Catégorie : Théâtre

« La otra rilla. L’autre rive ». Soliloques pour mauvais rêves ?

— Par Christian Antourel —

Ces deux là sont des migrants, en partance pour « un jardin d’Eden » rêvé. C’est clair, ils rythment  la pièce  au son de leur horloge interne et intime.

L’histoire commence ainsi : un fleuve. Apparaissent deux personnages sur la berge, visiblement poursuivis, qui attendent l’arrivée d’un passeur chargé de les faire traverser et rejoindre l’autre rive. Du côté de la Liberté. Toute la pièce se passe pendant leur attente  de ce  batelier  considéré comme un ange de la mort. Dans ce carré, espace limité par le souffle des acteurs tout se joue, l’acuité de ce qui défaille. Ils espèrent, égrènent  leurs souvenirs s’en inventent  même, rêvent, réfléchissent à leur avenir.

Avec un   minimum de ressources  mais   de l’imagination à un moment où les migrations sont modulées  par des guerres et la misère  incessante des peuples : l’actualité nous est donnée  sur un plateau. Le  scénario restitue l’attitude des migrants face à un choix cornélien, ils sont placés face à des dilemmes complexes, à savoir rester où ils vivent et risquer des mauvais traitements, voire la mort  en fonction  de  leur situation  personnelle, d’une part et risquer la mort en embarquant à bord  de l’embarcation  d’autre part La liberté ou la mort !Le

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«Ne croyez pas que je ne l’aime pas cet enfant » : du père au pire…

A voir sans faute!

— Par Roland Sabra —

La compagnie l’Autre Bord de Guillaume Malasné laboure le champ de la pratique amateure depuis longtemps. Elle le fait avec méthode, rigueur et talent comme en témoignent les restitutions annuelles qu’elle offre au grand public lors du Festival de Théâtre Amateur de Fort-de-France. L’an dernier, en 2016, elle proposait «  La réunification des deux Corées » une adaptation de la pièce de Joël Pommerat. Elle poursuit dans la même voie, mais en l’infléchissant, cette année avec «Ne croyez pas que je ne l’aime pas cet enfant ». Le travail se compose de lectures de deux pièces différentes mais qui s’articulent autour d’un questionnement sur la famille comme lieu d’amour. La première est « Cet Enfant » toujours de Pommerat, la seconde est « Festen » de Thomas Vinterberg et Mogens Rukov, adaptation du film éponyme Prix du Jury à Cannes en 1998. Déjà ce thème était abordé dans « La réunification.. »  avec l’impossibilité de la relation amoureuse en ce qu’elle est porteuse d ‘imaginaire, de leurre de tromperie du fait que d’une certaine manière « C’est son propre moi qu’on aime dans l’amour, son propre moi réalisé au niveau imaginaire. »

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Les confidences de Joël Pommerat

— Par Alexis Campion —
Plébiscité dans le monde entier, Joël Pommerat évoque son succès et sa méthode à l’occasion du retour sur scène de ses contes de fées.
Leur esthétique sophistiquée, nourrie de clairs-obscurs ensorceleurs avec des acteurs habités et des décalages sonores saisissants, confère une puissance quasi cinématographique à chacun des spectacles de Joël Pommerat, tous marquants, tous très demandés. Ça ira (1) Fin de Louis, le dernier, est une géniale évocation de la Révolution française à l’aune de l’actuelle crise de la démocratie représentative. Trois fois récompensé aux Molières, le spectacle est en tournée avec sa troupe d’une quinzaine d’acteurs, dont certains sont des figures de la Compagnie Louis Brouillard (Agnès Berthon, Saadia Bentaïeb, Ruth Olaizola). Les contes de fées adaptés par Pommerat font aussi l’objet de reprises exceptionnelles : Le Petit Chaperon rouge dès cette semaine aux Bouffes-du-Nord, Cendrillon à partir du 25 mai à la Porte-Saint-Martin, puis Pinocchio, à redécouvrir en juillet au Festival d’Aix-en-Provence sous forme d’opéra contemporain, sur une musique de Philippe Boesmans.

L’engouement suscité par le théâtre de ce Roannais de 54 ans se vérifie aussi à l’étranger.

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« Les Justes », d’après Albert Camus

24, 26 mai à 19h 30 & le 27 mai à 15h et 20h au T.A.C.

