Catégorie : Théâtre

« Mamiwata », texte et m.e.s. d’Astrid Bayiha

Vendredi 2 mars 2018 à 20 h. Tropiques-Atrium

« Je me présente
Je m’appelle Mamiwata
Ou l’Arrache-coeur
Pour les intimes
Je suis l’Arrache-coeur au sens figuré comme au sens propre
Je n’y peux rien
C’est pas tout à fait volontaire
C’est la faute à ma mère
Vous aussi
Je sais oui
Mais là c’est plus compliqué
Parce que ma mère était une fille de l’eau
Une sirène si vous préférez
Petite parenthèse
Quand je vois quelqu’un marcher dans la rue je me demande toujours d’où il vient comment il va
crever comment il dort la nuit ou chie
Oui
Moi je viens de l’eau vous savez
Et je retournerai dans l’eau
C’est comme ça
Je m’appelle Mamiwata »

Quelque part, très très loin, au bord de l’Océan Atlantique.
Trois êtres dans un asile. Leur terre d’asile. Trio de fêlures, ambulantes, rescapées de cataclysmes.
Mamiwata au centre, serial killeuse, monstrueuse femme monstre, descendante d’une fille de l’eau, plus communément appelée sirène. Son histoire ancrée en elle, comme un mythe imprégné d’autres mythes, indélébiles. Êtres Réels ou créatures fantastiques ?… Dire, raconter, inventer par nécessité de survivre et peut-être… réinventer.

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« Moi Ève, la pire de toutes », une expérience théâtrale

— par Janine Bailly —

De ce titre énigmatique, proposé par Ricardo Miranda pour sa nouvelle création, nous n’aurons l’explication qu’assez tardivement , dans un des rares passages parlés de ce théâtre dansé — ou de cette danse théâtralisée ? Recherche, pour dire la femme dans un univers d’hommes, d’une forme singulière qui, si elle ne semble pas toujours très bien aboutie, a le mérite d’être servie avec enthousiasme et sincérité par trois complices, soit deux femmes, Lindy et Émilie, et un homme, Ricardo lui-même.

Pourquoi donc Ève serait-elle « la pire de toutes » ? Présentée comme figure inverse de Lilith, cette Ève-là, cette « côtelette cruche », avatar de son Adam, incarnerait une forme de soumission, plus signifiante qu’une certaine histoire de pomme, encore que ce “coup de la pomme” ne soit pas oublié — fruit vert à croquer sauvagement par les trois protagonistes, et panier de fruits jaunes déversé sur la tête de la coupable ! Lilith, elle, se targue d’avoir été la toute première, créée non d’une côte de l’homme mais pétrie de la même argile que lui, et donc mise au monde pour être son égale.

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« Moi Eve » : démonstratif

— Par Selim Lander —

On connaît et apprécie Ricardo Miranda pour sa fantaisie et sa créativité en tant que metteur en scène. Le voici de retour sur la scène du Théâtre municipal avec une pièce de « danse-théâtre» dont il est l’auteur et qu’il interprète avec deux comédiennes-danseuses. Le propos – donner la parole aux femmes dans un monde d’hommes – tombe à pic au moment où l’affaire Weinstein et quelques autres rappellent que, effectivement, les femmes ne sont trop souvent pour les hommes que des ménagères ou des objets de plaisir.

Passons sur la note d’intention qui peut laisser perplexe : « Quand on cherche des informations sur la femme en tant que groupe social, on constate l’absence d’historicité, d’études sur elles » (sic). N’y a-t-il pas plutôt pléthore dans ce domaine depuis – pour ne citer que deux noms français – Simone de Beauvoir et Françoise L’Héritier et le développement exponentiel des « études de genres ».

Peu importe, après tout, que R. Miranda se présente comme pionnier en matière de féminisme. Nous sommes au théâtre : ce qui compte, c’est moins le propos que la manière dont il est porté à la scène.

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« Billes de verre, éclats de plomb », un dialogue imaginaire entre Frantz Fanon et Antonin Artaud

Samedi 3 mars 2018 à 19h 30 au T.A.C.

