Catégorie : Arts de la scène

La Nuit juste avant les forêts interprétée par Jacques-Olivier Ensfelder : Incandescent !

b-m_k« Chacune de tes paroles s’encombre d’un débris de mes rêves. » Aimé Césaire (1)

Par Selim Lander – Rien de plus tentant pour un comédien de théâtre que le monologue : seul en scène, donc assuré d’avoir le premier rôle, il ne craint pas de se faire voler la vedette par un camarade. Surtout – pour peu que son personnage soit suffisamment riche – il est en position de donner toute sa mesure, en visitant tous les registres, du sérieux au comique, de l’enfant au vieillard, du masculin au féminin, du sage au fou. Or le texte de Bernard-Marie Koltès possède tout ce qu’il faut pour faire briller les mille facettes d’un acteur doué.

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Danser Martin Luther King : le medium et le message

—Par Selim Lander –

Taylor I have adreamLa politique est elle soluble dans la danse (à moins qu’il ne faille dire l’inverse) ? Le risque évident pour le chorégraphe est de se laisser dominer par son sujet, de vouloir coller de trop près à la réalité qu’il décrit, surtout lorsqu’il s’agit d’un événement réel – la marche pour les droits civiques de 1963 et le discours qui l’a clôturée (« I have a dream » – qui donne son titre au ballet) – dûment répertorié, enregistré, filmé. Risque d’autant plus fort, en l’occurrence, lorsqu’on découvre que le chorégraphe américain, Bruce Taylor, alors jeune adolescent, avait lui-même participé à la marche. La première partie du ballet ne fait que renforcer ces craintes : la chorégraphie, peu inventive, est écrasée par les images historiques projetées sur l’écran géant en fond de scène.

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Festival de musique classique des Nuits Caraïbes

—  D’après le dossier de presse—

nuit_caraibesPour cette 12è édition du festival de musique classique des Nuits Caraïbes, Bernadette Beuzelin a souhaité retrouver tout à la fois l’esprit d’origine du festival en renouant avec des lieux de concert intimes, ancrer encore plus la programmation autour de la Guadeloupe et de la Martinique en mettant en avant le Chevalier de Saint-George et Saint-John Perse, étendre les échanges entre artistes invités et artistes locaux, tout ceci pour faire de ces Nuits Caraïbes une succession de moments magiques à partager avec le plus grand nombre.

Ce sont donc dix concerts d’exception qui vous sont proposés du 13 au 28 février.

Bernadette Beuzelin, présidente du festival, remercie tous les partenaires qui l’accompagnent dans ce beau projet.

1. Jeudi 13 février / 20h / Madiana / Schœlcher « La voix et le violon », dialogue musical autour du Chevalier de Saint-George.

2. Vendredi 14 février / 20h / La Poterie / Les Trois Îlets «concert voix et piano sur le thème de l’amour» à l’occasion de la Saint-Valentin…

3. Mercredi 19 février / 20h / Salle George Tarer / Bergevin « La voix et le violon », dialogue musical autour du Chevalier de Saint-George.

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Cinéma : interdiction – 12, – 16, – 18 ans, mode d’emploi

Jean-François Mary, président de la commission de classification, nous explique son fonctionnement.

cinema_interdi« Il s’agit d’appliquer une loi. La représentation cinématographique est subordonnée à l’obtention d’un visa délivré par le ministère de la Culture. On rend un avis, puis il est soumis à la validation de la ministre. La commission doit concilier la liberté d’expression des artistes et la protection des mineurs.

On prend en compte le climat général du film, son identité, son effet traumatisant sur les enfants et les adolescents; on regarde s’il incite à des comportements dangereux, s’il respecte la dignité humaine. Le décret propose une série de visas possibles : pour tous, interdit aux moins de 12 ans, 16 ans, 18 ans et interdiction totale, disposition existante mais rarement appliquée. La commission peut assortir la mesure qu’elle recommande d’un avertissement, type ‘certaines images pouvant heurter le jeune public’.

