Catégorie : Arts de la scène

Escale à Brazzaville pour les Etonnants voyageurs

Au Congo-Brazzaville, le livre coûte très cher et la première tablette numérique africaine ne suffira probablement pas à résoudre les problèmes de l’éducation.

Brazzaville (Congo), envoyée spéciale. Le festival Étonnants voyageurs a eu lieu durant quatre jours au Congo-Brazzaville. Quatre millions d’habitants. La ville fait face à sa sœur Kinshasa, de l’autre côté du fleuve. Onze millions d’habitants. Deux métropoles d’Afrique, chacune ayant été colonisée, l’une par la France, l’autre par la Belgique. Aujourd’hui, par-delà le fleuve, on partage les musiques, les hommes et les femmes et les blagues belges. Si Brazza cultive le roman, Kin a une prédilection pour la bande dessinée et le polar. In Koli Jean Bofane, écrivain né en République démocratique du Congo qui vit en Belgique, nous dit : « La dictature a ralenti notre création littéraire. J’étais éditeur dans la clandestinité. Nos machines étaient régulièrement plastiquées. Je devais déplacer la mienne tous les soirs. J’ai appris la ruse. »

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Le rappeur Rocé passe la quatrième !

 

Rocé est éternel. Depuis près de vingt ans, le rappeur abreuve la scène française de son talent. Et ça continue. Après trois albums unanimement salués par les critiques, le natif de Bab el-Oued revient le 4 mars présenter son nouveau bébé : Gunz N’Rocé. « L’influence pour cet album ? Toujours très hip-hop parce ce que c’est ce que j’aime. Ce sera tout simplement moi, avec toutes mes influences, tout mon vécu… », explique-t-il. Il faut dire que l’artiste ne s’interdit aucun chemin musical. En 2006, il sortait Identité en crescendo, album à grande inspiration free-jazz où il jugeait sans concession la société française. Extrait : « Détacher ma culture et mon nom pour rentrer dans le rang, c’est l’assimilation et c’est de la mutilation. Et devoir s’intégrer à un pays qui est déjà le sien, c’est flairer, se mordre la queue, donc garder un statut de chien. » Le métèque. Rocé tape juste et fort quand il rappe tout en gardant une qualité musicale remarquable. Quand certains médias veulent lui ôter son statut de rappeur pour le rapprocher du slam, jugé moins vulgaire, il ne s’étonne pas.

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« On ne naît pas quiche, on le devient ! » au Théâtre Aimé Césaire de Foyal

 Jeudi 7, vendredi 8 et samedi 9 mars 2013 à 19h30. Entrée gratuite, sans réservation.

—C’est la troisième année que les élèves de l’Atelier théâtre post-bac et de l’option musique du Lycée de Bellevue s’associent pour mettre en scène leur talent. Après le succès d’« Au temps pour moi ! » (2011) et de « Tu te rencontres ! » (2012), cette année encore, c’est à partir d’un thème que les jeunes comédiens et musiciens ont laissé libre cours à leur dynamisme et à leur créativité.
C’est en partant du manuel de la bonne épouse des années 1960, fil rouge de la création, que les élèves ont réuni un certain nombre de textes de théâtre et se sont intéressés au statut de la femme à travers le monde et le temps.
Sous la direction de Valer’EGOUY et de Charline Lucazeau, les élèves de l’atelier théâtre sélectionnent et adaptent certains textes dans le répertoire classique et contemporain. Cette année, des saynètes en anglais ont été inclues dans la création. Les jeunes musiciens accompagnés par Thierry Marque réalisent un travail d’improvisation.
«On ne naît pas quiche, on le devient !

