Catégorie : Arts de la scène

La création théâtrale à la Havane: Espace de renouveau de la réflexion identitaire cubaine

 

Alvina Ruprecht[1]

 

Le hasard a fait que j’ai pu voir les œuvres de trois metteurs en scène lors d’un séjour récent à la Havane. Leur manière d’aborder des questions concernant l’identité cubaine – de nouveaux rapports avec les traditions afro-cubaines, la discussion sur l’identité sexuelle et les possibilités artistiques d’un renouveau des sources de la pensée révolutionnaire – a révélé l’importance grandissante de la pratique théâtrale en tant qu’espace de réflexion sur les rapports entre l’individu et la société cubaine en général.

Eugenio Hernandez Espinosa, l’auteur de Maria Antonia, un classique contemporain de la littérature dramatique cubaine, a eu la gentillesse de m’inviter à une répétition de sa nouvelle mise en scène de son œuvre. L’événement a eu lieu au théâtre City Hall, siège de sa troupe le Teatro Caribeño de Cuba. Créée en 1967 par le regretté Roberto Blanco (le Grupo nacional el Taller dramático, devenu le Teatro Irrumpe), la production originale de Maria Antonia a représenté Cuba à la première édition du Festival des Amériques à Montréal (1985). Restée gravée dans la mémoire des artistes de l’époque, elle est devenue un événement mythique dans les annales théâtrales cubaines.

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« Miente » ou la vérité de la création


— Par Roland Sabra —

« Miente »

Art et transgression, telle semble être la thématique développée dans le film « Miente » qu’un jeune réalisateur Porto-ricain, Rafi Mercado est venu présenter au CMAC le 09 juin 2011. Voyons l’histoire qui est une libre adaptation d’un roman de Javier Avila, «  Different », avec un scénario écrit par José Ignacio Valenzuela. Un jeune boutiquier d’un magasin vidéo Henry ( Oscar Guerrero) mène la nuit dans on appartement une vie secrète, tournée vers lui-même. Introverti, il dessine et il peint comme pour donner figure à ses fantasmes. Un repli sur soi qu’illustre l’ouverture du film, à savoir une séance de masturbation sous la douche. Très vite on le voit partir dans des rêvasseries suggérées par son dessin d’une femme au corps entièrement tatoué. A partir de là le réalisateur nous engage dans une étrange dérive entre délire et réalité. En effet Henry ne tarde pas à rencontrer dans son magasin une belle cliente pas mal déjantée, Paula ( Mariana Santangelo) au corps tatoué comme par hasard et  dont il s’empressera de peindre tout l’épiderme comme une réplique, un double vivant de son dessin.

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BITTER SUGAR « La revue nègre contemporaine » de Raphaëlle Delaunay

par Christian Antourel —

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« Si l’on en croit certaines sirènes, la danse jazz serait une éternelle oubliée. Il existe pourtant des manifestations clairement consacrées à ce style de danse, et d’autres qui proposent autour d’elle des alliages inédits »

Autour de Raphaëlle Delaunay, danseuse d’origine antillaise et d’Asha Thomas, danseuse noire américaine de la Compagnie Alvin Ailey. Trois interprètes, toutes de formations différentes, prolongent dans la transposition d’un hip hop métissé de musique électro et de danse africaine, la musique exubérante et l’excentricité d’un jazz déluré et dénudé, éloquent, joyeux et poétique. Qui passe par les corps en éruption et rappelle dans le swing majeur d’un rythme effréné de charleston, de lindy hop, du black botton, du fox-trot , ragtime au piano très syncopé et de shim sham. Autrefois à l’affiche du Savoy, principal dancing de Harlem dans les années 20/30. L’important est de s’amuser, de faire la fête, de rire, par le plaisir de la danse et du rythme. Dans le souvenir, évoquer les esprits, sans nostalgie, des Duke Ellington, Cab Galloway, Louis Armstrong, Ella Fitzgerald, et Joséphine Baker.

