Catégorie : Théâtre

« Cette guerre que nous n’avons pas faite. », par Hervé Deluge : quelle guerre & qui ça Nous?

— Par Roland Sabra —

Sur le rideau de scène une image, la statue de Joséphine, celle de la place de la Savane, avec sa tête qui se détache, qui se remet en place, qui hésite avant de choisir la décapitation précédant sa destruction. Sur le socle défilent les slogans chargés de cette souffrance en gésine qui n’en finit pas de se dire et qui toujours resurgit au moindre conflit. Et ce n’est pas le moindre mérite d’Hervé Deluge que de contextualiser, à sa façon, le si beau texte de Gaël Octavia qui nous parle de cette schize identitaire qui traverse la Martinique et ses habitants. L’autrice semble savoir au plus profond de sa chair ce qu’il en est de cette coupure, de cette dualité, elle qui porte un prénom épicène orthographié au masculin.

Le personnage a quitté le confort d’une situation matérielle acquise pour aller à la guerre, pour «devenir un homme » dit-il, affirmant par là qu’il ne l’était pas encore. Un homme, une nation en devenir. Il revient en guerrier qui n’a pas combattu, sauvé par un pacifiste criminel de guerre dont il porte les habits tachés d’un sang qui n’est pas le sien.

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« Cette guerre que nous n’avons pas faite », m.e.s. & jeu Hervé Deluge

Jeudi 07 & vendredi 08 avril 2022 à 19h 30 / Centre Culturel Marcé à Saint-Joseph
Réservations : 06 96 93 14 34

Gaël Octavia

– Extraits de la biographie : Née le 29 décembre 1977 à Fort-de-France, elle vit et travaille actuellement à Paris. Scientifique de formation, « touche-à-tout » autodidacte, ses champs d’exploration sont l’écriture, la peinture, la vidéo. Ses pièces de théâtre, lues ou créées en France, aux États-Unis et dans la Caraïbe, sont marquées par la société martiniquaise dans laquelle elle a grandi, tout en questionnant des thématiques universelles telles que les migrants, l’exclusion sociale, l’identité, la condition féminine… Gaël Octavia est membre d’ETC-Caraïbe et des EAT. (Compléments sur une œuvre multiformes : Site internet : www.gaeloctavia.com).

– Œuvres principales
♦ Théâtre
Cette guerre que nous n’avons pas faite, Lansman Editeur, 2014. Prix du meilleur texte francophone du concours ETC Caraïbes/Beaumarchais 2013. Création en 2016 (prod. Makeda du Bhoot) par Luc Clémentin avec Vincent Vermignon ; résidence de création à Lilas en Scène en 2016 ; tournée 2017 à Tropiques-Atrium (scène nationale de Martinique) et l’Artchipel (scène nationale de Guadeloupe).

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Petites Formes 2022 : Guy Régis Jr ; Marionnettes belges

— Par Selim Lander —

Les cinq fois où j’ai vu mon père

Après Moi fardeau inhérent qu’on a découvert en Martinique interprété par Daniely Francisque lors d’un précédent festival des Petites Formes, c’est un autre monologue de même auteur, interprété cette fois par un comédien, Christian Gonon, sociétaire de la Comédie Française, qui clôture la présente édition.

Comme l’indique le titre, un enfant évoque les quelques occasions dont il se souvient ou croit se souvenir, où il fut en présence de son père parti chercher mieux ailleurs. Il n’est pas à proprement parler un enfant abandonné puisque le père lui rend de temps à autres visite, à lui et à sa mère. Mais ces visites sont si espacées et si fugaces qu’il se considère plutôt comme un enfant sans père. Et le souvenir qu’il en a est imprécis, ce qui se comprend d’autant mieux qu’il était un enfant quand elles se sont produites.

Peut-on tirer une pièce d’un tel argument ? Sans nul doute, tant d’événements peuvent s’inscrire dans ce contexte ! Et de fait il y a des moments émouvants, en particulier chaque fois qu’un dialogue s’instaure – avec difficulté, évidemment – entre le père et le fils.

