Catégorie : Arts de la scène

JOSIANE ANTOUREL Chorégraphe et danseuse. Focus

 —  par Kélian Deriau. —

  De retour de Montréal où elle apporte sa conception d’une danse particulière, décloisonnée de l’Art et enrichie son œuvre au contact d’une diversité chorégraphique multiple, Josiane Antourel était au programme de la biennale de Danse à l’Atrium. Dans la « Soirée des chorégraphes » et avec « Wouvè la won’n. De la musique pour les yeux »

Qu’elle le veuille ou non la critique est fondée sur des valeurs de dogme, sur des certitudes, sur ce que l’on comprend comme des vérités opérantes absolues. Nous vivons bien des fois sur des acquis culturels imprégnés de valeurs et de modèles ambiants, mais qu’on ne peut justifier en regard de la danse et sans volonté aucune d’ostracisme rebelle, car il faut bien considérer que cette danse existe hors du langage, elle n’existe qu’à partir où les mots manquent. Essayer alors de la résumer dans un agglomérat, de mots, lui dire son fait à travers un compte rendu, un papier critique, est simplement improbable. De ce point de vu, a commencer par ce qui pourrait passer pour prétention, controverse ou apories majeures : critiquer la danse est « usurpation, abus de pouvoir », c’est ramener l’œuvre chorégraphique au rang de matière.

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« Sans titre » de Frederico Garcia Lorca

— Par Roland Sabra —

Jacques-Olivier Ensfelder travaille depuis sept ans avec un petit groupe de femmes passionnées de théâtre. Un seul homme durant ce « septennat » s’est aventuré sur les planches. Le metteur en scène récuse la distinction entre théâtre amateur et théâtre professionnel. Il explique que bien des amateurs ont un talent au moins équivalent à certains professionnels. La preuve nous en est donnée chaque année par une troupe subventionnée dont le metteur en scène s’escrime à vouloir jouer, pour un résultat sur lequel on ne s’appesantira pas.

 

La position de Jacques-Olivier Enselder si elle est parfois juste ne l’est pas en toutes circonstances. Son dernier travail en témoigne. Un texte magnifique de Frederico Garcia Lorca «  Comédie sans titre, écrite juste avant la mort du poète assassiné par les troupes franquistes. Pièce de théâtre sur le théâtre. Un metteur en scène répète « Le songe d’une nuit d’été » de Shakespeare dans le théâtre d’une ville sur le point de tomber aux mains des factieux. Quelle est l’urgence? Peut-on continuer à faire du théâtre qualifié de « bourgeois » dans une situation insurrectionnelle.

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Une magnifique Antigone, mise en scène par René Loyon

— Par Roland Sabra,

Belle affiche les 7 et 8 mai à l’Atrium avec Antigone dans une mise en scène de René Loyon. Cette tragédie de Sophocle appartient à ce qu’on appelle le cycle des pièces thébaines, du nom de Thèbes, la cité-royaume, «   la seule cité où des mortelles donnent naissance à des dieux » nous dit l’auteur! Antigone est la dernière de la série après « Œdipe roi « et « Œdipe à Colone » mais elle a été rédigée bien avant, en 441 avant JC. Alors me direz-vous en quoi une pièce écrite il y prés de 2500 ans en Grèce peut-elle intéresser le public martiniquais. Et bien en ceci qu’elle nous conte une histoire qui interroge les liens entre les vivants et les morts, l’opposition entre la loi des hommes et la loi des dieux. Antigone est une résistante. Rappelons l’argument. De la liaison incestueuse entre Oedipe et sa mère Jocaste sont nés deux frères jumeaux, Etéocle et Polynice et deux filles Ismène et Antigone. Enfants maudits s’il en est, parmi les enfants maudits! Les fils héritent du pouvoir, chacun devant régner une année à tour de rôle.

