Catégorie : Théâtre

« La Radio des bonnes nouvelles » de Gerty Dambury

— Par Selim Lander —

Que dire d’un spectacle qui ne nous était manifestement pas destiné sinon que ses évidentes qualités n’ont pas suffi à soulever notre enthousiasme.

Commençons donc par les qualités qui ont dû frapper tous les spectateurs, celle de la mise en scène, tout d’abord, assurée par l’auteure, qui traite toute la pièce sur un mode music hall, en mettant en vedette successivement différents personnages, avec un soin tout particulier apporté aux costumes, dont certains à paillettes et une coiffe en plumes, au décor transformable fait de quelques caisses en bois, au découpage nerveux. Notons enfin le jeu de deux comédiennes (sur trois) captivantes quoique sur des registres très différents : exubérant pour l’une, remarquable danseuse au demeurant, plutôt comique pour l’autre.

Ce qui ne nous a pas du tout séduit mais qui a pu plaire à d’autres. La présence sur la scène de deux musiciennes (batterie et basse) qui jouent pendant la plus grande partie de la pièce une musique 1) lancinante et 2) suffisamment forte pour imposer aux comédiennes l’usage honni du micro (comme nos lecteurs le savent déjà).

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« Le dernier Boléro » de Iliana Prieto Jimenz et Cristina Rebull Pradas

31 mai, 01 et 02 juin  2018 à 19h30 au T.A.C.

« Il n’y a pas de pire exil que celui de l’âme »

– Mise-en-scène/Décor : Ricardo Miranda
– Lumières : Fred Libar
– Traduction : Carmen Medrano – Frédérique Plessis
– Affiche : Frédérique Plessis
– comédiennes : Juliette Mouterde – Brigitte Villard-Maurel.

« Le dernier Boléro » raconte les retrouvailles d’une mère et d’une fille cubaines après 17 ans de séparation. Dans les années 1980, la mère, Sofia, est partie précipitamment à Miami pour suivre son fils homosexuel, laissant sa fille Béatriz seule au pays.
Cuba vivait à cette époque, une période difficile entre une économie en baisse et de fortes tensions sociales. Le 8 avril 1980, 10 000 Cubains réfugiés à l’ambassade du Pérou à la Havane ont lancé un appel au président des Etats-Unis lui demandant de faciliter l’obtention de Visas pour quitter le territoire. Il s’en est suivi un exil massif volontaire ou subi de plus 125 000 cubains ce qui constitue un des plus grands mouvements migratoires du 20ème siècle. Le gouvernement cubain en profite pour expulser les indésirables (opposants au régime, prisonniers de droit commun homosexuels,prostituées, malades psychiatriques…).

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Mnouchkine, Daguerre et Pommerat, parmi les lauréats de la 30e Nuit des Molières

La 30e Nuit des Molières a récompensé le meilleur du théâtre français, d’Ariane Mnouchkine à Jean-Philippe Daguerre, en passant par Blanche Gardin ou encore Jean-Pierre Darroussin.

La légendaire Ariane Mnouchkine, fondatrice du Théâtre du Soleil, a été sacrée en son absence meilleure metteure en scène pour Une chambre en Inde, écrite sur fond des attentats à Paris. Deuxième grand vainqueur de cette soirée : Adieu Monsieur Haffman, pièce émouvante sur un juif caché dans une cave dans la France de Vichy signée Jean-Pierre Daguerre. Europe 1, partenaire de la cérémonie des Molières, revient sur les principaux prix décernés.

La « reine » Mnouchkine

Elle est la troisième femme depuis la création de cette cérémonie à recevoir ce prix, aux côtés d’Irina Brook et de Zabou Breitman, qui a présenté cette édition. Figure emblématique d’un théâtre engagé, Ariane Mnouchkine, 79 ans, n’a toutefois pas assisté à la cérémonie organisée à la salle Pleyel. Une chambre en Inde, qui avait été oubliée par erreur en 2017, a également obtenu le Molière de la meilleure pièce du théâtre public. La pièce met en scène une troupe qui se retrouve en Inde alors que les attentats frappent Paris, et détourne l’horreur des attentats par le rire pour tenter de mieux l’appréhender.

