Catégorie : Arts de la scène

« Elizabeth Costello », sept leçons et cinq contes moraux, d’après J.M.Coetzee , m.e.s. Krysztof Warlikowski

— Par Michèle Bigot —

J.M. Coetzee est à l’honneur sur les scènes théâtrales cette année. On a déjà eu le plaisir de voir une adaptation de L’Eté de la vie dans Balkony, mise en scène par Krystian Lupa à l’occasion du festival des Comédiens de Montpellier. Le voici de retour chez Warlikowski avec une adaptation de trois textes majeurs: Elizabeth Costello, L’Abattoir de verre et L’Homme ralenti. Parallèlement à ce montage de textes figure une association d’artistes participant à la création théâtrale, Sophie Calle, Philippe Pareno (Anywhere Out of the World). Cette collaboration correspond aux intentions profondes de Warlikowki qui déclare:  » […] je ne me vois plus faire des mises en scène au sens classique du terme, mais mener des projets particuliers, sur le temps long, qui ouvrent le champ du théâtre. » A cet égard, Elizabeth Costello, le texte de Coetzee correspond parfaitement à cette entreprise de déconstruction. En effet, le roman de Coetzee figure une série de conférences prononcées par le personnage éponyme sur des sujets qui lui tiennent à coeur, la question du réalisme, la mise à mort des animaux, éros, enfin la question du mal absolu.

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« Sur les pas de Léonard De Vinci », texte et musique, Estelle Andrea, m.e.s. William Mesguich

Mercredi 24 juillet & Jeudi 25 juillet➽ 19h30 au T.A.C.

Léonard de Vinci, c’est LE génie dans toute sa splendeur.
Peu d’hommes peuvent se targuer d’avoir autant marqué l’Histoire tant d’un point de vue artistique que scientifique.
Obstination et rigueur, telle était sa devise.
Petits et grands, qui n’a pas un jour rêvé de retourner
« Sur les pas de Léonard De Vinci » ?

Synopsis :
Lors d’une de ses visites au Louvre, Lisa, jeune artiste peintre et son frère Léo vont être transportés 500 ans en arrière par l’intrigante Joconde…Ce voyage fantastique et musical en pleine Renaissance italienne va être l’occasion pour eux de rencontrer et côtoyer le grand maître Da Vinci, peintre, sculpteur, inventeur fou, humaniste, précurseur dans de nombreux domaines et rêvant par-dessus tout de faire voler l’homme. Parce que le présent se nourrit de l’héritage du passé et que la transmission est essentielle, Léo et Lisa ne seront plus jamais les mêmes après cette rencontre unique et initiatique.

Envisager un spectacle sur Léonard de Vinci tout juste 500 ans après sa mort (1519-2019) c’est d’abord et avant tout l’occasion unique de rendre hommage à un homme qui n’a jamais cessé d’observer, d’apprendre, de vouloir comprendre et tenter d’améliorer la Vie dans bien des domaines.

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Toumani Diabaté : le roi de la kora, pont entre tradition et modernité

— Par Sarha Fauré —

Un héros de la kora : l’héritage de Toumani Diabaté

Toumani Diabaté, un musicien malien d’exception, a quitté ce monde le vendredi 19 juillet à l’âge de 58 ans, suite à une courte maladie. Sa disparition, annoncée par son fils Sidiki Diabaté sur les réseaux sociaux, a suscité une vague d’émotions et d’hommages dans le monde de la musique africaine et au-delà. Virtuose de la kora, harpe-luth à 21 cordes, Toumani Diabaté était bien plus qu’un musicien : il était un pont entre traditions ancestrales et modernité, un ambassadeur culturel et un maître incontesté de son art.

Un héritage griotique

Né le 10 août 1965 à Bamako, Toumani Diabaté appartenait à une illustre famille de griots, les gardiens de la tradition et de l’histoire orale en Afrique de l’Ouest. Sa mère, Nama Koïta, était chanteuse, tandis que son père, Sidiki Diabaté, fut couronné roi de la kora lors du Festac77 à Lagos. Dès l’âge de cinq ans, Toumani commence à apprendre la kora sous la direction bienveillante de son père et de son grand-père, marquant ainsi le début d’une carrière musicale prodigieuse.

