Catégorie : Arts de la scène

« Le Comte de Monte-Cristo », un film de Matthieu Delaporte & Alexandre De La Patellière

À Madiana
Genre :Aventure, Historique 2h 58min
Avec : Pierre Niney, Bastien Bouillon, Anaïs Demoustier
Synopsis :
Victime d’un complot, le jeune Edmond Dantès est arrêté le jour de son mariage pour un crime qu’il n’a pas commis. Après quatorze ans de détention au château d’If, il parvient à s’évader. Devenu immensément riche, il revient sous l’identité du comte de Monte-Cristo pour se venger des trois hommes qui l’ont trahi.

La presse en parle :
La Voix du Nord par Christophe Caron
Absolue réussite que cette nouvelle adaptation du roman d’Alexandre Dumas, par ceux qui ont écrit Les Trois Mousquetaires (2023). Récit de vengeance universel et populaire auquel les comédiens, Pierre Niney en tête, donnent une vraie ampleur dramaturgique.

Le Parisien par Catherine Balle
Le film dure presque trois heures, mais au fil de cette intrigue foisonnante, la tension ne redescend jamais. Autour d’un Pierre Niney exceptionnel en acteur caméléon, Bastien Bouillon, Anaïs Demoustier, Laurent Lafitte ou Patrick Mille sont formidables et Anamaria Vartolomei totalement magnétique.

Paris Match par Christophe Carrière
Autant de libertés qui insufflent une modernité inédite au récit, enrichie par des comédiens plus charismatiques les uns que les autres.

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« Humour Ô Féminin »

22 & 23 juillet au Grand Carbet de Fort-de-France à 20h

Depuis sa création en 2014, l’association Bik Kreasyon s’attache à valoriser l’humour antillais, en particulier guadeloupéen. Elle a également fondé le seul café-théâtre de Guadeloupe. Chaque premier mercredi du mois, la scène du Comik Kréyol Show é lé zanmi accueille aussi bien de jeunes comédiens, parfois lycéens, que des grands noms de l’humour.

La troupe du Comik Kréyol Show ne se limite pas à la Guadeloupe. Elle se produit également en Martinique, à Saint-Barthélemy, en Guyane, en France métropolitaine, et partage la scène avec des artistes renommés comme Jamel Debbouze et Anne Roumanoff. Bik Kreasyon organise aussi des événements annuels majeurs tels que le 30 Décembre du Rire et Humour Ô Féminin.

En 2019, face à la nette différence entre le nombre de femmes pratiquant le théâtre et celles visibles sur scène, le Président de Bik Kreasyon a eu l’idée de créer un festival exclusivement féminin. L’objectif de cet événement est de mettre en lumière les talents féminins souvent méconnus du grand public. La première édition d’Humour Ô Féminin s’est tenue les 22 et 23 mars 2019 au centre culturel de Sonis.

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« Habana Fénix » : une ode à la renaissance et à la résilience

Lundi 15 et Mardi 16 juillet à 19h30 au Grand Carbet du Parc Aimé Césaire

Le spectacle « Habana Fénix » incarne la renaissance quotidienne, tel l’oiseau mythologique, et rend hommage à la capitale cubaine ainsi qu’à l’inoubliable historien de la ville, Eusebio Leal (1942-2020). La phrase d’Eusebio Leal, « Je l’ai vue émerger des ruines et s’élever comme un phénix, » dédiée à la directrice de la troupe de danse, a inspiré la première mondiale de cette pièce.

Lizt Alfonso, la directrice artistique, a chois une mise en scène innovante et pleine de surprises. Les danseurs se métamorphosent en bâtisseurs-restaurateurs du centre historique de La Havane, symbolisant ceux qui, jour après jour, maintiennent le rêve de la ville en vie. À travers des images et des scènes vibrantes, le spectacle tisse un récit allant de l’ADN culturel cubain, influencé par l’Espagne et l’Afrique, jusqu’à des mondes parallèles reflétant différentes époques de l’histoire du pays.

Depuis sa dernière première en 2017, la compagnie Lizt Alfonso Dance Cuba (LADC) a été interrompue par la pandémie de Covid-19, ce qui a retardé la création de « Habana Fénix », débutée en 2019.

