Catégorie : Arts de la scène

Abstractions jazziques au CMAC

Par Selim Lander.

mario-canonge-et-michel-zenino-duo-jazzLe programme du premier trimestre 2013 s’est clôturé jeudi 21 mars au CMAC de Fort-de-France par une session autour du pianiste Mario Canonge. Ce dernier, qui vit le jour en Martinique en 1960, est un musicien éclectique qui connaît une brillante carrière internationale.

Dans la première partie du concert, Mario Canonge s’était associé seulement un second musicien, le contrebassiste virtuose Michel Zénino. Un duo atypique au cours duquel la contrebasse s’affranchissait constamment du rôle d’accompagnement rythmique dans lequel elle est habituellement cantonnée, pour briguer une place équivalente à celle du piano. Malgré sa taille imposante il n’est pas aisé pour une contrebasse de rivaliser avec le piano, surtout quand il s’agit du grand Steinway du CMAC, qui sonnait encore une fois à merveille. Pour une fois on ne regrettait pas que les instruments fussent amplifiés, d’autant que l’ingénieur du son avait si bien réglé tout son appareillage que l’on pouvait presque douter qu’il fût là. Michel Zénino « pelote la grand-mère » comme peu de ses collègues (ce qu’on a pu constater immédiatement dans la seconde partie où il était remplacé par un autre instrumentiste, dans une formation plus classique) : il a très souvent les deux mains tout à fait en bas de la touche, à moins que sa main droite n’adopte un doigté de harpiste.

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Les enjeux de l’action culturelle publique

— Par Jean-José Alpha —

 

Nous assistons depuis quelques temps à une relance des activités artistiques dans certaines communes de la Martinique, comme un regain d’intérêt culturel pour l’ensemble du territoire martiniquais ; ce qui devrait nous réjouir au vu des appels publics que j’ai lancé depuis plus de six mois, vers les collectivités et particulièrement vers les intercommunalités, en leur démontrant l’intérêt pour leur territoire de maitriser la compétence culturelle. D’autant que les services de l’Etat ne sont pas hostiles à la mise en œuvre de ces dispositifs prévus dans les lois de décentralisation qui prévoient notamment la formation artistique et la diffusion des productions sur l’ensemble des territoires.

La demande s’exprime, semble-t-il, aussi bien en Guadeloupe qu’en Guyane, comme en Nouvelle Calédonie, comme un fait culturel qui confirme aussi que la considération apportée aux enjeux culturels et artistiques comme une possible alternative aux échecs socioéconomiques, est de nature à réguler les tensions sociales par l’activité, la recherche et l’expérimentation.

La politique culturelle qui prend en compte  l’éducation, la formation et la production affirme généralement le sentiment réel d’appartenance à une communauté de culture, au sein des populations qui se disent exclues voire marginalisées par rapport à la capitale.

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Festival d’Avignon : l’édition 2013 s’annonce comme un tournant

 La Fabric’A : un lieu de répétitions et de résidence pour les artistes du Festival d’Avignon

Défendue par Hortense Archambault et Vincent Baudriller dès leur premier mandat de directeurs, la construction d’un lieu de répétitions et de résidence, destiné aux artistes invités à créer des spectacles pour le Festival d’Avignon, est un élément clé du développement de ce dernier. Ce projet devient aujourd’hui réalité sur une parcelle de terrain située à l’intersection des quartiers de Monclar et de Champfleury, mise à disposition par la Ville d’Avignon.
Ce lieu, destiné à fabriquer des spectacles pour le Festival d’Avignon, a été baptisé la . Il a été dessiné par l’architecte Maria Godlewska, désignée en septembre 2011 par un jury présidé  par Louis Schweitzer. Le Festival d’Avignon en assure la maîtrise d’ouvrage, assisté de Citadis. Les travaux débuteront en mai 2012 pour une livraison en juin 2013

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Un feu d’artifice lancera la 67e édition du Festival d’Avignon, qui aura lieu du 5 au 26 juillet. Il sera tiré par le Groupe F, qui embrasera la FabricA, la nouvelle salle voulue par les co-directeurs, Hortense Archambault et Vincent Baudriller.