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« Trois contes et quelques », texte Emmanuel Adely, m.e.s. Joël Fesel

— Par Michèle Bigot —

On a vu des spectacles tragiques, d’autres émouvants, d’autres encore poétiques, mais ici on a affaire à un spectacle follement drôle, puissamment drôle, sans rien perdre de sa finesse et de son intelligence. Parfaitement adapté au jardin du musée Angladon.

Vous entrez là le matin de bonne heure, encore à la fraîche (relativement!) et vous êtes accueilli par un petit marquis tout revêtu de velours jaune moutarde, trônant sur son siège Louis XVI, figé dans une attitude impassible, tandis que se déploie à vos pieds un parterre de gazon synthétique d’où sortiront tous les objets nécessaires au spectacle. Bientôt le portail s’ouvre et vous voyez arriver deux gaillards à la Laurel et Hardy (un petit râblé barbu et un grand maigre osseux) perchés sur une sorte de petit véhicule à roulettes, hautement improbable et qui glisse sur ses rails de façon déjà comique.

Le ton est donné, vous allez naviguer entre le grand siècle et l’actualité des VIP les plus populaires, stars des media et rois du pétrole croulant sous les dollars. En plein burlesque, le vrai, le désopilant burlesque, dans la meilleure tradition du théâtre français.

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« Malaise dans la civilisation », texte & m.e.s. Étienne Lepage & Alix Dufresne

Joli pied-de-nez freudien
— Par Michèle Bigot —
Entre pied-de-nez et clin d’œil, l’allusion au texte de Freud publié en 1929 est moins innocente qu’il n’y paraît. Le propos de Freud n’était pas des plus réjouissant. Il y constatait l’impuissance des humains à être heureux, l’omniprésence de la violence, de l’insatisfaction et de la souffrance occupant la plus large partie des émotions. La même thématique va se déployer sur le plateau, mais dans un genre original: c’est le comique, la bouffonnerie et l’absurde qui occupent la scène et les personnages sont désorientés voire parfaitement déjantés. Les quatre comédiens sont à l’unisson, entre dérangement mental et acrobatie de jeu. A la mode québécoise.
Face à vous, sortent du rideau de scène quatre touristes débarqués là par hasard, qui découvrent les lieux, et font mine de retourner se planquer quand ils aperçoivent la masse des spectateurs. Ils découvrent avec stupeur le quatrième mur. Peu à peu, ils vont s’enhardir, explorer les lieux, le plateau, le rideau de scène, prendre contact avec cet étrange public, domestiquer l’espace du théâtre. Ils se testent, ils jouent, ils se délient et au fur et à mesure de leur exploration, c’est une mise en cause et une interrogation vivante de ce mystère que reste une scène théâtrale.

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« Nannetti, le colonel astral », texte, jeu et m.e.s. Gustavo Giacosa

— Par Michèle Bigot —

Voilà une révélation comme on en voit parfois (souvent?) au festival off d’Avignon. Certes ce n’est pas une création pour Avignon, puisque la compagnie SIC12 n’en est pas à son coup d’essai. Elle s’est fait une spécialité de produire sur le plateau les plus fortes manifestations de l’art brut. SIC12 est une plateforme multidisciplinaire installée à Aix-en-Provence qui regroupe une diversité de productions, théâtre, musique, exposition. Ainsi Nannetti, colonel astral s’est déjà produit à la Manufacture d’Aix-en -PRovence, en lien avec l’exposition Ecritures en errance..

Il s’agit d’un long poème musical inspiré des écritures murales réellement effectuées par Oreste Fernando Nannetti sur les murs de l’hopital psychiatrique de Volterra. A l’heure de la promenade, Nannetti grave sur les murs de pierre ses divagations à l’aide de la pointe métallique de la boucle de son gilet, produit un texte sublime, entre rêverie et élaboration poétique. Le quotidien de l’enfermement s’efface alors devant les images cosmiques produites par l’imagination. La vidéo permet de prendre la mesure de ce texte gravé. Le comédien Gustavo Giacosa fait de Nannetti un poète inspiré, un clown solaire, astral (son nez rouge en carton donne le ton).

