Catégorie : Arts de la scène

Histoires d’art : Exit through the gift shop (Faites le mur !), un film de Banksy (2010).

 Par Selim Lander.

Mr Brainwash, Madonna

La session cinéma de mai a démarré très fort au CMAC avec le film décapant de Banksy, célébrissime street artist qui a pourtant réussi à préserver le mystère sur son identité véritable. Son film est à son image. Si Banksy est bien présent (en personne – évidemment floutée – et à travers son œuvre), Faites le mur ! s’organise autour d’un autre artiste contemporain, Mr. Brainwash, qui demeure également une énigme, même si son identité, dans ce cas, est parfaitement connue (Thierry Guetta, un Français installé à Los Angeles).

Le film est simultanément et contradictoirement la glorification des street artists authentiques et la dénonciation du n’importe quoi dans l’art contemporain. Parmi les artistes authentiques qui sont montrés dans le film, on signalera par exemple le mosaïste Space Invader (un autre Français) qui scelle sur les murs des villes du monde entier des figures inspirées au départ du jeu vidéo du même nom.

 

 

 

Space Invader

Banksy lui-même est probablement le plus connu des street artists. Cela tient non seulement au mystère autour de sa personne mais plus sûrement à la qualité de ses œuvres, à leur contenu émotionnel, au message politique qu’elles véhiculent.

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« Des incarcérés », de Christophe Cazalis, un pari à demi réussi.

Par Selim Lander.

 

 
   

Une bouffée d’oxygène, cette dernière fin de semaine, à l’Atrium. Enfin un auteur et un metteur en scène qui osaient innover, mélanger les genres, au risque, il est vrai, de nous laisser finalement l’impression d’une histoire inachevée et d’une demie réussite.
La pièce met successivement en scène deux univers très différents. D’abord un pays totalitaire, quelque part sous les tropiques, où l’on traque sans répit les résistants, les « anarcos ». Au départ Henri, un médecin blanc, francophone (joué par Patrice le Namouric) est seul, prisonnier dans sa cellule. Il n’a d’autres interlocuteurs qu’une caméra et un haut-parleur quand vient le temps pour lui de passer « au rapport ». Arrive ensuite un deuxième prisonnier, Amédée, un ouvrier noir (interprété par le metteur en scène, Hervé Deluge), qui ne connaît que le créole. Ils sont néanmoins tous les deux pourvus d’un appareil qui leur permet de comprendre et même de parler la langue de l’autre, ce qui vaut de savoureux passages entre les deux langues aux couleurs et aux registres si différents. Après quelques malentendus initiaux, les deux hommes finissent par devenir complices, sauf qu’on comprend au trois quarts de la pièce qu’Amédée est en réalité un agent double, chargé de faire parler Henri.

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De Bleu de Parme à Vert Limon Une lecture infinie

par Christian Antourel —

 Amel Aïdoudi ; une comédienne rompue à l’art de la scène.

 
Brillante idée du SERMAC (Service Municipal d’Action Culturelle), que de poursuivre les rendez- vous « bleu de parme », initiés depuis huit années par Lydie Bétis sa directrice. Cette saison est intitulée Vert Limon, celui dont le poète a dit : « il entre dans la composition de ma chair »
Sur scène Amazigh Kateb, leader et chanteur du groupe « Le Poison Rouge » fils du très célèbre Kateb Yacine immense écrivain, dramaturge et poète algérien qui « demeure un symbole de la révolte contre toutes les formes d’injustices et l’emblème d’une conscience insoumise, déterminée à rêver, penser et agir debout » Et notre Amel Aïdoudi comédienne aux mille facettes de l’indicible a l’émotion, qui dévoile les mystères d’un monde ou le réel n’est qu’un litham qui dissimule l’essentiel. Elle sait se libérer de toute convention rigide qui pourrait l’entraver dans son élan premier. Cette spontanéité procure à sa présence une sincérité vivifiante, quand le répertoire emprunte aux auteurs leur détermination, leurs déchirures soudaines, leurs métamorphoses érudites, articulées sur des textes de Frantz Fanon, d’Aimé Césaire, de Kateb Yacine.