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Fiction et résilience au 76e Festival d’Avignon

— Marie-Valentine Chaudon —
Olivier Py a dévoilé, le 24 mars, le programme du prochain Festival d’Avignon, qui se tiendra du 7 au 26 juillet 2022. Cette 76e édition s’ouvrira à la cour d’honneur avec une pièce du metteur en scène russe Kirill Serebrennikov, actuellement sous le coup d’une interdiction de quitter Moscou.

L’invitation avait été lancée il y a déjà deux ans mais elle prend aujourd’hui, un mois après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, une dimension plus que symbolique. C’est une pièce du réalisateur et metteur en scène russe Kirill Serebrennikov, opposant au régime de Vladimir Poutine, qui ouvrira le 76e Festival d’Avignon à la cour d’honneur du palais des Papes le 7 juillet. Le groupe ukrainien de cabaret punk Dakh Daughters en assurera la clôture le 26 juillet.

ARCHIVES. Le metteur en scène Kirill Serebrennikov arrêté

Actuellement sous le coup d’une interdiction de quitter Moscou – sa présence à Avignon en juillet prochain reste incertaine –, Kirill Serebrennikov adapte Le Moine noir, une nouvelle d’Anton Tchekhov, dont il a déjà présenté une version préliminaire à Hambourg, où il avait eu l’autorisation de se rendre en janvier dernier.

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Théâtre, cuisine et pâtisserie : « Le beurre et l’argent du beurre! » &  « On ne naît pas tarte, on le devient! »

29 & 30 mars / 31 mars & 1er avril à 19h au T.A.C.
Représentations théâtrales des jeunes du Lycée de Bellevue et de l’Internat d’Excellence au Théâtre Aimé Césaire:  
 Le beurre et l’argent du beurre ! Représentations théâtrales au Théâtre Aimé Césaire le mardi 29 et mercredi 30 mars 2022 à 19h: Création des élèves de l’Atelier Théâtre prébac (Seconde – Première – Terminale) du Lycée de Bellevue composée de saynètes qui interrogent avec beaucoup d’humour notre rapport à l’argent !
 On ne naît pas tarte, on le devient! Représentations au Théâtre Aimé Césaire le jeudi 31 et vendredi 1er avril 2022 à 19h: Création des étudiants de Bellevue inscrits à l’Atelier Théâtre de l’Internat d’excellence (IEXC). Cette pièce questionne avec beaucoup d’humour la place de la femme dans le couple. 
Pass sanitaire et port du masque obligatoires. Entrée gratuite, billetterie sur place. Pas de réservation. 
Merci de venir nombreux soutenir nos jeunes comédiens qui ont dû faire preuve de beaucoup de motivation et de résilience pour monter ces créations cette année !  

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« Les cinq fois où j’ai vu mon père », texte et m.e.s. de Guy Régis Jr : à ne pas manquer!

Le 26 mars 2022 à 19h Tropiques-Atrium

— Par Roland Sabra —

Le nom du père Guy Régis JR le porte plutôt deux fois qu’une et c’est sans doute pourquoi « Les cinq fois où j’ai vu mon père » est sans doute le texte le plus intime de Guy Régis Jr. Le pré-nom annonce ce qui doit advenir, ce qui n’est pas encore, avant même de différencier les individus au sein de la famille. L’ adjonction de  Jr au nom du père le souligne avec évidence en supposant une re-production forcément imparfaite de ce qui est déjà. C’est une pratique usuelle aux États-Unis mais aussi dans certaines société arabes dans lesquelles le pré-nom porte la mention « fils de » ( Ben…). Si le père n’existe que par ses actes, l’enfant n’est donc, dans ce cas, que le prolongement d’un des actes du père.

L’auteur le dit très clairement dans son « travail, depuis des années, mère, père, fils, fille, défilent, s’entrechoquent indéfiniment. » Il pose la famille comme « clef du problème humain. » Ce n’est donc pas la première fois que Guy Régis Jt aborde plus précisément la question du père.

