la famille Maison, par l’esprit Vaudou de « Erzulie (Fréda) Dahomey », comme un javelot de feu qui déchire les ténèbres de la Mort et les entrailles de la résignation, la pièce de Nelson-Rafaell Madel écrite par Jean René Lemoine sous le titre de « Erzulie Dahomey, déesse de l’amour », après une longue démonstration de l’effondrement social d’une « famille de petits blancs», s’arrache enfin du plancher du Théâtre Aimé Césaire.
On a beau dire que l’exotisme poétique présenté ici dans la pénombre des mystères du Vaudou haïtien dont les origines viennent certainement du Dahomey ( le Bénin), constitue déjà une passerelle vers « l’assemblée » invitée au rendez-vous pris avec l’un des loas le plus terrible du panthéon haïtien. On a envie de croire qu’il ne s’agit pas de racolage théâtral par la seule présence du nom de la divinité dans le titre du spectacle , d’autant que l’on sait que les esprits (loas) du Vaudou, à l’opposé des religions traditionnelles, sont des divinités qui se meuvent en dehors des problèmes du quotidien pour vivre dans les dimensions des hommes avec leurs joies, leurs craintes et leurs angoisses.

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« Erzulie Dahomet, déesse de l’amour » dans une mise en scène maîtrisée et inspirée.

— Par Michèle Bigot —

Texte de Jean-René Lemoine, M.E.S. Nelson-Rafaell Madel,

Théâtre Aimé Césaire, Fort-de France, février 2017

Le mélodrame de Jean-René Lemoine, Erzuli Dahomey, déesse de l’amour, est avec Médee, poème enragé l’une des deux pièces les plus connues du dramaturge haïtien Jean-René Lemoine. Après avoir reçu le prix SACD de dramaturgie de langue française en 2009, elle est entrée au répertoire de la Comédie française en 2012. La mise en scène qu’en propose Nelson-Raphaell Madel a été proposée à Paris au Théâtre 13 en octobre 2016. Le dramaturge haïtien revisite les classiques du théâtre à la lumière du métissage culturel, leur conférant une force nouvelle et une portée inédite. Ici on pense à Les Bonnes de Genêt, pour ne rien dire de l’influence esthétique d’Almodovar.

Mais ce qui est inédit dans Erzuli Dahomey, c’est le mélange des genres: l’auteur parle d’ailleurs à son sujet de « comédie tragique »: tout en se glissant dans le genre du vaudeville, il cherche à en récuser la forme et le sens.

On résumera l’histoire à grands traits: Victoire, une actrice vieillissante reconvertie en veuve et mère de famille respectable vient d’apprendre la mort de son fils Tristan.

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« Erzuli Dahomey, déssse de l’amour » : le théâtre antillais sur la bonne voie

— Par Roland Sabra —

Le fantôme d’un mort apparaît dans une maison frappée par le deuil sans être celui qui doit être enterré dans le caveau familial. Fantôme d’un autre, celui d’un autre monde, proche et éloigné, étrange et familier, manifeste et refoulé il est celui d’un fils. Cela suppose une mère. L’un ne va pas sans l’autre. En tout lieu et en tout temps. Afrique, Europe et Caraïbes. Blancs, noirs et métisses confondus. Là est l’essentiel, tout le reste est secondaire. La filiation voilà la grande affaire. Tel semble être une des thématiques récurrentes des œuvres de Jean-René Lemoine. Il en est d’autres corrélatives comme la demande infinie et toujours croissante d’un amour dont le sol se dérobe avec le temps. Éloignement inéluctable. Nostalgie d’un temps qui n’est plus, et qui sans doute n’a jamais été. La première pièce qu’il n’aura pas écrite et que va monter Jean-René Lemoine est La Cerisaie de Tchekhov⋅ Dans Erzuli Dahomey l’ancrage des personnages n’est pas à un passé révolu il est est à des préjugés, des dénégations⋅

Lire : « Face à la mère » entretien avec Jean-René Lemoine

Victoire Maison, ex-comédienne, la cinquantaine mène une vie retirée avec ses deux enfants jumeaux, Sissi et Frantz, seize ans d’âge, leur précepteur, le Père Denis, frère de son mari décédé.