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« le Jour où Nina Simone a cessé de chanter » de Alain Timar

 — Par Roland Sabra —

 
« le Jour où Nina Simone a cessé de chanter » | © Sylvie Biscioni

Alain Timar, le metteur en scène avignonais, est de retour en Martinique. Avec un texte de de Darina Al Joundi et Mohamed Kacimi : «  Le jour où Nina Simone a cessé de chanter ». Alain Timar est un élément du « Tout-monde » cher à Edouard Glissant. S’il y a des lignes de forces dans ses choix, comme Jean Genet; Ionesco ou Samuel Becket dont on a eu la chance d’applaudir à Fort-de-France il y a déjà quatre ans « Fin de partie », il y a surtout dans son travail une ouverture à l’altérité, une sensibilité à la différence vécue comme une nécessité. Il monte des textes en hongrois, en américain, en tagalog, une langue des îles philippines. Il est aussi celui qui révèle, au public français, sept ans avant son prix Nobel de littérature l’écrivain Gao Xingjian.

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« La nuit caribéenne » : la mise en scène est un art difficile.

  — par Roland Sabra —

  Crédits photo : Philippe Bourgade

Comment donner chair à un texte? Le travail ressemble plus à celui du sculpteur qui enlève de la matière qu’à celui du peintre qui en ajoute. Arielle Bloesch en a fait la démonstration avec « La nuit caribéenne » les 22 et 23 octobre au CMAC de Fort-de-France. Confrontée à un premier texte pour le théâtre écrit par Alfred Alexandre, d’une grande force, riche de contenu, il lui a fallu faire des choix. Rappelons l’argument. Deux frères, Frantz et Georges, deux naufragés de l’espérance révolutionnaire caribéenne, de l’aspiration à un monde plus fraternel, sont les épaves échouées sur la grève inhospitalière du libéralisme triomphant. Trahis par les dirigeants du Parti, au sein duquel ils étaient engagés dans le service d’ordre, ils ont sombré avec leurs rêves d’indépendance dans une dérive sans fin vers ce que Robert Castel nommerait comme étant la désaffiliation, une des dernières étapes avant la mort sociale. Alfred Alexandre dit avoir beaucoup penser à Steinbeck et à Faulkner en écrivant ce texte. Comme un hommage. A la trahison des espérances de transformations politiques et sociales vient se surajouter une traitrise, une crapulerie, occultée, maquillée entre les deux frères et qui, remémorée ouvrira sur une issue dramatique..

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« La nuit caribéenne » : présentation

 — Par Roland Sabra —

La nuit caribéenne se joue le vendredi 22 et le samedi 23 octobre à l’Atrium. C’est l’occasion de découvrir un auteur de théâtre et donc un texte. Un texte fort, comme un cri de haine, de désespoir, de fureurs, de mensonges ,de crimes, de viols et de dissimulation. Deux frères, des laissés pour compte des lendemains qui chantent, trainent leur déclassement social entre terre et mer. Le leader maximo du parti pour lequel ils s’étaient engagés dans le Service d’ordre( SO) a passé de petits arrangements avec l’ennemi de classe, et somme toute s’en accommode plutôt bien. Ils font penser à George et Lennie du livre de Steinbeck Des souris et des hommes dont on a vu une adaptation au petit théâtre de foyal il y a peu. Frantz est l’ainé, il a élevé son cadet Georges; il existe un lourd contentieux entre les deux frères et la haine est un ciment solide qui unit ces deux paumés. L’effondrement des repères symboliques qui les soutenaient se coagule avec la disparition de l’espérance d’un monde autre, le renoncement à une attente eschatologique; l’abandon du rêve d’un monde meilleur , d’un monde dans lequel les derniers auraient pu être les premiers.

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« Des souris et des hommes » de John Steinbeck : du bon gros théâtre… de qualité!

