Catégorie : Arts de la scène

Les sœurs Williams, l’Amérique raciste à la volée

« Venus & Serena, ces icônes que l’Amérique ne voulait pas voir » sur Youtube et Arte.Tv

La réalisatrice Sonia Dauger réalise un brillant portrait des deux sœurs et documente l’immense influence de ces tenniswomen sur une société américaine encore bien trop discriminante.

Venus et Serena Williams sont aujourd’hui de véritables icônes, dont le rayonnement dépasse largement le monde du sport.

La réussite des deux tenniswomen, au mépris de tous les déterminismes, est l’incarnation même du rêve américain. Mais leur parcours, freiné par les discriminations et raconté dans cet excellent documentaire de Sonia Dauger, est aussi la parfaite illustration des défaillances de la société états-unienne.

« Elles ne se sont jamais excusées d’être qui elles étaient. Elles sont restées sincères et, d’une certaine manière, leur succès a fait plier l’Amérique », explique la réalisatrice, également à l’initiative de l’excellent  Denzel Washington, un modèle américain.

La documentariste dresse un portrait brillant et tout en complexité de « ces icônes que l’Amérique ne voulait pas voir ». Elle précise : « Pas de la même manière et pas à la même époque, mais ces trois figures ont largement fait avancer la cause des Afro-américains.

→   Lire Plus

Moment de contes, créoles, du jardin, du voyage…

Jeudi 20 juillet à 14h & 16h
Mercredi 26 juillet à 10h & 12h ( Gratuit sur inscription)
Découvrez les merveilleux récits du Voyage et des Jardins de la Mauny lors de notre événement spécial, intitulé « Moment de contes ». Rejoignez-nous les 20 et 26 juillet pour une expérience captivante animée par Déborah Bontemps et Daniel Cibrelus de l’AMI.
L’événement se déroulera à Maison La Mauny, un lieu emblématique du patrimoine martiniquais. Evadez-vous dans un cadre enchanteur.
Activité accessible à partir de 6 ans sous réservation via Bizouk. Places disponibles limitées. Vous pouvez ramener vos chaises pliantes.
Nous avons prévu plusieurs sessions (durée : 1h) :
· Le jeudi 20/07 : 1 session à 14h (Contes du Jardin) + 1 session à 16h (Contes Créoles) (Séances complètes!
· Le mercredi 26/07 : 1 session à 10h (Contes du Voyage) + 1 session à 12h (Contes Créoles)
À très bientôt !
Adresse : Maison La Mauny, Rivière-Pilote 97211, Martinique
Pour plus d’infos : 06 96 41 96 17 (message WhatsApp uniquement)

Le conte aux Antilles joue un rôle primordial dans la culture orale.

→   Lire Plus

« Fal Frett, l’émotion perlière »

Mardi 18 juillet 18h30  au Cénacle à 18h30
Avec Alex et Nicol Bernard, l’auteur du livre récemment paru chez KÉditions et quelques contributeurs. Manifestation gratuite. Contributeur : Serge Domi – Modératrice : Marie-Michelle Darsières After C : grand moment de symbiose avec Fall Frett

Fal Frett est l’un des premiers groupes martiniquais de musique créole évolutive, après Marius Cultier et le Liquid Rock d’Alain Jean-Marie.

Histoire du groupe
Le groupe a été formé en 1976 par Jacky, Alex, et Nicol Bernard avec Bib Monville, Jacky Alpha puis Ralph Thamar. Les frères Bernard en sont restés les seuls piliers, pendant que de nombreux musiciens caribéens se succédaient en son sein : Robin Vautor, Luther François, Philip Paolo, André Woodvine ; il y eut aussi des invités prestigieux, lors de créations ou de concerts initiés par le Centre martiniquais d’action culturelle (CMAC) tels : Dominique Pifarély, Henri Texier, les cordes de Malavoi, Jean-Loup Longnon, Luc Labonne, Eric Bonheur, Louis Sclavis, Ricardo Izquierdo, Tony Chasseur, Dave Samuels.

À sa création, Fal Frett était considéré comme un groupe de jazz caribéen dynamique; mais Jacky Bernard, le principal compositeur, entendait créer des chansons créoles, tout en laissant une large place aux improvisations et à la création collective; un peu à la manière des standards de jazz.

