Catégorie : Théâtre

« Clandestin, voyage en autisme(s) » : un théâtre coup de poing!

— Par Roland Sabra —

– « La connaissance d’un être est un sentiment négatif:
le sentiment positif, la réalité,
c’est l’angoisse d’être toujours étranger à ce qu’on aime. »
La condition humaine, André Malraux.

Clandestin : se dit de ce qui échappe à l’observation indique Le Larousse sans préciser l’agent de cette échappée. Si le pluriel mis entre parenthèse renvoie avec justesse à la réalité de ce qu’il veut nommer, le mot clandestin est sujet à discussions. L’actualité socio-politique y associe jusqu’à la nausée le mot migrant. Un mauvais choix de titre pour une pièce de théâtre passionnante de bout en bout. Portée à bout de bras, jouée, adaptée par Claire Rieussec à partir du livre témoignage d’Elisabeth Emily «Autiste? Pour nous l’essentiel est invisible» Clandestin, voyage en autisme(s) est une pièce qui renoue avec un théâtre d’intervention, un théâtre militant au plus haut du terme, dans lequel le nom l’emporte sur ce qui le qualifie. A mille lieues de tout prêchi-prêcha la mise-en-scène de Marie Gaultier invite à une traversée sensible et artistique, bordée d’humour, de colère, de poésie, d’abattement, d’exaltation qui racontent le combat quotidien d’une mère pour son enfant pas tout à fait comme les autres et que le monde médical refuse pendant des années de reconnaître comme tel.

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« La fin de l’homme rouge » : un théâtre hors norme

— Par Roland Sabra —

« Montrer le monde dans ses détails pour être juste » Svetlana Alexievitch

La nostalgie d’un temps passé ne conduit pas à vouloir sa restauration. Le diptyque La fin de l’homme rouge construit à partir de « Dix histoires dans un intérieur rouge » et de « Dix histoires au milieu de nulle part » en est une très belle illustration. Le livre est l’aboutissement d’un travail de recueil, sur un quart de siècle, de témoignages que Svetlana Alexievitch (Prix Nobel de littérature 2015) est allée chercher, magnétophone à la main, dans le Caucase, dans le pays profond, dans cette Russie qui considère Moscou comme une capitale étrangère. Sa méthode : « poser des questions non sur la politique, mais sur l’amour, la jalousie, l’enfance, la vieillesse, sur la musique, les danses, les coupes de cheveux, sur les milliers de détails d’une vie. »

La première partie aborde la construction et l’écroulement du mythe fondateur du régime communiste à savoir l’homme nouveau, « l’Homo Sovieticus ». On retrouve cette idée forte de l’ adhésion à une idéologie se faisant sur le mode d’une croyance.

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Des petites et une Grande Histoire(s).

Le Jazz à trois doigts, texte et m.e.s. Luca Franceschi

Par Dégé

La pluie est rédhibitoire. Sinon on peut mesurer le succès d’une pièce au nombre de groupes de spectateurs restant discuter devant le Théâtre Aimé Césaire et à la durée de leurs échanges. Ce soir là, 16 novembre, le public a été bon : la salle a risqué quelques applaudissements, s’est autorisée à rire, a répondu aux demandes d’interactivité, et a remercié intensément au salut final des acteurs.

Dehors des sourires de satisfaction mais les commentaires sont sans vigueur : difficile d’expliquer le plaisir. Or les rationalistes ont du mal à justifier leur acrimonie « Où est le Jazz là dedans ? ». Au delà de l’ennui exprimé, Ils semblent même prêts à se laisser convaincre du contraire.

Le Jazz à trois doigts est un spectacle qui rend heureux. On n’en sort pas indigné, prêt à combattre pour ou contre, bouleversé du miroir tendu…Non simplement heureux. Pas exalté. Heureux au point d’apprendre l’hospitalisation d’un ami sans être révolté : on sait qu’on ira lui soutenir le moral. Heureux au point où, à la sortie du spectacle, ayant assisté impuissant de loin à l’attaque d’une vielle dame par un malabar voulant la dépouiller de son sac, on reste heureux.

