Catégorie : Arts de la scène

Race[s] : mieux qu’un réquisitoire, une déconstruction!

— Par Roland Sabra —

« Nos paroles nous engagent…
nous devons leur être fidèles.
Mal nommer un objet,
c’est ajouter au malheur de ce monde. »
Albert Camus

« Sacco & Vanzetti » en 2014, « Résister c’est exister » en 2015, François Bourcier est un habitué du Théâtre Aimé Césaire (T.A.C). Il revient cette année avec un « travail en cours » permanent puisque créé en 2012 et sans cesse mis à jour. Race|s] avec la lettre S mise en parenthèses est déjà dans la graphie du titre un questionnement si ce n’est un engagement politique. Accepter le pluriel du mot c’est croire à l’existence d’une pluralité que la réalité scientifique dément. L’espèce humaine est homogène 99,9 %. Et la tendance se confirme, s’accélère comme le remarque Bertrand Jordan, célèbre biologiste moléculaire : « La mondialisation des migrations et des unions va estomper les contours biologiques entre groupes humains.»

Comédien, metteur en scène, François Bourcier est avant tout un humaniste engagé avec fougue et sincérité dans un combat antiraciste sans fin, hélas, et d’une actualité suffisamment exacerbée pour qu’elle renvoie, inévitablement, même si comparaison n’est pas raison, au climat des années trente du siècle dernier.

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« Anatole dans la tourmente du Morne Siphon » d’après le roman de Sabine Andrivon-Milton, m.e.s. Arielle Bloesch

Samedi 19 janvier 2019 19h – Chapiteau à Schœlcher

Scolaire _ le 18 à 9h30 au Chapiteau Lynda Voltat
Anatole est à présent un homme âgé. Il se balance sur sa berceuse, en observant du haut de son Morne Siphon son pays qui se transforme et ces outils qui relient à présent son île à tous les continents. Ces outils qui lui ont permis de recevoir cette lettre qui fait jaillir les larmes sur son visage marqué par le temps et les souvenirs.
Il parle pour que sa mère, du lointain du passé, soit enfin soulagée par cette nouvelle. Il parle tant qu’elle lui revient, Anastasie et avec elle, l’enfant de 12 ans qu’il était, celui qui traversa cette première guerre mondiale en observant ses voisins et en recueillant leurs pensées dans les lettres qu’il écrivait pour eux.
Mère et fils vont faire revivre cette époque, les personnages, leurs histoires, du Morne Siphon, ce morne imaginaire tellement réel. Celle d’Anatole s’est formée avec la lacune d’un deuil jamais apaisé, la disparition de son frère Raymond, son héros parti fièrement au front et jamais revenu.

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Race[s], ou pourquoi l’homme blanc se prend-il toujours pour le maître du monde?

— Par Christian Antourel & Ysa de Saint-Auret —

Pour cette création originale François Bourcier projette un spectacle superbe sensible qui se veut être un témoignage poignant. Race(s)n’et pas un réquisitoire, mais juste une démonstration aussi dérangeante que salutaire.

D’où vient que l’on parle de race(s) quand la science d’aujourd’hui démontre qu’il n’en existe concrètement qu’une seule : la race humaine ? Sur quoi se fonde le racisme quand on sait qu’il a traversé les âges pour aboutir à l’esclavage, au monstrueux nazisme et à  l’holocauste ? Race(s) forme avec « Lettres de délation » et « Résister c’est exister » une trilogie bien ficelée sur le thème toujours renouvelé des rapports humains viciés plus précisément lors de la guerre 1939- 1945. Des hommes célèbres ont traversé les siècles et fait émerger l’idée d’une prétendue supériorité de la race blanche allant jusqu’à justifier l’impensable théorie de l’esclavagisme et l’effrayant antisémitisme jusqu’à la monstruosité la plus abjecte au nom de cette idéologie. C’est précisément cette doctrine que François Bourcier entend explorer  à travers la mise en scène, la scénographie et l’interprétation de ce spectacle, qui approfondit bien plus qu’une simple compilation de textes, de vidéos et d’images, la genèse et les postulats du nazisme.