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Biennale de danse 2010 à Fort-de-France

 — par Roland Sabra —

Semaine 1

 

 

  « Une Tentation d’Eve »  qui s’éternise

 Les ressources financières du CMAC-ATRIUM étant ce qu’elles sont il était difficile de programmer les authentiques ballets contemporains de la Compagnie Marie-Claude Pietragalla qui mobilisent de nombreux artistes. Heureusement la chorégraphe propose aussi des pièces intimistes au nombre desquelles on trouve « Ivresse » créée une première fois en 2001, reprise en 2005 avec en accompagnement musical le groupe de musique tsigane Arbat. « Ivresse » nous était donc proposé en première partie, sans orchestre certes mais avec une bande son.

 

La chorégraphe et son compagnon Julien Derouault, seul danseur en scène, ont un goût prononcé pour l’éclectisme artistique. Mêler danse et image d’animation ou arts martiaux ( Marco Polo), danse et cirque ( Sakountala) par exemple est un axe de travail qui caractérise l’intelligence créatrice de la Compagnie. On retrouve jusque dans la façon de danser ce souci d’explorer des rives étrangères. Julien Derouault en donne une illustration splendide avec un déhanché à la limite du déséquilibre qui fait irrésistiblement penser à des scènes de Bruce Lee.

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Sotigui Kouyaté, comédien malien

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Dans le Mahabharata, créé par Peter Brook à Avignon en 1985, il jouait Bhishma, celui qui possède et transmet la sagesse. Vêtue d’un boubou blanc, son immense silhouette se découpait sur les pierres, dans la nuit magique de la carrière de Boulbon, où le spectacle se donnait. C’était la première fois que l’on voyait en France Sotigui Kouyaté. Ce grand comédien africain est mort samedi 17 avril, à Paris, à l’âge de 73 ans, d’une maladie pulmonaire.

Sotigui Kouyaté se définissait comme un homme de la culture mandingue, d’où viennent les griots. De parents guinéens, il est né le 19 juillet 1936 à Bamako, au Mali, puis il a vécu au Burkina Faso. « La première famille de griots, ce sont les Kouyaté, je suis un de leurs descendants, disait-il au Monde, en 2001. En Europe, on ignore ce que veut dire griot : pas seulement un conteur, mais tout à la fois le dépositaire de la mémoire de son peuple, mémoire uniquement orale, un maître de la parole, un généalogiste qui connaît toutes les ascendances de chacun, le maître des cérémonies, gardien des traditions et des coutumes, et, surtout, un médiateur.

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« Lectures dramatiques » dans les jardins du théâtre

— Par Laurence Aurry —

Il faut saluer l’initiative d’ETC Caraïbe et remercier Michèle Césaire et le Théâtre de Fort-de-France pour les lectures dramatiques publiques organisées dans les jardins du théâtre les 8 et 9 avril derniers.ETC Caraïbe ( Ecritures Théâtrales Contemporaines en Caraïbe) est une jeune association dynamique qui s’est donné pour mission de susciter et de promulguer la création dramaturgique dans le bassin caribéen. Depuis quatre ans, elle organise des concours d’écriture permettant l’émergence et la révélation de jeunes talents. En partenariat avec le Rectorat et la DRAC, elle a mis en place dans les établissements scolaires et les prisons des rencontres avec des metteurs en scène, des acteurs et des auteurs confirmés. Dans les locaux de Fonds Saint-Jacques, éditeur, auteurs dramatiques viennent régulièrement animer des ateliers d’écriture pour les apprentis-dramaturges.

ETC Caraïbe œuvre à l’ouverture et au métissage culturels. Avec ces intervenants de tous horizons (cubains, vénézueliens, canadiens, français, africains…) et ses actions dans de nombreuses villes en France (Paris, Avignon, Toulouse…) et à l’étranger (Montréal, Caracas, bientôt New York…) ETC Caraïbe offre une chance extraordinaire de faire rayonner notre culture insulaire et de nous ouvrir au monde.