Texte présenté par la troupe des Comédiens de Martinique.
Dans le cadre du festival amateur de théâtre de Fort-de-France
Mise en scène : Julie Mauduech
Son & Lumière : Marc-Olivier René

Transposition cubaine en 1958 sous la dictature de Batista de la pièce d’Albert Camus dont l’intrigue se déroule en Russie au début du XXè siècle.

Synopsis : Novembre 1958. Cuba subit la dictature de Batista depuis six ans. Sur plusieurs fronts, la révolution s’organise. Un groupe issu du Mouvement du 26 Juillet s’apprêtent à assassiner le Colonel Sanchez Mosquera, officier sanguinaire de la dictature. Mais les tensions sont fortes entre les révolutionnaires. Pour Sara, qui a connu l’humiliation et la torture dans la prison de l’Île des Pins, rien ne doit empêcher la mort de Mosquera. Pour Sancho, dit le poète, il y a au contraire des limites à ne pas franchir si on veut être un justicier et non un assassin.

Doit-on sacrifier son humanité pour rendre sa liberté au peuple ?

Les révolutionnaires sont tiraillés entre leurs convictions et la façon de mener leurs actions, entre exaltation et peur, entre amour et haine, entre vie et mort.

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L’autisme manipulé comme une force

— Par Gérald Rossi —

Avec Le bizarre incident du chien pendant la nuit, Philippe Adrien met en scène une brillante adaptation du roman de Mark Haddon sur la difficulté de vivre avec ses différences. Jubilatoire.
Ça commence franchement mal. Le bizarre incident du chien pendant la nuit adapté du roman de Mark Haddon par Simon Stephens (traduction de Dominique Ollier) débute avec le corps de la pauvre bête, tuée sur la pelouse de madame Shears, voisine et amie de la famille, transpercée par une fourche mortelle. Soupçonné à tort, Christopher Boone 15 ans est un garçon fragile, différent, autiste, qui réagit à sa façon et dans son univers aux événements qui l’entourent. Dans ce rôle Pierre Lefebvre Adrien est tout simplement surprenant. Dans le meilleur sens que l’on puisse donner à ce mot.

Sans agressivité, sans lourdeur maladive et toujours dans la bonne mesure entre le geste, la parole, le cri ou le grognement, il est Christopher. Aussi bien dans son intelligence pour les sciences et les mathématiques, que dans sa difficile approche de l’autre. Principalement du monde adulte qu’il perçoit à travers ses propres grilles de lecture, en dépit de son cheminement parfois déroutant.

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« Cette guerre que nous n’avons pas faite », m.e.s. Luc Clémentin avec Vincent Vermignon.

Comment jouer des oppositions?

— Par Roland Sabra —

Du texte de Gaël Octavia Janine Bailly recense les interrogations essentielles dans son article « Dernières nouvelles de la guerre ». On s’y reportera avec intérêt. D’autant plus que le dernier mot de «  Cette guerre que nous n’avons pas faite » est le mot paix, précédé trois lignes auparavant par ce cri du cœur du faux guerrier désarmé découvrant que l’enfant que sa « trop jeune épouse » à laissé à sa mère avant de partir est une fille : « C’est une fille ? C’est parfait ! Ce sera la première révolution : arrêter de vouloir faire les révolutions sans les femmes. » Alors ? Guerre ou révolution ? Révolution guerrière ou guerre révolutionnaire ? L’interrogation semble secondaire quand sur ce sur quoi elle porte, est le résultat de l’action exclusive des hommes. On ne le sait que trop dés lors que les femmes ne sont tout au plus considérées que comme des auxiliaires de combats menés par les hommes , et ceux là le fussent ils au nom d’une émancipation, la victoire acquise, quand celle-ci daigne arriver, la moitié du ciel, comme disait Mao, est invitée, sinon sommée de retourner aux cuisines de l’histoire.