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« Dernier Rivage » de l’enfant soldat

— Par Selim Lander —

Ouverture du festival des Petites Formes avec cette pièce d’un auteur renommé, Daniel Keene, interprétée par une comédienne aguerrie, la guadeloupo-sénégalaise Nathalie Vairac et mise en scène par Hassane Kassi Kouyaté. On ne regrettera pas sa soirée malgré les réticences qu’on pouvait avoir au départ et qui ne se sont pas totalement dissipées au cours du spectacle. Car l’auteur, australien, relève a priori d’un univers bien éloigné de celui des enfants soldats africains. Nous avons essayé de savoir quels étaient ses rapports éventuels avec l’Afrique, sans obtenir de réponse. Si ces pièces ont été jouées un peu partout dans le monde, il n’est pas clair qu’il ait eu un contact direct avec le « Continent », a fortiori avec des enfants soldats. Or ce thème a déjà été traité, avec quel brio !, par la franco-camerounaise Léonora Miano (Les Aubes écarlates) et avec quelle sincérité par Serge Amisi, né en 1986, qui a publié un extraordinaire témoignage[i] de sa vie d’enfant soldat entre 1997 et 2001, d’abord dans les troupes rwandaises du rebelle Kabila, puis, après la victoire de ce dernier contre Mobutu, dans l’armée régulière de la RDC, soit pendant les deux guerres dites du Congo (1996-1997 et 1998-2002).

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Dernier rivage : du singulier au pluriel

— Par Roland Sabra —

Nathalie Vairac portait sur elle ce texte depuis plus de trois ans. Daniel Keene, l’auteur, lui en avait fait cadeau. Il lui fallait le faire passer en elle. Hassane Kassi Kouyaté a été ce passeur.

Sur scène, une double limitation de l’espace comme un enfermement souligné. Un premier carré, le parc, avec quatre parpaings recouvert de paille, à l’intérieur duquel un tapis définit l’espace d’un logement sommaire fait de cageots et palettes de récupération. Il y a là pour tout mobilier un lit, une chaise, une table de nuit, quelques livres. Elle arrive, tourne dans le parc figuré en courant autour de la boite-maison, se pose, reprend son souffle, s’avance vers le public et pose la question : « Que vous raconter ? Un matin je me suis réveillé(e) et mon père n’était plus là. Un matin je me suis réveillé(e) et tout ce que je connaissais avait disparu. Je me suis réveillé(e) et je n’avais plus de nom. Je me suis réveillé(e) et j’étais dans un autre pays. » En quelques mots est posée une situation d’exil dont Camus dit qu’il « ne déchire pas, il use. 

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« Monika » : un mythe cinématographique

Mercredi 16 janvier 2019 à 19h30. Madiana V.O.

De Ingmar Bergman
Avec Harriet Andersson, Lars Ekborg, John Harryson–
Genre Comédie dramatique
Nationalité Suédois

Synopsis :

Harry, garçon livreur, et Monika, ouvrière dans un magasin d’alimentation, font connaissance dans un bar et vont au cinéma, voir un film intitulé Rêve de femmes. En rentrant dans son appartement misérable, Monika rêve d’évasion et affronte son père alcoolique. Elle part se réfugier chez Harry, mais celui-ci craignant l’arrivée de sa tante préfère passer la nuit avec Monika dans le canot à moteur de son père. Le lendemain Harry arrive encore une fois en retard à son travail et subit les reproches habituels de son patron. Il décide de s’enfuir avec Monika loin de Stockholm. Sur l’île d’Ornö (en), les deux amants mènent une vie sauvage et idyllique. Mais la fin de l’été et le manque d’argent les contraignent à reprendre le chemin de la ville.

Monika est enceinte, Harry l’épouse, mais la tristesse de la vie quotidienne brise l’équilibre du jeune couple. Monika trompe Harry qui, ne supportant pas l’infidélité de son épouse, décide d’élever seul son enfant.

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« SAMO » de Koffi Kwahulé

Jeudi 17 janvier 2019 à 19H- Tropiques-Atrium Entrée libre

Mise en lecture de José Exélis
Avec : Joël Jernidier, Jann Beaudry, Nicolas Lossen (Guitare), Charly Labinsky (Percussions), Alex Bernard (Contrebasse) & Laurent Troudart (Danse)
Mises en lecture en présence des auteurs

Plateau salle Aimé Césaire – ENTRÉE LIBRE

En partenariat avec Etc_Caraïbe (Écritures Théâtrales Contemporaines en Caraïbe) – Association d’auteurs

Lire aussi :

