Catégorie : Théâtre

Au Festival de Fort-de-France : « Quartier de femmes sous haute surveillance »

— par Janine Bailly —

Une cellule du dépôt du tribunal, en Martinique. Trois femmes qui attendent, d’être jugées ou auditionnées par un juge. On les a pour cela extraites de leur prison, et selon la loi, on peut les retenir là jusqu’à vingt heures d’affilée. Sur la scène, deux simples bancs dos à dos, unique point d’ancrage de la scénographie, et qui symbolisent l’attente autant qu’ils figurent le lieu. Nul besoin d’aucun autre artifice, le décor est planté, et les premières répliques ne laisseront aucun doute, ces femmes sont bien appelées à rendre compte devant la justice des hommes. Le ton est d’emblée empreint d’une agressivité qui cache la souffrance intime, les voix font dans la démesure, et la tension inhérente à ce genre d’endroit n’en est que plus palpable. Déjà l’on pressent que l’issue pourrait bien se trouver dans un inévitable débordement de violence.

Ainsi commence Quartier de femmes sous haute surveillance, la pièce conçue et mise en scène, pour le Festival de Fort-de-France 2017, par Jean-José Alpha — assisté de Yva Gaubron — qui a trouvé son sujet en 2004, dans la session de la Cour d’Assises, où il a exercé ce rôle de juré auquel tout citoyen peut un jour être appelé.

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À lire, à entendre, « La jupe de la rue Gît-le Cœur », et « Frantz »

— par Janine Bailly —

Connaissez-vous l’Œuf, au 19 de la rue Garnier Pagès à Fort-de-France ? Il y là, tapi entre ses semblables, un vieil immeuble traditionnel qui dormait au cœur de la ville, laissant un fier bananier s’épanouir dans sa petite cour intérieure, laissant tristement s’empoussiérer murs et escaliers, et faisant sous le soleil et la pluie le dos rond. Mais un jour, une association décida de le louer, pour en faire une maison d’artistes. Alors, il se réveilla, rouvrit sur la rue passante ses hautes portes, son balcon et ses volets de bois. Il se fit œuf, œuf où germent non de jaunes poussins, mais des idées, des œuvres, des créations et élucubrations diverses, enfantées par des artistes de tout poil. Ici, chacun est bienvenu, acteur dynamique autant que simple « regardeur » à l’œil toujours en éveil. Ici l’on peut voir, tout ce qui décore le lieu, tout ce qui s’expose, et qui parfois s’offre à la vente. Ici fleurissent sur les murs, sur les marches, sur sols et plafonds, toutes les couleurs de l’arc en ciel. Ici, enfin, l’on peut se rencontrer, on peut entendre.

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Nuages, merveilleux nuages !

— Par Olivier Py —

C’est parce que l’oeuvre d’art n’est ni tangible, ni matérielle, ni vérifiable, ni réaliste, ni exacte, ni véridique, ni avérée, ni certifiée, ni rationnelle, qu’elle dit la vérité. Car les preuves épuisent la vérité, la réalité défigure le réel, le sens n’est rien d’autre qu’un espoir. Les oeuvres d’art disent la vérité et quand nous avons soif de vérité, quand il nous semble que toutes les perspectives politiques sont devenues trop outrageusement réalistes pour être honnêtes, les oeuvres d’art deviennent la seule vérité qui ne nous accable pas.

Il est vrai que seules les vérités vérifiées ont valeur de vérités véritables. Vérifiées, qu’est-ce que cela veut dire ? Que nous avons fait un chemin, souvent aride, pour nous réunir dans un espoir commun. Les vérités vérifiées ne le sont pas avec des chiffres mais par un écho indicible en nous, un espoir partagé. Mais il ne suffit pas d’être le plus grand nombre pour rétablir la vérité, contrairement à ce que disent les populistes, les démagogues et les marchands. Loin de là, cette réunion, cette soif de vérité ne peut être véritable qu’en étant fièrement minoritaire.