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Théâtre documentaire

Le Jazz à trois doigts, La Fin de l’homme rouge        

— Par Selim Lander —

Hasard du calendrier, le Théâtre municipal de Fort-de-France et Tropiques-Atrium ont présenté simultanément deux pièces relevant du « théâtre documentaire ». Pour Lucas Franceschi, il s’agit de raconter des histoires nées dans la misère des petits métiers du monde » tandis que Stéphanie Loïk se propose de « parler du Monde et de l’être humain ». Certes tout théâtre « parle » (enfin, sauf exception !) et « raconte des histoires », néanmoins les deux déclarations d’intention, dans leur brièveté, indiquent suffisamment que le contenu importe ici davantage que le souci de l’intrigue. Sur le fond, sinon dans la forme, le propos est plutôt celui d’un conférencier que d’un dramaturge.

Le Jazz à trois doigts de et avec Lucas Franceschi

Un comédien qui monologue accompagné par un accordéoniste, c’est une configuration assez banale. La prédilection des metteurs en scène pour l’accordéon (ici tenu par Bernard Ariu) s’explique par le caractère polyvalent d’un instrument aux tonalités proches de l’orgue mais d’un orgue populaire fait pour les chants nostalgiques autant que pour les danses endiablées.

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«Clandestin, voyage en autisme(s)»,

18 & 19 novembre 2017 à 15h Villa FL Le Lamentin

Afin de sensibiliser le grand public sur la question de l’Autisme, l’Association Martinique Autisme a choisi comme support une pièce de théâtre «Clandestin, voyage en autisme(s)», qui raconte le combat au jour le jour d’une mère pour son enfant autiste.

Les représentations auront lieu pour les scolaires à 9h  les 16, 17 novembre, et pour tout public à 15h les 18 et 19 novembre 2017.

Le combat au jour le jour d’une mère pour son enfant autiste. Entre humour, colère, poésie, abattement ou exaltation.

Elle observe les premières étrangetés dans le comportement de son fils. Elle attend un diagnostic dont elle a depuis longtemps déjà l’intuition. Elle réinvente chaque jour les mots parentalité et éducation. C’est une plongée dans le quotidien : Louis, enfant autiste, rejeté du monde, coupable d’être né différent. Nous sommes plongés dans un monde sensoriel, un tourbillon émotionnel fort, très fort…

Lorsque Claire Rieussec, avec qui j’avais déjà travaillé, m’a appelée pour que je signe la mise en scène de Autisme ? Pour nous, l’essentiel est invisible, je ne connaissais absolument rien sur le sujet.

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« Le jazz à trois doigts » texte et m.e.s. Luca Franceschi

16, 17, 18 novembre 2017 à 19h 30 au T.A.C.

Learco est né en 1911 à Lizzano, dans un petit village toscan, le jour même de la création de l’usine de munition – la SMI – qui allait faire la richesse industrielle de la vallée pendant le XXème
siècle.
En grandissant, Learco semble lié de manière étrange à cette usine. Son père en tout cas en est convaincu : son fils doit devenir ouvrier et entrer à la SMI. Mais Learco n’est pas de cet avis. Sa passion pour la musique et l’accordéon le pousse vers un autre avenir.
Le Jazz à trois doigts est un récit, le récit d’un homme de nos jours qui plonge dans les souvenirs de son enfance pour nous raconter l’histoire de son grand-père. C’est un récit nourri par les images, les atmosphères, les sensations, les odeurs d’une époque lointaine.
La pauvreté, la condition ouvrière, la guerre, l’immigration, ces thèmes synonymes de souffrance et de tristesse sont accompagnés d’images et d’airs de musique qui viennent
nous apporter la couleur de l’espoir.
Les images vidéo basculent entre images d’archives et rêveries historiques.