La Petite Fabrique et Le Collectif 2 Poings Communiqué

Dans le cadre global du projet artistique et d’une tournée performance en Martinique du 27 Février au 15 Mars 2018

Billes de verre, éclats de plomb,

Un dialogue imaginaire entre Frantz Fanon et Antonin Artaud

Invitation Au Théâtre Aimé Césaire

97200 Fort-de-France

le samedi 3 Mars 2018 à 19 heures 30 représentation tout public

le jeudi 1 Mars  et le vendredi 2 mars 2018 à 9h30 représentations scolaires

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Peer Gynt d’Henrik Ibsen, adaptation et m.e.s. David Bobée

— Par Roland Sabra —

1981… Année mémorable. Après Wagner, après Beyrouth, Patrice Chéreau revient au théâtre et offre, avec Gérard Desarthe et Maria Casarès, la version intégrale de Peer Gynt, le chef d’œuvre d’Ibsen.

Sept heures de théâtre en deux temps avec entracte au Théâtre de la Ville. À Paris. Éblouis, fascinés, certains y retourneront plusieurs fois.

 » Il s’agit d’un grand poème dramatique, dont le personnage principal est l’une de ces figures à demi mythiques et légendaires qui peuplent la Norvège du temps présent« .( Lettre d’Ibsen à son éditeur le 05/01/1867). Le texte n’a donc pas été écrit spécifiquement pour une représentation scénique et néanmoins il va connaître un destin théâtral hors du commun. Nombreux sont les metteurs en scène qui depuis 1876, date de la première représentation en Norvège, s’attellent à cette pièce-fleuve avec ses dizaines de personnages et de décors, et qui défie les lois du théâtre.

De quoi s’agit-il ? Un paysan norvégien d’une vingtaine d’années tente de fuir la réalité en se réfugiant dans l’affabulation. Pour le dire plus crûment : c’est un infini menteur, un égoïste débraillé, un affreux vaurien, un anti-héros hâbleur et querelleur.

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« Tertullien » d’après le traité « Sur les spectacles », adaptation et interprétation : Hervé Briaux

— Par Michèle Bigot —

À partir d’une lecture du traité de Tertullien Sur les spectacles, rédigé au début du troisième siècle par un nouveau converti au christianisme, Hervé Briaux opère une réécriture qui puise dans le traité les passages les plus éloquents pour en faire un montage simple, cohérent et lisible pour la scène. Il s’agit de transformer un traité en matière théâtrale, d’en extraire la substance sans le trahir. Pari réussi car le texte théâtral ainsi produit ne souffre d’aucune obscurité. Il se déroule implacablement, et progresse dans l’intensité. Il culmine dans une détestation absolue de tous les arts. En fait le texte épouse la même progression qui a gouverné la vie de Tertullien, de la conversation tardive à la radicalisation absolue à la fin de sa vie. A partir de 197, cet homme, brillant lettré et épicurien raffiné, destiné à une carrière d’avocat, tourne le dos au monde dans une ascèse impitoyable qui cherche à entraîner les chrétiens dans son puritanisme. Son traité témoigne d’une fièvre fanatique servie par une éloquence éprouvée. Paradoxalement, sa charge contre les arts et en particulier contre le théâtre témoigne d’une parfaite maîtrise de l’art de convaincre les esprits, d’émouvoir les cœurs, bref du meilleur de l’art théâtral.

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Moi Eve, la pire de toutes

22, 23, 24 février 2018 à 19h 30 au T.A.C.

Saint Jean Chrysostome disait, « Quand la la première femme a parlé, a provoqué le péché originelle » Et Saint Ambroise conclu par « Si on permet a la femme de parler elle provoquerait a nouveau la ruine des hommes ».
L’église catholique lui interdit la parole. Les fondamentalistes musulmans mutilent son sexe et cachent son visage. Les juifs très orthodoxes commencent le jour en disant « Merci seigneur de ne pas m’avoir fait femme »
Elles savent coudre, elles savent broder, elles savent souffrir et cuisiner. Filles obéissantes, mères dévouées, épouses résignées. Ce fut ainsi pendant des siècles.Connaissant bien peu sur elles. Échos des voix masculines, ombres d’autres corps.
Pour faire des éloges a un haut personnage ou une éminence on dit « derrière un grand homme se cache une grande femme » La réduisant ainsi, a la triste condition de dossier de chaise.(Eduardo Galeano.)
C’est une rélexion sur l’intimité au féminin, ses conlits face à une société patriarcale au travers du temps, l’ histoire et de son avenir.