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Le déficit des intermittents n’existe pas

   

Par Samuel ChurinCoordination des intermittents et des précaires

C’était le 26 juin 2003. Historique. Un protocole d’accord était signé pour réformer le régime spécifique d’assurance chômage des intermittents du spectacle. Cette déflagration dans le monde de la culture en avait entraîné d’autres : l’annulation de tous les principaux festivals, dont le plus célèbre de tous, celui d’Avignon. En cinquante-six ans d’existence, jamais pareille chose ne s’était produite. Même en 68, Jean Vilar avait réussi tant bien que mal à ne pas l’annuler. C’est dire à quel point la blessure était profonde. Les commerçants d’Avignon avaient même porté plainte pour un manque à gagner estimé à 23 millions d’euros. Cette réforme qui allait exclure les plus fragiles d’entre nous avait été décidée pour réduire un prétendu déficit. Cet argument allait être repris partout et par tous, médias et politiques. Certains n’étaient pas d’accord avec la méthode, d’autres critiquaient les solutions, mais tous s’accordaient à reconnaître ce fameux déficit.

Dès juillet 2003, nous, les principaux concernés, avons affirmé, preuves à l’appui, que ce déficit n’existait pas, que c’était de la pure idéologie.

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A-t-on failli perdre Lil Wayne ?

En début de semaine, le site TMZ annonçait que le rappeur était entre la vie et la mort. Hospitalisé suite à des attaques cérébrales selon le site, le rappeur s’est voulu rassurant, sans se montrer.

Lil Wayne nous la ferait-il à la Chávez ? Il y a quinze jours, le rappeur de la Nouvelle-Orléans annulait ses prochains concerts dans l’Hexagone. Plus de Marseille, pas de Paris et encore moins d’Amnéville, cité de Moselle. Tous ont été reportés à octobre prochain. Lil Wayne assurait que ce contre-temps n’avait rien d’alarmant. 

«J’ai décidé de reporter ma tournée européenne pour sortir mon nouvel album le 26 mars 2013. Je ne veux pas que ma tournée ou mon album soient précipités», expliquait le communiqué. Mais ses récents problèmes de santé laissent penser que le petit génie du rap, autoproclamé «meilleur rappeur vivant», n’était déjà pas au top de sa forme. 

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La critique doit-elle être agressive?

 Deux critiques livrent leur point de vue sur leur métier.

« Le seul dilemme »

Aude Lancelin
Chef du service culture à Marianne
« La critique ne doit pas s’interdire d’être féroce. Je suis toujours étonnée lorsque j’entends dire : pourquoi perdre son temps à démolir les mauvais romans quand il y en a tant de bons? Exposer les raisons pour lesquelles, à un moment donné, tout un milieu se met à promouvoir une imposture est une marque de respect, une politesse due à l’intelligence du public. Tant qu’il y aura des journaux, on y trouvera quelques snipers pour dégonfler les baudruches, et c’est tant mieux. George Orwell, qui fut à ses heures, un critique littéraire impitoyable, affirmait cependant que, du jour où il avait croisé un écrivain et lui avait parlé, il se sentait incapable de faire preuve de la moindre brutalité intellectuelle à son égard, aussi indispensable fût-elle. Derrière les livres, il y a des hommes parfois à fleur de peau : c’est en effet le seul dilemme acceptable. »

« L’éloge faux-cul »

Jean Birnbaum
Rédacteur en chef du Monde des livres
« Au XIXe siècle, le champ littéraire était un champ de bataille, et la critique un geste offensif.

