Catégorie : Théâtre

Compartiments fumeuses & Choisir de vivre

20 & 21 puis 22 &23 mars 2019 à 19 h 30 au T.A.C.

— Par Christian Antourel —L’enfermement libère des émotions les plus cruelles, mais également très tendres. Au tréfonds de l’aberration carcérale, deux femmes que tout oppose, hors le cœur, les bons sentiments et l’espoir, détruites par leur passé, vont s’apprivoiser et retrouver leur humanité par ce besoin primordial d’aimer.

Joëlle Fossier le dit d’entrée de jeu :  Compartiment fumeuses est une pièce dédiée à toutes les femmes qui résistent , s’affranchissent , espèrent briser leurs chaînes et gagnent leur
liberté. La mise en scène colle au texte et crée l’ambiance « sans lacune ni intervalle. »  C’est un fait de société qui va droit au but , l’idée se dégage d’emblée. On regarde, on a compris. La violence faite aux femmes  dit son expression en des termes froids et durs qui peuvent blesser la conscience du genre humain. Deux femmes obligées de partager la même cellule, l’une en attente de son procès, l’autre purge sa peine. son père la violait elle la tué .Une pièce qui révèle un amour non charnel entre deux femmes de conditions différentes.

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« Choisir de vivre » de Mathilde Daudet

22 & 23 mars 2019 à 19h 30 au T.A.C.

Tiré du livre Choisir de vivre de Mathilde Daudet
Edition Carnets nord
Mise en scène Franck Berthier
Adaptation pour la scène Mathilde Daudet et Franck Berthier
Avec Nathalie Mann
Lumières Alexandre Dujardin
Décor Vincent Blot

La pièce
C’est l’histoire de deux êtres, un frère et une soeur, un homme et une femme, fratrie siamoise et inséparable.
C’est l’histoire de leurs vies. Ce qui les sépare et ce qui les unit.
C’est l’histoire des rôles qu’ils ont interprétés, forcés d’exister dans la norme tout en suivant les règles sacrées.

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Compartiment fumeuses

20 & 21 mars 2019 à 19 h 30 au T.A.C.

Compartiment fumeuses
de Joëlle Fossier
Mise en scène Anne Bouvier
Assistant metteur en scène Pierre Hélie
Compositeur Stéphane Corbin
Avec Bérengère Dautun, Sylvia Roux, Nathalie Mann,
Equipe artistique Anne Bouvier et Joëlle Fossier
Scénographie Georges Vauraz

La violence faite aux femmes est plus que jamais, hélas, une grande cause nationale. Combien de tragédies secrètes ? De bleus à l’âme ? De dommages intériorisés ? Combien de femmes battues, violées, maltraitées ? Combien meurent, de par le monde, sous les coups de leurs conjoints ?
Une prison : cellules minuscules où viennent s’échouer des femmes meurtries.
Hasard ? Destin ?
Suzanne, la rebelle, fait régner l’ordre « chez elle », jusqu’au jour où, contrainte et forcée, elle accueille Blandine de Neuville. Entre ces deux femmes que rien socialement n’aurait dû rapprocher, éclôt une histoire d’amour sous l’oeil jaloux de la troisième, la surveillante.
L’histoire de Blandine de Neuville est une histoire humaine, universelle. Un authentique témoignage d’espérance : « L’amour » dans lequel elle est plongée, a valeur de révélation. Au travers de cet amour, j’ai cherché l’émerveillement.

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Les Buv’Art et Simone Veil :  une proposition de choix pour un 8 mars !