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Hommage à Georges Mauvois

23, 24 février 2017 à Madiana & C.C. du Bourg du Lamentin

Durant la deuxième partie du siècle vingtième et jusqu’à son dernier texte, Le Merisier, l’écrivain martiniquais Georges Mauvois n’a eu de cesse, dans le divers de son oeuvre, de porter le particulier de la Caraïbe, et singulièrement de son île, aux horizons du monde. Les regards protéens de son oeuvre disent avec ô délicatesse et virtuosité l’acuité et l’enthousiasme de sa pensée. Qu’il endosse le lin du dramaturge, du chroniqueur, du biographe, du conteur, du créoliste, du pédagogue, du traducteur, du poète, d’un livre l’autre, rien de commun. Pour donner à ressentir le baroque des existences martiniquaises, voire caribéennes, Georges Mauvois, en véritable esthéticien de l’hétérogénéité, fait, tel l’Orphée mythique, le voyage dans les profonds mêmes des cultures, des histoires locales et mondiales, des oralitures créoles, des littératures gréco-latines et françaises, ramenant ainsi, par l’écriture, tout le nuancier des vérités existentielles· Chez Mauvois, le personnage ne se contente jamais de paraître vraisemblable, il est ; toujours vrai, véritable, véridique, authentique, l’aura de réalité qui émane de ses corps projette le lecteur et/ou le spectateur dans l’immanence sensuelle du sublime comme dans la transcendance idéelle du Beau.

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« La tragédie du roi Christophe » au TNP : un hommage subtil de Christian Schiaretti à Aimé Césaire.

— Par Dominique Daeschler —

En fond de scène une immense boîte rectangulaire où cinq musiciens ne cesseront d’accompagner, de ponctuer. Par cour et jardin, une foule haute en couleurs et en langages envahit le plateau. Ayez l’œil vigilant et l’oreille curieuse ! Dans la symbolique du Pitt et du combat de coqs, se pose le récit et l’éternelle histoire de la mystique du chef et de la thématique de l’espérance, thèmes chers à Césaire, Fanon et Schiaretti …of course.
De St Domingue à Haïti, de Boukman à Louverture, de Christophe à Pétion, d’enthousiasme en trahison, se déroule la difficile accession à l’indépendance des pays colonisés après l’abolition de l’esclavage. Tentation de se couler dans le moule du colonisateur, difficulté de la maturité citoyenne, sirènes du pouvoir absolu et éloignement du peuple, volonté d’affirmer la dignité d’un peuple….
La mise en scène de Schiaretti est une géométrie de l’espace et de l’esprit : les hommes et les mots semblent se déplacer sur un échiquier. Ce qui frappe d’a- bord c’est l’intelligence de la répartition de la parole. Plus que des répliques ce sont des passes, la parole est saisie au vol par la foule, par la cour.

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Avec « Erzuli Dahomey, déesse de l’amour » et après « Médée-Kali », le M’Acte démontre sa volonté de rapprocher les différentes cultures.

— Par Scarlett Jesus —

Avant la Martinique -où la pièce sera jouée au Théâtre Aimé Césaire du 16 au 18 février prochain, dans le cadre d’une programmation mettant à l’honneur Karine Pedurand, le Mémorial Acte a donné une unique représentation d’« Erzuli Dahomey, déesse de l’amour ». Le texte de cette pièce, écrite par Jean-René Lemoine il y a une dizaine d’années dans le cadre d’une résidence d’auteur à La Chartreuse d’Avignon et publié aux éditions des Solitaires intempestifs, a reçu plusieurs récompenses : le Prix SACD de la dramaturgie française en 2009, suivi en 2013 du Prix « Théâtre 13 Jeunes metteurs en scène ».