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Vienne à la Belle Epoque: quand les Juifs inventent la modernité

« Quartier Juif à Vienne », aquarelle de Franz Poledne (1905) (AKG-DE AGOSTINI PICTURE LIB)

C’est à Paris, où il suivait l’affaire Dreyfus pour le quotidien viennois «Neue Freie Presse», que Theodor Herzl a inventé le sionisme. Si la patrie des droits de l’homme, pensait-il, se laisse gagner à son tour par les fureurs de l’antisémitisme, c’est la preuve que les juifs ne verront pas la fin de leurs tourments tant qu’ils n’auront pas une terre à eux sur laquelle ils ne seront plus minoritaires.

Juif hongrois devenu à Vienne un journaliste réputé, Herzl pouvait, à juste titre, comparer sa situation à celle des juifs français. Traités avec bienveillance par l’empereur François-Joseph qui apprécie leur talent et leur loyauté à la couronne, les juifs occupent en Autriche, jusqu’aux années 1880, des positions importantes dans la banque, l’industrie et le monde politique, comme le montre Jacques Le Rider dans une enquête passionnante sur le malaise de la conscience juive dans la Vienne «fin de siècle».

Tant que l’Autriche a eu un régime électoral censitaire, gauche libérale et droite conservatrice alternaient au pouvoir.

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Jocelyne Béroard au lycée Schoelcher

 Depuis quelques années, le Lycée Schoelcher mène une politique d’ouverture sur le monde artistique et culturel (manifestations théâtrales, rencontre avec des plasticiens tels que Serge HELENON, cafés littéraires, rencontre avec des chanteurs tels que Emeline MICHEL, Beethova OBAS, Chris COMBETTE, EZY KENNEGNHA …).

Pour commémorer la journée de la femme, les élèves du lycée, dans le cadre de l’opération intitulée « CANON DE FEMME », ont tenu à rendre hommage à Jocelyne BEROARD qui par son talent laisse une empreinte non seulement aux Antilles, mais aussi au niveau international.

Pendant plus d’une demi-heure, Jocelyne a parlé aux élèves de sa carrière, de ses débuts au sein du groupe KASSAV, dans un milieu d’homme,  de son parcours, du travail et de la rigueur nécessaire pour viser l’excellence.

Ensuite, accompagnée par Ronald TULLE au piano, elle a interprété quelques uns de ses tubes, à la demande des élèves.

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En «la» majeures

—Par Christian Losson, Gilles Renault, Sophian Fanen —

Il y a fort à parier qu’aussi longtemps que Les femmes s’en mêlent existeront, on ne se lassera jamais de les exalter. Et ce pour une raison simple : chaque année, renouvelé de fond en comble, on s’y rend tout bonnement comme on irait à un Meetic du rock : un rendez-vous vers l’inconnu(e) qui émoustille, le cœur léger, sans, la plupart du temps, savoir sur qui on va tomber, mais avec le net pressentiment qu’on ne regrettera pas la soirée. Quitte à être déçu. Pas grave, puisque telle est la règle du jeu, fondé sur la découverte à tous crins (couettes, chignons, etc.) ; d’autant qu’une fois lancées, les artistes naguère débusquées par le festival deviennent en général trop chères pour qu’il puisse les reprogrammer.

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Le retour du « Cahier… » à la Fondation Clément : intense émotion par la grâce de Jacques Martial

—Par Roland Sabra —

Depuis 10 ans sa lecture du « Cahier d’un retour au pays natal » tourne autour du monde, Australie, Guadeloupe, Singapour, Fidji, Nouvelle Calédonie, New-York, Martinique, Paris, etc. avec aussi des retours, obligés, au pays natal de l’auteur. C’était le cas samedi soir à la Fondation Clément, en plein air. Moment inoubliable : les fils, au propre et au figuré, de Césaire, hallucinés et émus jusqu’aux larmes, et c’étaient de vraies larmes miraculeuses, ont vu de leurs yeux vu sur scène le Père de la nation martiniquaise. Alors que rien dans la corpulence de Jacques Martial ne renvoie à la frêle silhouette du poète, Césaire était là vivant parmi les siens. C’était Lui au premier jet du texte. Telle est la performance fabuleuse de Jacques Martial dans la nuit lumineuse d’un moment partagé.

