Catégorie : Théâtre

Les contes merveilleux d’Alexis Michalik

— Par Selim Lander—

Le Porteur d’histoire

Alexis Michalik a reçu deux Molières en 2014 en tant qu’auteur et metteur en scène de cette pièce. Autant dire qu’on n’allait pas rater Le Porteur d’histoire de passage pour une seule soirée en Martinique. Et l’on n’a pas été déçu. La pièce est en effet très bien construite avec une histoire prenante bien que (ou parce que) passablement fantaisiste et des comédiens à la hauteur (pas tous la même, cependant…)

Les amateurs de théâtre connaissent sans doute la pièce d’Aristophane qui met en scène une certaine Lysistrata, initiatrice de la grève du sexe… C’est sans doute le point de départ de l’invention par Michalik des « Lysistrates », cette lignée des femmes qui aurait accumulé richesse et pouvoir tout au long des siècles. Un mauvais garçon de notre XXIe siècle commençant a eu vent de l’existence de leur trésor et se lance à sa recherche.

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De la négritude au Tout-Monde, histoire d’un dépassement.

— Par Roland Sabra —

« Nous sommes de ceux qui disent non à l’ombre », m.e.s. de Margaux Eskenazi

Ils étaient trois, comme les rois mages, les pyramides, les Parques, les Grâces, ou les marches du podium. Sur la plus haute sans doute Césaire, sur la seconde Senghor, sur la troisième Damas le moins connu mais surement le plus combatif, le plus passionné.

Au cours de la bal(l)ade qui va des pères de la négritude aux chantres de la créolisation du monde Margaux Eskenazi dans « Nous sommes de ceux qui disent non à l’ombre » revisite les textes fondateurs autour desquels s’articule la recherche identitaire afro-caribéenne. C’est par un extrait opportun d’ « Écrire en pays dominé » qui d’emblée contextualise le propos que se fait l’ouverture, vite suivie de Black Label avec son refrain incantatoire et imprécatoire, Black-Label à boire / Pour ne pas changer / Black-Label à boire / A quoi bon changer. Puis c’est Aimé Césaire, incarné par Armelle Abibou qui rappelle les conditions d’émergence de la négritude «  …simple reconnaissance du fait d’être noir, et l’acceptation de ce fait, de notre destin de noir, de notre histoire et de notre culture.

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Festival d’Avignon, un programme à l’international

— Par Marie-José Sirach —

Olivier Py a présenté le menu de la prochaine édition. Avec, en guest star, Christiane Taubira.

C’est au Conservatoire national supérieur d’art dramatique, à Paris, qu’Olivier Py a joué les maîtres de cérémonie pour présenter à la presse la teneur de la 71e édition du Festival d’Avignon: 34 créations, 41 spectacles, du jeune public, du moins jeune public, des expositions, un spectacle itinérant, du théâtre, de la danse, de l’entre-deux baptisé « indiscipliné », des habitués, des pas habitués…

La cour d’Honneur accueillera un spectacle de l’immense metteur en scène japonais Satoshi Miyagi, qui, il y a trois ans, à la carrière Boulbon, nous avait enthousiasmés avec son Mahabharata. Il a choisi de monter Antigone, de Sophocle, féministe avant l’heure, une rebelle, celle qui dit non. Il sera beaucoup question de femmes dans les pièces montées de cette prochaine édition, qu’elles soient héroïnes ou metteures en scène. Il sera aussi beaucoup question d’Afrique, avec des metteurs en scène et chorégraphes qui viendront présenter la vitalité et l’énergie de la scène subsaharienne : Afrique du Sud, Rwanda, République démocratique du Congo, Bénin, Burkina Faso…

Christiane Taubira s’est vu confier le feuilleton inauguré il y a deux ans par Alain Badiou, un rendez-vous quotidien ouvert au public (gratuit).

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Hommage à Henri Melon

— Par Edouard Ancet —

A Henri Melon

Cher Henri,

A hauteur de notre proche amitié et également sous le signe de « Raconte-moi ta Commune », associant ma voix à celles de Philippe CUPIT et Daniel BERTE, j’ai plaisir à te présenter très brièvement… (parce que ce soir, nécessité fait loi.)
Nous sommes heureux de te voir honoré en ton Saint-Esprit même, en qualité d’Invité de la présente édition de «  Rencontres pour le lendemain ».

