Catégorie : Arts de la scène

« Le début de quelque chose », mise en scène de Myriam Marzouki

 D’après un texte de Hughes Jallon

— Par Michèle Bigot —

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L’intention est belle ; cette idée de touristes occidentaux isolés du monde dans un village de vacances pour CSP+, et n’ayant d’autre objectif que de tenir à distance le stress, la fatigue et les ennuis du monde moderne, pendant qu’à la porte de l’hôtel gronde la révolution a de quoi enchanter. Le soleil, la détente, le « lâcher-prise », et toute une organisation visant à vider les esprits et à laisser vivre les corps dans leur plus entière sensualité ; on sent bien que tout cela prête à une satire féroce des poncifs d’aujourd’hui qui préconisent le bonheur, quand l’heure est justement aux grandes inquiétudes, quand menace la panique et les bouleversements de l’ordre établi.

En somme, il y a de quoi refaire  La noce chez les petits bourgeois.

Alors pourquoi cela ne fonctionne-t-il pas ? Il faut croire que la magie du théâtre (comme le bonheur) se manifeste surtout quand elle s’en va.

Le drame s’ouvre et se clôt sur une scène de chasse apocalyptique, rendue par une image vidéo d’ombres et de couleurs en furie, pendant qu’une voix off, soutenue par un son saturé suggère la poursuite et la mise à mort des bêtes sauvages, des hommes sauvages ?

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« Frères de sang » et « Hotel Paradiso » ou le succès du théâtre gestuel

 —Par Roland Sabra —

freres_de_sangIl est souvent répété à l’envi qu’ au théâtre le comédien doit servir le texte. Mais qu’en est-il alors pour le théâtre sans parole, le théâtre mut, ou mieux le théâtre gestuel ? Deux spectacles parmi d’autres de ce registre connaissent un engouement populaire au Festival d’Avignon 2013.

 « Frères de sang » est une création de la Compagnie Dos à deux, qui présente l’histoire, tendre, émouvante et parfois tragique d’une famille composée d’une mère et de ses trois fils. A l’ouverture deux comédiens tournent l’un autour de l’autre, se serrent dans les bras, jouent s’amusent, il s’agit de deux frères. Leur statut d’enfant est suggéré par la taille de leur jouet, exagérément grande. D’emblée il est évident que ce que la bouche ne dira pas sera exprimé par la gestuelle des corps. Flashback. S’éclaire alors, coté jardin dans une penderie la présence d’une femme couverte d’un voile noir et qui tient une marionnette de femme âgée sur sa poitrine. Cette vieillarde n’a plus d’âge : le cadavre d’un homme est exposé sur un lit de mort.

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« Place du marché 76 » de Jan Lauwers : foutraque et jubilatoire!

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—Par Roland Sabra—

Plus qu’une troupe de théâtre Needcompany est une troupe de performance qui, depuis sa création, s’est positionnée explicitement comme une compagnie internationale, multilingue et multidisciplinaire. La présentation en France de sa dernière création a eu lieu au Festival d’Avignon 2013. Jan Lauwers, le fondateur de la compagnie nous invite comme maitre de cérémonie à suivre la chronique de l’été à l’hiver d’ un petit village au pied d’une montagne. Reculé. Dominé par la pauvreté. » et dans lequel «  Les gens ont le cœur lourd. » Cela commence lors de la première commémoration, un an plus tard d’une catastrophe qui durement touché le village : une bouteille de gaz a explosé sur la place du marché faisant vingt-quatre morts, dont sept enfants en excursion scolaire. D’abord, on a pensé à un attentat à la bombe. Mais plus tard , on s’apercevra que c’est une fuite sur bouteille de gaz qui est à l’origine de la catastrophe.. Cause plus prosaïque moins héroïque mais les douleurs, les os brisés et les vies dévastées sont les mêmes. Ils sont là sur la place du village, la responsable, mais aussi victime clouée dans sa chaise roulante la femme du boucher/Anneke Bonnema ; son mari  toujours désirant/Benoît Gob ; la boulangère/Grace Ellen Barkey, mère qui pleure et vomit sur le cadavre de son gamin ; sa fille Pauline/Romy Louise Lauwers ; le plombier pervers Alfred Signoret/Julien Faure ; sa femme « l’étrangère » au village, Kim Ho/Sung-Im Her et leur grande fille Michèle/Yumiko Funaya, qui sera victime de pédophilie si ce n’est d’inceste…