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Murmuration – Sadeck Berrabah au 53ème Festival Culturel de Fort-de-France !

— Par Hélène Lemoine —

Tropiques-Atrium accueille « Murmuration », la nouvelle création de Sadeck Berrabah. Ce chorégraphe, qui a conquis des millions de spectateurs sur les réseaux sociaux, arrive avec une troupe de 40 danseurs pour un spectacle revisité.

Une carrière fulgurante

Sadeck Berrabah, ancien maçon et plombier, s’est rapidement imposé sur la scène de la danse contemporaine. Dès 2017, il fait sensation avec la publication de sa vidéo « Géométrie variable », qui devient virale et le propulse sous les feux des projecteurs. En 2021, il atteint la finale de l’émission « La France a un incroyable talent », augmentant encore sa notoriété. Collaborant avec des artistes de renom tels que Shakira, Chris Brown et les Black Eyed Peas, il participe également à des événements internationaux prestigieux, notamment les Grammy Awards, les Victoires de la Musique et les Jeux Olympiques de Paris 2024.

Un spectacle revisité

Après le succès de sa tournée des Zéniths de France, qui a attiré plus de 150 000 spectateurs, Sadeck Berrabah propose une version enrichie de « Murmuration ». Ce spectacle allie des chorégraphies iconiques à de nouvelles créations, promettant une expérience unique aux spectateurs.

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Sur les écrans, MARIA, de Jessica Palud

Au cinéma, l’ère des biopics et des réalités fictionnées

— Par Janine Bailly —

Il semblerait que, par les temps qui courent, un certain nombre de réalisateurs un tantinet en manque d’inspiration puisent, à d’autres sources qu’imaginaires et personnelles, le sujet de leurs films. Si le phénomène a toujours existé, il me paraît prendre de l’ampleur, qu’il s’agisse d’adapter un roman à succès – devenu classique ou se tenant en vogue –, de traiter d’événements qui marquent l’époque et défraient la chronique, de faire vivre enfin dans ce que l’on nommera “biopic” un personnage, mort ou vif, présentant plus ou moins d’intérêt pour le spectateur que nous sommes. Dans un autre domaine, on connaît depuis longtemps l’habileté des cinéastes américains à mettre en scène les malversations diverses, les affaires et scandales politiques, sociaux, voire écologiques, sous forme d’enquêtes plus particulièrement. On sait aussi que la grande Histoire, passée ou actuelle, est sous tous les cieux un réservoir où trouver des scénarios, plus ou moins fidèles, plus ou moins fictionnés, susceptibles de toucher un large public. Un genre nouveau, hybride, le docu-fiction – d’abord télévisuel, reconstitution de faits réels mêlant images de synthèse, scènes jouées pas des acteurs, archives et documents authentiques –  est adopté aussi par par un nombre croissant de cinéastes.

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« Lieux Communs », texte & m.e.s. Baptiste Amann

— Par Michèle Bigot —

En forme de préambule, le fronton de la scène affiche ce superbe avertissement: « Ceci est la reconstitution très réelle d’événements absolument fictifs, décrivant les trajectoires de personnages absolument fictifs, par la médiation d’acteur.rices bien réel.les qui ont accepté, à partir d’éléments absolument fictifs, de restituer dans le réel les vérités absolument fictives de chacun.unes d’entre elleeux. »

Pour alambiquée qu’elle paraisse cette maxime est la définition la plus rigoureuse de la représentation théâtrale. Nous voilà avertis. Tout le jeu va reposer sur la dialectique entre fiction et réel. S’il est vrai que la fiction est une modalité du réel, le vrai est souvent plus du côté de celle-là que de celui-ci.

Ce jeu acrobatique de la représentation prend ici la forme d’un thriller en trois parties: il s’agit donc d’une enquête, c’est-à-dire d’une recherche et d’une reconstitution problématique. Tout tourne autour d’un crime : un homme a tué une femme. Le contraire nous aurait étonnés. Ni le criminel ni la victime ne seront présents du scène: la victime pour des raisons évidentes, puisque son crime l’efface de l’espace et le criminel parce qu’on ignore qui il est .