En Acte I, notre Martinique
Tu y vois le jour en 1935, « route du François, à Saint-Esprit, Antilles Françaises, colonie de la Martinique »…
Ainsi parla ton Ainé Alfred, dont cette toute neuve Maison Culturelle perpétue la mémoire. Tu enjambes avec succès tes scolarités spiritaines et lycéennes, couronnées en 1954 par ton succès au baccalauréat de Sciences Expérimentales.
En 1957, tu as 22 ans et, toujours dans le parfait sillage du Grand Frère, du prends le bateau pour la France.

En Acte II, à nous deux la France.
A ta bonne installation en tant que surveillant de lycée à Versailles, à la bonne conduite et au succès de ta licence de lettres modernes effectuée à La Sorbonne,s’associent des activités littéraires et culturelles dont principalement le théâtre que tu aimes bien pour avoir été un abonné fidèle, attentif, parfois critique lors des tournées martiniquaises de la Compagnie Jean Gosselin.

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Misié Anri (Ba Henri Melon)

— Par Daniel M. Berté —

*** Konpè ! Matjè ! Aktè ! Fòwmatè ! Frè ! Lonnè !!! ***

 

Lèw lévé tou-piti an komin Sentespri

Ki moun té ké pé di sé kay an boug kochi

Ou an ti-kochonni ou an boug gran lespri 

Aprézan nou tout sav ; nou ka saluéw jòdi

épi anlo respé, bonswè « Misié Anri ! »

Lonnè !

Lari-bouk, ou wondi ek osi anba bwa

Mi bel lépòk papa ! Pa té ni kout koutla

Ou té ka vini bien sans fè méa culpa

Moun té za ka gadéw, menm manzè Thélucia

Ek yo té za ka di, sa sé « Misié Anri ! »

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Kery James dans « A Vif » : à ta conscience citoyen !

— Par Dominique Daeschler —

Au Rond Point à Paris, une pièce de et avec Kery James (rappeur né aux Abymes), créé à la scène nationale bipolaire de Lons le Saunier et Dole. Voilà un beau pari que conduit tambour battant la jeune directrice, petite souris de la culture, vive et futée, en jeans et blouson ( Ah non on ne lui volera pas son fromage !), en donnant carte blanche au metteur en scène sénégalais Jean Pierre Baro fortement impliqué sur des sujets d’engagement politique et citoyen ( discriminations, racisme, identité, dérives du pouvoir…) pour trois spectacles dans la programmation de saison.

Dans A VIF, Jean Pierre Baro met en scène deux avocats (Kery James, Yannick Landrein) qui argumentent, en une joute oratoire, sur la responsabilité de l’Etat dans les divisions actuelles en « deux France ». Pour, le blanc, avec un côté bien propret et gentil garçon à la Macron, contre, le noir, issu des banlieues.

Première intelligence : avoir donné à Kery le rôle valorisant la responsabilité individuelle citoyenne, la maturation que nécessite la conscience collective et son urgence. Tombe un premier préjugé contre les banlieues et les minorités.

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Pour le droit d’être différent(e)

— Par Gérald Rossi —

Avec « Lili » Daniel Mesguich adapte et met en scène avec finesse « Le désespoir tout blanc » de Clarisse Nicoïdski. Catherine Berriane est remarquable en jeune fille attardée.
Les immenses toiles d’araignées qui tapissent le miroir de la coiffeuse, qui s’accrochent dans les tentures du lit, ou qui s’incrustent autour de la baignoire, créent dans la lumière grise, comme un premier malaise. Au centre de ce décor, morceau de vaste logement plus ou moins dévasté, désorganisé, une femme est assise quand les spectateurs prennent place. Souriante, le regard fixant une ligne pour les autres invisible. Lili, car c’est d’elle qu’il s’agit, est une jeune fille « attardée » comme l’on dit, simple d’esprit quoi. Avec sa vision du monde et de sa vie, son univers parfois incompréhensible pour les autres. Parents, proches ou moins proches.