Le spectacle avait commencé avec cinquante minutes de retard juste après l’arrivée de Catherine Conconne. Mais elle n’y était pour rien. On attendait l’avion de 19 h 15 qui avait du retard. La Fondation Clément se situe dans l’axe de la piste de l’aéroport.

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Passage au pays du Cahier d’Aimé Césaire

— Par Jean-José Alpha —

 

« Le Cahier du retour au pays natal » d’Aimé Césaire paru en 1939, alors que l’auteur âgé de 26 ans, est en plein questionnement identitaire face au racisme européen et états-unien autant que la misère qui sévit dans son pays de Martinique, a été présenté aux Martiniquais hier soir , le 17 mars 2013, par Jacques Martial, à l’habitation Clément dans le cadre de l’année du Centenaire du poète et homme politique considéré comme l’une des plus consciences du 20ème siècle.

 

L’arrivée de l’errant, personnage nomade porteur à bout de bras de la misère humaine, dans le lointain, au milieu du champ de canne prolongé par l’espace scénique, est saisissante ; elle place d’entrée les invités de Bernard Hayot, président de la Fondation Clément, dans un univers dérangeant que l’acteur metteur en scène utilise intelligemment.  Économie de gestes et de déplacements dans cet espace malheureusement placé en haut d’une colline donc ouvert à tout vent, qui, étrangement, s’est calmé au fur et à mesure de l’évolution du spectacle. Diction exemplaire et sonorisation adaptée aux exigences du lieu, en plus dans le registre de la tragédie lyrique, Jacques Martial donne à entendre surtout, la colère de Césaire face à l’oppression, au désespoir, aux frustrations et aux angoisses qui le submergent.

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Victor Hugo, mon amour

Par Selim Lander. Il est à peine nécessaire de parler ici de Victor Hugo, mon amour, le spectacle d’Anthéa Sogno, qui en est à plus de cinq cents représentations et qui a reçu un accueil enthousiaste de la critique. Néanmoins, au cas où certains amateurs martiniquais du théâtre n’auraient pas encore pris leurs places, ce billet pourra peut-être les convaincre de se précipiter. Car il serait dommage qu’ils ratent un grand moment de bonheur.

Victor Hugo mon amourLe Théâtre de Fort-de-France a organisé sa saison 2012-2013 autour de Victor Hugo. Entre Marie Tudor en janvier et une adaptation des Misérables en avril, voici donc Victor Hugo, mon amour, un spectacle centré autour de la figure de Juliette Drouet, comme le titre le laisse présager. On ne connaît pas suffisamment Juliette Drouet, née Julienne Gauvain, comédienne qui n’eut guère de succès sur les planches, mais qui trouvera le rôle de sa vie comme compagne de la main gauche du grand homme, pendant un demi-siècle. Une compagne souvent délaissée, comme en témoignent les dix-huit mille lettres qu’elle a écrites à son amant. Le choix des lettres qui constituent la trame du spectacle est-il orienté ?

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Un rappeur de Sexion d’assaut condamné pour diffamation

Sexion d’assaut, rap bisounours ou homopobe ?

Ils ont des épaules de videurs, des blousons de cuir et des lunettes noires miroirs mais chantent un rap bisounours qui salue les mamans mères courage, « ta meilleure amie ».

Quand ils chuchotent « T’as habité en elle », c’est le coeur de toute une salle de 10-14 ans qui se caramélise. Le 26 janvier, les NRJ Music Awards sacraient Sexion d’assaut « groupe français de l’année » et leur chanson « Avant qu’elle parte », « chanson de l’année ». Sous les caméras virevoltantes de TF1, les gros bras à l’âme tendre envoyaient des brassées de bisous, remerciaient le rap français et glissaient une pensée pour le Mali en guerre. Que du bonheur en direct live, Nikos en embuscade. Une consécration, après le disque de diamant pour les 700.000 albums vendus de « L’Apogée ». Les mens in black du rap cartonnent.