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« Il n’y a pas de Ajar », texte de Delphine Horvilleur, m.e.s. Johanna Nizard et Arnaud Aldigé, jeu: Johanna Nizard

— Par Michèle Bigot —

C’est un monologue, une charge contre l’identité que Delphine Horvilleur publie en 2022. Il est plus que jamais d’actualité aujourd’hui alors que les « identitaires » menacent de prendre le pouvoir. Identitaires que l’on ne trouve pas seulement à l’extrême droite, quoique ce soit leur terreau naturel. « Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part » font florès aujourd’hui, comme ceux qui croient dur comme fer être quelqu’un, un seul et unique quelqu’un, que les thérapies douces et la spiritualité new age californienne nous inviteraenit à retrouver, à cultiver. Que ces idéologies soient funestes autant que risibles, ça ne fait aucun doute.
Delphine Horvilleur appuie sa démonstration sur l’exemple de caméléon qu’a fourni Romain Gary avant de disparaître. Fiction littéraire, double de papier savamment entretenu, supercherie d’écriture, autant de figure de la multiplicité de l’être et Emile Ajar est là pour nosu le rappeler. Delphine horvilleur en rajoute une couche en imaginant un fils pour Emile Ajar, Abraham Ajar, fils d’un père ficitf , enfant d’un livre. elle va chercher dans les textes de la tradition juive l’aliment de cette philosophie du manque et de la pluralité: on reconnaît ici la philosophie de Marc-Alain Ouaknin, précieuse pour les temps qui nous attendent.

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« Exit » adaptation de Karine Dubernet et Benjamin Gautier, d’après le documentaire de Fernand Malgar, m.e.s. Charles Templon

— Par Michèle Bigot —

Voici un spectacle original et courageux qui relève d’une thématique difficile et éminemment contemporaine: le suicide assisté. L’assemblée nationale était en pleine discussion sur le projet de loi ouvrant enfin une perspective d’espoir à ce sujet quand est arrivée la dissolution. Dès lors il est à craindre que le projet passe aux oubliettes, surtout si l’extrême-droite arrive au pouvoir de façon imminente. D’autant plus nécessaire paraît cette proposition théâtrale, qui a vu le jour au moment où la convention citoyenne s’était prononcée en faveur de l’euthanasie et du suicide assisté. Que de recul en quelques mois!

Charles Templon, le metteur en scène s’empare du sujet après avoir vu le documentaire de Fernand Melgar Exit. Totu le travail d’adaptation théâtrale reste à faire, qui implique remaniement du texte, coupes choisies, montage inédit, distribution des rôles aux acteurs, scénographie, bref une véritable mise en scène de théâtre. On est en droit de se demander pourquoi faire un tel travail quand le documentaire pouvait suffire à faire le tour de la question. La réponse est apportée par le metteur en scène lui-même.

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« Débrouya », un film de Thaizen Ringuet, Hector Pindard

À Madiana  dès le 5 juillet à 19h

Avec Adams M’Backé, Emmanuella Laloi, Philippine Château
Durée : 1h 32min – Thriller D
Synopsis : Tyler, jeune guyanais, vivant dans la précarité aux côtés de ses deux sœurs et de sa mère, assiste à une arrestation dans son quartier. Il hérite d’un sac au contenu suspect juste avant que sa mère lui annonce que son état de santé se dégrade et que seule une opération onéreuse pourrait la sauver du pire. Impuissant face à l’adversité qui ne cesse de s’acharner contre lui, Tyler se résout à commettre l’irréparable. Parviendra-t-il alors à faire le “Débrouya” pour aider sa mère ?
Tawara production : Tawara production, c’est six ans d’existence, deux longs métrages, sept courts-métrages et une trentaine de vidéos. Dans le futur, la structure souhaiterait créer un studio de cinéma qui permettrait de produire des sitcoms de manière régulière. Une manière de valoriser la manière d’être des Guyanais.

Une ode à la Guyane

L’histoire de « Débrouya » reflète une réalité guyanaise où la fiction et la réalité se rencontrent, rendant le cinéma plus tangible.