En adaptant et en mettant en scène « Le désespoir tout blanc » roman de Clarisse Nicoïdski, Daniel Mesguich espère, dit-il, que « si ce modeste spectacle peut aider, de quelques manières que ce soit, ceux qui luttent tous les jours pour donner ou rendre leur dignité à ceux-là d’entre nous qui ne peuvent pas ou plus la trouver seuls, il n’aura pas été vain ».

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Une saison en enfer

— Par Michèle Bigot —
D’Arthur Rimbaud
M.E.S. Ulysse di Gregorio
Avec Jean-Quentin Châtelain
Le Lucernaire, Paris, 8 mars > 6 mai 2017
N’en doutons pas : seul Jean-Quentin Châtelain était à même de relever le défi : porter sur scène ce texte prodigieux, qui défie les lois du temps : Une saison en enfer. Entreprise aussi intrépide que périlleuse. Comment faire passer le spectateur anonyme de la vie ordinaire au sublime et au monstrueux, sans autre forme de transition ? au Lucernaire, le spectateur doit avant tout monter au dernier étage, celui du « Paradis » pour embarquer pour l’enfer. C’est bien vu ! L’escalier monumental qui nous y conduit en caravane silencieuse sera l’épreuve initiatique. On arrivera dans la salle obscure et envahie de fumée : la respiration peine, le regard se fait errant. Nous voilà au bord de la géhenne. La cérémonie peut commencer. Sur le plateau, un espace chtonien, une sorte d’anneau magique et menaçant, dessiné par une levée de terre. En son centre, une surface noire : l’avant dernier cercle de l’enfer, l’entrée de l’empire des morts.

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De la justice des poissons

— Par Michèle Bigot —

Spectacle en français et en arabe
Conception, écriture, mise en scène Henri Jules Julien
Avec Nanda Mohammad et David Chiesa (contrebasse),
Le Tarmac, Paris, 17-18/03 2017

Une seule actrice (Nanda Mohammad) pour incarner trois femmes, donc trois points de vue différents sur le même texte, dans trois versions différentes : les deux premières versions présentent le texte en français, la seule différence résidant dans l’emploi des pronoms : dans la première version, l’énonciation se fait à la première personne du pluriel (« nous »), dans la seconde version, l’énonciation est distanciée grâce à l’emploi de la troisième personne (« ils, eux »). Dans la troisième version, le texte est présenté en langue arabe. Autant de points de vue différents pour ne pas dire antagonistes. « Nous » assume les faits énoncés, c’est la voix de la culpabilité ; « eux » met en cause les agents : c’est la voix de l’accusation. Traduit en arabe, le même texte change de sens en changeant de point de vue. Les mots n’ont plus la même résonnance, le contexte a changé, la musique du verbe n’est plus la même.

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Les riches tirés par la perruque

— par Gérald Rossi —
Stéphane Gornikowski porte à la scène les travaux des sociologues Monique et Michel Pinçon-Charlot. C’est à la fois drôle et percutant.
On remarque un rien de bric-à-brac aux quatre coins du plateau, quelques tablettes, des chaises, des téléphones, des affichettes, des lettres géantes, des rubans de signalisation blancs et rouges, et même une bouteille de champ’ pour faire la fête. Il n’en faut pas plus à Guillaume Bailliart, qui signe la mise en scène et à Stéphane Gornikowski auteur et concepteur, pour dénoncer, avec une bonne humeur communicative « La violence des riches ». Ils se sont pour cela très largement inspirés des travaux des « sociologues militants » Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, complices d’ailleurs de ce spectacle.

Lyly Chartiez-Mignauw, Grégory Cinus et Malkhior, de la compagnie « Vaguement compétitifs » se prêtent au jeu (de massacre) et ils semblent autant s’amuser que la salle, comble le soir de la première parisienne à la Maison des Métallos. Ici, pas de cour magistral ni de démonstration autant économique que rébarbative. Mais des vérités de bon sens, à propos des comédiens par exemple, « dont on paye les cotisations sociale et non les charges sociale, car ils ne sont pas des poids ».

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« Le Journal d’une femme de chambre », version minimale

Par Selim Lander

Le roman d’Octave Mirbeau est l’un de ceux qui ont « fait époque » au double sens où ils ont marqué les contemporains et où ils sont un reflet si fidèle de leur temps (aussi fidèle que peut l’être un roman) qu’ils prennent aux yeux des générations futures valeur de témoignage. Ceci explique que Le Journal d’une femme de chambre ait fait l’objet de plusieurs adaptations successives. Au cinéma, Jeanne Moreau et plus récemment Léa Seydoux ont rencontré un grand succès dans le rôle titre.

