Catégorie : Théâtre

« Circulations capitales », un projet de Marine Bachelot-Nguyen

Tois comédien(ne)s, l’autrice et ses deux complices, tous trois métis, à cheval sur deux cultures, vietnamienne ou russe et française, partent à la recherche de leur mémoire familale. C’est un road movie entre Vietnam , Russie et France qui les occupent mais c’est aussi un voyage au coeur des cultures. Chacun raconte son parcours, l’histoire de sa famille, la difficulté d’intégrer les deux cultures auxquelles ils appartiennent pourtant de plein droit. Leur histoire personnelle va rencontrer la grande Histoire, ils traversent à leur corps défendant les systèmes politiques totalitaires et baignent dans leurs idéologies. Toute l’histoire du vingtième siècle défile à travers leur expérience, celle du colonialisme et du catholicisme, celle du communisme et celle du capitalisme triomphant. Les voilà écartelés entre ces systèmes de pensée, au coeur de familles déchirées par le conflit idéologique, marquées par des défaites, des trahisons et des remords. Comment la seconde génération échapperait-elle à ces imbroglios historiques, comment survivre dans ce maelström qui prive de sens tout avenir?

Par quels moyens rendre compte de ce voyage dans le temps et l’espace sur un plateau? D’abord par l’écriture scénique: c’est chose faite, puisque le récit se déroule à trois voix sur scène et en deux langues: polyphonie et plurilingusime sont donc conjointement convoqués.

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« J’ai trop d’amis », texte et mise en scène David Lescot

Trois comédiennes, incarnant respectivement les rôles d’un enfant entrant en sixième, ses copains ou copines, et même la petite sœur de trois ans. D’abord et avant tout, les comédiennes, qui réalisent une performance formidable, aptes à tous les rôles (rien de plus difficile que de faire jouer un adulte dans le rôle d’un enfant, comment rendre cela crédible?), grâce à leurs effets de voix, leurs mimiques, leur costumes, leurs déplacements, voire les objets qui les accompagnent, au nombre desquels le téléphone joue un rôle essentiel. Le second ingrédient de la réussite, c’est le dispositif scénique, une boîte-plateau, d’où surgiront, selon les besoins, une salle de classe, une chambre d’enfants etc. par un jeu de trappes. Troisième ingrédient, et non des moindres, le texte. Il faut réinventer le langage pour rendre crédible les échanges entre gamins. Et c’est très réussi, et très drôle. On devine donc une double thématique: comment se plier au conventions, ou au contraire comment échapper au conformisme social? Chose si importante et si difficile pour les élèves de collège? Et quel rôle accorder au langage? C’est une question pour les préadolescents, mais c’en est une également pour le dramaturge.

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« Incandescences », texte et m.e.s. d’Ahmed Madani

— Par Roland Sabra —

Dernier chapitre de la trilogie «  Face à leur destin », « Incandescences «  d’ Ahmed Madani souligne la cohérence et la force de l’ensemble du projet. Illumination(s) en 2012 évoquait trois générations d’hommes immigrés venus d’Algérie sur fond de séquelles de Guerre d’Algérie, F(l)ammes en 2016 portait sur les relations mère/fille dans les quartiers dits «  sensibles ». Dans « Incandescence » ce sont une petite dizaine, neuf exactement, jeunes femmes et jeunes hommes, nés de ces parents ayant vécu l’exil et résidant dans des quartiers populaires qui vont faire découvrir au public un monde trop souvent ignoré. Pendant un an et demi l’auteur-en-scène comme il se nomme, va organiser des rencontres sous forme de stages, d’entretiens en tête-à-tête, d’atelier videographiques, avec des jeunes autour d’un thème principal, l’amour pomymorphe, celui qui a présidé à la rencontre de leurs parents et celui qu’ils espèrent, attendent ou vivent au quotidien. Ils évoqueront le premier baiser, donné ou reçu, l’attente, l’émoi, les espérances déçues, les désillusions. Ils le diront avec cette force de la jeunesse, cette exhalation du corps en désir, cette pulsion de vie qui les animent.