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« Mi-chaud – Mi froid : On ne peut pas plaire à tout le monde » de Catherine Dénécy

Samedi 20 mai 2017 20h Tropiques-Atrium

Entourée de musiciens qu’elle pense encore pouvoir mener à la baguette, une diva de la danse nous ouvre les portes du club qu’elle dirige d’une main de maître.
Arrivée en fin de carrière, elle n’a rien perdu de sa passion et de son caractère. Epoustouflante et fougueuse, elle sait ce qu’elle veut…
S’inspirant d’une grande figure féminine guadeloupéenne de la politique, la chorégraphe-interprète Catherine Dénécy tente avec évidence l’analogie entre le monde de la politique et celui du show bizz…
On rit, on prend du plaisir face à cette énergie déployée dans le jeu des uns et des autres.
Rencontre audacieuse entre danse contemporaine, musiques live et enregistrée, cette création soutenue par une grande complicité artistique, initie un travail de recherche chorégraphique autour de la danse et de la musique, du corps et de l’instrument.
« Une pièce séduisante inspirée de la personnalité de Lucette Michaux-Chevry » – France-Antilles

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« Le TARMAC invite Tropiques-Atrium » du 17 au 24 mai 2017

« Le but de Roberto Carlos » & « Quatre heures du matin »

Deux créations d’Hassane Kassi Kouyaté sont invitées au Tarmac du 17 mai au 24 mai 2017.

Le but de Roberto Carlos

Texte Michel Simonot (Éditions Quartett)
Mise en scène, scénographie Hassane Kassi Kouyaté
Avec Ruddy Sylaire
Ngoni et Chant Tom Diakité
Ngoni et Flûte Peul Simon Winsé
Création musicale Tom Diakité et Dramane Dembélé
Création visuelle et Animations David Gumbs
Création Lumière Marc-Olivier René
Costumes Anuncia Blas

On notera avec intérêt le changement de comédien. Elie Pennont cédant la place à Ruddy Sylaire. On ne peut que se féliciter d’une telle substitution.

Lire la Critique de Madinin’Art lors de la création en janvier 2017 à Frot-de-France

 

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Gaël Octavia : dernières nouvelles de la guerre

« Cette guerre que nous n’avons pas faite »

— par Janine Bailly —

Ce qui frappe dans la pièce de Gaël Octavia, c’est que son propos n’est ni unique ni univoque, mais bien multiple et complexe, de sorte qu’au sortir du spectacle, discussions et échanges ont spontanément éclos sur le parvis de Tropiques-Atrium. Qui avait compris quoi ? Qu’avait voulu dire la jeune dramaturge, sur un sujet aussi vaste, ou malheureusement aussi banalisé, que celui de la guerre ? La guerre était-elle le vrai sujet de la pièce, ou plutôt l’arbre qui cachait la forêt ? Quoi qu’il en soit, une représentation qui suscite les interrogations, qui fait que l’on échange au lieu de se séparer pour vite rentrer dans son chacun chez soi, une telle représentation est forcément de valeur, et propre à nourrir notre réflexion.

Déjà ce pronom « nous » intrigue, inscrit au cœur du titre, en place du « je » qui aurait pu être attendu en corrélation avec la présence sur scène d’un seul acteur, investi de ce long monologue qu’est le texte. Ce « nous » à charge appellative, que ou qui entend-t-il désigner ?

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« Circulez ! », ou comment une stratégie d’évitement permet de résister à l’autorité.

— Par Scralett Jesus —

Jeudi 11 mai, à la salle Tarer de Pointe-à-Pitre, la Martinique était à l’honneur avec « Wopso », une pièce de Marius Gottin, mise en scène par José Exelis et interprétée par deux acteurs de talents Emile Pelty et Charly Larandy. Fulbert et Auguste ne se connaissent pas. Ils sont vieux et terriblement seuls, traînant avec leurs valises un passé qui leur remonte à la gorge, tels des hoquets. Wopso !
Vendredi 12 mai, au Centre culturel de Sonis, aux Abymes, c’est au tour de la Guadeloupe de présenter une pièce de José Jernidier, mise également en scène par José Exelis, et interprétée par José et Joël Jernidier. Là encore nous assistons à la relation improbable qui va se nouer entre deux personnages que le hasard va faire se rencontrer. Un inspecteur de police et Choffroy, un pauvre bougre mal dégrossi, présent aux côtés de son père lors de l’accident de la route qui a coûté la vie à ce dernier.
Il y a un an, le 7 mai 2016, dans le cadre de la 6ème édition de Cap Excellence en Théâtre, la pièce avait fait l’objet d’une lecture publique en créole au Mémorial ACTe.

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« Cette guerre que nous n’avons pas faite » de Gaël Octavia

— Par Selim Lander —

Après L’histoire du royaume de Mirpou de Stanislas Sauphanor, une pièce lauréate du concours jeune public d’ETC-Caraïbe présentée récemment à l’Atrium, voici une autre pièce couronnée cette fois par le prix ETC-Caraïbe Beaumarchais. On ne peut que saluer la chance qui est ainsi donnée aux jeunes auteurs antillais qui se sont fait remarquer par la qualité de leurs textes de les voir montés et joués devant leur public, ce qui ne les empêche pas de se produire également sous d’autres cieux.