→   Lire Plus

Musique : disparition du chanteur engagé Henri Tachan, connu, entre autres, pour sa chanson « Une pipe à pépé »

Henri Tachan est un auteur-compositeur-interprète français, né le 2 septembre 1939 à Moulins et mort le 16 juillet 2023 à Avignon.

Relativement ignoré par une grande partie des médias dès le début de sa carrière dans les années 1960, ses chansons à texte sont généralement très critiques vis-à-vis de la société et de certains de ses travers, qu’elle soient antimilitaristes (Dans les orchestres militaires) ou féministes (Les Z’hommes, Ma femme).

Biographie
De père arménien, Henri Tachdjian passe sa scolarité au pensionnat catholique de Notre-Dame de Bury à Margency dans le Val-d’Oise, puis dans un lycée à Paris. Ensuite, il rejoint une école hôtelière à Thonon-les-Bains et devient serveur au Ritz à Paris. En 1962, il part pour le Québec.

Boîte d’allumettes du restaurant « Chez Clairette »
Après son travail comme serveur, il se met à réciter des poèmes Chez Clairette, le cabaret-restaurant de la chanteuse et comédienne québécoise Clairette Oddera, au 1124 rue de la Montagne à Montréal. De passage dans cet établissement, Jacques Brel l’encourage à se lancer dans la chanson.

De retour en France, il sort son premier album chez Barclay en 1965 qui obtient le Grand Prix de l’Académie du disque Charles Cros.

→   Lire Plus

João Donato, chanteur et compositeur brésilien, pionnier de la bossa-nova, est mort

João Donato, né le 17 août 1934 à Rio Branco et mort le 17 juillet 2023 à Rio de Janeiro, est un pianiste, compositeur et chanteur brésilien. La majeure partie de son œuvre appartient au genre musical latin jazz, une passerelle entre la bossa nova, le jazz et la musique cubaine.

Biographie
Jeunesse
João Donato est le fils d’un pilote de l’armée de l’air, joueur de mandoline à ses heures et d’une mère chanteuse amateur. Sa sœur ainée Eneyda a été pianiste et son jeune frère Lysias a travaillé avec lui comme auteur.

Carrière musicale
João Donato débute très tôt. À l’âge de 15 ans, il joue déjà avec des musiciens reconnus comme Dick Farney et Paulo Moura ainsi qu’avec Altamiro Carrilho, figure de la scène musicale de cette époque. Ce dernier a une grande influence artistique sur lui. À partir de 1950, il fréquente le club musical Farney-Sinatra, considéré comme la matrice formatrice pour la génération d’artistes qui créera plus tard la bossa nova, à la fin des années 1950. Dès 1953, il dirige ses propres formations baptisées successivement Donato e Seu Conjunto, Trio Donato et Os Namorados3.

→   Lire Plus

« L’exercice du super héros », texte Sébastien Nivault & Martin Grandperret, m.e.s. Emmanuel Vérité

—Dominique Daeschler —

— Avignon 2023 —

Depuis quelques années s’est construit autour du théâtre de l’Oulle un ensemble appelé La Factory qui comprend deux autres salles la chapelle des Antonins et la salle Tomasi, permettant à l’année des résidences d’artistes et un lieu attentif aux compagnies régionales ( répétitions, aide logistique…)

La salle Tomasi accueille, parmi d’autres petite formes, L’exercice du super héros , un spectacle conçu et interprété par Sébastien Nivault( comédien) et Martin Grandperret (danseur). A partir de leur quotidien de travail d’ateliers de pratiques artistiques, ils repèrent, dans un groupe peu littéraire , le rétif, celui qui ne voit pas à quoi cela peut lui servir. Patrick le boxeur, c’est le pragmatique de service qui entrevoit une seule ouverture possible : que ces cours l’aident à draguer ! Appréhension par le geste, la parole, Sébastien et Martin se renvoient la balle, l’un danse quand l’autre parle et vice versa et surtout il joue tour à tour Patrick. Un joyeux punching ball entre les méthodes pédagogiques, leur nécessaire adaptation et leur réception se met en route. Bataille complice des approches psychologiques, analyses pleines d’humour, résistances et découvertes de part et d’autre.

→   Lire Plus

« Marguerite : le feu », texte et m.e.s. Emilie Monnet.