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Pete Seeger La conscience américaine d’un working-class hero

—Par Victor Hache —
pete_seegerLégende du folk américain Pete 
Seeger est mort 
à New York à l’âge de 94 ans. Sa musique puisait sa poésie 
et sa conscience 
du côté de l’histoire de la classe ouvrière des États-Unis.

Il portait haut la chanson humaniste, dont il se servait comme d’un drapeau contre tous les sectarismes. Pete Seeger est mort lundi à New York. Il avait quatre-vingt-quatorze ans. Icône de la musique populaire aux États-Unis, légende du folk américain, il était à l’origine de la protest song, puisant son inspiration du côté de la classe ouvrière américaine. Humble, refusant les honneurs et le star-système, il n’aimait rien tant que faire partager sa musique au plus grand nombre. Il chanta jusque très tard, se produisant aussi bien dans les clubs que devant des foules immenses. Lors de son 90e anniversaire, au cours d’un concert au Madison Square Garden de New York, Bruce Springsteen lui rendit hommage.

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Mwen domi déwo (j’ai dormi sous les ponts) ou « La nuit juste avant les forêts » de Bernard Marie Koltès

Vu par José Alpha
la_nuit_juste_avant-alphaPlacés sur la berge d’en face du pont qui enjambe la rivière, vraisemblablement à l’une des sorties de la ville, les spectateurs voyeurs assistent en grimaçant aux délires lucides d’un exclu.  Celui qu’a choisi de nous montrer le comédien Jacques Olivier Ensfelder  (JOE), extrait du Théâtre de Bernard Marie Koltès  « qui exprime la tragédie de l’être solitaire et de la mort ».
Un jeune type échoué à l’une des passerelles d’une existence perdue, qui s’agrippe encore aux pieds d’une sin city (ville du péché) dont les eaux usées charrient hors des murs des tragédies qui nous remuent encore.
C’est dans ce contexte pathétique que José Exélis, le metteur en scène,  raconte sous le lustre d’une bourgeoisie désuète qui pendouille au dessus de l’aire de jeu, l’errance ensorcelée (la drive) identifiée par l’anthropologue Gerry L’Etang, de trajectoires « empêchées, disloquées, révélatrices d’un malaise général dont elles sont les symptômes les plus poignants ».

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Une performance de Jacques-Olivier Ensfelder, entourée d’artifices inutiles

"La nuit juste avant les forêts" à Fort-de-France

 Modifié le 02-02-2014

j-o_ensfelderJacques-Olivier Ensfelder ( photo) fait montre d’un grand talent dans «La nuit juste avant les forêts ». Il portait en lui ce texte comme on garde un mystère. Depuis de longues années. Au fond du cœur. Étranger à lui-même et si proche, comme un enfant qui vous déchire de trop vous ressembler. Il porte le texte qui souvent l’emporte. C’est une bataille douce et douloureuse qu’il livre sur scène, dans une chorégraphie amoureuse avec les mots, les sonorités, les registres de langage, la musicalité de la phrase. Les scansions, les découpes qu’il opère dans le texte, se construisent comme témoignages de fidélité et de reconnaissance, comme preuves d’amour à l’auteur trop tôt disparu. Seul en scène il convoque la multitude des rencontres éphémères, des amoures sans lendemains, des déceptions d’une demande infinie dont l’objet toujours se dérobe à ne pouvoir être nommé. Sec et nerveux, violent et précis le phrasé épouse et enlace le propos, lui accorde des plages de repos, de calme précaire sur fond d’inquiétude sans cesse renaissante.

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« La nuit juste avant les forêts » : un texte difficile !