La catastrophe n’est que l’annonce d’un enchainement de malédictions et d’évènements surnaturels qui vont s’abattre sur la communauté.

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« Au pied du mur sans porte » de Lazare : inouï !

 —Par Roland Sabra

au_pied_du_mur_sans_porte-2Crée  au studio-théâtre de de Vitry en 2010, repris  au Théâtre de l’Échangeur à Bagnolet en 2011« Au pied du mur sans porte est enfin  présenté au Festival d’Avignon à la Chartreuse.

C’est l’histoire de Libellule, 7 ans, un gamin de banlieue, sans père et qui perd tout, sa carte Orange, ses vêtements, le chemin de l’école dans les flaques d’eau les jours de pluie, qui dialogue avec son jumeau mort avant la naissance., «Il est tourdi» commente sa mère grande praticienne de l ‘aphérèse cette élision inverse. Elle dit  « scabeau » pour escabeau. En classe, il a des difficultés. Plusieurs années après,devenu adolescent il fait copain copain avec JR, un caïd de la cité pour qui il revend de la drogue.

Voilà en quelques mots l’intrigue de « Au pied du mur sans porte » le travail de Lazare, l’auteur-créateur-metteur-en scène-improvisateur qui est en train de marquer la création théâtrale d’une forte empreinte. Né en 1975 à Fontenay-aux-Roses, avec une ascendance algérienne il grandit à Bagneux en banlieue parisienne. Sur cette enfance il est plutôt taiseux : « Si je me mets à raconter ma vie, on tombe vite dans un misérabilisme qui me fait fuir.

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« Re : Walden », création dramaturgique de J.-F. Peyret, d’après le livre de H.D. Thoreau Walden ou la vie dans les bois, Tinel de la chartreuse de Villeneuve lès Avignon

 — Par Michèle Bigot—

 re_waldenC’est en 1848 que Thoreau produit ce texte inclassable, brisant les catégories du récit, de l’essai philosophique et du journal intime. Il y relate sa vie quotidienne dans les bois,(2 ans, 2 mois et 2 jours) près de l’étang de Walden où il a construit lui-même sa cabane.

D’emblée le spectateur, confronté à ce tissu de méditations, observations, narration, s’interroge sur le titre et surtout sur son préfixe problématique. Le « re » vaut-il pour une reprise, une réponse, une réactivation ? C’est sans doute tout cela et surtout une réviviscence que nous propose J.-F. Peyret. Car son écriture théâtrale, faite d’une combinaison d’images fortes, de jeux de lumière, de magie numérique, le tout harmonisé par un concert de voix nous offre une relecture et une réactualisation de ce texte. Ce spectacle total étaye son rythme original sur une musique et un dispositif électro-acoustique dont la modernité est comme un défi à l’idéologie écologiste de Thoreau.

Une écriture dramatique des plus contemporaines et un travail intense et minutieux des multiples dimensions du spectacle théâtral soutiennent donc cette relecture.

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« Par les villages », Peter Handke, mis en scène par Stanislas Nordey

 — Par Michèle Bigot —-

 par_les_villagesSur le vaste plateau de la cour d’honneur, l’espace scénique est dessiné par une ceinture ouverte constituée d’une rangée de baraques de chantier : le tout forme une muraille bleue. Devant, seul en scène, l’écrivain. Sa voix s’élève parmi les cris des martinets déclarant l’arrivée de la nuit sur le palais. Ainsi commence le drame des perdants.