— Par Dominique Daeschler —

— Avignon 2023 —

Emilie Monnet, artiste multidisciplinaire autochtone travaille au Québec où elle a fondé une plate-forme nomade pour les arts vivants dédiée à la rencontre des artistes des peuples autochtones. Le chant, la danse, la performance sont au cœur de ses créations théâtrales, utilisant des processus collaboratifs et multilinguistiques.

Découvrant la vie de Marguerite Duplessis, née d’une mère autochtone libre et d’un père français et mise en esclavage, elle se penche sur un Canada raciste et colonialiste où les propriétaires pratiquaient la vente et l’achat d’êtres humains . Une mémoire toujours occultée, comme le montre en 2015, le refus du gouvernement conservateur d’ouvrir une enquête sur les femmes autochtones assassinées ou disparues.

Une Marguerite chorale ( 4 comédiennes d’origines différentes) va naître sous la plume d’Emilie, créant un dialogue entre le passé et le présent. Elle renvoie le combat de Marguerite Duplessis qui engage un procès pour faire reconnaître sa liberté et ne pas être déportée en Martinique, à toutes les oppressions faites aux femmes autochtones et afrodescendantes, à la violence des « starlight tours ».

→   Lire Plus

Princess Erika en concert

Mardi 18 Juillet 2023 à 18h
Sunset
60 Rue du Petit Pavois Pointe de la vierge, 97200 Fort-de-France

Erika Dobong’na, dite Princess Erika, est une chanteuse et actrice française.
Elle est surtout connue pour ses chansons teintées de ragga, notamment ses titres Trop de bla bla ou Faut qu’j’travaille ou encore l’Amour Illimté en duo avec Diana King.
Biographie
Princess Erika est née à Paris de parents camerounais. Sa mère, Marie-Claire Matip, fille d’un chef traditionnel, est l’une des premières femmes d’Afrique subsaharienne à avoir publié un livre, et quitte le Cameroun avec son mari pour vivre en exilée politique en France. Princess Erika a une sœur aînée chanteuse et musicienne : Estha Divine (née Esther Dobong’Na Essiene).
C’est d’abord à l’athlétisme qu’elle se consacre. En 1979, elle remporte le championnat de France pour la course de haies et le saut en longueur
Musique
En 1982, Erika fait partie avec deux de ses trois sœurs du groupe Blackheart Daughters fondé par sa grande sœur Esther (Estha Divine), puis évolue avec Princess and the Royal Sound, avec qui elle effectue plusieurs tournées en première partie du Jamaïcain Dennis Brown.

→   Lire Plus

Master class bèlè

Mercredi 19 Juillet 2023 à 18h

Think Tank
61 Boulevard Soweto – Berges de la Rivère Monsieur
Volga-Plage, 97200 Fort-de-France
Le Think Tank lance ses Master Class Bèlè avec Christian Valejo et La Sosso. Chaque mercredi de 18h à 20h ! Plongez-vous dans une ambiance conviviale et découvrez les danses traditionnelles de nos mornes pour célébrer et promouvoir notre patrimoine culturel et identitaire.
Rejoignez-les pour une expérience inoubliable où vous pourrez apprendre les mouvements authentiques et les rythmes du Bèlè, une danse profondément enracinée dans nos traditions martiniquaises. Leurs instructeurs experts, Christian Valejo et La Sosso, vous guideront à travers les pas et partageront leur passion pour cette forme d’art unique.
Préparez-vous à vous connecter aux rythmes envoûtants et à vous plonger dans la richesse du tissu culturel de nos ancêtres. Que vous soyez débutant ou que vous ayez déjà de l’expérience, leurs Master Class Bèlè sont ouvertes à tous les amateurs de danse qui souhaitent explorer notre patrimoine culturel à travers le mouvement.
Ne manquez pas cette occasion de rejoindre une communauté qui chérit et préserve son identité culturelle. Rendez-vous chaque mercredi de 18h à 20h au Think Tank pour une expérience enrichissante et agréable qui vous laissera une appréciation plus profonde de notre patrimoine.