— Par Roland Sabra —

C omme souvent Michèle Césaire ouvre la saison théâtrale avec une pièce flamboyante Cette année elle nous offre un en hommage aux loosers du rêve a méricain et à tous ceux qui des aurores de l’expansion à la longue nuit des chômeurs ont trainé leurs guêtres et leur misère sur les bancs de toutes les galères du monde. C’est en 1937, au cours de ce qui est resté la plus grande crise du capitalisme que John Steinbeck publie Des souris et des Hommes. Ce sont avec les raisins de la colère les œuvres les plus connues de l’écrivain, prix Nobel de Littérature en 1962. L’histoire ressemble à celle de Moosbrugger dans « L’homme sans qualité » de Robert Musil paru en 1930, dont elle s’inspire mais en l’étoffant davantage. Le titre quant à lui est emprunté à un poème de Robert Burns «  Les plans les mieux conçus des souris et des hommes souvent ne se réalisent pas ». Le succès du roman est immédiat et vient consolider le statut d’écrivain que Steinbeck avait conquis deux ans auparavant avec Tortillat Flat.

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Chasseurs de swing

— Par Christian Antourel —

3 FEY 3 RASIN

   Swing se dit des musiques ou des musiciens qui donnent envie de danser, de faire onduler son corps.

Comme les trois mousquetaires ils sont quatre. Un pour tous et tous pour un. D’abord il y a Johan Jean-Alexis et Jean Damien Poullet violonistes impeccables. Il faut dire qu’ils échappent ici à la formation Malavoi, d’autant que leur agilité instrumentale se multiplie encore dans une virtuosité aiguisée de l’art du synthétiseur pour le premier et de la basse pour l’autre. Subtilités qu’ils alternent sur scène dans une fluidité de jeux improbable. Ces deux la ont en mémoire et gravé dans les doigts les armoiries respectivement du conservatoire de Paris et de Montpellier. Le troisième larron, le très talentueux percussionniste «  Pidou » Réviton , un personnage dans le monde du théâtre du conte et du tambour. Bien sûr, tous trois enseignent leur art avec le plaisir et la volonté non dissimulée de faire passer le message de la musique à travers les générations. De l’ombre apparaît aussi Joseph Valey en D’Artagnan très beau, la tête pensante, le manager du groupe.

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Ras le bol de la programmation concurrentielle à Fort-de-France !

  — Par Roland Sabra —

« Michèle Césaire, directrice du Théâtre Aimé Césaire à Fort-de-France  et Manuel Césaire directeur du CMAC Atrium à Fort-de-France ne se  rencontrent pas, ne communiquent pas, ne se téléphonent pas, ne se parlent pas. La programmation concurrentielle se poursuit allègrement, comme c’est le cas depuis de longues années. L’affiche peut rester vide pendant des semaines, pas la moindre petite pièce à se mettre sous la dent et puis tout à coup, spectacles à l’Atrium et au Théâtre de Foyal au même moment, c’est à dire aux mêmes dates, aux mêmes heures. Comme si le public était assez nombreux pour se partager! Comme si il n’était pas préférable d’étaler sur l’année les trop rares pièces proposées! Comme si les autorités de tutelles étaient incapables d’imposer une concertation! Faut-il rappeler qu’elles sont elles aussi en concurrence  politique? Il est a parier que même une assemblée unique échouerait à relever un tel défi. A nous de faire entre vaches maigres et (relative) abondance. »

Voilà ce que nous écrivions il y  a quelques temps. Ce n’était que la énième reprise d’une même plainte  formulée chaque année.

