Catégorie : Arts de la scène

On a vu “Django Unchained”, de Quentin Tarantino, et c’est vraiment très bien…

par Aurélien Ferenczi–

Un nouveau Tarantino ? Ne pas faire la queue devant la salle toute la nuit. Se garder de toute excitation qui nuirait au jugement. Rester zen, concentré. Se rappeler que ses films furent presque toujours des chocs (Kill Bill 2, pour ma part, est l’exception – il faudrait que je le revoie). Mais à des degrés divers : par exemple, Boulevard de la mort, que je place très haut dans la filmo de Quentin ne m’a-t-il pas pris par surprise justement parce qu’on me répétait que c’était une série B sans grande ambition, un flop aux States ? Et le faux rythme d’Inglourious Basterds, découvert au petit matin dans la grande salle de Cannes, n’a-t-il pas nui, très temporairement, au film avant que je n’en mesure toute l’invention et la richesse ? Bref, ne pas se ruer sur Django unchained mais le savourer.

De fait, il le mérite : Tarantino y a mis tous ses trucs de vieux singe faiseur d’images et disperseur d’hémoglobine. Ça dure 2h44 et ça précipite, entraîne, immerge dans un récit où il fait bon être – surtout quand on aime les dialogues sur – écrits et les comédiens qui les disent.

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Une tragédie turque : Kuma – Une seconde femme, d’Umut Dag.

Une seconde femme 2Par Selim Lander. Un cinéaste autrichien d’origine kurde a filmé à Vienne un huis-clos dont on ne sort pas tout-à-fait indemne. Son héroïne, la jeune Ayse, a tout en effet de l’héroïne tragique. Courageuse, vertueuse, belle, elle semble avoir tout pour réussir sa vie mais le destin qui l’entraîne est le plus fort, qui la conduira de Charybde en Scylla, même si la fin de son histoire demeure incertaine. Mariée pour la forme, en Turquie, à un beau jeune homme, Hasan, elle sait qu’en réalité elle est appelée à devenir la seconde épouse de Mustafa, le père d’Hasan (un moyen de détourner la prohibition de la polygamie). Derrière ces manigances, la mère, Fatma, première femme donc de Mustafa, laquelle, atteinte d’un cancer, a voulu une épouse de substitution pour son mari et, pour ses enfants, une mère.  Il ne faut surtout pas dévoiler les détails de l’histoire mais l’on peut néanmoins révéler que Ayse verra deux fois l’espoir se lever, après la mort du père, puis quand elle commencera à travailler à l’extérieur, échappant ainsi à l’atmosphère étouffante de l’appartement où est filmée la plus grande partie de l’histoire.

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« La Pirogue » : un « Radeau de la Méduse » sur les mers du XXIe siècle

Par Noémie Luciani

D’un village de pêcheurs près de Dakar part une pirogue. A son bord, un capitaine improvisé, Baye Laye, et une trentaine d’hommes déterminés à rejoindre l’Espagne. Peu d’entre eux ont conscience des dangers du voyage, et certains n’ont même jamais vu la mer… Les heures et les jours passent. D’une vague à l’autre, les rêves perdent de leurs couleurs, la bonne humeur s’inquiète. Les sourires s’estompent sous les regards méfiants.

Ce n’est pas dans sa manière de dire l’histoire que La Pirogue cherche à surprendre. Lisiblement enchaînées les uns aux autres, les péripéties se succèdent et s’accumulent, inévitables, dans la trajectoire d’un destin. Celui que nous suivons, Baye Laye, est parti presque malgré lui, comme le Maximus de Ridley Scott, dans Gladiator. A ses côtés, nous portons un oeil un peu décentré sur les choses. Le temps et la distance du jugement nous sont laissés.

Peinte avec une rigueur documentaire, cette fiction nourrie d’un réel inquiétant est racontée avec une pudeur sans naïveté qui étonne, tant on s’attend à sentir l’urgence de dire, qui excuse tant de maladresses.

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« Placer l’homme sénégalais au cœur de cette histoire »

Entretien avec Moussa Touré, réalisateur du film « La pirogue »

 

 

Comment le film est-il né ?