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Lectures : « La Jupe de la rue Git-le-cœur » de J.-D. Desrivières ; « Frantz » de M. Herland 

Vendredi 30 juin, 20 heures – à L’Œuf-Maison d’artistes, rue Garnier Pagès, Fort-de-France

Jean-Durosier Desrivières revisite « l’audience »

Jean-Durosier Desrivières est connu comme poète, avec deux recueils publiés chez Caractères (2). Il est également l’auteur, pour le théâtre, de deux pièces brèves (3). La jupe de la rue Gît-le-Cœur met en scène deux personnages, « l’écrivain » et « l’audienceur », sans qu’il y ait pour autant dialogue, la dérive verbale du premier – qui accompagne sa dérive pédestre au quartier latin, en quête des bureaux de l’éditeur auquel il entend proposer un manuscrit – nourrissant les propos de l’audienceur, une figure de la société haïtienne, pas tout-à-fait un conteur, plutôt un affabulateur qui brode à loisir sur des faits réels.

Le monologue de l’écrivain s’alimente à plusieurs sources, parmi lesquelles la topographie du quartier latin, bien sûr, mais encore les passants et surtout les passantes dont il remarque qu’elles sont toutes, ou presque, en ce printemps, vêtues des mêmes pantalons blancs (« Trop de pantalons blancs, me suis-je dit. Et trop de mauvaise fesses dans ces pantalons blancs.

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« Macbeth » de Shakespeare dans un dialogue entre français et créole : époustouflant

— Par Alvina Ruprecht —

Devenu au fil des années un des hauts lieux du théâtre professionnel anglophone à Montréal, le Centre Ségal – autrefois le Centre Saiyde Bronfman – situé près de l’Université de Montréal, reçoit désormais des spectacles en français.

En effet, depuis 2007, lorsque le Centre a transformé sa galerie d’art en deuxième salle de théâtre, il continue sa programmation anglaise dans la grande salle, alors que le nouvel espace, plus petit celui-là, est désormais ouvert aux troupes de toutes origines. La nouvelle vocation multilingue du Centre Ségal offre des possibilités inouïes pour des troupes et des acteurs, souvent marginalisés par les structures institutionnelles de la scène québécoise.

La metteuse en scène Stacey Christodoulou, directrice artistique et fondatrice de la compagnie montréalaise The Other Theatre (l’Autre théâtre) qui réalise des spectacles en anglais et en français, a déjà monté, entre autres, des œuvres d’Arrabal, de Heiner Muller, de Peter Handke, de R.W. Fassbinder et de Sarah Kane. Elle est aussi à l’origine d’une création collective intitulée Human Collision/Atomic Reaction présentée au Festival de théâtre des Amériques en 1999.

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« Quatre heures du matin », adaptation et mise en scène de Hassane Kassi Kouyaté

— Par Alvina Ruprecht —

Présenté au Tarmac du 23 au 24 mai, 2017

Cette adaptation par Hassane Kouyaté,  du roman d’Ernest J. Gaines  (nommé aux Prix Pulitzer et Prix Nobel de littérature), est une  production de Tropiques Atrium ( Fort de France) oὺ Kouyaté dirige  la scène nationale. Cette saison, deux créations de l’ Atrium  ont été intégrées à la programmation du Tarmac :  Le But de Roberto Carlos  (mise en scène et scénographie de Kouyaté ), une coproduction du Tarmac et de la Scène nationale de Martinique,  est une réflexion sur la migration recréée par un acteur, un chanteur et un musicien. Ensuite, Paris a reçu  Quatre heures du matin, adapté du roman de l’Américain Ernest Gaines et mis en scène par Kouyate.  Ce monologue est  une coproduction de la Scène nationale  et de la Cie  2 temps 3 mouvements.  Ruddy Syllaire, acteur d’origine haïtienne établi  depuis de nombreuses années en Martinique et qui a  interprété Othello à Montréal sous la direction de Denis Marleau, a eu le rôle du  jeune migrant, alors qu’un   acteur d’origine congolaise Abdon Fortuné Koumbha  a incarné  Lewis, le jeune noir  qui se débat contre le racisme américain dans le texte de Gaines.