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Hamlet à l’impératif ! Le feuilleton

C’est désormais une tradition bien établie: la cour de la bibliothèque Ceccano reçoit tous les ans un feuilleton théâtral, tous les jours à 12H en accès libre. En 2015 le public fut invité à entendre le texte de La République de Platon mis en scène par A.Badiou. Outre les débats sur les questions politiques du jour (notamment le débat sur le genre proposé par Mesdames, Messieurs et le reste du monde en 2018), la réflexion philosophique trouve ici une place légitime, en ce qu’elle a trait au théâtre comme exercice et lieu de la démocratie. Cette année c’est la pièce de shakespeare qui est à l’honneur, Hamlet, la plus célèbre d’entre les célèbres, celle qui a fait couler le plus d’encre. C’est ainsi que dans la mise en scène d’Olivier Py, le texte de la pièce est confronté aux commentaires, ceux de Heidegger, Wittgenstein, Jankélévitch, Freud, Lacan, Deleuze, Derrida etc. La glose rencontre les extraits les plus fameux du texte, ou plutôt des textes de la pièce, qui se présente comme un palimpseste. Dans le premier épisode, c’est la fameuse question  » to be or not to be » qui est débattue : quel est le sens de cette formule?

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« No way Veronica ou nos gars ont la pêche », d’Armando Llamas, m.e.s. Jean Boillot

Jean Boillot us propose une troisième version de son spectacle qui a déjà connu une première version radiophonique, puis une seconde version enrichie de claviers sur la proposition du compositeur David Jisse. Cette troisième version, encore enrichie d’un guitariste compositeur et interprète pop-rock, Hervé Rigaud, débouche sur un remix plus festif, d’obédiance rock, avec une esthétique de Comics.
L’ensemble se présente comme la mise en son d’une parodie de The Thing, le film de John Carpenter. Neuf hommes (il n’y en aura que quatre au plateau) travaillent sur une base météorologique au milieu de l’Ocean Antarctique. Dans ce milieu clos, les hommes développent une « chaude amitié virile », voire une homosexualité latente et se meuvent avec délice dans un bain de testostérone. Mais ils vont devoir affronter un danger mortel: l’arrivée d’une femme sur la base, la vénéneuse Véronica. Ils feront tout leur possible pour la rejeter à la mer.
Le propos aurait pu être tragique, s’il n’était profondément comique. Les personnages masculins incarnent avec candeur tous les poncifs de la virilié, dans leurs gestes, leurs déplacements, leurs paroles, leurs choix de spectacle etc.

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« Les Présidentes », texte Werner Scwab, m.e.s. Laurent Fréchuret

C’est une comédie catastrophe, griçante, hilarante, cynique et provocatrice, à l’instar des autres textes de l’auteur Werner Scwab. Cet auteur est une figure singulière de la littérature autrichienne. Né en 1958, il fait des études à l’Académie des Beaux-Arts de Vienne. Il partage son temps entre écriture et sculpture. Ses productions artistiques sont marquées par les matériaux en putréfaction. Ordures et rebuts de toutes sortes sont également les aliments de son travail d’écriture. Les Présidentes fait partie de ce qu’il nomme ses « drames fécaux ».

« Les Présidentes…ce sont des gens qui croient tout savoir, et veulent décider de tout. Je viens moi-même d’une famille de présidentes. » dit-il. Les Présidentes, ce sont trois femmes, Erna, Grete et la « petite Marie » engluées dans leurs fantasmes, la première est une maniaque de l’épargne éprise d’un charcutier, la seconde est une nymphomane en qûte de mâle puissant, la troisième une bigote illuminée qui règne sur ce bourbier en débouchant à mains nues les toilettes que les autres s’ingénient à boucher. Métaphore de cette société autrichienne dont on a déjà connu des satires au vitriol chez Th.

