Catégorie : Arts de la scène

Avignon 2022 – 3 : Fin de partie (OFF), Futur proche (IN)

– Par Selim Lander –

Fin de partie (aux Halles)

Le théâtre des Halles accueille régulièrement une pièce de Beckett mise en scène par Jacques Osinski avec Denis Lavant dans la distribution : Cap au pire en 2017, La Dernière Bande en 2019, Fin de partie pour cette édition. Succès assuré à chaque fois, ne serait-ce qu’en raison de la présence de Denis Lavant, acteur beckettien par excellence. Il se meut dans l’absurde comme un gardon dans la Garonne. Ce qui ne veut pas dire qu’il ressemble à un vif poisson. Au contraire, courbé, emprunté, « la démarche raide et vacillante », écrit l’auteur, il ferait peine à voir si le texte, faisant fi de tout réalisme, n’était pas là pour nous rappeler constamment que nous sommes au théâtre. Miracle de la prose de Beckett : nous tenir en haleine avec des histoires qui n’ont ni queue ni tête délivrées sur un ton sentencieux par des comédiens fatigués ! Encore faut-il que les comédiens tiennent la route et personne ne prétendra que ce n’est pas le cas ici.

Clov est le fils adoptif, serviteur, souffre-douleur de Hamm, lequel endosse donc les rôles inverses.

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Avignon 2022 – 2 : Le Septième jour, La Tempesta (IN)

– par Selim Lander –

Le Septième jour : Meng Jinghui (again)

Les fidèles du IN connaissent le metteur en scène chinois Meng Jinhui déjà invité en 2019 avec la Maison de thé, une production qui bénéficiait de très gros moyens tant pour la distribution que les décors gigantesques, avec, faut-il le répéter, un résultat bien décevant : beaucoup de bruit (et d’argent dépensé) pour rien ! Le voici à nouveau avec une adaptation à nouveau très personnelle, celle d’un roman de Yu Hua (l’auteur de Vivre adapté au cinéma par Zhang Yimou), au titre directement évocateur de l’Apocalypse de Jean.

Yang Fei, le protagoniste, est mort. Expédié au paradis, ou plutôt en l’occurrence dans l’enfer, il y rencontre des proches arrivés avant lui, en particulier son père adoptif et son ex-femme. La relation entre le père et le fils est le point fort de l’histoire. Le premier, employé des chemins de fer, a trouvé le bébé au cordon ombilical non encore coupé. Il l’a récupéré, élevé avec beaucoup d’amour, compromettant ainsi ses chances de se marier, aucune femme ne voulant épouser un homme ainsi encombré.

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Polobi & the Gwo Ka Masters

Gwada les 23 & 24 juillet

avec Moïse Polobi, Klod Kiavué, Christian Laviso, Eric Danquin + Nadjib Ben Bella

Résidence de création au Moule: Juillet 2022

EN CONCERT: SAMEDI 23 JUILLET, Salle Robert Loyson, LE MOULE, 20h / 10€

DIMANCHE 24 JUILLET, Palais des Sports Laura Flessel, PETIT-BOURG, 19h / Gratuit

ÉCOUTEZ: https://s.disco.ac/clpredyhmzth

En septembre 2020, au cours de la première accalmie d’un confinement planétaire, Polobi chante chez un de ses voisins qui a organisé un coup de tambour auquel sont conviés quelques amis et complices. Ce soir là, Moïse Polobi livre son répertoire de chroniques mystiques du quotidien d’un homme simple, profondément ancré dans son environnement, comme autant d’hymnes à son quartier de Grande Savane, au Petit Bourg à quelques tours de roues de sa mobylette, mais surtout aux bois de Tanbou et Duquerry tout proche qui dominent ce petit monde, à la rivière Moustique, à celle de La Lézarde où il va tendre ses nasses de bambou pour taquiner le ouassou.

Prenant à partie ses pairs, invoquant les ancêtres, s’adressant au monde dans une langue créole qui n’appartient qu’à lui, son chant grave, tissé d’onomatopées et d’improvisations vocales, l’entraîne irrésistiblement vers la transe.

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« Le Déparleur » démarre en Avignon !

Mardi 19 juillet à 12h30, coup d’envoi du Déparleur au théâtre de l’Observance.