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« Le journal d’un fou », de Nikolaï Gogol, adaptation et m.e.s. Ronan Rivière

— Par Michèle Bigot —

En dépit du tire, il s’agit moins d’un journal que d’une narration au fil des jours de la vie du petit fonctionnaire Pétersbourgeois, Aksenty Ivanovitch Poprichtchine. quoique d’antique noblesse et fier de son sang bleu, Aksenty a tout d’un déclassé., un de ces ronds de cuir dont fourmillent les administrations du XIXèsiècle et pas seulement en Russie: voir chez Balzac ou Maupassant. Le réalisme littéraire raffole de cette triste figure. Mais chez Gogol la figure se teinte d’une dimension métaphysique; il fait sombrer son anti-héros dans la folie . Vivant seule avec sa domestique ( Mavra, une paysanne ukrainienne nostalgique de la vie au village et qui éprouve un secret mépris pour ces hobereaux russes perdus dans le système et fort incultes à ses yeux, déjà!!), Aksenty se voit contrarié dans son ambition comme dans ses amours. La frustration qu’il accumule est telle qu’il finit pas sombrer dans la folie. L’univers parallèle que lui inspire ses bouffées délirantes le protège de sa déception. Il s’y accroche comme au seul remède à sa solitude et à son désespoir.

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« Hécube, pas Hécube », d’après la tragédie d’Euripide, texte et m.e.s. Tiago Rodriuez

— Par Michèle Bigot —

Le texte imaginé par Tiego Rodriguez est une adaptation libre de la tragédie d’Euripide: la répétition de la tragédie antique par la troupe de la Comédie-Française est l’occasion de l’écriture d’une nouvelle tragédie, contemporaine, qui vient s’inscrire entre les lignes du texte d’Euripide. C’est une réplique moderne dans laquelle Nadia, l’interprète d’Hécube (jouée en l’occurrence l’excellente Elsa Lepoivre), apprenant que son fils Otis, atteint de troubles autistiques est l’objet de maltraitance dans l’institution qui l’a pris en charge.

Hécube femme de Priam eut de nombreux enfants dont Hector et Cassandre. Mais ce sont les deux derniers qu’elle perd dans cette tragédie: son dernier fils Polydore avait été confié au roi de thrace, Polymnestor, avec de grands trésors. Polymnestor, le traître fait assassiner Polydore pour lui dérober ses trésors. Hécube trouve le corps de son fils abandonné sur le rivage. Elle s’introduit dans le palais de Polymnestor, lui crève les yeux à l’aide de ses servantes troyennes et assassine ses fils. Elle représente donc une image de la vengeance en action et la question posée par la tragédie est celle de la justice.

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« Un pas de chat sauvage », de Marie Ndiaye, m.e.s. de Blandine Savatier

— Par Michèle Bigot —

Impressionnée et quelque peu déroutée de voir son texte porté sur scène , Marie NDiaye écrit: « Le spectacle somptueux, furieusement féerique de Blandine Savatier m’a mise en présence de ce que je n’avais pas su ni compris en l’écrivant: cette histoire est un télescopage d’apparitions ou, plus précisément de revenantes. » Belle expérience d’extériorité par rapport à son propre texte, résultat de ce qu’on nomme publication. En rendant un texte public , on le lâche dans la société, il a désormais libre cours et fait son chemin loin de l’auteur. Cette extériorisation est décuplée lorsque ce texte est adapté à la scène: miracle de la scénographie, de l’incarnation par des actrices, des chanteuses, éclairé par des lumières , porté par des voix, des effets de rythme, des évolutions chorégraphiées.

L’affaire est complexe et d’un actualité étonnante: Une femme écrivaine, intellectuelle et blanche , double fictionnel de Marie Ndiaye, envisage d’écrire un roman à propos d’une chanteuse cubaine du XIX ème siècle, Maria Martinez. Mais pour ce faire, elle a recours à une femme faisant office d’intermédiaire, Marie Sachs, elle-même chanteuse noire, qui ayant eu vent de l’ambition de l’écrivaine la relance en lui demandant où elle en est de ses recherches.