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« Fragments », textes Hannah Arendt, adaptation Bérengère Warluzel, m.e.s. Charles Berling

Festival d’Avignon, Présence Pasteur du 7 au 28 juillet 2021

Qu’est-ce que penser? Rien n’est plus naturel, et pourtant rien n’est plus rare. Penser n’est pas automatique. Contrairement à une idée répandue, penser n’est pas agir. Il y faut un recul, un retrait. Pour penser, il faut le désirer. Et c’est ce désir de penser, comme une aventure collective, joyeuse et féconde que doit suciter le théâtre. Dès lors, suffit-il de placer bout à bout des extraits de textes d’Annah Arendt sur la question pour y parvenir? Certes non: il y faut une véritable adaptation, reposant sur une sélection pertinente et un habile montage, non moins qu’une véritable mise en scène. Pour ce faire, Bérengère Warluzel et Charles Berling ont oeuvré conjointement au travail scénique. Le plateau propose un dispositif suggestif du travail de pensée collective: une table, des chaises vides, d’autres occupées par des marionnettes de taille humaine, des pilles de livres, un piano, un tableau sur lequel viendront figurer des dessins emplis d’images projetées en vidéo. La dimension sonore joue également un rôle essentiel: la comédienne (Bérengère Warluzel) chemine dans le texte d’Hananh Arrendt portée par sa propre voix en play back.

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« Samson », texte et m.e.s. de Brett Bailey

En 2013 il présentait au public d’ Avignon Exhibit B avant d’investir le Théâtre Gérard-Philippe de Saint-Denis en novembre 2014. Depuis quatre ans déjà cette installation, instruisait, dans la quinzaine de pays européens où elle avait été invitée le procès de la colonisation de l’Afrique, à travers douze tableaux scéniques construits à partir de faits réels, des « pièces à conviction » ( Exhibit). La pièce qui mettait le spectateur en position de voyeur à l’instar de celui qui visitait les zoos humains du débit du Xxè sicècle, s’est très vite trouvée au centre d’une vive polémique. Des pétitionnaires ont réclamé son interdiction, des représentations ont été annulées, d’autres se sont déroulées sous la protection de la police !

En 2021, Brett Bailey, un sud-africain blanc de peau, puisque c’est de lui dont il s’agit présente dans le In sa dernière création «  Samson ». La légende est bien connue : le héros biblique dont la force surhumaine provient de la chevelure et qui lui est interdit de couper, doit conduire son peuple, esclave des Philistins, à la révolte. Il est un cadeau de Dieu fait à mère stérile jusqu’alors.

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Un nouveau directeur pour le Festival d’Avignon

L’actuel directeur, Olivier Py, s’apprête à tirer sa révérence. À partir de septembre 2022, après huit ans de bons et loyaux services, il sera remplacé par Tiago Rodrigues, a annoncé ce lundi 5 juillet la Ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, lors d’une conférence de presse à Avignon, ajoutant que le metteur en scène portugais avait le plein accord des entités impliquées dans la décision : le Gouvernement, la Mairie d’Avignon et l’Administration du festival. « Tiago Rodrigues vient d’être nommé et ça me remplit le cœur de joie », a réagi Olivier Py. Cette nomination intervient alors que s’ouvre la 75e édition du célèbre Festival. Ne serait-ce que parce qu’il est un homme du partage, de la rencontre, de la main tendue à tout ce qui est autre, la nomination de Tiago Rodrigues, premier étranger élu à cette fonction, est une nouvelle heureuse. Un choix qui n’est pas vraiment une surprise. Depuis plusieurs jours, la rumeur le donnait favori face à ses trois concurrents : Claire Lasne-Darcueil, directrice du Conservatoire national supérieur d’art dramatique, Camille Barnaud et Romaric Daurier, co-directeurs de la scène nationale le Phénix à Valenciennes, et José Manuel Gonçalvès, directeur du CentQuatre à Paris. 

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Une nuit en-chantée

Dress code, un spectacle son et lumière, de la Compagnie Activ’Art, m.e.s. Jandira De Jesus Bauer

— Par Michèle Bigot —

La nuit dernère, le 3 juillet 2021, s’est opérée une rencontre avec la magie en Drôme provençale, dans un lieu modeste, un lieu culturel alternatif, comme on dit aujourd’hui, le café associatif des Pilanthropes.
La Compagnie Activ’Art, menée par sa metteuse en scène Jandira De Jesus Bauer, nous a conviés à un spectacle son et lumière, une proposition théâtrale qui se revendique à bon droit du spectale vivant, ou pour mieux dire, un rituel sacré autour du corps féminin.
Et ce fut un enchantement, après ces deux années de séquestration, de retrouver le mystère de la représentation, l’invocation des textes, l’éclat des couleurs et des images, les jeux d’ombre et de lumière, l’envoûtement de la danse , le rythme hypnotique ou frénétique des percussions brésiliennes, le tout dans un cadre hautement poétique: nuit étoilée, bruissement de la rivière en contrebas de la scène…..
Le thème du spectacle Dress code , sous-titré « Inquisition au XXIème siècle, Habillée comment? », convoque le corps féminin dans la force de son épanouissement, non moins que dans la douleur liée à son exploitation.