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« EIA » : les noces blanches du théâtre et du slam

— par Roland Sabra —

Les metteurs en scène Eric Delor et josé Exélis nous proposaient le 31/03/10 à L’Atrium une version revisitée, plus épurée de « EIA » crée en juin 2009 à l’occasion de l’anniversaire d’Aimé Césaire. L’originalité de la démarche consiste à essayer une alliance entre le théâtre et le slam. Le slam, dont on a pu entendre une belle prestation il y a peu à l’Atrium avec « Grand corps malade » relève à l’origine de la joute oratoire. La rythmique du poème procède par assonances, allitérations, onomatopées et répétitions consonantiques. Les champs lexicaux mêlent avec plus ou moins de bonheur les registres du familier et du soutenu, de l’argot et de la préciosité, le verlan et les anglicismes. Du point de vue argumentatif dominent l’apostrophe et l’impératif, modes d’expression d’une violence dénonciatrice des injustices sociales. La forme semble en parfaite adéquation avec la dénonciation du colonialisme, du racisme, de l’esclavage, de l’oppression, de la société de consommation etc., ces thématiques lancinantes et récurrentes que tout artiste antillais se doit d’arpenter s’il veut se faire un chemin.

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Une Biennale de danse à Cuba

  — Par Raphaël de Gubernatis —

malsonPour créer des liens et stimuler des échanges entre artistes très isolées des grandes et petites Antilles, Cultures-France a créé une Biennale de danse Caraïbes à la Havane.

La seconde édition de cette entreprise militante et généreuse s’est heurtée à la triste réalité du terrain. Elle n’aura probablement pas de suite.

Au fond, tout a débuté par une mission de Cultures France, le fer de lance de l’action culturelle du Ministère des Affaires étrangères. Une mission menée par Sophie Renaud dans la myriade d’îles qui courent entre les deux Amériques, de la pointe du Yucatan aux rivages du Venezuela et des Guyanes. Des îles jadis colonisées par les Espagnols, les Portugais, les Français, les Anglais ou les Hollandais, dont on prit bien soin de massacrer les populations aborigènes que remplacèrent bientôt des Africains arrachés à leurs terres, et bien plus tard parfois des Indiens ou des Chinois, mêlés aux Européens. Des îles on l’on parle espagnol, français, anglais, créole, peut-être même encore flamand….ou mandarin. « Un formidable laboratoire de la diversité culturelle » s’extasie justement Sophie Renaud, « mais dont on ne prend pleinement conscience qu’en volant d’île en île et en y rencontrant jour après jour artistes et personnels politiques ».

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« L’orchidée violée »: tout est à faire

— Par Roland Sabra —

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Photos Philippe Bourgade- Tous droits réservés.

José Exélis est un metteur en scène martiniquais des plus talentueux. Il nous a présenté l’esquisse de l’esquisse d’un travail  sur un texte de Bernard Lagier avec deux personnages incarnés par Amel Aïdoudi et un musicien Alfred Fantone Si le texte de Bernard Lagier est marqué de quelques envolées lyriques, de quelques belles images, sa construction demeure un peu confuse et le fil du propos n’en n’était que plus difficile à suivre.  Le travail à peine commencé de José Exélis, cinq services de répétition tout au plus pour  se présenter devant le public, s’appliquait donc à un texte  lui-même un peu brouillon. On devinait qu’il était question d’inceste et de liens forcément ambivalents entre la mère et l’enfant issu de ce drame. Amel Aïdoudi qui peut être admirable quand elle est dirigée peut être aussi insupportable quand elle est livrée à elle-même sur un plateau. C’était le cas. Dans ce genre de situation elle s’accroche à sa belle tignasse comme à une bouée de peur de couler sous le texte qu’elle ne peut faire vivre faute de se l’être approprié préalablement.

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Bach fut-il un jeune homme capricieux ?