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« La fin de l’homme rouge » de Svetlana Alexievitch, m.e.s. Stéphanie Loïk

17 novembre 2017 à 20 h Tropiques-Atrium

De Svetlana Alexievitch – Prix Nobel de littérature 2015 –
Svetlana Alexievitch écrit à partir d’interviews de russes et biélorusses, de tous âges et de toutes conditions sociales, ayant vécu ou non l’ère soviétique. Elle questionne non sur la politique, mais sur… les détails d’une vie.

La Fin de l’homme rouge ou le temps du désenchantement (1ère partie), traite de l’effondrement de l’Union soviétique.
Dix histoires au milieu de nulle part (2ème partie) raconte la Russie et la Biélorussie d’aujourd’hui, sous l’ère de Vladimir Poutine et d’Alexandre Loukachenko.

Durée estimée du spectacle: 2 heures 45 mn.

Pour La fin de l’homme rouge ou Le temps du désenchantement, comme pour ses autres textes, armée d’un magnétophone et d’un stylo, Svetlana Alexievitch, avec une acuité, une attention et une fidélité uniques, s’acharne à garder vivante la mémoire de cette tragédie qu’a été l’U.R.S.S, à raconter la petite histoire d’une grande utopie. Il s’agit de son dernier roman-témoignages, traduit par Sophie Benech et publié chez Actes-Sud (il a reçu le Prix Médicis Essai 2013), réalisé à partir d’interviews de femmes et d’hommes de tous âges et de toutes conditions sociales, russes et biélorusses ayant vécu ou non l’ère soviétique.

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Pleins feux sur Kery James : théâtre, rap, portrait.

— Par Dominique Daeschler —

En trois temps, trois mouvements, Kery James décline avec efficacité, avec passion mais sans emphase la devise républicaine Liberté, Egalité, Fraternité, intervertissant l’ordre : pas de liberté sans avoir conquis l’égalité grâce à la fraternité.

Premier round : au théâtre avec A vif

Récemment en reprise au Rond Point à Paris, A vif, la pièce de et avec Kery James (rappeur né en Guadeloupe aux Abymes), créée en début d’année à la scène nationale bipolaire de Lons le Saunier et Dole dans une mise en scène du sénégalais Jean Pierre Baro fortement impliqué sur des sujets d’engagement politique et citoyen ( discriminations, racisme, identité, dérives du pouvoir..) conforte l’option de citoyenneté responsable prise par Kery James.
Dans A VIF, Jean Pierre Baro met en scène deux avocats (Kery James, Yannick Landrein) qui argumentent, en une joute oratoire, sur la responsabilité de l’Etat dans les divisions actuelles en « deux France ». Pour, le blanc, avec un côté bien propret et gentil garçon, contre, le noir, issu des banlieues.
Première intelligence : avoir donné à Kery le rôle valorisant, la responsabilité individuelle citoyenne, la maturation que nécessite la conscience collective et son urgence.

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Hommage au dramaturge Marius Gottin

Soirée littéraire à la BU Martinique mardi 14 novembre 2017

« Né en 1949 à Fort de France, je noircis des feuillets depuis mon enfance (…). Scribouillard impénitent mais paresseux, je m’entête à taper encore et toujours sur un ordinateur qui, peu charitable, se marre mais se marre…des refus des maisons d’édition ou des comités de lecture. « 

Ainsi parlait Marius Gottin à propos de lui-même, avec une ironie distante conforme à ce personnage aux appétits multiples. Homme d’écriture, homme de théâtre, militant associatif, voix et figure majeures de Radio Balisier, de RCI ou du Sermac*, il aura endossé tous les rôles de l’expression culturelle et accompagné avec talent la vie artistique martiniquaise, des bouillantes années 1970-80 jusqu’à son départ brutal en 2011, à 61 ans.

Six ans après sa disparition, l’association Écritures Théâtrales Contemporaines en Caraïbe vous convie à une soirée d’hommage à Marius Gottin mardi 14 novembre à 18 h45, à la BU du campus de Schoelcher, partenaire de l’opération. Alfred Alexandre, Charly Lérandy, Patrick Womba, Eric Delor, Alicja Korek et Rita Ravier évoqueront l’itinéraire de M. Gottin, et, lectures à l’appui, nous guideront au coeur de son oeuvre dramatique et narrative.