Entretien avec Roland Sabra. Propos recueillis par Yvonne Guilon, journaliste à Radio Caraïbes International (R.C.I.)

la_nuit_juste_avantYvonne Guilon : Comment se présente le texte « La nuit juste avant les forêts » ?
Roland Sabra : « Le texte est difficile ». C’est Bernard-Marie Koltès qui l’écrit dans une lettre à sa mère le 14 juin 1977 peu avant la création de la pièce au festival Off d’Avignon.
Yvonne Guilon : Alors pourquoi le texte est-il difficile ?
R.S. :Pour plusieurs raisons.
Premièrement, parce qu’il est composé d’une seule phrase d’une soixantaine de pages, écrite à la première personne, sans point de ponctuation. C’est dans la découpe qu’il opère dans le texte que le comédien prend ses respirations.
Deuxièmement, la construction du texte relève d’un genre tout à fait particulier. Ce n’est ni un monologue, dans lequel le discours s’adresse à un absent qui pourtant existe, ni un soliloque, c’est-à-dire une adresse du personnage à lui-même sans considération aucune pour un tiers. Le texte est en réalité un quasi-monologue c’est-à-dire un discours adressé à un tiers, présent hors-scène mais dont le spectateur doit très vite avoir la certitude qu’il ne répondra pas.

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Sons d’hiver, bouillonnements et questionnements

roscoe_mitchellAvec l’ébouriffant Roscoe Mitchell ou le son mortel de Death, avec le guitar hero James Blood Ulmer, le soulman Cody Chesnutt ou la rappeuse Invincible, l’acte artistique rejoint la geste politique.

Qu’est-ce que la musique ? Aux antipodes de l’objet de consommation, séduisant comme un fruit dopé aux pesticides, que fabrique l’industrie, Sons d’hiver nous apporte chaque année des éléments de réponse, des pistes à explorer ensemble. « La musique interpelle le politique dans ses bouillonnements brûlants et dérangeants comme la subjectivité individuelle la plus profonde », souligne Fabien Barontini, ­directeur du festival. Ce n’est pas un hasard si les artistes qu’il invite, en synergie avec les villes partenaires et le conseil général du Val-de-Marne, sont compositeurs – ou, en définitive, « décompositeurs », par leur volonté de disséquer pour reconstruire. Avec eux, la musique est bien plus qu’une affaire de sons : une question de sens.

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Danse avec le loup : « Monsieur, Blanchette et le Loup » de José Pliya

— Par S.L. & R.S. —

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Inspirée de La chèvre de Monsieur Seguin d’Alphone Daudet, du roman Les soleils des indépendances de l’écrivain ivoirien Ahmadou Kourouma, et des éleveurs peuhls d’Afrique, la pièce, Monsieur, Blanchette et le Loup forme un diptyque avec une œuvre précédente de José Pliya « Mon petit poucet » créée en 2011. Monsieur, propriétaire terrien a pour seule ambition de vivre seul, en paix avec une compagnie de chèvres qu’il chérit par dessus tout. Descendant d’une famille de nobles dont le rang s’élevait à la hauteur du nombre de vaches possédées, lui n’élève que des chèvres, la vache du pauvre ainsi qu’on la désigne en Asie. Est-ce par goût dénaturé ou par nécessité financière d’une noblesse sur le déclin ?

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Quand le piano repousse les frontières musicales

beyond_my_pianoAu Théâtre des Bouffes du Nord, se déroule la première édition du festival Beyond my piano, alliant les musiques électroniques.

Nouveau rendez-vous musical, Beyond my piano, n’est pas un simple festival de piano. Véritable laboratoire musical ouvert à la création, il va, ce week-end, faire planer un vent futuriste sur le Théâtre des Bouffes du Nord grâce à la participation de musiciens de renommée internationale qui entendent repousser les « frontières des genres musicaux ». Un voyage orchestré par des pianistes d’aujourd’hui. Issus des scènes classiques, jazz, électro ou pop, ils tenteront de réinventer les sonorités du piano, instrument historique et intemporel capable de tout jouer, des mélodies classiques aux compositions les plus avant-gardistes grâce à l’apport des technologies numériques qui ont permis aux claviers et autres synthés de s’imposer dans le monde des musiques actuelles. Parmi les artistes présents, dimanche 26 janvier (14 heures), la pianiste classique Vanessa Wagner dialoguera avec le musicien électro mexicain Murcof.