Grégor, L’écrivain revient au village natal ; il est le protagoniste autour duquel vont évoluer les autres personnages, satellites de cet astre solitaire : sa femme (Jeanne Balibar, figée dans un corps qui n’est qu’organe de la parole), sa sœur ( Emmanuelle Béart, jouant avec passion , de tout son corps), son frère (Laurent Sauvage) humilié et pourtant habité pourtant par une force qui transcende sa condition d’humiliés. Et autour de ce drame familial de l’héritage, qui déchaîne la violence des sentiments unissant et déchirant la fratrie, se déroule le ballet des compagnons ouvriers, avec Hans (S.Nordey) leur porte-voix, qui dit la geste du monde ouvrier.

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« Projet Luciole », Nicolas Truong, Chapelle des Pénitents blancs

 

—Par Michèle Bigot —-

projet_lucioleExpérimenté sous forme réduite en 2012 à Avignon, Projet Luciole revient cette année en grand format.

En 1975, Pier Paolo Pasolini écrit pour la presse italienne un texte dans lequel il dénonce la disparition des lucioles ; autant dire que pour lui, l’embrigadement de masse engendré par l’industrie culturelle et la télévision tue dans l’œuf toute lueur de contre-pouvoir ; un nouveau fascisme, pire que le précédent tue toute pensée. La grosse lumière du consensus télévisuel aveugle et paralyse la pensée. En cela il fait suite à W.Benjamin qui stigmatisait déjà cette forme irréversible de destruction.

A ces penseurs du pessimisme moderne, G. Didi-Huberman répond en 2009 (Survivance des lucioles) qu’on peut « organiser le pessimisme » et qu’il faut pour cela associer modernité et archaïsme, briser le consensus en fracturant le langage.

Et c’est à une telle entreprise que se livre Nicolas Truong dans sa création théâtrale, soulevé par un enthousiasme communicatif, une énergie de la pensée, qui font de son pessimisme la plus acérée des armes pour envisager l’avenir. La parole des philosophes d’aujourd’hui se mêle heureusement à celle des penseurs d’hier.

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Festival de Fort-de-France : « Transmissions » Programme 2013

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La 42ème édition du Festival Culturel de Fort-de-France se terminera le  21 juillet. L’édition 2013 qui porte le beau nom de  « Transmissions » est dédiée à Aimé Césaire, dans le cadre du centenaire de sa naissance.

 

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DIMANCHE 14 JUILLET
9h/19h : ESPACE CAMILLE DARSIERES «Exposition atelier d’Arts Plastiques du SERMAC »
19h00: PARC CULTUREL AIME CESAIRE : “Jazz Night ». Avec  Horizon Jazz Kreol quand le conte rencontre le Jazz, Gilles Rosine Quartet, Vibrations Cubaines rencontre Guy Marc Vadeleux en Terre Martiniquaise, Snenel Johns et World Harmony Ensemble (Etats-Unis)
Invitée : Doreen’s Jazz de New Orleans
Un village culinaire dans les jardins du parc culturel Aimé Césaire vous promet un voyage des sens .De nombreuses surprises vous attendent durant cette nuit jazzy

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LUNDI 15 JUILLET
9h/19h : ESPACE CAMILLE DARSIERES «Exposition atelier d’Arts Plastiques du SERMAC »
18h30 : CENACLE – Terminal de Croisière
Conférence : «Les Zoos Humains »
Pays : France / Martinique
Intervenants : – Pascal BLANCHARD (Historien, Chercheur associé au CNRS au Laboratoire Communication et Politique, co-directeur du Groupe de recherche ACHAC)- Sandrine LEMAIRE (Agrégée, Docteur en Histoire de l’Institut Universitaire européen de Florence, Coresponsable de l’ACHAC)
Modérateur : Elisabeth LANDI (Professeure agrégée d’histoire)
AFTER.C

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 » Transmissions » 42ème Edition du Festival Culturel de la Ville de Fort-de-France

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La 3 ème Edition de la Jazz Night 

Fort-de-France fait son Jazz.