— Par Janine Bailly —

Simone Veil, ministre de la Santé, icône en 1974 de la lutte pour la dépénalisation de l’avortement, ne se revendiquait pas du mouvement féministe, mais prouvait plutôt que l’on peut être féministe sans être militante. Si la loi promulguée alors permettait « l’avortement après une autorisation d’un expert et une autorisation obligatoire des parents pour les mineures », elle parut à certains, parce qu’assortie de ces restrictions, insuffisante. La loi IVG, telle que présentée, instaurait l’avortement comme « une solution ultime, d’urgence, loin de la libération du corps des femmes ». (Rokhaya Diallo, journaliste). Il n’en reste pas moins que Simone Veil, par son combat acharné au sein de cet antre de fauves qu’était — que reste encore ? — l’Assemblée Nationale, a fait progresser considérablement la condition des femmes, à une époque où il devenait urgent de faire cesser le drame des avortements clandestins. Si l’on n’est plus aujourd’hui condamnée en raison d’un engagement féministe, à l’exemple d’Olympe de Gouges, guillotinée en 1793 pour avoir rédigé le pastiche dénommé « Déclaration des droits des femmes et de la citoyenne », si Simone Veil est aujourd’hui entrée au Panthéon, il n’en demeure pas moins vrai que dans ce domaine, et comme on a pu le constater récemment, beaucoup reste encore à faire…

C’est pourquoi, alors que “le premier prix Simone-Veil pour l’égalité hommes-femmes” vient d’être remis à la Camerounaise Aissa Doumara Ngatansou, militante dans son pays contre les violences faites aux femmes, viols ou mariages forcés, il était judicieux de voir la troupe des Buv’Art reprendre ce 8 mars, sur la scène du Théâtre Aimé Césaire, la pièce d’actualité « Et pendant ce temps Simone Veille ».

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« Et pendant ce temps Simone veille » par les Buv’Art

— Par Selim Lander —

Salle comble au théâtre municipal, à l’occasion de la Journée de la femme, pour la reprise de cette pièce qui avait déjà connu un grand succès l’année dernière en Martinique. Toujours emmenées par Marie Alba, les comédiennes nous rappellent dans la bonne humeur les principales étapes des luttes des femmes et des avancées du féminisme depuis l’obtention du droit de vote en 1946. Elles sont trois représentatives respectivement du milieu populaire, de la classe moyenne et de la classe supérieure. Trois comédiennes qui incarneront chacune successivement trois générations de femmes prises en 1970, 1990 et 2010. Trois plus une, laquelle, depuis son pupitre, apportera les précisions historiques indispensables (chiffes, dates, lois). Sait-on par exemple que les femmes n’ont été légalement autorisées à porter le pantalon qu’en 2013 ? Encore s’agit-il d’un sujet bénin pour lequel les mœurs avaient depuis longtemps précédé le droit. Mais ce n’est pas toujours le cas, loin de là : jusqu’à l’adoption de la loi Veil légalisant l’avortement, combien de femmes se sont trouvées assumer une maternité non désirée à moins de se remettre entre les mains d’une « faiseuse d’ange » clandestine avec l’angoisse de n’en pas sortir vivantes ?

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« Et pendant ce temps, Simone veille ! » le 8 mars au TAC

Auteures : TrinidadCorinne BerronBonbonHélène SerresVanina Sicurani

 Un spectacle désopilant sur l’histoire des droits de la femme

Un spectacle qui raconte avec humour l’évolution de la condition féminine en France, des années 50 à nos jours, au travers de trois lignées de femmes sous le regard historico-comique de Simone qui veille. 

 De scènes de la vie quotidienne en parodies de chansons, une autre façon de parler des femmes. 

Mi revue, mi comédie, le spectacle est amusant, son grand mérite étant de ne se prendre jamais au sérieux.

Le tour de force de ce spectacle est de faire à la fois rire et réfléchir sur un sujet – la condition de la femme.

Pas de militantisme agressif mais un spectacle hilarant qui rappelle que l’émancipation a été un combat. Comme l’histoire de la femme est aussi une affaire d’hommes, ces derniers y trouveront aussi bien du plaisir !