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À la Berlinale, un palmarès équitable et logique

La remise des prix pour la 63° édition du festival de Berlin a consacré des films venus de petits pays

La 63e Berlinale s’est achevée samedi 16 février par un palmarès relativement équitable, à l’image de la compétition. Jusque dans la faute de goût finale avec l’attribution surprise et incompréhensible de l’Ours d’argent du « meilleur réalisateur » à David Gordon Green pour un film surtout remarquable par sa bêtise et sa médiocrité (Prince Avalanche). On sent dans cette distinction, qui n’est pas mineure, le résultat d’un compromis introuvable entre les membres du jury qui ont fini par neutraliser les bons metteurs en scène pour couronner, in fine, le pire d’entre eux.

Intuition confirmée par la double mention spéciale attribuée à Gus Van Sant pour Promised Land et à la Sud-Africaine Pia Marais pour Leyla Fourie, un très beau film qui méritait mieux que ce lot de consolation (les lauréats ne sont même pas invités à monter sur scène). En dehors de cet accroc regrettable, le palmarès d’un jury présidé par l’imprévisible Wong Kar Waï a respecté l’équilibre moyen de cette sélection d’où aucun film ne se détachait nettement.

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Syngué Sabour – Pierre de patience

 Drame réalisé en 2012 par Atiq Rahimi

–SYNOPSIS–
Au pied des montagnes de Kaboul, un héros de guerre gît dans le coma ; sa jeune femme à son chevet prie pour le ramener à la vie. La guerre fratricide déchire la ville ; les combattants sont à leur porte. La femme doit fuir avec ses deux enfants, abandonner son mari et se réfugier à l’autre bout de la ville, dans une maison close tenue par sa tante. De retour auprès de son époux, elle est forcée à l’amour par un jeune combattant. Contre toute attente, elle se révèle, prend conscience de son corps, libère sa parole pour confier à son mari ses souvenirs, ses désirs les plus intimes… Jusqu’à ses secrets inavouables. L’homme gisant devient alors, malgré lui, sa « syngué sabour », sa pierre de patience – cette pierre magique que l’on pose devant soi pour lui souffler tous ses secrets, ses malheurs, ses souffrances… Jusqu’à ce qu’elle éclate !

LA CRITIQUE LORS DE LA SORTIE EN SALLE DU 20/02/2013
 

Cela fait plusieurs jours qu’il est là, sans parler, allongé tout près d’elle.

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Israël Galvan : quand un danseur croit être un penseur

Par Raphaël de Gubernatis

–Si le sujet déclaré de l’ouvrage est profondément tragique, le résultat, lui, n’en est que plus affligeant. Que peut-on bien dire du spectacle intitulé « Le Réel / Lo Real / The Real », conçu par le danseur de flamenco Israël Galvan et ses compagnons pour tenter d’évoquer l’effroyable génocide perpétré par les nazis sur les tziganes, sinon que c’est un accablant navet ?

Les niaiseries d’un apprenti

De toute évidence, ni ce pauvre Galvan, sans doute sincère dans sa naïveté, ni ses camarades ne possèdent les moyens nécessaires pour porter un sujet aussi lourd à la scène. Alors même que le thème évoqué est carrément illisible, à l’exception de quelques allusions transmises par des images filmées, l’auteur accumule dans son ouvrage toutes les niaiseries d’un apprenti qui se veut à tout prix novateur et téméraire et qui, pour ce faire, croit devoir passer par mille singeries obligées apparaissant sans doute à ses yeux comme des preuves de modernité.

Un « zapateado » sur une plaque en tôle

Il ne suffit pas de se rouler comme un possédé sur une plaque de tôle perforée après l’avoir traînée sur le sol, de passer la tête par l’ouverture qui y est pratiquée, puis d’y essayer un « zapateado » effréné, pour moderniser le flamenco ou lui conférer quelque éloquence.

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« Wadjda » de Haiffa Al Mansour : la belle surprise de ce début d’année 2013

Par Thibaut Fleuret
Critique cinéma LE PLUS. C’est le premier long-métrage réalisé en Arabie saoudite. « Wadjda », en salle depuis le 6 février, parle du combat d’une petite fille contre le fondamentalisme religieux qui règne dans son pays. Le film, qui a bénéficié d’un très bon accueil dans les festivals où il est passé, est l’une des premières surprises de l’année. Critique de notre contributeur Thibaut Fleuret.