— par Selim Lander — 

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J.-S. Bach en 1715

 

La Disgrâce de Jean-Sébastien Bach
de Sophie Deschamps et Jean-François Robin

Le comédien Serge Barbuscia, après s’être mis en scène lui-même devant les spectateurs de l’Atrium dans J’ai soif, a proposé au même public une production de sa compagnie, le Théâtre du Balcon, conçue à partir d’un épisode réel de la vie du compositeur Jean-Sébastien Bach (1685-1750). L’anecdote se situe en novembre 1716. Notre héros, encore jeune mais déjà célèbre compositeur, est au service du prince de Weimar. Davantage préoccupé de suivre son génie que les desiderata de son maître, il finit par s’attirer les foudres de ce dernier qui l’enferme dans un coin de son palais. Il ne sortira pas de sa prison tant qu’il n’aura pas livré une cantate pour le 1er dimanche de l’Avent.

Une note des auteurs nous renseigne sur leurs intentions. Leur texte, écrivent-ils « traite du combat de Bach contre l’obscurantisme et sa lutte pour une création sans contrainte ». Une autre note, du metteur en scène cette fois, précise sa lecture du personnage.

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Tanya ELISABETH : l’Art Performance

— Par Christian Antourel —

 Le corps dans le décor

  Un art qui apparaît d’autant plus vivant, qu’il semble n’obéir à aucune règle définie, fourmillant d’imprévus et d’inventions.

 Tanya Elisabeth est une artiste au devenir prometteur. L’imaginaire artistique qu’elle développe, ses représentations quelle réalise comme dans l’envolée d’une apparition de colombes font de cette artiste plasticienne, une magicienne, mais aussi une danseuse a la recherche du temps perdu qu’elle retient dans l’étreinte spontanée d’une interprétation de la nature. Elle vit une aventure qui la porte dans des ressentis tenaces, volatils et fugitifs qu’elle envisage en connivence entre corps et décors, dans un accord tacite, un périple audacieux ou des espaces vides s’habillent entre transparence et apparence de couleurs vraies et fugaces. Elle danse dans l’espace de nos regards, maintenue en équilibre entre les surfaces modulables de toute la réalité d’un rêve, par essence, évanescente et éphémère.

 Cette sensualité du risque immédiat

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« MAR NUESTRO » d’Alberto Pedro Torriente : quand c’est mal parti… c’est mal parti!

—Par Roland Sabra —

 

Pour la seconde fois la compagnie  » Corps Beaux » présentait « Mar Nuestro » aux Martiniquais La mise en scène avait été revisitée, on pouvait donc penser qu’il s’agissait d’un travail différent. Et il l’était. En mieux ? En pire ? Ni l’un ni l’autre. Ricardo Miranda en « Vierge folle » était au moins deux tons en dessous de sa prestation de la première version. Ce qui était un mieux incontestable mais encore très indigeste. Un interprétation beaucoup moins « Cage aux folles » que  dans la première version, mais comment revenir, comment atténuer un tel parti pris de mise en scène?  Reste que la diction mange toujours autant de syllabes et rend le texte par moment  totalement incompréhensible.

Et nos regrets n’en sont que plus grands. Car s’il y a quelques qualités a retenir du travail de Miranda et de son compère Lopez c’est la passion qu’ils mettent à faire les choses, cette abnégation dont ils font preuve quand ils mettent en scène, avec très peu de moyens, presque rien, un texte d’auteur.

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« Bintou » de Koffi Kwahulé dans une mise en scène de Laetitia Guédon

— Par Roland Sabra, 

Un talent prometteur !

 Virilisme « Réaction virile exacerbée face à l’évolution des rapports hommes-femmes, le virilisme, surtout dans les banlieues, est aussi l’indicateur d’un malaise social plus large. » Telle est la définition du sociologue  Daniel Welzer-Lang qui semble s’appliquer à la lettre à la thématique déclinée par Koffi Kwahulé dans « Bintou » mis en scène par Laetitia Guédon et jouée le 09 octobre2009 à Fort-de-France. Une jeune fille de treize ans, qui n’est plus une enfant, exceptée pour les contempteurs de Polansky, issue de l’immigration africaine refuse les codes machistes d’une acculturation batârde. Ou plutôt, Bintou, puisque c’est d’elle dont il s’agit, va se jouer des acquis d’une socialisation apparemment conflictuelle, entre Europe et Afrique mais fondamentalement convergente quand à perpétuation de la domination masculine.   Noyée dans le sang sous le couteau de l’exciseuse,  avec la complicité des femmes plus âgées, elle paiera de sa vie de n’avoir pas voulu rester à la place que l’ordre des hommes lui avait assignée. Le thème développé n’est  pas tant l’excision que celui des ravages de socialisations différentielles et conflictuelles dans un contexte d’acculturation postcoloniale et de virilisme mortifère.