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L’âme humaine sous le socialisme d’après l’essai d’Oscar Wilde,

— Par Michèle Bigot —

« Une carte du monde ne faisant pas mention du royaume d’Utopie ne mérite même pas un coup d’oeil, car elle laisse à l’écart le seul pays où l’humanité finit toujours pas aborder. »
Voici l’inspiration maîtresse de cet essai signé Oscar Wilde, et aucun sujet ne peut se prétendre plus actuel que celui-là. Où sont passées les utopies dont nous avons un si pressant besoin ? Doit-on au nom du pragmatisme néo-libéral et d’une logique comptable de la rentabilité, laisser dire que les utopies sont condamnables parce qu’irréalistes ? Qu’est-ce que ce réalisme dont se prévaut le capitalisme financier et la société de contrôle qu’on nous prépare, sinon un facteur de désolation ?
Ce texte écrit en 1891 résonne aujourd’hui comme un écho surprenant des recherches actuelles des historiens, sociologues et philosophes concernant les « communs ». On en trouve un exemple éclairant dans l’essai de Rutger Bregman « Utopies réalistes, en finir avec la pauvreté », qui propose, en vrac : l’ouverture des frontières, la semaine de 15 heures, le revenu universel, et montre à partir de l’exemple de Wikipedia que non seulement les utopies sont réalistes, mais que certaines sont en cours d’accomplissement en dépit qu’on en ait.

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« J’étais dans ma maison et j’attendais que la pluie vienne » de Jean-Luc Lagarce, m.e.s. Chloé Dabert

— Par Michèle Bigot —

Le retour du retour du fils ! Dans la série des bouclages qui fondent l’écriture de Jean-luc Lagarce, le motif du fils prodigue occupe une place centrale. Et contrairement à celui d’Ulysse, ce retour à la matrice est synonyme de mort, ou d’annonce de mort. Car pour le sujet la mort n’a d’autre réalité que son annonce, sa venue prochaine et tout le système d’échos que cette annonce engendre dans la famille, semblable aux ricochets de cet étang (ou ce marigot) qu’est le cercle familial.

Écriture intimement liée à la maladie du sida. Car cette affection fait entrer la logique de mort au cœur de la jeunesse, et porte sur le devant de la scène un coming out double dans lequel coïncident l’officialisation de l’homosexualité et l’annonce de la mort. Et dispose au premier plan la panoplie des relations affectives avec les parents, dans toute leur douloureuse complexité.

Écrite quatre ans après Juste la fin du monde, cette avant-dernière pièce (la dernière étant Le Pays lointain) représente une sorte d’épure de la précédente. Car le fils prodigue est bien mal en point, il brille par son absence au cœur même de sa présence supposée.

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« Aliénation(s) » à la BU…

Le spectacle de Françoise DÔ jeudi 22 février 2018 à 19h

En partenariat avec Tropiques Atrium Scène nationale, la bibliothèque universitaire du campus de Schoelcher est heureuse de vous inviter, jeudi 22 février à 19h, à la représentation de la pièce «Aliénation(s)», écrite, mise en scène et interprétée par Françoise Dô.