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« La Magie Cocteau » : magique !

— Par Selim Lander —

Un spectacle hors norme porté sur la scène par un magicien et virtuose des ombres chinoises et son pianiste mais qui va bien au-delà puisqu’il mêle des séquences de cinéma muet, et comme il se doit dans un hommage à Cocteau des extraits de ses films, quelques dessins recomposés sur grand écran par un usage sobre et intelligent de la vidéo, et quelques textes (poèmes ou autres) dits par François Morel.

Si le spectacle fascine c’est sans nul doute en partie justement parce qu’il est hors norme. Et d’abord parce qu’il met un magicien sur le plateau. Il fut un temps où les salles de spectacle présentaient régulièrement des magiciens. Le public populaire, qui remplissait alors ces salles, était habitué et paradoxalement plus blasé que le public « culturel » (à défaut d’être toujours cultivé !) qui fréquente désormais les  théâtres. Par contre, le mélange des genres ne surprend pas ce deuxième et actuel public. Néanmoins, l’humanité n’ayant pas fondamentalement changé depuis 100 ans, aujourd’hui comme alors, « habitué » et « blasé » sont des traits de caractère éminemment « volatiles » au sens où il suffit que la qualité soit au rendez-vous pour que l’enthousiasme reprenne le dessus.

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« À votre santé ! » : une création de l’atelier théâtre du lycée Montgérald du Marin

Le 3 juin 2018 à 11h Salle paroissiale du Marin

— Par M’A —

L’atelier théâtre du Lycée Montgérald du Marin encadré par Esther Eloidin, professeur- documentaliste, a de la suite dans les idées…

Leur défi ? Se rendre au Festival d’Avignon dans le cadre de « l’Opération Lycéens en Avignon » mise en place par me Ministère de l’Éducation Nationale qui s’appuie sur une convention liant l’association Festival d’Avignon et les Centres de Jeunes et de Séjour du Festival d’Avignon (CEMEA) en Juillet 2018.

Quel comédien n’a pas voulu se rendre dans cette ville érigée en un lieu incontournable du théâtre par Jean Vilar depuis 1947 ? Avignon n’est-elle pas l’endroit privilégié de rencontres de tous les amoureux du théâtre à chaque mois de juillet ?

On ne s’étonne donc pas que des lycéens qui ont découvert le goût, le plaisir et l’amour du théâtre aient eux aussi envie de découvrir ce Temple dédié à leur art et de s’en imprégner pleinement aux côtés de professionnels.

Pour eux ce serait la consécration de leurs nombreuses heures de cours et de leur investissement sans faille durant toute l’année scolaire.

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« La radio des bonnes nouvelles » de Gerty Dambury

Quatre comédiennes se mettent en scène dans un 8 mars 2020 utopique : jour extraordinaire de la fin des inégalités entre les hommes et les femmes, et des injustices sexistes !
Elles choisissent de s’exprimer sur les ondes d’une radio qu’elles inventent sous nos yeux : La Radio des bonnes nouvelles. Elles s’échangent les rôles, s’improvisent gaiement « reportrice » spéciale, invitée spéciale et redonnent la parole à Ida Wells-Barnett, Angela Davis, Louise Michel, Théroigne de Méricourt, Gerty Archimède, Claudia Jones et Clarissa Dalloway, figures réelles ou fictionnelles du combat séculaire des femmes pour l’égalité et la liberté.
Des lumières fortes, des sons ironiques et tintinnabulants, l’heure est à la bonne humeur, accompagnée d’une musique solaire !
Scolaire le 31 à 9h30
Lynda Voltat – 0596 70 79 37
lvoltat@tropiques-atrium.fr
Jean-José Pellan – 0696 40 08 31
jjosepellan@tropiques-atrium.fr
20h – salle frantz fanon
Tarif C ¬ 25€€ 20€€ 8€
Jeudi 31 mai
Mise en scène : Gerty Dambury
Assistant mise en scène : Jalil Leclaire
Avec : Julie Duchaussoy, Martine Maximin & Marina Monmirel
Création lumière : Léo Courpotin
Musiciennes : Ariadine Boussetta & Eli
Environnement sonore : Antonin Barteau
Costumes : Annie Melza-Tiburce
Production : La Fabrique Insomniaque
Avec le soutien de : Anis Gras, Le lieu de l’autre & La Maison des Métallos
Soutien à la résidence artistique : CDN de Normandie
Gerty Dambury
Poète, dramaturge et metteuse en scène, elle est née à Pointe-à-Pitre.