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Mar nuestro » : Narcisse se suffit à lui-même

— Par Roland Sabra —

 

 La Compagnie « Les corps beaux » qui s’inscrit dans le sillage du Théâtre Si de Médina a le grand mérite de nous faire découvrir un immense auteur cubain, Alberto Pedro Torriente. Le précédent travail de la troupe nous avait présenté « Mantéca » ( lire la critique ) il y a deux ans déjà, avant d’aller à Avignon et d’y retourner l’an dernier avec une version plus aboutie. La troupe de Ricardo Miranda poursuit avec « Mar Nuestra » l’exploration du répertoire de cet auteur, décédé en 2004 à l’âge de 50 ans d’une cirrhose du foie à l’hôpital Allende de La Havane. Trois femmes, une noire, une métisse et une blanche sur un radeau sont à la fois unies dans la recherche d’un paradis, une terre ferme, occidentale il va de soi, et par les conditions nécessaires à leur survies, le partage du peu de biens alimentaires dont elles disposent et divisées, partagées par ce qui structure leur identité, à savoir, le racisme, les superstitions, le dogmatisme. Sur ce radeau à la dérive sur une mer sans limites, avec lequel elles prétendent franchir les frontières dans leur quête d’un paradis elles se heurtent à l’infranchissable barrière de l’enfer des préjugés de races, de classes et d’idéologies qu’elles ont embarqués avec elles.

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Les premières rencontres dramaturgiques de la Caraïbe

 par Michel Dural* —

theatre_drameDu 22 au 24 octobre 2009, les « 1ères Rencontres Dramaturgiques de la Caraïbe » se sont tenues au Lycée Schoelcher dans la salle de théâtre Aimé Césaire, ainsi nommée il y a dix ans, à un moment où ni l’homme Césaire, ni son oeuvre, ni sa pensée ne faisaient l’unanimité à la Martinique. Schoelcher, Césaire, même combat? Le programme de ces « Rencontres… » prévoyait deux Tables Rondes avec comme thèmes « Le théâtre Jeune Public » et « Théâtre et actualité politique ». On ne pouvait rêver meilleur parrainage.
Ni meilleur espace que cette petite salle, avec ses murs noirs, son parquet noir et ses gradins rouges, où, depuis dix ans, les élèves martiniquais passionnés de théâtre apprennent à lire, à regarder, à jouer du théâtre, et à en parler.
Ils étaient là, d’ailleurs, ces élèves, dans les gradins où l’on aurait souhaité voir au moins quelques uns de ceux qui, à la Martinique, ont en charge le développement culturel et la promotion du spectacle vivant.
Ils étaient là sur scène, aussi, puisque c’est l’Option-théâtre du lycée qui ouvrait la manifestation par la lecture-mise en espace de « La robe de Gulnara », une pièce de l’un des auteurs invités, Ia québécoise Isabelle Hubert.

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Marie Stuart, fable sur le pouvoir de Friedrich Schiller

 

— Par Laurence Aurry —

 

 

Théâtre de Fort-de-France les 7,8,9,10,11 octobre à 19h30

 

 

Choisir un drame romantique historique comme Marie Stuart aujourd’hui où le théâtre se fait de moins en moins politique et où la politique se donne de plus en plus en spectacle, relève de la gageure. Comment intéresser les spectateurs contemporains à un conflit qui peut leur paraître si lointain ? Comment rendre la force et le souffle du grand dramaturge allemand, Schiller ? Comment traduire à travers la rivalité de ces figures féminines héroïques, Marie Stuart et Élisabeth 1ère, les enjeux idéologiques, moraux et religieux qui traversèrent le XVIè siècle, en proie aux guerres de religion, et le XVIIIè siècle, avide de libertés ?