→   Lire Plus

À Almada, « Ulysse de Taourirt » fait escale

Mon père, ce héros au sourire si doux (Victor Hugo, in Après la bataille)

–– Par Janine Bailly ––

« Conte-moi ô Muse l’homme aux mille tours qui erra longtemps sans répit […] Il endura mille souffrances sur la mer en luttant pour sa survie…» Ainsi l’aède grec, censé être Homère, ouvre-t-il son Odyssée par l’invocation à Calliope, la muse de la poésie. En écho, Abdelwaheb Sefsaf, le comédien chanteur musicien metteur en scène, responsable aussi du texte, ouvre de cette façon le spectacle : « Si tu hantes encore ce théâtre, Muse, conte-moi l’histoire de cet homme ordinaire au destin de héros ». Cet homme, ce héros à l’ombre duquel grandir, cet “Atlas soutenant le monde”, n’est autre que son père Arezki. Mais cet Ulysse, hélas ! sera sans Ithaque, qui construira en Kabylie la « maison de l’impossible retour ». Sa Pénélope, à lui dès l’enfance promise, il ira la chercher en 1960 – et ces moments où l’épouse apparaît ne seront vus que par le truchement de petits films projetés – puis repartira pour la France, après l’Indépendance, « le travail manquant en Algérie ».

→   Lire Plus

À Almada : A equipa, La enciclopedia del dolor

Un festival de parole et de mémoire

–– Par Janine Bailly ––

Auto-fiction, théâtre documentaire, théâtre documenté… il semblerait que ces formes, dont la première permet d’ailleurs la performance du “seul en scène”, fassent actuellement florès sur les scènes théâtrales. Est-ce un besoin de se dire, d’affirmer qui l’on est, le spectacle devenant alors une sorte de catharsis pour le comédien qui écrit, ou fait écrire un texte à partir de sa vie réelle, avant de l’interpréter, en personne ou non, sur scène ? J’ai déjà parlé de Hanane Hajj Ali se disant dans Beyrouth. Plusieurs autres spectacles ressortent, au Festival d’Almada, de ce genre.

La enciclopedia del dolor , Tomo 1, Esto no salga de aqui 

Interprété par l’acteur argentin Gonzalo Cunill, le texte est écrit et mis en scène par Pablo Fidalgo, originaire de Galice, ce qui apporte une distanciation bienvenue au spectacle, en raison du caractère éminemment intime et de la gravité des faits évoqués. Il s’agit en effet de relater des événements tragiques, ces agressions sexuelles dont furent victimes, dans les années soixante, nombre d’enfants, élèves d’un certain collège religieux de Vigo.

→   Lire Plus

La mort de Jane Birkin, chanteuse, comédienne, scénariste et réalisatrice

Avec son mélange de séduction et d’intelligence, sa facilité à étaler ses sentiments sous des dehors pudiques, l’artiste, qui occupait une place à part dans la cartographie des stars françaises, est morte à Paris, dimanche.

Jane Birkin, née le 14 décembre 1946 à Londres (Royaume-Uni) et morte le 16 juillet 2023 à Paris (France), est une actrice et chanteuse britannique, francophone, installée en France depuis la fin des années 1960, puis naturalisée française. Elle est également scénariste et réalisatrice.

Après des débuts cinématographiques en Angleterre notamment dans le film Blow-Up, elle entame une carrière en France où elle rencontre son futur mentor, compositeur de chansons et partenaire, Serge Gainsbourg. L’une de ses premières collaborations avec Gainsbourg, le 45 tours Je t’aime… moi non plus, devient un succès international et atteint la première place au Royaume-Uni.

Dans les années 1970, elle devient une actrice reconnue par le grand public en jouant dans des comédies de Claude Zidi puis de Michel Audiard. Elle apparaît alors dans plusieurs publicités.

À la fin des années 1980, elle donne une série de concerts pour la première fois à Paris, en interprétant le répertoire que Gainsbourg a écrit pour elle.