Sous un ciel étoilé, dans un cadre idyllique, le dimanche 14 Juillet 2013

Le cœur du Parc Culturel Aimé Césaire vibrera au son du Jazz.

Une soirée entre musique et saveur culinaire.

Au menu dès 19H

Horizon Jazz Kreol quand le conte rencontre le Jazz

Gilles Rosine Quartet

Vibrations Cubaines rencontre Guy Marc Vadeleux en Terre Martiniquaise

Cette édition focus sur les États-Unis 

Découvrez la voix d’or de Shenel Johns et World Harmony Ensemble  venant tout droit des États-Unis après avoir séduit les clubs de Jazz de Manhattan. 

Et swingez au son de la clarinette de Doreen’s Jazz New Orleans qui enflammera cette soirée.

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Jay-Z: un album «plus réfléchi et moins bling-bling»

jay-zREVUE DE PRESSE – Le rappeur sort le 9 juillet Magna Carta Holy Grail, un disque ni bon ni mauvais, selon la critique, dans lequel il évoque sa femme, sa fille et ses peurs.

Jay-Z nous fait-il le coup de l’album de la maturité? Cela y ressemble bien avec le douzième album studio du rappeur. Un million de privilégiés ont pu écouter Magna Carta Holy Grail jeudi en téléchargeant une application qui leur donnait un accès excusif au disque. Depuis, les critiques fusent. Magna Cartaest sans doute l’œuvre la plus sage de Jay-Z, mais pas forcément la plus réussie.

«Le rappeur qui possède tout – succès, célébrité, voitures, fringues, œuvres d’art et une femme exceptionnelle – commence à se demander à quoi sert tout cela», * félicite The New York Times . Même s’il garde la même fierté à évoquer son patrimoine (il liste ses Basquiat, Maybach, Lamborghini) et à parler de lui (il se compare, rien que ça, à Michael Jackson et Mohammed Ali), Jay-Z est «moins vaniteux» et sa musique «plus ambivalente», apprécie le quotidien new yorkais. L’artiste a changé.

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Les intermittents martiniquais contre le transfert de la gestion de leurs dossiers en France

 

intermittentsLes Artistes et techniciens du spectacle du cinéma et de l’audiovisuel sont mobilisés contre une décision de la direction régionale de Pôle emploi

Dépendant des annexes 8 et 10 du régime des assurances chômage, les Artistes et techniciens, autrement appelés intermittents, s’élèvent contre la décision de la direction régionale de pôle emploi de transférer la gestion de leurs dossiers à PES (pôle emploi service) en France. A ce transfert s’ajoute la suppression du poste d’un agent spécialisé remplacé par de simples agents d’accompagnement n’ayant pas « la main » sur le système informatique (admission – indemnisation).
Les relations des intermittents avec pôle emploi étaient jusqu’alors satisfaisantes grâce à la compétence et la maîtrise de l’outil système de l’agent en poste.

Force est de constater que cette décision est purement régionale (cf documents sur le site pôle emploi DG N° 2013-111 du 11 juin 2013 et  n°2009/2743 BOPE 2009-104 du 15 décembre 2009 ) et ne prend pas en considération la complexité des dossiers intermittents.
En rendant de fait plus difficile la relation avec pôle emploi (décalage horaire –  allongement des délais liés aux communications par voie postale, multiplicité des interlocuteurs), la décision de la direction régionale nuit gravement à la préservation de métiers déjà difficiles à tenir en Martinique

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Angela Davis : noire, communiste, féministe et lesbienne, ne vous déplaise!

— Par Roland Sabra

free_angelaSéance de rattrapage le 02 juillet pour celles et ceux que l’imprévoyance du CMAC  lors des Rencontres Cinémas, avait privé de projection du film « Angela Free ».