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« Kreol » : une soirée Bizounours sous le signe du patronage

—Par Roland Sabra —

Un film de Frédérique Menant avec Mario Mucio


 

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Le film documentaire de Frédérique Menant était présenté en avant-première mardi 24 mai dans la salle Frantz Fanon du CMAC. Pourquoi fallait-il le présenter en avant-première ? Et bien même après avoir vu le film nous n’en savons toujours rien. C’est Gérard GUILLAUME, le directeur d’antenne de Martinique 1ère qui invitait et qui officiait aux commandes de la soirée. Il a d’abord tenu a présenter ses gentils amis présents parmi les spectateurs, une petite partie de sa gentille famille, son gentil tailleur, celui qui lui coupe ses chemises indiennes,[…]*  Il nous a gentiment fait grâce de la présentation de son gentil chien ou chat. Il nous a annoncé, entre deux aphorismes tout aussi gentils, le programme : présentation, c’était fait, projection, discussion , restauration, digestion et peut-être réflexion. Puis vint le documentaire. Mario Lucio romancier, essayiste cap-verdien converti à la chanson depuis 2004 et tout récemment promu Ministre de la Culture de son pays, est filmé au cours l’enregistrement de son dernier album Kreol. Fidèle à une démarche initiée dés ses débuts il le conçoit comme une rencontre avec d’autres musiciens, d’autres chanteurs, issus pour l’occasion de la créolité.

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Le succès des 7èmes RCM tient à sa programmation

 

— par Roland Sabra —

 

 

 

 Le succès des Rencontres Cinémas Martinique ( RCM) tient à la programmation. Parmi les pépites de celle-ci on retiendra tout d’abord  » Take shelter »  de Jeff Nichols, jeune étasunien de 33 ans, avec Michael Shannon, Jessica Chastain, Tova Stewart, Shea Wigham (2 heures). c’est la famille comme lors de son premier film, Shotgun Stories, dont il est encore question. De la famille et de sa fragilité à fleur de peau. Tout parait pourtant bien tranquille et paisible dans ce coin de l »Ohio pour Curtis Laforche , son épouse Samntha et leur fillette Hannah qui souffre d’une surdité dont la mutuelle de Curtis, ouvrier dans les fondations de bâtiments, devrait financer l’opération qui lui rendra l’audition. L’épouse est un modèle étatsunien du genre. Tout semble donc baigner dans la félicité. Pourtant se tapit sous le bonheur une sourde angoisse, un danger imminent, que Curtiss  pressent lors de visions, de cauchemars récurrents qui épargnent son entourage mais qu’il partage avec le spectateur. Agressions canines, accidents de la route, monstrueuses tornades dévastatrices semblent menacer le héros et sa famille.

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Deux spectacles du Théâtre Martiniquais sur le Festival Off d’Avignon 2011



Label 2011 ANNEE DES OUTRE-MER

 

La compagnie VIRGUL’ présentera deux de ses spectacles au Théâtre du Chapeau Rouge lors du Festival Off d’Avignon. Il s’agit de la pièce de Jean-Claude Danaud, « Les Sardines Grillées » et d’un spectacle de contes, dans la tradition du conte Créole de Martinique « Ti Chat pourquoi ris-tu ?  » de Valer’EGOUY. Deux occasions de découvrir la diversité de la création Théâtrale de la Martinique d’aujourd’hui.
VIRGUL’ et son directeur artistique Valer’EGOUY sont très actifs dans le domaine de l’enracinement de la pratique théâtrale et de la parole contée dans les quartiers populaires de Fort de France. Ils sont à l’origine de plusieurs ateliers et rendez-vous culturels – Festival Contes et Musique dans la Cité, Lire et Dire pour le Plaisir, Arts et Culture en Vacances, spectacles jeune public, …

Leur dernier spectacle « Les sardines grillées », dont l’amorce du travail a été effectuée par Corinne VASSON avant que Valer’EGOUY ne fasse la mise-en-scène, a rempli cette saison le Théâtre Aimé Césaire sur toutes les représentations. C’est un bon moment de théâtre à déguster avec cœur, le bonheur sera partagé.