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Petites Formes 2022 : Frankito

Zantray

— Par Selim Lander —

Une pièce en créole guadeloupéen heureusement surtitré, y compris pour les Martiniquais car il diffère suffisamment de celui d’ici pour entraîner quelques difficultés de compréhension. Zantray, inspirée d’un fait divers, met en scène deux personnages, mari et femme, dans la chambre de l’asile où le premier est enfermé. Pourquoi ? C’est évidemment l’intérêt de la pièce que de différer la réponse aussi tard que possible. Et, de fait, après que la réponse sera donnée il y aura une baisse inévitable de l’intensité dramatique que les quelques révélations qui suivront ne parviendront pas à compenser tout à fait. Quoi qu’il en soit, la première partie avec le mari seul sur le plateau est particulièrement brillante. L’homme enfermé « rumine ses rancœurs », comme le précise le programme, mais il le fait avec un bagout, un humour tels qu’on est constamment fasciné, suspendu à ce qu’il va dire. Le créole est une langue imagée, où abondent les proverbes, ce qui la rend particulièrement savoureuse. Et elle est ici merveilleusement servie par Christian Julien.

Avec l’apparition de la femme la pièce se transforme un affrontement qui n’empêche pas des retours de tendresse, ce qui nous vaut un moment de danse « collé-serré » agréablement sensuel.

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« L’Histoire d’une femme » de Pierre Notte

— Par Selim Lander —

Parallèlement au festival des Petites Formes, on peut assister au Théâtre municipal de Fort-de-France, jusqu’au samedi 26 mars, à un très brillant monologue de Pierre Notte, mis en scène par lui-même et remarquablement interprété par Muriel Gaudin. Une femme qui se raconte, ce que c’est que d’être une femme dans la France d’aujourd’hui, le sexisme ordinaire, la drague pas très maligne avec des blagues pas très fines quand il ne s’agit pas d’invites sexuelles directes et grossières. Bien « torché », et P. Notte sait comment faire, cela ferait déjà une bonne pièce mais il a eu la très bonne idée de choisir une femme pas comme les autres, avide d’expériences et de savoir. Est-ce parce qu’elle a été renversée par un cycliste et s’est retrouvée couchée sur un trottoir, inconsciente, pendant quelques minutes ? Toujours est-il qu’elle se réveille pleine d’interrogations et bien décidée à ne plus s’en laisser compter par les hommes. Les conversations avec ces derniers se terminent toujours de manière abrupte, même si, comme le lui dit son frère à un moment, ce n’est quand même pas comme si elle abandonnait un chien au bord de l’autoroute par temps de canicule !

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« Antigone, ma sœur » : quand c’est mal parti…

— Par Roland Sabra —

Lors de sa première présentation en octobre 2020 la pièce suscitait déjà des réserves, 18 mois plus tard lors du Festival de Petites Formes de Fort-de-France la reprise les confirme et les amplifie. La pièce de Sophocle est sans doute une des pièces les plus montées, adaptées dans le monde. Antigone, la femme qui dit Non bénéficie en Martinique, terre de colonisation d’une réception très sensible. Et pourtant…

Le thème a été repris sous sous diverses formes musicales un nombre incalculable de fois parmi lesquelles on peut noter des opéras baroques, dont l’Antigona de Traetta (1772), des musiques de scène (Mendelssohn, Saint-Saëns), une tragédie musicale de Honegger sur un livret de Cocteau, sans oublier La trilogie d’Antigone de Raitio (1922), la Sinfonia de Antigona de Carlos Chavez (1933), l’Antigonae de Karl Orff (1949) etc. Tout récemment lors de la saison 2020-2021 au Festival Arsmondo au Liban le compositeur Zad Moultaka sur un livret de Paul Audi décide de montrer une Antigone du point de vue d’Hémon, son fiancé, dans un opéra en neuf tableaux programmé ensuite à l’Opéra National du Rhin.

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Petites Formes 2022 : bis repetita placent

Antigone ma sœur du Collectif La Palmera

— Par Selim Lander —

Lorsque nous avions vu cette pièce, encore en construction, en 2020, elle ne nous avait qu’à demi convaincu. Un spectacle tonitruant pour les amateurs d’opéra rock, telle fut, pour autant que l’on s’en souvienne, notre réaction. Notre mémoire n’est pas infaillible, loin de là, mais de revoir la pièce aujourd’hui laisse une toute autre impression. Alors que les « numéros » d’antan paraissaient souvent gratuits avec beaucoup de bruit et de gesticulations inutiles (i.e. réservés à un certain public que l’on peut qualifier de « djeun’s » !), le spectacle présenté aujourd’hui, sans rien perdre de son côté rock, s’est enrichi comme si le mythe avait enfin instillé la pièce et ses interprètes. Les récits qui rappellent les principaux épisodes de cette tragique histoire (nous sommes en effet aux origines de la tragédie) dans laquelle les personnages, loin d’être des héros, sont les instruments malheureux d’un destin implacable, sont parfaitement résumés et clairement racontés.