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Ouverture de Cap Excellence Théâtre en Guadeloupe

ou quand la scène théâtrale tend un miroir à la société.

— Par Scarlett Jesus —
Succédant à ce qui fut le Festival des Abymes, la 6ème édition de Cap Excellence théâtre, organisée à l’initiative de la communauté des trois communes Abymes, Baie-Mahaut et Pointe-à-Pitre, propose du 09 au 14 mai 2017 un programme autour du thème « La quête du mieux-être ».
L’observation de la programmation semble révélatrice de certains choix.
On constate, en premier lieu, une diversité liée à l’origine différente des compagnies (de Guadeloupe, de Martinique, de France et de Côte d’Ivoire). Une autre diversité est celle des lieux de représentations, situés dans différentes salles et établissements scolaires des trois communes. Ajoutons à cela une diversité évidente de formes, le festival proposant des représentations, des lectures, une déambulation et de nombreux ateliers pédagogiques.
Parallèlement à cette diversité symbolisant une volonté d’ouverture, un autre choix est manifeste : celui de la transmission et d’un ancrage. Ce n’est pas un hasard si le parrain de cette 6ème édition est cette année Harry Kancel, auquel Cap Excellence Théâtre a voulu rendre hommage.

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La Otra Orilla, ou comment parler de mouvement et d’immobilité

11, 12, & 13 mai 2017 à 19h30 au T.A.C.

— par Janine Bailly —

Mettre en scène, de façon ludique et vivante, La Otra Orilla, en français L’Autre Rive, du dramaturge cubain Ulises Cala, ne doit pas être chose facile, mais requiert plutôt une belle inventivité, tant le texte se plaît à défier les règles de la narration classique. Ce talent, Ricardo Miranda n’en est pas dépourvu, et une fois encore, c’est à un spectacle original et singulier qu’il nous convie, pour trois soirs seulement, au théâtre Aimé Césaire.

Le texte, découpé en tableaux, chacun étant inscrit dans un espace modulaire particulier que dessinent quelques blocs facilement déplaçables sous la poussée des deux acteurs, le texte présente une double particularité, celle de ne se plier à aucun ordre chronologique, celle aussi de mêler les temps, temps clos de l’attente sur la rive du fleuve, temps pluriels de la vie antérieure. Car ils sont là, l’homme et la femme, pour un dialogue inclinant par instants au monologue, quand par exemple l’une devient mère parlant à sa fille, toutes deux femmes abandonnées par un père absent.

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« L’Autre Rive » de Ulises Cala

11, 12, & 13 mai 2017 à 19h30 au T.A.C.

— Par Selim Lander —

« Jusqu’où faut-il aimer ? Il faudrait un manuel pour expliquer cela. »

Cette phrase prononcée par un homme qui va émigrer en abandonnant sa fille n’est qu’un aspect d’un texte qui brasse toutes sortes de sentiments, de sensations, depuis les jeux amoureux pleins de malice jusqu’à la désespérance profonde en passant par les moments d’attente indécise hantés par la crainte des « persécuteurs ». Nous sommes sur une île, Cuba sans nul doute, entourée d’une « mer interdite ». La télévision qu’on entend parfois s’exprime en espagnol (« la télévision est une chose répugnante » répètera l’homme à plusieurs reprises).

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« Solitude » d’après « La Mulâtresse Solitude » d’André Schwarz-Bart

Jeudi 18 mai 2017 à 20 h Salle Frantz Fanon

Cie La Grande Horloge
Avec :
Marie-Noëlle Eusèbe: Solitude
Laure Guire : Bayangumay
Laurent Manzoni : L’homme
Figure de résistance, de révolte, figure de femme : emblème de la lutte contre l’esclavage, la mulâtresse Solitude se dressera contre l’oppression et le paiera de sa vie.
Fani Carenco met en théâtre le roman d’André Schwarz-Bart, dans une atmosphère baignée des croyances antillaises.
Solitude est une femme de légende. Enfant née du viol d’une esclave par un marin pendant la traversée qui la déportait aux Antilles, elle voit en 1794 l’abolition de l’esclavage, puis son rétablissement par Napoléon en 1802. Elle entrera alors en lutte aux côtés des insurgés… Une femme pour toutes les femmes, pour toutes les luttes.
Trois comédiens portent le récit de ce destin exceptionnel. Cette adaptation révèle l’intemporalité de la révolte, met en question la mémoire des hommes et la facilité de l’oubli. Elle dévoile la formidable luminosité des êtres en résistance.