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La Monnaie de la pièce

 

— Par Laurence Aurry —

 

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Théâtre Aimé Césaire, les 14 et 15 mai 2010

 

 La troupe Courtes Lignes nous est revenue cette année avec un nouveau spectacle, une comédie. Après Devinez qui ? , une adaptation réussie des Dix petits nègres d’Agatha Christie, elle effectue un retour au théâtre de boulevard qui lui avait valu un franc succès avec Le Dindon de Georges Feydeau, il y a deux ans. La comédie de boulevard est souvent décriée par les puristes ou les théâtreux mais ce théâtre obtient toujours l’adhésion du public. Et lorsqu’il est bien joué, comme c’était le cas, samedi 15 mai, il peut rivaliser avec tous les classiques ou le théâtre sérieux. Donc, il faut s’abstenir de tous préjugés.
La troupe guadeloupéenne, ne déroge pas à la réputation qu’elle s’est forgée. Tous les acteurs se démènent pour notre plus grand plaisir pendant presque deux heures. Une belle performance surtout pour Claude-Georges Grimonpez et David Couchet qui jouent avec talent deux vieux amis à la fois complices et dupes de la fausse comédie. Nous assistons à une incroyable course au mensonge, une escalade dans les explications les plus saugrenues.

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« Sizwe Banzi est mort » d’Athol Fugard, John Kani et Winston Ntshona

— par Laurence Aurry —

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Peter Brook

 Les 14 et 15 mai derniers, le CMAC nous a permis de découvrir, dans la salle Frantz Fanon de l’Atrium, Sizwe Banzi est mort, une pièce d’Afrique du Sud qui nous introduit dans l’univers des townships de l’apartheid. On s’attend avec un sujet grave comme celui-ci à une pièce sombre et tragique. Au lieu de quoi, sans effacer la réalité avec ses injustices, ses brimades, une surexploitation des ouvriers noirs et une sous rémunération, l’absence des libertés et un contrôle permanent de tout et de tous, les auteurs traitent avec beaucoup de tendresse et de dérision la situation délicate de leurs personnages. Sizwe Banzi qui est fiché par la police parce qu’il a eu la malchance de se trouver au mauvais endroit lors d’une descente de la police ne peut plus trouver de travail décent pour nourrir sa femme et ses quatre enfants. Il sera obligé d’usurper l’identité d’un mort pour pouvoir continuer à exister. Bien sûr, cela ne se fera pas sans problème de conscience pour ce pauvre Sizwe. Mais Buntu qui l’a recueilli arrive à le convaincre et lui redonne goût à la vie.

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« Sziwe Banzi est mort » : une soirée éblouissante

— Par Roland Sabra —

habib_dembele-3_400Après une magnifique Antigone qui a enthousiasmé le public martiniquais la semaine dernière, l’Atrium nous offre, Vendredi 14 et Samedi 15 mai , « Sizwe Banzi est mort » dans une mise en scène du légendaire Peter Brook. La pièce écrite au début des années 70 par des auteurs sud-africains appartient à ce qu’on appelle le Théâtre des Townships. Issu des ghettos ce théâtre de par son existence même était un défi politique au régime de l’Apartheid puisque celui-ci avait interdit le théâtre aux populations noires.
Il s’agit d’un théâtre de l’urgence, de l’immédiateté qui a pour objectif de récupérer sur les lieux mêmes du crime raciste une parole que l’on voulait muette. Si le contenu est fortement social, quelques fois politique il n’est jamais militant. On y traite du chômage, des problèmes de l’éducation, de la violence dans la rue et dans la famille, de l’emprise de l’alcool, de la condition de la femme et – tout récemment – du sida. Il s’agit d’un théâtre complet qui sollicite l’intellect du comédien mais qui n’oublie pas de convoquer, de solliciter son corps sur la scène.