Tous les jours sauf le lundi jusqu’au 30 juillet.

Sur la photo, le comédien s’apprête à franchir l’entrée du théâtre le 18 juillet pour l’installation de la pièce.

Pour mémoire, deux articles écrits lors de la création de la pièce en Martinique :

« Le Déparleur » de et avec Michel Herland

— Par Roland Sabra —

Un petit banc de bois blanc sur le sol parsemé de journaux parmi lesquels on reconnaît, le Monde, le Diplo, France-Antilles, les pages saumon du Figaro. Le décor est planté en décalage avec l’univers supposé d’un clochard, tout comme son apparence. La soixantaine bien tassée, barbe naissante, sous un smoking défraîchi, foulard noué autour du cou, il porte une chemise bien blanche. Son mode d’énonciation est marqué de l’hésitation de celle ou celui dont la parole est restée trop longtemps sans adresse. Ses mots font référence aux poètes, aux plus grands, et empruntent à l’argot d’un temps qui n’est plus mais qui fût le sien. Proche et lointain, il est d’un monde où l’humain déclinant est en fuite.

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Avignon 2022 : One Song. Histoire(s) du théâtre IV

— Par Michèle Bigot —

Miet Warlop est la quatrième artiste de la série « Histoire(s) du théâtre, inaugurée en 2019 par Milo Rau avec La Reprise , suivi par Faustin Linyekula et Angelica Liddell, à l’initiative du NTGent de Gand. Sous forme de concert rituel, la performeuse nous propose une sorte de requiem, une ode à l’épuisement, dans une parodie satirique de concours de chant doublé de manifestation sportive. Un groupe de performeu(euse)s s’épuise à jouer sur divers instrument la même et unique chanson, chacun d’entre eux se livrant à un exercice sportive tout en jouant. L’ensemble crée un spectacle répétitif jusqu’à l’achèvement des acteurs, voire à celui des spectateurs. Dans cette arène, les performeur(euse)s sont accompagné(e)s par un groupe de fans, une pom-pom girl (un homme en fait) et un commentateur sportif (une femme en fait). Il s’agit d’aller au bout de ses limites physiques, de se faire une concurrence acharnée, de mener une surenchère acoustique jusqu’à l’effondrement.

«Comment une chanson pourrait donner une unité à toute une société?» se demande Miet Warlop.

On se le demande aussi. Le spectacle hésite en effet entre satire du heavy metal, satire des manifestations sportives et des concours de chant.

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Avignon 2022 : sur la grande affiche du Festival Off

— Par Gérald Rossi —

Jusqu’à fin juillet, près de 1 700 spectacles différents sont proposés dans la cité des papes, en parallèle avec le Festival « IN ». Tous les styles sont présents, et souvent plusieurs disciplines se rejoignent comme danse, arts du cirque, création contemporaine, classique, spectacles musicaux… De belles découvertes sont ainsi proposées. Une sélection de notre envoyé spécial.

DANSE Une tarentelle contre les morsures de tarentule

Avec « Salti » les chorégraphes et metteures en scène Roser Montlló Guberna et Brigitte Seth ont entraîné les danseurs Jim Couturier, Louise Hakim et Lisa Martinez dans une sarabande contagieuse. Dans ce spectacle d’une demi-heure, qui peut captiver un jeune public mais pas seulement, les trois danseurs sont confrontés une horrible araignée velue, une tarentule. Dans cette petite histoire fantastique, ils découvrent comment combattre les morsures de la vilaine bête.

Il suffit de danser la Tarentelle, cette danse populaire du sud de l’Italie qui soigne les « tarentola », autrement dit les personnes infectées par la méchante bestiole. Cette danse magique redonne vie puis toute son énergie à la victime, et comme une farandole à l’ombre d’un grand soleil, les trois amis célèbrent dans la joie leur victoire sur le petit monstre poilu.

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Avignon 2022-1 : « Glob », « Hidden Paradise », « Arletty » (OFF)

— Par Selim Lander —

Ouverture bien tardive de cette chronique alors que le festival est déjà en son mitan. Pour débuter, deux pièces québécoises et, pour finir, Arletty, la nouvelle pièce du dramaturge Koffi Kwahulé consacrée à la star qui a traversé presque tout le XXe siècle.