Le cinéma est incontestablement avantagé par rapport au théâtre car il peut reconstituer l’environnement des personnages avec une précision quasi parfaite. C’est en particulier le cas avec le film de Benoît Jacquot (avec Léa Seydoux – voir la photo) qui nous transporte dans l’univers de la Belle Époque comme si nous y étions. Or les objets pèsent lourd dans cette histoire : cirer les bottes, faire les lits, plier le linge, astiquer l’argenterie, servir à table, c’est le quotidien d’une femme de chambre. Comment faire spectacle (et non littérature) de ce quotidien sans montrer tous ces objets ?  

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Vénus et Adam

Par Selim Lander

Tous les grands prix Beaumarchais/ETC-Caraïbe ne se ressemblent pas : telle était la réflexion que l’on pouvait se faire en assistant pendant deux longues heures à la pièce d’Alain Foix (lauréat du prix 2004) qui mêle l’enquête policière et journalistique, la romance interraciale, les rites sanguinaires, la Tamise, Scotland Yard, le panthéon yoruba, la mythologie grecque, The Times, Libération et les dissections d’une médecin légiste à l’esclavage, à la vénus hottentote et aux saumons qui remontent les rivières. Non qu’on soit contre les mélanges de genres, au contraire, mais ici tout cela nous a paru plaqué et artificiel. On cherche – pardon, nous avons cherché – en effet vainement dans la pièce « l’alliance d’une esthétique brillante profondément humaniste [qui] fait merveille dans le roman [tiré de la pièce] » d’après le site Evène. (1)

Loin de briller, en effet, les dialogues ont semblé surtout plats et les bons mots désolants. On s’excuse ici auprès du lecteur, il faudrait en citer au moins un de ces bons mots mais, trop accablé par ce que nous étions en train de voir et d’entendre, nous n’en retînmes aucun.

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« Adam et Vénus », texte et m.e.s. d’Alain Foix : une déception!

— Par Roland Sabra —

Le 21 septembre 2001 à Londres, sur la Tamise « bout de bois d’ébène flottant au fil de l’eau… » est découvert. Il s’agit du cadavre démembré d’un enfant noir juste vétu d’un short orange. Une enquête est ouverte pour retrouver l’identité, et de la victime et du criminel. Mais qu’est-ce que l’identité ? A partir de ce fait divers Alain Foix va construire « Adam et Vénus » d’abord sous la forme d’une pièce de théâtre, puis sous la forme d’un roman, démarche un peu originale qui va à rebrousse poil du parcours habituel de l’adaptation théâtrale.

Voir l’argument de la pièce

Après de nombreuses lectures, quelques mises en espaces, une réécriture romanesque, il présentait en création mondiale, à Fort-de-France la mise en scène de ce texte qui a été pour lui le point de bascule à partir duquel il a pu se dire écrivain. Reconnaissance à laquelle l’immense Antoine Bourseiller, acteur, auteur et metteur en scène, directeur de théâtre et d’opéra a contribué en « tombant amoureux » de ce texte et qu’il voulait mettre en scène. Sa mort en 2013 ruina ce projet et mit fin à une collaboration initiée quelques années plus tôt et qui permis aux foyalaises et foyalais de voir « Pas de Prison pour le vent«  en mars 2006.

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Au beau milieu des plantes carnivores

— par Marie-José Sirach —
Stéphane Braunschweig présente Soudain l’été dernier, de Tennessee Williams, première création depuis qu’il a pris ses fonctions de directeur du Théâtre de l’Odéon.