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JOSIANE ANTOUREL Chorégraphe et danseuse. Focus

 —  par Kélian Deriau. —

  De retour de Montréal où elle apporte sa conception d’une danse particulière, décloisonnée de l’Art et enrichie son œuvre au contact d’une diversité chorégraphique multiple, Josiane Antourel était au programme de la biennale de Danse à l’Atrium. Dans la « Soirée des chorégraphes » et avec « Wouvè la won’n. De la musique pour les yeux »

Qu’elle le veuille ou non la critique est fondée sur des valeurs de dogme, sur des certitudes, sur ce que l’on comprend comme des vérités opérantes absolues. Nous vivons bien des fois sur des acquis culturels imprégnés de valeurs et de modèles ambiants, mais qu’on ne peut justifier en regard de la danse et sans volonté aucune d’ostracisme rebelle, car il faut bien considérer que cette danse existe hors du langage, elle n’existe qu’à partir où les mots manquent. Essayer alors de la résumer dans un agglomérat, de mots, lui dire son fait à travers un compte rendu, un papier critique, est simplement improbable. De ce point de vu, a commencer par ce qui pourrait passer pour prétention, controverse ou apories majeures : critiquer la danse est « usurpation, abus de pouvoir », c’est ramener l’œuvre chorégraphique au rang de matière.

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« Sans titre » de Frederico Garcia Lorca

— Par Roland Sabra —

Jacques-Olivier Ensfelder travaille depuis sept ans avec un petit groupe de femmes passionnées de théâtre. Un seul homme durant ce « septennat » s’est aventuré sur les planches. Le metteur en scène récuse la distinction entre théâtre amateur et théâtre professionnel. Il explique que bien des amateurs ont un talent au moins équivalent à certains professionnels. La preuve nous en est donnée chaque année par une troupe subventionnée dont le metteur en scène s’escrime à vouloir jouer, pour un résultat sur lequel on ne s’appesantira pas.

 

La position de Jacques-Olivier Enselder si elle est parfois juste ne l’est pas en toutes circonstances. Son dernier travail en témoigne. Un texte magnifique de Frederico Garcia Lorca «  Comédie sans titre, écrite juste avant la mort du poète assassiné par les troupes franquistes. Pièce de théâtre sur le théâtre. Un metteur en scène répète « Le songe d’une nuit d’été » de Shakespeare dans le théâtre d’une ville sur le point de tomber aux mains des factieux. Quelle est l’urgence? Peut-on continuer à faire du théâtre qualifié de « bourgeois » dans une situation insurrectionnelle.

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Une magnifique Antigone, mise en scène par René Loyon

— Par Roland Sabra,

Belle affiche les 7 et 8 mai à l’Atrium avec Antigone dans une mise en scène de René Loyon. Cette tragédie de Sophocle appartient à ce qu’on appelle le cycle des pièces thébaines, du nom de Thèbes, la cité-royaume, «   la seule cité où des mortelles donnent naissance à des dieux » nous dit l’auteur! Antigone est la dernière de la série après « Œdipe roi « et « Œdipe à Colone » mais elle a été rédigée bien avant, en 441 avant JC. Alors me direz-vous en quoi une pièce écrite il y prés de 2500 ans en Grèce peut-elle intéresser le public martiniquais. Et bien en ceci qu’elle nous conte une histoire qui interroge les liens entre les vivants et les morts, l’opposition entre la loi des hommes et la loi des dieux. Antigone est une résistante. Rappelons l’argument. De la liaison incestueuse entre Oedipe et sa mère Jocaste sont nés deux frères jumeaux, Etéocle et Polynice et deux filles Ismène et Antigone. Enfants maudits s’il en est, parmi les enfants maudits! Les fils héritent du pouvoir, chacun devant régner une année à tour de rôle.

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Biennale de danse 2010 à Fort-de-France

 — par Roland Sabra —

Semaine 1

 

 

  « Une Tentation d’Eve »  qui s’éternise

 Les ressources financières du CMAC-ATRIUM étant ce qu’elles sont il était difficile de programmer les authentiques ballets contemporains de la Compagnie Marie-Claude Pietragalla qui mobilisent de nombreux artistes. Heureusement la chorégraphe propose aussi des pièces intimistes au nombre desquelles on trouve « Ivresse » créée une première fois en 2001, reprise en 2005 avec en accompagnement musical le groupe de musique tsigane Arbat. « Ivresse » nous était donc proposé en première partie, sans orchestre certes mais avec une bande son.

