Catégorie : Arts de la scène

« Dans la cour » : le don de toit

Pas programmé en Martinique

—Par Sorin Etienne —

dans_la_courAvec son dernier film, Pierre Salvadori signe une comédie dépressive sur un immeuble gagné par la mélancolie. Avec Gustave Kervern et Catherine Deneuve, tous les deux merveilleux.
«Les films devraient refléter la possibilité d’être un humain sur la terre.» Pierre Salvadori aime bien cette phrase de Serge Daney. Elle touche une note fondamentale chez ce metteur en scène de comédies planantes, glissantes, dérapantes, qui décollent de la réalité pour essayer des possibilités inédites d’être humain, à coup d’arabesques fantasques. «J’ai souvent filmé des gens qui n’ont pas le mode d’emploi», dit le cinéaste des Apprentis, Comme elle respire, Après vous…, De vrais mensonges. Il récidive avec son nouveau film.

Dans la cour, conte de la folie ordinaire où la folie est plus poétique que pathologique. La caméra s’installe dans un immeuble parisien en même temps que le nouveau gardien, Antoine (Gustave Kervern, tout en douceur bienveillante et en vulnérabilité).

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Regard sur l’héritage contrasté de Mandela

Documentaire. Khalo Matabane donne à voir une réflexion personnelle sur l’héritage de Madiba, et nous livre son rapport à l’homme et à l’histoire de son pays.

— Par Audrey Loussouarn —

Nelson Mandela et moi. Arte,mandela-360

Les marques de son passage sont bien là, 
incrustées dans l’esprit de tous les Sud-Africains. Car, bien sûr, l’apartheid a été décimé, enterré. Mais qu’en est-il des inégalités de richesse et 
de chance devant l’accession à une vie décente ? Khalo Matabane a baigné dans le mythe de Nelson Mandela. C’est lui, qu’il interpelle sous forme de lettre adressée à son « cher Tata Mandela ». Il l’admire, lui qui a dit au revoir à son enfance en même temps qu’à l’apartheid. Mais, loin de l’aveuglement, il dresse un état des lieux, qu’il veut objectif, de l’héritage de l’ex-président sud-africain.

Dans sa jeunesse, il l’a imaginé comme un surhomme, mi-homme, mi-bête. « Quand je suis né, tu étais déjà en prison depuis plus de dix ans. Et pourtant, aux yeux de ma grand-mère, tu étais un héros. Je n’ai jamais douté de son jugement », lui dit Khalo Matabane.

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Une « Rencontre » qui fait pschitt

Malgré la présence de Sophie Marceau et de François Cluzet, le nouveau film de Lisa Azuelos, , rate complètement sa cible. A Madiana le 25 avril

— Par Pierre Vavasseur —
une_rencontrePierre (François Cluzet) et Elsa (Sophie Marceau) se plaisent. Problème : il est marié depuis quinze ans et elle n’aime pas sortir avec des hommes mariés. Pierre (François Cluzet) et Elsa (Sophie Marceau) se plaisent. Problème : il est marié depuis quinze ans et elle n’aime pas sortir avec des hommes mariés. | (Prod.)
Elsa est une romancière à succès, divorcée, maman d’ados et libre d’aimer qui elle veut. Pierre est avocat, marié et il aime sa femme autant que ses enfants. Ils se croisent lors d’un Salon du livre à Rennes. Ils se recroisent et sont sérieusement attirés l’un par l’autre. Vivront-ils cette histoire ? Non, ils ne la vivront pas. Faut pas déconner non plus.
Voilà le postulat de départ et d’arrivée d’« Une rencontre », le nouveau film de Lisa Azuelos, portée par deux succès, « Comme t’y es belle » et « LOL », adapté aux Etats-Unis, mais dans lequel il ne se passe rien.

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Jazz, une ode au désir et à la conscience

jazz_manLe coffret de l’anthologie

Avec ses conférences et sa superbe anthologie « Jazz Magazine Jazzman – Les grandes voix Jazz, Blues et Soul », le spécialiste Lionel Eskenazi comble les mélomanes.