Édité par Sébastien Billard

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La voici la véritable surprise de ce début d’année 2013. Malgré une réputation flatteuse acquise au cours des festivals qu’il a traversé, jamais on n’aurait pensé ce premier film pétri d’autant de qualités. Surtout, il dépasse sa condition. Un véritable boulot de cinéaste.

Des moments de poésie simple

Wadjda, c’est le prénom d’une petite fille qui va à l’école et qui veut un vélo. Le pitch est d’une simplicité désarmante. Il va, pourtant, permettre à la réalisatrice d’embrasser une multitude de thématiques. La première d’entre elles concerne, bien évidemment, la trajectoire de cet enfant. Cela est la première chose qui vient à l’esprit. On ne sera pas déçu.

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Programme du Festival 2013 des Nuits Caraïbes

Musiques Festival des Nuits Caraïbes en Guadeloupe et Martinique – 11ème édition

Pour cette nouvelle édition du festival musical les Nuits Caraïbes, le directeur artistique Yves Henry a réuni un plateau d’une qualité exceptionnelle

 -Les comédiens Alain Carré (auteur d’une trentaine de spectacles épistolaires) et Stéphanie Leclef (comédienne et conteuse)

-le danseur et chanteur originaire de Guadeloupe Yannis François (Opéra de Lausanne)

-les pianistes Boris Berman (Professeur à Yale University) et François Chaplin (acclamé pour ses enregistrements de Debussy et Poulenc)

-le ténor Xavier le Maréchal (directeur artistique du concours international d’Opéra de Paris)

-le flûtiste Vincent Lucas (flûtiste solo à l’Orchestre de Paris)

-le violoniste Gilles Henry (membre également de l’Orchestre de Paris)

Ces artistes se partageront la scène dans trois programmes différents, tissant les styles musicaux et les modes d’expression

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Festival du cinéma de Berlin: le film roumain « Child’s Pose » remporte l’Ours d’or

Ce drame de Calin Peter Netzer a remporté, samedi soir, l’Ours d’or à la 63e Berlinale. Il raconte l’histoire d’une mère de famille qui cherche à protéger son fils responsable d’un accident de la route mortel.
L’Ours d’or pour Child’s Pose. La plus haute des récompenses de la 63e édition du festival du film de Berlin a été décernée, ce samedi soir, à ce drame roumain de Calin Peter Netzer.

Le film, dont le titre original est Pozitia Copilului, raconte l’histoire d’une mère de famille aisée qui cherche à protéger son fils, responsable d’un accident de la route mortel.

Dans ce film minimaliste, tourné en majeure partie dans des appartements privés, l’actrice Luminita Gheorghiu incarne cette mère ultra-possessive, Cornelia, qui use de ses relations et de son argent pour éviter la prison à son fils coupable d’avoir écrasé un adolescent d’une famille modeste.
David Gordon Green meilleur réalisateur

L’Ours d’argent du meilleur réalisateur a été décerné au cours de la même soirée à l’Américain David Gordon Green pour son film Prince Avalanche, avec Paul Rudd et Emile Hirsch.

Ce film était d’ailleurs la seule comédie parmi les 19 longs-métrages en compétition officielle.