Née le 26 janvier 1944 à Birmingham en Alabama, Angela Davis est une noire américaine professeur de philosophie militante communiste, militante des droits civiques. Elle fut directrice du département d’études féministes de l’université de Californie. Ses centres d’intérêt sont la philosophie féministe, et notamment le Black Feminism, les études afro-américaines, la théorie critique, le marxisme ou encore le système carcéral. En 1997, révèle son homosexualité, en faisant son coming out auprès du magazine Out.

Dénonciatrice infatigable de la ségrégation raciale étasunienne, son intelligence son énergie, sa légendaire coupe de cheveux, en font une star médiatique de la contre-culture noire dans les années soixante-dix. Un épisode de trois ans de sa vie est relaté dans le film que Shola Lynch, née au moment des faits, propose sous le titre « Free Angela ».

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« MISCELLANEES » de l’Adapacs, au Lycée Schoelcher

 

— Par Roland Sabra —

melangesMichel Dural anime le mercredi après-midi dans la salle Aimé Césaire du Lycée Schoelcher l’atelier théâtre de l’ Association pour le Développement des Activités et des Pratiques Artistiques et Culturelles Scolaires (ADAPACS). Ils sont une dizaine de tous âges, enseignants, lycéens mais aussi venus d’autres horizons à s’initier aux joies et aux plaisirs des planches. Selon la coutume de presque tous les ateliers il y a en fin d’année une présentation du travail réalisé. Les 29 et 30 juin 2013 le spectacle proposé s’intitulait « Miscellanées ». Le Larousse nous apprend qu’il s’agit d’un « recueil sur des sujets divers de science et de littérature, d’études, n’ayant aucun lien entre eux. On dit quelques fois miscellanea et plus souvent, mélanges ». Reconnaissons que miscellanées en jette un peu plus que mélanges. Il s’agit donc d’un genre littéraire composé de divers textes dont on cherche parfois le fil conducteur, sorte de mosaïque, assemblage hybride et morcelé qu’il s’agit de faire tenir ensemble.  » Quel est le fil rouge » de ce travail comme le questionneront à plusieurs reprises les comédiens?

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« LE SYSTÈME MAKO », Comédie française….. à l’ATRIUM, les 26 et 27 juillet 2013.

« LE SYSTÈME MAKO« , Comédie française…..
revient , à la demande du public,
à l’ATRIUM, les 26 et 27 juillet 2013.
Venez découvrir le spectacle le plus désopilant de l’année!!!
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Commentaires de quelques spectateurs:
« Mwen manjté pisé anlè mwen! » Margareth / Macouba
« La première scène peut choquer, mais…Fout’ i té bon! »  le Maire de Fort-de-France

« Mwen trapé mal tèt, a fos mwen ri, mé mwen ka viré wè sa » Maurice / Case-Pilote

Et la critique de Selim Lander :

http://www.madinin-art.net/le-systeme-mako-un-vaudeville-a-la-sauce-antillaise-2/

Et celle de Thomas Gendre :

http://www.madinin-art.net/le-systeme-mako-entre-stereotypes-et-macaqueries/

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Le cinéma iranien, un « bulldozer puissant »

 

 — Par Clarisse Fabre —

bulldozerHuit ans de règne de Mahmoud Ahmadinejad (2005-2013). Huit longues années durant lesquelles la chronique du cinéma iranien aura été nourrie tant par la critique des films, que par le récit des pressions, arrestations et condamnations subies par les réalisateurs. Dans ce pays où les artistes ont coutume de dire « cela ne peut pas être pire qu’avant », chacun se garde de tirer des conclusions hâtives, au lendemain de l’élection d’Hassan Rohani, le 14 juin.