C’est parti d’un constat très simple et évident : au Sénégal, chaque famille compte au moins un de ses membres qui s’est embarqué dans une pirogue pour tenter sa chance en Europe. Notre peuple grandit avec l’horizon au loin, mais la seule manière de l’atteindre pour les plus jeunes, c’est de partir. La moitié de la population a moins de 20 ans, et il n’y a aucune perspective d’avenir pour elle.

Un jour, j’ai découvert que mon mécanicien, qui est tout jeune homme, avait lui aussi tenté l’aventure. Il était monté à bord d’une pirogue, mais avait été

reconduit au pays deux mois plus tard. Quand je l’ai retrouvé, je l’ai longuement interrogé et j’ai noté des éléments de son récit qui, par la suite, m’ont inspiré pour le film.

À quel stade le producteur Éric Névé, qui a aussi collaboré au scénario, est-il intervenu ?

Il m’avait contacté il y a plusieurs années car il souhaitait qu’on travaille ensemble sur un projet autour de ces jeunes qui fuient le continent africain.

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Les Bêtes du Sud sauvage : résilience

— Par Selim Lander —

Les bêtes du sud sauvage. Un film primé à Sundance et à Deauville, récompensé à Cannes par une caméra d’or et encensé par la presque totalité de la critique ne pouvait que donner envie de le voir. Il n’était pourtant pas évident qu’il serait montré en Martinique. Grâce au ciel (et à Steve Zebina) il est programmé à Madiana pendant quatre soirs de suite, dans le cadre d’un accord avec le CMAC qui a déjà permis de présenter aux Martiniquais plusieurs films récents de qualité.

Ce film mérite-t-il tous les éloges dont on l’a couvert ? Il est centré du début à la fin sur une petite fille métisse (Quvenzhane Wallis), surnommée Hushpuppy, âgée de 6 ans, positivement adorable et qui joue merveilleusement. La caméra la quitte rarement et nous voyons dans ses yeux, dans ses expressions les sentiments, souvent confus, qui l’agitent. Si besoin est, ses pensées sont là aussi, en voix off, régurgitation, le plus souvent, du discours écologique qu’elle entend de la part des adultes.

Car nous ne sommes pas, comme tant de films américains, dans une banlieue prospère avec ses maisons impeccablement rangées sur leur pelouse, mais dans un lieu improbable de Louisiane, au bord d’un « bassin » inondé lors des ouragans.

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« Les Bêtes du Sud sauvage » : juste avant le déluge

— par Roland Sabra —

Caméra à l’épaule le plan inaugural,celui d’ouverture est saisissant, il donne la coloration à la totalité du propos du film : une maison de bric et de broc accrochée, on ne sait où dans la végétation qui l’entoure, surplombe en partie le vide, prête à verser à tout moment pourrait-on croire. La précarité de l’ensemble est redoublée et illustrée par l instabilité de la caméra. L’image n’est pas fixe, elle tremble. Les plans s’enchaînent, tourbillonnent comme une tourmente, avec maestria.  D’emblée le malaise, la fatigue visuelle, l’insécurité s’installent chez le spectateur. On ne veut pas voir ça. Ça, c’est la vie dans un bayou de Louisiane, dans un temps qui pourrait être celui d’avant la Création quand le ciel, la terre et l’eau étaient encore confondus, quand la limite entre les espèces n’était pas établie, quand les différences entre le monde animal et le monde humain n’avaient pas lieu. On verra plus tard des Aurochs totalement imaginaires, sorte de sangliers sauvages démesurés dotés de cornes, rêvés ou cauchemardés, n’ayant que peu de rapport avec ce qu’ont pu être les ancêtres taurins auxquels le cinéaste les rattache.