 

La tentative est louable. Le choix des costumes et la scénographie témoignent d’une recherche intéressante. La couleur des vêtements, le rouge, le mauve, le gris, symbolise assez bien la passion ou l’austérité selon qu’il s’agit de la séduisante Marie Stuart, de la digne Élisabeth ou des sombres lords, juges de Marie Stuart. Les lignes droites des costumes masculins renforcent le caractère martial de leur personnage.

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« Anjo Negro » : La programmation audacieuse de Michelle Césaire

— Par Roland Sabra —


Ces dernières années elle ne nous avait pas habitués à une telle prise de risque. Une programmation sage, sérieuse, de qualité qui concourrait à former un public qui appréciait ce louable effort de pédagogie. On allait au Théâtre de Foyal, les yeux fermés, il suffisait de les ouvrir dans la salle et de découvrir ce que la programmatrice avait sélectionné bien souvent pour notre bohneur. C’était oublier un peu vite que Michelle Césaire est une femme de théâtre, qu’elle est aussi metteur en scène, et que son regard  s’est affuté à des choix artistiques exigeants, déroutants et parfois élitistes, dans le bon sens du mot. Elle ne a fait la preuve en ramenant de la Chapelle du Verbe Incarné à Avignon Angelo Negro une pièce de Nelson Rodrigues. L’auteur brésilien, cinquième enfant d’une famille de journalistes est né, en 1912 à Recife. Son enfance se déroule dans un climat pulsionnel intense, entre une mère jalouse et possessive et un père absent  de par son implication dans la politique et le journalisme. A l’âge de huit ans il participe à un concours de rédaction en classe et fait la narration d’un adultère!

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Sylviane Quitman maquilleuse.

Christian Antourel —

« Les illusions sont nécessaires et font partie intégrante de l’ordre des choses »

Eloge du maquillage

Peu importe que la ruse et l’artifice soit connu du public le maquillage n’a pas à se cacher si l’effet parvient à faire disparaître du teint toutes les taches et disgrâces que dame nature y a volontairement semé. Il répond à une unité esthétique abstraite devenue incontournable. C’est là que l’artiste maquilleuse est reconnue dans toutes les pratiques, les astuces employées pour subtiliser les traits rebels, dont l’unanimité réclame la fluidité audiovisuelle imperturbable, pour une accroche sur un fond de lumière infernale.
Il est une condition qui ajoute beaucoup à la force d’action du maquillage :
C’est que son exécution reste une légèreté dans le temps et qu’en n’aucune manière, hormis l’exception mise en scène, son passage ne conclut à des immobilisations prostrées dans des attitudes lisses de statues antiques ou à un portrait dans son cadre d’innombrables poupées agissantes. C’eût été lui manquer de respect que d’ôter au maquillage sa nature vivante.

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Une lecture sensuelle du Cahier d’un retour au pays natal

 
— Par Roland Sabra —

Comment mettre en scène un poème de cette trempe. Beaucoup s’y essaient, peu réussissent. Jacques Martial en avait donné un version presque guerrière? Rudy Silaire nous offre une version ronde comme le comédien et pleine de sensualité et de douceurs caribéennes. Même quand il élève la voix, il donne le sentiment de jouer à se mettre en colère. Il semble suffisamment sûr de lui, sur scène pour quitter sans encombre et pour notre bonheur de spectateur les rivages fascisants du virilisme, cette maladie infantile de la masculinité. Sa personnalité est donc assez forte pour éviter de se faire oublier sur scène. Dirigé par un autre metteur en scène que lui même il est contraint d’adopter d’autres codes que ceux que « naturellement »-mais qu’il y a-t-il de naturel dans le théâtre- il pratique. La belle pénombre dans laquelle baigne la scène et l’excellent accompagnement musical de Laurent Phénis, créateur de la bambou muzik – décidément la Martinique est un pays musicien- n’arrivent pas toujours à faire oublier ce manque de distance critique de Rudy Silaire mettant en scène Rudy Silaire.