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Les élèves du Lycée Montgérald du Marin se prêtent au jeu de l’écriture théâtrale

Le jeudi 24 mai 2018, 16 élèves de Seconde, dont des élèves de l’Atelier théâtre, du Lycée Montgérald du Marin, encadrés de Mme Eloidin Esther, Professeur- Documentaliste, se sont prêtés au jeu de l’écriture théâtrale avec Arielle Bloesch, auteur, metteur en scène, comédienne suisse.

Cet atelier, organisé en partenariat avec l’Association ETC- Caraïbes, permettait aux élèves de se confronter à l’écriture d’un texte à partir de jeux pour réamorcer ou prolonger le plaisir d’écrire, dépasser l’angoisse de la page blanche, s’ouvrir au plaisir de l’écriture et de les préparer à participer au Concours d’Écriture théâtrale des Jeunes d’outre Mer qui prendra fin le 07 juillet 2018.

Les élèves ont participé de manière active à ce temps d’écriture et d’échanges avec Arielle Bloesch, qui sera suivi d’une production de textes pour la participation au concours jeunes des 15-25 ans d‘ETC- Caraïbes.

Cet atelier est la première étape d’un partenariat avec l’Association ETC- Caraïbes, qui a pour objectif la découverte, l’accompagnement et la diffusion des écritures dramatiques des auteurs de la Caraïbe.  En effet, ce travail débouchera,  durant l’année scolaire 2018 /2019, sur une résidence d’écriture avec Michel Richard,  auteur, fondateur et directeur artistique du Festival Soirées d’Été en Luberon depuis vingt-cinq ans. 

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Qu’ils crèvent les critiques !

— Par Jean-Pierre Léonardini —

Quelle mouche me pique, après tant d’années d’exercice légal de la médecine critique, de vouloir porter par écrit un diagnostic hasardeux sur une activité d’aussi peu de valeur fiduciaire ? C’est que j’aurais l’impression, n’écrivant pas ce livre, d’éviter un bilan et de compter pour rien toute une existence d’activité pratique, dans un domaine dont la validité concrète apparaît malaisément mesurable, pour ne pas dire impossible. Le temps est venu d’un peu sérieusement me pencher sur l’espèce de forcerie que constitue cette accumulation de spectacles, saison après saison, sur quelque cinquante ans et qui ont donné lieu à une accumulation de « papiers » en un domaine dont la nécessité sociale s’avère de plus en plus aléatoire.

Jean-Pierre Léonardini est journaliste et critique dramatique. Il a effectué l’essentiel de sa carrière au journal L’Humanité en qualité de responsable du service culturel et de critique attitré. Il a enseigné l’histoire du théâtre à l’université Paris-Nanterre, à l’université Lumière-Lyon-II ainsi qu’à l’ENSATT (École nationale supérieure des arts et techniques du théâtre) à Lyon.

 

C’est l’une des plus grandes plumes de la critique théâtrale française.

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« Mi bel mè !!! » de J.M Dubray.

24, 25 & 26 mai 2018 à 19h 30 au T.A.C.

«Mi Bel Mè»
Ana : Lucette ALONZEAU
Christiane : Nicole PERCIN – alias Nikita
Eliane : Murielle RONDEL
Lionel : Abdourahamane SAID HAMIDOUNI
Serge : Pierre FLORENT
Slameur : Elie LOUISY
Conseiller littéraire : Thierry NEGI
Ecrite et Mise en scène : Jean-Michel DUBRAY

Dans notre jargon nous disons « Sé pa papa’w qui fè’w », ce qui nous rappelle seule la femme nourrit de ses entrailles et donne naissance aux garçons ainsi qu’aux filles qui deviennent demain, des hommes et des femmes appelés à vivre en couple.
Cette pièce écrite et jouée à 95% dans la LANGUE DE L’AME DU PEUPLE DE CE PAYS MARTINIQUE. Met en évidence, les visions contraires de deux femmes sur le comportement d’un homme, qui est le Fils d’une et le mari de l’autre.