Adaptation & Mise en scène : Fani Carenco
Assistante à la mise en scène : Lili Sagit
Scénographie : Fani Carenco,Nicolas Natarianni & Christophe Charamond
Lumière : Nicolas Natarianni
Son : Nicolas Natarianni & Thibault Lamy
Création vidéo : Thibault Lamy

Production : La Grande Horloge
Coproduction : Bonlieu, Scène Nationale d’Annecy, Les Inachevés – Académie des savoirs et des pratiques artistiques partagées sous l’égide de la Fondation Bullukian
Avec le soutien de : Ministère des Outre-mer
© crédit photo : Céline Chagnas – La Grande Ho

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Ne croyez pas que je ne l’aime pas cet enfant

17, 18, 19, 20 mais 2017 au T.A.C. 19h 30

Textes : Joël Pommerat, Thomas Vinterberg, Mogens Rukov
Adaptation et Mise en scène : Guillaume Malasné
Adaptation et Assistance à la mise en scène : Caroline Savard
Lumière : Viviane Vermignon
Décor : Dominique Guesdon

L’Autre Bord a choisi d’adapter et de réunir deux textes :

Cet Enfant de Joël Pommerat et Festen du danois Thomas Vinterberg.

Lire la critique de M. Bigot de Cet enfant

A l’origine de Cet enfant, il y a eu des rencontres avec des femmes de Normandie vivant en cité. C’était en 2002. Le projet avait été demandé par la Caisse d’Allocations Familiales du Calvados et le Centre Dramatique National – Comédie de Caen. Plusieurs jours durant, ces femmes, Joël Pommerat et nous, l’équipe de comédiens, nous avons échangé et réagi ensemble sur le thème de la parentalité. Suite à ces rencontres, Joël Pommerat a écrit, à sa façon, sans jamais retranscrire une histoire directement racontée, mais plutôt en rêvant les déchirements de tous. Cet enfant est une suite de séquences imaginées de confrontations familiales, qui étirent à leur maximum les tensions ordinaires du lien parent-enfant.

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La nouvelle et incroyable odyssée d’Iliade

— Par Marina Da Silva —

Le Théâtre Paris-Villette accueille pendant dix jours un projet théâtral hors-norme avec des détenus du centre pénitentiaire de Meaux autour de dix chants de l’Iliade. Magistral. (Photo Charlotte Gonzales)
Ils arrivent un à un sur le plateau où il y a seulement des chaises disposées en arc-de-cercle et prennent la parole pour se présenter. Mon nom est Achille, fils de Pelée… Agammemnon… Patrocle… Ils sont en jean ou en survêtement mais la densité de leur regard et de leur présence nous aimante. L’effet de déplacement est prodigieux. Tous les spectateurs – qui ont payé leur place – connaissent les enjeux de cette nouvelle odyssée de l’Iliade interprétée par des détenus, des ex-détenus devenus comédiens et des comédiens professionnels, qui va être donnée en dix épisodes, dix jours de suite, et se construit encore chaque jour en répétition avant d’arriver en pleine lumière.
Un projet titanesque. L’an dernier, en janvier 2016, Valérie Dassonville et Adrien de Van, directeurs du Théâtre Paris-Villette, avaient lancé Vis-à-vis, une proposition inédite et audacieuse autour de la création artistique en milieu carcéral, qui s’était clôturée par un premier chant de l’Iliade, monté par Luca Giacomoni avec des détenus du Centre pénitentiaire de Meaux.