Les dialogues sont soit des divertissements agréablement comiques, soit des moments clés du mythe rapporté par Sophocle dans Œdipe Roi et dans Antigone.

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« Le petit peuple de la brume » par le Théâtre du Papyrus

Samedi 26 mars 17 h Tropiques– Atrium

À partir de 4 ans
Prix du Ministre de l’Enseignement fondamental et Coup de foudre de la presse aux Rencontres de Théâtre Jeune Public de Huy 2002.

Synopsis :
Après quelques pas dans le brouillard, nous allons découvrir un pays étrange envahi par une brume incessante qui obscurcit le ciel au point que le soleil ne transparaît jamais. Il y règne un froid glacial. Toute vie semble impossible. D’autant plus qu’apparemment tout a brûlé.
Mais en y regardant mieux et avec un peu d’imagination… !!!
Le petit peuple de la brume est toujours là. Les habitants ont abandonné leur village pour se réfugier dans des trous afin de résister au froid.
Mais qui est responsable de ce climat malsain ? D’où vient ce feu qui a tout détruit et comment l’apprivoiser pour qu’il réchauffe enfin le pays et ses habitants ?

Équipe de création
Bernard Chemin, Julie Chemin, Gaëlle Clark, Didier de Neck, Emmanuel Fardeau, Christine Flasschoen, Caio Gaïarsa, Marie Kersten, Jérôme Lagrange, Anne-Marie Loop, Denis M’Punga.

Équipe de mise-en-scène
Bernard Chemin, Didier de Neck, Emmanuel Fardeau, Caio Gaïarsa

Scénographie et marionnettes
Christine Flasschoen

Aide à la création du décor
Guy Carbonnelle, Céline Robaszynski, Olivier Waterkeyn

Régie générale
Roger Verhoven

Distribution
Bernard Chemin, Denis M’Punga, Christine Flasschoen et Fred Postiau

 

Le petit peuple de la brume from Théâtre du papyrus on Vimeo.

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 « Les Revenants de l’impossible amour » en tournée en Guadeloupe

Kafé littéraire : jeudi 24 mars 2022, 18h30 à l’Hotel Arawak Beach Resort

Kafé littéraire & infos tournée
  Les Revenants de l’impossible amour, texte de BOLIVAR, prix du meilleur texte dramatique Textes En Paroles 2017, mis en scène par Jean-Erns Marie-Louise, en tournée en Guadeloupe avec le CEDAC du 25 mars au 3 avril 2022.
  La Compagnie La Thymélé, basée en Martinique, produit la pièce Les Revenants de l’impossible amour, un texte de BOLIVAR, mis en scène par Jean-Erns Marie-Louise.
 
 Tournée CEDAC
 
 Après deux premières représentations à Tropiques-Atrium, Scène nationale de la Martinique les 15 et 16 mars puis à Saint-Esprit le 19 mars, la pièce fera l’objet d’une tournée en Guadeloupe avec le Collectif des Espaces de Diffusion Artistique et Culturelle (CEDAC), du 25 mars au 3 avril 2022.
 
 Résumé
 C’est une histoire d’amour entre un homme et une femme, tel un «Roméo et Juliette» joué par les dieux de la mort. Jean-Simon Brutus alias Baron Samedi, dieu de la mort dans le vaudou haïtien et Dame Brigitte alias Gran’n Brigitte, déesse de la mort et épouse de Baron Samedi, développent devant nous un chant d’amour qui aurait pour titre « Je t’aime moi non plus ».

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« Juillet 1961 » de Françoise Dô : le théâtre est bien vivant !

— Par Roland Sabra —

De deux en un à un se divise en deux le travail de Françoise Dô, « Juillet 1961 » présenté ce soir là dans la salle Frantz Fanon de Tropiques-Atrium en illustre avec bonheur le chemin dans un infini d’allers-retours.