Ces huit ex-petits gars des Xe et XVIIIe arrondissements de Paris vivent pourtant un grand écart. Cinq jours plus tard, c’était lors d’un show moins amusant que les noms de certains d’entre eux étaient cités.

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Chico César chante sur ses lauriers

 — Par Véronique Mortaigne —

Une loi municipale votée dans les années 1970 interdisant de construire des immeubles de plus de quatre étages en bord de mer donne à Joao Pessoa, capitale de l’Etat nordestin de Paraiba, des allures décalées au pays des gratte-ciel dominants.

« La ville est née en 1585 au bord du fleuve et a longtemps tourné le dos à l’Atlantique. En bord de mer vivaient des pêcheurs et des gens pauvres. Dans les années 1970, de riches familles ont construit les maisons de plage », raconte le chanteur Chico César, revenu vivre dans son Etat natal après vingt-cinq ans passés à Sao Paulo et sur les scènes internationales.

Le trublion à la coiffure abusivement afro, qui chantait Mama Africa comme un hymne identitaire, vient de publier Aos Vivos Agora, recomposition exacte du Aos Vivos, enregistrement live de 1994 qui lui apporta le succès. Depuis 2010, il est aussi secrétaire d’Etat à la culture du Paraiba.

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Christian Thoron, nommé administrateur du CMAC.

Très proche de José Pliya, actuel directeur de l’Artchipel Scène nationale de Guadeloupe, dont il été l’Administrateur, il a aussi assumé cette fonction auprès de la Scène nationale de Château-Gontier, Le Carré. D’origine métropolitaine, réputé pour sa rigueur et son refus de transiger avec les règles, sa mission d’une durée d’un an dans la pétaudière du CMAC ne s’annonce pas facile. Un lieu qu’il connaît pour avoir candidaté au poste de Directeur de Scène nationale à la succession de Fanny Auguiac. L’abaissement des tutelles en est arrivé à ce point qu’un cadre du CMAC, connu pour ses petits arrangements, passés, avec l’éthique et des déclarations anti-hiérarchiques dans la presse a été retenu dans la short-list, celle des tous derniers candidats ! C’est dire ! La mission de Christian Thoron est essentiellement de mettre en place le dispositif juridique qui permettra la fusion des deux structures qui cohabitent dans le Bâtiment, le CMAC et l’ATRIUM. La suspension du label Scène nationale perdure et en l’absence de Directeur, la programmation est assurée vaille que vaille par le binôme Thaly-Pennont, qui sans directive claire d’un Conseil Général n’ayant toujours pas de politique culturelle, fait peu du peu qu’il peut.

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Le cœur des enfants léopards

Par Selim Lander. Le constat n’est pas nouveau : Les créations au théâtre de textes écrits spécialement pour le théâtre se font rares. Ce n’est pas que ces textes, pourtant, fassent défaut. Au contraire, le stock ne cesse d’augmenter, et sur un rythme accéléré, les gens qui écrivent pour le théâtre étant de plus en plus nombreux. Il y a donc un paradoxe : d’un côté une inflation de textes, de l’autre côté une surabondance de spectacles bâtis à partir d’autres objets littéraires : correspondance, roman, poésie, quand il ne s’agit pas purement et simplement d’improvisation. Les auteurs contemporains de théâtre ont beaucoup de mal à se faire jouer tandis que les spectateurs se voient confrontés à des spectacles (qu’on ne saurait appeler des pièces) qui ne comblent pas nécessairement leur amour du théâtre.