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Elina Dumont : « Longtemps j’ai habité dehors »

One woman show le 8 novembre 2017 à 16h 30 au T.O.M. ( Croix Mission)

En avant-première des XXI èmes Journées Antilles-Guyane d’Addictologie
FIRST CARAIBES présente
Elina DUMONT
ONE WOMAN SHOW
LONGTEMPS J’AI HABITE DEHORS
Le 8 novembre 2017 à 16h30
au Théâtre TOM de la Croix Mission
FORT DE FRANCE
Un spectacle qui a fait le tour des grandes villes de France avec un succès extraordinaire

Un spectacle autobiographique salué unanimement par la critique.

SDF pendant 15 ans, ancienne toxicomane, Elina DUMONT présente un spectacle qui ne ressemble à aucun autre !
C’est que sa vie chaotique de la rue à la scène ne ressemble à aucune autre !
Avec un humour déjanté qui fait rire du pire, elle raconte des histoires effarantes, désespérantes, truculentes qui ont parsemé sa vie.

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Pierre Béziers dans « Baga » de Robert Pinget

— Par Selim Lander —

Une petite salle (en l’occurrence le théâtre des Ateliers à Aix-en-Provence) et un comédien seul sur la scène dans un décor simplifié à l’extrême : cette définition minimaliste du théâtre n’est pas la moins séduisante. C’est celle, en tout cas, qui permet le contact le plus étroit, le plus intime avec le comédien, parce qu’il est physiquement proche, parce qu’il est en permanence présent, parce qu’il concentre nécessairement l’attention. En contrepartie, cela exige de lui de la « présence » et une attention constante.

Le texte importe aussi, évidemment. Il le faut assez « fort » pour que, quel que soit le talent du comédien, l’attention, des spectateurs cette fois, se maintienne jusqu’au bout. À cet égard, il n’est pas absolument certain que le roman de Robert Pinget nous parle aujourd’hui autant que lors de sa publication, en 1958, une époque où l’absurde faisait davantage recette en littérature.

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« Ovando », ou comment revisiter l’histoire

— par Janine Bailly —

Lors de ce moment ultime d’une représentation, nommé « bord de scène », l’un des comédiens nous dira, de la présence anachronique du magicien Volvéro auprès du gouverneur Ovando, — volver, revenir ? ici, revenir dans le passé, revenir sur le passé historique ? — qu’elle est destinée à nous rappeler, dans de constants aller-retours, la ressemblance entre autrefois et aujourd’hui, la similitude entre la colonisation par les puissances européennes au temps des “grandes découvertes”, la colonisation sous forme plus récente de territoires d’outre-mer, et l’aliénation qui d’une autre façon perdure.

Le procédé peut sembler un rien pédagogique : le dramaturge “envoie” le voyageur du temps, le magicien Volvéro, vite promu scribe-cartographe-bouffon, auprès du gouverneur et de son secrétaire Médina, sur l’Hispaniola du début du seizième siècle afin qu’il tente, mais en vain, de changer le cours de l’Histoire. Ainsi, Georges Mauvois, de concert avec son personnage, peut répondre par la négative à la question de savoir si les choses auraient pu être différentes, et si le nez de Cléopâtre avait été, etc. Mais ne nous incite-t-il pas aussi à rêver sur ce que serait la Caraïbe, au cas où le génocide des Peuples Indiens n’aurait pas eu lieu ?

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Ovando : à voir, tout de même!

— Par Roland Sabra —

Ovando est la dernière pièce de Georges Mauvois, sans aucun doute la plus chère à son coeur. En témoigne l’émotion qui s’est emparée de lui lors de la première création mondiale de la pièce ce jeudi matin devant une salle de collégiens. Un beau passage de témoin entre un auteur de 96 ans et la jeunesse du pays, à charge pour elle de faire vivre et transmettre à son tour cet héritage.