« SAMO, A tribute to Basquiat » : une rhapsodie théâtrale — par Roland Sabra —

« Samo, a Tribute to Basquiat », cérémonie funèbre — Par Selim Lander —

Né à Abengourou (Côte d’Ivoire) en 1956. Dramaturge et romancier, il s’est formé à l’Institut national des arts d’Abidjan, à l’école de la rue Blanche (Ensatt) et à l’université de Paris 3 – Sorbonne nouvelle où il a obtenu un doctorat d’études théâtrales. Il est l’auteur d’une trentaine de pièces, publiées aux éditions Théâtrales, Lansman, Actes Sud-Papiers et Acoria, traduites dans plusieurs langues et créées en Europe, en Afrique, en Amérique latine, aux États-Unis, au Canada et au Japon.
Ses œuvres ont fait l’objet de maintes mises en scène dont les plus récentes sont notamment : Nema, par Katarzyna Deszcz (Teatr Nowy de Zabrze, 2018) ; Blue-S-cat (Ariza), par Kemal Aydogan (Moda Sahnesi d’Istanbul, 2018) et par Kzutoshi Inagaki (Kissa Sadaiki de Tokyo, 2014) ; Jaz, par Alexandre Zeff (Chapelle du Verbe incarné d’Avignon, 2017) ; Cette vieille magie noire, par Mahamadou Tindano (CITO de Ouagadougou, 2017) ; Fidelio (Beethoven-Beckett-Kwahulé), par Tilman Knabe (Theater Trier, 2015) ; L’Odeur des arbres, par Isabelle Pousseur (Théâtre Océan-Nord de Bruxelles, 2015) ; Misterioso-119, par Cédric Dorier (Théâtre Vidy-Lausanne, 2014) et par Laurence Renn Penel (Théâtre de la Tempête de Paris, 2014) ; La Mélancolie des barbares, par Sébastien Bournac (Scène nationale d’Albi, 2013) ; Le Jour où Ti’zac enjamba la peur, par Luc Rosello (jardin de l’État de Saint-Denis de la Réunion, 2011) ; Bintou, par Boris Schoemann (Teatro del Estado de Xalapa, Mexique, 2011) et par David Mendizabal (Harlem School of The Arts, New York, 2010).

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« Stéphanie St-Clair, reine de Harlem » d’après le roman de Raphaël Confiant, m.e.s.Nicole Dogué

Vendredi 18 janvier 2019 à 20h – Tropiques-Atrium

Ce spectacle se veut une interrogation sur la question de l’exil et de l’identité. C’est un récit à une voix, adapté pour la première fois au théâtre. Il s’inspire de l’histoire vraie de Stéphanie Saint-Clair, femme gangster antillaise immigrée aux états-Unis au début des années 1910. Partie de rien, on assiste à l’ascension de Stéphanie Saint-Clair, au combat qu’elle mène pour échapper à sa condition de femme noire, fluette, étrangère et pauvre. Des handicaps qu’elle va transformer en forces pour affronter, avec un courage « hors norme » la pègre noire, la mafia blanche et la police new-yorkaise. Elle fonde son propre gang et devient la reine de la loterie clandestine de Harlem. Stéphanie Saint-Clair, en dépit des moyens qu’elle utilise, incarne cet idéal créole de «  femme-debout».

Présentation  du livre de Raphaël Confiant:

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Kalatuka Republik : superbe !

— Par Selim Lander —

Surprenante, étonnante plutôt, au sens premier du tonnerre qui tonne, cette pièce de Serge Aimé Coulibaly d’origine burkinabé, inspirée par le grand musicien nigérian Fela Kuti, qui a déjà beaucoup tourné (par exemple dans le In d’Avignon en 2017) et s’est couverte d’éloge, est un beau cadeau de Nouvel An de Tropiques Atrium-Scène Nationale aux Martiniquais. Ils sont sept, ou plutôt six, trois danseurs et trois danseuses, cinq Noirs et une Blanche, avec en sus le chorégraphe originaire du Burkina Faso, souvent présent sur le plateau, trois couples donc que l’on verra tous les trois en action dans un tableau final particulièrement frappant, lorsqu’ils quitteront le plateau et disparaîtront en haut des gradins, chaque danseur portant sa partenaire.

