— Propos recueillis par Nedjma Van Egmond —
La fondatrice du Théâtre du Soleil défend bec et ongles la liberté artistique et appelle à la résistance.
Marianne : Comment avez-vous réagi à l’appel au boycott de la pièce les Suppliantes à la Sorbonne, quelques mois après la polémique autour de Kanata, de Robert Lepage, au Théâtre du Soleil, qui retrace l’histoire du Canada ?
Ariane Mnouchkine : Il faut distinguer ce qui s’est passé autour de ces deux pièces. Kanata a suscité des débats très virulents, et de la part de quelques-uns des violences verbales, mais ni menaces ni violences physiques. Ce sont les réseaux sociaux qui se sont enflammés. Les autochtones, eux, n’ont jamais vraiment demandé l’interdiction de la pièce. Ils réclamaient juste quelque chose d’impossible : que de vrais autochtones jouent le rôle des autochtones au Théâtre du Soleil. Ce fut un débat pénible, éprouvant, mais absolument pas la violence inacceptable que la Sorbonne a pu connaître.
Les mêmes mécanismes de pensée ont conduit à ces deux événements…
Évidemment, c’est la même idéologie. Une idéologie encore plus prégnante, violente, totalitaire et à eet de censure dans les pays anglo-saxons.