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« Entrée des artistes », texte & m.e.s. d’Ahmed Madani

— Par Michèle Bigot —

Voici un petit bijou à ne rater sous aucun prétexte. Ceux qui ont eu la chance de voir F(l)ammes et Incandescences retrouveront ici la fête théâtrale qui les a charmés. C’est tout un esprit d’équipe, un vrai travail collectif qui anime le groupe. Ce sont des jeunes issus de tous les milieux et de toutes les régions qui ont été sauvés par le théâtre. Sur les planches, ils ont appris la liberté du corps, la juste expression des voix, le choix mesuré des mots, la danse, la musique, l’exultation des corps délivrés des pesanteurs familiales et sociales. Tous les personnages jouent ensemble cet hymne au théâtre libérateur. A la faveur d’un apprentissage long et exigent, ils se tiennent au bord du quatrième mur, fiers, libres et joyeux. On leur a enseigné que « Se tenir debout sur une scène et faire de son corps, de sa voix, de ses sentiments, le matériau premier de son art n’est pas donné de tout le monde » (dixit Ahmed Madani). Cette authenticité, cette absolue sincérité ne s’obtient certes pas à coup de match d’impro; c’est le fruit d’un intense travail.

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« Dämon. El funeral de Bergman », texte, m.e.s., scénographie, costumes d’ Angelica Liddell

— Par Michèle Bigot —

Angelica Liddell est désormais une habituée du Festival d’Avigon, où elle avait présenté Liebestod. L’odeur du sang ne me quitte pas des yeux et plus récemment Juan Belmonte (histoire du théâtre III). Voici qu’aujourd’hui elle s’empare de l’espace de la Cour d’honneur, gageure qu’elle tient avec succès, quoique occupant la scène à elle seule dans le plus grand dénuement pendant la première moitié du spectacle. Comme dramaturge et comme actrice, cet espace scénique est investi d’une valeur symbolique forte: il est porteur de la mémoire de tous les spectacles qui l’ont précédée depuis la création du festival, mais pour elle il est surtout le lieu de quantité de massacres aussi vieux que la cour papale: « Pour moi, la cour n’est pas un bâtiment. Le gradin est une représentation du monde, mais le château lui-même est l’âme, une âme hantée par les fantômes de la Tour Glacière et les cadavres de l’Inquisition. C’est un lieu de mort, de torture, rongé par des fantômes nés de corps torturés, battus, transpercés, violés, décapités, éviscérés et roués de coups de pied, des fantômes d’une guerre contre la pensée humaine, comme le dit Michelet. 

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La situation difficile des artistes et plasticiens en Martinique

— Par Habdaphai —

Les artistes et plasticiens de Martinique font face à des défis considérables. Malheureusement, la Collectivité Territoriale de Martinique (CTM) semble aggraver leurs difficultés en soutenant minimalement les initiatives de développement et de promotion de l’art contemporain en Martinique. La CTM a créé une galerie école à la tour Lumina, avec des frais de location mensuels élevés – 13 000 euros et plus – pour des projets prestigieux de l’institution CTM et du Campus. Les plasticiens martiniquais se sentent ainsi délaissés et humiliés par le manque de respect pour la culture et l’art contemporain.

Absence de politique culturelle efficace

La Martinique est riche de talents artistiques, mais les politiques culturelles mises en place par la CTM sont inefficaces. Les artistes locaux dénoncent un manque de soutien concret et une mauvaise gestion des fonds publics. Les subventions, bien que conséquentes sur le papier, semblent difficilement accessibles et mal distribuées. Les artistes doivent naviguer dans une bureaucratie complexe, ce qui entrave la réalisation de leurs projets.

Humiliation des artistes locaux

Le sentiment d’humiliation ressenti par les plasticiens est palpable. Ils se sentent invisibles et non reconnus par leurs propres institutions.

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« L’Os à moelle Pierre DAC » un projet imaginé et m.e.s. par Anne-Marie Lazarini

— Par Michèle Bigot —

Le 13 mai 1938 paraît dans les kiosques français un hebdomadaire intitulé L’Os à moelle. Quatre pages, d’apparence sérieuse, mais entièrement dédié au non-sens , « Organe officiel des loufoques » selon son éditorialiste. Absurde, délirant , l’hebdomadaire ne tarde pas à essuyer des critiques acerbes, en un temps où la plaisanterie dérangeait l’esprit de sérieux dont on sait où il a mené la France. Pourtant le succès fut également considérable, 400 000 exemplaires s’arrachent la première semaine. L’hebdomadaire regorge de petites annonces loufoques , d’articles désopilants , de reportages fantaisistes, d’incongruités en tout genre, de maximes à toute épreuve: L’artichaut est la plus nobles conquête de l’homme après l’arrosoir. Pierre Dac se moque de tout et son sens de l’absurde vise à miner l’idéologie fasciste qui menace. Il entre même ouvertement en résistance en raillant Hitler: ainsi cette annonce: On recherche: recherchons mort ou vif le dénommé Adolf, taille 1m.47, cheveux bruns avec une mèche sur le front. Signes particuliers: tend toujours la main, comme pour voir s’il pleut. Signe spécial, le seul le rapprochant un peu d’un être humain: moustache à la Charlot.