Après un prologue un peu trop long, sans doute, l’entrée en scène de Coulibaly bouleverse l’ordre quelque peu mécanique qui s’est instauré. Le chorégraphe qui fait mine de partager les rôles – comme si chacun ne savait pas déjà parfaitement ce qu’il doit faire – fournit une sorte de contrepoint aux déplacements des danseurs. A partir de là, la pièce se déroule sans un temps mort, sans un instant de répit pour le spectateur en raison d’une chorégraphie que l’on pourrait dire « déconstruite », les danseurs jouant le plus souvent en solo dans un désordre organisé, les parties à deux, quatre ou six étant l’exception.

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« L’empire de la honte » de Jean Ziegler, m.e.s. Éric Delor

Jeudi 17 janvier 2019 20h Tropiques-Atrium

Il est des ouvrages qui d’emblée vous emballent et puis vous déplacent, vous portent loin de la réalité du monde, loin de tout et de vous-même. Ils vous propulsent dans la fiction, le rêve, l’ailleurs, vers « la distance abstraite ». Ils vous émeuvent, vous bouleversent ou vous font sourire et dans tous les cas vous font réagir.

Et puis, il en est d’autres qui déclenchent aussi un choc mais par une voie radicalement opposée. Ceux-là, au contraire, vous invitent à être attentifs à la vie vraie, la vôtre et celle du monde dont vous êtes copropriétaire et gardien.

Ils vous somment de cesser de rêver ou croire, et d’ouvrir grands vos yeux, vos oreilles, votre esprit et votre coeur. Ils vous invitent à rester en éveil, à questionner, bousculer votre humanité assoupie afin de régénérer sa capacité à s’indigner, voire à se rebeller. Le livre L’empire de la honte de Jean Ziegler est de ceux-là.

Jean Ziegler, L’empire de la honte, Fayard, Paris 2005.

par Karine Peschard ()

L’empire de la honte, le dernier livre de Jean Ziegler, est un véritable réquisitoire contre la dette.

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« Kalakuta Republik » : tout ce qui brille (Fela Kuti), n’est pas d’or !

— Par Roland Sabra —

Comme une épiphanie « All that glitters is not gold » est la dernière phrase qui s’affiche en fond de scène à la fin de «  Kalakuta Republik » la superbe chorégraphie de la  Cie Serge Aimé Coulibaly. Sur le plateau un désordre de chaises renversées dans la dévastation figurée d’un naufrage pluridimensionnel. Il y a ce blanchiment de l’espace et des objets qui transpirent par ce fait leur origine, il y a ce chef de troupe, la moitié du visage couverte d’un masque de pierrot lunaire, seul, désespérément seul, il y a des corps désarticulés et épars se défaisant de leurs oripeaux, à jamais perdus comme une illustration à la Durkheim de l’anomie. Le chorégraphe et danseur le criait et le répétait lancinant il y a peu sur le plateau :« Nous avons peur, peur de nous battre pour la justice, pour la liberté, pour le bonheur ». Et pourtant tout avait commencé dans un ordonnancement régi par un maître de cérémonie reconnu et adulé, objet vingt ans après sa mort d’une vénération sans bornes.

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« Dernier rivage » de Daniel Keene, m.e.s. Hassane Kassi Kouyaté

Mardi 15 janvier 19h – Chapiteau- Tropiques-Atrium

Création
Le monologue d’un exilé aux poches trouées, qui se cherche une identité. Comment trouver sa place dans un monde où ce qu’on possède nous définit ? Les souvenirs de guerre se mêlent aux bruits de la rue et à l’imagination.  Les paroles de musique comme un refrain bien connu ponctuent cette pièce qui questionne notre humanité.
Mise en scène & Scénographie : Hassane Kassi Kouyaté
Interprétation : Nathalie Vairac
Costumes : Anuncia Blas
Coproduction : Tropiques Atrium Scène nationale & Cie Deux Temps Trois Mouvements
Cie de la Lune Nouvelle
Création

Lire un extrait :

« Nul au monde n’est inintéressant.
Un destin, c’est l’histoire d’un monde.
Chaque monde a son goût, sa spécificité,
et aucun autre ne lui ressemble.
Et l’homme qui a vécu dans l’ombre,
avec cette ombre nouant amitié,
celui-là, son peu d’intérêt même
parmi les hommes a fait son intérêt.

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Race[s] de François Bourcier

17, 18, & 19 janvier 2019 à 19 h 30 au T.A.C.