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Quatre histoires, quatre comédiens, quatre monologues

Une autre histoire ou le malentendu de Julius-Amédée Laou

— Par Selim Lander —

Avouons notre désarroi face à cette pièce de Julius-Amédée Laou, auteur chevronné à en croire le programme de Tropiques-Atrium. Un thème qui ne peut que susciter l’empathie, une construction originale, des comédiens aguerris : toutes les conditions du succès sont a priori réunies. Il faut croire qu’une mauvaise fée jalouse a soufflé sur ce spectacle car il nous a paru surtout ennuyeux. Le texte, certes, aborde un sujet essentiel, celui de la conquête des Amériques, de la traite et de l’esclavage, mais nous avons quand même le droit de remarquer à cet égard que, à force de lui faire boire la même eau, le public martiniquais finit par n’avoir plus soif. S’il n’est pas faux de le considérer a priori réceptif lorsqu’on lui présente une histoire qui fut celle de ses ancêtres pas si lointains, il vient quand même un moment où il a envie d’autre chose. Ou alors le texte et la mise en scène doivent être suffisamment puissants pour faire passer ce qu’il a déjà si souvent entendu.

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L’Impossible procès : le devoir d’Histoire en Guadeloupe

— Par Alvina Ruprecht —

Texte de Guy Lafages, adaptation et mise en scène de Luc Saint-Eloy
En 1967, un événement presque anodin a eu lieu à Basse Terre, la capitale administrative du Département (D.O.M). Le romancier Max Jeanne s’est inspiré de cette rencontre fortuite entre le propriétaire d’un magasin de chaussures et un cordonnier,  pour fabriquer un roman poético-réaliste (La chasse au Racoon) ponctué d’humour rabelaisien, une symbolisation de ce réel qui avait inspiré des réactions violentes dans la région de Basse-terre et transformé cette confrontation en légende. Le propriétaire du magasin avait renvoyé son chien contre le cordonnier assis  devant son établissement et ce geste était l’étincelle qui avait  allumé  la rage qui s’est étendu à l’ensemble du département.
L’événement n’était pas si important en soi mais par le caractère xénophobe du geste, (selon les témoins ‘le nom du propriétaire n’était ni français ni humain ’), et surtout l’association entre le chien et l’esclavage, a marqué  une blessure de mémoire trop présente pour ne pas évoquer des souvenirs peinibles. La confrontation a provoqué l’émotion dans tous les secteurs de l’île et déclenché une colère anti-coloniale qui couvait depuis longtemp !

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« Une Autre Histoire ou le Malentendu », texte & m.e.s. de Julius-Amédée Laou

Vendredi 22 Février 2019 à 20h Tropiques-Atrium

De Julius-Amédée Laou
Cie Le Petit Théâtre de La Cour des Poètes
Un jeune Espagnol orphelin et catholique, Juan José Martinez, élevé par les moines est révélé à sa judaïté, à son vrai nom : Abraham Ben Israël, et à sa famille par le Juif et amiral Christophe Colomb sur la Santa Maria, partie découvrir les Amériques en juillet 1492. Les trois caravelles ont été affrétées par un armateur juif, la majorité des accompagnateurs de Colomb sont des Juifs marranes qui fuient l’inquisition (faits historiques…).

De l’autre côté de l’océan, la même année, Sawa, une jeune Indienne Caraïbe, voit arriver au large les pirogues « des géants »… Ce peuple Caraïbe a depuis été exterminé… (Ce témoignage de Sawa, son ressenti, est donc une empathie, une fiction…).

En 1828, une jeune esclave de maison en Martinique, Adélaïde Beaulieu, se souvient du drame vécu ce jour où le « maître » constata que sa femme blanche et légitime Mathilde avait accouché d’un enfant métis conçu avec un noir esclave…

En 1818, un noble de l’Empire du Mali, Maître Forgeron, un Initié, un Juste, un Africain, est capturé par les blancs négriers.

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« Mea Culpa », de la vraie vie à la scène

— par Janine Bailly —

Comme tout un chacun, je crois savoir les différends cruels qui opposèrent Hervé Deluge aux instances de Tropiques-Atrium, du moins ce qu’on a bien voulu nous en dire. Et si je pensais oublier cet épisode, la porte de l’établissement, pour n’être pas réparée, viendrait souvent me le rappeler… Aussi attendais-je avec une certaine impatience la représentation du seul en scène « Mea Culpa », conçu par Hervé Deluge, avec l’aide de Jean-Durosier Desrivières, et joué par lui-même deux soirs de suite seulement au théâtre Aimé Césaire. Mais, dans un désir d’objectivité, je pris d’abord la peine d’écouter quelque interview donnée dans le cadre de la promotion du spectacle. J’ai donc appris qu’initialement « Mea Culpa » répondait à une commande de Michèle Césaire, qui offrait ainsi au comédien la possibilité de revenir sur cet assez tragique moment de son existence.