La Great Black Music est bien davantage qu’une expression stylistique. Ce grand mouvement musical n’a cessé de porter en lui les graines de la résistance. On le vérifie aisément avec la précieuse anthologie en 5 CD et en 100 titres, « Jazz Magazine Jazzman – Les grandes voix Jazz, Blues et Soul » (1925-2009), disponible pour seulement 23 euros. Plume émérite du mensuel « Jazz Magazine – Jazzman », Lionel Eskenazi, dont nous vous livrons une interview ci-dessous, a veillé à effectuer une sélection représentative de la démarche de l’historique magazine : éclectisme et exigence musicale, science et conscience.

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« Tambours croisés »

Un projet musical et patrimonial élaboré sur la base des musiques traditionnelles : gwoka, bèlè, maloya.

— Dossier de presse —

tambours_croises-b-2014Le CCR Domaine de Fonds Saint-Jacques vous convie samedi 26 avril à 19h00 à la découverte du projet musical « Tambours croisés »,

Née en 2011, cette aventure musicale & humaine a remporté un succès auprès des publics et des institutionnels. Pour la première fois, des chanteurs & joueurs de tambours, de Martinique, Guadeloupe, et Réunion étaient réunis pour jouer ensemble leur patrimoine commun dans leurs iles.
Cette seconde édition confirme l’impact de ce projet musical & patrimonial. Sur la base des musiques traditionnelles :gwoka, bèlè, maloya, ces musiciens, riches de leurs longs échanges ont bâti un répertoire explosif avec leurs voix & tambours pour seule instrumentation.
Cette troisième édition invite la Guyane avec deux artistes réunis par la tradition mais aux modes d’expression différents.
Guyane : Mc-Lilee – chant & Christopher Clet – tambours
Guadeloupe : Jakline Etienne – chant & Joël Jean – tambours
Réunion : Granmoun Sello – chant & Zelito Deliron – tambours
Martinique : Nenetto – chant & Claude Jean-Joseph – tambours.

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« Les Yeux Jaunes des Crocodiles » : aussi léger qu’un bulldozer

A Madiana les 22 et 23 avril 2014

— Par Nathalie Simon —
les_yeux_jaunesLE NANAR DE LA SEMAINE – Pas réaliste pour deux sous, la comédie de Cécile Telerman, adaptée du bestseller de Katherine Pancol, est filmée à coups de serpe, malgré des intentions louables.
Deux sœurs aussi différentes qu’une chinoise et une suédoise mènent deux styles de vie opposés. La première, Iris, Emmanuelle Béart, une bourgeoise superficielle et coquette mariée à un mari riche (Patrick Bruel très bien) habite un appartement avec une belle hauteur de plafond dans un quartier privilégié. La seconde, Joe (le surnom de Joséphine), Julie Depardieu, vit à Courbevoie, dans les Hauts-de-Seine, elle est historienne, chercheuse au CNRS et économise pour élever seule ses deux filles. Son époux (Samuel le Bihan) s’est enfui avec la coiffeuse manucure du supermarché d’à côté.

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Jenny Alpha aurait eu 100 ans aujourd’hui

— Par  Ozoua Soyinka —

jenny_alphaJenny Alpha est une chanteuse et comédienne française née le 22 avril 1910 à Fort-de-France (Martinique) et morte le 8 septembre 2010 à Paris. Issue d’un milieu aisé, elle arrive à Paris en 1929 pour faire ses études et devenir institutrice. Elle laisse ses études de côté pour se consacrer à sa passion, le théâtre.

La période coloniale l’empêche de percer au théâtre, où Jenny Alpha fut confrontée aux préjugés de couleur. Elle se tournera vers le music-hall où elle commencera une carrière de chanteuse. Durant la guerre elle s’engage dans la résistance. Après guerre son combat sera la reconnaissance de la culture créole dans la mouvance de la Négritude.

L’anthologie Hommage à Jenny Alpha, une femme d’exception est le témoignage d’une femme qui a su dire non à la médiocrité pour Être ce qu’elle devait Être : comédienne !

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Noir de boue et d’obus

De la compagnie Difé Kako de Chantal Loïal . Le 29 avril et le 30 avril à 9h30 (scolaires, première partie assurée par les élèves du lycée Schoelcher) et le 30 avril à 20h.