Un spectacle conçu par François Bourcier d’après des textes et documents authentiques

Mise en scène, Scénographie et Interprétation François Bourcier assisté de Pauline Corvellec
Poèmes Anne de Commines
Lumière Romain Grenier
Son Philippe Latron
Costumes Jacqueline Boaz
Vidéos THP
Photos Émilie GÉNAÉDIG

Un spectacle conférence
La scénographie reproduit les conditions d’une conférence, ce qui permet d’adapter et de rendre le spectacle accessible à des lieux peu équipés ou autres que des salles de spectacles (amphithéâtres universitaires, salles polyvalentes…). Alors qu’aujourd’hui ces théories racistes ressurgissent dans l’économie et la politique, il nous semble urgent de sortir ce spectacle de son espace habituel et d’aller à la rencontre de tous les publics.
L’adresse directe aux spectateurs, l’incarnation des personnages historiques et l’utilisation d’images et de vidéos donnent vie à des explications théoriques habituellement réservées aux spécialistes et apportent des éléments de compréhension.
Autour du spectacle Depuis dix ans, la Compagnie Théorème de Planck propose des spectacles qui développent des périodes historiques ou liées à l’histoire, aussi bien en tout public qu’en public scolaire.

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« La Saveur des ramen » : un film côté cuisine et côté cœur

— par Janine Bailly — 

D’un pays à l’autre, d’une famille à l’autre, d’une cuisine à l’autre. De la mélancolie au sourire retrouvé. Ainsi se tisse le chemin de Masato, jeune chef de Ramen auprès d’un père veuf et dépressif, et qui à la mort de ce dernier quitte le Japon. Mettant ainsi ses pas dans ceux de ce père parti autrefois à Singapour, où l’attendait celle qui deviendrait son épouse ; accomplissant ce voyage de retour vers le pays natal que jamais sa mère, exilée par amour au Japon après son mariage, la naissance de l’enfant, et le rejet par sa propre mère, n’eut l’heur de réaliser. 

À Singapour, Masato retrouve  un oncle maternel, qui l’accueille et le guide vers une grand-mère acariâtre, confite dans ses rancœurs, et qui n’a pas pardonné la “mésalliance” de sa fille avec un Japonais, parce qu’en lui elle voyait l’occupant sanguinaire d’une époque révolue. Là, Masato apprend l’art de confectionner le bak kut teh, “un consommé de côtes de porc cuit à feu doux avec un mélange d’herbes chinoises et d’épices”. Et retrouve enfin la saveur de ces plats maternels, qu’en vain il essayait de reconstituer, saveur de bouche et réminiscence de l’enfance perdue.

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Délices d’Asie : « La Saveur des ramen »

— Par Selim Lander —

On parle de la gastronomie à la française qui serait même un patrimoine de l’humanité. Force est de reconnaître que – quoi que nous en pensions – notre cuisine tient bien moins de place dans notre imaginaire que chez les Asiatiques, particulièrement les Japonais qui lui consacrent romans (e.g. Le Restaurant de l’amour retrouvé d’Ito Ogawa), mangas (e.g. Le Gourmet solitaire de Jiro Taniguchi et Masayuki Kusumi) et films (e.g. Les Délices de Tokyo de Naomi Kawase). Voici maintenant La Saveur des ramen du Singapourien Eric Khoo. Il faut peut-être préciser ici que les Asiatiques en général ont une tradition de la « gargote » (« petit cabaret où l’on donne à manger à bas prix » suivant mon Littré) bien plus développée que chez nous qui sommes encore marqués par la tradition de la « gamelle » pour les ouvriers, ou du déjeuner à la maison pour les petits bourgeois. Rien de tel en Asie où il est habituel de prendre son repas de midi (voire du soir pour les célibataires) dans la rue ou dans un modeste restaurant.

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« Diamantino », de Gabriel Abrantes, Daniel Schmidt

Jeudi 10 janvier 2019 à 19h 30. V.O. Madiana

Avec Carloto Cotta, Cleo Tavares, Anabela Moreira
Genre Comédie
Nationalités Portugais, Français, Brésilien

Synopsis :
Magnifique, candide et attachant, Diamantino est l’icône planétaire du football, un héros flamboyant touché par la grâce. Quand soudain, en pleine Coupe du Monde, son génie s’envole dans les vapeurs roses de ses visions magiques, sa carrière est stoppée net. Problème : il ne connaît rien d’autre.
La star déchue, devenue objet de risée nationale, découvre alors le monde – les autres. Le voilà embarqué dans maintes péripéties qui mutent en odyssée : conspiration familiale (ses deux soeurs n’en veulent qu’à sa fortune), manipulations génétiques
délirantes, crise des réfugiés, complotisme de l’extrême-droite… Et, au beau milieu de cette tragédie, où son chat semble être son dernier supporter, pourtant, surgit l’Amour. Le vrai. C’était écrit.