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Belle soirée de Bélènou au CMAC-Atrium

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Trente ans plus tard le groupe Bélénou créé en 1980 par Edmond Mondésir et Léon Bertide est en train de réussir son pari. Le Bélé instrumental que développe le groupe, le renouveau des mélodies et des textes inscrits au cœur de la réalité caribéenne que l’on a pu découvrir le jeudi 12 mai au CMAC en témoignent, ainsi que les reconnaissances  internationales qui commencent auréoler Bélénou. Le 24 mars dernier Olivier Morel Maroger directeur délégué de France Musique décernait à Edmond Mondésir le Prix France Musique du Monde lors de l’ouverture du Forum Babel Med à Marseille. Ce forum international participe aux rencontres professionnelles de la World Music connues sous le nom de Dock du Sud. La grande intelligence créatrice du groupe se manifeste par une alliance, un dialogue permanent entre l’hier et l’aujourd’hui, on serait même tenté de dire, compte tenue de la formation universitaire de philosophe d’Edmond Mondésir une dialectique vivante et enrichissante. Comme quoi on peut être ( ou avoir été) marxiste et musicien! Défenseur d »une authenticité qui s’enracine dans les luttes contre l’esclavage, puis dans les luttes ouvrières et paysannes il développe donc des formes instrumentales, mélodiques et harmoniques nouvelles  avec des emprunts venus du blues, du jazz etc.

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« Incendies » et « The hunter » : ce que théâtre suggère le cinéma hollywoodien le montre, mais il en est d’autres…

— par Roland Sabra —

 

Steeve Zébina du CMAC nous a proposé dernièrement « Incendies », un film de Denis Villeneuve d’après la pièce de théâtre époustouflante de Wajdi Mouawad créée en 2004 et jouée dans le monde entier. Incendies, c’est l’histoire de jumeaux (un frère et une sœur, Simon et Jeanne Marwan) qui, à la mort de leur mère, Nawal, apprennent que leur père, qu’ils n’ont pas connu, est vivant et qu’ils ont un frère dont ils ignoraient l’existence. Dans son testament la mère demande aux jumeaux de les retrouver pour leur remettre à chacun une lettre Simon refuse cette tâche et Jeanne part seule pour un pays, qui n’est jamais nommé, mais dont l’histoire ressemble à celle du Liban de ces trente dernières années. La force de Wadji Mouawad est de faire d’un roman familial une œuvre allégorique qui renoue avec les tragédies antiques. Meurtres, viols, infanticides, incestes décollent du fait divers pour poser le problème de la nécessaire canalisation de la violence primordiale comme fondement du lien social. L’enquête que mène Jeanne dévoile l’enquête qu’à menée Nawal sa propre mère pour retrouver le frère ainé.

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Charline Lucazeau une jeune metteure en scène à l’énergie hors du commun !

par Madinin’Art

    L’atelier théâtre et l’option musique du Lycée de Belle-vue présentaient les 23 et 24 mars dans la salle Frantz Fanon le spectacle « Tu te rencontres » dans une mise en musique de Thierry Marque et une mise en scène de Charline Lucazeau et Valer Egouy. Comme le titre l’indique le thème retenu est celui de la rencontre. Il sera décliné dans une série de sketches empruntés à divers répertoires, de Guy Bedos et Sophie Daumier ( La drague) à Ionesco ( La cantatrice chauve) avec des créations agrémentées d’improvisations. Le rire repose sur le quiproquo, l’ambigüité des situations. Tel rendez-vous à l’apparence galante se révèle être un rendez-vous d’embauche. Le sketch final, une composition d’ensemble avec les comédiens de noir vêtus et portant masque blanc dégage une esthétique assez réussie. L’occupation du plateau par la troupe n’est pas toujours assurée, les trajectoires des uns et des autres ont tendance à être un peu brouillonnes. Comme toujours dans le théâtre amateur l’enthousiasme et la fougue des comédiens sont les éléments les plus sympathiques qui nous sont  donnés à voir.