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Hommes aux mille mains. La magie Cocteau.

Vendredi 25 mai 2018 à 20 h Tropiques-Atrium

Le spectacle se vit comme un rêve éveillé, enchaînant une dizaine de tableaux. Chacun d’entre eux évoque l’univers singulier de Jean Cocteau, s’inspirant de ses films, de ses dessins, de ses poésies, de sa passion pour la mythologie. Une résonance scénique, subtile et originale de son œuvre orchestrée par Philippe Beau, illusionniste et spécialiste des ombres, reconnu internationalement, qui a travaillé avec le Cirque du soleil, Philippe Découflé et Peter Brook entre autres. Il fait ici parler les ombres pour mettre en lumière l’œuvre prolifique et multiforme de Cocteau. L’art de l’un, sur scène, rejoint ainsi l’art de l’autre, évoqué, montré. L’alchimie de ces deux univers prend tout son sens grâce à la voix de François Morel, qui clame les vers du poète et aux notes du piano de Marek Kastelnik, qui joue la musique originale de Philippe Bachman et des extraits de l’œuvre d’Eric Satie, proche de Cocteau. Des images fascinantes, troublantes comme un texte de Cocteau, se succèdent à l’écran, des bruitages se mêlent aux extraits de films, aux jeux d’ombres et de miroirs, jusqu’au final bluffant.

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« Victoire Magloire dit Waro » entre dynamisme, interaction et minimalisme

— Par Djamila Farah —

« Médam mésyé la sosyété byin asizé, mi di azot bonswar, mé mi anbras pa zot. Zot i koné akoz ? Sak i koné atann pou di, sak i koné pa, atann ma di. »

Ainsi débutait, à la Terrasse de Tropiques Atrium, la pièce de Sully Andoche et Barbara Robert, interprétée et mise en scène par Didier Ibao et Valérie Cros.

S’il faut reconnaître la valeur mémorielle et pédagogique de ce texte qui s’adapterait davantage à un public scolaire, on ne peut passer sous silence la démarche originale de la Konpani Ibao de la Réunion. Valérie Cros et Didier Ibao réinventent l’art de la mise en scène créole. Ils montrent que les metteurs en scène d’Outre-Mer peuvent se passer de tout péplum en se concentrant davantage sur une scénographie minimaliste. Ils ont su se contenter d’un décor qui peut se ranger dans le coffre d’une voiture. Quand on espère faire rencontrer le théâtre au plus grand nombre, il faut savoir boucler son sac.

Le texte accessible à tous (petits et grands) crée d’abord du lien intergénérationnel.

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« Les 12 », par Les Comédiens : comment revisiter ses classiques

— par Janine Bailly —

Le festival de théâtre amateur s’ouvre cette année sous le signe de la gravité : après L’Autre Bord Compagnie et ses « Jeux de massacre », c’est la troupe Les Comédiens qui nous propose, dans le drame judiciaire « Les 12 », un regard aussi peu complaisant que celui de Ionesco sur notre humanité et sur la façon dont nous organisons et vivons nos rapports sociaux. Ainsi sommes-nous, par chacune de ces deux représentations, conduits à nous demander ce que serait dans des circonstances exceptionnelles notre propre comportement, que nous soyons pris dans la tourmente d’une épidémie, ou que citoyens tirés au sort pour constituer un jury nous soyons sommés d’innocenter ou de condamner un de nos semblables, assassin présumé et fort jeune de surcroît.

Julie Mauduech emprunte son sujet à « Douze hommes en colère », une pièce en deux actes du dramaturge américain Reginald Rose, écrite en 1953, popularisée en 1957 par le film éponyme de Sidney Lumet, et dans lequel Henry Fonda tenait le rôle du juré numéro 8, celui qui empêche de « danser en rond ». Un sujet universel autant qu’intemporel, qui donna lieu à quelques reprises télévisuelles, et qui surtout fut traité en 2007 par le cinéaste russe Nikita Mikhalkov, sous la simple appellation de « 12 ».