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Marie Tudor de Victor Hugo au Théâtre Aimé Césaire de Foyal

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 La pièce s’ouvre sur un lord anglais déclarant « Il faut que ce damné italien ait ensorcelé la reine » et se termine sur Simon Renard, légat impérial représentant le prince d’Espagne, proclamant « J’ai sauvé la reine et l’Angleterre« . Entre ces deux phrases, tout au long des trois journées qui constituent ce drame populaire, nous assistons à la chute programmée, méthodique, presque mathématique de Fabiano Fabiani, favori et amant de la reine qui cristallise toutes les haines.

De Fabiano Fabiani, on ne sait que peu de choses. Il est fils d’un chaussetier italien, il a été élevé en Espagne et anobli par la reine. Il est prompt à « faire couper la tête d’un homme qui lui déplaît » ; il est l’amant de Jane, la fiancée de Gilbert, un ouvrier ciseleur ; il n’hésite pas à tuer un homme qui le menace de chantage. L’homme est à plus d’un titre condamnable et sa mort, qui, de surcroît, rend possible la réconciliation amoureuse de Jane et Gilbert, semble faire de « Marie Tudor » un drame à fin heureuse.

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« Paroles et Silences » au Théâtre Aimé Césaire du Lycée Schoelcher

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Jeudi 17, vendredi 18 et samedi 19 janvier à 19h--Il nous est agréable de vous convier à participer à l’ouverture de l’Année centenaire Aimé Césaire au Théâtre Aimé Césaire du Lycée Schoelcher avec l’acteur Jean Claude Duverger dans la pièce épique Paroles et Silences.

 Vous découvrirez , comme nous l’a dit une lycéenne, l’essentielle de la vision du poète et homme politique de la Martinique à travers l’anthologie poétique et politique conçue par José Alpha qui a su mailler les paroles et les silences issus des oeuvres d’Aimé Césaire, René Ménil, André Lucrèce, Amadou Hampaté Bâ et Khalil Gibran.
Vous découvrirez aussi, la salle Aimé Césaire du Lycée Schoelcher avec ses 80 places où sont préparés les lycéens à l’option Théâtre au baccalauréat; une salle agréable et fonctionnelle jusqu’alors inconnue du public .

Le nègre pongo issu du Cahier du retour au pays natal, balayeur du quai de la Gare saint-Lazare, raconte avec malice l’histoire de « celui qui fut l’infatigable défenseur de la dignité humaine et du respect des droits de l’homme, l’un des plus grands poètes de France, rebelle à sa manière et homme de liberté qui n’a jamais cessé de défendre la valeur et le respect égal dû à toute civilisation » ; notamment par l’affirmation au monde de la Négritude et l’émancipation des peuples opprimés.

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Tiken Jah Fakoly : « En aidant le Mali, la France s’aide aussi »

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Le Bob Marley africain vit depuis plus de dix ans à Bamako. À l’heure où le président par intérim se rend à Paris, le chanteur s’exprime sur son engagement.

Le Point.fr : Que pensez-vous de l’appel au secours de Dioncounda Traoré, le président par intérim, qui arrive à Paris pour demander l’aide de la France ?

Tiken Jah Fakoly : La situation du Nord-Mali concerne aussi les Occidentaux. Le combat a été mené en Afghanistan, le Mali est plus proche et il y a urgence. En tant qu’Africain, j’aurais préféré que les forces maliennes et africaines n’aient pas besoin d’aides extérieures, mais aujourd’hui, il faut régler le problème. Nous ferons ensuite notre mea culpa entre Maliens et Africains pour savoir ce qui n’a pas fonctionné. Pour maintenant, il s’agit d’en appeler à la communauté internationale pour renforcer les forces locales. Et en aidant les Maliens, la France s’aide aussi.

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Gérard Depardieu dans « L’Homme qui rit » : un dernier nanar pour la route

–A Madiana–

Par Vincent Malausa
Chroniqueur cinéma

LE PLUS. Ce jeudi 27 décembre, c’est l’anniversaire de Gérard Depardieu ! Et comme cadeau, quoi de plus beau que de jouer dans le nouveau film de Jean-Pierre Améris,  « L’Homme qui rit ». L’ex-monstre sacré du cinéma devenu une bête de foire médiatique réussit-il à faire oublier la polémique ? Vincent Malausa, chroniqueur cinéma au Plus, est loin d’être convaincu.