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« Noire Ode » de Patrice Le Namouric, Prix du Court 2011

— Par Roland Sabra —

Le Trophée dessiné par l’artiste Julie Bessard

 Le réalisateur, et par ailleurs comédien Patrice Le Namouric a remporté la compétition de la deuxième édition du Festival « Prix de court » avec un film de huit minutes vingt-six secondes « Noire Ode ». L’action se déroule dans un futur éloigné, en 2171.  Madinina devenue capitale de l’Empire Karaib concentre le pouvoir médical, notamment  en ce qui concerne la reproduction. Une jeune femme, Madame Cordy, interprétée par Daniely Francisque, s’adresse a un médecin ( Patrice Le Namouric pour guérir d’une « maladie » de peau sexuellement transmissible : elle a la peau noire! On ne se sépare pas d’une obsession encore vivace. Entre négritude et « black is beautiful » perdure en 2171, du moins c’est l’hypothèse du film la folie du blanchiment de la peau. Madame Cordy veut un enfant blanc. L’intérêt de la projection dans le futur est de montrer que les effets de la  domination ne prennent pas fin avec la domination. Vérité dont nous vivons les manifestations plus de cent soixante ans après la fin officielle de l’esclavage ici dans les Antilles.

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Steeve Zebina renouvelle la programmation cinématographique du CMAC

— Par Roland Sabra —

 

Steeve_Zebina

 Un souffle d’air frais dans la programmation martiniquaise tel est le résultat du travail du Monsieur Cinéma du CMAC, Steeve Zébina. Depuis sa prise de fonction l’an dernier Steeve Zébina nous propose des films qui ressemblent à des coups de cœur.  Après « Regards sur le Mexique » (lire le compte rendu de Selim Lander) voici « Regards sur… » La question reste entière car de « Dans ses yeux » à « Another Year » en passant par « Notre étrangère » et « Women are heroes » on cherche en vain la ligne directrice, mais peut-être n’avons nous pas tout compris, ni tout vu. Le seul reproche que l’on puisse faire à Steeve Zébina, c’est peut-être ne nous offrir des films qui relèvent d’une logique amoureuse car comme chacun sait le cœur a des raisons que la raison n’a pas. Tant pis ou tant mieux, tant que ses goûts font échos aux nôtres, nous voulons dire à ceux du public ce qui semble le cas, car il y a bien longtemps que la salle Frantz Fanon n’a été aussi remplie pour des séances de cinéma.

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« Agôn » de l’irritante Jandira Bauer

–par Roland Sabra —

Jandira Bauer est une metteure en scène irritante. Elle est capable de mise en scène de très grande qualité comme « Psychose 4.48 » de Sarah Kane dont on ne dira jamais assez qu’elle supportait le regard avec ce que les plus grands du théâtre européen en ont fait, notamment Claude Régy et Isabelle Huppert. Excusez du peu. Dommage que si peu de monde en Martinique ait pu s’en rendre compte. Peut-être un manque de repères pour faire le rapprochement ou la comparaison ? Alors pourquoi est-elle si irritante ? Parce que comme tous les artistes qui ont une vision précise de leur travail elle peut verser si ce n’est dans le maniérisme, tout au moins dans une répétition forcenée de tics, d’automatismes de mise en scène qui une fois qu’ils ont été repérés deviennent précisément irritants.

La sensualité, l’érotisme, la sexualité occupent une place importante dans son travail. Elle nous dit par là que nous sommes des êtres de désirs, de passion, de violence, que la jouissance à partie liée à la mort, en d’autre termes qu’Éros fait parfois bon ménage avec Thanatos.