 

La chorégraphe et son compagnon Julien Derouault, seul danseur en scène, ont un goût prononcé pour l’éclectisme artistique. Mêler danse et image d’animation ou arts martiaux ( Marco Polo), danse et cirque ( Sakountala) par exemple est un axe de travail qui caractérise l’intelligence créatrice de la Compagnie. On retrouve jusque dans la façon de danser ce souci d’explorer des rives étrangères. Julien Derouault en donne une illustration splendide avec un déhanché à la limite du déséquilibre qui fait irrésistiblement penser à des scènes de Bruce Lee.

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Sotigui Kouyaté, comédien malien

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Dans le Mahabharata, créé par Peter Brook à Avignon en 1985, il jouait Bhishma, celui qui possède et transmet la sagesse. Vêtue d’un boubou blanc, son immense silhouette se découpait sur les pierres, dans la nuit magique de la carrière de Boulbon, où le spectacle se donnait. C’était la première fois que l’on voyait en France Sotigui Kouyaté. Ce grand comédien africain est mort samedi 17 avril, à Paris, à l’âge de 73 ans, d’une maladie pulmonaire.

Sotigui Kouyaté se définissait comme un homme de la culture mandingue, d’où viennent les griots. De parents guinéens, il est né le 19 juillet 1936 à Bamako, au Mali, puis il a vécu au Burkina Faso. « La première famille de griots, ce sont les Kouyaté, je suis un de leurs descendants, disait-il au Monde, en 2001. En Europe, on ignore ce que veut dire griot : pas seulement un conteur, mais tout à la fois le dépositaire de la mémoire de son peuple, mémoire uniquement orale, un maître de la parole, un généalogiste qui connaît toutes les ascendances de chacun, le maître des cérémonies, gardien des traditions et des coutumes, et, surtout, un médiateur.

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« Lectures dramatiques » dans les jardins du théâtre

— Par Laurence Aurry —

Il faut saluer l’initiative d’ETC Caraïbe et remercier Michèle Césaire et le Théâtre de Fort-de-France pour les lectures dramatiques publiques organisées dans les jardins du théâtre les 8 et 9 avril derniers.ETC Caraïbe ( Ecritures Théâtrales Contemporaines en Caraïbe) est une jeune association dynamique qui s’est donné pour mission de susciter et de promulguer la création dramaturgique dans le bassin caribéen. Depuis quatre ans, elle organise des concours d’écriture permettant l’émergence et la révélation de jeunes talents. En partenariat avec le Rectorat et la DRAC, elle a mis en place dans les établissements scolaires et les prisons des rencontres avec des metteurs en scène, des acteurs et des auteurs confirmés. Dans les locaux de Fonds Saint-Jacques, éditeur, auteurs dramatiques viennent régulièrement animer des ateliers d’écriture pour les apprentis-dramaturges.

ETC Caraïbe œuvre à l’ouverture et au métissage culturels. Avec ces intervenants de tous horizons (cubains, vénézueliens, canadiens, français, africains…) et ses actions dans de nombreuses villes en France (Paris, Avignon, Toulouse…) et à l’étranger (Montréal, Caracas, bientôt New York…) ETC Caraïbe offre une chance extraordinaire de faire rayonner notre culture insulaire et de nous ouvrir au monde.

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« EIA » : les noces blanches du théâtre et du slam

— par Roland Sabra —

Les metteurs en scène Eric Delor et josé Exélis nous proposaient le 31/03/10 à L’Atrium une version revisitée, plus épurée de « EIA » crée en juin 2009 à l’occasion de l’anniversaire d’Aimé Césaire. L’originalité de la démarche consiste à essayer une alliance entre le théâtre et le slam. Le slam, dont on a pu entendre une belle prestation il y a peu à l’Atrium avec « Grand corps malade » relève à l’origine de la joute oratoire. La rythmique du poème procède par assonances, allitérations, onomatopées et répétitions consonantiques. Les champs lexicaux mêlent avec plus ou moins de bonheur les registres du familier et du soutenu, de l’argot et de la préciosité, le verlan et les anglicismes. Du point de vue argumentatif dominent l’apostrophe et l’impératif, modes d’expression d’une violence dénonciatrice des injustices sociales. La forme semble en parfaite adéquation avec la dénonciation du colonialisme, du racisme, de l’esclavage, de l’oppression, de la société de consommation etc., ces thématiques lancinantes et récurrentes que tout artiste antillais se doit d’arpenter s’il veut se faire un chemin.