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« Félicité » d’Olivier Choinière : le Québec se montre à Paris

Par Selim Lander. Les lecteurs de Madinin-art connaissent-ils l’existence du Tarmac, ce théâtre de l’Est parisien voué à la francophonie ? Il s’y donne en ce moment L’Humanité tout ça tout ça, un monologue de Mustapha Kharmoudi (que nous n’avons malheureusement pas pu voir), en parallèle avec une pièce d’Olivier Choinière, jeune auteur québécois déjà prolifique. Félicité, montée pour la première fois à Montréal en 2007, est déjà passée par plusieurs pays avant cette nouvelle création parisienne. La mise en scène est assurée par Frédéric Maragnani, directeur de « la Manufacture atlantique », lieu bordelais voué aux écritures nouvelles. Maragnani, qui se déclare avant tout partisan du « théâtre qui parle », explique ce qu’il entend par là : « inviter le spectateur au plaisir direct du rapport au jeu, à l’écoute, au regard et au rythme des voix… en sollicitant fortement son imaginaire ». On comprend bien, dès lors, pourquoi il a eu envie de monter Félicité, une pièce sans action ni dialogues véritables, les comédiens se renvoyant simplement la parole pour construire un récit. Il y a néanmoins un argument : l’histoire vraie – hélas presque banale, pour incroyable qu’elle puisse paraître – d’une jeune québécoise séquestrée et abusée par sa famille.

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Au fil des voix du monde

Fort de son affiche exigeante et bariolée (Antonio Zambujo, Cheick Tidiane Seck, Vinicio Capossela), le festival Au Fil des Voix réunit le meilleur des musiques du monde à Paris au cœur de l’hiver.

Depuis cinq ans, Saïd Assadi, directeur du label indépendant Accords Croisés, programme chaque hiver LE rendez-vous parisien des musiques du monde. Incontournable, et pour cause. Avec des artistes de la trempe d’Antonio Zambujo, ce portugais qui réinvente le fado avec sa voix d’ange, ou encore Vinicio Capossela, cet italien déjanté qui tient plutôt de Tom Waits, on aurait tort de s’en priver!

C’est à guichet fermé que Zambujo a présenté vendredi dernier Quinto, son cinquième album. Sa démarche, à la fois respectueuse des traditions et innovante, reflète bien l’esprit des artistes sélectionnés par Saïd Assadi. Samedi, dans un tout autre style, tonitruant et décomplexé avec son jazz Mandingue, c’est Cheick Tidiane Seck qui levait le voile sur Guerrier, son dernier opus solo. Connu pour ses collaborations avec Salif Keïta ou Amadou et Mariam, ce claviériste et arrangeur hors pair est l’un des piliers de la scène malienne parisienne, où on le surnomme Black Buddha à cause de sa bouille ronde et toujours joviale.

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J’aime le rap : je vais redoubler et devenir délinquant

Par Pierre Mercklé
La musique adoucit les mœurs, dit-on. Mais est-ce vraiment le cas de toutes les musiques ? C’est ce qu’ont sans doute voulu déterminer des hercheurs de l’université d’Utrecht (Pays-Bas), dont les conclusions viennent d’être publiées dans la prestigieuse revue de médecine américaine Pediatrics. A partir d’une étude longitudinale sur un panel de 309 adolescents, ils « démontrent » que ceux qui, au début de l’adolescence, appréciaient les genres musicaux « bruyants » ou « rebelles » (rap, rock, punk, metal, électro…) auront une plus forte tendance à développer des comportements déviants au cours de l’adolescence, tandis que ce n’est pas le cas de ceux qui préféraient des genres musicaux conventionnels (R & B, variétés commerciales) ou « intellectuels » (classique, jazz).

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Cinéma au CMAC – « Almanya » et « Starbuck » : deux comédies

Par Selim Lander. Almanya de Yasemin Sandereli

AlmanyaUn nouveau film sur l’immigration turque après Une seconde femme présenté en janvier. Il s’agit à nouveau d’une famille rassemblée autour de son patriarche, jusqu’à ce que la mort de ce dernier entraîne un certain nombre de bouleversements dans les relations entre les membres restants de la famille. Le cadre cependant n’est plus tout à fait le même, puisque nous ne sommes plus à Vienne mais quelque part en Allemagne. Le genre surtout est différent : Une seconde femme était une tragédie dont on ne sortait pas tout à fait indemne ; Almanya (Allemagne en turc) est une comédie où tout finit par s’arranger. Comme dans Les Bêtes du Sud sauvage, également projeté en janvier, les protagonistes d’Almanya sont vus le plus souvent à travers les yeux d’un enfant de six ans, ici un petit garçon prénommé Cenk, le benjamin de la famille, ce qui contribue évidemment à notre empathie.