Glob par les Foutoukours

Jean-Félix Bélanger et Rémi Jacques sont deux clowns à nez rouge mais qui ne font pas dans la pantalonnade. Chez eux tout est douceur, grâce, élégance. Ils nous font rire mais à peine. Ils nous enchantent, ils nous ravissent dans leur monde où rien ne semble avoir d’importance, où tout s’arrange avec un (tout) petit peu d’astuce et beaucoup de bonne volonté. S’ils font mine, parfois, de se fâcher, leur complicité ne faillit jamais. Pas besoin de mots pour se comprendre, quelques onomatopées suffisent. Les outils pour nous séduire se résument à peu de choses : une « échelle d’acrobate » inventée pour la circonstance, des balles de jonglage, des boules lumineuses qui ont tendance à changer de couleur,… ce qui n’est pas sans poser à nos deux comparses les problèmes qu’on imagine facilement.

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Avignon 2022 : quand la scène exorcise les démons du Bataclan

Avignon – « Les morts vivent un peu en toi »: au Festival d’Avignon, deux pièces fondées sur des histoires de rescapés de l’attaque terroriste contre le Bataclan sont une véritable ode au pouvoir guérisseur de l’écriture et de l’amour.

La comédienne Fanny Chasseloup et son mari étaient dans la salle de concert le soir du 13 novembre 2015. Un an plus tard, cette rescapée noircissait des pages pour soulager son cœur, mais hésite à les rendre publiques. 

« J’avais trop de blocages et trop peur que les familles pensent que j’instrumentalisais mon récit« , affirme à l’AFP la comédienne aujourd’hui âgée de 38 ans et dont le mari a survécu à ses blessures. 

« J’ai ensuite rencontré (la metteuse en scène et réalisatrice, NDLR) Ariane Mnouchkine. Je lui ai dit que je n’avais pas le droit d’écrire tout ça. Elle m’a répondu: +Tu n’as pas le droit, tu as le devoir+. Ça m’a complètement débloquée« , se rappelle-t-elle. 

– S’éloigner du simple témoignage – 

Le résultat est « Les Vivants« , pièce qu’elle a créée dans le « off » d’Avignon en 2021 et reprise cette année dans le même festival. 

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À Almada, « ödipus » sur la grande scène du TMJB 

Quand Ostermeier s’approprie le mythe d’Œdipe 

–– par Janine Bailly ––

Pour avoir vu, en 2016, au Théâtre parisien de l’Odéon, la version de La Mouette, proposée par Thomas Ostermeier, membre de la direction artistique et metteur en scène à la Schaubühne de Berlin, je partage cette idée que, tout en respectant l’esprit des textes, contemporains ou classiques, le metteur en scène sait leur insuffler une modernité bien à lui, se les approprier et les marquer de son sceau. Mais si dans La Mouette, il donnait le texte original, le faisant précéder d’un prologue où les comédiens, rappelant l’attention que Tchekhov portait au monde, évoquaient la Syrie, ou se livraient à la critique des modes et outrances d’un certain théâtre contemporain, pour ödipus – sans majuscule  il ne prétend pas travailler les œuvres ni de Sophocle ni d’Euripide. Il demande à Maja Zade, dramaturge à la Schaubühne, de lui écrire un texte qui placera le mythe au cœur de notre siècle, en le connectant aux problèmes qui sont les nôtres.

Nous voici donc en Grèce, pour des vacances sur cette terre éminemment mythologique, évoquée par une projection d’images qui peignent davantage une terre brûlée qu’un lieu paradisiaque : pressentiment d’un drame et mise en éveil du spectateur ?

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Virsky

Du 14 juillet 2022 au 16 juillet 2022 à 19h30 / Tropiques Atrium À partir de 30 €