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« Joséphine, cérémonie pour actrices désespérées » : une « cubanité » en errance

— Par Roland Sabra —

« Le plus grand voyageur n’est pas celui qui a fait dix fois le tour du monde,
mais celui qui a fait une seule fois le tour de lui-même. »

Gandhi

L’exil est une coupure avec le lieu de l’origine, la perte du sens d’une rencontre entre l’individu et le soleil qui l’a vu naître. Cette rupture est une mort. La chanson ne dit-elle pas : partir c’est mourir un peu ? L’exil suppose une hypothèque sur un passé présent qui ne renonce pas et qui provoque le regret. Comment dire adieu à ce que l’on a été sans que l’être soit manquant ? Augustin dans une prière le dit ainsi : «  Je ne veux pas être où je suis et je ne puis être où je veux : misère de part et d’autre ! »

« Joséphine, cérémonie pour actrices désespérées »  conte un exil en son propre pays. Joséphine est née en 1885, au mitan d’une décennie qui a vu les États-Unis prendre la main sur l’économie cubaine et évincer les anciennes puissances coloniales européennes. Guerre révolutionnaire d’indépendance et guerre hispano-étasunienne aboutiront en 1902 à la proclamation de l’indépendance de Cuba.

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20e édition du Théâtre d’Outre-Mer en Avignon ( T.O.M.A.)

Du 7au 30 juillet 2017

—Par Greg Germain et Marie-Pierre Bousquet —

« Le premier théâtre que chacun se joue est à vrai dire celui de son lieu, qu’il met en relation avec les lieux du monde : l’imagé des pays et des villes et des déserts et des brousses, les obscurs de tant d’histoires…
L’histoire de la Chapelle du Verbe incarné, à partir du moment où elle a commencé d’être un lieu de théâtre, confirme un tel cheminement, et consacre un tel passage, de l’invitation à la Relation, à la présence de la diversité, au chant du monde. »
Nous faisons nôtres ces quelques lignes que nous avait adressées Edouard Glissant. Nous aimons les territoires d’ouverture. Nous aimons les incertitudes que procurent les rencontres. Depuis 20 ans, en recevant les créateurs venus d’ailleurs jusqu’en cet Avignon qui bouscule et s’insurge, nous déposons nos paysages.
Merci à la Mairie d’Avignon, aux Ministères de l’Outre-Mer et de la Culture, à nos Collectivités de Guadeloupe et de Martinique, et à tous nos merveilleux partenaires.
Pot’la wouvè, kontan vwè zot!

Greg Germain et Marie-Pierre Bousquet

 

 

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 A LA UNE J-20 avant la 20e édition du T.O.M.A.

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 » Le Comptoir » de Jean-Pierre Martinez par la Cie Les Berlick

Mercredi 21 Juin 2017 à 19H30 Les Trois-Îlets

Centre Culturel
Ancienne Ecole de l’Îlet  Sixtain
Les Trois-Îlets

“LE COMPTOIR”
de Jean-Pierre MARTINEZ

AVEC:
Carole CAILLÉ, Marie-Christine CÉRALINE, Renaud CLÉMENT, Laurent DUMESNY, Valérie HIERSO, Caroline KOKOZINSKI, Suzy LAPIERRE

Sur le zinc d’un comptoir, à l’heure des bilans, une femme qui se dit auteur raconte au patron des moments marquants de son existence.
Ces récits fantasmatiques prennent vie sur la scène dans la salle du bistrot : l’attente des résultats du bac, le premier job, le premier amour, la perte d’une amie d’enfance…

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« Public or not public » ponctue, dans les éclats de rire, une belle saison

— Par Roland Sabra —

Carlo Boso à écrit en 2007 « Public or not public » à partir de  « L’histoire du théâtre dessinée » d’André Degaine paru en 2000 et véritable référence pour tout amateur de théâtre. D’emblée le quatuor annonce la couleur : «  Vous, public, vous êtes les principaux protagonistes de la soirée. » Quel a été le statut du public depuis l’invention du théâtre ? Quelle mise en regard avec celui des comédiens ? Et celui les comédiennes alors ? Et en effet ils embarquent la salle dans un voyage qui partant de la préhistoire passera par la Grèce, Rome, le Japon, l’Angleterre, le haut et bas Moyen-Age, la Renaissance, le siècle des Lumières, aboutira de nos jours du coté de l’intermittence et de la DRAC ( Direction Régionale des Affaires Culturelles). « Les Draconiens ? Mais ce sont qui la DRAC ? Ce sont eux » en désignant le public. Et celui-là d’acquiescer bruyamment !