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Une lecture sensuelle du Cahier d’un retour au pays natal

— Par Roland Sabra —

rudy_sylaireComment mettre en scène un poème de cette trempe. Beaucoup s’y essaient, peu réussissent. Jacques Martial en avait donné un version presque guerrière? Rudy Sylaire nous offre une version ronde comme le comédien et pleine de sensualité et de douceurs caribéennes. Même quand il élève la voix, il donne le sentiment de jouer à se mettre en colère. Il semble suffisamment sûr de lui, sur scène pour quitter sans encombre et pour notre bonheur de spectateur les rivages fascisants du virilisme, cette maladie infantile de la masculinité. Sa personnalité est donc assez forte pour éviter de se faire oublier sur scène. Dirigé par un autre metteur en scène que lui même il est contraint d’adopter d’autres codes que ceux que « naturellement »-mais qu’il y a-t-il de naturel dans le théâtre- il pratique. La belle pénombre dans laquelle baigne la scène et l’excellent accompagnement musical de Laurent Phénis, créateur de la bambou muzik – décidément la Martinique est un pays musicien- n’arrivent pas toujours à faire oublier ce manque de distance critique de Rudy Sylaire mettant en scène Rudy Sylaire.

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« Comme deux frères » : un travail perfectible sur un texte un peu faible

— Par Roland Sabra —

L’argument est d’une grande simplicité. Deux hommes, qui se connaissent depuis l’enfance, auteurs de mauvais coups sont en prison pour meurtre. Est-ce toujours le même qui comme d’habitude va endosser la responsabilité du crime? Et si oui à quel prix? Quand un malfrat a tout perdu que lui reste-t-il à offrir en échange pour échapper à l’enfer de la prison? Sa virilité?. Le texte de Maryse Condé ne le dit pas clairement mais le suggère avec insistance. Sur un fond de critique sociale sans concession l’auteure récite son credo, à savoir qu’il faut rompre avec l’idéologie victimaire à laquelle les victimes elles-mêmes font semblant de croire. Elle appelle à la responsabilité des individus pour les sortir de leur condition de sujet et pour qu’ils adviennent à la position d’acteur de leur propre destin. Si l’intention est louable son mode d’expression, le texte théâtral l’est beaucoup moins. Il faudra bien que Maryse Condé y consente, n’est pas auteure de théâtre qui veut et le travail d’élagage de José Plya, de coupe dans un texte à l’origine injouable parce bien trop « littéraire » allège le propos au risque de le vider de sens.

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« Comme deux frères » : le théâtre comme résistance. Entretien avec José Exélis

— Propos recueillis par Roland Sabra —

Roland Sabra : Vous montez aujourd’hui «  Comme deux frères de Maryse Condé , qu’est-ce qui guide vos choix dans l’ensemble de ce que vous avez fait ces dernières années?

José Exélis : Des coups de cœur ! Il n’y a pas de carrière prédéterminée sur un choix de textes précis. Je disais à l’instant aux comédiens qui faisaient valoir que j’exigeais d’eux aujourd’hui des choses que je n’exigeais pas il y a quelque temps, que j’avais changé entre temps, que tous nous changions, que nous ne sommes plus aujourd’hui ce que nous étions il y a ne serait-ce qu’un mois. J’ai des coups de cœur sur des textes, des univers, des atmosphères à un moment précis et c’est le cœur qui me guide mais la raison n’est pas loin pour autant car je réalise qu’en dehors des essais que je fais, du roman à la scène ou du poème à la scène, dont on pourra discuter, il y a un théâtre de résistance qui m’interpelle.