Sophia est une jeune martiniquaise ayant fini ses études à Paris. Lors d’une réunion familiale, elle découvre une partie de la vie de sa mère, avec qui elle avait une relation impersonnelle. De sa migration, à l’époque par l’intermédiaire du BUMIDOM, à son rapport aux hommes, tout résonne et fait écho à sa propre vie. Remonte alors à la surface son histoire trouble autant avec sa terre d’accueil qu’avec sa terre d’origine. Est-elle vraiment libre de ses choix ? [FD]

Françoise Dô présente ainsi sa démarche artistique : « Bien que ce texte fasse intervenir plusieurs personnages, j’ai choisi de mettre sur scène une seule comédienne qui dans un monologue sur le principe de l’acteur-conteur se démultiplie pour présenter chaque protagoniste. Ce choix permet à mon sens d’accentuer la question de l’identité de la personne qui a migré (l’immigré, l’immigrant ou l’expatrié)… »

Créé en 1963 par le gouvernement français pour « contribuer à la solution des problèmes démographiques intéressant les départements d’outre-mer », le BUMIDOM fut chargé de traiter la question de l’émigration domienne vers la métropole.

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« LadjaBlès, Femme sauvage » de Daniely Francisque

— Point de vue de Valer’Egouy —

Création 

19 et 20 janvier 2018 à 20h à Tropiques Atrium dans le cadre du Festival des Petites Formes

C’est la voix du conteur, porteur de la Parole sacrée, qui ouvre l’espace de rencontres. Cette musique rythmée venue des cordes vocales annonce un nouveau voyage. C’est tellement loin et d’aujourd’hui, à la fois. L’occident a besoin de nommer, de mettre dans une case ou une catégorie, souvent. Parce que nous avons gardé quelques choses de la terre mère, il est juste nécessaire de garder le cœur ouvert, ressentir le dedans de nous-même et être présent.

Cette jeune auteure, Daniely FRANCISQUE, ici dramaturge, est entrée dans sa zone de puissance par cette pièce de Théâtre. Nous sommes heureux en Martinique d’assister à ce magnifique décollage. Elle offre à dire à deux humains une sorte de grand poème à plusieurs voix en passant par ces personnages que nous allons reconnaître. Si oui, c’est que nous avons déjà posé une feuille sur la « Blès ». Se dire avec émotions sans choc, à nu. La parole est profonde, lointaine, peut-être même dans notre subconscient et concerne bien notre quotidien.

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« Les Batteurs », m.e.s. d’Adrien Béal

— Par Roland Sabra —

Ils sont six sur scène, avec leur batterie, venus de diverses écoles de formation. A la fois semblables et différents ils posent d’emblée la question de l’individu et du collectif. Qu’est-ce qui fait groupe? Quelle colle pour le lien social ? Un chœur peut-il être sans coryphée ? Y-a-t-il un texte sans contexte? La liste est longue des interrogations que porte « Les batteurs » le travail d’Adrien Béal en réponse à un commande du Théâtre de la Bastille.
Il y a donc six musiciens, deux femmes et quatre hommes, dans la première moitié de leur vie, tous batteurs, d’ordinaire jamais invités à jouer ensemble mais avec d’autres instrumentistes auxquels ils donnent le tempo. Enfin ils donnaient le tempo. Dans un autre temps, celui d’avant l’électrification des instruments. Ce tempo qui passera de la grosse caisse, à la caisse claire puis aux cymbales avant la dépossession par les boites à sons de la fée électricité. Naissance, croissance et indépendance, chemin vers l’autonomie et persistance d’un dialogue. L’histoire de l’instrument est une histoire humaine.
«On ne se pose qu’en s’opposant».

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« François d’Assise » de Joseph Delteil

— Par Selim Lander —

Joseph Delteil est l’un des quelques écrivains, à l’instar de Jean Giono, qui font l’objet d’une sorte de culte au sein d’une petite secte de fidèles… tout en laissant les autres lecteurs passablement indifférents. C’était donc un acte de foi, de la part des programmateurs des « Petites Formes », que de programmer Delteil en clôture du festival, et doublement puisque son texte conte l’histoire de saint François d’Assise.

A partir de là, la réaction face à ce spectacle sera évidemment très différente suivant qu’on adhère ou qu’on n’adhère pas à l’écriture de Delteil et/ou à la foi chrétienne. L’auteur a bien déclaré qu’il voulait parler de « François d’Assise », l’homme plutôt que le saint, mais enfin les envolées mystiques ne manquent pas dans son texte et l’hymne à la nature et aux petits oiseaux épuise vite ses vertus… théâtrales.