Créé en 1937 par Pavlo Virsky et Mykola Bolotov, ce spectacle d’exception rythmé et cadencé reflète bien la volonté de ses créateurs qui souhaitaient partager avec le public toute la richesse et l’héritage culturel de l’Ukraine.
Cette compagnie a su au fil du temps s’imposer et trouver son public grâce à la rigueur de son directeur, Myroslav Vantukh, qui a fait preuve d’une fermeté imparable depuis 1980. Tous ces efforts ont permis de garder un niveau d’exigence fidèle aux traditions établies par Pavlo Virsky.
L’Ukraine sera à l’honneur le temps de huit spectacles saisissants grâce aux 45 danseurs déployant une énergie incroyable, associée à une force et une vitesse de haute voltige. L’Ensemble National d’Ukraine qui inspire au romantisme, surprend par la beautéì de ses chorégraphies impeccables, par sa virtuosité, ses acrobaties aériennes et magistrales exécutées dans un rythme effréné d’une technicité sans faille.
La compagnie Virsky, où se mêlent poésie et chorégraphies étourdissantes, puise son inspiration dans l’histoire et les racines de son pays : des marins de Crimée jusqu’aux combats des Cosaques, elle rend hommage à ses traditions en mettant à l’honneur le peuple ukrainien.

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De battre son cœur s’est arrêté

— Par Grégory Marin —

L’actrice Charlotte Valandrey est décédée le 13 juillet à l’âge de 53 ans. De «Rouge baiser» à «Demain nous appartient», son itinéraire professionnel chaotique a été profondément marqué par sa séropositivité.

Charlotte Valandrey ne manquait ne pas de cœur, et c’est ce qui l’a trahie. L’actrice est décédée mercredi soir, à l’âge de 53 ans seulement, après le rejet de sa troisième greffe de cœur. Toute sa vie elle s’est battue contre le virus du Sida, se réinventant constamment après que la carrière cinématographique qui lui avait été promise par un démarrage prometteur lui soit refusée devant la peur de cette maladie.

L’actrice avait publiquement révélé sa séropositivité en 2005, dans un roman autobiographique, L’Amour dans le sang, gros succès de librairie (180 000 ventes) plus tard adapté en téléfilm. Mais lorsque le succès a frappé à sa porte, elle n’avait pas 17 ans, et n’était pas au courant. Elle avait passé un premier casting pour «Hors-la-loi», de Robin Davis, en 1985. Ses parents avaient refusé qu’elle tourne une scène nue prévue au scénario, et Dominique Besnehard, qui deviendra son agent et son ami, envoie ses bouts d’essai à Véra Belmont, qui cherche une jeune actrice pour «Rouge baiser».

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Avignon 2022: « L’Occupation », texte d’Annie Ernaux m.e.s. Pierre Pradinas avec Romane Bohringer et Christophe « Disco » Mink

— Par Michèle Bigot —

Occupée, une femme est ici occupée, au deux sens du terme. Cette femme c’est le double de l’autrice, elle vient de se séparer de W. avec qui elle a vécu pendant cinq ans. Elle a pris l’initiative de cette rupture mais elle espère néanmoins le retrouver un jour. Sauf que de son côté, lui se remet en couple avec une femme, dont il tait le nom. La narratrice est désormais habitée par un obsession, tout connaître de sa rivale, mais surtout son nom, comme si le nom disait l’essentiel de la personne, qu’il suffisait à l’appréhender, voire à la cerner. « La jalousie! C’est le monstre aux yeux verts qui produit l’aliment dont il se nourrit » dit Macbeth.

Romane Bohringer incarne à la perfection cette femme dévorée par la jalousie et elle nous entraîne irrépressiblement dans les méandres de son ressassement, accompagnée qu’elle est par la musique de Christophe ‘Disco » Mink. Successivement la harpe, synthétiseur, la guitare, le piano vont souligner les accents variés de cette passion dévorante. « Cette femme emplissait ma tête, ma poitrine et mon ventre.

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Avignon 2022 : l’artiste afghane Kubra Khademi met en scène des corps libres

Exposition. À Avignon, l’artiste afghane, autrice de l’affiche du Festival, présente à la collection Lambert une sélection de ses œuvres dans « First but not last time in America ».

Correspondance particulière.

L’artiste afghane Kubra Khademi entre dans la pièce, déroule une bobine de fil doré et commence à tisser une toile sur un tas de vestes éparpillées au sol. Elle ignore le public qui l’observe, concentrée sur sa création. La performance De l’armure aux gilets accompagne l’exposition « First but not last time in America » à la collection Lambert, sur toute la durée du Festival d’Avignon. Kubra Khademi est aussi l’autrice de l’affiche de la 76e édition du Festival, une colonne de jeunes femmes nues qui regardent à l’horizon.