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Pays de malheur, une jeunesse française

Du mardi 22 au dimanche 27 mai 2018 à La maison des Métallos 

d’après le livre de Younes Amrani et Stéphane Beaud (éditions La Découverte)
conception, adaptation et mise en scène Charlotte Le Bras
assistante à la mise en scène Caroline Lerda
avec Karim Abdelaziz, Hakim Djaziri, Agathe Fredonnet, Caroline Lerda et Charlotte Le Bras
création et régie lumières Nathan Teulade
chorégraphie Sylvie Troivaux (Kafando)
construction structure bois Étienne Meunier
PRÉSENTATION DU SPECTACLE
En 2002, Younes Amrani, 28 ans, emploi jeune dans une bibliothèque, lit l’ouvrage du sociologue Stéphane Beaud 80% au bac… et après. Lecture qui le mène à une réflexion sur son propre parcours. Il décide alors d’écrire au chercheur en sociologie. Commence une correspondance qui durera deux ans et qui permettra à Younes de mettre en mots sa réalité, une souffrance sociale peu souvent décrite et médiatisée. C’est cette correspondance, cette réflexion sur un état de la jeunesse que la compagnie Les Papavéracées met en scène. Deux comédiens et une comédienne se font la voix de Younes, et à travers lui d’une frange de la population souvent montrée sous un angle peu favorable.

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« Les 12 » de Reginald Rose, adaptation & m.e.s. de Julie Mauduech

17, 18 et 19 mai 2018 à 19h 30 au T.A.C.

Une pièce de Reginald Rose
Mise en scène : Julie Mauduech
Assistance Mise en Scène : Raika Hazanavicius
Decor : haut deco fwi
Lumières : Dominique Guesdon /La servante

Avec la troupe « Les Comédiens »

Lila MOREIGNE • Caroline FORESTIER • Virginie DERIDET • Sébastien FONTES • Frédéric DUTHEIL Audrey AZUR • Soria BELGHORZE • Prisca TOUSSAY • Sophie GENTY • Joël VERTUEUX • Dominique DOUCES Pascale RICHARD • Carmen KASSOVITZ / Ivane CHATOT

Contacts : 0596594329 / 0696220727

France 1980. 12 jurés, au cours de la délibération d’un procès, ont la responsabilité de juger un jeune homme accusé de parricide. Si pour 11 d’entre eux sa culpabilité est évidente, un juré va émettre des doutes.
Or il faut l’unanimité pour prononcer un verdict. Une vie est entre leurs mains. C’est l’acquittement ou l’exécution.
On assiste dans une tension palpable à un drame judiciaire dans lequel l’intelligence, l’humanité et la persévérance d’un seul homme vont mettre à mal les certitudes et les préjugés des 11 autres jurés, chacun habité et influencé par son histoire personnelle.

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« Victoire Magloire dit Waro »

À la guerre comme à la guerre

— Par Selim Lander —

On assiste toujours avec curiosité à un spectacle venu de la lointaine Réunion (deux océans à franchir, soit au bas mot une vingtaine d’heures d’avions, sans compter l’escale évidemment) parce que, en l’occurrence, les similitudes superficielles (le passé colonial et l’actuelle dépendance, l’usage du créole) n’empêchent pas une différence culturelle forte avec nos Antilles, laquelle se remarque, au théâtre, aussi bien dans les thèmes retenus que dans la manière dont ils sont abordés.

Contrairement aux Antillais, les Réunionnais ne sont pas mal (ou sont moins mal) dans la France. À preuve leur refus de toute consultation sur l’abandon éventuel du département et de la région au profit d’une collectivité unique. Impossible également de ne pas remarquer qu’ils sont moins obsédés que nous par le passé esclavagiste ou par l’inceste, sujets récurrents sous nos cieux.