La presse en parle :

Madinin’Art par Janine Bailly

Certains y voient un opus ennuyeux […] D’autres portent au pinacle un film-ovni, novateur, différent de tout ce qu’on a déjà pu voir, qui entrelace volontairement les genres et les traitements de l’image […] Je resterai donc dans un juste entre-deux…

Les Inrockuptibles par Bruno Deruisseau
Taillé dans le maelström du monde contemporain, « Diamantino » est un pur film pop, c’est-à-dire une oeuvre dont la sophistication est mise au service de la préhension du réel pour tous.

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Festival des petites formes du 15 au 27 janvier 2019

Festival des petites formes du 15 au 27 janvier 2018
Pass 50 € : 3 spectacles en Salle Frantz Fanon = 1 invitation Chapiteau

Télécharger le programme en pdf

« Dernier rivage » de Daniel Keene, m.e.s. Hassane Kassi Kouyaté
Mardi 15 janvier 2019 -19h –
Chapiteau Ex Espace Osenat à Schœlcher

Création
Le monologue d’un exilé aux poches trouées, qui se cherche une identité. Comment trouver sa place dans un monde où ce qu’on possède nous définit ? Les souvenirs de guerre se mêlent aux bruits de la rue et à l’imagination.  Les paroles de musique comme un refrain bien connu ponctuent cette pièce qui questionne notre humanité.
Mise en scène & Scénographie : Hassane Kassi Kouyaté
Interprétation : Nathalie Vairac
Costumes : Anuncia Blas
Création lumière & Régie générale : Jean-Pierre Népost
Construction décors : Tony Raynaud & William Vahala
Production : Cie de La Lune Nouvelle
Coproduction : Tropiques Atrium Scène nationale & Cie Deux Temps Trois Mouvements Avec le soutien de l’Institut français de Daka

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L’Empire de la Perfection

Mercredi 09  janvier 2019 à 19h30 Madiana V.O.

De Julien Faraut
Avec John McEnroe, Yvan Lendl, Mathieu Amalric
Genre Documentaire
Nationalité Français
Synopsis :

Le cinéma ment, pas le sport… Au début des années 80, le tennisman John McEnroe est copié dans toutes les écoles, étudié sous toutes les coutures, filmé sous tous les angles. Roland Garros 84 : il a tutoyé la perfection, et pourtant…

La presse en parle :

Cahiers du Cinéma par Stéphane Delorme
Cette fascinante étude de caractère nous fait entrer dans l’esprit du génie : à savoir une sublimation incompréhensible de contradictions.

Critikat.com par Thomas Choury
Le film garde une étonnante limpidité, digressant avec aisance le long de sa forme spiralée partie de John McEnroe pour revenir vers lui en ayant, entre temps, décomposé les mouvements, diffracté le temps et exploré la psyché.

Culturopoing.com par Xanaé Bove
Plus encore qu’un film sur les courts de tennis, le brillant documentaire de Julien Faraut est un cours magistral de cinéma.

La Croix par Jean-Claude Raspiengeas
Exhumant des images oubliées, Julien Faraut réalise un film prodigieux sur la science fulgurante et le comportement erratique de ce tennisman d’exception.

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Miraï, ma petite sœur – Diamantino : des films pour renaître

— par Janine Bailly —

Quand tu vas au cinéma, tu peux te laisser bercer par le défilement des images, te satisfaire de l’histoire qui au premier degré t’est racontée. Tu peux aussi, spectateur actif, chercher ce qui se cache derrière ces images, et que le réalisateur n’a pas choisi de te délivrer trop crûment. Pas à pas tu construis toi-même le sens. Petit Poucet des salles obscures, tu suis les cailloux semés sur le chemin, et qui te mènent au cœur même du propos. Le film alors te délivre sa « substantifique moelle » ! Il en va ainsi de deux productions récentes, vues en séance VO, l’une proposée par Madiana, l’autre par Tropiques-Atrium, l’une japonaise, l’autre luso-américaine, l’une traitée en dessin animé, l’autre sous la forme habituelle. Toutes deux présentes à Cannes 2018, lune à La Quinzaine des Réalisateurs, l’autre à La Semaine de la Critique.