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« Dé Lannuit Kolé » : conférence dansée du Collectif Tantak

Vendredi 26 juillet à La Maison Rouge à 19h00

Danseurs : Driss IxX, Ludivine Mirre et Isis-Stella Céprika
Synopsis :
Trois corps, trois énergies défendant leur vision de l’être, explorent l’obscurité, un héritage secret. L’ombre, à la fois apaisante et effrayante, inspire l’art, la création, la vérité distante.
Un cheminement, une traversée éphémère, des individualités se rencontrent, se révèlent. Dans les zones d’ombre, des problématiques se dressent, ce qui ne doit, ce qui ne veut être dévoilé, s’exprime en finesse.

Le projet chorégraphique « Dé Lannui Kolé » s’inspire du solo « Clair-Obscur » et explore la liberté  et la cohérence de de nos choix personnels. Cette pièce, interprétée par plusieurs danseurs, cherche à dénoncer les influences négatives extérieures qui tentent de nous détourner de notre propre chemin.

En se déterminant soi-même, on augmente les chances de trouver sa propre lumière. Le spectacle exprime les zones d’ombre qui nous animent et nous construisent presque inconsciemment. Il s’agit de les présenter, de les rendre visibles, de les questionner et de les accepter, car elles font partie intégrante de nous. C’est dans ces zones d’ombre que nous nous définissons de la manière la plus honnête et la plus sincère possible, malgré notre tendance à les refouler pour nous présenter sous un jour plus favorable.

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« Manuela et le boxeur »: un vrai théâtre populaire!

— Par M’A —

C’est dans la rue qui porte son nom, dans le centre culturel qui porte son nom, que l’avant-première de la toute première pièce de théâtre évoquant sa vie a été jouée et saluée par un tonnerre d’applaudissements grandement mérités.

J. José Alpha s’est livré à un long travail d’enquête, multipliant les entretiens avec les proches, relisant les articles de presse locale, française et étrangère, exhumant les archives de la Bibliothèque Schoelcher et les documents de la Fédération Française de Boxe (BoxTime) pour nous proposer « Manuella et le boxeur », « Drame d’inspiration tragique » à propos de la vie de François Pavilla. Un travail d’historien et de sociologue qui restitue avec justesse le climat et les contradictions sociétales dans lesquelles s’est construite la phénoménale carrière du boxeur martiniquais. Arrivé en métropole dans les années 1950, il fait partie de cette génération de migrants venus d’outre-mer à qui l’État, préfigurant le BUMIDOM, promettait opportunité et vie meilleure. Cependant, ils ont souvent dû lutter contre l’exil et la misère, l’ostracisme et le racisme. François Pavilla, grâce à la boxe, parvient à se sortir de la pauvreté, incarnant l’espoir et la détermination de ceux qui ont cru en un avenir meilleur.

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« Chorus » : le retour d’Amel Aïdoudi

— Par Selim Lander

« Et je dis que la vie est ténèbre, en effet, sans un désir ardent.
Et tout désir ardent est aveugle, s’il n’y a pas connaissance.
Et toute connaissance est vaine, s’il n’y a pas travail.
Et tout travail est vide, s’il n’y a pas amour ;
et lorsque vous travaillez avec amour, vous liez vous-même à vous-même, et aux uns et aux autres, et à Dieu.»
Khalil Gibran, Le Prophète.

Tel est le texte qu’Amel Aïdoudi a choisi de travailler pour le porter sur les planches, un texte intemporel, un succès mondial. Sur le fond les poèmes en forme d’aphorismes ne sont souvent que des évidences, des préceptes convenus pour une « vie bonne », c’est-à-dire ordonnée par la sagesse (cf. Aristote in Éthique à Nicomaque). Mais, d’une part, s’il s’agit de banalités elles sont toujours bonnes à entendre par la plupart d’entre nous qui passons notre (brève) existence le nez dans le guidon, en écartant surtout tout ce qui pourrait nous ramener à l’essentiel. Et, d’autre part, même si ces aphorismes peuvent apparaître à certains banals et sans intérêt, ils sont transcendés par la poésie.

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Benoît Magimel présidera le jury du prochain Festival de Deauville

L’acteur français Benoît Magimel sera à l’honneur en présidant la 50e édition du Festival du cinéma américain de Deauville, prévue du 6 au 15 septembre 2024. Cette annonce, faite le mercredi 17 juillet par les organisateurs, souligne l’importance de Magimel dans le paysage cinématographique français et international.

