— Par Roland Sabra —
Sur le rideau de scène une image, la statue de Joséphine, celle de la place de la Savane, avec sa tête qui se détache, qui se remet en place, qui hésite avant de choisir la décapitation précédant sa destruction. Sur le socle défilent les slogans chargés de cette souffrance en gésine qui n’en finit pas de se dire et qui toujours resurgit au moindre conflit. Et ce n’est pas le moindre mérite d’Hervé Deluge que de contextualiser, à sa façon, le si beau texte de Gaël Octavia qui nous parle de cette schize identitaire qui traverse la Martinique et ses habitants. L’autrice semble savoir au plus profond de sa chair ce qu’il en est de cette coupure, de cette dualité, elle qui porte un prénom épicène orthographié au masculin.
Le personnage a quitté le confort d’une situation matérielle acquise pour aller à la guerre, pour «devenir un homme » dit-il, affirmant par là qu’il ne l’était pas encore. Un homme, une nation en devenir. Il revient en guerrier qui n’a pas combattu, sauvé par un pacifiste criminel de guerre dont il porte les habits tachés d’un sang qui n’est pas le sien.