« Miraï, ma petite sœur », du Japonais Mamoru Hosoda, est ciselé comme un petit bijou, chaque dessin si minutieusement réalisé que les personnages acquièrent sur l’écran une véritable profondeur, et qu’on se laisse attendrir par l’histoire de Kun, ce petit garçon dont la vie est troublée par la venue au sein de la famille d’un bébé, la petite sœur, nouvel objet de l’affection et de l’attention parentales.

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La saveur des Ramen

Dimanche 13 et mardi 15 janvier 2019 à 19h 30 Madiana V.O.

De Eric Khoo
Avec Takumi Saitoh, Jeanette Aw Ee-Ping, Mark Lee (III)
Genre Drame
Nationalités Japonais, Singapourien, Français

Synopsis :

Masato, jeune chef de Ramen au Japon, a toujours rêvé de partir à Singapour pour retrouver le goût des plats que lui cuisinait sa mère quand il était enfant. Alors qu’il entreprend le voyage culinaire d’une vie, il découvre des secrets familiaux profondément enfouis. Trouvera-t-il la recette pour réconcilier les souvenirs du passé ?

La presse en parle :

 Ouest France par Gilles Kerdreux
(…) un très joli film sur l’héritage, la résilience de la guerre, les secrets de famille mais aussi le goût comme vecteur essentiel de la mémoire.

Télé Loisirs par Gwénola Trouillard
Dans « La Saveur des Ramen » d’Eric Khoo, la cuisine c’est la vie ! Et ce plat de nouilles japonais traditionnel devient la recette, sinon du bonheur, du moins de la réconciliation avec le passé. Joyau de délicatesse qui met les papilles en émoi, ce film s’attache au pas de Masato, interprété par Takumi Saito, célèbre acteur et chanteur pop japonais.

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Golden Globes 2019 : «Bohemian Rhapsody», «Roma» et «Green book» récompensés

«Roma» faisait partie des favoris. «A star is born», attendu parmi les primés ne repart qu’avec un titre.

Trois films sortent du lot parmi les gagnants des Golden Globes 2019. Lors de la cérémonie qui s’est tenue dimanche soir (dans la nuit de dimanche à ce lundi, heure de Paris), à Beverly Hills (Etats-Unis), «Bohemian Rhapsody», «Roma» et «Green Book» se sont particulièrement distingués.

«Bohemian Rhapsody», film biographique sur le chanteur Freddie Mercury du groupe Queen, décroche le titre le plus prisé, celui de meilleur film dramatique. L’oeuvre de Bryan Singer est également récompensée pour son interprétation : Rami Malek est sacré meilleur acteur dramatique pour son interprétation du chanteur du groupe anglais.

A l’occasion de cette cérémonie de la presse étrangère, et qui sert en quelque sorte de répétition aux prestigieux Oscars, «Bohemian Rhapsody» s’impose notamment devant «A Star is born», de Bradley Cooper, qui retrace l’ascension d’une chanteuse, jouée par Lady Gaga.

Le Golden Globe de la meilleure actrice revient, lui, à Glenn Close. Dans «The Wife» de «Björn Runge», elle incarne l’épouse d’un prix Nobel de littérature qui s’aperçoit qu’elle n’a plus envie de vivre avec lui.

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« Kalakuta Republik » de la Cie Serge Aimé Coulibaly

Samedi 12 janvier 2019 -20h – Tropiques-Atrium

Inspiré par Fela Kuti, l’inventeur nigérian de l’afrobeat, compositeur, saxophoniste, chef d’orchestre et homme politique contestataire, le chorégraphe originaire du Burkina Faso, crée un spectacle dans lequel la politique n’est pas seulement un accent dramaturgique vague. Sept danseurs sur scène, pour des variations infinies de figures et de mouvements comme des métaphores rageuses d’une urgence de vivre… Une réflexion politique qui passe par les corps. Un langage de mouvements marqué par le répertoire traditionnel, par les déhanchés de boîtes de nuit et par le jazz, mais surtout une toute nouvelle danse dont on ne connaît pas d’où elle vient.
La scène fait référence à la fois à notre monde politique et social, au Shrine, lieu mythique et hybride, à la fois temple et boîte de nuit, où Fela Kuti chantait l’espoir et la révolte après avoir prié avec ses spectateurs. Kalakuta Republic était le nom de sa résidence située dans la banlieue de Lagos. Un lieu qu’il considérait comme une république indépendante… Une source d’inspiration pour beaucoup de gens. Serge Aimé Coulibaly marie de manière enivrante musique,
danse et révolution africaine – La Libre Belgique

Serge Aimé Coulibaly
Danseur, chorégraphe belgo-burkinabè, né au Burkina Faso, il mène une carrière internationale dès la création de sa compagnie le Faso Danse Théâtre en 2002.