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« La Nuit de Rois » de la Cie Kokolampoe

— Par Roland Sabra —

De la naissance du Christ on ne sait pas grand-chose et comme il fallait retenir une date ayant une dimension symbolique ce fût le solstice d’hiver qui fût choisi. Les jours commencent à rallonger et les ombres de la nuit raccourcissent. La date retenue est un héritage des traditions festives des “Douze nuits”, propres aux calendriers celte et germanique et de la tradition romaine antique des Saturnales ou Calendes de janvier. Ces fêtes païennes, puis chrétiennes s’accompagnaient de masques et mascarades, déguisements et travestissements carnavalesques et de représentations théâtrales au cours desquelles le renversement des interdits et les inversions de sens sont célébrés. A commencer par ce qu’énonce la Bible dans le Deutéronome, XXII, 5 : « Une femme ne portera pas un costume masculin, et un homme ne mettra pas un vêtement de femme : quiconque agit ainsi est en abomination à Yahvé ton Dieu. » Diantre! Diable!  Fichtre!

La douzième et dernière nuit était celle de l’Épiphanie soit approximativement le 6 janvier. C’est de celle-ci dont il est question dans « La nuit des Rois » la pièce de Shakespeare dont le titre exact en français serait « La douzième nuit.

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« Cette guerre que nous n’avons pas faite » : belle traversée, en immersion dans un bar et des mots

12 mai 2017 à 20h. Tropiques-Atrium

Texte : Gael Octavia
Mise en scène : Luc Clémentin
Avec : Vincent Vermignon

— Par Geoffrey Nabavian —

A Lilas en Scène, on a pu découvrir en avant-première, avant sa création à la Scène nationale de Martinique, cette pièce signée Gaël Octavia, lauréate du Prix Etc_Caraïbe/Beaumarchais 2013. Récompense qui nous avait permis de l’entendre lue par Simon Mauclair, aux Francophonies en Limousin 2014… La voici aujourd’hui jouée par Vincent Vermignon dans la mise en scène de Luc Clémentin. Intense, drôle, incantatoire, immersif : Cette guerre… est un bonheur total. Partagé dans un bar…
Une immersion parfaite : voici ce que nous offre, dès l’entrée, Cette guerre que nous n’avons pas faite, spectacle présenté en avant-première, et en sortie de résidence, à Lilas en Scène, avant sa création à la Scène nationale de Martinique/Tropiques Atrium, à venir en mai 2017. Assis à nos tables dans le bar-restaurant où nous dînons, nous voyons tout à coup débarquer un homme dans un halo de fumée. Mis comme un soldat, il entre et commence à jouer avec tout l’espace, au milieu de nous.

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Marionnettes : entre des monstres visibles et des pouvoirs imaginaires

— Par Gérald Rossi —

La 8e édition du festival Orbis Pictus a rassemblé plusieurs milliers de spectateurs qui ont découvert le travail de quinze compagnies revendiquant une diversité d’expression artistique présentée dans des formes brèves.

Elles ont envahi le palais du Tau du 28 au 30 avril. Dans des salles vibrant encore (ou peu s’en faut) des cérémonies du sacre de plus de trente rois de France, une quinzaine de compagnies de marionnettes et de théâtre d’objet ont fait escale à Reims du 28 au 30 avril pour la 8e édition du festival Orbis Pictus. Lequel dans son nom rend hommage à la première encyclopédie illustrée due au philosophe tchèque Comenius, au XVIIe siècle. L’association du mot et de l’image était la finalité recherchée alors. Une méthode de pensée et de représentation qui trouve une continuité avec des spectacles de 5 à 30 minutes, « dans des conditions que l’on ne retrouve nulle part ailleurs » reconnaissent les co-directeurs Angelique Friant et David Girondin Moab. En raison de l’exceptionnalité du lieu et de la démarche qui favorise l’émergence de nouvelles expression précisent-ils.

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9e biennale internationale des arts de la marionnette

Du 9 mai au 2 juin 2017

Le théâtre de marionnette aurait il enfin gagné un nouveau statut ?
La récente prise de parole de la ministre de la Culture laisse présager d’une meilleure acceptation du travail des artistes-marionnettistes.
Par l’annonce de la création d’un label national pour les structures oeuvrant au développement des arts de la marionnette, un signal important est donné. Nous nous en réjouissons.
Les artistes réunis à l’occasion de cette 9e Biennale internationale des arts de la marionnette portent une parole forte. Loin d’être indifférents au monde qui les entoure, ils ont le désir de questionner les actes de nombre d’entre nous. Cet engagement leur est nécessaire. En s’emparant de textes tels que Rhinocéros d’Eugène Ionesco ou Max Gericke ou pareille au même de Manfred Karge, en se saisissant de sujets éclairants sur notre société tels que trafics et autres petits arrangements, par la volonté de dénoncer oppressions et usurpations, par le choix de récits démystifiant nos peurs et stimulant notre imaginaire, ils créent ces spectacles qui nourrissent notre espace mental. Simultanément, la diversité et la richesse des formes proposées témoignent de la capacité des marionnettistes à penser l’espace scénique, construire des univers singuliers et inventer des lieux où s’épanouissent échanges et hybridations entre les arts.