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« Victoire Magloire dit Waro » de Sully Andoche et Barbara Robert

Samedi 12 mai 2018 à 20h  Topiques-Atrium la terrasse – (places limitees)

Le parcours d’un poilu réunionnais durant la Grande Guerre

A quoi ça tient, un destin ? Du haut de son Brûlé natal, Victoire Magloire, petit agriculteur, ne voit le sien qu’avec la main de Rolande. Ce que les parents de la belle refusent de lui accorder, tout illettré qu’il est. Déterminé à y remédier coûte que coûte, Victoire s’en descend à Saint-Denis, pour infléchir le cours de son histoire. C’est la Grande Histoire qui le happera : nous sommes en août 1914, la 1ère Guerre Mondiale a commencé à rugir, et la France recrute jusqu’en ses lointaines colonies. Par un échange d’identités, Victoire Magloire devient Ernest Waro, et embarque vers son grand parcours initiatique, dans lequel sa candeur ne sera pas la moindre de ses armes.
De l’intime à l’universel, il y a un sillon que la Konpani Ibao ne cesse de creuser. En rappelant que le théâtre peut (doit ?) être populaire ET exigeant, Didier Ibao et ses partenaires dessinent une fresque sociale et historique, richement documentée, qui fait la part belle à l’humilité, à l’émotion : parler à chacun en questionnant la communauté, c’est pour beaucoup ce qui fait du théâtre un lieu « drôlement » vivant.

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“Bovary” : une relecture et une adaptation du roman de Flaubert par Tiago Rodrigues

Vendredi 18 mai 2018 à 18h 30. Couvent de Cluny

Mise en scène par Widad Amra & Jacques Olivier Enfelder

avec les élèves de la troupe théâtre du Couvent de Cluny

La note d’intention de Tiago Rodriguez
Le point de départ de Bovary […] joué en avril 2016 au Théâtre de la Bastille, est aussi un aboutissement. Je suis appelé à créer une pièce dans une distribution française, à partir d’un texte que j’ai écrit et que j’ai moi-même mis en scène au Portugal en 2014. « C’est une recherche artistique », comme dirait Monsieur Sénard, l’avocat de la défense de Flaubert en 1857. C’est une recherche artistique inédite dans mon parcours.
Cette pièce est tirée du procès dans lequel Gustave Flaubert fut accusé d’attentat à la morale à la suite de la publication de Madame Bovary en fascicules dans la Revue de Paris. Ayant pour base une adaptation libre du procès, elle intègre aussi le roman dans sa structure. Elle fait débattre la loi et la littérature. Elle prône une Babylone de mots : légaux et littéraires, rhétoriques, politiques et poétiques.

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« Jeux de massacre », d’autrefois à aujourd’hui

— par Janine Bailly —

Il est des petits miracles qui donnent foi en l’avenir des arts vivants. Ainsi en cette fin de semaine, alors qu’à Tropiques-Atrium la Biennale de danse lançait ses derniers feux, le public se pressait en nombre aux portes du théâtre Aimé Césaire, avide de savoir quel sort la troupe de L’autre Bord Compagnie avait réservé à Jeux de massacre, la dernière pièce du dramaturge Eugène Ionesco. Si la réputation de Guillaume Malasné et Caroline Savard n’est plus à faire, s’attaquer avec des comédiens amateurs à un texte de cette complexité, où souvent les répliques se suivent de façon insolite plutôt que de s’enchaîner, relevait de la gageure, et parler sur scène de la mort n’est certes pas chose aisée. Pari tenu, les vingt-quatre hommes et femmes de tous âges et de toutes professions, venus d’horizons divers mais réunis par une passion commune, ont su nous emmener avec eux dans leur monde, qui pour être fictif n’en parle pas moins de notre humanité.

Au singulier, le jeu de massacre évoque cette attraction de fête foraine, qui consiste à faire tomber, à l’aide de balles lancées, des figurines, ou des têtes de préférence caricaturales : dès le prologue, le ton est donné, entre le tragique de la situation — un mystérieux fléau, assimilable à la peste, ravage la ville — et la distance d’une ironie cynique prise par l’auteur.

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L’autre Bord joue au massacre

— Par Selim Lander —

Jeux de Massacre d’Eugène Ionesco mis en scène par Guillaume Malasné et Caroline Savard.