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Hayao Miyazaki tire sa révérence

Le maître de l’animation japonaise, qui a annoncé son départ à la retraite, signe un ultime long métrage pour adultes, » Le vent se lève ». 2h06.

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Au Japon, dans les années 1920, Jiro devient ingénieur en aéronautique. Il met son talent au service d’un grand constructeur qui va participer à l’effort de guerre deux décennies plus tard… Pour son dernier film, Hayao Miyazaki, passionné d’aviation, n’a pas choisi la facilité en dressant le portrait de Jiro Horikoshi, qui a créé le célèbre chasseur Zero pour Mitsubishi, utilisé lors du bombardement de Pearl Harbor. Un sujet périlleux, voire « kamikaze » pour le cinéaste, qui change radicalement de registre, et de public. Destiné aux adultes, ce drame est traité avec l’onirisme et la fantaisie qui caractérisent son œuvre, mais aussi avec une gravité et une lucidité bouleversantes. Affranchi des contraintes de narration, le maître signe un récit à la fois dense et elliptique, crépusculaire et solaire, résolument métaphorique et audacieux.

S.B.

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« 12 years A slave » : une fresque, haute de dignité, magnifique.

122_years_a_slaveA Madiana

Avec « 12 Years A Slave », de Steve McQueen, plongée au cœur des plantations d’esclaves en Louisiane
Avec une histoire vraie qui est vraiment une histoire et des comédiens qui vont de Chiwetel 
Ejiofor à Brad Pitt, cette fresque sur l’esclavagisme, haute de dignité, est magnifique.

La liste des nominations aux oscars n’annonce pas automatiquement celle des vainqueurs mais elle est un indice qui témoigne fortement du goût des votants. C’est ainsi que, après avoir déjà été couronné du trophée du meilleur acteur dramatique (attribué à Chiwetel Ejiofor) lors des récents golden globes, 12 Years A Slave vient d’empocher neuf nominations pour les prochains oscars (verdict le 2 mars prochain), ce qui est pour le moins considérable pour un drame d’époque sans effets spéciaux faisant appel à la connaissance historique, à la sensibilité et non à l’adrénaline. Du poids lourd donc, ce qui n’étonnera pas qui a déjà vu les deux premiers chefs-d’œuvre de l’auteur, Hunger et Shame.

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Films d’Asie

—Par Selim Lander —

Tel père tel filsLa sélection de films en VO présentée au mois de janvier dans le cadre du CMAC à Madiana a remporté un réel succès d’audience, avec certaines séances affichant complet. Cette affluence s’explique certainement par la qualité des films – tous asiatiques – qui ont fait l’objet de cette sélection. Et sans doute aussi parce que deux de ces films sont centrés sur le thème toujours porteur de l’enfance et qu’un troisième raconte une délicieuse histoire d’amour. Et encore parce que ces quatre films nous venaient d’Asie, un continent qui fascine autant par son exotisme que par les craintes qu’il suscite. Enfin (last but not least) tous ces films – y compris celui de Jia Zhang-Ke dont certaines séquences se passent dans un salon de massage ou dans un cabaret – sont caractérisés par une pudeur extrême, laquelle, avouons-le, contraste agréablement avec tant d’autres films qui en rajoutent sur la vulgarité.

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« Le Loup de Wall Steet » : rire mordant contre les loups… de la Bourse

— Par Dominique Widemann —

_loup_de_wall_streetA Madiana

Le Loup de Wall Street, de Martin Scorsese. États-Unis. 3 heures. Une comédie foisonnante dans laquelle Martin Scorsese et son acteur Leonardo DiCaprio pulvérisent l’univers boursier à grand renfort
 de cinéma.

Dès les séquences d’installation, l’implacable satire à laquelle va se livrer Martin Scorsese au travers de la jungle boursière se place sous les signes conjugués du spectaculaire et de l’obscénité, guidés par une incroyable énergie cinématographique. Soit Jordan, « le loup », Belfort (Leonardo DiCaprio), fait comme un rat dans un costume à deux mille dollars, célébrant l’apogée de la firme de traders qu’il préside par un lancer de nains entre les bureaux.