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Le jour où les lycéens de Fort-de-France entrent en scène !

Rodrigue : « Je suis jeune, il est vrai ; mais aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années. »

– par Janine Bailly –

Nous les avions vus lors de la première restitution de leurs travaux, en décembre 2020, dans des conditions difficiles liées à la pandémie et au lieu, une simple salle de lycée servant de salle de spectacle… Nous les retrouvons avec bonheur en juin 2021, mais ils se tiennent cette fois, comme des grands, sur la scène de la Salle Frantz Fanon à Tropiques Atrium, à Fort-de-France. Ce sont cinquante-huit des élèves de théâtre du Lycée Schœlcher – hélas, pour des raisons sérieuses et diverses, certains n’ont pas pu être présents ce soir-là. Ils ont grandi en âge, parfois en taille et toujours en talent. Ils ont conquis le droit d’occuper l’espace de la Scène Nationale, et s’ils en sont impressionnés, ils savent bien nous le cacher. Hormis une main qui tenant une feuille blanche est prise d’un léger tremblement – et cela me semble plus beau et plus émouvant encore –, garçons et filles semblent être à leur place, chacun dans son rôle et prenant crânement en charge, devant une salle comble et attentive, des textes pas toujours faciles à interpréter.

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« Dress Code », création et mise en scène de Jandira de Jesus Bauer

Toute mise en scène se revendique inédite, exigeante, spontanée, réfléchie, révolutionnaire, touchante, comique, émouvante et surtout créatrice…
Pour conjurer une réalité angoissante, pour dédramatiser les blessures secrètes, le parti pris de la mise en scène du spectacle « DRESS CODE » est de créer tout au long du temps du spectacle des péripéties, des grands écarts, des variations de rythme afin de surprendre et de susciter un intérêt constant. Il est question, durant le temps du spectacle, de voir, d’écouter, de bouger, de se solidariser, de participer…et de s’émerveiller.
Rythme des percussions, fluidité des voix, mouvements des corps, musique et images projetées. Une expérience à vivre et à ressentir. Cela ne se raconte pas.
Un voyage poétique qui rend hommage et célèbre les femmes.
C’est ce que nous proposons, avec ce spectacle vivant tout public, riche en inventivité, provoquant, et porté par le jeu énergique et généreux des participantes.
Les femmes présentes sur scène pendant toute la durée du spectacle jouent leur propre rôle, et sont aussi les représentantes des absentes et des invisibles. C’est le Miracle et la Force du spectacle vivant.

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Théâtre. Un chant contestataire contre l’exclusion

Par Marina Da Silva —

Avec Faith, Hope and Charity, aux Ateliers Berthier, à Paris, Alexander Zeldin créé un effet de prise de conscience salutaire en partageant la détresse et l’insoumission de ceux que l’on désigne comme exclus.

Une salle des fêtes municipale reconvertie en lieu d’accueil et banque alimentaire où s’égrènent des chaises et des tables. Aux murs défraîchis, des dessins d’enfants. À jardin, une petite cour, où l’on entendra régulièrement la pluie tomber violemment. À cour, des toilettes, et au centre une petite cuisine où Hazel s’affaire et se traîne, soucieuse. Elle porte l’âme du lieu depuis plus de 25 ans avec Pete – qu’on ne verra pas car, malade, il est en train de s’éteindre -, et est bien seule pour se battre contre sa disparition programmée qui menace de mettre à l’épuisement, voire à la mort, la petite communauté d’habitués qui y trouve soutien et solidarité. Sollicité par Pete, Mason est venu en renfort y faire son premier jour de bénévolat. Musicien, il propose de monter une chorale et d’apprendre à chanter à tous ceux qui le souhaitent.