 L'homme qui rit (Thierry Valletoux / Inognita / Europacorp)

« L’homme qui rit » de Jean-Pierre Améris (Thierry Valletoux/Inognita/Europacorp)

CINÉMA. Il y a au moins une bonne raison d’apprécier « L’Homme qui rit » : celle de constater à quel point tout le délire qui a accompagné l’exil de « Depardiou » (tel qu’on le surnommait du temps de sa tentative ratée de conquête de l’Amérique) n’était que du vent. Du vent, car quand on décide aujourd’hui de mesurer de quelle perte réelle il s’agit pour ce sinistre « art national » dont l’acteur est censé incarner l’esprit et la lettre, le bilan touche au néant absolu.

 

Pars vite et reviens tard

 

Depuis qu’il s’est embarqué dans son rôle médiatique d’usine à gaz ou de citerne ambulante (pets, rots, insultes et arrogance de grand patron se relâchant en public), l’acteur pouvait se défendre au seul nom de son talent démesuré.

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Le théâtre s’invite au Banquet de Platon

Si Platon a écrit toute sa philosophie sous la forme de dialogues, transformer ce théâtre des idées en spectacle vivant impose une véritable épreuve dramatique. Derrière chaque mot, le metteur en scène doit déceler (ou inventer) une intention, une situation, des non-dits… Bref, élaborer le sous-texte qui, sur scène, en dit plus long que les paroles échangées ; cet ensemble de signes qu’on appelle théâtralité. Au contraire, s’en remettre aux seules idées philosophiques, se réfugier derrière la force (si grande soit-elle) des sujets traités par Platon, c’est renoncer à tout projet véritablement scénique, et condamner le spectateur au plus opaque des ennuis.

Récemment, au Studio Théâtre de la Comédie Française, le metteur en scène Jacques Vincey avait tenté de faire spectacle à partir du Banquet, l’un des textes fondateurs de Platon, consacré à l’amour. Assis derrière une longue table sombre, trois comédiens vêtus de noir récitaient leurs « discours » avec talent, sans doute, mais comme si ces paroles étaient suspendues en l’air, indépendamment de tout engagement du corps et des âmes. Malgré l’important travail de coupes effectué sur le texte, l’heure et quart de spectacle nous avait parue interminable.

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La 4e Bamboula Bwabwa et Marionnettes du 02 au 09 février 2013

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La 4e B.B.M. : Bamboula Bwabwa et Marionnettes se déroule du 2 au 9 février 2013 sur la commune de Case-Pilote et en décentralisation au CMAC.

SPECTACLES – ATELIERS – EXPO – CONFÉRENCE 3 spectacles par jour – Ateliers tournant tous les jours.

Voici le résumé des spectacles et le calendrier.
En texte et en affiche.
En souhaitant que vous serez des nôtres.

Réservations et renseignements :
Éd. Lafontaine : 0596 78 87 98   Céméa : 0596 60 34 94

RÉSUMÉ DES SPECTACLES :

Le cycle du jour et de la nuit (Copart de Haïti) : 50 mn (Lago lajounen ak lannwit)

Une adolescente, Suzanne, perd la mémoire et elle part à la recherche du bonnet de l’arc-en-ciel. Elle va croiser différents personnages, de la couleuvre à Madan Aman, du roi Rara à Charles Oscar.
Certains vont l’aider, d’autres vont la confondre. Le Maître Minuit lui posera des énigmes, pour retrouver sa memoire et le bonnet de l’arc-en-ciel.

Murielle et sa ribambelle  (ventriloque) : 50 mn

Murielle arrive de Paris avec toute sa ribambelle afin de donner du bonheur et de la joie aux enfants.

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Cohn-Bendit: Depardieu/Bardot  » des crétins finis  »

 

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L’eurodéputé écologiste Daniel Cohn-Bendit a traité vendredi Gérard Depardieu et Brigitte Bardot de « crétins finis », après que le premier a obtenu la nationalité russe et que la seconde a menacé de s’exiler en Russie.