→   Lire Plus

Avignon 2022 & Almada 2023 : « Ulysse de Taourirt », texte & m.e.s. Abdelwaheb Sefsaf

— Par Michèle Bigot —

« O Muse, conte-moi l’homme aux mille tours qui erra longtemps sans répit… » Cet inventif des temps modernes, c’est Areski le père, autant qu’Abdelwaheb, le fils. Le premier est né à Taourirt en 1948, le second à Saint-Etienne. Le premier découvre la France, le second découvre le théâtre. Deux adolescences racontées en parallèle, sur le mode de l’épopée. Aventure, guerre, périls, souffrances et joies jalonnent les deux odyssées. Chacun incarne un héros contemporain, héros du travail et de la libération pour le père, héros du théâtre pour le fils. Et comme dans toute épopée, la poésie le dispute au drame, grandeur et misère s’y cotoient, l’humour et le pittoresque nourrissent le texte. Dense, riche, le texte est encore enrichi par la musique. Le récit est rythmé par la musique, le chant, la danse. Peu à peu le puzzle de ces deux vies parallèles se dessine, à la faveur d’un récit alternant les deux intrigues. Par une habile construction narrative, les scènes font alterner la vie au village de Kabylie et la vie à St-Etienne. Abdelwaheb raconte sa vie et celle des siens, la famille, les amis.

→   Lire Plus

« Je ne suis pas d’ici je suis ici », texte, m.e.s. & jeu Véronique Kanor

Festival d’Avignon off 2023

— Michèle Bigot —

Troisième édition de ce spectacle à la Chapelle du verbe incarné. En l’occurrence le lieu n’a jamais si bien porté son nom car Véronique Kanor en est à la fois l’autrice et l’interprète. Ce seule-en-scène est une performance poétique, rythmée de danse, de mélopée et ponctuée d’images vidéo qui soulignent le propos. Incarné au plus haut point, ce spectacle l’est en vertu de la présence physique de l’interprète, de sa voix, de son regard. Le lieu est intime, presque confidentiel et rien n’est perdu de l’émotion de la poétesse, de sa colère, de son espoir, de son amour du langage.

C’est son histoire qu’elle raconte, une histoire vécue dans sa chair, on ne peut s’y tromper. Mais c’est aussi un questionnement sur l’altérité, sur la couleur de la peau comme différence. « Je suis seule en scène…mais il y a mille regards, mille présences, mille paroles qui surgissent derrière moi sur l’écran qui m’accompagne » dit-elle. Ajoutons que l’écran lui-même possède une force d’émotion remarquable. C’est tout sauf une surface neutre, puisqu’il est fait des vêtements, lambeaux d’étoffe qu’on dirait récupérés sur des corps humains oubliés.

→   Lire Plus

« A Noiva e o Boa Noite Cinderela ». Texte, conception, m.e.s., dramaturgie Carolina Bianchi

— Par Dominique Daeschler—

— Festival d’Avignon — Carolina Bianchi, metteuse en scène, autrice et interprète travaille à Amsterdam avec le collectif artistique Cara de Cavalo. Elle aime mêler performance, danse, théâtre pour entrer dans un univers syncrétique qui crée volontairement ou non une confusion entre réel et imaginaire, entre passé et présent.

Elle entre seule en scène (première partie) et livre en conférencière de l’histoire de l’art, son interprétation de « la chasse infernale » de Botticelli où une femme est dépecée par des chiens et passe vite aux violences sexuelles. Sont évoqués le meurtre et le viol de l’artiste Pippa Bacca qui, dans une performance itinérante avec une partenaire, avait fait le pari de traverser en stop l’Europe habillées en robes de mariée, symbolisant l’union entre les peuples. Une double interrogation est menée sur la place difficile des femmes dans le milieu artistique et les agressions sexuelles qui vont jusqu’au féminicide. Double négation. Carolina Bianchi refuse d’entrée la compassion, la victimisation, la résilience, la sororité . Aller plus loin c’est se mettre en jeu physiquement en entrant à son tour dans une performance qui réveille la mémoire et appuie sur le traumatisme.

→   Lire Plus

« Maison close, ( Chez Léonie) », texte, m.e.s. & jeu Agnès Chamak et Odile Huleux

— Par Dominique Daeschler —

— Festival d’Avignon —

Une fois n’est pas coutume et la curiosité piquée par une présentation enjouée m’a conduite à aller voir ce que je ne vois jamais : du théâtre de boulevard. Tout y est : la jeune provinciale sans expérience, l’ultra-lucide, la maîtresse femme qui s’illusionne sur sa possibilité de mariage, la tenancière près de ses sous, le commissaire qui a ses habitudes, le rabatteur aux abois, l’inspecteur tatillon et intègre, le fils de préfet maladroit. Ça tourbillonne, un incessant ballet d’entrées et de sorties avec froufrous et retournements de situation va-il pouvoir pallier l’homicide involontaire du jeune homme de bonne famille ? De la dissimilation au fiasco il n’y a qu’un pas. Pas de scrupules et pas de psychologie : le temps d’entrapercevoir une solidarité féminine , le pragmatisme prend le dessus et la maison brûle effaçant toute preuve. Les répliques claquent, les accessoires jouent leurs partitions et les comédiens, excellents, dans une belle complicité de jeu, s’en donnent à cœur joie dans la caricature.