La pièce avait fait l’objet d’une programmation à la Comédie Française (salle du Vieux Colombier) du 12 mars au 15 avril 2012, avec une mise en scène d’Eric Génovèse. La mise en scène, pour la Guadeloupe et comme pour la Martinique, a été réalisée à l’initiative de la Compagnie Théâtre des Deux Saisons. Elle a pu être vue en Île de France, les 17 et 18 juin derniers, dans le cadre de la structure Arcadi (Plateaux Solidaires).

Erzuli ?

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Erzuli Dahomey, déesse de l’amour de Jean-René Lemoine, m.e.s. Nelson-Rafaell Madel

Les 16, 17 & 18 février 2017 à 19 H 30 au T.A.C.

La pièce
Victoire Maison, la cinquantaine, mène une vie décente et retirée de veuve dans la petite commune de Villeneuve en Europe. Fanta, sa bonne antillaise, est bouleversée par la mort de Lady Di. Frantz et Sissi, ses jumeaux de seize ans, le sont aussi, ils admirent le destin tragique de la princesse. Victoire apprend la mort de son fils aîné, Tristan, dans un crash d’avion.

Lire : Avec « Erzuli Dahomey, déesse de l’amour » et après « Médée-Kali », le M’Acte démontre sa volonté de rapprocher les différentes cultures. — Par Scarlett Jesus —

Peu après l’enterrement de ce dernier, surgit brusquement Félicité Ndiogomaye Thiongane, une femme sénégalaise venue réclamer le corps de son fils West.

Voir la vidéo ci-après

Si West est ce fantôme qui trouble les nuits agitées du Père Denis – le précepteur des jumeaux –, n’est-ce pas lui qui repose aussi dans le caveau familial ? Mais dans ce cas où est Tristan ? Tout a désormais changé de face dans cette maison.

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« F(l)ammes » de Ahmed Madani

  1. Samedi 18 février 2017 à 19h 30 à Tropiques-Atrium

Madani Compagnie
En 2013, une dizaine de jeunes hommes du Val Fourré interprétaient Illumination(s). C’est aujourd’hui la parole longtemps tue de jeunes femmes d’Île-de-France qui s’élève.

Lire  : « Illumination(s) », texte et mise en scène de Ahmed Madani : le meilleur du « Off » 2013  — par Roland Sabra —

Nées de parents immigrés, elles sont seules expertes de leur réalité, de leur féminité. Point aveugle de l’histoire de l’immigration en France, les moins visibles des minorités visibles s’explorent et s’expriment, chantent et dansent. Explorer leur moi intime, comprendre leurs doutes, leurs peurs, faire état des promesses dont elles sont porteuses, sont les moteurs de cette aventure artistique.

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Dix femmes sur scène. Après Illuminations, en 2013, un spectacle avec des hommes, vigiles originaires de banlieue, Ahmed Madani poursuit une aventure artistique intitulée «Face à leur destin» avec des jeunes habitants des quartiers populaires.

Lire :« Si vous saviez ce qu’il y a dans leur tête, vous les regarderiez différemment »

Les F(l)ammes ont toutes grandi dans des quartiers sensibles. Il y a Ludivine, de Boulogne-Billancourt («Les immeubles, le béton, le goudron,/Ne peuvent rien contre la forêt qui est en nous»), Anissa A.,

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Mary Prince d’après The History of Mary Prince, récit autobiographique d’une esclave antillaise

— Par Michèle Bigot —

M.E.S. Alex Descas

avec Souria Adèle

Théâtre municipal de Fort-de France, 2/02/2017

Ce spectacle présenté en 2015 à l’Albatros, dans le cadre du festival d’Avignon par la compagnie Man Lala, présente une séquence de textes extraits d’un récit autobiographique. Il s’agit du premier témoignage publié en 1831 à Londres, sur les conditions de vie de son auteur, Mary Prince dans les colonies britanniques. Née esclave dans une colonie des Bermudes vers 1790, elle est vite séparée de ses parents lors d’une vente des esclaves de la maison. Ses premiers maîtres la traitent avec humanité; elle bénéficie même d’un enseignement rudimentaire, et elle est trop jeune pour comprendre sa condition d’esclave. Mais très vite elle fait l’apprentissage de l’affliction par la séparation brutale d’avec les siens dans son plus jeune âge. Ecoutons-la:

Je ne savais ni où j’allais, ni ce que mon nouveau maître ferait de moi, j’avais le coeur brisé de chagrin et mes pensées retournaient sans cesse vers ceux dont on m’avait si brusquement séparée. Je n’arrêtais pas de me dire: « Oh, ma mère!

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Le Métro fantôme … où chacun peut voter pour l’idiot de son choix

Centre André Aliker de Ste Thérèse à Fort de France : jeudi 9, vendredi 10 et samedi 11 février 2017 à 19h 30

— Par Clara Chérubin —

C’est samedi dernier, le 4 février, lendemain du tremblement de terre qui a secoué autant les corps que les âmes de la Martinique, que je me suis assise dans le Théâtre Aimé Césaire de Fort de France en attendant l’ouverture de rideau du Métro Fantôme écrit par Amiri Baraka ex black panther, en 1963, adapté et mis en scène par José Alpha.
Je scrute le lustre du Théâtre, les poteaux supports métalliques des balcons, les fauteuils et puis le rideau de scène, … tout est en place. Comme si le Théâtre Aimé Césaire inauguré en 1912 avec ses 800 places, aujourd’hui 160, n’avait pas bougé et est encore capable de tenir tête, dix ans plutard, à des séismes aussi violents que celui du 21 novembre 2007 (7.1 sur Richter). Partout où se posent mes yeux, tout est calme et rassurant. Pourtant l’équipe du Théâtre des cultures créoles (Cie Téatlari) avait vécu la veille, m’ont-ils dit, ces mystérieuses secousses qui avaient interrompu la répétition technique sur le plateau, tellement le théâtre était secoué par « des mains invisibles ».

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« Jaz » : Jandira Bauer et l’art de la mise en scène.

Les appréciations de Michèle Lapelerie et de Christiane Rodulfo

— Par Michèle Lapelerie —

Jandira lit une pièce de théatre africaine et, soudain, pose ses lunettes :

« Bleu de chine » oui ! D’ un coup de baguette magique, elle nous fait entrer dans un univers poétique, lumineux, qui nous transporte, qui nous transporte…..

Et nous montons,, nous montons jusqu’au sommet de cette belle tour, blanche de tulle.
Mais, qu‘est-ce ?.Nous voyons un grand, un gros phallus ! Cette énorme érection ne peut être que le symbole de la force et de la puissance de la virilité masculine.

Jandira, la facétieuse ,nous dit « non » .Ce « grand et gros machin emmailloté » n‘est qu’ une vulgaire cabine dans laquelle la merveilleuse comédienne viendra s’habiller et se déshabiller tout au long du spectacle.

Jandira a l ‘art de la caricature et sa créativité est remarquable.

Des jeux de lumière, éblouissants, fascinants ;

Ce double WC, éclairé par le projecteur ne peut être qu’un trou où s entassent nos excréments noirs de puanteur. La judicieuse Jandira l a décoré de larges bandes brunâtres. Petit mais puissamment mis en valeur il devient le tabernacle sacré dans lequel Jane, le « LOTUS BLANC », dépose ses vêtements ,surtout cette robe d un blanc immaculé, souvenir précieux de la tendre, de la douce relation qui l’a unie à Oridé.