Sur le plateau deux pianos droits dont on voit les marteaux mis en lumière par deux projecteurs, se partagent l’espace dans l’inévitable (?) brouillard de scène propre à tant de pièces qu’il en devient une banalité. Ils vont participer, sous la maîtrise de leurs instrumentistes, à la construction d’un objet singulier, hybride, qui balance entre concert et pièce de théâtre, pour décrire un univers de tensions sociales et raciales de tonalités faulknériennes. Leur partition, surprenante, magnifique à entendre et à réécouter  — elle est publiée sous forme d’un vinyle — se jouera entre deux pôles, dans un va-et-vient entre jazz et atonalité (euphémisme!) qui n’étant ni narrative, ni illustrative se veut et s’accomplit comme un reflet symétrique d’un récit traversé par le phasage et le déphasage de deux énonciations parallèles, sœurs et pourtant étrangères l’une à l’autre.

Deux femmes, une noire, une blanche, Clarisse, Chloé, vivent dans le même quartier déshérité d’une ville dont le nom importe peu tant il est quelconque.

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« L’histoire d’une femme », texte & m.e.s. Pierre Notte, jeu Muriel Gaudin

Les jeudi 24 , vendredi 25 et samedi 26 à 19h 30 au T.A.C.

Présentation :

Un type passe, à vélo, la frôle, et lui met une main aux fesses, claque violente. Elle tombe, elle va se relever. Elle n’a pas de nom, elle va raconter son histoire. C’est une femme en prise avec tous les signes de la misogynie ordinaire. Elle passe en revue les attaques, insultes et sous-entendus des hommes qui l’entourent. Son père, son compagnon, le buraliste ou le patron, le médecin ou le passant. Signes flagrants ou invisibles d’un monde phallocrate, une société d’hommes qu’elle refuse d’affronter. Elle ne jouera plus le jeu de la guerre des sexes, ce serait cautionner la bataille. Elle oppose son silence, et ça les rend fous. Elle refuse pour autant de renoncer à ses désirs, aux plaisirs. Elle va chercher à comprendre comment ça marche, un homme.

Pierre Notte compose, bien avant les affaires « Weinstein » et « Me Too », le portrait d’une femme qui résiste aux schémas sexistes et au conditionnement social. Comédienne virtuose, seule en scène, Muriel Gaudin prend la voix de tous les protagonistes.

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Le Festival des Petites Formes

Du 15 au 26 mars Tropiques Atrium & Saint-Esprit

« Le théâtre c’est un futur possible que l’on fabrique comme une recherche fondamentale. »

Pierre Debauche

En créant le Festival Des Petites Formes, l’ambition était à la fois un lieu d’accueil de créations antillaises et un lieu d’explosions d’esthétiques audacieuses.

Depuis quelques années certains professionnels du théâtre l’ont bien compris !

Cette année les musiques viendront s’infiltrer de manière hardie aux mots du théâtre. Avec des thématiques universelles. Les décors resteront sobres mais les comédiens devront dépasser leur zone de confort pour nous faire vivre des textes puissants !

L’édition 2022 prendra le temps de questionner, d’interroger, voire suggérer des débats sur des thèmes du quotidien tel que l’absence, la tolérance l’amour…

Cette année nous réitérons le partenariat avec la ville du Saint-Esprit. 

La programmation, s’articulera autour de créations & de lectures

o Les cinq fois où j’ai vu mon père 😀
Texte et mise en scène de Guy Régis Jr Haïti
Interprété par un comédien de la Comédie-Française
Samedi 26 – 19h Tropique- Atrium

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Petites Formes 2022 : Françoise Dô

— Par Selim Lander —

Juillet 1961

Depuis sa première prestation sur le plateau de la salle Frantz Fanon, il y a cinq ans, Françoise Dô a fait son chemin. Repérée par Hassane Kouyaté, cornaquée un temps par la metteuse en scène Stéphanie Loïc, aidée des conseils du dramaturge Paul Emond, lauréate de quelques concours, elle revient dans sa Martinique avec un nouveau spectacle écrit, mis en scène et interprété par elle-même. Produite par le CDN de Saint-Etienne, avec de très nombreux soutiens, Juillet 1961 est une incontestable réussite, bien supérieure, par exemple, à Penthésilé.e.s de Laetitia Guédon, étouffée de rectitude politique et d’enflure bien qu’auréolée par le festival IN d’Avignon, présentée récemment dans cette même salle Frantz Fanon.