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Sonmiziksonpawol d’Annick Justin Joseph

— Par Selim Lander —

Il y a longtemps qu’Annick Justin Joseph porte ce projet d’hommage au musicien martiniquais Henri Brival (1933-), artiste lamentinois qualifié d’« extravagant », ce qui ne l’a pas empêché de voyager à travers le monde avec son « bwa ronflé » (ou « wonflé), instrument de son invention composé d’une caisse en bois (isorel) que l’on caresse avec un bâton et qui produit des sortes de barrissements. Sur la scène du théâtre municipal de Fort-de-France, un de ses disciples faisait la démonstration de cet instrument aussi rustique qu’original.

Sonmiziksonpawol mêle les chants, la danse et les chansons, par exemple « Alexandre pati » de Léona Gabriel-Soïme (dite « Estrella », 1891-1971), qui introduisit la biguine à Paris, et écrivit et interpréta de nombreuses chansons, en particulier cette fameuse « Alexandre pati » dont il reste d’ailleurs un enregistrement par elle-même. Cette diversité est l’un des atouts de Sonmiziksonpawol, une pièce servie ici par des interprètes appréciés des Martiniquais, y compris James Germain, grande voix d’Haïti, qui s’est produit à plusieurs reprises chez nous et qui impressionne toujours.

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Reprise: « Anatole dans la tourmente du Morne Siphon », Adapatation & m.e.s. Arielle Bloesch

Vendredi 18 juin à 19h 30 Tropiques-Atrium Entrée libre

D’après le roman de Sabine Andrivon-Milton

Cie Les Berlick

Anatole est à présent un homme âgé. Il se balance sur sa berceuse, en observant du haut de son Morne Siphon son pays qui se transforme et ces outils qui relient à présent son île à tous les continents. Ces outils qui lui ont permis de recevoir cette lettre qui fait jaillir les larmes sur son visage marqué par le temps et les souvenirs.

Il parle pour que sa mère, du lointain du passé, soit enfin soulagée par cette nouvelle. Il parle tant qu’elle lui revient, Anastasie et avec elle, l’enfant de 12 ans qu’il était, celui qui traversa cette première guerre mondiale en observant ses voisins et en recueillant leurs pensées dans les lettres qu’il écrivait pour eux.

Lire sur Madinin’Art : « Anatole dans la tourmente du Morne Siphon » : un théâtre populaire — Par Roland Sabra —

Mère et fils vont faire revivre cette époque, les personnages, leurs histoires, du Morne Siphon, ce morne imaginaire tellement réel. Celle d’Anatole s’est formée avec la lacune d’un deuil jamais apaisé, la disparition de son frère Raymond, son héros parti fièrement au front et jamais revenu.

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« En marge du cahier », à partir de « Chemin d’école » de Chamoiseau

Samedi 12 juin à 18h30 au Carbet : Spectacle théâtral de la Compagnie Caravan

Où ? Espace associatif et culturel. Sous l’égide de l’Association Lézard Ti Show.

La Compagnie Caravan vient jouer En marge du cahier au Carbet, et le spectacle est gratuit, mais interdit aux moins de 10 ans ! Un spectacle librement adapté de Chemin d’école, de Patrick Chamoiseau, prix Goncourt en 1992 pour son roman Texaco.

« Les “ti-manmailles”, conquistadors à l’assaut de leur imagination, tout à l’émerveille de vivre, assoiffés de découvrir, d’apprendre et de communiquer se retrouvent sur les bancs de l’école coloniale française. On est à la Martinique, dans les années 1960.
Le maître d’école est raide-piquet dans son déni du créole qu’il abjecte convaincu que l’émancipation des siens passe par la négation de leur langue et de leur culture. Son lyrisme ne sert qu’une seule mission: enseigner, voire imposer de gré ou de force, la langue et la culture françaises dominantes. Gros-Lombric, petit-bougre bleuté, est l’un de ses petits élèves. Petit génie en calcul, il est pourtant vite voué à l’échec. Irrémédiablement incompris, humilié et exclu par le maître qui le rembarre dans les confins de son irréductible “languemanman” et ses origines africaines, Gros-Lombric vise vite d’autres horizons et patiente sur son banc d’écolier aux côtés du Négrillon. 