Nicolas de Ovando est un soldat et un noble espagnol gouverneur d’Hispaniola de 1502 à 1509 où il fait preuve d’une cruauté jusque là inconnue dans la répression des populations indigènes. Dès son arrivée, Ovando ordonne la première importation dans les Amériques d’esclaves d’origine africaine parlant espagnol (appelés ladinos). Il est le principal artisan du génocide indien qui fit passer la population de l’île d’environ 500 000 personnes en 1492 à 60 000 habitants selon le recensement de 1507. Il dirige lui-même les troupes espagnoles contre les Indiens Tainos qu’il décime. Les survivants deviennent esclaves des colons espagnols. Il « pacifie » la province de Xaragua en brûlant quarante chefs indigènes et en pendant le cacique Guaorocuya et sa tante Anacoana…

Pouvait-il en être autrement ?

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« L’arbre à pain d’Abouboudia » de Lucette Salibur, Théâtre du Flamboyant

À partir de 4 ans
Abouboudia était le dernier à savoir encore tirer le pain de l’arbre à pain. Le dernier arbre à pain, le seul survivant du village. Tous les autres avaient été décimés
par la maladie, par la négligence, par la force de l’oubli…
Abouboudia vendait ses pains pour… un sourire spontané, un regard émerveillé, une solidarité exprimée. Ces pains étaient à la portée de tous et chacun s’accordait à dire qu’ils avaient des propriétés thérapeutiques.
Et puis un jour Turlupe est arrivé. Il venait de Vienne, c’était un viennois. Il s’installa juste en face de l’arbre à pain d’Abouboudia et se mit à vendre du pain en échange de pièces d’argent ou d’or. Il avait glissé dans sa pâte un soupçon de magie qui amenait ceux qui y avaient goûter à toujours y revenir. Plus la foule s’entassait devant son échoppe, plus l’arbre à pain d’Abouboudia était délaissé…
Abouboudia n’était pas homme à se laisser abattre, il se rendit à la montagne sacrée…

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« Folies » de Marie Vieux-Chauvet : José Exélis et l’art de la reprise.

— Par Roland Sabra —

Les travaux de José Exélis, irrésistiblement donnent envie de paraphraser le Verlaine de Mon rêve familier :

«  Il fait souvent ce rêve étrange et pénétrant
D’’un théâtre inconnu, et qu’il aime, et qui l’aime,
Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait le même
Ni tout à fait un autre, et l’aime et le comprend. »

On ne va pas s’appesantir sur l’insondable demande d’amour maternel que recèle ce désir d’un retour aux sources, toujours recommencé, ni sur cette fascination persistante, qui d’Amel Aïdoudi en Ina Boulanger et aujourd’hui Jann Beaudry se focalise sur la chevelure et les pieds nus de ses comédiennes. Actrice, chaussée, au cheveu ras passe ton chemin, le prochain casting de José Exélis n’est pas pour toi.

Dans la présentation de sa compagnie il annonce un théâtre qui pose comme postulat de s’interroger de façon singulière et universelle sur le « d’ où je viens » de « tout corps en jeu ». C’est donc un « théâtre du partir et revenir » qu’il arpente en long, en large et… en travers. De quel corps, de quel ventre s’agit-il?

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« Ovando » de Georges E. Mauvois

Samedi 21 octobre 2017 à 20h. Tropiques-Atrium

Scolaires les 19 & 20 à 9h30
Cinq royaumes indiens se partageaient l’île d’Haïti quand elle fut conquise par les Espagnols à la fin du XVe siècle.
L’un des épisodes les plus monstrueux de cette conquête fut le massacre des caciques du petit royaume de Xaragua, perpétré par Fray Nicolas de Ovando, gouverneur de l’île, profitant d’une fête donnée en son honneur par les natifs du pays.
Leur reine, Anacaona, ne fut pas épargnée. Ovando la fit pendre sur une place de la ville de Saint-Domingue, récemment fondée.
C’est ce moment de la « Découverte » de l’Amérique que Georges Mauvois, après d’autres auteurs, raconte de façon romancée dans sa dernière pièce de théâtre.