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 On a connu cette sorte de déception, mardi dernier, avec Le Cœur des enfants léopards. Bien que nous ne l’ayons pas lu, le texte de départ, un roman du congolais Wilfried N’Sondé, ne devrait pas être en cause, à se fier aux récompenses qu’il a reçues : le Prix de la Francophonie et le Prix Senghor.

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« Victor Hugo, mon amour » au théâtre A. Césaire de Foyal du 13 au 16 mars 2013

 

Le théâtre Aimé Césaire poursuit son cycle consacré à Victor Hugo avec une nouvelle pièce : »Victor Hugo, mon amour ».

La mise en scène de cette très belle pièce jouée de mercredi 13 jusqu’à samedi 16 mars au théâtre Aimé Césaire à Fort de France à 19 heures 30 est signée Jacques Descombe.
On retrouvera Anthéa Sogno dans le rôle de Juliette et Sasa Petronijevic dans celui de Victor Hugo.

« Victor Hugo, mon amour » Ou l’une des plus belles histoires d’amour qui ait jamais existé : celle de Juliette Drouet et Victor Hugo qui se sont aimés pendant cinquante ans, au cours desquels ils échangèrent vingt-trois mille six cent cinquante lettres et quelques secousses.
Ils se rencontrent en 1833 : elle est actrice, il sera bientôt le chef de file des Romantiques; elle joue un petit rôle dans « Lucrèce Borgia », elle ignore encore qu’elle va jouer un grand rôle dans la vie du poète. Pourtant, la muse, l’inspiratrice, celle qui le révèlera à la sensualité, copiera la plus grande partie de son oeuvre, lui sauvera la vie, ainsi que ses manuscrits, le suivra en exil et l’encouragera dans sa cause d’humaniste, ce sera elle !

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« Spring Breakers » : la danse macabre des teenagers

— Par Jean-François Rauger
On aurait tort de voir dans le nouveau film d’Harmony Korine une plongée opportuniste et rouée au cœur d’un phénomène social, à la fois excentrique et banal. Spring Breakers ne relève pas d’une volonté anthropologique et documentaire de décrire des comportements qui tiennent autant du rituel que du défoulement collectif.

Harmony Korine a pris pour objet, et pour contexte, le spring break, ces « vacances de printemps » durant lesquelles les étudiants américains se retrouvent au bord de la mer pour des orgies au cours desquelles l’alcool, le sexe et les drogues diverses servent de viatique à la manifestation d’une réjouissance grégaire et, a priori, déraisonnée.

Le dessein du cinéaste n’est pas d’en révéler les mécanismes, mais d’en interroger les significations comme fantasme générationnel et actuel. Tout est dit peut-être dès les premières images du générique où l’on voit s’ébattre, au ralenti, de jeunes hommes athlétiques en bermuda ou maillot de bain et des adolescentes pulpeuses en bikini, monades déchaînées, buvant, fumant, inventant des jeux grotesques qui signalent tous un rapport d’agressivité et d’émulation triviale entre les sexes.

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« No » : la dictature et ses opposants balayés par un arc-en-ciel publicitaire

 — Par Thomas Sotinel —

 

Voici un film qui donne la pêche, dont on ressort le sourire aux lèvres. A la fin de No (réponse que fit l’électorat chilien à Augusto Pinochet, lorsqu’en 1988, le dictateur eut l’idée de demander si l’on voulait encore de lui), le mal est vaincu, la démocratie a triomphé. Pablo Larrain est au cinéma ce que René Saavedra, le héros de No, est à la communication politique. Un artiste en pleine possession de ses moyens.

Ce qui lui permet de cacher soigneusement les effets secondaires de son film, qui se manifestent plus tard, longtemps après que les lumières se sont rallumées. Une fois dissipée l’euphorie que procure le spectacle de la chute d’une dictature, toutes les questions que l’on a maintenues à l’arrière-plan ressurgissent et No devient un autre film, plein de doutes et d’ambiguïtés, une oeuvre politique qui déjoue les pièges du cinéma militant pour tendre ceux du scepticisme et de l’inaction civique.