C’était pourtant une gageure pour une française, fût-elle noire, d’être légitime en voulant évoquer les émeutes dans les quartiers afro-américains aux États-Unis dans les années 60. F. Dô y parvient pourtant avec deux personnages féminins plus deux musiciens sur le plateau et un personnage masculin en voix off s’exprimant en anglo-américain surtitré. Bien que physiquement absent celui-là n’est pas le moindre atout d’une pièce qui réussit à être crédible tout en se montrant d’une grande sophistication formelle.

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Quand le théâtre fait question

— Par Roland Sabra —

« Et Dieu ne pesait pas lourd » de Dieudonné Niangouna, jeu et m.e.s. de Frédéric Fisbach

Ce soir là sous le chapiteau de Tropiques-Atrium installé au Saint-Esprit deux pièces qui sur des registres totalement différent mettent le théâtre sur la sellette. Tout d’abord « Et Dieu ne pesait pas lourd » de l’auteur, metteur en scène et comédien congolais Dieudonné Niangouna, un monologue qu’il écrit à la demande de son ami l’acteur et metteur en scène français Frédéric Fisbach en souvenir d’une soirée bien arrosée au cours de laquelle la colère et la rage les emportent et les confortent dans leur détestation mutuelle d’un monde qui va droit dans le mur. « Mets tout ça noir sur blanc » lui dit-il. Niangouna ne dit rien. Il n’a jamais écrit pour un blanc. Huit mois plus tard Fisbach reçoit en offrande un cadeau somptueux, un texte flamboyant, volcanique, épique, baroque, échevelé, vertigineux, insolent à la structure gigogne, tendue entre récit tragique de Phèdre et fantaisies délirantes d’un comédien de stand-up. C’est l’histoire d’Anton, acteur dit-il, né à Grigny dans les années 60, qui raconte ou invente sa vie rocambolesque mais qui avant tout cherche à sauver sa peau face à des geôliers, flics-espions des services secrets ou djihadistes réels ou fantasmés peu importe.

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« Suzy & Franck » : une réussite en force et délicatesse!

— Par Roland Sabra —

C’eut été mal connaître Didier Poiteaux et Olivier Lenel que de croire qu’ils allaient nous embarquer dans une conférence théâtralisée sur le thème toujours aussi clivant, de la peine de mort. Abolie en France en septembre 1981 par l’Assemblée nationale à la suite d’un texte de loi présenté par Robert Badinter elle a toujours ses partisans, qui nostalgiques, l’évoquent le plus souvent à mots couverts: il est des désirs peu glorieux, honteux, sordides. Un quart des pays du monde, et parmi eux les plus peuplés se vautrent encore dans son lit. Trois jours avant la représentation de la pièce à Fort-de-France, l’Arabie saoudite exécutait 81 prisonniers.

« Suzy et Franck » nous évite la longue litanie de ces assassinats maquillés sous le manteau de la « légalité ». Le travail présenté se construit autour d’une docu-fiction théâtrale qui mêle étroitement faits réels et faits imaginés au service d’une présentation certes alerte et passionnée, mais avant tout animée d’un souci constant, celui de transmettre au plus près du public ce qu’il voulait lui dire. La recherche de proximité, pour ne pas dire d’intimité prend concrètement la forme d’un placement des spectateurs qui échappe aux deux dispositifs les plus connus et les plus pratiqués, le face à face et le bi-frontal.

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« Samuel ou la nuit des gens libres »

Texte : Ali Babar Kenjah
Adaptation : Alfred Alexandre
Mise en lecture : José Exélis
Avec Rita Ravier, Charly Lerandy, Christian Charles-Denis, Joël Jernidier et David Khatile

Production : ETC Caraïbes

Kenjah a ainsi mené plusieurs conférences de restitution de ses travaux à Tropiques Atrium, dont la dernière, la conférence « De l’autonomie martiniquaise, 1646-1956 » a clôturé le cycle le mercredi 30 juin (plus d’infos).