Sans décor, avec peu d’accessoires, mais dynamisée par la folle énergie de quatre drôles, se dessine une épopée qui de troubadours en Carnaval, de théâtre de cour en Comédia del Arte, de mimes en masques, d’opéras en théâtres de boulevard, de cabarets en théâtre de tréteaux, convoque spectateurs et spectatrices sur scène pour dire combien et comment la représentation théâtrale colle au plus près à l’histoire de nos sociétés.

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« Public or not public » : une histoire loufoque et participative du théâtre

— Par Selim Lander —

Quatre garçons dans le vent, quatre comédiens plein de verves interprètent un texte-montage de Carlo Boso, un panorama diachronique des pratiques théâtrales depuis les Grecs jusques à aujourd’hui avec prologue et final préhistorique. Loufoque, dans un style très comedia del arte – au-delà du tableau à icelle consacrée – avec masques et balais (pas ballet, balais !) et aussi bien épées (ou poignards) et perruques aussi souvent que nécessaire. Ceci dit, Public or not public n’est pas un cours sur le théâtre, non solum parce qu’il y manque quelques étapes essentielles (le théâtre classique français du XVIIe siècle, Beckett et bien d’autres du même acabit) sed etiam parce que toutes les pièces mobilisées pour la circonstance sont traitées sur le même mode fantaisiste. Telle est au demeurant la seule critique que nous élèverons contre ce spectacle : le théâtre est si divers – lyrique, tragique, dramatique, burlesque, … – qu’il est affreusement réducteur de le regarder uniquement à travers une grille comique ! À s’en tenir aux extraits des pièces retenues dans la trame de Public or not public (Hamlet, Othello, Cyrano), les occasions de montrer tous les sentiments mis en exergue par le théâtre ne manquaient pourtant pas.

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Joséphine, cérémonie pour actrices désespérées

16 & 17 juin 2017 à 20h Tropiques-Atrium

Joséphine, cérémonie pour actrices désespérées est une œuvre universelle signée d’Abilio Estévez, « le Proust des Caraïbes », plus connu comme romancier et largement traduit. Il habite aujourd’hui Barcelone, après avoir quitté Cuba en 2000. Carlos Díaz est, lui, installé avec sa troupe Teatro El Público – plus de cent acteurs – dans la grande salle Trianon à la Havane.

« Joséphine, écrit Carlos Díaz, est l’histoire d’une voyageuse de l’esprit qui parcourt le monde. Une vieille femme qui habite dans les montagnes de l’Oriente de Cuba dit avoir 120 ans et avoir marché 103 ans. Son voyage interminable est un prétexte pour raconter l’histoire de Cuba et une bonne partie de l’histoire du monde… Poursuivie par son alter ego, l’image dans le miroir, elle dialogue avec elle, se dispute, chante, se réconcilie et s’amuse par moments ».

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Public or not public

8, 9 & 10 juin 2017 à 19h 30 au T.A.C.

Dramaturgie de Carlo Boso
La pièce
Public or not public est un parcours historique du théâtre à travers les siècles. Il nous dévoile la naissance du public voilà 50 000 ans, lorsque l’homo sapiens réalise l’effet que ses actions produisent sur ses congénères. La représentation théâtralisée accompagnera à partir de là l’évolution de l’humanité, ses mutations et ses changements de mentalité. Le spectacle est le matériau indispensable à l’homme dans son désir et son besoin de se connaître.
Une comédie délirante sur la place du public dans l’histoire du théâtre. En passant de la préhistoire à aujourd’hui, de l’Antiquité à la Renaissance, de la tragédie à la farce, la Quadrilla va vous embarquer dans un voyage spectaculaire, insolite et burlesque. Accrochez-vous, public vous ne serez plus de simples spectateurs… !