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« La Martinique aux Martiniquais » : l’affaire de l’OJAM

 —Par Christian Antourel —

Le dimanche 20 décembre 1959 chacun s’affaire aux préparatifs de noël quand intervient un banal accident entre le scooter d’un martiniquais et un automobiliste récemment arrivé de France. Un imposant groupe de curieux se rassemble aux abords du Central Hôtel, place de la Savane, et commente vivement l’incident alors que les deux personnes en cause en viennent aux mains. La C.R.S (Compagnie Républicaine de Sécurité) alertée, disperse la foule sans ménagement. Sans suivent deux nuits d’affrontement entre policiers martiniquais, et les CRS, pris à partis par des mécontents rapidement rejoints par de nombreux jeunes. Deux commissariats sont incendiés. Lors de ces émeutes les forces de l’ordre tuent 3 jeunes Martiniquais. Le lundi 21 : Edmond Eloi, dit Rosile, 20 ans, et Christian Marajo, 15 ans. Le Mardi 22 : Julien Betzi, 19 ans. Les appels au calme du Dr Pierre Aliker, 1er adjoint au maire et du Dr Camille Petit conseiller Général ne changent rien. La mèche est allumée ; l’ordre établit peut vaciller à tout instant. Le courant nationaliste, s’affirme à partir de ces évènements d’autant que les structures économiques et sociales sont dès lors profondément modifiées par des mesures gouvernementales visant à écarter une montée de la violence.

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Ayiti ; youpi !


Par Roland Sabra

— Daniel Marcellin nous conte l’histoire d’Haïti,  qu’il a écrite avec Philippe Laurent et que ce dernier met en scène dans un spectacle justement nommé AYITI.  Comédien longiligne, formé au mime, Daniel Marcelin use non seulement de la souplesse de son expression corporelle mais aussi de ses talent d’imitateur pour entremêler tranches de vies et histoire majuscule. Ses propres enfants, sa femme, côtoient, Napoléon, Toussaint Louverture, Dessalines, Papa Doc et les autres. Il est seul sur le plateau avec pour tout dispositif scénique deux dizaines de valises de toutes sortes disposées en demi cercle, desquelles il extraira au gré de ses besoins quelques accessoires, un parapluie, des sacs à mains, une casquette, des lunettes pour figurer les différents personnages qu’il incarnera.

La question qui ouvre le spectacle et qui restera ouverte jusqu’à la fin, même si des éléments de réponses sont avancés, est celle-ci : Comment « La perle des Antilles, selon l’expression consacrée est-elle devenue un des pays les plus pauvres et les plus inégalitaires qui soient? Comment Haïti  première République Noire, deuxième République du continent américain, a-telle sombré dans le sous-développement et la misère?

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« La Vénus Hottentote » : un loupé authentique ?

–par Kélian Deriau —


Etranges univers que celui arpenté par la chorégraphe guadeloupéenne Chantal Loïal dans son nouveau solo « On t’appelle Vénus » Ce spectacle très insolite se voulait être l’observatoire, le rapporteur d’un phénomène de société. On nous avait annoncé une danse aux mille facettes, une danse afro caraïbe et contemporaine, qui devait parcourir l’histoire de cette Venus noire. En extraire la violence dans une écriture chorégraphique. Y d’écrire les viols moraux et physiques, qu’a subis cette femme. Suggérer en filigrane les vertiges, la tragédie et l’horreur. Nous pouvions espérer à tout le moins, sans préjuger de l’expression chorégraphique utilisée, une démonstration scénique du plus bel effet, qui a chacun de ses mouvements devait représenter le supplice et la mouvance des éléments de la vie de la vénus, compte tenu d’un savoir faire auguré. Mais une prédisposition sournoise montrait précocement le bout de son nez. Chantal, nous a juste gratifié d’un parcours touristique de son panorama au demeurant impressionnant et d’une joliesse avérée pour qui aime les émotions débordantes. Disons tout de suite que Chantal Loïal a un une énorme supériorité sur d’autres danseuses.

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« La carte » de Bernard Lagier

par Roland Sabra —

Une lecture  mise en espace salle Aimé Césaire au lycée Schoelcher


   Dine Alougbine, le metteur en scène béninois en résidence en Martinique présentait le vendredi 03 février une lecture et une mise en espace d’un fragment de la pièce de Bernard Lagier « La carte » dans la salle de théâtre Aimé Césaire du lycée Schoelcher. Les précédentes mises en scènes des œuvres de Lagier étaient des adaptations de textes par forcément écrit pour le théâtre. Ce n’est pas le cas pour « La carte » et la différence est immédiate, dès les premières phrases on perçoit que l’adresse du texte était clairement présente lors de sa création. Il en résulte une clarté et une limpidité dans l’exposition de la situation, qu’on ne retrouvait pas toujours dans le foisonnement, la luxuriance et quelques fois la démesure de « Moi, chien créole », ou de « L’orchidée violée ». Il est possible que la lecture de Dine Alougbine ait aussi participé à cette épure.