« C’est des crétins finis. S’ils ont envie de dormir tous avec Poutine, qu’ils se mettent dans son lit et puis l’affaire est réglée », a déclaré le coprésident du groupe Verts au Parlement européen, interrogé par  BFMTV.

« L’autre fou qui déclare la Russie comme une grande démocratie, vraiment, il faut être complètement malade et complètement plein d’alcool ou de stéroïdes (…) pour dire des bêtises pareilles », s’est-il emporté à propos de Gérard Depardieu.

A propos de Brigitte Bardot, « si elle veut quitter la France, qu’elle aille en Russie, (…) en Sibérie, ça doit être formidable pour elle. Qu’elle passe tous ses hivers en Sibérie, dans les camps de concentration par exemple, ou les prisons… Vraiment, c’est d’une bêtise incroyable toute cette histoire », a ajouté Daniel Cohn-Bendit.

Brigitte Bardot a menacé de demander la nationalité russe si les autorités françaises décidaient d’euthanasier deux éléphantes malades à Lyon.

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L’invraisemblable destin de Sixto Rodriguez

 par Alexis Campion

Ses deux albums furent publiés en 1970 dans l’indifférence générale. Pourtant, il devint, sans le savoir, une star en Afrique du Sud. Un documentaire retrace son histoire.

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Il est difficile à interviewer car il n’a pas d’ego. Il préfère discuter de politique! » Malik Bendjelloul, le réalisateur de Sugar Man, avait prévenu : Sixto Rodriguez n’aime pas parler de lui. Le film Sugar Man, bien que focalisé sur son destin, le laisse d’ailleurs entendre, ne le montrant qu’avec parcimonie, souriant mais pas plus inspiré que ça pour s’insurger contre le showbiz, qui a pourtant exploité son oeuvre dans son dos. « Il n’a jamais exprimé de regrets, poursuit Bendjelloul, tout juste ditil qu’il était “trop déçu pour se sentir déçu” lorsqu’il a pris conscience qu’il avait été plus de vingt ans célèbre sans le savoir. »

De passage à Paris fin novembre, le zigue apparaît effectivement peu disert sur sa célébrité tardive, mais assez affable pour se détendre et, in fine, évoquer ses débuts. « Il se passait plein de choses à Detroit en 1967. Imaginez cette ville gigantesque en pleine activité, avec des magasins de disques partout.

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« Tabou » de Miguel Gomes (2012)

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Il y a des films qui s’imposent comme une évidence à la première image. Tabou dicte son originalité et sa singularité dès son prologue où un explorateur envoyé en mission par le Roi en terre d’Afrique ne poursuit plus qu’une obsession, la quête de son amour perdu. Miguel Gomes nous ouvre la voie vers un univers désuet, féérique et immédiatement séduisant. Ainsi, l’homonymie du titre avec le Tabou de Murnau en 1931 – que l’on pourrait résumer au plus simple à une passion amoureuse en terre sauvage – n’est pas un hasard.

Le lien saute d’autant plus aux yeux que Miguel Gomes construit son récit en deux parties, à l’instar du film de Murnau, dont il reprend en plus les intitulés (en les inversant), Paradis/Paradis perdu. Gomes se place sous le patronage de Murnau mais sans chercher à rendre hommage. Le cinéaste multiplie les références au cinéma classique américain (notamment Les Neiges du Kilimandjaro de Henry King (1952)) mais pour mieux s’en écarter. Il puise dans le passé – celui des colonies africaines et de ce cinéma classique – la matière pour offrir un film moderne, novateur et inventif.

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« Payons les acteurs en fonction du budget »

 

Par Marc Missonnier, Producteur indépendant du dernier « Astérix » et président de l’Association des producteurs de cinéma (APC)

L’affaire « Depardieu » n’en finit pas de faire des vagues… Voilà que sont dénoncés les salaires des acteurs français. En fait, je ne suis pas loin de partager le constat que fait Vincent Maraval (Le Monde du 29 décembre 2012), à quelques détails près. Quelques précisions à propos du dernier Astérix que j’ai produit (avec mon associé Olivier Delbosc) et que Vincent Maraval a financé par le biais de sa société, Wild Bunch. Sur un budget de 61 millions d’euros, le montant du financement dit « encadré » (provenant du « système d’aide du cinéma français ») représente moins de 13 millions d’euros. Par ailleurs, sur ce total, plus du tiers provient de l’étranger… Je précise enfin que la somme des cachets des stars engagées équivaut à 8 % du coût du film.