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Jaz, de Koffi Kwahulé. m.e.s. de Jandira Bauer : humain et puissant

— Par Margaux Villain-Amirat, comédienne —
Jandira Bauer et ses mises en scènes, c’est une histoire que je suis depuis longtemps. Depuis avant que je parte de Martinique faire mes armes de comédienne à Paris. Longtemps. C’est donc avec une excitation teintée d’appréhension que je me suis donc rendue le 28 janvier au Théâtre Aimé Césaire voir sa dernière création, Jaz de Koffi Kwahulé. La même appréhension qu’on a quand on s’apprête à retrouver un ami des années plus tard. Les questions se bousculent : ai-je changé ? A-t-elle changé ? Pourrons-nous encore trouver un point d’entente ? Mais dès le lever de rideau, ces questions se dissipent et le point d’entente est bel et bien là.
Derrière les cheveux blonds d’une Jann Beaudry éblouissante se découpe la Place Bleu de Chine, théâtre de notre tragédie sur fond de jazz. Jann y danse et y chante l’histoire de Jaz, habitante d’un quartier laissé à l’abandon par les pouvoirs locaux, qui se fait abuser dans les sanitaires publics. Si l’histoire de Kwahule est dure, elle nous est pourtant contée avec amusement et distance, comme une jeune femme qui aurait décidé d’effacer une blessure de sa mémoire, de mettre son malheur derrière elle et de renaître de ses cendres.

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Mes impressions sur « Jaz », au gré de mes fantaisies.

— Par Maryvonne Brisson —

Fermons les yeux un instant et figurons-nous une scène nue, une scène où ne trône qu’un patron bien galbé et surmonté d’un chic chapeau de femme.  Voilà le décor nu, la nudité de nos vies modernes et fragiles. La fragilité d’une belle jeune femme libre et insoumise. Existence fragile d’encombres, de déchets et de la solitude dans la foultitude moderne d’une cité en dérive.

La violence de l’homme éructe la bestiale voix d’une  pulsion assouvie. Pleurs, plaintes ou éructations d’un homme repentant ? Animal rampant et implorant. Jaz, la voix de la douleur, du crime banal dans une société avilissant le meilleur d’elle-même : La Femme.

Je suis saisi de frayeur et médusé par le jeu voluptueusement violent de cette jeune actrice qui sert bien ce drame moderne qui doit heurter et hanter nos âmes bien pensantes et très accommodantes. La voix , celle de Jaz, belle et fragile proie des fantasmes d’un criminel lubrique. Le couteau obscène et la litanie d’une descente aux enfers, du viol. La voix de Jaz éructe et crie la douleur glaçante d’une chair outrée et d’une vie fracassée.

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Le monologue du Gwo Pwèl « Abò ti-bis jònn-lan »

Mardi 14  & mercredi 15 février 2017 à 20 h

-Tropiques-Atrium –

« …Je n’ai jamais aimé m’épancher devant ces gens qui ont ce penchant pervers de se pencher sur le malheur des uns et des autres avec cette compassion hypocrite.
Ai toujours préféré sourire en silence, dans ce grinyen dan grimaçant de façade, faire face à l’autre, aux autres, en soignant ma devanture, avec comme enseigne tout va bien, ou du moins tout va pour le mieux… et pourvu que ça dure ! »
J’avais décidé d’être un homo rictus à défaut d’être un makoumè pleureur… car finalement sourire était la meilleure façon que j’avais trouvé de montrer les crocs à mon désespoir… »
Un homme seul, face à lui-même, dans la solitude de son désespoir, dans le chagrin d’amour antillais, le fameux Gwo Pwèl. Un one-man-show sous fond de texte de slam où le spectateur rentre dans l’intimité introspective d’un homme délaissé.