Comment faire de sa vie un spectacle ? Comment dire la souffrance, la descente aux enfers et la renaissance ? Comment se défaire des “passions tristes” — évoquées dans  le beau titre de Christian Antourel et Ysa de Saint-Auret —, celles dont Spinoza disait qu’elles viennent « au moment où nous sommes au maximum séparés de notre puissance d’agir, aliénés, livrés à la superstition… » ?

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Kanata : Le Théâtre du Soleil, les Premières Nations et la blanchité

Depuis le 15 décembre dernier, le spectacle Kanata. Épisode 1 la controverse est joué à la Cartoucherie à Paris. Pour la première fois, Ariane Mnouchkine a laissé les rênes de sa troupe le Théâtre du Soleil à un autre dramaturge : le Québécois Robert Lepage. Cette pièce dont le titre est le nom en langue Wendat du Canada (et non le nom « ancien » comme le présente le dossier de presse) a pour ambition de retracer l’histoire du Canada à travers celle des Premières Nations. Parce qu’il questionne l’appropriation culturelle et la démarche collaborative, et parce qu’il a été maintenu en France après avoir été annulé au Canada, ce spectacle est symptomatique d’un débat brûlant ici aussi : comment et où arrivera-t-on à créer en assumant les dynamiques d’oppressions, pour mieux les abattre ?
Retour sur une polémique

Si le premier volet (il y en aura trois) du spectacle Kanata s’intitule « controverse » c’est en réaction à la polémique dans laquelle s’est retrouvé le spectacle, l’été dernier, alors qu’Ariane Mnouchkine et Robert Lepage annonçaient sa représentation. Robert Lepage était alors sous le feu des critiques à cause de son spectacle SLÀV.

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« Mea culpa » ou plaidoyer pro domo ?

— Par Selim Lander —

Hervé Deluge prend la scène du théâtre municipal

Devant une salle remplie mais par un public qui n’est pas celui que l’on croise habituellement au Théâtre municipal, Hervé Deluge s’explique sur un événement qui a défrayé la chronique, il y a deux ans, lorsque, pris d’un coup de sang, il a fracassé avec son pick-up une porte vitrée et abîmé quelques marches du bâtiment de Tropiques Atrium-Scène nationale de Martinique, avant de tenir des propos plus ou moins menaçants à l’encontre de certains responsables présents dans les lieux. L’incident valait qu’on revienne dessus, même si les suites judiciaires furent bénignes (n’est-il pas rappelé au cours du spectacle qu’« un artiste a le droit de péter les plombs » ?)

Redoutable, le défi que s’est lancé Deluge à lui-même en montant sur un théâtre pour nous faire revivre cet événement dont il fut l’acteur et qui a marqué les Martiniquais au-delà du milieu des artistes, tout en s’interrogeant sur ses motivations. Autant dire qu’il était attendu.au tournant. Mais Deluge est une bête de scène, ce sujet est son sujet et il tire plutôt adroitement son épingle du jeu.

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Intense « Retour à Reims », sur les chemins de l’injure et de la honte

— Par Roland Sabra —

Sur scène dans dans un décor qui reproduit fidèlement un un studio d’enregistrement, Catherine ( Irène Jacob), comédienne est d’abords seule occupée à réviser le texte du commentaire OFF qu’elle doit faire pour un documentaire réalisé par Paul (Cédric Eeckhout), cinéaste, à propos du parcours du philosophe Didier Éribon. Peu après l’arrivée du réalisateur en compagnie de Tony (Blade MC AliMbaye) , le propriétaire du studio le travail d’enregistrement commence.