Mise en scène : Yvan Labéjof
Assistante : Arielle Bloesh
Avec : Néofana Valentine, Sarah-Corinne Emmanuel, Virgil Venance, Erick Bonnegrace & Jean-Claude Zonzon
Lumière : Dominique Guesdon
Décors & Scénographie : Sonia Tourville
Réalisation : Hervé Beuze & Gabrielle Talbot
Costumes : Gabrielle Talbot

Georges E. Mauvois
Personnage incontournable de la vie politique, littéraire et militante de la Martinique, il est l’auteur de pièces bilingues, d’adaptations et de traductions en créole de pièces classiques (Dom Juan, Antigone) et est une référence d’un théâtre social créole satirique (Agénor Cacoul, Man Chomil…)

Yvan Labéjof
Né à Paris en 1938, il est un comédien et metteur en scène qui voue un engagement indéfectible pour le théâtre.

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« La Fuite » Mikhail Boulgakov, m.e.s. Macha Makeïeff,

— Par Michèle Bigot —

Comédie fantastique en 8 songes
Un spectacle de Macha Makeïeff,
La Criée, Marseille, création 2017, 6>20 octobre

Aucun spectacle créé par Macha Makeïeff ne témoigne autant que celui-ci de son double talent de metteure en scène et de plasticienne. La musique (avec une prééminence de l’accordéon) la lumière, les couleurs et les costumes ont fait l’objet d’une attention toute particulière. La scénographie digne d’un opéra, les lumières dont le jeu a été confié à Jean Bellorini, les évolutions chorégraphiques, dessinées avec la complicité d’Angelin Preljocaj, l’ensemble contribue à faire de cette comédie fantastique un spectacle total.
L’inspiration que Macha Makeïeff puise dans l’histoire familiale est tout à fait fidèle à la veine de cette pièce de Boulgakov. Outre qu’on y raconte des histoires similaires, celle de la fuite des Russes blancs en déroute jusqu’aux confins de la Crimée, à Constantinople et en France, l’ambiance rêveuse et nostalgique qu’elle a connue auprès des siens correspond parfaitement à la veine de Boulgakov. Le fantastique, les visions oniriques, le burlesque allié au tragique se répondent remarquablement.
Dans la débâcle de leur fuite les personnages se transforment en spectres.

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« Entre deux tempêtes » : au risque de s’y noyer !

— par Janine Bailly —

De la Commedia dell’arte, ils ont l’énergie, la vitalité, le burlesque et les masques, certains des personnages typés — le valet, les amoureux, la jeune fille de bonne famille —, ou encore la souplesse du corps qui permet les cabrioles, et ce talent mimique qui vient en alternance suppléer l’absence du masque. Sans oublier la possibilité d’inclure musique, chant et prouesses physiques au cœur du spectacle.

“Ils”, ce sont les cinq comédiens qui, avec La compagnie du Mystère Bouffe, nous ont présenté cette semaine, en ouverture de saison au Théâtre Aimé Césaire, leur création nommée Entre deux tempêtes — celle de Shakespeare, celle de Césaire —, puisqu’aussi bien ils se sont inspirés, pour se nommer et se mettre en scène, du dramaturge italien Dario Fo, lequel adapta au vingtième siècle les “canevas ancestraux” de la commedia dell’arte — citons en 1969 la pièce Mystère Bouffe. Sans la préposition, Carlo Boso, italien lui aussi, fit plus tard évoluer dans la même tradition sa compagnie Mystère Bouffe. Ce genre théâtral n’est pas inconnu du public martiniquais, qui put applaudir au mois de juin la pièce Public or not public, dans une mise en scène de Carlo Boso précisément.