Il y a plusieurs Ionesco. Le plus connu, l’absurde, remporte un succès constant depuis l’origine, ou presque. La Cantatrice chauve n’a tenu que 25 représentations lors de sa création, en 1950, mais la pièce qui est jouée désormais, avec La leçon, au théâtre de la Huchette à Paris sans interruption depuis 1957 approche les dix-neuf mille représentations dans ce seul théâtre[i] ! Et puis, il y a un autre Ionesco, plus ambitieux, plus démonstratif, plus tardif, comme ce Jeux de massacre (1970, l’année où Ionesco est élu à l’Académie française : il ne faut pas vieillir !) qui se veut aussi bien méditation sur la mort que réflexion sur la nature humaine (égoïste), la lutte des classes (avec les riches dans les rôles des « salauds » de Sartre), la corruption, etc. Soit : on n’a jamais interdit à un auteur de théâtre de réfléchir ! La seule question : a-t-il théâtralisé sa réflexion ? On ne dira pas que Ionesco y a réussi ici mais un bon metteur en scène peut faire des miracles… a fortiori deux.

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Jeux de massacre : une farce tragique !

— Par Christian Antourel & Ysa de Saint – Auret.

Jeux de massacre, ou comment une expression innocente tirée d’un jeu anodin de démolition se fait litote humoristique d’un phénomène grave à grande ampleur ou encore, comment parler d’un sujet sérieux s’il en est, avec humour et légèreté. Un humours grinçant caustique au service d’une réflexion sur le thème de la mort.
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Eugène Ionesco a toujours eu cette réflexion, cette vibration tentaculaire au plus profond de lui pour tout ce qui de près ou de loin à trait à la mort, mais paradoxalement, son théâtre est parsemé de cette hantise qu’il utilise à contresens, en mettant du burlesque dans le tragique et du tragique sans le burlesque, particulièrement pour cette pièce. Sujet on ne peut plus cruel. Est-ce pour tenter de conjurer le sort que Ionesco aborde le sujet par le biais d’une farce tragique , et ce, pas du tout sur le mode cathédrale adapté , solennelle comme il sied à une coutume devenue, constitutionnelle, humaine et sociale celle-là même qui réclame la pudeur et la décence exprimées sur le ton confessionnal en demi-teintes et demi-mots.

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Neuvième Biennale de danse : Seydou Boro, Kaori Ito

— Par Selim Lander —

Après l’effet de sidération produit par les douze danseurs bodybuildés de la pièce Ce que le jour doit à la nuit (vendredi 27 avril) virevoltant sur le plateau dans un désordre savamment organisé par Hervé Koubi, il fallait une pièce au moins aussi forte pour lui succéder[i]. Quels que soient les mérites de Seydou Boro et de ses danseurs, force est de constater qu’ils supportent difficilement la comparaison avec les diables blancs[ii] d’H. Koubi. On ne dira pas la même chose de Kaori Ito (voir la photo), étonnante danseuse mais dont la pièce pèche, hélas, d’un autre côté.

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Dans un décor évoquant un village de la savane africaine, avec un rideau de branchages en fond de scène, évoluent les quatre danseurs et la danseuse du Cri de la chair, accompagnés par un musicien (chant et harpe traditionnelle) et une chanteuse. Concernant cette dernière, si l’on salue les méandres de son chant a capella, nous sommes obligé de dénoncer l’absence de tout surtitre. Nous pressentons en effet que la danse est ici au service d’un texte primordial (au sens d’originaire) qui nous demeure malheureusement étranger.

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« Zig Zag », la leçon de théâtre de Xavier Lemaire

— Par Selim Lander —

On connaît bien en Martinique Xavier Lemaire et sa complice Isabelle Andréani et c’est un plaisir sans cesse renouvelé de les découvrir dans une nouvelle création. Celle-ci est à part, une pièce sur le théâtre et la mise en scène. X. Lemaire se met lui-même en scène avec un double rôle, celui de conférencier chargé d’expliquer son métier au public (avec des références empruntées à quelques monuments de la profession : Jouvet, Vitez, Mnouchkine) et celui de directeur d’acteurs, en l’occurrence les deux comédiens confrontés aux personnages de Martine et Sganarelle dans le Médecin malgré lui (quel autre auteur que notre grand Molière, en effet, aurait pu s’imposer pour ce genre d’exercice ?)

En guise de démonstration des possibilités de la mise en scène, Isabelle Andréani et Frank Jouglas (que nous découvrons pour la circonstance en impeccable partenaire de la première dans des rôles de comédie) sont chargés d’interpréter de trois manières différentes la première scène de la pièce. La première qui se veut fidèle à Molière, en costumes d’époque et décor « réaliste », n’intéresse pas en tant que telle mais par la distance qu’elle révèle entre nous et le public du XVIIe siècle.