René Saavedra (Gael Garcia Bernal) est un publicitaire chilien qui a vécu au Mexique les dures années qui ont suivi le coup d’Etat de 1973.

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Théâtre : Trois hommes dans une cage

Par Selim Lander. Ceux-là aussi furent d’abord dans un bateau ; un naufrage les jeta sur une île ; emprisonnés dans la même cellule avant leur expulsion, ils tuent le temps comme ils peuvent ; ils se souviennent, ils se racontent. Ils sont haïtiens, émigrés économiques en quête d’un monde meilleur, plus accueillant aux pauvres. Echouer comme ils l’ont fait, de manière imprévue, sur cette île, avant d’atteindre la terre promise n’est qu’un échec de plus dans une vie marquée par les ambitions avortées, les occasions perdues, les rêves inaccomplis. Il y a des femmes dans leur vie ; elles sont restées au pays, vives ou mortes. Deux d’entre elles sont vivantes, l’une porte le fruit de ses amours avec l’homme. Elles attendent des nouvelles qui n’arrivent pas – et pour cause ; elles sont encore dans l’espérance, veulent croire au succès de cette nouvelle tentative de l’homme pour les sortir de la misère. Telle est l’histoire  racontée par la Jamaïcaine Ava-Gail Gardiner dans La Cage.

CageLe dispositif scénique (de Florence Plaçais) se résume à une cage cubique dans laquelle les trois prisonniers sont enfermés, plus deux « couis » contenant de l’eau et une balle en chiffon.

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Hector Fernández et ses documentaires : capturer la personnalité historique

 — Par Lohania Aruca Alonso*—

L´étude biographique des personnalités de notre histoire la plus récente, publiée dans divers médias, à mon avis possède une double importance. D’abord pour révéler les multiples facettes d´un processus révolutionnaire caribéen, singulier et très complexe, caractérisé par le changement radical dans tous les sphères de la vie nationale, avec ses énormes défis et risques, et puis pour confronter la diversité de ses protagonistes, identifiés en tant que tels, principalement à cause de l´importance vitale des tâches qu´ils accomplissent et la qualité humaine qui caractérise leur service à la nation et au peuple de Cuba.

Il est indéniable et évidente la signification sociale et culturelle qu´ils représentent, la convergence de leurs profils dans les essences politiques, en dépit de leurs différentes origines ethniques, leurs croyances, professions, métiers … Ils apportent leurs traits spécifiques à la Révolution cubaine, ils deviennent des véritables symboles qui honorent et émergent dans le plan de notre culture nationale lorsqu’ils accomplissent la phrase de Martí: «La patrie est pierre d’autel et pas piédestal».

En ce sens, il me semble juste de partager avec les lecteurs, en plus de mon point de vue sur les documentaires Pastorita et Papá Ordaz, l’entretien au vidéaste et photographe Héctor Ramón Fernández Ferrer (Camagüey, Juillet 30, 1959), l’auteur des œuvres mentionnées.

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«The Sessions», une véritable histoire d’assistance sexuelle

Récit Le film sorti cette semaine est inspiré du récit fait par Mark O’Brien, poète américain handicapé, de son expérience avec Cheryl Cohen Greene, «sex surrogate» aux Etats-Unis.

Par ERIC FAVEREAU

De magnifiques personnages. Et c’est assurément la force mais aussi la limite de ce film, The Sessions, qui a décidé de se coltiner un thème casse-gueule, celui des assistant(e) s sexuel(le)s pour les personnes handicapées qui se trouvent dans l’impossibilité physique ou psychique d’actes sexuels. Un film qui, du festival de San Sebastian à celui de Toronto et de Londres, a accumulé les prix.