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« François d’Assise », une figure attachante et complexe

— par Janine Bailly —

S’il reste connu des spécialistes, Joseph Delteil (1894-1978) est aujourd’hui oublié du commun des mortels, et peu, dont je suis, sauraient dire qu’en 1925 il reçut le Prix Fémina pour un ouvrage intitulé Jeanne d’Arc. Cette Jeanne qui, en raison de son anticonformisme, déclencha un scandale, fut par ailleurs à l’origine de la rupture avec le groupe des surréalistes auquel Delteil, venu de son Aude natale « faire l’écrivain » à Paris, s’était pourtant intégré.  Malade, il se guérit de cette malheureuse expérience parisienne en regagnant le Sud pour y vivre en « écrivain-paysan », sans que cette retraite occitane l’empêchât de rester en contact avec des auteurs et chanteurs célèbres. On retient de lui qu’il aima ranimer à sa façon singulière les grandes figures historiques, et c’est bien ce qu’il fit en créant en 1960 cet étrange François d’Assise, sans lui adjoindre le qualificatif de « saint »  qu’habituellement on lui accole.

Seul en scène, Robert Bouvier donne corps à un personnage fougueux, lyrique et baroque, qui entraîne dans son sillage de mots et d’images un spectateur bientôt charmé, et plus tard étourdi par tant de paroles et de virtuosité.

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De l’éclectisme au Festival des Petites Formes

— par Janine Bailly —

Trois propositions, trois formes de spectacle bien différentes en ce début de semaine à Tropiques-Atrium, pour des aficionados qui chaque soir remplissent fidèlement les salles.

Pas vu, pas pris, qui ne dit mot consent et autres croyances populaires, un titre énigmatique pour ce qui est en quelque sorte une pochade d’étudiants, une sorte de récréation où l’on voudrait jouer avec son public — public dont seule une petite partie, ce soir-là, accepte d’entrer dans le jeu. Quatre jeunes acteurs, dynamiques et heureux visiblement d’être sur scène, parodient allègrement les émissions de télé-réalité qui font florès sur certaines chaînes de télévision. Malgré quelques procédés pas toujours très habiles, malgré certaines plaisanteries trop convenues, on peut prendre plaisir à cette farce jouée avec un grand naturel et un bel entrain. Glissés dans cette trame, les quatre monologues, adaptés de la pièce Liars Club, de Neil Labute, dramaturge et cinéaste américain connu pour ses critiques impitoyables et acides de la société actuelle, perdent de leur sens et de leur vigueur. Un seul ne parle pas de sexe, mais d’une vengeance bien laide exercée sur la résidente d’une maison de retraite, texte assez insoutenable qui me semble décalé dans ce qui par ailleurs se veut un divertissement.

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« François d’Assise » de Joseph Delteil, adaptation, m.e.s. Adel Hakim, jeu Robert Bouvier

Samedi 27 janvier 20hTropiques-Atrium

Un saint qui « ensainte les hommes »
Je suis chrétien, voyez mes ailes.
Je suis païen, voyez mon cul.

« J’ai appelé ce texte François d’Assise et non pas Saint François. Vous remarquerez que je tiens à cette nuance. Je prétends toujours que tout homme, s’il le veut, peut devenir François d’Assise, sans être saint le moins du monde. J’imagine très bien un François d’Assise laïque et même athée, ce qui importe, c’est l’état d’esprit « françoisier » et non pas sa place réservée sur un fauteuil doré dans le paradis. Il faut un saint « utilitaire », un saint qui « ensainte » les hommes.
Nous vivons une époque cruciale de l’Histoire, c’est un véritable match entre l’histoire et la nature. D’un côté une redoutable accélération industrielle, une montée en flèche de la civilisation atomique et de l’autre une fragile levée de sève ça et là dans le vaste monde, un appétit soudain de grand air, de soleil. L’humanité bureaucratique, métallique, aspire de nouveau à sa chair, elle veut se dénuder, prendre la clé des champs.

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« Pas vu pas pris »

— Par Selim Lander —

Pas vu pas pris, qui ne dit mot consent et autres croyances populaires, libre interprétation de Liars Club de l’auteur américain Neil LaBute (voir photo) par Adelin Flaun qui en assure la mise en scène.