Il n’y a rien de remarquable dans ce film en dehors de son point de vue résolument optimiste quant à la situation des immigrés turcs en Allemagne.

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L’Etranger au Guichet Montparnasse ou Meursault dans sa médiocrité

L'étrangerPar Selim Lander. L’année Camus (2013 est le centenaire de sa naissance) n’a pas donné lieu jusqu’ici aux célébrations attendues (1). On a surtout parlé du scandale autour d’une exposition aixoise, scandale auquel s’est trouvé mêlé un Michel Onfray auteur par ailleurs d’un ouvrage dans lequel il défend la thèse d’un Camus libertaire. Au point de vue du spectacle vivant, l’événement le plus marquant de cette année devrait être la tournée « inspirée par Camus » du chanteur-rappeur Abd al Malik. On s’est donc rendu avec plus que de la curiosité au Guichet Montparnasse, ce petit théâtre de la rue du Maine dans lequel on peut retrouver toute l’année l’ambiance du « Off » avignonnais (2).

L’Étranger est mis en scène et interprété par Nordine Marouf, un comédien basé à Angers. Il présente une version abrégée du texte de Camus. Son interprétation est attachante qui traduit bien la fragilité du personnage tout en ménageant, grâce aux parties dialoguées, des moments où l’on découvre un Camus soudain devenu comique. La scénographie est réduite à presque rien, deux chaises et un lit pliant, en fond de scène, sur lequel s’étend le comédien quand il veut ménager une rupture entre deux séquences du récit.

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Ce que le jour doit à la nuit : Hervé Koubi transcende la danse de rue

Par Selim Lander. Ce que le jour doit à la nuit est d’abord le titre d’un roman de Yasmina Khadra, cet ancien militaire reconverti dans la littérature qui se trouve actuellement diriger le Centre culturel algérien de Paris. Hervé Koubi est pour sa part un Français issu de l’immigration algérienne (suivant l’expression consacrée). Le titre de sa nouvelle création – qui met en scène douze danseurs hommes, algériens à l’exception d’un seul, burkinabé – traduit son propos plus clairement peut-être qu’il ne le laisse entendre dans ses notes d’intention : qu’est-ce qu’un jeune Français comme lui, éduqué complètement en dehors de la culture maghrébine (études de pharmacie et de danse) doit au pays des origines ?

 Hervé Koubi1

Pour le découvrir, il est parti à la rencontre du peuple d’Algérie et plus particulièrement des jeunes hommes adeptes du hip hop, peut-être la seule danse authentiquement populaire d’aujourd’hui. Sa compagnie est née de ces rencontres. Un premier ballet, El Din, en 2010, a précédé Ce que le jour doit à la nuit dont la première a eu lieu à Aix, le 31 janvier, dans ce lieu magique qu’est le Pavillon Noir d’Angelin Preljocaj.

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« Goodbye Morocco » : du rififi à Tanger

Nadir Moknèche signe un polar inattendu, peinture saisissante du Maroc avec ses trafics, ses immigrés, ses homosexuels.

En Algérie, comme en France, ses films ne sont ni convenus ni tout à fait convenables. Nadir Moknèche, cinéaste jaloux de sa liberté âprement acquise et plaidée au fil de ses trois premiers longs métrages – Le Harem de Mme Osmane, Viva Laldgérie, Délice Paloma –, c’est une évidence et cela ne se négocie pas. Depuis que l’Algérie a refusé son visa d’exploitation à Délice Paloma, pourtant réalisé à Alger en 2006 avec le soutien des autorités locales, il n’est toujours pas retourné dans le pays de son enfance. Il vit en France, va souvent au Maroc ainsi qu’en Italie, où le scénario de Goobye Morocco a pris forme alors qu’il était pensionnaire à la villa Médicis en 2010.