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Le maestro italien Claudio Abbado ne dirigera plus

—Par Hélène Jarry —

claudio_abbadoÀ la tête des plus grands orchestres mondiaux, ce chef à la grande culture humaniste nous laisse une œuvre discographique lumineuse. Un homme dont les silences dégageaient autant de force que sa musique.

Ce lundi 20 janvier est mort l’un de ces chefs d’orchestre qui font l’histoire de la musique: Claudio Abbado. Il a atteint ce statut sans le revendiquer et sans enfourcher de chevaux de bataille. À la fois rationnel et dionysiaque, doué d’une vaste culture humaniste, il a su écouter le son profond des grandes formations qu’il a dirigées ; il a donné à travers elles les interprétations lumineuses, fougueuses ou hantées d’un répertoire qui ne se circonscrit pas facilement. Le maestro italien, rompu au répertoire lyrique de son pays, a pénétré avec une égale profondeur l’esprit germanique comme Claude Debussy.

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Le retour du Théâtre populaire en Martinique

 — Par J. José Alpha —
sainte_jeanne-4Sainte Jeanne des abattoirs ? … pétillant !  ai-je répondu à un camarade soucieux de ce que je pensais à la sortie du spectacle théâtral qui ouvrait la rentrée 2014 du Théâtre Aimé Césaire de la Ville de Fort de France.
Pétillant,… pour qui apprécie les « bulles » qui font  doucement tourner la tête, et qui vous excitent comme les images en noir et blanc d’une bande dessinée des années 30 sur fond de crise économique et sociale aux Etats unis, plus précisément à Chicago.
Etourdissant,…  pour qui accepte de se laisser emporter par le rythme enlevé et parfois frénétique du conte social de Bertold Brecht mis en scène par Irène Favier ; une mise en scène épurée et joyeuse transmise avec intelligence aux comédiens de la Compagnie Les Ehontées.
Emouvant, … par une Jeanne Dark pathétique qui croit en la bonté, à la morale politique, en la pitié du capitalisme. Avec son groupe des Chapeau noirs, elle portera « la bonne parole » aux ouvriers pour tenter de désamorcer leur colère d’exploités,  pour se rendre compte qu’en fait elle joue le jeu du « patron».

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Jeanne Dark contre Pierpont Mauler, du théâtre politique d’avant-hier

—Par Selim Lander—

 Ste Jeanne des AbattoirsPour les lecteurs de Madinin’art qui n’auraient pas vu la pièce de Brecht présentée la semaine dernière au Théâtre municipal, c’est bien de Sainte Jeanne des Abattoirs qu’il sera question ici. Les ravages du capitalisme sauvage, plus particulièrement dans sa version mafieuse du Chicago des années vingt sont bien connus. Ils l’étaient certes moins quand Brecht écrivit sa pièce, en 1931 ; celle-ci possédait donc incontestablement à l’origine une force politique hélas disparue. Qui pourrait en effet se montrer encore naïf à l’heure de la mondialisation, des délocalisations et des paradis fiscaux, à l’égard d’un capitalisme qui affiche désormais son cynisme sans la moindre vergogne ? Cela étant, c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleurs onguents, paraît-il, ce qui signifie en l’occurrence que les sujets ne sont jamais démodés au théâtre. Il n’en va pas de même de la manière de les traiter, et bien que le signataire de ces lignes n’ignore pas que nombreux sont ceux qui voient dans Brecht un auteur génial et au génie indémodable, il considère pour sa modeste part que si Brecht fut un auteur incontestablement important, qui a marqué l’histoire du théâtre, la plupart de ses pièces sont au contraire démodées.