Deux problèmes sont évoqués : le coût trop élevé des films français, lié selon M. Maraval à celui, encore plus insupportable, de ses stars trop payées, et la participation du « système d’aide français » à cette inflation.

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Les acteurs français sont trop payés !

 

Une charge au canon, par Vincent Maraval, producteur

L’année du cinéma français est un désastre. Pendant que Gérard Depardieu fait l’actualité et que les ministres rivalisent d’esprit pour en faire le scandale du moment et dénoncer son exil fiscal à 2 kilomètres de la frontière d’un pays dont il ne se sent  » plus faire partie « , personne ne parle du cinéma français. Or tous les films français de 2012 dits importants se sont  » plantés « , perdant des millions d’euros : Les Seigneurs, Astérix, Pamela Rose, Le Marsupilami, Stars 80, Bowling, Populaire, La vérité si je mens 3, etc.

Pas un film, sauf peut-être Le Prénom, pour gommer ce que toute la profession sait pertinemment, mais tente de garder secret : le cinéma français repose sur une économie de plus en plus subventionnée. Même ses plus gros succès commerciaux perdent de l’argent.

Constat unanime : les films sont trop chers. Après les films des studios américains, la France détient le record du monde du coût moyen de production : 5,4 millions d’euros, alors que le coût moyen d’un film indépendant américain tourne autour de 3 millions d’euros.

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Alors Gérard, t’as les boules ?

Par PHILIPPE TORRETON Comédien

Tu ne veux plus être français…? Tu quittes le navire France en pleine tempête ? Tu vends tes biens et tu pars avec ton magot dans un pays voisin aux cieux plus cléments pour les riches comme toi ? Evidemment, on cogne sur toi plus aisément que sur Bernard Arnault ou les héritiers Peugeot… C’est normal, tu es un comédien, et un comédien même riche comme toi pèse moins lourd ! Avec toi, on peut rattraper le silence gêné dont on a fait preuve pour les autres… C’est la nature de cette gauche un peu emmerdée d’être de gauche.

Mais Gérard, tu pensais qu’on allait approuver ? Tu t’attendais à quoi ? Une médaille ? Un césar d’honneur remis par Bercy ? Tu pensais que des pétitions de soutien de Français au RSA allaient fleurir un peu partout sur la Toile ? Que des associations caritatives allaient décrocher leur abbé Pierre, leur Coluche encadrés pour mettre ta tronche sous le plexi ? Le Premier ministre juge ton comportement minable, mais toi, tu le juges comment ? Héroïque ?

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« La Chasse » de Thomas Vinterberg : une traque à l’homme poignante avec Mads Mikkelsen

Par Romain Faisant
Blogueur cinéma

LE PLUS. Comment réaliser un grand film sur un sujet grave et pesant ? C’est tout le défi de « La Chasse » (avec l’acteur Mads Mikkelsen) dont le personnage principal est accusé à tort d’attouchements sur une jeune fille. Une chasse à l’homme poignante à laquelle a assisté notre contributeur Romain Faisant.

Édité par Maxime Bellec  

 Quand le chasseur devient le chassé, c’est toute une vie à repenser, tout un mode d’existence à réadapter, tout un futur à inventer.

 La métaphore animale du film s’applique au personnage principal, Lucas, accusé un jour d’attouchement envers une enfant. La ville est petite, mais la fureur sera grande. Là où tout le monde se connait et se fréquente, la nouvelle choque et se répand comme le sang d’un animal blessé que l’on a déjà mis à mort. Sauf que l’accusé est innocent.