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« Africa United » : touchant, intelligent et didactique

— Par Roland Sabra —

 

 A propos de l’Afrique comment évoquer, les ravages du sida chez les adultes et pire encore chez les enfants, le cancer de la corruption, les crimes des guerres ethnico-nationalistes, l’asservissement et le décervelage des enfants guerriers, l’avilissement prostitutionnel de gamines à peine pubères, le découpage colonial d’un continent en Etats plus ou moins moins artificiels, en un mot comment décrire à des enfants les meurtrissures de l’Afrique sans verser dans la plainte, dans le misérabilisme?

C’est l’exploit que réalise ce petit film, petit par le budget, à destination du  public jeune et de celui qui, malgré le poids des ans, a su le rester. Touchant et intelligent. Africa united est un conte. Trois gamins, deux orphelins pauvres, Dudu et sa sœur Béatrice, décident d’accompagner, par leurs propres moyens, un petit génie du foot, Fabrice , fils de bonne famille rwandaise à la  cérémonie d’ouverture de la coupe du monde de football en Afrique du Sud en 2010. Mais voilà si Dudu, le manager de « l’équipe » est doté d’une solide faconde et d’un sens de l’opportunité affirmé, il n’est pas très doué en matière d’orientation, ou peut-être de lecture des  destinations de bus.

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« L’ile aux esclaves » : « Une bonne pièce de théâtre doit poser les problèmes et non les résoudre »

— par Roland Sabra —

   Cette phrase  de Jean-Paul Sarte à propos des « Mains sales » s’applique assez bien au théâtre de Marivaux (1688-1763) qui invite le spectateur à réfléchir sur l’inégalité sociale, sans pour autant réclamer un changement politique. Marivaux n’est pas révolutionnaire. Dans le langage moderne, tout au plus serait-il «  réformiste ». Moraliste est semble-t-il le mot le plus adéquat. Dans l’Ile aux esclaves, qui nous est présentée le 28 janvier à 20 h 30 dans la salle Frantz Fanon du CMAC-ATRIUM, il fait appel sinon à l’humanisme des personnages, tout au moins à leur humanité, à leur raison, ce en quoi il préfigure le siècle des Lumières sans en avoir les audaces politiques. Résumons l’intrigue. En un temps qui fait référence à la Grèce antique, mais que le vocabulaire de la pièce dément, et à la suite d’un naufrage, quelques survivants, maitres et valets, échouent sur une ile dans laquelle les rapports sociaux sont inversés. D’anciens esclaves ont pris le pouvoir et rééduquent les maîtres qui débarquent dans la République en leur imposant l’ancien statut d’esclave tandis que les anciens esclaves sont mis dans la condition de maître.

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« Les Sauveurs » de Ricardo Prieto : le mieux est l’ennemi du bien

—Par Roland Sabra —

Mise en scène de Ruddy Sylaire

 

 

Ricardo Priéto

 

« Dans le décor spectaculaire, le regard ne rencontre que les choses et leur prix. « 

 

Graffiti de Mai 68

 

 

 

 