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Odile Sankara :  » C’est maintenant que tout commence « 

— Par Stéphane Aubouard —
Au Burkina Faso, la chute de Baise Compaoré voici près de trois ans, a correspondu avec une renaissance du théâtre burkinabé. La comédienne Odile Sankara est de celles et ceux qui ont participé à le relancer.
Odile Sankara, la sœur cadette du fondateur du Burkina Faso, continue la lutte initiée par son aîné via le théâtre. Actrice et dramaturge, metteuse en scène, cette Burkinabé qui a longtemps vécu en exil en France peut aujourd’hui pratiquer son art dans son propre pays. « Depuis le 31 octobre 2014, et la chute de Compaoré, le théâtre revit au Burkina. Il est même devenu la première tribune politique du pays » insiste la comédienne. Ces derniers jours, les chanteurs, les rappeurs, les slameurs, les poètes investissent les agoras et les théâtres du pays. Certains reprennent des textes ou des discours de l’icône de la révolution burkinabé. Des textes mis en scène ou simplement dits sous forme de lecture. « ce qui est formidable aujourd’hui, c’est que ce sont les artistes qui entretiennent la flamme de la révolution » se réjouit Odile Sankara.

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(La) « Logiquimperturbabledufou » au Théâtre du Jeu de Paume

— Par Selim Lander —

Zabou Breitman est comédienne. Elle est également une metteuse en scène audacieuse qui compose ses pièces comme un patchwork de textes, de bribes de textes empruntées, dans ce cas, à Tchekhov (La Salle n° 6), Shakespeare ou Lewis Caroll. Comme le titre le laisse deviner, Logiquimperturbabledufou raconte des histoires de fous enfermés dans un asile, lieu propre à susciter la poésie et l’absurde aussi bien que la souffrance, voire l’horreur. Passé quelques minutes d’hésitation – faut-il rire ou pleurer ? – la pièce ne quitte pas le registre de la fantaisie. L’auteur, au demeurant, renonce très vite à raconter une histoire, ses personnages ne prennent aucune consistance, on passe du coq à l’âne, les comédiens changent de rôle comme de chemise, les dialogues se réduisent à peu de choses (les auteurs cités plus haut n’ont donc aucune raison de sentir spoliés !) et l’attention se concentre de plus en plus sur les tableaux humoristiques concoctés par Z. Breitman.

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« Entre deux tempêtes »

12, 13, 14, 15 octobre 2017 au T.A.C.

D’après Une tempête d’Aimé Césaire et La tempête de William Shakespeare

La pièce
Exilé sur une île exotique, Prospero exerce son pouvoir d’esclavagiste avec tyrannie. Lorsqu’il apprend que ses ex-ennemis passent au large de son île, il contraint magiquement Ariel, un esprit de l’air, à susciter une tempête pour se venger. Après avoir marié sa fille au fils de son ancien ennemi, Prospero libère Ariel, renonce à toute magie sans oublier de punir Caliban, esclave noir et indigène de l’île, fils de sorcière et indécrottable rebelle malfaisant. Voici le thème exposé par William Shakespeare.
Si Aimé Césaire raconte la même histoire que le dramaturge anglais, il choisit le point de vue de l’indigène dépossédé de son île, Caliban. Par l’intermédiaire de son personnage, l’auteur démontre comment le pouvoir colonial calomnie, entrave et dissout peu à peu les identités culturelles.

Nelly Quette (auteur – metteur en scène) confronte La Tempête de Shakespeare à Une Tempête d’Aimé Césaire pour dénoncer l’intolérance, le racisme et les discriminations
nés du colonialisme parallèlement à la mondialisation et à l’uniformisation culturelle de notre époque.

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« Pou an wi ou pou an non »: un spectacle à oublier

Sarraute : auteure comique ?

– Par Roland Sabra —

On peut tout faire dire à un texte. On peut même le trahir, sans l’avoir voulu, contraint par les circonstances dans lesquelles on a opéré. C’est sans doute ce qui est arrivé à Patrick Le Mauff, homme de théâtre, s’il en est, il a, entre autres, dirigé le Festival des francophonies de Limoges de 2000 à 2005, quand il a voulu monter   Pour un oui ou pour un non  en Martinique, en créole, avec des comédiens locaux. Le soi-disant obstacle de la langue n’en n’était pas un. Il a déjà monté la pièce , il y a une dizaine d’années en hongrois, une langue d’origine finno-ougrienne, ouralienne, assez éloignée des langues indo-européenne. Non, la difficulté était ailleurs.