Comment résister à ces personnages qui éblouissent ? Ils sont beaux, charmants, drôles, émouvants, caustiques, et leur séduction est d’autant plus efficace que l’on nous dit que «tout est vrai». Car il s’agit de «l’histoire vraie du poète et journaliste Mark 0’Brien qui, à 38 ans, a entrepris de perdre sa virginité, dans des conditions assez particulières». Cet artiste américain a survécu à une attaque de polio dans les années 50, mais le prix en a été lourd: il a dû passer la plus grande partie de sa vie dans un poumon d’acier qui lui permet de respirer, ne pouvant en sortir que 2 à 3 heures par jour.

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Le metteur en scène et comédien Jérôme Savary est mort

 

 

—Le metteur en scène et comédien Jérôme Savary est mort lundi soir des suites d’un cancer à l’âge de 70 ans, à l’hôpital franco-britannique de Levallois-Perret, dans la banlieue parisienne, a annoncé mardi 5 mars sa famille.

Né le 27 juin 1942 à Buenos Aires dans une famille française exilée pour cause de pacifisme, Jérôme Savary est réfractaire à tout enseignement, dans la pampa comme à Paris, où il s’installe définitivement en 1964. Il suit les cours des Arts décoratifs, section fanfare, rythme bop. Il met en scène en 1965 ses premiers spectacles, Les Boîtes puis L’Invasion du vert olive. Proche du mouvement Panique, fondé par Topor, il met en scène Le Labyrinthe, d’Arrabal, au Sorano de Vincennes en 1966.

Ce boulimique et gourmet du théâtre populaire fonde, toujours en 1966, à Londres, le Grand Magic Circus avec lequel il monte divers spectacles, comme Zartan ou Superdupont. En 1982, il est président du Nouveau Théâtre populaire de Montpellier, où il reprend La Belle Hélène, monté à Paris en 1983, et dont il démissionne le 12 juin 1985.

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Djo Munga, cinéaste d’une Afrique qui bouge (fort)

Sorti en avril 2012 sur les écrans français, Viva Riva – polar tourné à Kinshasa sur fond de trafic d’essence entre l’Angola et la RDC, avec autant de violence, de sexe et d’humour qu’un Tarentino – est un film qui a ressuscité le cinéma congolais. Plus encore : il a donné un ton nouveau, décomplexé et décapant au cinéma d’auteur africain. À l’heure où se déroule le Festival panafricain du cinéma à Ouagadougou (Fespaco), son réalisateur, Djo Tunda Wa Munga, revient sur son parcours et évoque ses projets.

Le Point : Viva Riva appartient-il vraiment au genre du polar ?

Djo Munga : Absolument. Je l’ai écrit ainsi, j’aime le polar et ce genre m’a permis de parler des choses très dures que nous avons vécues en RDC, surtout pendant ces vingt dernières années marquées par la dictature, la guerre, les tensions, bref, pas franchement une ambiance à l’eau de rose…

Votre film n’a pourtant pas été sélectionné par le Fespaco...

En effet… Mais je n’étais pas non plus dans la philosophie du festival. Je travaille à montrer une Afrique différente, celle d’aujourd’hui et de demain, celle qui bouge, ce qui peut être dérangeant vu d’un certain cinéma africain qui ne parle pas du même monde et qui n’est pas dans la même dynamique.

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Dans le panier de mère Cesaria

— Par Véronique Mortaigne —

Cesaria Evora, sempre viva, toujours vivante. Repartie vers la terre mère le 17 décembre 2011, vaincue par le diabète et le coeur encombré. Mae Carinhosa, la mère affectueuse, onzième album studio de « Cize », sort pourtant le 4 mars. Il comporte 13 titres inédits enregistrés entre 1997 et 2005 à l’occasion de sessions d’enregistrement au cours desquelles la chanteuse cap-verdienne avait accumulé les chansons comme autant d’oeufs dans son panier. En maîtresse de maison avertie, elle y puisait à sa guise afin de réussir une omelette de qualité. Ceux qui n’étaient pas dans l’ambiance du moment attendaient leur heure, au salon des refusés.

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