D’une voix superbe, Irène Jacob, lit le début du texte de ­Retour à Reims, tandis qu’est projeté sur grand écran au dessus de la scène un film tourné par Sébastien Dupouey et Thomas ­Ostermeier, qui a convaincu Didier Eribon de faire devant la ­caméra ce qu’il ­raconte dans son livre : retourner à Reims. Défilés de paysage à travers la vitre du train, gros plans sur le visage de Didier Eribon précèdent les retrouvailles avec la mère atour d’une tasse de thé dans le petit pavillon de banlieue où elle demeure. Sur la table des petits gâteaux et une boite de photos sous laquelle le journal régional est déployé.

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« Mea culpa » : l’exorcisme des passions tristes

 Les 15 et 16 février 2019 à 19h 30 au T.A.C.

— Par Christian Antourel & Ysa de Saint-Auret —

Le  héros tragique est bon mais souvent il agit mal en raison des circonstances. Que la faute soit involontaire «  œdipe épouse sa mère à son insu » ou librement consentie au nom de certaines valeurs « Antigone brave l’interdit pour donner une sépulture à son frère » le désordre est inéluctable, et gare à qui tente d’échapper à sa condition humaine pour se soustraire à la vulnérabilité.

Hervé Deluge présente « Méa Culpa » une pièce partiellement tirée de sa vie d’homme de théâtre et qui expose la, détresse et le trouble qui se sont emparés de lui face aux problèmes et embuches qu’il rencontre pour exprimer son art sur notre ile. Il ne craint pas que le rétrospectif soit à jamais considéré que comme une catégorie de « sa mauvaise foi » quand il produit pour sa défense des présomptions de sens de formes et que c’est l’histoire qui les remplit. Mais que cherche, que rêve donc le metteur en scène quel appendice nouveau apporte-t-il à l’évangile du théâtre il proclame il faut le dire avec un tact merveilleux une parole de vérité qui est sienne.

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Un regard persan sur le genre et l’exil

« Il pourra toujours dire que c’est pour l’amour du prophète »

de Gurshad Shaheman

— Par Roland Sabra —

Il a tatoué sur l’avant-bras le nom de son amant , Mohamad : Il pourra toujours dire que c’est pour l’amour du prophète ! Gurshad Shaheman a composé son oratorio profane à partir d’une vingtaine de témoignages recueillis au dictaphone de Beyrouth à Athènes. Nour est comédien. Nowara était enfant star à la télé irakienne, du temps où elle était encore un garçon. Yasmine avait dix-sept ans quand après avoir gagné un concours de mannequins organisé par l’Agence Elite à Agadir son engagement par l’agence fût refusé parce qu’elle était transsexuelle. Il y a aussi Elliott, Lawrence, Hamida et bien d’autres. Ils viennent du Proche-Orient ou du Maghreb et s’ils ont tous quitté leur pays ce n’est pas tant à cause d’une guerre ou d’un conflit armé —cause aggravante — que pour enfin pouvoir exprimer leurs émotions, leurs sentiments, leurs idées et jouir enfin de leurs identités intimes, sexuelles et intellectuelles.

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« Mea culpa » de et par Hervé Deluge

15 et 16 février 2019 à 19h 30 au T.A.C.

Le metteur en scène et comédien Hervé Deluge, nous propose avec Mea Culpa, un spectacle en partie autobiographique qui met en lumière les désarrois d’un artiste et ses difficultés à survivre dans notre société martiniquaise en ce qui concerne l’expression culturelle.
Si le dérapage de l’Atrium et la solidarité de nombreux artistes sont révélateurs du mal-être artistique, et social du pays, deux ans après jour pour jour il est bon de faire jouer la catharsis, d’évacuer et de purger les passions et il est aussi nécessaire de parler au public.
Avec Mea Culpa, l’auteur Hervé Deluge nous présente le premier volet du spectacle de sa vie qui raconte ses expériences professionnelles, ses rêves et ses illusions et ses rencontres et ses erreurs, à la manière d’un Philippe Caubère, ses expériences professionnelles et son histoire de vie en passant du comique burlesque au pathétique. Avec une parole forte et poétique portée par les nombreuses références et citations des poètes qui ont influencé, l’artiste Deluge jusqu’à cette année qui lui donne aujourd’hui un demi-siècle.