Organisé en écho à cette séquence électorale, le premier festival du cinéma iranien à Paris, Cinéma(s) d’Iran, qui a lieu jusqu’au 2 juillet, au Nouvel Odéon, a scellé sa programmation sous le signe de la politique et de l’esthétique, auscultant les blessures du pays. Le festival est organisé par le cinéaste Nader T. Homayoun, auteur de Iran, une révolution cinématographique (2006), et par Bamchade Pourvali, spécialiste du cinéma iranien, et cofondateur de l’association Le Chat Persan, avec Elsa Nadjm.

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Le Passé, un film de Asghar Farhadi

 A Madiana

— Par Guy Baudon—

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 Aéroport de Paris. Un voyageur (Ahmad) avance dans un couloir… Séparée par la vitre du hall d’arrivée, une jeune femme (Marie) lui fait signe. Il la voit, s’approche de la vitre ; ils tentent d’échanger quelques paroles inaudibles. La vitre transparente fait écran. L’écran, la toile de cinéma, sera le lieu des visibilités sur lequel va s’inscrire pendant plus de deux heures, la difficulté de s’entendre, de communiquer, d’aimer. Le sujet du film, peut-être.

 Dans la séquence suivante les deux personnages quittent l’aéroport en courant sous des trombes d’eau et s’engouffrent dans une voiture. Marie est au volant. En reculant, aveuglée par la pluie, elle semble heurter une autre voiture. Plans sur leurs deux visages consternés, tournés vers l’arrière. Le contrechamp nous montre le pare brise arrière embué,  sur lequel est inscrit le titre du film « Le passé ». Le passé apparaît comme présent « dans le dos » des personnages, comme hors-champ (1) qui annonce la complexité des personnages (2) et met en œuvre l’imagination du spectateur. Le titre va progressivement disparaître sous les coups d’essuie glace.

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Fête de la musique et non pas faites de la musique, hélas!

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Le 21 juin en Martinique peu de communes ont été dans l’esprit initial de la fête de la muisque. Quand Maurice Fleuret devient Directeur de la Musique et de la Danse en octobre 1981, à la demande de Jack Lang, il applique ses réflexions sur la pratique musicale et son évolution : « la musique partout et le concert nulle part ».  Ce 21 juin peu de musique aux coins des rues, peu d’amateurs découvrant leurs talents, on a été encore une fois dans la logique du bon gros concert dans lequel le public est assigné à sa place de spectateur et non pas d’acteur de la musique. Spectateurs de notre propre histoire.  Et dès demain nous célèbrerons le centenaire d’Aimé Césaire et nous interrogerons à l’envi pour ne pas avoir à y réfléchir pour ne pas avoir à penser : » quand donc cesseras-tu d’être le jouet sombre au carnaval des autres ?

Maurice Fleuret insistait inlassablement sur la nécessité de favoriser en priorité la pratique de la musique. Le 20 juin 1982, au soir de la première édition de la Fête de la musique, il expliquait : « Écouter de la musique, ce n’est pas suffisant.

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Joey Starr, le bad boy national

— Par Judith Perrignon —
joey_starLe rhum, c’est plutôt en douce qu’il le boit, planqué dans une petite bouteille d’eau en plastique quand il est sur les plateaux de cinéma. Car là, il n’est pas le roi, mais « une jeune actrice », comme il dit, un soldat qui s’applique, avec une équipe tout autour, des horaires et un cadre qui ne lui font pas de mal. La dernière affiche annonce bien une montée en puissance, gros plan sur lui à côté de Depardieu – « Pourquoi y a autant de jours de tournage ? », avait-il demandé à son manager. « T’as le premier rôle, banane ! » Mais il n’est pas un roi. Depardieu lui a dit : « Tu sais, tu as de la chance Didier, le ciné, ça rend con. T’as autre chose, toi. »

Le rhum, certains racontent qu’il le cache quand sa mère est dans les parages. Mère en forme de béance, aperçue pour la dernière fois le jour de ses 5 ans, pleurant sur le parking de la cité Allende de Saint-Denis, réclamant de voir son fils pour son anniversaire, et puis proclamée morte par son père.