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Une Biennale de danse à Cuba

  — Par Raphaël de Gubernatis —

malsonPour créer des liens et stimuler des échanges entre artistes très isolées des grandes et petites Antilles, Cultures-France a créé une Biennale de danse Caraïbes à la Havane.

La seconde édition de cette entreprise militante et généreuse s’est heurtée à la triste réalité du terrain. Elle n’aura probablement pas de suite.

Au fond, tout a débuté par une mission de Cultures France, le fer de lance de l’action culturelle du Ministère des Affaires étrangères. Une mission menée par Sophie Renaud dans la myriade d’îles qui courent entre les deux Amériques, de la pointe du Yucatan aux rivages du Venezuela et des Guyanes. Des îles jadis colonisées par les Espagnols, les Portugais, les Français, les Anglais ou les Hollandais, dont on prit bien soin de massacrer les populations aborigènes que remplacèrent bientôt des Africains arrachés à leurs terres, et bien plus tard parfois des Indiens ou des Chinois, mêlés aux Européens. Des îles on l’on parle espagnol, français, anglais, créole, peut-être même encore flamand….ou mandarin. « Un formidable laboratoire de la diversité culturelle » s’extasie justement Sophie Renaud, « mais dont on ne prend pleinement conscience qu’en volant d’île en île et en y rencontrant jour après jour artistes et personnels politiques ».

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« L’orchidée violée »: tout est à faire

— Par Roland Sabra —

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Photos Philippe Bourgade- Tous droits réservés.

José Exélis est un metteur en scène martiniquais des plus talentueux. Il nous a présenté l’esquisse de l’esquisse d’un travail  sur un texte de Bernard Lagier avec deux personnages incarnés par Amel Aïdoudi et un musicien Alfred Fantone Si le texte de Bernard Lagier est marqué de quelques envolées lyriques, de quelques belles images, sa construction demeure un peu confuse et le fil du propos n’en n’était que plus difficile à suivre.  Le travail à peine commencé de José Exélis, cinq services de répétition tout au plus pour  se présenter devant le public, s’appliquait donc à un texte  lui-même un peu brouillon. On devinait qu’il était question d’inceste et de liens forcément ambivalents entre la mère et l’enfant issu de ce drame. Amel Aïdoudi qui peut être admirable quand elle est dirigée peut être aussi insupportable quand elle est livrée à elle-même sur un plateau. C’était le cas. Dans ce genre de situation elle s’accroche à sa belle tignasse comme à une bouée de peur de couler sous le texte qu’elle ne peut faire vivre faute de se l’être approprié préalablement.

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Bach fut-il un jeune homme capricieux ?

— par Selim Lander — 

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J.-S. Bach en 1715

 

La Disgrâce de Jean-Sébastien Bach
de Sophie Deschamps et Jean-François Robin

Le comédien Serge Barbuscia, après s’être mis en scène lui-même devant les spectateurs de l’Atrium dans J’ai soif, a proposé au même public une production de sa compagnie, le Théâtre du Balcon, conçue à partir d’un épisode réel de la vie du compositeur Jean-Sébastien Bach (1685-1750). L’anecdote se situe en novembre 1716. Notre héros, encore jeune mais déjà célèbre compositeur, est au service du prince de Weimar. Davantage préoccupé de suivre son génie que les desiderata de son maître, il finit par s’attirer les foudres de ce dernier qui l’enferme dans un coin de son palais. Il ne sortira pas de sa prison tant qu’il n’aura pas livré une cantate pour le 1er dimanche de l’Avent.