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Théâtres parisiens : La cruelle alternative de mai 2021.

Manifeste de Wajdi Mouawad, directeur du Théâtre de la Colline, à Paris – 20 Mai 2021

À celles et ceux qui, / Innombrablement innombrables, /  Ne comprennent pas grand-chose, /  Ni à la non-ouverture de certains théâtres, / Ni aux mouvements de contestation qui les occupent, / Ni à ce qui les oppose, /  Ni à ce qui les relie.

Dans la famille des streptocoques, il en est un, fasciite nécrosante¹, mieux connu sous l’appellation de bactérie mangeuse de chair, qui correspond assez bien à la situation. Une dévoration née du piège dans lequel nous, directions des théâtres et occupants, sommes tombés, piège dont nous sommes en grande partie responsables, celui de devoir sacrifier soit le théâtre soit la révolte. Reprendre les activités de l’un, c’est diminuer la nécessité de l’autre, privilégier la force de l’autre, c’est empêcher l’un.

À croire que c’est une faiblesse de l’orgueil humain, sa démesure, dont les auteurs grecs n’ont eu de cesse de nous mettre en garde, qui nous conduit à retomber sur cette idée christique du sacrifice, ce streptocoque de la destruction qui exige que pour que quelque chose puisse exister, il faille nécessairement égorger quelque chose d’autre.

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« Iphigénie » de Jean Racine, m.e.s. & scénographie Stéphane Braunschweig

À voir en replay dès le 27 avril 2021 sur les sites de France Télévisions et de l’Odéon-Théâtre de l’Europe

un film d’Alexis de Favitski
produit par Marie Balducchi – AGAT Films & Cie
spectacle enregistré aux ateliers Berthier de l’Odéon-Théâtre de l’Europe

Synopsis :

Iphigénie, c’est un monde à l’arrêt. Alors que la flotte grecque s’apprêtait à mettre les voiles vers Troie, le vent est tombé brutalement, mettant en panne la machine de conquête. Consulté en secret, le devin Calchas révèle le seul remède à la crise : sacrifier aux dieux la jeune Iphigénie, fille d’Agamemnon. La Grèce doit-elle payer ce prix exorbitant, pour continuer sur sa lancée initiale, et respecter les promesses glorieuses qu’elle s’est faites à elle-même ? C’est ce que prône Ulysse pour qui il n’y a pas d’alternative. Ou faut-il voir dans ce coup d’arrêt, dans cette proposition inacceptable, le signe divin que l’expédition à Troie sera un désastre ? Les chefs de guerre s’interrogent avec inquiétude sur leur avenir et celui de leur civilisation.
Heureusement, dans cette drôle de tragédie, tout “finit bien” : c’est une autre victime, l’étrangère de la pièce, qui tombera finalement sous le couteau de Calchas.

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Le théâtre les yeux fermés

France Culture, le 25 avril à 20 heures, puis en podcast

— Par Marie-Valentine Chaudon —

Dissection d’une chute de neige, de Sara Stridsberg France Culture diffuse ce dimanche 25 avril cette pièce de Sara Stridsberg, mise en scène par Christophe Rauck. La radio, qui entretient une longue histoire avec le théâtre, lui ouvre en ces temps de confinement d’autres chemins vers son public.

« Je suis un roi, pas une marchandise. » Dans un royaume figé par le froid, une souveraine refuse de céder à l’injonction que sa fonction lui impose : se marier et assurer sa descendance. Dissection d’une chute de neige, de l’autrice contemporaine Sara Stridsberg, retrace la destinée de Christine de Suède. Esprit brillant, polyglotte, passionnée de lettres et de chasse, mue par une quête existentielle sans fin, elle fit venir Descartes à sa cour, où il mourut en 1650. « Elle cherche à se définir mais n’y arrive pas, commente Marie-Sophie Ferdane, qui l’incarne avec une densité polychromique dans la mise en scène de Christophe Rauck. Chaque situation la précipite dans des émotions contradictoires. Elle saute de l’une à l’autre à chaque instant. »

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« Les Gravats » : Nous ne naissons pas pour mourir mais bien pour vivre !