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Soundiata l’enfant buffle

— Par Selim Lander —

Rien de tel qu’un spectacle « jeune public » pour se changer les idées par un dimanche pluvieux. Ces pièces conçues pour les enfants sont tout autant appréciées par les adultes chez qui elles ravivent le sens du merveilleux étouffé par les responsabilités et les vicissitudes diverses qui sont leur lot ordinaire.

Venu de Marseille, Soundiata l’enfant buffle conte l’histoire de Soundiata Keita, fondateur au XIIe siècle de l’empire du Mali. Un personnage historique dont la geste, pour autant, n’est pas moins merveilleuse. Né d’une femme contrefaite créée non pas engendrée à partir du sang d’un buffle sauvage, lui-même infirme jusqu’à la fin de l’adolescence, nourri de glorieuses légendes, guerrier accompli et enfin, devenu empereur, humaniste avant l’heure puisqu’il édicta une charte décrétant, entre autres dispositions généreuses, l’abolition dans son empire de l’esclavage.

Mohamed Adi (et non Ali !) et Laurence Chanot pratiquent un théâtre d’ombre particulier puisque leurs marionnettes (des silhouettes articulées) sont fabriquées dans une matière translucide, laquelle, teintée « au vernis à ongles » (dixit L. Chanot), donne des images colorées sur l’écran.  Ou plutôt les écrans puisqu’il y en a deux, de tailles différentes, qui permettent de jouer sur deux échelles.

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« Rivages » de Rachid Akbal – Un théâtre qui se cherche

— Par Selim Lander —

Il est impossible de prévoir l’avenir mais l’on peut quand même se demander ce que penseront les humains du XXIIe siècle (s’il en reste) de l’évolution de l’art lors des deux siècles précédents. Le branle a été donné par les plasticiens, Cézanne, suivi par Picasso, les suprématistes, etc. pour arriver jusqu’à Duchamp et sa fière revendication d’un non-art. Au culte du beau a succédé la recherche de l’originalité à tout prix et une nouvelle conception de l’art privilégiant l’événement, le happening, le scandale. Même si les littérateurs se sont longtemps montrés plus conservateurs, les préoccupations des deux grands modernes que sont Proust puis Céline (pour s’en tenir à la langue française) s’étant concentrées exclusivement sur la seule forme, sans abandonner l’objectif premier de raconter des histoires captivantes pour le lecteur. La littérature a néanmoins succombé, elle aussi, avec, d’une part le Nouveau Roman où la forme l’emporte clairement sur le fond, et, d’autre part, la mode de l’autofiction qui produit des œuvres souvent moins passionnantes pour leurs lecteurs que pour leurs auteurs.

Et le théâtre dans tout ça ?

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« Rivages », m.e.s. Rachid Akbal

Abscons ne veut pas dire profond !

— Par Roland Sabra —
L’argument est inspiré de l’air du temps. De ce temps  au cours duquel la Méditerranée est (re)devenue un cimetière marin. Un temps qui déplace Lampedusa aux antipodes. Inatteignable. Eux, les migrants, corps ballottés par les vagues, crèvent dans un cri. Lui, l’artiste, sur les bords de la tombe il invente des objets d’art à partir des débris des naufrages. Elle, la journaliste, elle venue enquêter, elle écrit dans un journal. Les mourants crient, il crée et elle écrit. Comme le dit le texte.

L’émotion est le rempart de l’impensé. Les images du corps d’’Aylan Kurdi, le gamin syrien mort noyé sur une plage en Turquie, émeuvent, bouleversent et puis viennent d’autres images. Dans sa note d’intention Rachid Akbal, le metteur en scène pose d’emblée la question : « Comment faire une œuvre scénique avec une telle matière  ? » C’est toute l’aporie à laquelle il va se heurter sans pouvoir la surmonter. Il semble avoir oublier Louis Jouvet qui affirme « le théâtre ne peut pas être une recherche d’ordre intellectuel, mais plutôt une révélation d’ordre émotionnel. 

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