Une carrière débutée dans la précocité

Né à Paris d’une mère infirmière et d’un père employé de banque, Benoît Magimel a des origines françaises par trois de ses grands-parents, et un grand-père maternel d’origine juive hongroise. À l’âge de treize ans, il décroche son premier rôle marquant dans la comédie d’Étienne Chatiliez, « La vie est un long fleuve tranquille », où il incarne « Momo » Groseille. Ce film devient un succès culte et marque profondément la carrière de l’acteur.

Une ascension fulgurante

Dès ses débuts, Magimel montre une grande polyvalence, alternant entre rôles au cinéma et à la télévision. En 1989, il apparaît dans « Papa est parti, maman aussi » de Christine Lipinska, avant de s’illustrer dans des films comme « La Fille seule » de Benoît Jacquot (1995) et « Les Voleurs » d’André Téchiné (1996), où il partage l’affiche avec des acteurs de renom tels que Catherine Deneuve et Daniel Auteuil.

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« Manuela et le boxeur », texte & m.e.s. J.José Alpha

Vendredi 19 juillet à 19h30 Centre culturel François Pavilla Trénelle
Par la Cie Téatlari – Théâtre de l’histoire des cultures créoles
Le récit de la tragédie qui marque l’histoire du grand boxeur martiniquais François Pavilla (1937-1968), triple champion de France de boxe des poids welters et super welters de 1964 à 1968, est pour la première fois, porté à la scène théâtrale par son épouse Manuela Pavilla née Graça (1931-2009).
C’est à partir des témoignages des ses proches et partenaires, du Club Spirit of Pavilla des Terres Sainville, des archives de la presse locale et nationale et de la Fédération Française de boxe (palmarès) que J. José Alpha va se nourrir pour créer une biographie romancée de la vie du champion de boxe .lequel tire sa révérence 10 ans après la naissance de la Vème République Française
Distribution : Gladys Arnaud / Eric Bonnegrace / Laurent.Troudard Texte et mise en scène : J. José Alpha (2023)

François Pavilla, né le 10 octobre 1937 à Fort-de-France en Martinique, est une figure marquante de la boxe française. Son parcours, tant sur le plan sportif que personnel, témoigne de la résilience et de la détermination d’un homme ayant surmonté de nombreux obstacles pour atteindre les sommets de sa discipline.

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« Chorus », texte de Rim Laredj, m.e.s. Amel Aïdoudi

Jeudi 18 juillet à 19h30 | Vendredi 19 juillet à 19h30 Payant | Théâtre Aimé Césaire à Fort-de-France
Texte : d’après « Le prophète » de Khalil Gibran et « Psaumes »
Les périodes de troubles et de bouleversements nous ramènent généralement aux questions essentielles, celles qu’on ne pose même plus à voix haute et intelligible.
Les aspects de la vie semblent échapper à toutes formes d’entendement.
De part la simplicité puissante de sa poésie, « CHORUS » d’après « Le Prophète » de Khalil Gibran propose un type de réponse suffisamment claire pour être amplifié par le théâtre et donc mis en chair….
Mise en scène : Amel AIDOUDI
Chant, musique, images vidéo, calligraphie : Rim LAREDJ
Assistante à la mise en scène : Sana AÏDOUDI
Texte : d’après le prophète de Khalil Gibran et « Psaumes » texte de Rim Laredj

Gibran Khalil est un poète libanais d’expression arabe et anglaise et un peintre.
Sa mère est la fille d’un prêtre dont la famille était d’origine musulmane. Les prêtres qui rendent visite régulièrement à sa famille lui apprennent la langue arabe et ainsi que la langue syriaque aussi bien que l’étude de la Bible.

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Sur les écrans de juillet : « L’enfant qui mesurait le monde »

– par Janine Bailly –

Quand les vies basculent

En dépit de leur présence en divers festivals, il est de “petits” films dont les médias ne se font guère écho, et qui pourtant par leur sujet, le traitement qui en est fait, la beauté et la singularité de leurs images, l’investissement de leurs acteurs aussi, mériteraient plus grande audience.