 15, 16 & 17 avril 2021 au T.A.C. Annulés pour cause de couvre-feu 😈 

Textes : Jean-Pierre Bodin – Alexandrine Brisson – Clotilde Mollet et autres poètes
Avec : Jean-Pierre Bodin – Thierry Bosc – Clotilde Mollet
Debout sur nos deux jambes, nos deux pattes, en tension, obligatoirement essayant de « quitter ce que nous sommes et c’est à dire des bêtes pour aller vers ce que nous ne sommes pas, c’est à dire des humains. »
Nos vies ne seraient que cette tentative désespérée d’inventer une dignité jusqu’au dernier moment puisqu’il en est un fatal et définitif, la mort.
Ne jamais faiblir.
Alors comment raconter cette lutte, ce travail, cette invention permanente du vivant qui va irrémédiablement vers ce repos obligé surtout quand on est vieux. Comment ?
Et bien en fanfare, en chanson ou en poèmes, en témoignage, en image, en info, en documents.

Les vieux anars qui fêtent la vie avant de calencher, qui font la nouba pendant la nuit que seul permet le théâtre. Une grande improvisation avec déambulateurs, fauteuils roulants, lits médicalisés, support perf, avec les couches culottes, les bas à varices, les béquilles, avec leurs cercueils, qui dansent avec des enfants qui leur racontent des histoires pour les endormir et qui continuent à jouer la comédie avec des postiches, avec des perruques, des fausses barbes, des masques, qui font de la musique avec des os sur un squelette, qui se servent de leur dentier pour faire des castagnettes, qui se dressent pour résister face à tous ceux qui les humilient, et surtout au temps qu’ils refusent d’accueillir car ce sont des enfants qui l’ignorent définitivement puisqu’ils veulent jouer tout le temps.

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Au théâtre : « Paroles Citoyennes », le festival des récits contemporains

Mise à jour du 12 avril : Outre que le texte d’Edward Snowden est particulièrement éclairant, la mise en espace réalisée pour le Festival a fait de sa lecture par Pierre Deladonchamps un véritable spectacle. Les représentations en ligne continuent, dès ce lundi, avec sept autres propositions citoyennes !

Jean-Marc Dumontet, producteur de spectacles et fondateur de Paroles citoyennes, voulait absolument que le festival ait lieu, en dépit de la fermeture des salles : « Le maintien du festival, en ligne, permet de faire travailler une cinquantaine d’artistes et de techniciens alors que le secteur est à l’arrêt depuis un an… Rien ne remplace le spectacle vivant, cette expérience unique de s’assoir dans une salle de théâtre et de partager un spectacle. Il est évident que l’expérience est différente. Il n’empêche que grâce à Facebook et ses 40 millions de comptes, on peut toucher un panel extrêmement important, plus large que d’habitude ». Un festival visible à La Martinique, contrairement à d’autres – Festival de Films de Femmes, festival Vues d’Afrique etc. – étrangement signalés « contenus non disponibles dans votre région », et même pour certains « visibles en France »(sic) ! 

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Surprise! : « Le Condamné à mort », n’était pas celui qu’on attendait!

— Par Roland Sabra —

Alfred Alexandre n’est pas le premier à vouloir adapter « Le Dernier Jour d’un Condamné » ce roman à thèse de Victor Hugo. Pièces de théâtre, films, bande dessinée, opéra se succèdent dans le monde entier depuis 1829. Le livre, incontournable dans le parcours de tout lycéen, appartient au domaine public, il est en conséquence téléchargeable gratuitement en pdf et en version audio. C’est donc un texte connu que l’on s’attendait à retrouver dans l’interprétation de Dominik Bernard mis en scène par José Exélis le 27 mars 2021 à Tropiques-Atrium. Ce ne fut pas tout à fait le cas. Euphémisme! Le texte hugolien n’a été que le prétexte d’un autre texte qui a souffert de la comparaison. Rappelons d’abord quelques éléments pour mémoire. Le roman a été écrit en trois semaines, par l’auteur révulsé par plusieurs rencontres, dès 1822 avec le spectacle de la guillotine. S’il est écrit à la première personne, si le narrateur n’est pas identifié, si son crime n’est pas précisé au-delà d’une brève reconnaissance de culpabilité «« moi, misérable qui ai commis un véritable crime, qui ai versé du sang !