Quatre jeunes comédiens racontent à la première personne et à tour de rôle une horreur vraie ou inventée dont ils se seraient ou non rendus coupables, quatre monologues qui mettent obligatoirement en évidence les aptitudes de chacun. Or, si l’on pourrait être tenté de comparer leurs mérites et d’établir un classement, on y renonce bien vite, tant il est évident qu’ils sont tous capables, chacun dans son genre, de captiver le public. Ils sont donc quatre, deux Martiniquaises et deux allogènes, produits du Jeune Théâtre National (JTN pour les initiés). On connaît déjà bien Jann Beaudry (dont on a remarqué en particulier l’interprétation en solo de Jaz de Koffi Kwahulé), Steffy Glissant s’est produite tout récemment dans Le Monstre d’Agota Kristof. Antoine Prudhomme de la Poussinière et Clara Lama Schmit sont des nouveaux venus sur la scène martiniquaise. Une mention spéciale pour la dernière citée qui interprète un homme avec un tel réalisme qu’on s’y laisse prendre.

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« Les Hommes », chronique d’une résistance au féminin

— par Janine Bailly —

De la Seconde Guerre Mondiale, les crimes contre les Hommes n’ont cessé d’habiter nos mémoires et nos consciences, individuelles ou collectives. Sur les écrans sort ce 24 janvier le film d’Emmanuel Finkiel, La Douleur, adapté d’une nouvelle éponyme de Marguerite Duras, et qui s’inspire de ce qu’elle vécut dans l’attente angoissée du retour de son mari, le résistant Robert Antelme, retenu en déportation. Chez Grasset vient de paraître ce 17 janvier le récit autobiographique L’amour après, où Marceline Loridan-Ivens se demande « comment aimer, s’abandonner, désirer, jouir quand on a été déportée à quinze ans ». Charlotte Delbo a, de même façon, à son retour des camps, beaucoup écrit sur sa trajectoire de femme communiste, sur son internement en tant que prisonnière politique, et sur les mécanismes de survie à inventer quand on vous plonge soudain et sans raison au cœur de l’enfer.

Dans la pièce Les Hommes, présentée cette semaine au Théâtre Aimé Césaire, Charlotte Delbo relate cet épisode où, enfermées au fort de Romainville dans l’attente d’être orientées vers le camp de Auschwitz-Birkenau, des femmes d’âges différents et d’origines diverses vont rester dignes et debout, refusant, en dépit de la peur et de l’angoisse, de donner victoire à l’ennemi.

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« Ladjablès » femme sauvage, ou le mythe renouvelé

— Par Janine Bailly —

En ce mois de janvier où le soir tombant nous apporte déjà les échos des tambours qui s’apprêtent au Carnaval, c’est à une relecture des mythes de Martinique que Daniely Francisque nous convie avec bonheur sur la scène de Tropiques-Atrium. Que savons-nous de la Diablesse, qui donc est-elle ? La légende veut qu’elle guette les hommes la nuit afin de les séduire, pour leur plus grand malheur… Elle prend l’apparence d’une femme très belle, hélas pourvue d’un sabot de cheval ou de bouc en place d’un, ou de ses pieds. Selon certains écrits, ce serait sur les plantations la représentation d’une femme blanche, épouse ou fille de maître, et qui prendrait un malin plaisir à attirer les plus beaux esclaves dans ses filets, les destinant ainsi à subir une sévère punition, mort ou disparition inexpliquée.

 Ladjablès, femme sauvage incarnée par Rita Ravier, correspond bien à  cette image : alors que l’homme Siwo, seul en scène, bavard perroquet écarlate sous son bec d’oiseau, nous joue avec délectation et brio, dans un monologue épicé, son personnage de “macho” conquérant prêt à faire succomber toutes les “femelles” prises dans son sillage, Ladjablès attend, silhouette énigmatique entrevue derrière ce rideau (de perles ?)