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Inscrit à la Mission du Centenaire de la Première Guerre Mondiale, Noir de boue et d’obus exhume des tranchées, la mémoire des poilus venus de l’Empire colonial français. Avec sa compagnie Difé Kako, Chantal Loïal restitue une dignité à des hommes voués au sacrifice.
DU GRONDEMENT des mitrailleuses, du crépitement de la pluie, jaillissent des rythmes africains, antillais. Embourbés dans leur destin, piégés par la violence de la guerre, défaits de tout espoir de liberté, ces hommes ravivent leur lignage, leur héritage. Comment pourraient-ils tenir sans leur culture ? Comment survivre dans ce bourbier putride à des milliers de kilomètres de leurs maisonnées ?
Originaires du Maghreb, du Sénégal, de la Guadeloupe et de la Martinique, des centaines de milliers de soldats de l’Empire colonial français ont payé l’impôt du sang.
Si la grande faucheuse n’a épargné ni noir ni blanc, l’armée française a été moins égalitaire.

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« Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu? », un film au rythme infernal

Le film de Philippe de Chauveron met les pieds dans le plat des mariages mixtes et des préjugés… Très drôle. A Madiana le 24 avril 2014

—Par Danielle Attali —

fait_bon_dieuUn musulman, un juif, un Chinois, bienvenue en France, dans la nouvelle famille Verneuil, dont les parents, Claude et Marie (Christian Clavier et Chantal Lauby), n’imaginaient sûrement pas en élevant leurs quatre ravissantes filles que trois d’entre elles convoleraient de façon si inattendue. Et qu’ils devraient faire le deuil de leur rêve de gendre idéal, de cérémonie à l’église, de petits-enfants blonds et blancs et bien d’autres choses encore. Vous pensez « préjugés et racisme »? « Pas du tout, répond le père, je suis gaulliste. » Alors quand leur dernière fille leur annonce qu’elle a rencontré un jeune catholique, les Verneuil de Niort se sentent à nouveau pousser des ailes. Sauf que celle-ci a omis de préciser que le futur gendre était noir…

Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu?, c’est un peu le croisement du sketch irrésistible de Muriel Robin, Le Noir, et de Devine qui vient dîner?, version comique.

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Invitation au Théâtre de l’Histoire

luttes_ouvrieresCie Téatlari – Théâtre des cultures créoles
Confédération Générale du Travail de la Martinique (CGTM)
Invitation au Théâtre de l’Histoire Mercredi 30 avril et Jeudi 1er mai 2014 à 18h30 – La cour de la Maison des Syndicats Bd Général de Gaulle à Fort de France
UN SIECLE DE MEMOIRES ET DE LUTTES OUVRIERES EN MARTINIQUE
Promouvoir la culture ouvrière en Martinique et restituer aux travailleurs martiniquais – particulièrement aux plus jeunes – l’histoire de leurs luttes, des victoires sociales obtenues, trop souvent méconnues voire occultées …

24 avril au 1er mai – Exposition de photographies – des grandes figures de la CGTM ; – de la Grande grève de février 2009 réalisée par la CGTM et Jean Guy CAUVERT / CMAC

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Her : Ça s’est passé demain

HerUn codicille à l’analyse plus psychologique de Roland Sabra

Par Selim Lander – Un film hollywoodien situé dans le centre ville de Los Angeles qui constitue à lui seul un décor passablement futuriste : tours de bureaux, tours d’habitation, parvis piétonniers, métro impeccablement propre. Un futur très proche, néanmoins, où les innovations ne sont pas légion : les photocopieurs sont plus performants, les jeux en trois D sont sortis des écrans et entrés véritablement dans les salons. À part ça, tout est semblables à aujourd’hui, sauf les taxis qui ont rétréci.

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« Babysitting », un Very Bad Trip français

Philippe Lacheau réalise son premier long métrage, une comédie en total lâcher-prise. A Madiana à partir du 18 avril 2014

— Par Stéphanie Belpêche —
baby_sittingTout le monde ne parle plus que de lui. À 33 ans, Philippe Lacheau savoure un triomphe mérité, après plusieurs années de galère. Auteur de plus de 200 sketches pour la télévision (Le Grand Journal sur Canal+ et le Morning Live sur M6), il signe aujourd’hui son premier long métrage en tant que réalisateur, scénariste et acteur avec Babysitting, qui relate la folle nuit que va vivre Franck, embarqué malgré lui dans une fête d’anniversaire improvisée qui dégénère. « Avec la Bande à Fifi, la troupe comique à laquelle j’appartiens, on cherchait un concept de film qui ne coûte pas cher depuis 2010. L’idée du found footage, format de mise en scène qui simule une vidéo amateur, s’est imposée, au regard de succès d’ovnis du genre comme Paranormal Activity ou [REC]. J’ai énuméré les pires choses qui pouvaient arriver à mon personnage en m’imposant des limites. Les producteurs m’ont encouragé au contraire à ne pas entrer dans le moule et à lâcher les chiens! 