Nous ne connaîtrons jamais les circonstances exactes de la mort de Sebastian Venable. Le suspense demeurera entier, jusqu’à la dernière réplique. Où est la vérité ? Qui ment ? Violette Venable qui, du haut de sa stature familiale et sociale, toise le monde qui l’entoure ? Ou Catherine Holly, sa nièce, témoin de la mort de son fils sur la plage de Cabeza del lobo ? L’affrontement est rude, rugueux. Mrs Venable se drape dans sa douleur de mère, les piques qu’elle envoie distillent du poison dans les têtes et jusque dans les veines de Catherine, déjà sous l’emprise médicamenteuse depuis que sa tante l’a fait interner. Ce n’est pas une enquête policière mais une enquête psychique, une double confession psychanalytique – celle de la mère et de la nièce – confiée par Mrs Venable au Dr Cukrowicz, jeune psychiatre dont les travaux de recherche sont financés par cette dernière. On pense que l’affaire est bouclée, que le jeune médecin va céder aux arguments de la mère…
Les mots disent à la fois le pouvoir et l’impuissance

L’écriture dense, intense de Tennessee Williams éclaire par à-coups les zones d’ombre, reconstituant un à un les morceaux du puzzle familial dont il semble sans cesse manquer un morceau.

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« Le journal d’une femme de chambre » : une histoire rocambolesque et moderne

— Par Christian Antourel —

Célestine est devenue femme de chambre pour fuir une vie trop restreinte et se retrouve dans un monde où la vie ne se conjugue pas avec le bonheur. Cette ancienne chambrière vient de publier son journal. A l’occasion d’une rencontre avec ses lecteurs , elle raconte avec humour et franchise les anecdotes de son quotidien d’antan. Elle souffle aussi ses secrets « on se sent seul quand on est chez les autres » Elle se montre coquine, attachante aussi angoissante. Elle singe ses anciens maîtres et rejoue des situations cocasses. Il est hors de question de finir sa vie au service des affreux Lanlaire.

Tour à tour dévouée, manipulatrice elle dénonce avec une lucidité redoutable et un humour impitoyable la condition des domestiques et gens de maison, forme moderne de l’esclavage. Elle nous confie dans son journal ses choix, ses doutes, ses sentiments, sa souffrance et se livre sans retenue ni pudeur. Octave Mirbeau écrit le journal sous forme de feuilleton en 1891 et 1892 puis en 1900 en fait le roman que nous connaissons. Le journal a fait l’objet d’innombrables adaptation au théâtre en France et à l’étranger et même été porté plusieurs fois à l’écran A partir de l’adaptation de Philippe Honoré ciselée et faisant ressortir l’essentiel des 519 pages du roman, Philippe Person signe une mise en scène épurée, précise et centrée sur l’expressivité de la narration dans le décor tout kitch des années 1970.

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Textes en Paroles 2017 : le poète et dramaturge haïtien, Faubert Bolivar, lauréat du Prix

Le poète et dramaturge Faubert Bolivar vient d’obtenir le Prix Texte en Paroles 2017 du meilleur texte dramatique, pour son texte « Les revenants de l’impossible amour ». Basée en Guadeloupe, l’association Textes en paroles s’est donnée pour objet, depuis 2002, de promouvoir les écritures dramatiques contemporaines issues de, ou inspirées par l’univers de la Caraïbe ou des Amériques. Entretien avec le lauréat.

Le National : Avec quels sentiments avez-vous accueilli la nouvelle du prix ?

Faubert Bolivar : Avec joie, bien sûr. C’est une nouvelle lumière projetée sur mon travail d’auteur et ce sont de merveilleuses opportunités qui s’offrent à ma pièce. Je suis très reconnaissant envers Textes en paroles que je remercie une fois de plus. D’un autre côté, recevoir le Prix textes en paroles du meilleur texte dramatique quand on est président d’une association d’auteurs comme ETC (Écritures théâtrales contemporaines en Caraïbe) c’est accroître sa puissance d’agir dans le sens des combats collectifs auxquels nous sommes engagés au quotidien.

LN : « Les revenants de l’impossible amour ». Vous êtes revenu sur l’amour. Des revenants en plus. Un amour impossible.

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Basquiat l’éphémère, mais Basquiat pour l’éternité

— par Janine Bailly —

Le spectacle Samo, a tribut to Basquiat, proposé à Tropiques-Atrium, fut unique, en ce sens qu’il n’eut lieu qu’une seule fois, en ce sens surtout qu’il a donné à voir une création de forme particulièrement inventive et novatrice. Nécessaire travail de mémoire, étrange poème en prose, ode au peintre si tôt disparu, sorte d’opéra-rock, opéra-jazz tirant sur le hip-hop, tragi-comédie musicale aussi… et pourquoi pas ?