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Petites forme 2021 : Evan Placey, Ina Césaire, Alfred Alexandre

— Par Selim Lander —

Ces filles-là : rafraîchissant

Traiter un thème grave sans jamais se prendre au sérieux : n’est-ce pas le premier secret du théâtre moral ? Car on peut bien parler de « théâtre moral » à propos de cette pièce. Il ne s’agit pas en effet ici de dénoncer les injustices dont seraient victimes une catégorie sociale – comme l’exploitation d’une classe par une autre – auxquelles un changement de politique pourrait remédier, mais de faire prendre conscience d’un travers qui semble inhérent à la nature humaine, à savoir la recherche d’un bouc-émissaire : soit comment « oublier » ses propres travers en désignant un responsable de tous nos maux. Ainsi, en Martinique, on chargera la « caste béké » du péché du chlordécone comme si l’île « toute entière », c’est-à-dire plus précisément les planteurs petits et gros et les élus, avec la complicité des syndicats, ne s’étaient pas entendus pour demander dérogations sur dérogations (ce qui n’exonère évidemment pas une administration structurellement trop complaisante).

Evan Placey s’intéresse à un cas particulier de bouc-émissaire : le souffre-douleur des cours de récréation, ou plutôt la souffre-douleur, en l’occurrence.

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Résister : « Les Zébrures de printemps ».

D’après un reportage de Anaïs Heluin, pour le site Sceneweb

Malgré les contraintes actuelles, l’équipe de la manifestation culturelle Les Francophonies – Des écritures à la scène a maintenu ses Zébrures du printemps, du 20 au 28 mars 2021, mais uniquement pour un public de professionnels.

Le festival, dédié aux écritures francophones, prend la suite des Nouvelles Zébrures organisées par les Francophonies jusqu’en 2019, année de la nomination d’un nouveau directeur : le metteur en scène, conteur et comédien burkinabé Hassane Kassi Kouyaté, qui tient avec ce rendez-vous à « mettre en valeur les processus d’écriture d’auteurs francophones aux origines et aux esthétiques très diverses ». Pour en accompagner ensuite certains jusqu’à la mise en scène, et programmer les spectacles issus de cette recherche dans le cadre des Zébrures d’automne. En Limousin, les Francophonies ont de la suite dans les idées !

Ci-dessous, deux belles propositions à côté de huit autres, dans lesquelles l’écriture s’offre en partage avec un minimum d’artifices, et qui illustrent bien la vision de la francophonie souhaitée par Hassane Kassi Kouyaté : résolument diverse, ouverte au monde.

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« Ces filles-là », ou Scarlett l’au-moins une…

— Par Roland Sabra —

Pendant longtemps le harcèlement, que l’on peut définir comme une relation sociale dissymétrique, hostile, répétitive, dans un milieu de travail ou d’études néfaste, s’est manifesté sous deux formes, l’une dans le cadre de relations directes entre l’agresseur et la victime (agressions physiques, verbales, railleries ou moqueries) et l’autre dans un ensemble de stratégies sociales indirectes (diffusion de rumeurs ou organisation de l’isolement social d’une personne). A ces deux premières catégories une troisième, due à l’explosion de l’utilisation des nouveaux supports de communication que sont le téléphone portable et l’ordinateur, est apparue.

Le harcèlement est favorisé par certaines dynamiques de groupe et plus spécifiquement dans le travail présenté par Steffy Glissant & Irène Voyatzis d’après le texte Ces Filles-là d’Evan Placey, par une notion de solidarité détournée dans une construction contre un bouc émissaire. On retrouve là une illustration de la thèse bien connue de René Girard. Mais il est d’autres analyses possibles.

« Ces filles-là » sont de la tribu de Sainte-Hélène, une école bon chic bon genre, ouverte à toutes les filles  pourvu qu’elles soient bonnes.

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