S’affranchir de toute sexualisation

Bien loin de la polémique qui accuse l’artiste de promouvoir la pédophilie, Kubra Khademi défend un art engagé, inspiré de la culture afghane et mettant en scène des corps libres. Les fresques exposées à Avignon s’affranchissent de toute sexualisation du corps des femmes. Les lignes sont nettes, l’artiste a choisi des gouaches ocre et bleu uni, et les silhouettes rappellent des miniatures mongoles.

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« Moi Chien créole », de Bernard Lagier, m.e.s. D. Bernard, jeu Ndy Thomas

Le 13 juillet 2022 à 19h30 au T.AC.

— Par Marie-André Brault —
Hurler à la lune
Profitant de l’obscurité qui délie les langues, un chien errant s’adresse à vous, raconte sa vie et surtout celle des hommes qui partagent son lot. Exclu, rejeté, méprisé ou tout simplement ignoré, le voici qui devient la voix des sans-voix. Ce chien créole – « ce pelé, ce galeux », disait-on du baudet de La Fontaine – imaginé par l’auteur martiniquais Bernard Lagier, s’il vit dans la fange et dit la détresse des laissés-pour-compte, raconte en cherchant la grandeur chez ces esseulés.

Lire aussi sur Madinin’Art : Moi Chien créole

Le texte de Lagier prend la forme d’un monologue polyphonique qui exige de l’interprète un va-et-vient entre les propos du chien et ceux de Titurpice, employé de la voirie sans envergure dévoré par l’amour, ou de Lacolas, petit voyou, poète des rues qui veut devenir quelqu’un pour honorer la mémoire de son père. À la faveur de la nuit et de l’alcool, le chien créole, croyant en l’importance de faire entendre ce qui est tu, se fait l’écho de leur parole pour retrouver ensuite sa condition de cabot.

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Avignon 2022 : « Pourquoi Jessica a-t-elle quitté Brandon ? » Concepteurs et interprètes : Pierre Solot et Emmanuel De Candido

— Par Michèle Bigot —

Présenté ainsi, vous diriez qu’il s’agit encore d’une de ces bluettes dont les séries télévisées américaines sont friandes. Et en effet, ça commence comme ça: Brandon a rendez-vous avec Jessica dans un Starbucks et elle lui met le marché en mains: « Brandon, ou bien tu me parles ou bien je te quitte! ». Que va faire Brandon? Assurément, Jessica va le quitter, mais pourquoi?

Pour connaître la suite, il va falloir se pencher sur la vie de Brandon, le monde dans lequel il évolue. Ici commence l’enquête. Et il s’avère que Brandon a été pendant toute son adolescence accroc aux jeux video. On va suivre avec lui l’évolution de la technique et de l’IA qui les crée. En s’emparant d’outils numériques variés, les auteurs refont l’histoire des jeux vidéo avec dérision. Brandon se révèle être un « digital native » de la plus pire espèce. Il est taiseux, isolé, on peut s’inquiéter pour lui. Mais où cela va-t-il le mener?

L’enquête théâtrale autour de Brandon, sous forme de conférence gesticulée, va nous mener sur les traces d’un lanceur d’alerte.

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Le cinéaste iranien primé Jafar Panahi arrêté dans son pays

Téhéran – Le cinéaste et opposant iranien Jafar Panahi, Ours d’Or du meilleur film du festival de Berlin 2015, a été interpellé lundi à Téhéran, selon une agence de presse iranienne, portant à trois le nombre de réalisateurs arrêtés dans le pays en moins d’une semaine.

Âgé de 62 ans, M. Panahi est l’un des cinéastes iraniens les plus primés. Il avait obtenu notamment le Prix du scénario à Cannes en 2018 avec « Trois Visages« , trois ans après l’Ours d’Or pour « Taxi Téhéran« . 

Les autorités iraniennes avaient déjà arrêté vendredi deux cinéastes, Mohammad Rasoulof et Mostafa Aleahmad, accusés de « troubles à l’ordre public« . 

« Jafar Panahi a été arrêté aujourd’hui (lundi) à son arrivée au parquet de Téhéran pour suivre le dossier d’un autre réalisateur, Mohammad Rasoulof« , détenu depuis vendredi, selon l’agence de presse Mehr. 