LE METTEUR EN SCENE CARLO BOSO
Diplômé à l’école du Piccolo Teatro de Milan, Carlo Boso a participé à la réalisation d’une cinquantaine d’oeuvres théâtrales dirigées par des metteurs en scène tels que Massimo Castri, Peppino de Filippo, Dario Fo, Peter Locack, Giorgio Strehler, Ferruccio Soleri.

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« Permettez, Madame! » &  » Jacques et Walt en folie » par la Cie Les Berlick

Vendredi 9 Juin 2017 à 19H30 Les Trois-Îlets

Centre Culturel, Ancienne Ecole de l’Îlet Sixtain
Les Trois-Îlets

“PERMETTEZ, MADAME!”

de Eugène Labiche
AVEC:
STEPHANIE ROCHE : MADAME BONACIEUX
RENAUD CLEMENT : BAPTISTE, domestique
EVELYNE FAIVRE : MONSIEUR BONACIEUX
VALERIE FUERTES : LEON, oncle d’Henri
CHRISTIANE LACAM : BLANCHE, fille des Bonacieux
CORINNE PAGNOT : HENRI

Depuis plus de 30 ans, Monsieur Bonacieux supporte le caractère tyrannique de son épouse qui mène son ménage d’une main de fer. Aujourd’hui, leur fille Blanche sera fiancée à Henri, car son l’oncle Léon vient officiellement faire la demande en mariage. Mais il se trouve que Léon est, lui aussi, une forte tête…

A cette comédie en un acte représentée pour la 1ère fois en 1863, nous avons ajouté des extraits de “La Belle Hélène” opérette de Jacques Offenbach, qui sera jouée en 1864…imaginant que nos deux jeunes amoureux ont assisté aux répétitions et connaissent des passages entiers par coeur, l’occasion pour eux de transférer leur amour dans celui de Pâris et Hélène… et de nous amuser avec les libertés que le théâtre propose, pour le plaisir de tous!

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« La Terre qui ne voulait plus tourner » & « Le Dragon » par la Cie Les Berlick

Jeudi 8 Juin 2017 à 19H30 Les Trois-Îlets

Centre Culturel
Ancienne Ecole de l’Îlet Sixtain
Les Trois-Îlets

« La Terre qui ne voulait plus tourner” 

de Françoise du Chaxel
AVEC:
TYLIA BABIN / MAELLE CARANTE / MAELYS FOLANT / DUNE FRANCISCO / EGLANTINE GEOFFROY / AMBRE et HARRY GIBUS / SALOME GUILLAUME / LISE MORILLON / ALEXANDRE et RYAN PARIS
La Terre en a assez de ces humains qui ne prennent pas soin d’elle, elle se trouve laide et décide un jour d’arrêter de tourner. Dans l’espace, d’autres planètes tentent de la remotiver, tandis que sur terre, on s’interroge, cherche des solutions ou profite de la situation… Il faudra l’intelligence de la Lune et la sensibilité d’un enfant pour convaincre “La Présidente qui s’occupe de tout” d’agir pour que le respect de notre planète bleue devienne une priorité… et alors peut-être que la Terre se décidera à tourner à nouveau…?
Auteure d’une quinzaine de pièces de théâtre, Françoise du Chaxel partage son temps entre l’écriture et l’action culturelle. Elle a écrit plusieurs pièces en direction de la jeunesse pour, dit-elle, “… célébrer leurs qualités poétiques souvent noyées dans les clichés dont les affublent les médias et les politiques”
Les enfants de l’atelier ont tout de suite adhéré à cette fable sur le respect de notre planète et endossé les costumes des nombreux personnages avec tout leur coeur!

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Bòd lanmou pa lwen

— Par Térèz Léotin —

« Ou sé an piékoko a lanmou
Ou sé an fétou lanmou cho
ki pa jenmen brilé mwen,
pa ni ayen… sof wou
Bouch-ou sé an flè « carnivore »
Sel soley mwen sé toujou wou
é man lé « dékodé toutt partision kò-a’w. »

Tousa sé bel pawol misié Jéra. Moun pito konnett-li pou « Lak-la » afoss misié ni labitid pozé yo an pié toutt fanm ki sé fè malè kwazé chimen’y.
Kimoun ki té di, kimoun ki té konprann kréyol pa té sa kozé lanmou ? Kimoun sa ki té lé kwè neg kréyol pa té ka tonbé danmou ?

