Le texte n’a pas pris une ride, la performance non plus, seul le comédien a sans doute vu son visage se creuser un peu, mais il est toujours bel homme. Il reprend dans son lieu fétiche, la Chapelle du Théâtre des Halles, un spectacle créé en 1999 « Premier amour ». C’est un des tout premiers textes de Samuel Beckett écrit directement en français et qui n’était pas destiné au théâtre. Une nouvelle largement autobiographique qui relate la premier rencontre amoureuse d’un homme « déclassé », comme dans toute l’œuvre à suivre de Beckett, avec une péripatéticienne, une travailleuse du sexe, comme on dit aujourd’hui, mais il ne le sait pas encore. On est loin des les clichés du premier amour ou du coup de foudre amoureux. Il a rencontré Lulu, c’est comme ça qu’elle s’appelle, sur un banc public où il avait élu domicile après la mort de son père. Chassé de la maison paternelle il errait et passait beaucoup de temps dans les cimetières, préférant la présence des morts à celle des vivants. « Le tort qu’on a, c’est d’adresser la parole aux gens.