« Il n’y a toujours pas d’information sur la raison de l’arrestation de Panahi, son lien avec le dossier de Rasoulof ou avec d’autres personnes arrêtées la semaine dernière« , a-t-elle ajouté. 

Artiste dissident, M.

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Avignon 2022 : une pièce monstre relie le jour et la nuit

Avignon – « Quelle abnégation! », lance la comédienne au public. Ou « ils sont masochistes », plaisante un autre acteur. Au Festival d’Avignon, une épopée théâtrale relève le défi de garder assis des spectateurs pendant 13 heures… avec quelques entractes tout de même.

Ce n’est pas une première. En 2018, Julien Gosselin faisait une adaptation en dix heures de trois romans de l’Américain Don DeLillo et, cette année-même, le directeur sortant du festival, Olivier Py, monte sa monumentale œuvre « Ma Jeunesse exaltée » (10 heures également). 

A la Fabrica, une des scènes du festival juste en dehors de la « Cité des papes« , le public, resté globalement jusqu’au bout, s’est levé vers minuit pour applaudir bruyamment les 17 comédiens et comédiennes du « Nid de cendres« , du dramaturge français Simon Falguières, 33 ans. 

Après chacun des quatre entractes et deux pauses, deux comédiens s’extasient (« Ils ne sont pas partis!« ) et s’amusent à encourager ou à taquiner l’assistance.  

Dans cette épopée divisée en sept parties et qui oppose un monde réel à celui des contes, on retrouve un couple qui abandonne son bébé près de la roulotte d’une troupe itinérante de théâtre puis, d’un autre côté, une reine malade –une sorte d’allégorie de l’Occident– ainsi qu’un roi et une princesse qui veulent la guérir.  

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Avignon 2022 : « À ne pas rater », écriture, scénographie et m.e.s. Nicolas Heredia

— Par Michèle Bigot —

“Rien n’est si insupportable à l’homme que d’être dans un plein repos, sans passions, sans affaire, sans application.” Alors comment traduire cette vacuité sur un plateau, alors même que le théâtre relève du divertissement au sens où l’entendait Pascal (même si hélas il relève aussi souvent du divertissement tel que l’entend la telereality, la programmation du off en témoigne)?

Chaque spectateur qui choisit un programme se demande avec anxiété ce qu’il a raté comme performance pendant ce temps là. Peut-être quelque chose de plus intéressant?

C’est d’emblée ce que nous jettent à la face les deux personnages en scène. “ À la base, un spectacle, c’est d’abord ça: un certain nombre de personnes enfermées dans une salle pendant un certain temps. Voilà. Pendant une heure, vous allez donc être coincés ici, pour assister à ce spectacle. Et forcément pendant que vous assisterez à ce spectacle, vous allez rater tout ce qui se passe ailleurs. ‘

Nous sommes tous pris par l’angoisse d’être en permanence en train de rater quelque chose, même si ça se passe au bout du monde.

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Avignon 2022 : « Le Moine noir » d’après Anton Tchekhov, m.e.s. Kirill Serebrennikov

— Par Michèle Bigot —

En pleine tourmente et au beau milieu de la guerre en Ukraine, un artiste russe présente dans la Cour d’honneur un spectacle sur la folie. Proposition théâtrale adaptée d’un récit de Tchekhov, lui-même intitulé Le Moine noir. L’histoire que raconte Tchekhov est simple, c’est celle de Kovrine, philosophe en perdition, recueilli à la campagne chez un horticulteur, Pessotki, qui le considère comme son fils adoptif et lui destine sa fille Tania. Ce qui lui paraît être une façon de sauvegarder la pérennité de son domaine. Mais peu à peu Kovrine va sombrer dans la folie, précipitant ainsi le malheur de tout son entourage.

A la différence de Tchékhov, K. Serebrennikov présente l’histoire dans quatre versions successives, chacune d’elle illustrant le point de vue d’un des protagonistes, Pessotski puis Tania, Kovrine et enfin le moine noir. Le fil de l’intrigue est ainsi repris quatre fois, avec les adaptations nécessaires. Cette reprise illustre également la progression du délire, la déconstruction du réel qu’il entraîne et les brouillages référentiels qu’il occasionne. Le procédé consistant à alterner les regards et à modifier la perception fait entrer le spectateur dans une sorte de tourbillon souligné par les chants, la chorégraphie et l’alternance des idiomes, anglais allemand (le spectacle est produit par le Thalia Theater de Hambourg) et russe se faisant concurrence.