Bòd lanmou pa lwen, piess téyat misié Frankito a, moun Gwadloup, ka vini fè nou viré lanng. Men tansion ! Kou tala misié Jéra vini pri an pwop trap-li a, é chak fwa tren’y sé mennen’y jwenn ta manzè Léna, tjè’y ka tounen tanbou afoss batt an bidipbap bèlè andidan lestonmak toumanté boug-la, ba’y. I ka press ababa’y, press fè’y ped lakatt.

Yonn fini pa konprann lott, enmen lott, bwaré lanmou yo, jik jou anlott masoukrel vèglé misié. É lè chen ni labitid manjé zé…..Ou

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« Et ce n’est pas qu’on allait quelque part », sur les épaules de Mylène Wagram

— Par Roland Sabra —

Et ce n’est pas qu’on allait quelque part
si vous voyez ce que je veux dire

je veux dire nous n’allions nullepart
même si le bateau se déplaçait je suppose
& la mer aussi se déplaçait impéccable
& aussi les vagues
& pourtant dans mon rêve c’était juste
un bâtiment un moment un jusant

Dans un décor minimaliste, presque dépouillé qui renvoie à précarité de la situation exposée la version présentée en Martinique de « Et ce n’est pas qu’on allait quelque part » repose dans sa quasi totalité sur les épaules de Mylène Wagram. Lors de la création elle était épaulée par Katia Scarton Kim. DreamHaït de Kamau Brathwaite, traduit par Christine Pagnoulle sous le titre RêvHaïti est adapté pour la scène par la metteure en scène Frédérique Liebaut. A la richesse première du texte qui mêle et entremêle langue vernaculaire, avec une multitude de registres de langue, de procédés littéraires, de figures de style et d’inventions graphiques Frédérique Liebaul a eu l’idée lumineuse de croiser ce poème au lyrisme foisonnant avec des textes de Christophe Colomb, d’Aimé Césaire, de Las Casas.

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Les Buv’Art et « La Folie Guitry », Courtes Lignes et « Le Repas des fauves »

— par Janine Bailly —

Traditionnellement, le dernier mois du printemps voit fleurir les représentations dites “de fin d’année”, celles des plus petits comme celles des plus grands leurs aînés qui ouvrent le chemin, témoignages de ces semaines studieuses où l’on s’est retrouvé pour, en amateurs débutants ou éclairés, mettre au point un spectacle digne de la scène. Saluons l’audace de celles et ceux qui, osant se confronter au regard d’un public, font ainsi vivre au plus près de nous les arts, musique, danse, ou théâtre, et ce parfois en dépit du trac qui soudain, au moment du jeu, vient les surprendre et leur nouer le ventre.

D’une belle assurance font preuve les comédiens de la compagnie Courtes Lignes, venue comme chaque année de Guadeloupe participer au Festival du théâtre amateur de Fort-de-France, avec cette fois une pièce qui en 2011 recueillit trois Molière : Le repas des Fauves, de Vahé Katcha, écrivain d’origine arménienne qui, en 1960, alors que s’éloignait en France le spectre de l’occupation allemande, put parler, avec aisance et un humour de bon aloi, de cette période difficile, et de la Résistance.

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« Le repas des fauves », par la Cie Courtes Lignes : utilitarisme ou déontologisme?

— Par Roland Sabra —
« Le repas des fauves » de Vahé Katcha et adapté au théâtre par Julien Sibre est construit autour d’un débat éthique vieux comme le monde. Le succès populaire de la pièce atteste de la permanence d’un questionnement autour d’éthique déontologique et éthique conséquentialiste.
1942 en France, une ville de province, un dîner de la bourgeoisie locale. Pour l’anniversaire de Sophie, Victor, son mari a réuni le cercle des intimes. Malgré l’Occupation et les restrictions la soirée s’annonce festive. Combines, marché noir, petits arrangements, compromission et collaboration ont été les pourvoyeurs de la fête. Au milieu des échanges et des mondanités, au piede l’immeuble un attentat tue deux officiers allemands. Kaubach, le chef de la Gestapo exige deux otages par appartement. Parce qu’il fréquente la librairie de Victor, et par « courtoisie », il accorde deux heures aux sept convives pour designer deux d’entre eux . Outre le couple mari et femme il y a là Jean-Paul, le médecin, Pierre, aveugle et réformé depuis qu’il est rentré du front, André, qui vend sans complexe de l’acier aux Allemands, Françoise, une veuve attirée par la Résistance, et Vincent, maître de philosophie désabusé.