La deuxième de ces conférences « Habiter la clameur » ayant été menée via un live Facebook, est encore en accès libre, en replay ici.

Ali Babar Kenjah – « La nuit des gens libres » – théâtre
Philippe Alain Yerro, dit Ali Babar Kenjah, est un poète martiniquais. Chercheur en sciences sociales et Rastafari, il interroge les relations entre sociétés et culture. Diplômé de sciences politiques, d’un DEA du GEREC et d’un master de l’EHESS, il poursuit une thèse populaire sur modernité et colonialité à Marseille, archéologie d’une infusion du capital colonial antillais dans la modernisation de la France.

Après le mouvement social de 2009, il s’installe à Marseille et entame en 2012 un recyclage décolonial de ses modes d’intervention.

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« Et Dieu ne pesait pas lourd… », de Dieudonné Niangouna, m.e.s & jeu Frédéric Fisbach

Vendredi 18 mars 19h, salle mobile St-Esprit

« Je m’appelle Anton. Je suis né une première fois à la fin des années 60 à Grigny, dans une barre d’immeubles. J’ai grandi là-bas, entre la bande de l’escalier et le ventre de ma mère. J’ai voulu être acteur, je suis parti aux USA, où je me suis enfermé dans une cave avec un poète. La CIA m’a coincé, je suis parti en mission en Afrique, dans le désert. J’ai été fait prisonnier aux mains d’islamistes radicaux puis des djihadistes. Puis j’ai été délivré par un service secret, mais enfermé à nouveau, pour me faire cracher tout ce que je savais. Qu’est-ce que je savais ? Ça a duré presque trente ans, et chaque fois comme une mort et une nouvelle naissance. Je m’appelle Anton et je suis devant vous, je ne sais pas grand-chose mais j’ai des choses à dire. »

Sous nos yeux, Anton qui se dit acteur, raconte sa vie rocambolesque. Invente-t-il ? Anton brouille les pistes, commente abondamment la marche de l’humanité, fait le clown. Il cherche à sauver sa peau en baratinant brillamment ses geôliers, djihadistes ou services secrets américains.

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« L’effort d’être spectateur », texte, m.e.s. & jeu Pierre Note

Vendredi 18 mars 19h, salle mobile St-Esprit

Conférence brillante ou performance foireuse, un portrait déstructuré du spectateur de théâtre

Premier texte théorique d’un homme de théâtre, L’effort d’être spectateur rassemble des prises de positions sur la relation à établir entre la scène et la salle. L’auteur livre avec humour une conférence, seul parmi quelques papiers volants et accessoires. Quelques sons, quelques lumières et des expériences à tenter : comment la voix de l’acteur peut-elle dessiner un espace ? À quoi correspond la toux du spectateur ? Qu’est-ce qu’une performance et une mise en danger de mort sur un plateau ? La nudité est-elle une option ? Il s’agit d’aborder le travail de l’équipe artistique par le prisme de la rencontre avec le public. Le spectateur est avant tout un travailleur de la pensée et de l’imaginaire. L’auteur raconte son expérience, ses ratages, ses aspirations, ses considérations des métiers du spectacle vivant, autour de l’état et de l’effort d’assister à une représentation.

De, mise en scène et interprétation Pierre Notte
Regard extérieur Flore Lefebvre des Noëttes, création lumière Éric Schoenzetter, régie lumière et son Anaïs de Freitas
Texte publié aux éditions Les Solitaires Intempestifs

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Petites Formes 2022 : Poiteaux

— Par Selim Lander —

Suzy et Franck

Une pièce à thèse très réussie : la thèse est démontrée… dans la mesure où elle écarte d’emblée les objections. Ainsi l’affaire Dutroux, exemplaire en ce qu’il s’agit d’un tueur sadique et sans aucun remords et qu’il n’y a pas le moindre doute sur sa culpabilité. Face à l’interrogation évidente – à quoi bon maintenir en prison un individu pareil jusqu’à ce que mort s’en suive ? – l’auteur botte en touche. A partir de là, il est facile de trouver des exemples d’erreurs judiciaires qui ont conduit des innocents à la guillotine ou sur la chaise électrique. D’emblée, le débat de fond est donc écarté : n’y a-t-il pas pourtant un distinguo à faire entre le criminel avéré et celui pour lequel un doute subsiste, aussi minime soit-il ? Il est dommage que le cas Dutroux, si exemplaire, soit ainsi écarté, d’une chiquenaude. Le justification de son enfermement plutôt que son élimination serait-elle l’espoir d’une rédemption ? Ou bien la foi dans une dignité de la personne humaine quelle qu’elle soit ?