Narrateur : MaKanDJa
Pièce de théâtre slamée de : Fabrice Théodose
Mise en scène : Patrice Lenamouric
Lumière : Marc-Olivier René
Son : Didier Adréa
© visuel : Agnès Brézéphin
Coproduction : Migann’Art & Tropiques Atrium Scène nationale
Avec le soutien de : Ministère de la Culture et de la Communication (DAC Martinique) & Collectivité Territoriale de Martinique (CTM)

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Quand Médée-Kali trouve place au Memorial Acte

— Par Scarlett Jesus —
La pièce de Laurent Gaudé, « Médé-Kali » est, à l’évidence, d’actualité. La preuve en est qu’elle a été mise en scène presque simultanément, en février 2016, au Théâtre de la mer (Joliette Minoterie), à Marseille, ainsi que dans le 93, à Montreuil-sous-Bois. Montée par la Cie Kamma crée par Karine Pédurand, elle a été jouée en Guyane, début novembre, puis à L’Archipel de Basse-Terre, en Guadeloupe les 20 et 21 janvier 2017, avant d’être présentée au public martiniquais le 24 janvier, dans le cadre du Festival des Petites formes, à L’Atrium. La voici revenue en Guadeloupe, ce vendredi 27 janvier, mais dans un lieu hautement emblématique cette fois, le Mémorial Acte. Nul doute que la réception d’une telle pièce dans ce « Centre caribéen d’expressions et de mémoire de la traite et de l’esclavage », ne peut que se charger d’une coloration particulière. « Médée-Kali » peut-elle apporter une quelconque contribution à un vivre-ensemble harmonieux, permettant que s’opère, à travers l’horreur que suscite cette histoire tragique, la catharsis des sentiments de haine et de vengeance engendrés par l’histoire douloureuse de l’esclavage ?

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Le festival des Petites Formes » – Un Bilan

— Par Selim Lander —

Pour la deuxième année consécutive, Tropiques Atrium Scène nationale a organisé dans la deuxième quinzaine de janvier un festival de théâtre qui se caractérise à la fois par l’économie de moyens (un ou deux comédiens au maximum dans chaque spectacle) et une présence massive des créations antillaises avec L’Aliénation noire de et avec Françoise Dô en ouverture le 17 janvier, Circulez de José Jernidier qui joue accompagné de son frère Joël le 21 janvier, Médée Kali de Laurent Gaudé avec Karine Pedurand le 24 janvier, Le But de Roberto Carlos de Michel Simonot avec Elie Pennont dans une MES d’Hassane Kouyaté. Unique exception un spectacle venu de Suisse, Le Relais de et avec Patrick Mohr. À noter que la plupart de ces spectacles ont été également présentés « en communes ».

François Dô dans L’Aliénation noire

Françoise Dô, jeune martiniquaise, est la lauréate du concours d’écriture théâtrale lancé par Tropiques Atrium en 2016 ce qui lui a valu une aide à la création. Elle signe cependant elle-même la MES, ce qui semble confirmer qu’ « aux âmes bien né/es, la valeur n’attend point le nombre des années », comme dirait un certain Corneille.

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« Le but de Roberto Carlos » : que vienne le temps d’un autre temps.

— Par Roland Sabra —

Pour beaucoup c’est le plus beau coup franc de l’histoire du football. On peut le revoir à l’infini ici. De façon totalement improbable, le ballon a contourné le mur par la droite et soudain bifurque vers la gauche heurte le poteau et rentre dans le petit filet. Vaincre l’impossible c’est la même détermination qui anime ce jeune garçon qui, Ulysse des temps modernes, entame un périple qui doit le mener de son Afrique natale vers un pays européen où il espère signer un contrat dans une équipe de foot. Il a pour compagnon de galère Moussa, Vlad, Rarek, Anita, Kossi, Yanis, Sali, Dit Mir, Adama, Garda, l’Albanais et bien d’autres sans nom, sans fortune, sans rien que qu’espérance d’un passage vers un lieu où l’on ne crève pas de faim.

Le texte est une composition à entendre. Assonances, anacoluthes et anaphores sont au service d’une musicalité narrative décalée. La voix dit d’un lieu multiple, tout autant le migrant, le passeur, le garde-frontière, le flic, que la peur, l’angoisse, l’espérance, le souffle du voyage, ses ruptures, ses courses, ses retours en arrières, l’enfermement et le sable du désert.

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