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L’impossible procès

—Par Scarlett Jesus —
Février est, pour certains une période où, par l’intermédiaire du Carnaval, l’on se doit de tout oublier.
Mais d’autres, au contraire, ont choisi de faire de février est un mois de recueillement, consacré à la mémoire des événements tragiques de 1967 et au procès des 18 Guadeloupéens qui s’ensuivit, en février-mars 1968, pour « atteinte à l’intégrité du territoire français ».
Car de février 1968 à février 2009, date à laquelle la population de la Guadeloupe se trouvera à nouveau engagée dans un mouvement social de 44 jours, ce mois marque la résistance d’un peuple qui n’a de cesse de se battre pour sa liberté.
« L’Impossible procès », est une pièce de théâtre écrite par Guy Lafages. Le texte emprunte de larges extraits aux audiences du procès rapportées par l’ouvrage de référence « Le procès des Guadeloupéens ». Initialement écrite en vue de réaliser un film documenté, la compagnie du Théâtre de l’air nouveau a demandé à Luc Saint-Eloy de mettre en scène cette pièce. De fait, les spectateurs se voient plongés dans un huis clos reproduisant la Cour de sureté de l’État, au sein de laquelle une quinzaine d’acteurs vont interpréter près de 60 personnages différents.

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« Le Déparleur » de et avec Michel Herland

— Par Roland Sabra —

Un petit banc de bois blanc sur le sol parsemé de journaux parmi lesquels on reconnaît, le Monde, le Diplo, France-Antilles, les pages saumon du Figaro. Le décor est planté en décalage avec l’univers supposé d’un clochard, tout comme son apparence. La soixantaine bien tassée, barbe naissante, sous un smoking défraîchi, foulard noué autour du cou, il porte une chemise bien blanche. Son mode d’énonciation est marqué de l’hésitation de celle ou celui dont la parole est restée trop longtemps sans adresse. Ses mots font référence aux poètes, aux plus grands, et empruntent à l’argot d’un temps qui n’est plus mais qui fût le sien. Proche et lointain, il est d’un monde où l’humain déclinant est en fuite. Il s’adresse à un autre, un petit autre dans le vide d’un retour qui ne peut être, mirage d’une image perdue au désert des trottoirs peuplés de ses semblables. Il dit la violence et la mort, le sexe et l’inceste, l’alcool et la came, l’espérance envolée dans les sordides trafics autour des corps du désir protéiforme dans son apparence mais unique en son essence : survivre.

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Michel Herland dans « Le Déparleur »

Le 2 février à 19 h au CDST, Saint-Pierre

— par Janine Bailly —

Ou comment dire le tragique au quotidien

Il vient en silence s’allonger, ou mieux dit se recroqueviller sur un banc de bois brut, dos au public, et le spectacle commence. Par un chant enregistré, qui parle de nantis et de pauvres, de riches et de démunis, un peu à la façon, dans l’air et les paroles, de ce qui fut « Le Chant des Canuts ». Au refrain qui clamait « C’est nous les Canuts, nous sommes tout nus », fait écho le « C’est nous les clochards, c’est vous les jobards ».

Le ton est donné, il planera sur la salle le fantôme d’Aristide Bruant. Mais  plus encore celui de Jehan Rictus, dans « Les Soliloques du Pauvre ». Car du banc se lève, pour tenir la scène, le seul Déparleur, qui pendant plus d’une heure dira sa vie vécue sous le signe des déboires et du boire, de la déveine familiale et des amours malheureuses ; dira aussi le monde comme il ne va pas, comme il s’embourbe et déraille ; dira la vie et la mort, celle-ci ouvrant et fermant le discours : la première apostrophe — en direction des passants de la rue, en direction des spectateurs de la salle — n’affirme-t-elle pas « Y a des jours où je voudrais être déjà dans le trou » ?