Adapté du roman éponyme de Martin Arditi paru en 2016, sélectionné au Festival dans la section « Cannes Écrans Junior 2024 », L’enfant qui mesurait le monde, du réalisateur Takis Candilis, est de ceux-là. Et si vous lassent les ordinaires activités estivales, échangez la plage pour une salle obscure, immergez-vous dans la chaude et généreuse lumière qui irradie de l’écran. Lumière des lieux, le film prenant pour décor les rivages d’une île grecque, au large d’Athènes. Évitant les clichés de cartes postales, Takis Candilis filme une île sans touristes visibles, se positionne au plus près des habitants du bourg de Kalamaki, s’attache aux gestes de la vie quotidienne, bateaux que l’on calfate, poissons que l’on vend à la criée, stations attardées et discussions au soleil à la terrasse des cafés, cérémonies de Pâques, réunions à la mairie si nécessaire… Rivages magnifiés par la transparence d’une eau claire, rues étroites et ruelles, où quand passe Yannis chacun lui adresse un amical salut, auquel il ne répondra pas, car le héros du film n’est autre que ce jeune enfant autiste – il dira lui-même être Asperger (un syndrome qui se caractérise par des difficultés dans les interactions sociales).

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« Murmuration » au Festival de Fort-de-France : des brassées d’images

— Par Selim Lander —

« Murmuration » ? Le terme est insolite. Scientifique et anglais (la traduction savante française serait « agrégation »). Il désigne les nuées d’oiseaux rassemblés par centaines, voire milliers et qui volent de manière parfaitement synchrone, tourbillonnant comme par exemple les étourneaux dans le ciel de France au moment de leur migration, à l’automne. Le titre de la pièce de danse présentée à Fort-de-France après Paris (2023) et une tournée triomphale n’est pas mal choisi, les nombreux danseurs présents sur le plateau étant en effet remarquablement synchrones. Ils sont 45 en formation « réduite » – comme à Fort-de-France, 63 en formation complète – à mouvoir leurs bras à l’identique jusqu’au moment où le bel ensemble se défait, un danseur entame une autre figure, toujours avec ses bras, suivi par un autre et une image se dessine comme lorsqu’un éclair traverse le ciel.

Au départ, donc, il y a une figure dansée/dessinée par l’ensemble du ballet. Les danseurs sont debout, serrés les uns contre les autres, par rangs de 8 ou 10, face au public. Les danseurs des rangs les plus reculés sont juchés sur des tabourets de hauteur croissante de telle sorte que le haut du corps de chacun puisse être clairement sous le regard des spectateurs.

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« Le Comte de Monte-Cristo », un film de Matthieu Delaporte & Alexandre De La Patellière

À Madiana
Genre :Aventure, Historique 2h 58min
Avec : Pierre Niney, Bastien Bouillon, Anaïs Demoustier
Synopsis :
Victime d’un complot, le jeune Edmond Dantès est arrêté le jour de son mariage pour un crime qu’il n’a pas commis. Après quatorze ans de détention au château d’If, il parvient à s’évader. Devenu immensément riche, il revient sous l’identité du comte de Monte-Cristo pour se venger des trois hommes qui l’ont trahi.

La presse en parle :
La Voix du Nord par Christophe Caron
Absolue réussite que cette nouvelle adaptation du roman d’Alexandre Dumas, par ceux qui ont écrit Les Trois Mousquetaires (2023). Récit de vengeance universel et populaire auquel les comédiens, Pierre Niney en tête, donnent une vraie ampleur dramaturgique.

Le Parisien par Catherine Balle
Le film dure presque trois heures, mais au fil de cette intrigue foisonnante, la tension ne redescend jamais. Autour d’un Pierre Niney exceptionnel en acteur caméléon, Bastien Bouillon, Anaïs Demoustier, Laurent Lafitte ou Patrick Mille sont formidables et Anamaria Vartolomei totalement magnétique.

Paris Match par Christophe Carrière
Autant de libertés qui insufflent une modernité inédite au récit, enrichie par des comédiens plus charismatiques les uns que les autres.

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« Humour Ô Féminin »

22 & 23 juillet au Grand Carbet de Fort-de-France à 20h

Depuis sa création en 2014, l’association Bik Kreasyon s’attache à valoriser l’humour antillais, en particulier guadeloupéen. Elle a également fondé le seul café-théâtre de Guadeloupe. Chaque premier mercredi du mois, la scène du Comik Kréyol Show é lé zanmi accueille aussi bien de jeunes comédiens, parfois lycéens, que des grands noms de l’humour.