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« Le Mythe de Sisyphe », d’après Albert Camus, adaptation et jeu Pierre Martot

— Par Michèle Bigot —

Qu’il est étrange d’assister à une représentation du texte adapté de Camus au lendemain d’un premier tour des élections portant le RN en tête des suffrages et dans l’attente d’un deuxième tour ne promettant guère de lendemains qui chantent. Alors même que ce texte fut écrit en février 1941 au lendemain de la défaite de la France face au nazisme triomphant. Peut-on y puiser quelque espoir?

Oui et non, répondra la critique pondérée. Oui, car cette adaptation est un hymne au théâtre et à l’humanisme en général, en forme de pied-de-nez au totalitarisme qui monte. Pierre Martot qui incarne à merveille la figure de l’homme absurde portant son désespoir et sa révolte en étendard, illuminant notre nuit d’une lucidité vengeresse, portant haut la fierté des humains, laquelle consiste à accepter sa condition en dehors de toute transcendance. En tant qu’homme de théâtre, Camus voit dans l’art dramatique et le jeu des acteurs une parfaite image de l’humaine condition, se résumant au corps qu’il incarne dans sa finitude consentie et même revendiquée. En ce sens Pierre Martot continue et sublime ce message , par son jeu épuré quoique fortement incarné, sa diction claire, sa gestuelle éloquente non moins que par le jeu avec les rythmes et les tonalités.

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« Chimen Milo » à l’Atrium

— Par Selim Lander —

L’association Chimen Milo – soit « sur la trace de Ti Emile », lequel s’était attaché, en son temps, à maintenir les traditions artistiques de la Martinique rurale, Danmié, Kalenda, Bèlè – a présenté samedi 29 juin Mèsi, issu de deux spectacles antérieurs, l’un déjà nommé Mèsi, le second Travay. Ce nouveau Mèsi, très abouti, fait appel à huit danseuses, un danseur, une chanteuse et deux choristes, deux chanteurs dont un au tibwa, deux tambours.

Que ce spectacle étiqueté traditionnel (« pasé wè nou ») qui clôturait la saison 2023-2024 ait rempli la grande salle de Tropiques-Atrium, est la preuve qu’il existe dans le public martiniquais une vraie demande pour tout ce qui peut évoquer la vie d’antan à la campagne. Il ne faut pas oublier, en effet, que la Martinique est restée rurale très longtemps, car s’il y avait bien des usines (sucreries, distilleries) elles étaient installées au plus près des champs de cannes. Ce n’est qu’après la deuxième guerre, à la suite de la départementalisation, avec la généralisation de l’enseignement secondaire, l’extension des droits sociaux et la croissance démesurée du secteur tertiaire que la plus grande partie de la population a quitté les campagnes, ou plus précisément abandonné la condition paysanne.

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Les Lectures du Laminaire

 Tropiques-Atrium Salle Frantz Fanon – 19h30

Mercredi 26 juin 19h 30

À lencre de Mancelunier
Texte : Loran Kristian
Lecture dirigée par Charly Lerandy
Avec : Charly Lerandy et Dominik Lauréat
Dans ce recueil de poésie, « code source de 60 articles dencre de lumière noire », Loran Kristian déploie une parole insulaire et globale, destinée à nommer la singularité plurielle des imaginaires caribéens.

Loran Kristian est un poète martiniquais. Son premier recueil Les mots de silence (K. Éditions) a reçu le prix Carbet de la Caraïbe et du Tout-Monde 2021. Son nouveau texte, À lencre de Mancelunier (Edition Atlantiques déchainés), est paru en 2023.