« Ce refus de visa a été dur, témoigne le cinéaste. J’ai eu le sentiment d’être amputé de ma source d’inspiration. Il a fallu que je coupe émotionnellement avec Alger. » Goodbye Morocco, tourné à Tanger et hanté de l’intérieur par le désir d’exil de ses personnages, s’en ressent.

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La lettre de Daniel Mesguich à ses élèves

 Mes chers élèves,

Vous avez, tous ou presque, signé au bas d’une lettre, que quelques-uns avaient pris soin de rédiger pour vous.

Eh voici qu’à mon tour je vous fais une lettre.

Quoi ? Ce sera donc lettre contre lettre ?

Non.

Nos deux lettres, je le crains, ne seront pas, ne pourront pas être, symétriques. La mienne sera d’une autre teneur, et d’une autre visée, que la vôtre. D’un autre style, aussi (elle sera plus longue – encore –, je vous prie de m’en excuser).

Au fond, ma lettre « réagira » à la vôtre, mais ne lui « répondra » pas.

La première différence entre nos deux lettres sera que la mienne, elle, s’adresse à vous. A vous, non pas à notre ministère de tutelle, ni à quiconque d’autre. Je vais pourtant, moi aussi, envoyer cette lettre au ministère de la Culture. En copie. Mais – et c’est la deuxième différence – ce n’est pas dans l’intention que le ministère la lise, et dans je ne sais quel espoir qu’il l’utilise. Non. C’est, comment dire… pour archive. Pour l’Histoire, oserais-je dire, si je ne craignais pas d’exciter là les ricanements de la Malveillance.

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Conservatoire : la lettre des élèves contre Mesguich

Par Armelle Heliot


Le Figaro s’est procuré une copie du courrier envoyé par les étudiants du Conservatoire national supérieur d’art dramatique à la ministre de la Culture, contestant leur directeur Daniel Mesguich.
Comme Le Figaro s’en est fait l’écho il y a quarante-huit heures, rien ne va plus dans la première école d’art dramatique de France entre les trois promotions et leur directeur, Daniel Mesguich. La lettre que nous reproduisons ci-dessous a été approuvée et signée, à quelques très rares exceptions près (6 élèves sur 99), par l’ensemble des étudiants.
Le ministère, qui disait, il y a deux jours, n’avoir aucune connaissance de ce courrier, a admis hier être en possession de cette lettre. Ainsi annonce-t-il que les délégués seront reçus Rue de Valois. Voici cette lettre datée du 28 janvier 2013.
Madame la Ministre,
L’ensemble des élèves du Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris tenait avant tout à remercier votre ministère d’avoir épargné au mieux notre école à l’heure où les institutions doivent composer avec les contraintes économiques imposées par la crise actuelle. Nous vous sommes profondément reconnaissants d’avoir par là même considéré que la formation de l’acteur, et des artistes en général, demeurait un des objectifs du gouvernement actuel.

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Bérard Bourdon, homme de théâtre, nous a quitté.

–Par Roland Sabra–

Bérard Bourdon nous a quitté. Il était le créateur d’une des plus anciennes structures théâtrales de la Martinique le POUTY I PA TÉYAT dont les activités, outre la production de spectacles concernent aussi bien la formation d’acteurs que celle des intervenants en milieu scolaire ou en animations de quartier. Jeune adolescent il découvre le théâtre à la radio, se rend dans un atelier théâtre de la rue Mouffetard par très loin de chez lui et il découvre un immense bonheur qui ne le quittera plus : celui d’être en scène. Après des études d’art du théâtre, Cours Charles Dullin au Théâtre National populaire ( 1964-1967), il complète sa formation à l’Institut d’Études Théâtrales, à la Faculté de Lettres de Censier(1968-1970) et comme comédien professionnel il travaille avec différentes troupes. De retour en Martinique en 1972, Michel Philippe chargé de mission pour la création du CMAC l’engage comme assistant. Dès 1974, l’animation théâtrale du CMAC ( Centre Martiniquais d’Animation Culturelle à l’époque, le terme d’Action ne fera son apparition que plus tard) se confond avec ses activités multiformes dont celles de metteur en scène.