D’abord il y a le son. Qui troue seul l’obscurité de la salle. Qui s’intensifie alors même que la toile verticale, écran tendu en fond de scène, s’éclaire de blanc, de bleu, bientôt ciel à transpercer de violents coups de pinceaux. Le son, comme un sourd battement de cœur, annonciateur de toute vie, frémissement du fœtus au ventre maternel. Le son projeté au devant de lui, l’homme demi-nu  qui va entrer en scène. Et de l’indistinct naissent les paroles, voix off, posée et sûre, autoritaire presque dans ses accents. Des paroles qui peu à peu se font claires et disent de Basquiat l’identité, psalmodiée en une phrase déclarative: « Je suis américain… ».

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« Samo, a Tribute to Basquiat », cérémonie funèbre

— Par Selim Lander —

Jean-Michel Basquiat (1960-1988), né d’un père haïtien (d’où son prénom français) et d’une mère américaine, fut un mauvais garçon, un beau gosse aux mœurs « spéciales » (comme on disait naguère), avec au cœur la hargne, l’ambition, et surtout l’envie d’une existence sans frein. Promu par la grâce de la critique et des médias figure de proue du néo-expressionnisme new-yorkais, il devint un familier de la Factory d’Andy Warhol où se côtoyaient toutes sortes de gens, des célébrités et des voyous. Incapable de se détacher des drogues, il mourut à vingt-sept ans de l’overdose d’un mélange d’héroïne et de cocaïne. Les visiteurs présents à l’été 2015 à la rétrospective du Guggenheim-Bilbao ont pu apprécier ou en tout cas découvrir une peinture « sauvage », au sens où elle est à l’évidence guidée davantage par la rage de s’exprimer que par le souci de plaire.

Koffi Kwahulé est pour sa part l’un des dramaturges francophones contemporains parmi les plus doués. Le public martiniquais a pu voir très récemment sur scène son monologue Jaz et, en 2013, P’tite Souillure, une pièce qui fait intervenir un personnage maléfique, Ikédia, alors interprété par Nelson Rafaell Madel.

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 » Le journal d’une femme de chambre », m.e.s. de Philippe Person

Jeudi 16, Vendredi 17, Samedi 18 mars 2017 à 19h 30 au T.A.C.

Une comédie politico-érotico-policière, d’après le roman d’Octave Mirbeau

La pièce

 Nous sommes dans les années 1970. Célestine, ancienne femme de chambre, vient de publier son journal. C’est lors d’une rencontre avec ses lecteurs qu’elle dévoile avec humour et franchise les petits et grands travers des patrons qu’elle a servis, mais aussi d’encombrants secrets et de fracassantes révélations. Philippe Person s’empare de ce texte et, comme il l’a fait dans ses précédents spectacles avec ce ton décalé qui le caractérise, nous fait découvrir un Journal d’une femme de chambre inédit et sulfureux. Célestine est effrayante, attachante, à la fois victime et bourreau. Et surtout Célestine est l’incarnation de ces êtres qui veulent « s’en sortir » et par tous les moyens. Sa trajectoire est celle de toute une classe sociale, de toute une époque, de ceux qui partent de rien, les petites gens, les sans-grade, les invisibles et qui, à force de courage mais aussi de malice, arrivent à exister enfin.

Le roman d’Octave Mirbeau est à la fois politique et érotique.

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« SAMO, A tribute to Basquiat » : une rhapsodie théâtrale

— par Roland Sabra —

Une rhapsodie théâtrale dominée par la figure du père et par le jazz. Une écriture en mouvement de paroles et de notes.

A la recherche du Père. Basquiat-Guédon dans une symbiose aux contours évanescents, aux frontières vaporeuses comme un reflet d’une peinture-écriture dont le trait d’union serait le jazz. Koffi Kwahulé, dont l’écriture est habitée par le Jazz comme on a pu le voir dernièrement au T.A.C. avec Jaz mis en scène par Jandira Bauer, a répondu, sans trop se faire prier, à la commande de Laetitia Guédon d’un texte sur Jean-Michel Basquiat.