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Courtes Lignes présente : « Le Repas des fauves » de Vahé Katcha

— Par Selim Lander —

Que fait le théâtre de boulevard sinon nous amuser de situations dramatiques, susceptibles a priori de donner plus à pleurer qu’à rire ? Le ressort le plus courant, dans le vaudeville, consiste à se moquer d’un cocu, en usant largement du procédé dit de « l’ironie » : tout le monde est au courant, y compris les spectateurs, de ce que le mari malheureux ignore encore. Cependant, comme le thème est éculé à force d’avoir servi, les auteurs ont dû explorer d’autres voies. Pour ne prendre qu’un exemple, emprunté à Guitry, dans la pièce mystérieusement intitulée Le KWTZ[i], lorsque le mari cocu apparaît, tout à fait à la fin, il n’ignore déjà plus qu’il est trompé par sa femme avec son meilleur ami et la pièce joue sur un autre ressort, principalement un faux suicide des amants et, accessoirement, lorsque le mari paraît enfin, sur l’incertitude quant au comportement qu’il adoptera à leur égard.

Si cette pièce tourne encore autour du cocuage, le thème n’intervient plus guère, ou alors de manière anecdotique, chez les auteurs contemporains. Tel est le cas dans Le Repas des fauves où le mari découvre que sa jeune épouse n’est pas tout à fait l’oisillon de la dernière couvée qu’il croyait.

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« Les théâtres francophones du Pacifique Sud », d’Alvina Ruprecht

Après une présentation de Kanaké, jeu scénique conçu par Jean-Marie Tjibaou, l’ouvrage propose dix-neuf entretiens avec des spécialistes du milieu théâtral, originaires des collectivités françaises du Pacifique Sud (Nouvelle-Calédonie et Polynésie française).

Ils nous offrent un nouveau regard sur ce que nous appelons le « théâtre », nous obligeant à relativiser notre perception « classique » de la pratique scénique et textuelle. Le résultat est à la fois une extraordinaire fusion des pratiques vivantes, qui relèvent autant d’une formation professionnelle telle qu’on en trouve en
Europe que des pratiques rituelles qui structurent ces sociétés.

Plusieurs institutions jouent un rôle fondamental dans la création et la recherche dans ces territoires. Ce sont le Théâtre de l’Île, le Centre d’Art, le Centre Goa Ma Bwarhat à Hienghène, le Centre culturel Jean-Marie Tjibaou à Nouméa, ainsi que La Maison de la Culture et le Conservatoire artistique de la Polynésie française à Papeete.

L’oeuvre de Jean-Marie Tjibaou, mise en scène par George Dobbelaere, est devenue un événement de rassemblement régional. Elle a inauguré des rapports entre une forme hybride de théâtre et les stratégies de l’anthropologie théâtrale telles que l’ont théorisée Richard Schechner et Eugenio Barba.

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Les Molières : lauréats 2017

La 29e cérémonie des Molières, lundi soir, a consacré Alexis Michalik et sa pièce «Edmond» qui totalise cinq statuettes. L’actrice Isabelle Huppert a de son côté reçu un Molière d’honneur.

Avec cinq récompenses sur sept possibles, plus d’un quart des prix décernés lors de cette soirée, des Molières, l’auteur et metteur en scène d’«Edmond» a littéralement triomphé lundi soir aux Folies Bergère, à Paris. Un véritable sacre et une sacrée fête pour le jeune homme, aussi célébré que chahuté pour son succès insolent, le plus gros de la saison à Paris qui va se prolonger encore, dans la Capitale mais aussi en tournée avec une seconde distribution.