La troupe du Comik Kréyol Show ne se limite pas à la Guadeloupe. Elle se produit également en Martinique, à Saint-Barthélemy, en Guyane, en France métropolitaine, et partage la scène avec des artistes renommés comme Jamel Debbouze et Anne Roumanoff. Bik Kreasyon organise aussi des événements annuels majeurs tels que le 30 Décembre du Rire et Humour Ô Féminin.

En 2019, face à la nette différence entre le nombre de femmes pratiquant le théâtre et celles visibles sur scène, le Président de Bik Kreasyon a eu l’idée de créer un festival exclusivement féminin. L’objectif de cet événement est de mettre en lumière les talents féminins souvent méconnus du grand public. La première édition d’Humour Ô Féminin s’est tenue les 22 et 23 mars 2019 au centre culturel de Sonis.

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« Habana Fénix » : une ode à la renaissance et à la résilience

Lundi 15 et Mardi 16 juillet à 19h30 au Grand Carbet du Parc Aimé Césaire

Le spectacle « Habana Fénix » incarne la renaissance quotidienne, tel l’oiseau mythologique, et rend hommage à la capitale cubaine ainsi qu’à l’inoubliable historien de la ville, Eusebio Leal (1942-2020). La phrase d’Eusebio Leal, « Je l’ai vue émerger des ruines et s’élever comme un phénix, » dédiée à la directrice de la troupe de danse, a inspiré la première mondiale de cette pièce.

Lizt Alfonso, la directrice artistique, a chois une mise en scène innovante et pleine de surprises. Les danseurs se métamorphosent en bâtisseurs-restaurateurs du centre historique de La Havane, symbolisant ceux qui, jour après jour, maintiennent le rêve de la ville en vie. À travers des images et des scènes vibrantes, le spectacle tisse un récit allant de l’ADN culturel cubain, influencé par l’Espagne et l’Afrique, jusqu’à des mondes parallèles reflétant différentes époques de l’histoire du pays.

Depuis sa dernière première en 2017, la compagnie Lizt Alfonso Dance Cuba (LADC) a été interrompue par la pandémie de Covid-19, ce qui a retardé la création de « Habana Fénix », débutée en 2019.

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Murmuration – Sadeck Berrabah au 53ème Festival Culturel de Fort-de-France !

— Par Hélène Lemoine —

Tropiques-Atrium accueille « Murmuration », la nouvelle création de Sadeck Berrabah. Ce chorégraphe, qui a conquis des millions de spectateurs sur les réseaux sociaux, arrive avec une troupe de 40 danseurs pour un spectacle revisité.

Une carrière fulgurante

Sadeck Berrabah, ancien maçon et plombier, s’est rapidement imposé sur la scène de la danse contemporaine. Dès 2017, il fait sensation avec la publication de sa vidéo « Géométrie variable », qui devient virale et le propulse sous les feux des projecteurs. En 2021, il atteint la finale de l’émission « La France a un incroyable talent », augmentant encore sa notoriété. Collaborant avec des artistes de renom tels que Shakira, Chris Brown et les Black Eyed Peas, il participe également à des événements internationaux prestigieux, notamment les Grammy Awards, les Victoires de la Musique et les Jeux Olympiques de Paris 2024.

Un spectacle revisité

Après le succès de sa tournée des Zéniths de France, qui a attiré plus de 150 000 spectateurs, Sadeck Berrabah propose une version enrichie de « Murmuration ». Ce spectacle allie des chorégraphies iconiques à de nouvelles créations, promettant une expérience unique aux spectateurs.

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Sur les écrans, MARIA, de Jessica Palud

Au cinéma, l’ère des biopics et des réalités fictionnées

— Par Janine Bailly —

Il semblerait que, par les temps qui courent, un certain nombre de réalisateurs un tantinet en manque d’inspiration puisent, à d’autres sources qu’imaginaires et personnelles, le sujet de leurs films. Si le phénomène a toujours existé, il me paraît prendre de l’ampleur, qu’il s’agisse d’adapter un roman à succès – devenu classique ou se tenant en vogue –, de traiter d’événements qui marquent l’époque et défraient la chronique, de faire vivre enfin dans ce que l’on nommera “biopic” un personnage, mort ou vif, présentant plus ou moins d’intérêt pour le spectateur que nous sommes. Dans un autre domaine, on connaît depuis longtemps l’habileté des cinéastes américains à mettre en scène les malversations diverses, les affaires et scandales politiques, sociaux, voire écologiques, sous forme d’enquêtes plus particulièrement. On sait aussi que la grande Histoire, passée ou actuelle, est sous tous les cieux un réservoir où trouver des scénarios, plus ou moins fidèles, plus ou moins fictionnés, susceptibles de toucher un large public. Un genre nouveau, hybride, le docu-fiction – d’abord télévisuel, reconstitution de faits réels mêlant images de synthèse, scènes jouées pas des acteurs, archives et documents authentiques –  est adopté aussi par par un nombre croissant de cinéastes.