Le texte est la dernière pièce de Nathalie Sarraute ( lire le bel article de Janine Bailly sur Madinin’Art) il s’inscrit dans la problématique générale qui parcourt l’œuvre de l’écrivaine à savoir comment dire l’indicible, comment mettre à jour les non-dits, ce qui est caché, souterrain dans le langage et la relation humaine.

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« Pour un oui ou pour un non » : de la force des mots chez Sarraute

— par Janine Bailly —

« Écoute », tel est le premier mot prononcé par l’homme H1, venu auprès de son ami, l’homme H2, quêter une explication au refroidissement de ce qu’ils ont pris jusqu’alors pour une indéfectible amitié.  « Écoute », au sens de entends ma demande, entends et plus encore, comprends le questionnement qui est le mien. Car, au vu de cette injonction, il s’agit bien ici d’incommunicabilité, de cette incompréhension inhérente aux échanges entre nous, tous humains anonymes, incompréhension qui nie ce schéma de la communication, tel que défini par Jakobson, et dans lequel le message envoyé par un “émetteur” serait perçu puis compris par un “récepteur” à l’autre bout de la chaîne. Pour un oui ou pour un non, titre ambigu, et qui annonce la volonté d’accorder de l’importance aux mots : prise dans sa globalité, l’expression indique une action sans raison valable ni sérieuse ; prise mot à mot, on comprend que, de la gangue lourde de silence, il faudra faire émerger une cause ou une autre, une justification ou une autre, un oui ou un non en somme !

Pour un oui ou pour un non est une courte pièce, la dernière de Nathalie Sarraute, d’abord écrite en 1981 pour une diffusion radiophonique — on comprend alors tout le poids des mots —, puis publiée et créée à New-York avant d’être montée en France, en 1986, au théâtre du Rond-Point, avec Samy Frey et Jean-Francois Balmer.

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Théâtre : Bernhard, Le Bal, Séchaud

— Par Selim Lander —

Trois pièces jouées en ce moment dans deux salles du quartier Montparnasse à Paris, le Théâtre de Poche et le Guichet.

Au But de Thomas Bernhard

Thomas Bernhard (1931-1989) est un auteur à la mode en France même s’il n’est pas si fréquent que l’on y monte ses pièces. L’année dernière, en Avignon, Place des héros était joué en lituanien et mis en scène par un Polonais, Krystian Lupa[i] !Au But – qui consiste pour l’essentiel en un long monologue  – exige un monstre sacré. Or l’on peut appliquer sans hésiter ce qualificatif à la comédienne qui interprète le rôle principal avec une énergie et une justesse confondante. De l’énergie il en faut pour dire son texte de manière quasiment ininterrompue pendant presque deux heures d’horloge. Et Dominique Valadié est âgée de soixante-cinq ans !

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Aperçus des Francophonies en Limousin – 2017

— Par Selim Lander —

Dans l’ordre où nous les avons vues, les pièces de notre programme au festival de Limoges. Pour ce qui concerne la visite de la ministre de la Culture au festival, le 25 septembre, passer directement au compte-rendu de la dernière pièce.

Tram 83 d’après Fiston Mwanza Mujila

Au cœur de la « Ville-Pays » dirigée par un « général dissident », se trouve un bar nommé Tram 83, hanté par des demoiselles aguicheuses, « biscottes », « canetons » et des clients en mal de sexe, « creseurs » échappés pour un bref moment de l’enfer des mines de diamants ou trafiquants et autres « touristes à but lucratif ». Pas d’intrigue véritable dans cette pièce mais un fil conducteur : Lucien, un client, venu de « l’arrière pays », souhaite publier un livre dénonçant la pourriture qui règne partout dans le pays. Il en est fortement dissuadé par Cercueil, complice d’un pouvoir corrompu, tandis que l’un des « touristes », suisse, s’engage au contraire à le publier.

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