Jeudi 27 juin 19h 30

Rosanie Soleil!
Texte : Ina Césaire
Mise en lecture : Arielle Bloesch
Avec : Alexandra Déglise, Rita Ravier, Suzy Singa, Caroline Savard
Pièce intimiste sur arrière-fond de drame historique, Rosanie Soleil fait entendre la parole occultée de quatre femmes s’efforçant, pour se protéger l’une l’autre, de passer sous silence leur participation à la révolte qui en 1870 a enflammé le sud de la Martinique.

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L’Autre Bord ouvre un théâtre de poche pour 3 soirées exceptionnelles.

27-28-29 juin 2024 à 19h30 au Murielle Bedot Center au Village de la Poterie aux Trois-Ilets

Après trois dates de l’Atelier de FDF au Théâtre Aimé Césaire, qui ont affiché complet, c’est maintenant aux comédiens amateurs de l’Atelier des Trois-Ilets dirigés par Guillaume Malasné de monter sur scène, ils présentent « Cet Enfant » de Joël Pommerat.

27-28-29 juin 2024 à 19h30 au Murielle Bedot Center au Village de la Poterie aux Trois-Ilets

Tarif unique 15€ / A partir de 14 ans

Informations et billetterie sur www.lautrebordcompagnie.com et facebook / instagram

Lire aussi :

« Cet enfant » : une création de Joêl Pommerat — Par Michèle Bigot —

10ème Rencontre Théâtre Amateur : « Ne croyez, pas que je ne l’aime pas cet enfant » — Par Christian Antourel —

«Ne croyez pas que je ne l’aime pas cet enfant » : du père au pire…— Par Roland Sabra —

 Ne croyez pas, que je ne l’aime pas cet enfant »: la famille, nœud de vipères ? — par Janine Bailly —

« Ma mère […] elle crèvera de voir que je suis capable de faire mieux que ce qu’elle a fait elle pour nous ses enfants. 

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L’art public en péril face aux politiques néolibérales et à l’extrême-droite

— Déclaration des Centres Dramatiques Nationaux —

La crise politique décisive que nous traversons ne tombe pas du ciel. Elle survient au terme d’une lente dégradation des services publics de notre pays, qui a provoqué un sentiment d’abandon et d’injustice dans des couches toujours plus larges de la population, sur lequel l’extrême-droite capitalise aujourd’hui. Cette dégradation relève d’une stratégie au long cours : réduire les moyens accordés au secteur public par différents leviers et, en parallèle, soutenir les offres, arguments et outils d’évaluation émanant du secteur privé et de sa logique de rentabilité ; laisser opérer cette forme discrète et efficace de mise en concurrence, tout en assurant aux citoyen.ne.s qu’on ne détruit rien, qu’on améliore le modèle, qu’on continue d’ailleurs à soutenir les lieux de culture, de soin, d’éducation, de recherche, de solidarité, pendant que s’accélère la mise en rivalité de tous contre tous, l’épuisement des forces, le transfert des compétences et de l’argent vers des intérêts privés. Jusqu’au jour où, la limite étant atteinte, le « dérapage » des comptes publics fait passer les réductions budgétaires pour une douloureuse nécessité.

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Sur les écrans : Rendez-vous avec Pol Pot, de Rithy Panh

Parce que le cinéma est aussi fait pour dénoncer et témoigner, fût-il autre que simple documentaire

–– Par Janine Bailly ––

Rithy Panh, de nationalité franco-cambodgienne, né à Phnom Penh au Cambodge en 1964, est réalisateur, producteur de cinéma, scénariste, monteur, acteur et écrivain. Échappé aux terribles camps de la mort des Khmers Rouges, alors qu’il n’a que quinze ans, il passe par la Thaïlande, arrive en France en 1980, où il étudiera à l’IDEC (après s’être essayé à la menuiserie). Parce que, pendant quatre ans, de 1975 à 1979, il a vécu sous le régime sanguinaire où toute la population était envoyée dans des camps de travail, qu’il a été, encore adolescent, témoin des pires atrocités, il rejette d’abord tout ce qui pourrait lui rappeler le cauchemar qu’il a connu, jusqu’à la langue khmère.