Théâtre des Brunes.16h40. Jusqu’au 29 juillet, relâche les 10,17 et 24

Auteurs

→   Lire Plus

« Vivarium », d’après Roamin Gary, m.e.s. & jeu Fred Cacheux

—Par Dominique Daeschler —

— Festival Avignon —Fred Cacheux s’empare de Gros Câlin, un des romans que Romain Gary publia sous le pseudonyme d’Emile Ajar et en fait un petit bijou : finesse de l’adaptation, bonheur du jeu . Le comédien passé par la Comédie Française, longtemps permanent du Théâtre National de Strasbourg, est sur scène ,seul, comme un poisson dans l’eau faisant de la durée du spectacle (1h30) un argument au service de la connaissance de son personnage Monsieur Cousin, sans redondance. Dans son costume étriqué d’employé de bureau effacé, ce dernier fait consciencieusement son travail et rentre en solitaire dans son petit appartement retrouver son …python surnommé Gros Câlin. Ceci intrigue ses collègues de bureau, suscite des problèmes avec les voisins quand Gros Câlin explorant les tuyauteries pointe sa tête dans les toilettes de l’appartement du dessous. Comment Monsieur Cousin amoureux mais ne souhaitant pas se séparer de son python va-t-il sans sortir ? Le texte de Gary reprend des thèmes qui lui sont chers : la solitude, le spleen, l’ambiguïté, la difficulté du regard de l’autre. Ce n’est pas mièvre mais enveloppé d’humour comme une politesse extrême.

→   Lire Plus

EXIT ABOVE, after the tempest, d’Anne Teresa De Keersmaeker, Jean-Marie Aerts, Meskerem Mees, Carlos Garbin.

— Par Dominique Daeschler —

Dans cette nouvelle création, la chorégraphe Anne Teresa de Keersmaeker associe d’emblée à la construction du spectacle Jean Marie Aerts architecte sonore du groupe fondé par Arno, Meskerem Mees autrice-compositrice-interprète- qui est proche du songwriting et danse aussi sur scène en compagnie du danseur guitariste Carlos Garbin. Plus que jamais, le rapport à la musique qui s’est développé au fil du temps dans ses chorégraphies, est présent : rapport à la pop, à la chanson, au blues, références à la dance et aux beats, amplification des instruments…Les chemins musique et danse sont d’abord tracés de façon parallèle avant une mise en commun qui dessine le corps du spectacle et son âme

Le point de départ est un hommage au bluesman Robert Johnson mâtiné d’une référence à la Tempête de Shakespeare, cœur de cyclone qui déchire l’espace (une grande toile en fond de plateau) et interroge l’humanité dans son devenir. L’univers, qui colle à merveille au grand plateau de la Fabrica, est celui d’un gymnase ( souvent lieu de refuge en cas de catastrophe naturelle), au sol des diagonales, des lignes droites, des courbes de couleurs différentes qui sont dédiées aux parcours singuliers des douze danseurs.

→   Lire Plus

« Iphigénie à Splott », de Gary Owen, m.e.s. de Geroges Lini

— Par Michèle Bigot —

Iphigénie habite à Splott, un quartier déshérité de Cardiff. elle s’appelle Effie, Iphigénie, c’est le nom de son destin. Du père, il ne sera pas question. On ne parlera que de sa grand-mère. Famille même pas mono-parentale. Effie est livrée à elle-même et à son présent désespérant. Devant no future! La friche industrielle, la cité, les ordures, les pubs pleins à craquer, les parcs abandonnés, et la rue pour tout horizon, les merdes de chien sur le trottoir. alors l’alcool, la baise, et encore l’alcool. Rien d’autre n’existe, de toute façon. Effie, c’est la marginale, la paumée, celle qu’on évite dans la rue, celle qu’on ignore et que beaucoup insultent. Mais elle estvive, drôle, combative, pleine de vie. Elle a pour elle sa clairvoyance et son franc-parler. Elle ne recule devant rien , ne baisse les yeux devant personne. C’est une guerrière, pas comme son blaireau de petit copain qui la suit comme un toutou.