Une rencontre miraculeuse, en pleine rue, va transformer, bouleverser et finalement détruire une famille en proie aux difficultés ordinaires de la vie. Problèmes d’argent récurrents, des difficultés relationnelles entre parents et enfants, bref le pain quotidien de beaucoup. Croyant faire le bonheur de tous le Père  de la famille Florès,  de sous-louer à M. Fergodlivio  une chambre dans la maison familiale, à des conditions pécuniaires qui défient tout entendement : 20 000 euros par mois. Trop beau pour être vrai! Le locataire va très vite se révéler être un tyran, exigeant, pour commencer que disparaissent de la maison, les petits riens , les petits plus qui rendaient acceptables ce qui ne l’était pas. Doivent donc disparaitre plantes, fleurs, oiseaux, alimentation locale et d’une façon plus générale tout ce qui renvoyait aux coutumes de la maisonnée. Le fils, Jorge Florés, en rébellion contre le père, rien d’extraordinaire à cela, sera le premier à partir, avant que le despote n’oblige le père  à punir, en la frappant, la mère accusée d’avoir désobéi aux ordres du locataire, étape  dans une descente aux enfers qui se conclura par l’élimination physique de la gêneuse!

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« Fabula Buffa » : Bouffon et politique

— Par Roland Sabra —

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  Carlo Boso en personne est venu nous faire la leçon, nous rappeler les origines de la Commedia dell Arte. Avec l’accent italien en prime. Nous avons écouté. Nous avons retenu. Apparue au XVI ème, siècle son origine est sans doute plus lointaine. Dés l’époque romaine il existe une tradition populaire de pantomimes qui ne prendra forme que beaucoup plus tard après moult pérégrinations. Le nom lui-même est sujet à variation : Appelé aussi commedia all’improviso  (à l’impromptu), commedia a soggetto  (à canevas) ou commedia popolare  (populaire), ce genre a reçu ces noms divers par opposition au théâtre littéraire (commedia sostenuta ), apparu en Italie dès les premières années du XVIe siècle. Sa caractéristique essentielle et qui lui donnera le nom sous lequel il nous est parvenu est une fixation, une formalisation des codes scéniques que l’on retrouve presque intacts de nos jours. Les personnages sont eux aussi très normés, deux vieillards, deux jeunes hommes amoureux, deux jeunes femmes amoureuses, deux valets, deux servantes auxquels viennent s’ajouter à l’occasion des acrobates, des danseurs des chanteurs etc.

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« On t’appelle Vénus » : Rendre sur scène son corps à Sawtche

—Par Layla Zami —

 

 

Un texte écrit d’oralité retrouvée
par Layla Zami
http://www.laylazami.net

A chanter de vive voix ou à murmurer tout bas

Un quart. de tour.
Encore un quart. Encore un puis un autre !
« On » en a fait le tour.
La danseuse tourne…
Public jeté d’emblée, sans détour, dans le rôle
de celles et ceux qui ont tué, violé, volé de leurs regards, gestes et paroles,
le corps et la vie de Sawtche.

Même après sa mort
Les scientifiques – scienti-fric
Dépecèrent le corps
L’étiquetèrent, sans éthique.

Chantal Loïal est sur scène.
La foule moqueuse et haineuse, projetée en bande sonore, met le public mal à l’aise. Se reconnaîtrait-on dans les moqueries et voix aigres ? Plus tard au cours du spectacle, l’artiste dira « la danseuse aux grosses fesses » et certain-e-s étoufferont leur embarras dans un rire inachevé. Elle joue de l’ambiguïté entre elle et Sawtche pour révéler les continuités entre aliénations contemporaines et oppressions du passé.

Qui d’autre qu’une artiste peut éveiller dans un même temps, compréhension et stupéfaction ? Colorer de beauté une laide réalité d’enfermement et d’humiliation ?

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« Des incarcérés » : sous un déluge d’avanies

— Par Roland Sabra

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La première qualité d’un metteur en scène est semble-t-il de savoir lire. Savoir lire un texte, de théâtre de préférence. La démonstration par l’absurde en a été faite par Hervé Deluge qui présentait les 12 et 13 novembre derniers « sa lecture » du texte de Christophe Cazalis « Des incarcérés ». Ce texte remarqué, sans être pour autant vraiment remarquable est un huis clos, une réflexion sur le totalitarisme, sur l’enfermement, qu’il soit physique ou identitaire. Un texte ambitieux dans son propos et dont la construction est en adéquation avec ce qu’il thématise. Un texte circulaire, dans le quel l’épilogue renvoie à ce qu’exposait le prologue.