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« Lieux Communs », texte & m.e.s. Baptiste Amann

— Par Michèle Bigot —

En forme de préambule, le fronton de la scène affiche ce superbe avertissement: « Ceci est la reconstitution très réelle d’événements absolument fictifs, décrivant les trajectoires de personnages absolument fictifs, par la médiation d’acteur.rices bien réel.les qui ont accepté, à partir d’éléments absolument fictifs, de restituer dans le réel les vérités absolument fictives de chacun.unes d’entre elleeux. »

Pour alambiquée qu’elle paraisse cette maxime est la définition la plus rigoureuse de la représentation théâtrale. Nous voilà avertis. Tout le jeu va reposer sur la dialectique entre fiction et réel. S’il est vrai que la fiction est une modalité du réel, le vrai est souvent plus du côté de celle-là que de celui-ci.

Ce jeu acrobatique de la représentation prend ici la forme d’un thriller en trois parties: il s’agit donc d’une enquête, c’est-à-dire d’une recherche et d’une reconstitution problématique. Tout tourne autour d’un crime : un homme a tué une femme. Le contraire nous aurait étonnés. Ni le criminel ni la victime ne seront présents du scène: la victime pour des raisons évidentes, puisque son crime l’efface de l’espace et le criminel parce qu’on ignore qui il est .

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« Il n’y a pas de Ajar », texte de Delphine Horvilleur, m.e.s. Johanna Nizard et Arnaud Aldigé, jeu: Johanna Nizard

— Par Michèle Bigot —

C’est un monologue, une charge contre l’identité que Delphine Horvilleur publie en 2022. Il est plus que jamais d’actualité aujourd’hui alors que les « identitaires » menacent de prendre le pouvoir. Identitaires que l’on ne trouve pas seulement à l’extrême droite, quoique ce soit leur terreau naturel. « Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part » font florès aujourd’hui, comme ceux qui croient dur comme fer être quelqu’un, un seul et unique quelqu’un, que les thérapies douces et la spiritualité new age californienne nous inviteraenit à retrouver, à cultiver. Que ces idéologies soient funestes autant que risibles, ça ne fait aucun doute.
Delphine Horvilleur appuie sa démonstration sur l’exemple de caméléon qu’a fourni Romain Gary avant de disparaître. Fiction littéraire, double de papier savamment entretenu, supercherie d’écriture, autant de figure de la multiplicité de l’être et Emile Ajar est là pour nosu le rappeler. Delphine horvilleur en rajoute une couche en imaginant un fils pour Emile Ajar, Abraham Ajar, fils d’un père ficitf , enfant d’un livre. elle va chercher dans les textes de la tradition juive l’aliment de cette philosophie du manque et de la pluralité: on reconnaît ici la philosophie de Marc-Alain Ouaknin, précieuse pour les temps qui nous attendent.

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« Exit » adaptation de Karine Dubernet et Benjamin Gautier, d’après le documentaire de Fernand Malgar, m.e.s. Charles Templon

— Par Michèle Bigot —

Voici un spectacle original et courageux qui relève d’une thématique difficile et éminemment contemporaine: le suicide assisté. L’assemblée nationale était en pleine discussion sur le projet de loi ouvrant enfin une perspective d’espoir à ce sujet quand est arrivée la dissolution. Dès lors il est à craindre que le projet passe aux oubliettes, surtout si l’extrême-droite arrive au pouvoir de façon imminente. D’autant plus nécessaire paraît cette proposition théâtrale, qui a vu le jour au moment où la convention citoyenne s’était prononcée en faveur de l’euthanasie et du suicide assisté. Que de recul en quelques mois!