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Pour une histoire du théâtre en Martinique. Une interview de Bérard Bourdon.

Interview de Bérard Bourdon par Michel Dural.

–Bérard Bourdon, membre dès 1975 de l’équipe qui anime le CMAC et co-fondateur du  » poutyi pa téat  » en 1980, nous est apparu comme l’un de ceux qui pourraient nous parler de I’histoire du théâtre à la Martinique. il a accepté de répondre à nos questions.

–Cette passion du théâtre, d’où vient-elle?
Cela remonte au début des années soixante, j’écoutais du théâtre à la radio (pas de télé, alors à Paris). J’ai appris qu’il y avait un atelier théâtre, rue Mouffetard, pas trop loin de chez moi, j’y suis allé, ça m’a plu de faire l’acteur. Après, j’ai lâché l’électronique, je suis allé au T.N.P (cour Ch. Dullin), puis, à l’institut d’études théâtrales, à la faculté de Censier entre 1968 et 1970. Je courais après le « cacheton », je faisais de petits boulots, un peu de régie, je jouais « la poudre d’intelligence » de Kateb Yacine par exemple, c’était bien.

Et ensuite?
Le « bouillon de culture » d’après mai 68 est retombé. Pour les comédiens, c’était les vaches maigres (même Jean Marais « pointait » au chômage).

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Le blues d’Aulnay-sous-Bois s’invite aux Grammy Awards

Même si, dimanche 10 février à Los Angeles, le Grammy du meilleur album de blues a échappé à And Still I Rise de l’Heritage Blues Orchestra, coproduit par la municipalité d’Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), leur nomination aux 55es Grammy Awards, les prestigieuses Victoires de la musique américaines, dans l’unique catégorie récompensant le blues, fait rêver…

D’autant que la défaite est honorable, face au ténor du genre, Dr. John (Locked Down), qui décroche son sixième Grammy, les autres concurrents étant Shemekia Copeland (331/3), Ruthie Foster (Let it Burn), Joan Osborne (Bring it on Home).

« Etre nommés, c’est déjà comme avoir gagné ! », relativise la vocaliste Chaney Sims, dont c’est la première nomination aux Grammy Awards. Pour l’occasion, le maire d’Aulnay, Gérard Ségura (PS), a fait le voyage jusqu’à Los Angeles, avec le directeur artistique du festival Aulnay All Blues et producteur de l’album, Larry Skoller, en compagnie des musiciens : « Pour moi, c’est la ville d’Aulnay toute entière qui est nommée », explique-t-il à son arrivée dans la mégalopole californienne, ajoutant : « Cette deuxième nomination nous fait franchir un cap. 

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Pawòl a kò pawòl a ka

 (création 2008), « Parole du corps, parole du tambour Ka « . Cette pièce est un voyage initiatique aux confins de nos mémoires créoles, à l’instar de celui de Ti Jean L’horizon, personnage des contes traditionnels caribéens réputé pour sa pugnacité et sa capacité d’adaptation. Dans cet univers onirique foisonnant d’images, équilibre et déséquilibre, ahan et néant, éloquence et silence ne constituent que divers aspects de la même quête : être debout entre terre et ciel, accueillir les traces héritées des ancêtres tout en balisant son chemin de l’ombre vers la lumière. Le point de départ de cette pièce sont les deux solos « Au verso de l’Oubliance », 2005, et « Hors Kabouya », 2006.  Extrait vidéo du spectacle 2nd Extrait »Hors Kabouya » (Dénouer les noeuds) Finaliste du concours du Festival Orkesztika Alapìtvàny en 2005 (Budapest Hongrie) En anglais

Note de l’auteur

« Depuis mes débuts dans la composition chorégraphique, en 1995, je n’ai eu de cesse d’interroger les danses ancestrales de Guadeloupe pour y débusquer, au-delà de leur organisation formelle et de leurs codes, une parole essentielle susceptible de nourrir ma démarche créative.