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Le palmarès du Festival Prix de Court 2014

prix_de_court_tropheeLa 5ème édition du Festival Prix de Court métrage aux Antilles-Guyane s’est achevé ce samedi 12 avril dans la soirée à Madiana. Le Prix de Court 2014 a été décerné à la réalisatrice martiniquaise Maharaki, pour son film Vivre.

Découvrez le Palmarès 2014 ci-dessous ,:

Le Prix de Court
Trophée + Un chèque de 5 000 € + 2 semaines de diffusion cinématographique aux Antilles et à la Guyane + Stage en réalisation Une aide à la production de 20 000 € offerte par Canal +

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Angélique Kidjo ou l’engagement incandescent

L’héritière de Miriam Makeba dédie "Ève" aux femmes africaines et à leurs luttes. Ce CD convie Lionel Loueke, Asa, des choeurs féminins béninois… Flamboyant

— Par  Fara C. —
angelique_kidjoAvec la participation de dix chœurs féminins du Bénin et du Kenya, Angélique Kidjo, ambassadrice d’Oxfam et de l’Unicef,dédie son treizième album, Ève, à ses sœurs africaines, « à leurs souffrances, leurs luttes, leur beauté qui rayonne de dignité ». L ’ i d é e a germé en elle en 2005, quand l’organisation humanitaire Oxfam lui a demandé de visiter un camp de réfugiés au Kenya. « Il y avait des femmes du Darfour. Quand j’ai entendu leurs témoignages, je n’ai pu m’empêcher, à un moment, d’aller me cacher pour pleurer. Le viol est utilisé comme une arme de guerre. L’une d’elles a été répudiée par son mari, après avoir été kidnappée et violée par des belligérants. Une autre a vu son bébé de deux semaines, qu’elle allaitait, être soudain décapité par un milicien. Le comble de l’horreur. »

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« L’Unedic s’attaque aux intermittents par idéologie »

— Par Irene Bonnaud, Véronique Timsit, Samuel Churin, Nicolas Bouchaud Pour la Coordination des intermittents et précaires d’Ile-de-France —

menestrelDans la nuit du 21 mars, un accord Unedic a été conclu en quinze minutes après onze heures de suspension de séance et de conciliabules de couloir. Alors que le chômage touche des millions de personnes, comment est-il possible que les règles de son indemnisation soient dictées dans les locaux du Medef, sans aucun contrôle démocratique, sans vraies négociations, sans droit de regard ni de la représentation nationale ni des principaux concernés ?

Ces vingt-cinq dernières années, le Medef et la CFDT ont régné sur la direction de l’Unedic. Résultat : 6 chômeurs sur 10 en France ne sont pas indemnisés. Réforme après réforme, on limite les dépenses en cessant d’indemniser une partie des allocataires. Les économies sont faites sur le dos des pauvres, priés de devenir encore plus pauvres.

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PULL! ou de l’ironie aux Antilles

Texte et mise-en-scène de Hervé Deluge

—par Daniele Daude —
pullD’une perspective théátrologique une pièce mise en scène par son auteur suscite de premier abord une certaine méfiance. Le texte, la dramaturgie et la mise-en-scène étant ici liés par une même personne dans des exercices historiquement et artistiquement distincts un regard critique devra interroger tant l’autonomie que l’équilibre des genres. Les composantes théâtrales devant être considérées aussi bien séparément que dans leur interdépendance globale il convient d’interroger les constructions dramaturgiques (texte, musique, conception scénique, régie lumières, chorégraphie etc.) aussi bien dans leur rapport aux thématiques abordées et que dans les moyens scéniques déployés pour y répondre.

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Kaaris, l’effet flow lent

A 34 ans, le rappeur de Sevran au ton crépusculaire, propulsé par Booba, est devenu le maillon fort du hip-hop hexagonal.