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« Bon anniversaire Marta » : et de quatre.

— Par Selim Lander —

Comment caractériser les quatre pièces présentant directement la condition féminine – dont trois écrites par des hommes, et ces trois-là les plus pessimistes des trois ? la femme en pays dominé peut-être. Toujours est-il que cette programmation en dit long sur l’état de notre société. Car les spectateurs, et les spectatrices en premier, loin de se plaindre de l’omniprésence du thème, se sont montrés passionnément intéressés lors du « bord de scène » de la dernière soirée consacrée à Bon anniversaire Marta de José Jernidier. Comme si la peinture la plus cruelle de l’aliénation féminine répondait à une aspiration profonde des gens de ce pays. Catharsis, exorcisme ? On ne sait, en tout cas la conviction fut exprimée à plusieurs reprises que ce genre de pièce était absolument nécessaire pour faire évoluer la situation des femmes antillaises (A Parté, Bon anniversaire Marta), caribéennes (Moi, fardeau inhérent), africaines (Dernier rivage), les libérer de l’emprise ravageuse des mâles.

Femme à la fois victime et coupable. Victime du mari brutal et volage ; coupable comme mère car en élevant son fils dans sa dévotion et le mépris des autres femmes, elle le pousse inconsciemment à devenir lui-même brutal et volage.

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« Joyeux anniversaire Marta » : un tournant dans le théâtre antillais

— Par Roland Sabra —

« Qui se nourrit d’attente, risque de mourir de fin »

Pli ou chiré, pli chyen ka chiré’w »

Proverbes populaires

Fritz Gracchus, Jacques André, William Rolle, Livia Lésel, … nombreux sont les intellectuels à s’être penchés sur la famille afro-descendante, antillaise ou autre. Les études sont nombreuses et se poursuivent. Victor Lina écrit dans «De la famille antillaise » : « L’analyse de la famille martiniquaise est encore en cours d’écriture. » On s’en tiendra ici au concept parfois controversé mais toujours opérationnel de matrifocalité comme le rappelle Stéphanie Mulot dans le très intéressant article « La matrifocalité caribéenne n’est pas un mirage créole » paru dans « L’homme ». Ce préambule pour souligner que si, universitaires, psychologues-cliniciens, psychanalystes, anthropologues, psychiatres, ethnologues se sont intéressés depuis plus d’un siècle à ce thème, le monde artistique en revanche est resté plus disert. Jeanne Wiltord le rappelait lors d’un Festival de Fort-de-France, le monde artistique  par ses oeuvres a cette fonction de permettre une symbolisation de l’indicible de sortir du déni. Mettre des mots sur la douleur, la re-présenter, en faire œuvre et pouvoir prendre quelque distance.

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« L’Enclos de l’éléphant » et « Moi, fardeau inhérent » : choc et re-choc !

— Par Selim Lander —

L’enclos de l’éléphant d’Etienne Lepage

Nouvelle heureuse surprise grâce à ETC-Caraïbe et au festival des Petites Formes, il ne s’agit plus comme avec Françoise Dô (voir notre billet précédent) de l’éclosion d’un talent que nous avions vu bourgeonnant mais de la découverte d’un auteur québécois confirmé à travers sa pièce L’enclos de l’éléphant mise en lecture sous la direction de Lucette Salibur au milieu des spectateurs installés en cercle sur le plateau de la grande salle de l’Atrium. Se trouver ainsi au plus près des deux comédiens-lecteurs rendait encore plus intense cette plongée dans un univers d’une violence extrême quoique purement morale. Impossible de ne pas penser à Big Shoot de Koffi Kwahulé quand on entend cette pièce. C’est le même délire d’un pervers aux propos décousus et aux intentions obscures. On pense également à Congre et Homard de Gaëlle Octavia. Rapprochement d’autant plus inévitable dans ce cas que le même comédien, Dominik Bernard, qui est chargé du rôle de Paul, l’inquiétant personnage de Lepage, interprétait le mari qui joue au chat et à la souris avec l’amant de sa femme dans Congre et Homard.