Assis sur un trône entre deux récompenses, très souvent moqué au cours de la soirée – «C’est moi qui ai les meilleures critiques, l

es meilleures répliques… mais votez pas pour Michalik !», lancent dans un sketch de faux hommes politiques – le jeune homme de 34 ans n’a pas boudé son plaisir. «C’est un peu ma fête ce soir, on se paye bien ma tête, mais c’est le jeu», s’amuse-t-il avec l’humilité de celui à qui tout réussit.

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« La Folie Guitry » par la troupe Les Buv’Art

Les 2 et 3 juin 2017 à 19h30 au Robert

Par Laurence Aurry

A l’OMCL sur le front de mer

Entrée libre

Pourquoi jouer du Sacha Guitry ? Quel intérêt peut-il y avoir aujourd’hui à reprendre ces comédies bourgeoises du début du XXè siècle ? Le théâtre n’a-t-il rien de moins léger et conventionnel à proposer ?  C’est sans doute ce que le spectateur peut se demander et ce sont aussi les questions que nous nous sommes posées, nous, comédiens et metteur en scène de la troupe, les Buv’Art.  Dans la grosse production de Guitry, plus de 120 pièces, oui, certaines ont vieilli et n’échappent pas aux stéréotypes du Boulevard de la Belle époque. Mais, il est des pièces qui gardent une fraîcheur, une singularité et une modernité assez surprenantes. C’est ce que nous avons découvert,  notamment avec la lecture de ses courtes pièces en un acte qui viennent d’être rééditées.

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« La Folie Guitry » par la troupe « Les Buv’Art »

2, 3, juin 2017 à 19h 30. OMCL  du Robert.

Le KWTZ, Chez la reine Isabeau et Villa à Vendre, trois pièces de théâtre en un acte de Sacha Guitry, jouées par la troupe amateur  » Les buv’art  » , ne seront malheureusement pas présentées au TOM de Fort de France, dommage, dommage !

 » La Folie Guitry  » se jouera uniquement au Robert,  à l’Office Municipal de la Culture et Loisirs (OMCL) Robert, 6 boulevard Henri Auzé, Le Robert.

La soirée sera belle et surtout, amusante !

Le KWTZ

Argument :
Un couple d’amants (Maximilien et Hildebrande), ne pouvant vivre leur amour, décide de se suicider pour être ensemble dans l’éternité. Le mari, tout comme le destin, ne semblent pas l’entendre ainsi. Quant à la bonne (alias Julie, alias Marie, alias Augustine car son maître fauché Maximilien se plaît à travers ces différents prénoms à se faire accroire qu’il a plusieurs domestiques !), elle aimerait bien recevoir ses gages…

Le KWTZ est inspiré de la rencontre de Guitry avec les maîtres de l’absurde Alfred Jarry et Alphonse Allais1.

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L’Artiste et le Populiste (Quel peuple pour quel théâtre ?), de Jean-Marie Hordé

Nous ne pouvons nous habituer à ce que le mensonge devienne la norme du discours politique. Une parole politique est un acte que l’action ne peut contredire sans dommages pour la démocratie. À cet égard, le lourd silence qui pèse sur la culture la défigure et laisse libre cours aux dérives populistes et démagogiques. L’opposition entre une culture populaire et une culture élitaire profite de ce silence, travestit la réalité et fait passer l’ignorance pour un constat d’évidence.

Ce livre cherche à répondre au rire goguenard du populiste et à rétablir la question dans son étendue. L’expérience théâtrale est à cet égard exemplaire.
Jean-Marie Hordé est directeur du théâtre de la Bastille (Paris) depuis 1989, il entame des études de lettres avant de bifurquer vers la philosophie. Il devient critique littéraire dans différents organes de presse, dont Le Quotidien de Paris et Les Nouvelles Littéraires. Il obtient le poste de conseiller attaché à la préfecture des Hauts-de-Seine en 1973 et, six ans plus tard, prend la direction du théâtre de Cergy-Pontoise, tout en participant au conseil national du Syndeac. En 2003, Jean-Marie Hordé publie La Mort dans l’âme aux Solitaires Intempestifs, avec qui il éditera également Un directeur de théâtre en 2008 et Le Démocratiseur en 2011.

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