— Par François-Luc Doyez —
kaarisDix ans pour essayer, quarante secondes pour réussir. Après une décennie dans l’ombre, la carrière de Gnakouri Okou, alias Kaaris, a décollé avec les douze mesures sur le titre Kalash. Le rappeur de Sevran (Seine-Saint-Denis) a été invité sur l’album de Booba à côté de poids lourds américains, Rick Ross et 2 Chainz. Il est alors presque inconnu, mais son petit couplet marque durablement les blogs spécialisés et les réseaux sociaux. Son flow lent, puissant, son écriture visuelle et macabre donnent aux thèmes éternels du rap hardcore, la violence, la drogue et les filles, une tonalité crépusculaire qui aligne les planètes du hip-hop. «Continue à glousser / J’te fume et je roule un trois feuilles / Tes ongles continuent à pousser / Tu pourras griffer ton cercueil.»

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« Une histoire banale » : un film pour 8.000 euros!

Avec cette somme dérisoire et trois semaines de tournage, Audrey Estrougo réussit une œuvre sensible sur l'itinéraire d'une victime d'un viol.

— Par Jean-Pierre Lacomme —

une_histoire_banaleLa voix est douce, ce qu’elle filme est fort. Une histoire banale est né d’un refus et d’une révolte. Le refus : celui des producteurs et distributeurs de financer un long métrage sur les femmes en prison, Taulardes. « Ce ne sont certainement pas des considérations économiques qui allaient m’empêcher de tourner. Par ailleurs, je suis très obstinée », assène gentiment mais fermement Audrey Estrougo, 30 ans, dont la profession de foi est de « témoigner de son temps. Je n’ai rien contre le cinéma de distraction mais… » La révolte? Comment le viol est perçu. « Qu’est-ce que c’est que cette société qui considère souvent que la victime d’un viol l’a un peu cherché ne serait-ce que par sa façon de s’habiller? C’est intolérable. Pas seulement comme cinéaste, j’ai voulu faire part de mon indignation citoyenne. »

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« Heli » : une monographie mexicaine

Film mexicain d'Amat Escalante avec Armando Espitia, Andrea Vergara, Linda Gonzalez (1 h 45). A Madiana.

— Par Roland Sabra —
heli-2La séquence d’ouverture signe le climat du film. Un plan fixe sur sur une chaussure cloutée qui maintient sur le plateau d’une camionnette une tête ensanglantée. A ses cotés, tête-bêche, un cadavre. Travelling vers l’avant du pick-up sur la nuque du conducteur, celle du passager et sur le faisceau des phares qui éclairent une route poussiéreuse. La voiture s’arrête au bord d’un hameau. Plan général sur la camionnette, la route et la passerelle pour piétons qui l’enjambe. Sortie des passagers qui transportent le mort et le prisonnier sur le pont, matraquent le rescapé, le laissent inanimé et pendent le cadavre au bout d’une corde du haut de la passerelle.  Pas d’explications.

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Les Bruits de Recife : tranches de vie en pays émergent

bruitsderecife1Par Selim Lander – Les Bruits de Recife : un premier long métrage de Kleber Mendonça Filho tourné dans une ville du  Brésil en plein boum économique, avec les gratte-ciels qui poussent partout ; plusieurs lignes narratives très lâches qui se développent simultanément, se croisent parfois ; un film patchwork, des personnages ordinaires, « sans qualité », vivant une existence banale, à l’exception de l’un d’entre eux qui veut assouvir une vengeance (mais cela nous ne le découvrirons qu’à la fin).

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La grande musique noire, brasier de résistance

L’exposition de la Cité de la musique, «Great Black Music», questionne, au-delà du mouvement musical, les contextes historiques, sociologiques, politiques… Avec maestria.

— Par Fara C. —
great_black_musicÀ travers des centaines de documents sonores et audiovisuels, que l’on consulte de façon interactive, l’exposition «Great Black Music» interroge les processus historiques, sociologiques, politiques… Elle démontre avec maestria, à l’instar du captivant livre éponyme (ouvrage collectif dirigé par Emmanuel Parent), que la Great Black Music « transcende toute approche ethniciste, nationaliste ou raciale », selon les mots de Marc Benaïche, commissaire de l’exposition et fondateur du magazine Mondomix.

Nous avons souvent évoqué, dans nos colonnes, l’extraordinaire retournement de situation qu’illustre l’odyssée de la Great Black Music, notion initiée dans les sixties par l’Art Ensemble of Chicago.