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L’imagination pour mémoire : deux créations de Marlène Myrtil

—  Par Christian Antourel —

Au Centre Culturel de Rencontre Fond Saint -Jacques

Dans une atmosphère intimiste le spectacle surgit de la lumière soyeuse et déjà qui étire les instantanés dynamiques, du mouvement et du maintien percés à jour, comme dans un théâtre d’ombres. Une femme aux prises aux fragmentations de sa mémoire danse et lutte pour ne pas sortir d’elle-même. Elle nous entraine dans une succession de figures impressionnistes ; ressouvenirs par l’âme, agités, ponctués d’états farouches indomptés. Marlène combine les langages du mouvement, des textes poétiques et de la conception visuelle dans une étrange réminiscence du lien à l’autorité et des chaînes virtuelles qui continuent de blesser. Et puis ce mur blanc comme l’écran d’une mémoire imposée, redite dans l’enfermement infernal. Sur ce mur atrocement blanc une ligne mélodique où Chopin dominant déchaine « un brillant oiseau voltigeant sur les horreurs d’un gouffre » Un gouffre obscurci de miasmes humains. Rien à voir avec un néo-polar doublement noir. C’est du théâtre social jusque dans la beauté du pire. Une monographie éperdument vraie, certainement héroïque, évidemment impérissable ; un pont entre la blessure et l’avenir.

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« Choc(s) & Art-Rose » : de la beauté et de la danse

par Roland Sabra —

   Deux chorégraphies de Christiane Emmanuel

 christiane_emmanuelDe la lecture d’un spectacle on oublie trop souvent la scénographie, le travail des lumières, l’environnement technique. Injustice. Mais que l’on se rassure ce fâcheux oubli est impossible après avoir vu les deux chorégraphies Choc(s) et Art-Rose qui nous a proposé Christiane Emmanuel les 19 et 20 novembre au Théâtre de Foyal. A moins d’être totalement aveugle. La chorégraphe a eu la belle idée de faire appel aux talents de la plasticienne Valérie John et la réussite était au rendez-vous. L’ouverture du rideau se fait sur un mur de chemises pendues à des cintres éclairées de telle sorte que l’évocation d’une lointaine Pétra bariolée, comme l’étymologie sémitique du lieu le soutient — Reqem, La Bariolée– vient immédiatement à l’esprit du spectateur. Le travail de Dominique Guesdon aux lumières est ici remarquable, on y retrouve ce souci qui est le sien de se mettre au service d’une œuvre qui n’est pas la sienne et de faire par la-même œuvre lui-même. Pure beauté plastique qui va porter le regard d’un bout à l’autre de deux prestations qui relèvent de champs problématiques que l’on aurait pu croire croire similaires mais qui se révèleront hétérogènes.

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Cinéma caribéen au CMAC

 Par Selim Lander.

En cette fin du mois de janvier, le CMAC proposait une sélection de film caribéens. On se plaint à juste titre en Martinique de n’avoir pas avec la Caraïbe toutes les relations que la géographie semblerait devoir dicter. La proposition était donc bienvenue. On ne conclura pas pour autant, après avoir visionné les films inscrits au programme, que le cinéma caribéen est proche d’atteindre la maturité.

Nom Tew, le court métrage dominicais qui ouvrait le programme semblait s’étirer bien au-delà de ses 9 minutes. Un jeune homme – certes musculeux à souhait – qui se promène dans la forêt, s’arrêtant ici pour pêcher quelque écrevisse, ou là pour déterrer du manioc, cela fait un argument un peu juste. Un unique protagoniste, réduit à un rôle muet, cadré par une caméra instable qui restitue une image sautillante et floue : la robinsonnade devient très vite lassante.

Le film qui suivait, Jab – the blue devils of Paranim, nous venait de Trinidad, une île connue pour la magnificence des ses groupes carnavalesques. Si les « diables bleus » s’inscrivent dans cette tradition carnavalesque, les attirails de ceux qui étaient présentés dans Jab étaient plus qu’indigents.

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