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Avignon 2022 : des artistes réunionnais en quête de visibilité

Du Marivaux en créole, du Beckett en marionnettes: les compagnies réunionnaises, présentes en force cette année à Avignon, aspirent à ce que la métropole les regarde « d’un oeil attentif », loin de tout exotisme.

Un collectif de neuf compagnies ont joint leurs forces pour la 56e édition du Off d’Avignon, le plus grand « marché » de spectacle vivant en France.

« J’ai beaucoup de fierté à amener ma compagnie pour la première fois à Avignon parce qu’on sait combien c’est difficile pour les Outremer de montrer leur travail » en métropole, affirme à l’AFP Lolita Tergémina, directrice de la compagnie Sakidi.

Elle a adapté « Le jeu de l’amour et du hasard » de Marivaux en créole réunionnais, qui est à base lexicale française: « Kan lamour èk lo azar i zoué avek ».

– Démocratisation et émergence –

Au théâtre de la Chapelle du Verbe Incarné, la compagnie interprète avec brio cette comédie, avec surtitrage en français. « Mi prefer i done amoin la shans trap out ker plitok done amoin tout lo bien néna su la ter » (« J’aimerais mieux qu’il me fût permis de te demander ton coeur que d’avoir tous les biens du monde »), soupire Dorante, travesti en faux serviteur.

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Avignon 2022 : Les compagnies et artistes des Antilles sont au rendez-vous

Je ne suis pas d’ici, je suis ici

« Je viendrai à vous avec une armée de pauvres, des désastres programmés, avec les valets, les sous-fifres, les ombres en tablier, avec les mômes d’ouvrières, les fils de pas-de-papa et les filles de pas-de-bol, avec les déshérités, les spoliés, les déplacés, les possédés, dépossédés,
les assignés à résistance ! »
Ainsi parle celle à qui l’on demande ses papiers d’identité et qui en a marre. N’est-elle pas française, femme, noire… comme tout le monde ? Dans une performance où les images et les mots se confondent et où la poésie embrase le réel, le spectateur est entraîné dans la quête d’une terre sans frontières.

Poète, réalisatrice de fictions et de films documentaires, Véronique Kanor s’intéresse particulièrement à l’afrodescendance, aux sociétés en mouvement et aux questions décoloniales.
Sa pièce est tirée de son recueil Eclaboussure, publiée aux éditions Présence Africaine.

D’après Éclaboussure de Véronique Kanor © Présence Africaine 2011
Conception, mise en scène, interprétation Véronique Kanor

Conception sonore Lionel Elian
Administration La Noiraude et Compagnie

La Noiraude et Compagnie

Soutiens DAC Martinique, Ministère de l’outre-mer

De Vénus à Miriam, au pas de mon chant

La chorégraphe guadeloupéenne Chantal Loïal invite la soprano martiniquaise Marie-Claude Bottius à entrer dans la danse pour réinventer totalement son spectacle « On t’appelle Vénus » présenté au TOMA 2015.

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Festival d’Almada : « At Home at the Zoo » / « Em casa, no zoo »

De l’intimité dans le couple à la violence dans la société

– Par Janine Bailly –

D’Edward Albee, le metteur en scène portugais Jorge Silva a choisi de nous donner, non pas la pièce la plus connue du dramaturge américain, disparu en 2016, « Who’s Afraid of Virginia Woolf ? » / « Qui a peur de Virginia Wolf », mais le diptyque « At Home at the Zoo », traduit en portugais par « Em casa, no zoo », en français par « La maison, le zoo ». Une pièce à trois personnages qui, nous faisant entrer dans l’intimité du couple, fustige en fait la société américaine tout entière, telle que Edward Albee a pu la connaître dans la seconde partie du vingtième siècle. Mais au-delà encore, c’est de notre nature humaine, de la sauvagerie qui en chacun de nous s’enkyste et perdure, qu’il sera ici question. « At Home at the Zoo » a en commun avec « Who’s Afraid of Virginia Woolf ? » de ne pas nous épargner cette cruauté qui trop souvent régit les relations humaines, surtout quand une société se fonde sur des inégalités qui divisent.