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« L’emprunt russe » : un don sans retour

— Par Roland Sabra —
Je le confesse . Le jeudi est mon jour de sortie préféré pour le théâtre. Après la relâche du dimanche soir et du lundi, la reprise du mardi et la toujours difficile deuxième, qu’elle soit de la série ou hebdomadaire, le meilleur du travail proposé est souvent là au mitan de la semaine. J’évite le week-end, surtout le samedi, par crainte de croiser un public, en sortie peu habituelle et aux réactions décalées. Et pourtant!
Ce samedi 5 janvier 2019 la Troupe Coméd’île, créée en 2008 par Guillemette Gallet de Saint Aurin et qui fête ses 10 ans cette année m’a fait découvrir, avec bonheur, tout un aspect du théâtre martiniquais que je connaissais peu. Au temps pour moi!

La pièce jouée ce soir-là est la dernière création de Coméd’ile, après Treize à table, J’y suis j’y reste, Pique-nique en ville, Le Noir te va si bien. Cinq pièces en dix ans, voilà déjà une indication sur travail de la troupe, qui se donne donc quinze mois  de répétition avant de se produire. Le délai de gestation ne s’explique pas seulement par le fait qu’il s’agisse d’une troupe exclusivement composée d’amateurs, engagés professionnellement dans d’autres activités parfois fort éloignées de la scène.

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« L’emprunt russe » : succès complet

5 janvier 2019. Foyer de l’Espérance à Foyal

La Compagnie Comed’île a choisi de présenter pour la saison 2018 une pièce originale créée en 1997 par deux auteurs passionnés de théâtre : Dominique Ghesquière et Pascal Chivet.
« L’Emprunt russe  » est en effet une comédie-vaudeville écrite à la fin du vingtième siècle mais on y retrouve tous les ingrédients du vaudeville classique.
Dans la pure tradition des pièces de Labiche, avec ses couplets au lever de rideau et au final, cet « Emprunt Russe » se révèle être l’ «Emprunt Ruse ».

Nous sommes à Paris, en janvier 1910. Belle-Epoque, sans doute, mais bien mauvais temps ! La Seine est en crue, la capitale est inondée, la circulation est difficile ! Un banal ou presque accident de fiacre fait soudain culbuter tout un passé de bourgeois… irréprochables. Si la redingote, la soutane, la robe ou… les chapeaux, dissimulent les apparences, ils n’en intensifient pas moins la caricature de ces personnages. Leurs travers ou leurs faiblesses ont l’âge de l’humanité.

Tout n’est alors qu’apparence et chacun reflète ce qu’il n’est pas.

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À la Cartoucherie, un Canada malade de son passé colonial

Dans « Kanata », spectacle inabouti mais prometteur, le metteur en scène québécois entrecroise les temporalités et les récits.

— Par Joëlle Gayot —
Sur les sièges du Théâtre du Soleil, samedi 15 décembre, les spectateurs de la première représentation de Kanata – Episode I – La Controverse, mis en scène par Robert Lepage, ont trouvé un avertissement les inclinant à la bienveillance : « Ceci est une répétition ! », titrait la feuille imprimée. Répétition ovationnée par le public, même si ce qu’on a vu à la Cartoucherie de Vincennes (et qui sera présenté au Printemps des comédiens, à Montpellier) en était encore, au jour J, au stade des (bonnes) intentions, sans avoir décollé de ce qui ressemblait à une suite de séquences mises bout à bout. Et ce, malgré une certitude : tout est en place dans ce projet pour qu’opère la magie.

Lire l’entretien avec Robert Lepage : « Artistes, qu’avons-nous le droit de faire ? »

Lire la critique de Michèle Bigot :« Kanata » : le résultat n’est pas à la hauteur

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