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« Ladjablès, femme sauvage » de Daniely Francisque

20 janvier 2018 Tropiques Atrium à 20h

—Par Selim Lander —

Daniely Francisque est d’abord une comédienne, et qui fait de plus en plus parler d’elle. Elle est aussi auteure de théâtre et l’on se souvient de sa pièce Cyclones, reprise l’année dernière au festival d’Avignon. Ladjablès, son nouvel opus, dont elle a assuré la mise en scène, est d’une tonalité toute différente. Abandonnant l’ambiance sombre, chargée d’un lourd secret de Cyclones, elle est passée à un univers proche de l’héroïc fantasy. Le thème, pourtant est toujours ancré dans la Caraïbe, sa diablesse en est une figure mythologique, mais la manière dont il est traité évoque immanquablement les personnages de ces sagas situées dans un ailleurs improbable auxquelles les adolescents d’aujourd’hui font un succès, que ce soit sous forme de livre ou de film. La diablesse de D. Francisque interprétée par Rita Ravier est une reine fascinante, somptueusement parée et il faut ici, sans tarder, souligner la perfection des costumes réalisés par Melissa Simon-Hartman et Sylviane Gody : les trois revêtus successivement par la comédienne au cours de la pièce, tous plus impressionnants les uns que les autres, et la tenue carnavalesque uniformément rouge de Patrice Turlet (Siwo dans la pièce) avec une coiffe en bec d’oiseau, également fort réussie.

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« Les Hommes » de Charlotte Delbo – théâtre et bons sentiments

— Par Selim Lander —

Charlotte Delbo (1913-1985) était un personnage extraordinaire comme seules les périodes les plus troublées (guerres, révolutions) peuvent en produire, celles où l’on risque sa vie pour un idéal (pour peu – mais c’est beaucoup, évidemment – qu’on ait en soi cette foi et ce courage qui permettent d’accepter de mourir pour une juste cause). Ch. Delbo est une héroïne de la Résistance et si, contrairement à son mari, elle n’y a pas laissé sa peau, elle a connu l’horreur d’Auschwitz et fut l’une des rares rescapées d’un convoi de 230 femmes françaises arrivé au camp en 1943. Il se peut que certains de nos lecteurs aient comme nous en mémoire la série d’émissions sur France Inter, rediffusée naguère, dans laquelle elle racontait sa guerre et où elle se montrait éblouissante, avec la même flamme que dans sa jeunesse.

Il n’est pas superflu de préciser, puisqu’il est question ici de théâtre, que Ch. Delbo fut, avant guerre et pendant plusieurs années, l’assistante de Louis Jouvet. C’est pourquoi, de la part d’une femme brillante, au destin de résistante exceptionnel, plus que versée en matière théâtrale, on ne pouvait qu’espérer un chef d’œuvre de la pièce qu’elle a tirée de son passage à la prison de transit du fort de Romainville.

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Prison possession

Du 30 janvier au 04 février 2018 à La Maison des Métallos. Horaires

1ère mise en ligne le 09/07/2017

De et par François Cervantes

— Par Michèle Bigot —
A partir d’une correspondance avec Erik Ferdinand
F. Cervantes, debout, seul, noir sur fond noir. Pas d’objets, pas de décor, la nudité. Il prend la parole, à moins que ce soit la parole qui s’empare de lui. Hésitant, mais calme et déterminé, commence le récit. Comme un balbutiement de l’enfance. Récit autobiographique : l’enfance à Tanger, la mère, l’apprentissage de l’alphabet, à partir de quoi le verbe va le hanter pour ne plus le lâcher. De là, l’histoire d’une formation, qui est aussi l’histoire d’un corps à corps avec les mots : « Je cherche les mots » dit-il, « Je découvre un volcan caché en moi et j’ai peur ». Jusqu’à ce qu’il découvre le théâtre. Le théâtre comme voix et comme médiateur entre les corps et les mots. L’écriture comme dramaturgie et la scène comme une passe entre auteur et lecteur, incarnée par une double présence vivante : l’acteur et le spectateur. Donc un vrai dialogue prend naissance, non pas une parole adressée par un homme seul à une multitude indéfinie, mais comme un homme qui parle à un homme.