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Hong Sang Soe : un Rohmer coréen

Haewon et les hommes

Haewon et les hommesPar Selim Lander – Un cinéaste prolifique qui raconte des histoires où il ne se passe rien, rien de plus que des conversations entre des hommes et des femmes, où la grande question est celle de savoir si l’on aime ou pas, si l’on aime bien ou mal, si l’on va tomber amoureux ou si l’on n’aime plus. Le rythme est lent, on élève rarement la voix, la photo est belle, la musique aussi. En dehors de ces inquiétudes sentimentales, la vie est facile dans ce monde-là. L’argent n’est pas un souci, ni le travail. On a le temps pour autre chose, pour ce qui importe vraiment, ces conversations interminables, les lentes déambulations dans quelques lieux familiers que l’on revisite inlassablement. C’est l’univers de Rohmer, version Corée du Sud. Et puisque les deux personnages principaux d’Haewon et les hommes sont une étudiante (Haewon, grande et distinguée) et son professeur, Seongjun, on pense plus précisément à Conte d’automne (1998).

Nous sommes donc, avec Haewon et les hommes, dans un film maniériste à l’extrême. Nous ne dirons pas à l’excès.

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Bethléem : la guerre sans fin

BethléemPar Selim Lander – « L’occupation (de la Palestine) ou la sécurité, vous n’aurez pas les deux à la fois ». Tel est le message envoyé aux Israéliens, via Al Jazeera, par le terroriste palestinien Ibrahim. Ce dernier a un jeune frère, Sanfur, qui a été retourné par un agent secret israélien, Razi. Entre ces deux-là se sont nouées des relations affectives – réciproques – très fortes (à en croire le cinéma, le film Omar par exemple, les services secrets israéliens seraient très doués pour ce jeu-là). On voit toute la richesse d’une situation dans laquelle les deux principaux protagonistes (Sanfur et Razi) se trouvent pris entre des fidélités contradictoires, chacun devant à la fois protéger son ami et demeurer loyal envers son camp. De tels dilemmes ne se tranchent jamais de manière satisfaisante (ou il y faut beaucoup d’artifice comme dans le Cid de Corneille).

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Pull : deux truands sur le retour

pullPar Selim Lander – « Pull » : pull the trigger, appuie sur la détente. De fait, les deux personnages qui occupent la scène ont la gâchette facile. Les sens en alerte, ils dégainent plus vite que leur ombre. Avec Pull, comme on le comprend tout de suite, Hervé Deluge (auteur et metteur en scène)nous projette dans un univers de films noirs aux truands sympathiques. Pas mauvais bougres, tuer pour eux n’est qu’un métier, avec ses bons et ses mauvais côtés. Il n’empêche : ces deux-là sont rendus à un stade de leur (médiocre) existence où l’on commence à se poser des questions existentielles.  Leur philosophie ne va pas bien loin mais elle est dépourvue de prétention et l’on se laisse facilement charmer par des discours où l’humour côtoie la déraison. Il ne se passe rien : les tueurs (le mot « assassin » ne conviendrait pas ici) attendent qu’on leur désigne une cible, et comme la distribution est réduite à deux comédiens, on se doute bien qu’il ne se passera pas grand-chose d’autre. Pourtant, on a envie de savoir la suite.  

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Séances en V.O. à Madiana du 07 au 18 avril 2014

Deux bijoux parmi d'autres. Attention : affichage fantaisiste des horaires sur le site de Madiana!

— Par Roland Sabra —

bethleem

« Bethleem » : passionnant !

Israélien et Palestinien : pour chacun d’eux, pas d’entre deux possible!
2005 à Bethléem, juste après la fin de la seconde Intifada, l’autorité palestinienne tente, sous la pression internationale d’enrayer la militarisation du conflit en réduisant le financement groupes armés du Fatah , les Brigades Al-Asqsa. Une partie de celles-ci compensent le manque à gagner en faisant alliance avec le mouvement religieux Hamas. Dans ce contexte, Razi, un agent de renseignement israélien a noué un contact étroit avec Sanfur, son indicateur, un adolescent palestinien, en manque de reconnaissance, délaissé par son père et dédaigné par son frère Ibrahim militant dissident du Fatah. C’est auprès de Razi que Sanfur croît trouver ce qui lui est refusé du côté familial sans pourtant y renoncer. Il pense tracer son chemin en trahissant un peu tout le monde, en travaillant avec les deux camps. Razi, expert en manipulation se contenterait volontiers de gérer l’investissement que représente sa relation avec son indicateur s’il n’était, contraint par sa hiérarchie, sous la menace d’un grave attentat de le « griller ».

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