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Mirpou au royaume des enfants

Précédé de quelques considérations sur la politique culturelle

— Par Selim Lander—

Du théâtre jeune public à l’Atrium, c’est non seulement rare mais précieux à voir l’affluence à la représentation programmée à 17 h un samedi après-midi, jour et heure bien choisis au demeurant pour attirer les petites têtes brunes ou blondes et leurs parents. Il n’est jamais trop tôt pour donner le goût du théâtre, aussi ne peut-on que souhaiter que de telles séances deviennent plus fréquentes.

En cette période d’élection présidentielle, les institutions culturelles sont sur la sellette. Aucun des deux candidats restant en lice ne semble décidé à pérenniser sans examen un système où les institutions culturelles à caractère plus ou moins officiel captent la quasi-totalité (85%) du budget du ministère de la Culture. La question récurrente est celle du public qui fréquente ces institutions, un public que l’on sait culturellement favorisé. Car si des solutions existent pour faire accéder le public « populaire » à la culture « noble », elles n’ont jamais été mises en œuvre avec la vigueur nécessaire. Le slogan – magnifique – de « la culture élitaire pour tous » est malheureusement resté un slogan.

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L’enfer n’est pas forcément où on le croit

— Par Gérald Rossi —

Après « Djihad », Ismaël Saidi poursuit avec « Géhenne » sa dénonciation des délires mortifères de l’embrigadement idéologique au nom des religions.
Juste en fond de scène, rideau ouvert, par dessus un crâne et des flammes qui semblent danser, un mot en lettres géantes, le titre du nouveau spectacle de Ismaël Saidi : « Géhenne », qui signale l’enfer dans la bible, ou encore la douleur et le martyre. De quoi se douter que ce second opus du belge Ismaël Saidi, dont « Djihad » a fait un carton la saison passée, ne sera pas un bon moment au pays des gentils petits barbus.

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Sur les tréteaux du Maroni, un théâtre d’émancipation

 La nuit des rois le 5 mai 2017 à 20h Tropiques-Atrium

— Par Rosa Moussaoui —
La compagnie KS and Co s’est installée il y a dix ans en Guyane, dans l’ancien bagne de Saint-Laurent-du-Maroni. Elle a donné corps au théâtre école Kokolampoe, ancré dans les cultures et les langues d’Amazonie.

Pas de doute, il n’y a pas plus bel endroit que le théâtre pour donner sens aux secousses qui ébranlent et refaçonnent les communautés humaines. Entre les cases de l’ancien bagne de Saint-Laurent du Maroni, à l’ombre du gigantesque manguier que la brise du soir échappée du fleuve fait murmurer, s’invente, sur les planches et dans les luttes, une autre Guyane. La compagnie KS and Co, née en 1993 de la rencontre avec le cinquième studio du Théâtre d’art de Moscou, créé par Konstantin Stanislavski, s’est ancrée là voilà bientôt dix ans. Ewlyne Guillaume et Serge Abatucci, venu, lui, du Théâtre de la Soif nouvelle d’Aimé Césaire, y bâtissent patiemment une utopie, celle d’un théâtre école ouvert aux cultures du fleuve Maroni, aux multiples communautés qui peuplent l’orée de la forêt amazonienne.

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Festival de Théâtre Amateur de Fort-de-France 2017

Du 11 mai au 3 juin 2017 au T.A.C. ( Théâtre Aimé Césaire)

Programme

11, 12, & 13 mai 2017 à 19h30

« La otra orilla » texte de Ulises Cala, m.e.s. de Ricardo Miranda

Avec Nelson Rafaell MADEL et Astrid MERCIER
Dimwazell’Compagnie,

17, 18, 19, 20 mais 2017 au T.A.C. 19h 30

Ne croyez pas que je ne l’aime pas cet enfant

Textes : Joël Pommerat, Thomas Vinterberg, Mogens Rukov
Adaptation et Mise en scène : Guillaume Malasné
Adaptation et Assistance à la mise en scène : Caroline Savard
Lumière : Viviane Vermignon
Décor : Dominique Guesdon

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