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« Un Buffle », fable moderne à l’usage des grands

— par Janine Bailly —

Le Festival des Petites Formes s’est ouvert tout en douceur, ce mercredi en fin d’après-midi, sous le chapiteau de Tropiques-Atrium, qui cette année encore a pris ses quartiers à l’Espace Osenat du bourg de Schœlcher. Les spectateurs, hélas en nombre trop réduit, y ont retrouvé avec bonheur Léopoldine Hummel, déjà vue à la Martinique en 2016, dans une mise en scène de José Pliya, pour l’adaptation du roman de Carole Martinez, Du domaine des murmures. Cette fois encore, la jeune femme, habile à faire naître et l’émotion et l’adhésion de son public, a su mettre au service du texte non seulement une voix claire et qui sait aller au cri, une diction parfaite, mais encore ses talents de musicienne et de chanteuse.

Alors que nous prenons place, la comédienne se tient sur scène, vue de dos, sur un leitmotiv musical sombre. Quand se font le silence et la lumière, elle se retourne, nous salue avec jovialité, et nous devenons ses proies, visiteurs factices d’une blanchisserie à vendre, qu’elle nous décrit de ses mots et de ses gestes : voilà c’est dit, abattu le quatrième mur, nous entrons sur ses pas dans la fable, Un Buffle, qu’elle nous contera, et par instants chantera, avec un bel enthousiasme, dans la jubilation du dire.

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Les hommes : « Une saison en enfer »

18, 19 & 20 janvier 2018, 19h 30 au T.A.C.

— Par Christian Antourel & Ysa de Saint-Auret —

Le camp de Romainville, camp d’internement installé dans l’enceinte du fort de Romainville et administré d’abord par la Wehrmacht puis par la SS recevait différentes catégories de détenus. Il constituait une sorte de «  réserve » permanente d’otages. Ils s’y servaient chaque fois que l’on devait procéder à des exécutions de représailles.

Le souffle de la violence du monde fait incursion sur la scène, se référant à une multitude d’évènements historiques ou plus confidentiels, Florence Delbo nous narre cette histoire d’une implacable vérité ; sept femmes donnent corps et voix aux traumatismes que l’histoire inflige.

C’est dire l’angoisse que vivent ces femmes enfermées depuis des mois dans leur dortoir -cellule tremblantes, dès qu’après les silences glacials des nuits, l’angoisse des nuits, des bruits de portes de serrures et de pas s’infiltrent tenaces jouant à la roulette russe entre leur désespoir, l’angoisse d’être déporté et des vagues idées d’évasions. Une loterie ou tout est joué d’avance. Que reste-t-il, alors quand tout s’effondre autour d’elles ? la tendresse irremplaçable d’une conscience innocente dont le cœur est sur les lèvres ,une douleur une souffrance scélérate sentie à fleur de peau..

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« Les Hommes » de Charlotte Delbo, m.e.s. Jeanne Signé & Frlorence Cabaret

18, 19 & 20 janvier 2018, 19h 30 au T.A.C.

La pièce
Les Hommes se déroule dans le fort de Romainville, à l’intérieur de la prison dans laquelle un groupe de femmes, arrêtées pour faits de résistance en 1942, vit depuis quelques mois. Les hommes sont incarcérés de l’autre côté du bâtiment et ne croisent leurs compagnes, leurs femmes ou leurs soeurs qu’une fois par jour, lors de la promenade.
La menace des exécutions et de la déportation pèse chaque jour un peu plus. Pour ne pas sombrer dans l’angoisse et le désespoir, les détenues décident de monter une pièce : Un caprice de Musset, comédie brillante, fenêtre sur un monde à l’opposé de leur quotidien. A l’intérieur de la prison, elles trouvent, en créant, une autre forme de résistance pour lutter contre la résignation et le découragement. Toutes mobilisent leurs savoir-faire, inventant à partir de rien costumes et accessoires. Au-delà des murs ont lieu des actions armées menées par des « camarades » résistants. Les femmes payeront très cher ces victoires contre l’occupant, car en représailles, au moment même où sur une scène de fortune elles jouent Un caprice, leurs hommes sont fusillés.

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