 Le réalisateur danois Thomas Vinterberg traite ce sujet grave avec sobriété, en choisissant la froideur de l’Hiver qui répond à la dureté des cœurs qui se ferment. Remarquable homme pris dans la tourmente, Mads Mikkelsen a obtenu le Prix d’interprétation à Cannes.

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A propos d’une soirée d’art lyrique, quelques réflexions sur la culture en Martinique

Par Selim Lander.

Le directeur de l’Atrium, Bernard Lagier, a eu une très bonne idée de consacrer le dernier événement de l’année 2012 à cet art qui fut jadis si populaire en Martinique, comme d’ailleurs dans toutes les provinces françaises. Il reste un public pour cette forme d’expression artistique, la salle Fanon de l’Atrium était plutôt bien remplie, ce 20 décembre, et le fait que l’un des artistes sur la scène était d’origine martiniquaise n’est sûrement pas l’unique raison de ce succès.

Sur la scène donc deux chanteurs – Steeve Vérayie Jurad, baryton-basse, le Martiniquais et Jessica Wise, soprano ; au piano Mireille Santerre. Le trio de jeunes artistes s’est constitué à Montréal, ville où Steeve Vérayie Jurad a poursuivi ses études de musique. Le programme mêlait des grands airs d’opérette et d’opéra accompagnés au piano, plus trois morceaux pour le piano seul. Le Steinway  de l’Atrium sonne encore mieux dans la salle Frantz Fanon, aux dimensions raisonnables, que dans la grande salle, celle que l’on doit désormais appeler la « salle Aimé Césaire » (sans crainte d’introduire une confusion avec le théâtre municipal déjà baptisé ainsi !)

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Ravi Shankar, sitar dans la nuit

Par FRANÇOIS-XAVIER GOMEZ

Disparition. Emblème de la musique indienne, l’instrumentiste, qui avait notamment collaboré avec Satyajit Ray et influencé les Beatles et les Rolling Stones, est mort à 92 ans.

Etrange instrument que le sitar, ce luth pansu au manche démesuré qui, à partir de son ancêtre médiéval, le setâr iranien, s’est développé en ajoutant des cordes aux trois originelles : cordes de bourdon (qui jouent une seule note en continu), et cordes sympathiques, qui entrent en vibration quand on pince les cordes principales. Un peu comme le travail de Ravi Shankar est entré en résonance avec la génération hippie, faisant de lui la première star non occidentale de l’ère rock.

Lors de ses séjours en France, Ravi Shankar aimait évoquer ses souvenirs de Paris, où il avait débarqué en 1930 dans les bagages de son frère Uday Shankar et de sa compagnie de danse. Ravi n’avait que 10 ans, il chantait et dansait sans être vedette. Dans sa passionnante autobiographie (1), le musicien, né à Bénarès en 1920, mentionne son école du XVIe arrondissement, l’appartement où les amis de passage s’appelaient Paderewski, Chaliapine, Casals, Segovia… Il liait aussi Paris, où il vécut trois ans, avec sa passion pour le cinéma.

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Qosmos, l’entreprise française qui aide la Syrie à surveiller ses internautes

par Olivier Tesquet

Enquête | Un an après l’affaire Amesys en Libye, une deuxième société française, Qosmos, est épinglée par des ONG pour avoir fourni un système de surveillance des télécommunications à un régime criminel, en l’occurence la Syrie. Deux entreprises qui ont pourtant reçu l’aide du Fonds stratégique d’investissement.

Quel est le point commun entre feu Mouammar Kadhafi et Bachar el-Assad ? La dictature sanguinaire, oui. Mais pas que. Tous deux ont pu compter – directement ou non – sur le savoir-faire de sociétés françaises pour surveiller les télécommunications de leur population. A l’été 2011, Amesys, une filiale du groupe Bull, s’est retrouvée en pleine lumière quand la presse a découvert l’existence de contrats signés avec la Libye. Nom de code du projet : Candy. Objectif : vendre à la Jamahirya un système baptisé Eagle, capable d’espionner le moindre courriel du moindre opposant au régime. Depuis, Bull s’est débarrassé d’Amesys, l’association Sherpa a déposé une plainte contre X devant le parquet de Paris, et l’enquête a été confiée à Céline Hildenbrandt, une juge du pôle spécialisé dans les crimes de guerre et crimes contre l’humanité au tribunal de grande instance de Paris.