Charles Templon, le metteur en scène s’empare du sujet après avoir vu le documentaire de Fernand Melgar Exit. Totu le travail d’adaptation théâtrale reste à faire, qui implique remaniement du texte, coupes choisies, montage inédit, distribution des rôles aux acteurs, scénographie, bref une véritable mise en scène de théâtre. On est en droit de se demander pourquoi faire un tel travail quand le documentaire pouvait suffire à faire le tour de la question. La réponse est apportée par le metteur en scène lui-même.

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« Débrouya », un film de Thaizen Ringuet, Hector Pindard

À Madiana  dès le 5 juillet à 19h

Avec Adams M’Backé, Emmanuella Laloi, Philippine Château
Durée : 1h 32min – Thriller D
Synopsis : Tyler, jeune guyanais, vivant dans la précarité aux côtés de ses deux sœurs et de sa mère, assiste à une arrestation dans son quartier. Il hérite d’un sac au contenu suspect juste avant que sa mère lui annonce que son état de santé se dégrade et que seule une opération onéreuse pourrait la sauver du pire. Impuissant face à l’adversité qui ne cesse de s’acharner contre lui, Tyler se résout à commettre l’irréparable. Parviendra-t-il alors à faire le “Débrouya” pour aider sa mère ?
Tawara production : Tawara production, c’est six ans d’existence, deux longs métrages, sept courts-métrages et une trentaine de vidéos. Dans le futur, la structure souhaiterait créer un studio de cinéma qui permettrait de produire des sitcoms de manière régulière. Une manière de valoriser la manière d’être des Guyanais.

Une ode à la Guyane

L’histoire de « Débrouya » reflète une réalité guyanaise où la fiction et la réalité se rencontrent, rendant le cinéma plus tangible.

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« Le journal d’un fou », de Nikolaï Gogol, adaptation et m.e.s. Ronan Rivière

— Par Michèle Bigot —

En dépit du tire, il s’agit moins d’un journal que d’une narration au fil des jours de la vie du petit fonctionnaire Pétersbourgeois, Aksenty Ivanovitch Poprichtchine. quoique d’antique noblesse et fier de son sang bleu, Aksenty a tout d’un déclassé., un de ces ronds de cuir dont fourmillent les administrations du XIXèsiècle et pas seulement en Russie: voir chez Balzac ou Maupassant. Le réalisme littéraire raffole de cette triste figure. Mais chez Gogol la figure se teinte d’une dimension métaphysique; il fait sombrer son anti-héros dans la folie . Vivant seule avec sa domestique ( Mavra, une paysanne ukrainienne nostalgique de la vie au village et qui éprouve un secret mépris pour ces hobereaux russes perdus dans le système et fort incultes à ses yeux, déjà!!), Aksenty se voit contrarié dans son ambition comme dans ses amours. La frustration qu’il accumule est telle qu’il finit pas sombrer dans la folie. L’univers parallèle que lui inspire ses bouffées délirantes le protège de sa déception. Il s’y accroche comme au seul remède à sa solitude et à son désespoir.

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« Hécube, pas Hécube », d’après la tragédie d’Euripide, texte et m.e.s. Tiago Rodriuez

— Par Michèle Bigot —

Le texte imaginé par Tiego Rodriguez est une adaptation libre de la tragédie d’Euripide: la répétition de la tragédie antique par la troupe de la Comédie-Française est l’occasion de l’écriture d’une nouvelle tragédie, contemporaine, qui vient s’inscrire entre les lignes du texte d’Euripide. C’est une réplique moderne dans laquelle Nadia, l’interprète d’Hécube (jouée en l’occurrence l’excellente Elsa Lepoivre), apprenant que son fils Otis, atteint de troubles autistiques est l’objet de maltraitance dans l’institution qui l’a pris en charge.

Hécube femme de Priam eut de nombreux enfants dont Hector et Cassandre. Mais ce sont les deux derniers qu’elle perd dans cette tragédie: son dernier fils Polydore avait été confié au roi de thrace, Polymnestor, avec de grands trésors. Polymnestor, le traître fait assassiner Polydore pour lui dérober ses trésors. Hécube trouve le corps de son fils abandonné sur le rivage. Elle s’introduit dans le palais de Polymnestor, lui crève les yeux à l’aide de ses servantes troyennes et assassine ses fils. Elle représente donc une image de la vengeance en action et la question posée par la tragédie est celle de la justice.

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