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« L’enclos de l’éléphant » : au piège des mots

— Par Roland Sabra —

Le texte d’ Étienne Lepage a été mis en scène plus d’une fois. C’est dire qu’il rencontre un réel intérêt parmi les gens de théâtre. Étrangeté d’un monde si proche et si lointain.

Après la lecture mise en espace par Lucette Salibur dans le cadre du Festival des Petites Formes, une partie du public dans laquelle, figuraient deux écrivains, a encensé, a couvert d’éloge le texte. Ont même été évoqués Dostoïevski, principalement, et Kafka en mode mineur. Qu’un objet renvoie à autre chose que lui-même est certes un hommage, quand on le compare à plus grand que lui, mais peut être entendu comme la mise en évidence de son manque à être par ce qu’il est intrinsèquement. De quoi est-il question dans ce texte ? Un homme Paul vient sonner à la porte d’une maison bourgeoise pour demander à être héberger le temps d’une averse. Il n’a pas de parapluie dit-il. Alexis, le médecin se laisse convaincre et le fait entrer. Paul affecté d’une diarrhée verbale, d’une incontinence langagière va saisir dans le filet tentaculaire de ses mots le pauvre Alexis et le contraindre à s’humilier.

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« Moi, fardeau inhérent » de Guy-Régis Jr, m.e.s. et jeu de Daniely Francisque

— Par Roland Sabra —

Noir. Une voix dans le noir. Une voix enregistrée. Une voix magnétique. La diction est claire, nette, sans emphase, dépourvue d’affect, presque détachée. Elle fait offrande de mots au seul sens mobilisé, l’écoute. Les autres sont en veilleuse. Du texte émerge la force d’une beauté qui envahit l’espace, pénètre les esprits et les corps. En apnée la salle retient son souffle. Moment superbe, moment magique. Et puis…

Et puis la comédienne émerge de l’ombre et va poursuivre en explorant différents registres, avec une palette expressive assez large, dans un engagement plein et entier. Cris déchirés, rires étouffés, pleurs et larmes rentrés, rage expulsée, diront l’indicible de la douleur du viol. Mais jamais elle ne pourra égaler l’intensité émotionnelle produite par seule écoute de sa voix sur la bande-son. On entendra de nouveau la voix seule, à la fin, mais on le sait d’un autre domaine : la compulsion de répétition est un obstacle au principe de plaisir.

Reviennent alors à l’esprit les autres mises en scène de Moi, Inhérent qu’il s’agisse de celle de l’auteur Guy-Régis Jr avec Nanténé Traorélors de la saison 2009-2010, au Tarmac et présentée dans la foulée au Festival Cap Excellence de Guadeloupe, ou de celle de  Toussaint Carilien avec Karina Benziada en 2012, toutes achoppent sur la difficulté de la re-présentation d’un texte qui, dans sa puissance, sa construction et sa beauté poétique se suffit à lui-même.

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« Moi, fardeau inhérent », une ballade sauvage et poétique

— par Janine Bailly —

Peut-être me faudrait-il seulement, au sortir de la représentation de « Moi, fardeau inhérent », donnée dans son premier “seule en scène” par Daniely Francisque, écouter Anatole France et me contenter d’être celle « qui raconte les aventures de son âme au milieu des chefs-d’œuvre ». Tant il est difficile d’analyser ce qui plus qu’à notre raison a su d’abord parler à nos sens et à notre cœur, faisant éclore une émotion poignante, un bouleversement parfois proche des larmes. La comédienne, actrice et responsable de la mise en scène, nous donne non seulement à entendre, mais encore à ressentir le texte du dramaturge haïtien Guy-Régis Junior : en nous il s’insinue, par les oreilles, par les yeux, par la peau qui frissonne, langage de mots, langage de corps, langage de mains qui nous saisit et au long d’une heure ne nous lâche plus, nous traverse et ne nous laissera pas indemnes.

Dans l’obscurité de la salle, la voix de la comédienne dit le texte, qui annonce l’histoire, le statut de la femme, seule dans la nuit sans lumière mais qui se défend d’être abandonnée.

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