Coltrane-Parker pour Kwahulé-Basquiat. Pour l’écrivain dramaturge c’est Coltrane considéré comme le saxophoniste le plus révolutionnaire des années 40-60, celui qui sans cesse a repoussé les limites de l’instrument dans une quête stylistique et spirituelle bordée d’alcool et de drogues. Mort à 41 ans d’un cancer du foie. Pour le peintre, c’est Charlie Parker Jr fils unique de Charlie Parker Senior, pianiste et danseur, nomade. Parker Jr est l’inventeur du jazz moderne, prometteur du bebop, celui qui va bouleverser la mélodie, le rythme et l’harmonie, avec des œuvres qui vont devenir des standards.

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De la scène politique à la scène théâtrale, il n’y a qu’un pas

—Par Jack Dion —

L’actualité rattrape parfois le théâtre (et vice versa). C’est le cas avec « Timon d’Athènes », mis en scène par Cyril Le Grix au Théâtre de la Tempête, et « Honneur à Notre Elu », de Marie Ndiaye, mis en scène par Frédéric Bélier-Garcia au Théâtre du Rond-Point. Et Aurélie Van Den Daele s’est inspirée d’Ovide pour créer « Métamorphoses ».

Nul ne pensait que la présidentielle et ses aléas les moins reluisants donneraient un écho à Shakespeare, qui n’a pas besoin de caisse de résonance pour remuer les consciences. C’est pourtant ce qui se passe pour Timon d’Athènes, adapté et mis en scène par Cyril Le Grix au Théâtre de la Tempête.

Il s’agit de l’une des dernières pièces du grand Will, moins célèbre que d’autres, et pourtant l’une des plus radicales. L’auteur y dénonce le pouvoir maléfique de l’argent. On y entend notamment ce passage qui sera relevé par Karl Marx dans les Manuscrits de 1844 (1) : «Que vois-je ? De l’or ? De l’or jaune brillant et précieux ? (…) Un peu de cet or rendra blanc le noir ; beau, le laid ; juste, l’injuste ; noble, l’infâme ; jeune, le vieux ; vaillant, le lâche (…) Cet esclave jaune placera les voleurs en leur accordant titre, hommage et louange, sur le banc même des sénateurs ».

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« Vénus et Adam » texte et m.e.s. d’Alain Foix

 Jeudi 16 mars 2017 à 20h. Tropiques-Atrium

Cie Quai des Arts
Création en co-diffusion avec l’Artchipel Scène nationale de Guadeloupe
21 septembre 2001. Alors que la planète regarde les ruines fumantes des Twin Towers, le tronc d’un enfant noir, recouvert d’un short orange, est retrouvé dans la Tamise. Dépêchés sur place, l’inspecteur Ling et Jean Dumoulin, journaliste, tentent d’identifier l’origine du garçon baptisé Adam par Scotland Yard.
Le monde s’émeut, l’enquête s’étend en Allemagne, en Afrique du Sud et au Nigeria, tandis que Nelson Mandela lance un vibrant appel pour retrouver l’identité de l’enfant. La troublante Vénus Baartman, nouvelle recrue de la police scientifique, a peut-être des réponses -d’autant que le hasard- ou le destin replace dans l’actualité une autre Vénus, Hottentote, née en esclavage en 1789 et exposée dans des zoos humains en Angleterre et en France avant de finir empaillée au Musée de l’Homme.

Quels liens y a-t-il entre Adam et Vénus, archétypes modernes de la question de l’origine et du crime inaugural ?
« L’alliance d’une esthétique brillante et d’un message profondément humaniste fait des merveilles dans ce roman » – Evène

Vénus et Adam a été lue à la Comédie Française en 2005, puis publiée sous la forme d’un roman en Janvier 2007.

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« SAMO, A Tribute to Basquiat » de Koffi Kwahulé, m.e.s. de Laëtitia Guédon

Vendredi 10 mars 2017 à 20 h à Tropiques-Atrium

Compagnie 0,10
Mise en scène : Laëtitia Guédon
Texte : Koffi Kwahulé
Avec : Yohann Pisiou, Willy Pierre-Joseph,

SAMO, A Tribute to Basquiat est une oeuvre indisciplinée, écrite pour deux musiciens, un acteur et un danseur sur le célèbre peintre noir américain. Né en 1960 à Brooklyn, issu de la middle class new-yorkaise, Jean-Michel Basquiat devient dans les années 80, une des figures de proue de mouvement underground new-yorkais.