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Einstein on the beach : un chef d’œuvre au Châtelet

— Par Nicole Duault—

einstein_on_the_beachRévolutionnaire en 1976 au Festival d’Avignon, trente huit ans plus tard, Einstein on the beach, opéra de Philip Glass mis en scène par Bob Wilson et en danse par Lucinda Childs, l’est  toujours. Il l’est peut-être plus, rétrospectivement, tant il a exploré d’autres formes d’opéra, de musique, de chorégraphie et de mises en scène contemporaines

Un choc : c’est ce que l’on ressent  à cette œuvre fleuve (4 h et demi sans entracte), à ce maelstrom onirique d’images et de musique répétitive, d’une force et d’une intensité qui vous pousseraient à la crise de nerfs. Supportable? On est d’abord irrité puis rapidement subjugué. La beauté visuelle confrontée à l’ensorcelant déferlement sonore séduit. Einstein on the beach n’a pas vieilli  trente huit ans après sa création.

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« Sainte Jeanne des Abattoirs » : en noir et blanc

Au Théâtre de Foyal 16, 17 et 18 janvier

—Par M’A —

 sainte_jeanneCe n’est pas la pièce la plus légère du répertoire brechtien, c’est même, sans doute, une des moins aériennes sur le plan de la dialectique.. Écrite en 1932, elle n’a jamais été représentée du vivant de l’auteur ne donnant lieu qu’à une lecture radiophonique partielle. Ce n’est que trois ans après sa mort que la création est faite à Hambourg en 1959.

Le thème de la pièce est directement inspiré de la grande crise de 1929. Pierpont Mauler, roi de la viande et magnat de la conserve, veut se débarrasser de ses concurrents en lesconduisant à la faillite, ce qui a pour conséquence « annexe » d’accroître le chômage et le désespoir des travailleurs. Jeanne Dark (!) militante exaltée des « Chapeaux Noirs » s’épanouit dans le registre de la commisération débordante, de la compassion dégoulinante, du pacifisme béât, de la religiosité désarmante. Elle désire le bien des ouvriers, eux qui n’en n’ont déjà pas beaucoup.

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Le capital brûle les planches

— Par Marina Da Silva —

angle_alphaÀ partir de Capitalisme, désir et servitude, lecture de Marx et Spinoza par Frédéric Lordon, Judith Bernard démonte le projet néolibéral de se rendre maître de nos passions.

Judith Bernard n’a pas froid aux yeux. S’emparer de Capitalisme, désir et servitude (paru en 2010 aux Éditions la Fabrique), où Frédéric Lordon démontre, à partir de la notion de servitude conceptualisée par Marx et, plus inattendu, du désir selon Spinoza, que le projet du capitalisme néolibéral est de se rendre maître de nos passions, relevait vraiment du défi. Même revu pour la scène, le texte reste complexe et exigeant, mais elle parvient, avec cinq autres comédiens dont une danseuse, à en faire un objet théâtral intelligible et intelligent, poétique et drôle, Bienvenue dans l’angle alpha.

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Le CMAC condamné pour licenciement abusif !

— Par Roland Sabra—

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On se souvient des conditions, honteuses pour leurs auteurs, dans lesquelles Josiane Cueff, alors directrice du CMAC avait été « remerciée » pour le travail accompli à la tête de la Scène nationale de Martinique en 2011 et 2012. Si le court bilan de la Directrice pouvait et devait faire l’objet d’un débat tout à fait légitime les manières de faire utilisées pour se défaire de sa présence soulevaient et soulevent encore, rien qu’à les évoquer, des haut-le-coeur. Il est des moyens, des méthodes qui déshonorent ceux qui y ont recours. Une cabale, menée par un groupe d’artistes dépités de ne pouvoir se hisser au niveau des exigences artistiques d’une scène nationale et organisée en sous-main par un groupe d’oligarques colonisant à son profit l’encadrement de la structure, avait conduit à l’éviction de la directrice. Des arguments martinico-lepenistes avaient été avancés, des procédures dignes de patron-voyou avaient mises en œuvre. Et tout cela bien sûr par des hommes et des femmes de « gôche », de progrès.