Et puis voilà qu’un jour elle rencontre l’amour, le vrai, celui qui change tout. Elle y croit ferme, pour la première fois elle ne se sent plus seule.

→   Lire Plus

« La joie ! », texte et m.e.s. Louise Wailly & « J’aime », texte Nane Beauregard m.e.s et jeu Laure Werckmann

— Par Dominique Daeschler—

FESTIVAL D’AVIGNON OFF.

Sur une échelle un personnage dans une carapace d’insecte (clin d’œil à Kafka ?) vite délaissée s’empare de la joie comme d’un problème à résoudre, convoquant tour à tour Spinoza et Montaigne, avec des plumes , en femme. Il y a comme un acharnement à jouer entre pression et dépression, à toute allure. Avec un sens certain du verbe, le comédien très jeune homme de bonne famille gentiment déluré essaie de nous faire adhérer au parti de la joie, en décidant comme lui d’y croire même s’il pencherait plutôt du côté des sceptiques tristounets. Quentin Barbosa se démène sur scène comme un beau diable, tourne en cage, envisage divers plans, invente la carte avec un seul œil pour voir la vie. Ce temps morose et violent de guerre et de pandémie ne pourrait-il pas être bouleversé par un changement radical et collectif qui appellerait le « care » à la rescousse. Le texte est intelligent même si ses nombreuses pirouettes ne facilite pas la tâche d’un comédien doué qu’on a plaisir à suivre sur le plateau.

→   Lire Plus

Au festival d’Almada, L’ Anniversaire, ou Pinter mis en scène par Peter Stein

Un des moments du festival les plus attendus : la soirée d’un duo gagnant, Pinter / Stein

– Par Janine Bailly –

Réunir au festival d’Almada deux “monstres sacrés”, deux “figures de proue” du théâtre actuel,  c’est l’un des petits miracles auxquels nous convie le directeur, Rodrigo Francisco.

Harold Pinter, dramaturge britannique disparu à Londres en 2008, nous reste proche par la grâce des pièces qu’il a écrites, et qui régulièrement sont portées à la scène : ainsi ai-je pu voir en juin le diptyque proposé à Paris, au Théâtre de l’Atelier, par Ludovic Lagarde, à savoir L’Amant et La Collection, œuvres complémentaires, qui autopsient de façon acidulée, tranchante et drôle, la vie du couple, l’amour, le désir, et le quotidien le plus banal où se glissent peu à peu l’ambiguïté, le mensonge, et les faux-semblants. Où l’on finit par accepter de vivre dans l’étrange et l’inconfort. 

Peter Stein, lui bien vivant, que par bonheur nous pouvons voir et entendre lors d’une “Conversa na esplanada”, une conversation en plein air en fin d’après-midi, est celui qui dans les années soixante-dix redonna vigueur à un théâtre allemand embourgeoisé et encalminé, dirigeant un temps Die Berliner Schaubühne, le célèbre théâtre de Berlin.

→   Lire Plus

« Les femmes de la maison ». Écriture, m.e.s. Pauline Sales.

— Par Dominique Daeschler —

FESTIVAL D’AVIGNON0FF

Pauline Sales empoigne le féminisme, son aura et « ses mauvaises fréquentations ». Un état des lieux en trois étapes : époques différentes, personnages différents dans un seul lieu, dans une même situation.

Un cinéaste documentariste ( spécialisé dans le tournage de « révolutions ») rachète à sa femme la maison dont il lui avait fait cadeau pour servir de lieu de résidence et de création à des artistes femmes. Il s’autorise régulièrement de petites incursions qui ne manquent pas de le remettre en question. Au fil des ans, la résidence d’artistes vire à une communauté de femmes qui passera d’un mode baba ( Ah! les coussins roses échancrés en leur milieu d’une grande fente rouge !) à un mode plus people avant d’entrer dans l’espace de la sororité, d’évoquer l’homosexualité, d’interroger le genre et les assignations et appellations contrôlées homme- femme, le racialisme…et l’écriture, les écritures. Pauline Sales a le verbe haut, malicieux, secoué de rires : celui qui se retourne comme un gant et fait théâtre avec un sens aigu de la dramaturgie et de la politique.