Par chance, et pour notre instruction et édification, Rithy Panh décide bientôt de se consacrer à un lourd et vital travail de mémoire, par l’intercession du cinéma. Artiste engagé, dès 1989 il signe son premier documentaire, Site 2, centré sur les camps de réfugiés cambodgiens au Vietnam.

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Le renouveau du théâtre français : une évolution inattendue

— Par Hélène Lemoine —

Après la crise sanitaire liée au Covid-19 qui a mis à mal le monde du spectacle, le théâtre en France connaît un regain surprenant. Selon l’enquête « Les Français et le théâtre » menée par Médiamétrie et publiée le 20 juin, la fréquentation des théâtres est en hausse. Cette étude révèle que 24 % des internautes interrogés ont assisté à une représentation théâtrale au cours des douze derniers mois, une augmentation notable par rapport aux années précédentes.

Une augmentation de la fréquentation théâtrale

Les Français semblent retrouver le chemin des salles de théâtre. En effet, 12,2 millions de personnes ont déclaré être allées au théâtre l’année dernière, une augmentation de près de 20 % par rapport à l’année précédente. Cette tendance est particulièrement marquée chez les jeunes, une démographie qui s’était éloignée des salles obscures ces dernières années. En moyenne, les spectateurs ont assisté à 6,2 représentations au cours de l’année, un chiffre en hausse par rapport aux précédentes études.

Des thématiques audacieuses plébiscitées

Un aspect notable de cette étude est l’intérêt croissant des spectateurs pour des sujets complexes et parfois controversés.

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Revisiter le mythe du vampire au cinéma

Pour qui aime le genre fantastique : Un Festival au cœur de la forêt vosgienne

–– Par Janine Bailly ––

Cette année, la 31e édition du festival international du film fantastique de Gérardmer s’est déroulée, au cœur de l’hiver, du 24 au 28 janvier 2024. L’écrivain Bernard Werber, spécialiste entre autres choses de science-fiction, y présidait le jury des longs-métrages, et Bernard Minier celui des courts. Bien que n’étant pas “fan” de ce genre cinématographique, l’envie d’en parler ici est sans doute liée au fait que ce festival est original, qu’il a choisi pour cadre un des lieux les plus pittoresques et les plus recherchés de mes Vosges natales, cette petite ville touristique amarrée aux rives d’un mystérieux lac de montagne. Et du fond des eaux sombres, lorsque neige givre et gel enclosent la cité dans sa bulle hivernale, on imagine fort bien sortir des abysses quelque étrange et dangereuse créature, née de l’imagination féconde d’une ou d’un spécialiste du genre.

Or, si « le genre au cinéma c’est une boîte à outils narrative et formelle dans laquelle tu vas piocher », ainsi que le dit Jacques Audiard, il nous est loisible de nous interroger sur le film En attendant la nuit, de Céline Rouzet, qui cette année partage, avec Amelia’s Children de Gabriel Abrantes, le Prix du jury.

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« Re Chicchinella », une fable librement inspirée de Giambattista Basile, m.e.s. d’Emma Dante

Festival des Comédiens Montpellier, 18-19 juin 2024

— Par Michèle Bigot —

Une fois encore, le public français est ravi de recevoir un spectacle d’Emma Dante, dans une production du Piccolo Teatro di Milano. Et, comme ce fut le cas avec les spectacles précédents proposés à Avignon, Bestia di scena, Le Sorelle Macaluso, Misericordia, Pupo di zucchero, elle nous propose un spectacle original, à mi-chemin entre la performance, le ballet, la comédie italienne, l’opéra et le drame shakespearien.

La richesse de ses propositions théâtrales tient au fait qu’Emma Dante est tout à la fois une comédienne, une dramaturge, une réalisatrice et une metteuse en scène d’opéra et de théâtre. Comme ce fut le cas pour ses pièces précédentes, elle tire son inspiration d’un écrivain napolitain du XVIème siècle, Giambattista Basile, auteur d’un Pentamerone et nous livre ici une fable en dialecte napolitain qui met en scène un roi de fantaisie, dont on ne compte plus les titres: Charles III d’Anjou, roi de Sicile et de Naples, prince de Giugliano, comte d’Orléans, vicomte d’Avignon et de Forcalqier, prince de Portici Bellavista, roi d’Albanie, prince de Valence et roi titulaire de Constantinople!

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