Qui est S.A.M.O. ?
Basquiat, Al Diaz et Shannon Dawson créent avec “ SAMO ” (anagramme de “Same Old Shit”), les prémices du graffiti. Basquiat est le moteur principal de ce projet et traduit son observation sensible du monde par des messages lapidaires inscrits, tagués, sur les édifices de l’environnement urbain new-yorkais. Les courts messages qu’il inscrit à l’époque sont déjà, avant ses toiles, des actes poétiques et politiques. La suite : la rencontre avec Warhol, la vitalité désespérée qui le conduit à cette production boulimique de tableaux, le succès, les trop nombreuses drogues et son entrée dans le funeste Club 27.
Ce qui m’intéresse ici c’est l’avant, la période d’errance, de marche, de recherche, la période de signalétique, où à New York on se dit : “ qui est SAMO ? 

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F(l)ammes, dans Multiscénik

Diffusé sur France Ô ce dimanche à 23H35

Parce que toutes les femmes méritent d’être célébrées dans leur diversité et qu’il n’y a pas besoin d’attendre la #Journeedelafemme pour cela, découvrez la programmation spéciale de Multiscénik ce dimanche 5 mars ! Greg Germain propose pour cette édition, F(l)ammes, la nouvelle création du metteur en scène Ahmed Madani. Après Illumination(s) créé avec de jeunes hommes de Mantes-la-Jolie, il présente le versant féminin de son aventure artistique « Face à leur destin ». F(l)ammes met en scène de jeunes femmes de quartiers populaires. Elles sont une dizaine, nées de parents immigrés. Elles explorent ensemble leurs identités multiples, leur sensibilité, leurs désirs.

Avec Anissa Aou, Ludivine Bah, Chirine Boussaha, Laurène Dulymbois, Dana Fiaque, Yasmina Ghemzi, Maurine Ilahiri, Anissa Kaki, Haby N’Diaye, Inès Zahoré

%ise en scène : Ahmed Madani

Assistante à la mise en scène Karima El Kharraze
Création vidéo Nicolas Clauss
Création lumières et régie générale Damien Klein
Création sonore Christophe Séchet
Régie son Jérémy Gravier et Samuel Sérandour
Costumes Pascale Barré et Ahmed Madani
Coaching vocal Dominique Magloire et Roland Chammougom
Chorégraphie Salia Sanou
Photographie François Louis Athénas

Production Axe sud

Création sonore Christophe Séchet
Régie son Jérémy Gravier et Samuel Sérandour
Costumes Pascale Barré et Ahmed Madani
Coaching vocal Dominique Magloire et Roland Chammougom
Chorégraphie Salia Sanou
Photographie François Louis Athénas

Production Axe sud

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F(L)AMMES : « Le feu de la vie »

— Par Christian Antourel —

Face à leur destin -est une aventure idéale déclinée en trilogie , issue de la recherche amplifiée de création artistique en milieu urbain menée par Ahmed Madani avec de jeunes habitants des quartiers populaires.

Avec ce travail, Ahmed Madani souhaite faire une description appliquée et minutieuses de ce que recouvre la réalité d’être de jeunes français vivant dans une zone urbaine sensible. Les jeunes des quartiers périurbains sont en quête d’identité et de reconnaissance, ils désirent être français à part entière, mais ils vivent mal ces regards portés sur eux qui sont liés à une histoire dont ils n’ont pas été les acteurs. Le metteur en scène veut dresser cette topographie avec des experts de la jeunesse : les jeunes eux-mêmes. Sous le joug d’une mémoire collective dont on commence à peine à soulever le voile, d’une situation économique particulièrement difficile et d’une incapacité à se projeter dans l’avenir, cette jeunesse sera la matière bouillonnante d’une aventure artistique qui depuis plus de vingt ans, s’élabore sur le vif à partir de la vie des protagonistes.

– « Illumination(s) » réalisé avec des jeunes hommes du Val Fourré a Mantes-la-Jolie

– «  F(l)ammes » le second pilier, réalisé avec des jeunes femmes des quartier populaires

– « Des garçons et des filles » est le titre provisoire du troisième volet en cours de réalisation.

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