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« Tournoi de Slam Junior »

AU CENTRE CULTUREL MARCÉ DE ST JOSEPH 21 JUIN 2013

 

slam-300Vendredi 21 Juin à 19h au Centre Culturel Marcé, se tiendra la seconde édition du Tournoi Slam Junior. Une belle réussite que de faire écrire et dire à ces 11 jeunes qui ont travaillé durant un an pour cette présentation.

 

À l’initiative du « Tournoi de Slam Junior »

 

Une femme, Etie Berry, professeur des écoles à St Joseph. Elle nourrit une grande passion pour le Slam qu’elle partage avec ses élèves et avec tous les jeunes souhaitant découvrir, écrire et slamer dans ses ateliers du samedi après-midi. Elle est accompagnée dans son projet par le slameur Elie Louisy. Etie aide à l’écriture, Elie au dire et a entrainé nos futurs champions pour ce tournoi de Slam Junior.

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No ou l’engagement

Par Selim Lander – No comme Non en espagnol. Il y a plusieurs manières de dire Non, de s’opposer à l’état du monde jugé insupportable. On peut s’armer d’un revolver ou d’une bombe, exposer directement sa vie, par exemple. Ou protester avec les moyens de l’intellectuel ou de l’artiste – un pamphlet, une chanson, un tableau…, moyens en principe sans risque sauf lorsqu’on affronte une dictature sanguinaire, ce qui était le cas, au Chili, sous le règne de Pinochet. No, le film se passe au Chili en 1988, au moment où le régime, sous la pression internationale, s’est résolu à organiser un référendum pour ou contre le maintien de Pinochet, déjà au pouvoir depuis 1973, pour huit années supplémentaires. Les deux camps ont droit à une émission quotidienne de propagande de quinze minutes à la télévision. Au départ le camp du Oui est donné largement vainqueur, le régime jouant à la fois sur la peur et sur ses succès économiques ; c’est pourtant le Non qui l’emportera.

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La publicité suffit-elle pour renverser une dictature ? : « No »

 –Par Roland Sabra —

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Rencontres Cinémas de Martinique 2013.

Chili, 1988. Lorsque le dictateur chilien Augusto Pinochet, face à la pression internationale, y compris celle de son mentor étasunien, organise un référendum pour donner une façade légitime à son régime, les dirigeants de l’opposition persuadent un jeune et brillant publicitaire, René Saavedra, de concevoir leur campagne télévisuelle. Avec peu de moyens mais des méthodes innovantes, Saavedra et son équipe construisent un plan-com qui va contribuer à la victoire des opposants.

 Le surtitre de l’affiche du film est déjà en lui-même un objet de polémique : « Comment une campagne publicitaire a renversé une dictature ». Le réalisateur,Pablo Larrain, qui a déjà consacré deux précédents films à la dictature chilienne, Tony Manero (2007) et Santiago 73, Post Mortem (2010), n’en disconvient pas :  «  « La défaite de Pinochet est le résultat d’une mobilisation populaire, organisée par des dirigeants politiques » qui sont parvenus à rassembler l’opposition au Chili et en exil, admet Pablo Larrain avant d’ajouter. « Cependant, la publicité optimiste, qui n’attaquait pas Pinochet mais visait à neutraliser la peur, a joué un rôle important. 

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Cinéma : Wadjda, etc.

—Par SelimLander —

Après Syngué Sabour, les spectateurs martiniquais ont été à nouveau confrontés via le cinéma à la condition féminine en terre d’islam. Singué Sabour montrait une femme pauvre se débattant comme elle pouvait, face à un mari réduit à la condition de zombie. Et l’on découvrait peu à peu qu’elle n’était pas mieux lotie auparavant, quand son guerrier de mari était plus en forme. Wadjda est filmé en Arabie saoudite, l’action se situe dans une famille de la classe moyenne, le contexte est donc différent. Le message implicite du film, pour le spectateur occidental, est pourtant le même : la soumission de la femme dans ces sociétés musulmanes patriarcales est parfaitement abominable. De beaux esprits diraient peut-être qu’il faut opérer un distinguo, que ces sociétés sont patriarcales et que la religion n’y est pour rien. Ce n’est pourtant pas ce que montrent ces films : le coran, objet sacré, est omniprésent ; les interdits qui pèsent sur les femmes sont religieux.