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“La Sextape de Darwin”, texte & m.e.s. de Brigitte Mounier

Le 11 juillet à 20h au Théâtre Aimé Césaire ( T.A.C.). À voir absolument !

Avec Marie-Paule Bonnemason, Antonin Chedigny, Brigitte Mounier et Sarah Nouveau

Présentation :

Incroyablement baroque, aussi improbable qu’amusant voici le bricolage le plus délirant de l’Évolution. Une heure et demie pour parcourir l’inouïe diversité des comportements sexuels et modes de reproduction, et s’étonner de l’étroitesse de notre imaginaire.

Voyant le monde à travers le filtre de sa propre convenance culturelle, l’Homme a longtemps considéré l’hétérosexualité comme étant la norme et tout autre combinaison lui semblait contre nature.

Contre nature ? Vraiment ? Alors voyons de plus près ce que nous dit la nature à ce sujet.

Une heure et demie pour découvrir le monde animal dans lequel nous vivons, dont nous sommes part entière. Une heure et demie pour fêter ce qui est en train de disparaitre.

« On se demande comment Noé s’est débrouillé en embarquant tout ce monde dans son bateau.»

Note d’intention

Suite à Eve contre Lucy, l’autre cauchemar de Darwin, (battle scientifique opposant les darwinistes aux créationnistes) que la Compagnie a créé en 2008, la Compagnie enfonce le clou et promène sa curiosité sur la biodiversité, l’infinie variété du monde animal et ses pratiques sexuelles.

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Festidanses : le 1er prix du film documentaire à « Vals de Santo Domingo » de Tatiana Fernandez Geara

Festidanses de la ville Moule soutenu par la DAC Guadeloupe se développe sur deux volets : un cinéma en juillet et un spectacle vivant prévu en octobre 2022. Du 3 au 8 juillet, Festidanses CINEMA  a proposé une série de films de fiction et documentaires comme En corps de Cedric Kaplish, Les Indes Galantes de Philippe Béziat, Sin la Habana de Kaveh nabatian , les petites danseuses de Anne-Claire Dolivet.

Pour la première fois, une compétition de films a permis la remise de prix. Le jury était composé de Sandrine Trésor (monteuse, réalisatrice), Idania Garcia (responsable des cours de danse classique au centre Robert Loyson) Daniel Dumbia membre de la commission culture du Moule et directrice d’école), Jean Pierre Bellanger (membre de la commission culture du Moule et enseignant), Lydie Laboune (responsable école de danse de St François).

Une dizaine de films ont concouru en film documentaire, film court métrage, videodanse et chorégaphie de jeunes.

La remise des prix a eut lieu vendredi 7 juillet à la salle Robert Loyson qui vient de recevoir le label de Cinéma d’art et d’essai du CNC..

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Au Festival d’Almada : Smashed2 et Se eu fosse Nina

– Par Janine Bailly –

Des femmes bien présentes dans le Festival

Smashed2, par la compagnie londonienne Gandini Juggling

Vivant et coloré, sautillant, léger et enjoué de prime abord, Smashed2, présenté par la troupe de Sean Gandini et Kati Ylä-Hokkala, est un spectacle qu’on ne saurait précisément nommer, qu’on ne saurait ranger dans aucune catégorie définie. Sept femmes, deux hommes, quatre-vingts oranges et sept pastèques pour dérouler une prestation qui allie le jonglage à la danse, le théâtre au cirque, dans une chorégraphie se disant hommage au Tanztheater de Pina Bausch. 

Tout semble dans les premiers moments fort sage et bien classique, mouvements d’ensemble parfaitement réglés pour sept jeunes femmes à la robe assez sage, aux cheveux disciplinés, au maintien tout empreint d’élégance. De jolies ballerines, en somme… Et les deux jongleurs, bien qu’en costume de ville leur présence grise semble un peu incongrue au cœur de ce gynécée, les deux jongleurs donc s’intègrent sans peine apparente à la troupe féminine. Pourtant, quelques gestes, en clin d’œil humoristique, pourraient nous alerter, nous guidant subrepticement vers une autre voie, moins innocente, plus âpre.

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