À propos de « La Ballade de Leïla Khane » adaptée par Anne-Alex Psyché
— Par Roland Sabra —
Louis Aragon, dans Le Fou d’Elsa, s’inspirant du poème Medjoûn et Leïla de Jâmi (1414-1492), réinvente l’histoire de Leyla et Medjnûn en la transposant dans la Grenade de l’Andalousie arabo-musulmane du XVe siècle finissant. Le décalque est clairement revendiqué puisqu’en arabe « Fou de Leyla » se dit Medjnoun Leyla et « Fou d’Elsa » Medjnoun Elsa. Il met en scène, dans le contexte dramatique de la chute de Grenade, en 1490-1492, coïncidant avec la découverte de l’Amérique, la société andalouse, mêlant musulmans et juifs pétris de rationalisme.
La réinterprétation du mythe par Alfred Alexandre, tisse le lien entre la Carthagène des Indes, important centre de traite des esclaves et de transit de l’or issu des pillages des empires aztèque et inca, or destiné à l’Espagne et La Carthage tunisienne que Rome accusa longtemps de sacrifier des enfants, pratique qui va initier, dans les familles de notables, la coutume d’adopter un enfant d’esclave pour cet usage.
Revenons sur le mythe.