Les voilà aujourd’hui condamnés par le Conseil des prud’hommes de Fort-de-France pour licenciement abusif.

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Juste pour rire, … savoir et tolérer

— Par Jean-José Alpha—
le_rire_grd_mystereSouvent l’humour cultivé par les minorités est l’art de transformer leurs trop nombreuses difficultés à s’intégrer et leurs humiliations, en objets de plaisanterie et en jouissance.
Pendant longtemps le cinéma américain a relégué les comédiens noirs vers de nébuleux castings de films misérables destinés à leur communauté. Pour obtenir un rôle, ces artistes ont été obligés de jouer le jeu des stéréotypes racistes de l’époque. L’évolution des mentalités leur a néanmoins permis d’établir un « afro-etablishment » au cinéma et à la télévision et d’élaborer une forme d’humour typique de leur minorité.
Ce fut par exemple le cas de Bill Cosby devenu le numéro Un de l’humour télévisé « black » avec son émission hebdomadaire : « le Cosby Show ». Par le rire, il a légitimé l’existence d’une famille noire de classe moyenne. Richard Pryor avec ses comédies irrésistibles au cinéma, a pavé la voie de son successeur, Eddie Murphy. Ce dernier a battu les recors du box- office dans les années 1980 avec « le Flic de Beverly Hills » et « Un prince à New york ».

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La Compagnie Christiane Emmanuel célèbre 25 ans de danse et de création en Martinique !

— Communiqué de presse —

cie_chris_emmanuCréée en 1989, la Compagnie Christiane Emmanuel inscrit sa ligne artistique dans un langage chorégraphique résolument contemporain et caribéen, qui puise sa source dans l’idiosyncrasie martiniquaise et caribéenne. Très active sur la scène artistique, la compagnie possède aujourd’hui un répertoire riche et diversifié qui démontre sa vivacité et sa place majeure dans la création de l’île. Tout au long de ces années, elle a connu le succès critique et la reconnaissance du public en Martinique et en dehors du territoire. Elle a également joué un rôle fondamental dans le cadre de la formation des danseurs professionnels de Martinique et dans la sensibilisation du grand public à la pratique de la danse contemporaine. Elle poursuit notamment ce travail auprès des jeunes générations par des actions en milieux scolaires et hors temps scolaires.

Afin de célébrer sa 25ème année, la Compagnie Christiane Emmanuel vous invite à suivre son actualité tout au long de l’année 2014 !

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Le Hobbit « La désolation de Smaug » : juste magistral!

— Par Christian Antourel & Ysa de Saint-Auret —

le_hobbit-2A Madiana

Ce second opus du Hobbit raconte  la suite  des aventures de Bilbon  Sacquet parti reconquérir le Mont Solitaire et le Royaume perdu des Nains d’Erebor dans les Monts Brumeux. Conseillé par le magicien Gandalf le Gris, façon Merlin l’enchanteur alchimiste chapeau pointu il est accompagné d’une belle palette  de treize nains, farfelus, vilains pas beaux mais sourires malicieux,  barbe tricotée, cheveux hirsutes, sourcils broussailleux en accents circonflexes,  héroïques et air circonspect, dont le chef est Thorïn Ecu-de-Chêne plus déterminé que jamais. Apres avoir vécu un périple inattendu, tout ce petit monde bien attachant, mélange de naïveté et d’intelligence, s’enfonce à l’est où elle croise Béorn le changeur de peau et des nuées  d’araignées  géantes de Mirkwood au cœur de la forêt noire qui réserve bien des dangers : Descentes de rivière dans des tonneaux, duels avec  la meute effrayante des orcs, rencontre avec un loup-garou. Ils sont sur le point d’être capturés par les guerriers Elfes Sylvestres,  oreilles pointues
d’un monsieur Spock. Les nains arrivent  à Esgaroth puis au Mont Solitaire où nos héros vont devoir affronter la plus terrifiante des créatures,  le dragon Smaug. 

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