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« Le Collier d’Hélène » : lorsque le Québec et la Martinique se croisent.

 — Par Alvina Ruprecht —

 
La Compagnie du Flamboyant à la Chapelle du verbe incarné – Avignon 2009

Mise en scène : Lucette Salibur, une production du Théâtre du Flamboyant
Musique : Alfred Fantone
Scénographie, accessoires, costumes, graphisme; Ludwin Lopez
Distribution :
Hélène : Daniely Francisque
Nabil : Patrice Le Namouric
Ruddy Sylaire : plusieurs personnages dans la ville
Lucette Salibur : la femme qui cherche son fils
Le Collier d’Hélène (de Carole Fréchette) a été traduit dans de nombreuses langues et joué à travers le monde. Créée par Nabil El Azan et sa compagnie la Barraca en 2002 puis au Théâtre du Rond-point en 2003, la pièce vient d’être reprise par El Azan avec une distribution palestinienne (voir la critique de Philippe Duvignal). Maintenant, à Avignon, nous pouvons voir une nouvelle mise en scène du Collier créée en 2007 à Fort-de-France par la metteuse en scène martiniquaise Lucette Salibur.
Une réalisation extrêmement intéressante car elle resitue le texte québécois, dans une dynamique nouvelle. Le travail très dépouillé d’El Azan a recours à des films de fond évoquant une ville (peut-être Beyrouth) détruite par la guerre, mais mettant en valeur le personnage principal, Hélène une française de passage dans le pays pour un colloque.

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« Bintou » : tragédie urbaine et émergence d’une metteuse en scène

 — Par Alvina Ruprecht —

Création 2009 Prix de la Presse au Festival Off d’Avignon 2009


Nous connaissons déjà l’œuvre de Koffi Kwahulé, à mon avis un des meilleurs auteurs dramatiques de langue française de sa génération. Souvent jouées à Avignon, ses pièces construisent un monde symbolique qui décortique les soubassements du pouvoir où les anges exterminateurs mènent leurs victimes à leur perte. Un monde terrifiant qui cerne la psyché ébranlée de ces êtres pris dans un monde en transformation qu’ils essaient de cerner mais que souvent, ils ne comprennent pas.Bintou nous place devant une de ces expériences limites. Ce texte très puissant, issu du monde de la culture populaire urbaine est d’une actualité brulante, il est structuré comme une tragédie grecque. Un chœur syncopé nous accueille dès le départ dans cette descente vers les enfers. Bintou, une jeune révoltée genre Antigone, défie les dieux, refuse la tradition de ses parents et ensorcelle les membre de sa bande qui se laissent mener vers leur propre destruction. Un réquisitoire contre l’excision, une mise en évidence des conflits profonds qui déchirent les jeunes de l’immigration, un texte lyrique, féroce, réaliste et mythique à en couper le souffle.

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Une clôture de festival plutôt réussie

 — Par Roland Sabra —

Elie Pennont

 

Beau travail de Jean-Paul Césaire à partir du texte de son père « Et les chiens se taisaient ». Une grande sobriété dans la mise en scène, une ponctuation intelligente des actes avec des danseuses, quelques danseurs et des tambours, une distribution, certes inégale mais somme toute bien choisie et un souci de clarification ont contribué à faire de cette soirée une réussite, dans une salle dont l’acoustique laisse à désirer et c’est un euphémisme que de le dire.  Si la présence massive de Elie Pennont  dans le rôle du Rebelle a souligné, involontairement, la faiblesse du jeu de Sophie Colombo comme Amante, la prestation  très juste de Suzy Singa dans le rôle de la Récitante a fait oublier le symbolisme un peu trop appuyé du dispositif scénique. Etait-il besoin de placer l’Architecte ( Jean-Claude Prat) en surplomb de la cellule du Rebelle pour souligner les rapports de domination et d’oppression? Le texte ne suffit-il pas à les mettre en évidence? Le public, inhabituel, pour une soirée théâtrale, a semblé acquiescé à la proposition de scénographie .

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