→   Lire Plus

« Welfare », m.e.s. Julie Deliquet.

— Par Dominique Daeschler –

Festival d’Avignon.IN.

Julie Deliquet, directrice du TGP, avec une expérience certaine d’adaptation de scénarios, s’attaque à l’adaptation théâtrale du film de Frederick Wiseman, Welfare, qui décrit la vie d’un centre social de New York dans les années 70, en dressant le portrait des usagers et des travailleurs sociaux. Dans une sorte de gymnase réaménagé en urgence vont être livrées aux exigences terre à terre de l’administration – le fameux « remplir les papiers « pour avoir droit à postuler à une aide, des demandes d’urgence qui implique un regard humain sur la situation et un soutien loin de toute rigidité administrative. Réunis par la douleur de vivre au quotidien, défileront, le blessé du Vietnam, la petite vieille un peu juste du caboulot, la femme délaissée avec ses gosses , la grande gueule, le cacou, celui qui n’a jamais travaillé, la femme mytho, l’apatride, le sans abri …. Autant d’abîmés par la vie qui connaissent l’usure, la faim et se heurtent à l’absurdité de règles auxquelles ils ne peuvent répondre, faute le plus souvent de critères concordants.

→   Lire Plus

« Iphigénie à Splott », de Gary Owen, m.e.s. Geroges Lini

— Par Michèle Bigot —

Iphigénie habite à Splott, un quartier déshérité de Cardiff. elle s’appelle Effie, Iphigénie, c’est le nom de son destin. Du père, il ne sera pas question. On ne parlera que de sa grand-mère. Famille même pas mono-parentale. Effie est livrée à elle-même et à son présent désespérant. Devant no future! La friche industrielle, la cité, les ordures, les pubs pleins à craquer, les parcs abandonnés, et la rue pour tout horizon, les merdes de chien sur le trottoir. alors l’alcool, la baise, et encore l’alcool. Rien d’autre n’existe, de toute façon. Effie, c’est la marginale, la paumée, celle qu’on évite dans la rue, celle qu’on ignore et que beaucoup insultent. Mais elle festive, drôle, combative, pleine de vie. Elle a pour elle sa clairvoyance et son franc-parler. Elle ne recule devant rien, ne baisse les yeux devant personne. C’est une guerrière, pas comme son blaireau de petit copain qui la suit comme un toutou.

Et puis voilà qu’un jour elle rencontre l’amour, le vrai, celui qui change tout. Elle y croit ferme, pour la première fois elle ne se sent plus seule.

→   Lire Plus

« An oak tree » texte, m.e.s. & interprétation Tim Crouch

— Par Michèle Bigot —

Cloître des Célestins, Festival d’Avignon 2023

La foire aux illusions, tel est ce spectacle de Tim Crouch créé en 2005 et tournant largement de par le monde aujourd’hui. Il répond parfaitement à l’ambition affichée par Tiago Rodrigues, faire de cette 77ème édition un focus sur le théâtre britannique. Britannique jusqu’au bout du plateau, cette pièce l’est bien. Digne fils de Vanity fair, émule du baroque shakespearien, Tim crouch fait de la scène théâtrale une foire au boniment, du metteur en scène un hypnotiseur et/ou un thérapeute, un « entertainer » de bas étage. Comment?

Deux personnages occupent le plateau: Tim Crouch et un acteur prélevé dans le public, hier AdamaDiop) qui ignore tout du scénario et à qui il va souffler ses répliques. Première entorse délibérée au fonctionnement ordinaire de l’illusion théâtrale. Le motif est pourtant tragique; il s’agit d’un père confronté au chauffard qui vient de tuer sa fille dans un accident de la circulation. L’idée est que le père va consulter un hypnotiseur pour conjurer son chagrin.

Mais qui est qui? Les deux interprètes vont assumer tous les rôles, celui du père, Andy, celui du chauffard, celui de la mère en deuil, dans un tourbillon des apparences qui exprime le vacillement de la réalité caractéristique d’un tel deuil.

→   Lire Plus