Lire aussi : Syngé Sabour: le langage est pouvoir même dans un pays en guerre, de Roland Sabra
et aussi : Syngé Sabour, un drame bourgeois dans l’Afghanistan en guerre, de Selim Lander

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Pour le rappeur tunisien Weld El 15

weld_el_15Tribune Son crime est d’avoir composé une chanson où il dénonce les exactions de la police. Je ne défends pas un rappeur qui insulte la police, je défends mon pays.
Par Hind  MEDDEB  et Cosignataires : Djel de la Fonky family Ekoué de La Rumeur Imhotep de IAM Mouloud Mansouri directeur de l’association Fu-Jo qui organise des concerts de rap en prison Raashan Ahmed rappeur américain de Oakland, Medine, Yasmine Hamdan, Oxmo Puccino et Joey Starr

Weld El 15 a 25 ans ; il risque aujourd’hui même deux ans de prison. Son crime est d’avoir composé une chanson où il dénonce les exactions de la police : plus de deux ans après la chute de Ben Ali, la police continue de réprimer les manifestations, d’insulter et de tabasser ceux qui tombent dans ses filets.

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Off d’Avignon 2013, l’inflation galopante

— Par Armelle Heliot —-

 avignon_off_2013Greg Germain, président d’Avignon Festival et Compagnies, l’association qui organise le festival Off, a présenté lundi 27 mai l’édition 2013: 1066 compagnies et 1258 spectacles à l’affiche. Affolant !

 Une image vient à l’esprit lorsque l’on tente de saisir le sens de la prolifération des spectacles dans le cadre du festival Off d’Avignon. Non pas celle du désordre des cellules saisies par la maladie, mais celle de l’arbre fruitier qui, sentant sa mort prochaine, donne plus de fruits qu’il n’en a jamais donnés… C’est le cher Alain Baraton, maître des jardins de Versailles qui, souvent, rappelle cet étrange phénomène.

 Avec ses 8.000 artistes et techniciens réunis, ses 1.066 compagnies (soit 100 de plus qu’en 2012), ses vingt pays représentés, ses 1.258 spectacles, ses 48 «événements», le tout sur 24 jours du 8 au 31 juillet, quel sens a le festival Off? Depuis quelques années, la manifestation a choisi comme slogan: «Le plus grand théâtre du monde». D’accord, même Édimbourg et son joyeux mélange est battu!

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Rencontres cinémas : Le court c’est long (parfois) !

—Par Selim Lander —

Quatre films étaient au programme de la soirée court-métrage de ces Rencontres 2013. Le court est un genre à part qui éveille d’autres envies que les films au format habituel. On sait que l’argument restera très simple mais l’on s’attend à une surprise dans le scénario, et surtout on s’apprête à découvrir l’univers particulier d’un auteur qui n’a pas encore, en général, eu l’occasion de l’exprimer.

De ces quatre films, Entre Deux (de Nadia Charlery) est le seul qui remplisse entièrement le contrat et ce n’est donc pas pour rien qu’il a emporté le Prix de court, cette année. Les cinéphiles martiniquais qui ont déjà eu l’occasion de le visionner l’ont revu avec plaisir : l’applaudimètre en faisait foi. L’histoire, fondée sur un qui pro quo téléphonique, fonctionne bien, elle a une fin heureuse et les deux comédiens (y compris celle qui n’est qu’une voix au téléphone) se tirent avec honneur de leur prestation. Enfin – ce qui n’est peut-être pas un détail – Entre Deux, qui dure sept minutes d’horloge, est le seul film vraiment court de cette sélection.

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