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« Les revenants de l’impossible amour », à revoir.

— Par Roland Sabra —

Ne chantez pas la Mort, c’est un sujet morbide
Le mot seul jette un froid, aussitôt qu’il est dit
Les gens du show-business vous prédiront le bide
C’est un sujet tabou… Pour poète maudit
La Mort… La Mort…
Je la chante et, dès lors, miracle des voyelles
Il semble que la Mort est la sœur de l’amour
La Mort qui nous attend, l’amour que l’on appelle
Et si lui ne vient pas, elle viendra toujours
La Mort… La Mort…

Jean-Roger Caussimon

A l’entrée dans la salle, la scène est close, laissant dépasser en bordure quelques miniatures de tombes. En sourdine des chants, des mots, des cris, fusent par instant, incompréhensibles, et quand le rideau se lève il découvre une atmosphère de brumes nocturnes dans laquelle se noient quelques sépultures ornées de gigantesques croix papistes plus ou moins tordues au milieu desquelles on finit par apercevoir un pauvre bougre dépenaillé, armé d’une pelle, fossoyeur supposé, qui se terre et qui soliloque. Il est, Jean-Simon Brutus, une figure de Baron Samedi, à l’origine avec son épouse, Dame Brigitte, de la famille des Guédé, ces incarnations des esprits de la mort dans le vaudou haïtien.

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« Big Shoot » de Koffi Kwahulé

Le 18 mars, 19h au CDST à Saint-Pierre

Même le festival martiniquais des « Petites Formes » a son OFF !

Le CDST, à Saint-Pierre, accueille la pièce BIG SHOOT pour une unique représentation. 

L’auteur, Koffi Kwahulé, originaire de Côte-d’Ivoire, est mondialement connu. Deux de ses pièces, Petite Souillure et Jaz, ont déjà été jouées en Martinique.

Les spectateurs sont donc priés de bien s’accrocher ! S.L.

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Au commencement était l’acteur
Jeux du cirque médiatique où le bourreau se fait artiste et offre à la curiosité malsaine de la société le spectacle de son crime. Interrogatoire poussé, sévices psychologiques de détraqué, folie et sexualité… Tour à tour inquisiteur et tortionnaire, Monsieur invente Stan, sa victime, et fabrique l' »alibi » nécessaire à ses pulsions.

L’espace du théâtre c’est la langue, et la plupart de mes pièces sont écrites pour être jouées sans décor. Seul importe l’univers qu’impose la respiration de la langue. Et l’effigie de l’acteur. Car mon théâtre est avant tout un désir d’acteur ; ce sont eux qui, généralement, font découvrir mes pièces aux metteurs en scène. Et au commencement de Big Shoot est Denis.

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Petites Formes 2022 : Bolivar

— Par Selim Lander —
Les Revenants de l’impossible amour de Faubert Bolivar

L’édition 2022 du festival martiniquais des « Petites Formes » a commencé en fanfare, pourrait-on dire, par la création d’une nouvelle pièce de Faubert Bolivar. « Fanfare » ne doit pas être pris ici au pied de la lettre, même si la musique est très présente et sur le plateau avec deux musiciens (Daniel Dantin et Ghassen Fendri), l’un à la section rythmique, l’autre à la guitare électrique. Le mot est plutôt à prendre au sens plus général de ce qui révèle un éclat particulier. Et de fait, outre la musique, le décor, les costumes, l’aisance des comédiens, tout contribue à faire de cette pièce un spectacle total.

On ne présente plus Faubert Bolivar au public martiniquais. Sa dernière apparition publique date du mois de novembre dernier, lorsque sa pièce Il y aura toujours un dernier soleil fit l’objet d’une lecture publique – remarquée – par Alexandra Déglise /1. Il fit lui-même, naguère, une apparition en personne sur les planches de Tropiques Atrium où on put l’entendre défendre vaillamment des textes poétiques.

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