Une note des auteurs nous renseigne sur leurs intentions. Leur texte, écrivent-ils « traite du combat de Bach contre l’obscurantisme et sa lutte pour une création sans contrainte ». Une autre note, du metteur en scène cette fois, précise sa lecture du personnage.

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Tanya ELISABETH : l’Art Performance

— Par Christian Antourel —

 Le corps dans le décor

  Un art qui apparaît d’autant plus vivant, qu’il semble n’obéir à aucune règle définie, fourmillant d’imprévus et d’inventions.

 Tanya Elisabeth est une artiste au devenir prometteur. L’imaginaire artistique qu’elle développe, ses représentations quelle réalise comme dans l’envolée d’une apparition de colombes font de cette artiste plasticienne, une magicienne, mais aussi une danseuse a la recherche du temps perdu qu’elle retient dans l’étreinte spontanée d’une interprétation de la nature. Elle vit une aventure qui la porte dans des ressentis tenaces, volatils et fugitifs qu’elle envisage en connivence entre corps et décors, dans un accord tacite, un périple audacieux ou des espaces vides s’habillent entre transparence et apparence de couleurs vraies et fugaces. Elle danse dans l’espace de nos regards, maintenue en équilibre entre les surfaces modulables de toute la réalité d’un rêve, par essence, évanescente et éphémère.

 Cette sensualité du risque immédiat

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« MAR NUESTRO » d’Alberto Pedro Torriente : quand c’est mal parti… c’est mal parti!

—Par Roland Sabra —

 

Pour la seconde fois la compagnie  » Corps Beaux » présentait « Mar Nuestro » aux Martiniquais La mise en scène avait été revisitée, on pouvait donc penser qu’il s’agissait d’un travail différent. Et il l’était. En mieux ? En pire ? Ni l’un ni l’autre. Ricardo Miranda en « Vierge folle » était au moins deux tons en dessous de sa prestation de la première version. Ce qui était un mieux incontestable mais encore très indigeste. Un interprétation beaucoup moins « Cage aux folles » que  dans la première version, mais comment revenir, comment atténuer un tel parti pris de mise en scène?  Reste que la diction mange toujours autant de syllabes et rend le texte par moment  totalement incompréhensible.

Et nos regrets n’en sont que plus grands. Car s’il y a quelques qualités a retenir du travail de Miranda et de son compère Lopez c’est la passion qu’ils mettent à faire les choses, cette abnégation dont ils font preuve quand ils mettent en scène, avec très peu de moyens, presque rien, un texte d’auteur.

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« Bintou » de Koffi Kwahulé dans une mise en scène de Laetitia Guédon

— Par Roland Sabra, 

Un talent prometteur !

 Virilisme « Réaction virile exacerbée face à l’évolution des rapports hommes-femmes, le virilisme, surtout dans les banlieues, est aussi l’indicateur d’un malaise social plus large. » Telle est la définition du sociologue  Daniel Welzer-Lang qui semble s’appliquer à la lettre à la thématique déclinée par Koffi Kwahulé dans « Bintou » mis en scène par Laetitia Guédon et jouée le 09 octobre2009 à Fort-de-France. Une jeune fille de treize ans, qui n’est plus une enfant, exceptée pour les contempteurs de Polansky, issue de l’immigration africaine refuse les codes machistes d’une acculturation batârde. Ou plutôt, Bintou, puisque c’est d’elle dont il s’agit, va se jouer des acquis d’une socialisation apparemment conflictuelle, entre Europe et Afrique mais fondamentalement convergente quand à perpétuation de la domination masculine.   Noyée dans le sang sous le couteau de l’exciseuse,  avec la complicité des femmes plus âgées, elle paiera de sa vie de n’avoir pas voulu rester à la place que l’ordre des hommes lui avait assignée. Le thème développé n’est  pas tant l’excision que celui des ravages de socialisations différentielles et conflictuelles dans un contexte d’acculturation postcoloniale et de virilisme mortifère.

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