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Le cinéma syrien : des images pour la révolution

 

Ils sont cinéastes, syriens et filment leur pays au péril de leur vie

Entretien | Avec les moyens du bord, ces opposants au régime d’El Assad bravent la mort pour témoigner de leur lutte. Le Forum des images à Paris invite Hala Alabdallah, réalisatrice syrienne en exil.

Mathilde Blottière

Depuis l’arrivée au pouvoir du parti Baas, le cinéma syrien est muselé. Condamné à la propagande ou à l’inexistence. Diffusé au Forum des Images, dans le cadre du festival Un Etat du monde, Un cinéma muet, de Meyar Al-Roumi montre comment l’ONC (organisation nationale du cinéma, organe d’Etat fondé en 1963) a réduit les plus grands réalisateurs au silence ou à l’exil. La révolution a changé la donne. Grâce à Internet et aux technologies numériques, toute une génération témoigne, avec courage et dans l’urgence, de la réalité de leur pays en guerre. Quand aux documentaristes professionnels, ils sont à pied d’œuvre, prêts à incarner la renaissance du cinéma syrien. Exilée en France depuis les années 80, la réalisatrice et productrice syrienne Hala Alabdallah nous parle de ces réalisateurs, amateurs ou professionnels, qui filment la Syrie d’aujourd’hui au péril de leur vie.

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Le noir (te) vous va si bien : la fille au foulard

Par Eric Neuhoff

Dans le drame de Jacques Bral, une jeune fille en quête de liberté ne résistera pas au poids de la tradition.

Les cheveux. Surtout, il faut cacher les cheveux. Chaque matin, Cobra part de chez elle avec un foulard autour de la tête. En chemin, elle se change dans les toilettes d’un café. Elle arpente les trottoirs crinière au vent, travaille dans un magasin de chaussures, bavarde avec une collègue délurée. Le soir, le rituel se reproduit à l’envers. Le père ne se doute de rien. Ce brave épicier oriental tient à ses valeurs. On ne badine pas avec la tradition. Sa fille est en âge de se marier. Il ne s’agirait pas qu’elle fasse ça avec n’importe qui. Il veut son bien. Il se débrouille mal.

La mère est plus souple. Elle se souvient qu’à l’époque elle a épousé l’homme qu’elle voulait. Cela ne se faisait pas. C’est une dame qui n’a pas peur d’acheter des légumes chez le concurrent chinois. À table, le père tire une tête longue comme ça. On sent que pour lui le déracinement est une souffrance.

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Anna Karénine… à Madiana

 

Drame réalisé en 2012 par Joe Wright

Il n’y a rien de plus bête qu’un réalisateur qui se croit intelligent. Pour renforcer l’artifice de la société russe du xixe siècle, Joe Wright a décidé, avec l’aide lourdaude du dramaturge Tom Stoppard, de filmer Anna Karenine dans un théâtre, avec quelques échappées vers l’extérieur. La scène devient donc successivement, une gare, un champ de courses et la chambre du fils de l’héroïne, les coulisses et les cintres faisant office de salons bourgeois ou de taudis populeux. En pleine crise de mégalomanie, Joe Wright (dont on avait beaucoup aimé Reviens-moi) a espéré devenir Fellini. Problème : avec ses facéties précieuses et ses extravagances kitsch, il atteint péniblement le niveau de Ken Russell…

La principale victime de son jeu de massacre, c’est Vronski, l’amant ­d’Anna, métamorphosé en blondinet bouclé, gandin aux allures de pantin qui, en toute logique, devrait provoquer non la passion de l’héroïne mais son rire et sa fuite. Faut dire qu’Anna, elle non plus, n’est pas gâtée : minaudant et sucrée, elle semble droit sortie d’un épisode de Sex and the city.

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