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Mort du légendaire trompettiste de jazz, Donald Byrd

 –Il était né Donaldson Toussaint L’Ouverture Byrd II, mais c’est sous le nom de scène Donald Byrd que ce trompettiste de légende a joué avec les plus grands. C’est par la voix de son neveu que l’on a appris son décès lundi 4 février 2013 à l’âge de 80 ans.

Il avait commencé sa carrière auprès des Art Blakey & Jazz Messengers dans les années 50 avant de poursuivre avec des noms comme John Coltrane, Sonny Rollins ou encore Herbie Hancock. Durant sa carrière riche de plus d’une trentaine d’albums, il a exploré de nombreux genres : be-bop, le jazz funk ou le jazz fusion. Il était considéré comme un des artistes phare du label Blue Note. Son influence a continué de se faire sentir à travers de nombreuses reprises de rappeurs comme Public Enemy ou Nas.

 

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Avec «Lincoln», Spielberg blanchit le combat abolitionniste

 

Par Philippe Marlière

Acclamé par les critiques, Lincoln est présenté comme l’un des films les plus achevés de Steven Spielberg : « sobre, complexe et historiquement fidèle » ; ainsi perçoit-on de manière générale cette œuvre. Certaines plumes parlent d’une lecture froide, délibérément antiromantique de la période ; une « esthétique réaliste » qui donne l’apparence du « vrai ». Spielberg n’a-t-il pas jeté une lumière crûe sur le monde interlope de la politique washingtonienne d’alors ; un univers raciste, misogyne, gangréné par les magouilles auxquelles « Honest Abe » prête même implicitement son concours ?

Je ne partage pas cette lecture trompeuse car elle passe à côté de la réalité du combat abolitionniste aux Etats-Unis. En montrant que l’abolition de l’esclavage était le fait de politiciens blancs éclairés et en écartant de cette lutte les Noirs, Spielberg a fait un choix aussi étonnant que tendancieux.

Spielberg récidive

En dépit du titre, Lincoln n’est pas un biopic consacré au seizième président des Etats-Unis. Celui-ci y joue un rôle relativement secondaire et l’histoire mise à l’écran ne couvre d’ailleurs que les quatre derniers mois de la vie du président.

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Le point commun entre «Django Unchained» et «Lincoln», c’est leur problème avec les femmes

Alyssa Rosenberg

Comment se fait-il que les nouveaux films de Tarantino et Spielberg ignorent à ce point l’œuvre accomplie par les femmes noires américaines pour obtenir leur liberté?

La sortie du dernier Tarantino, Django Unchained, un western spaghetti qui narre la revanche d’un esclave, bientôt suivi en France de la sortie du Lincoln de Spielberg, un biopic plus classique (aux Etats-Unis, le second est sorti avant le premier), permet aux spectateurs de se replonger, à un très court intervalle, dans une des périodes les plus sombres de l’histoire des Etats-Unis, qui soulève encore de nombreuses questions.

Les Américains sont-ils en mesure d’être confrontés au racisme de l’un de leurs présidents les plus populaires? La vengeance ou le désir de réconciliation ont-ils présidé à la réintégration des Etats sécessionnistes du Sud –et des propriétaires d’esclaves– au sein de l’Union? Les propriétaires d’esclaves organisaient-ils vraiment sur leurs plantations des combats d’esclaves, jusqu’à la mort?
Keckley n’est qu’un faire-valoir

Mais une autre question est soulevée par ces films, de manière incidente: comment se fait-il qu’ils ignorent à ce point l’œuvre accomplie par les femmes noires américaines pour obtenir leur liberté?

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