Catégorie : Arts de la scène

Films d’Asie

—Par Selim Lander —

Tel père tel filsLa sélection de films en VO présentée au mois de janvier dans le cadre du CMAC à Madiana a remporté un réel succès d’audience, avec certaines séances affichant complet. Cette affluence s’explique certainement par la qualité des films – tous asiatiques – qui ont fait l’objet de cette sélection. Et sans doute aussi parce que deux de ces films sont centrés sur le thème toujours porteur de l’enfance et qu’un troisième raconte une délicieuse histoire d’amour. Et encore parce que ces quatre films nous venaient d’Asie, un continent qui fascine autant par son exotisme que par les craintes qu’il suscite. Enfin (last but not least) tous ces films – y compris celui de Jia Zhang-Ke dont certaines séquences se passent dans un salon de massage ou dans un cabaret – sont caractérisés par une pudeur extrême, laquelle, avouons-le, contraste agréablement avec tant d’autres films qui en rajoutent sur la vulgarité.

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« Le Loup de Wall Steet » : rire mordant contre les loups… de la Bourse

— Par Dominique Widemann —

_loup_de_wall_streetA Madiana

Le Loup de Wall Street, de Martin Scorsese. États-Unis. 3 heures. Une comédie foisonnante dans laquelle Martin Scorsese et son acteur Leonardo DiCaprio pulvérisent l’univers boursier à grand renfort
 de cinéma.

Dès les séquences d’installation, l’implacable satire à laquelle va se livrer Martin Scorsese au travers de la jungle boursière se place sous les signes conjugués du spectaculaire et de l’obscénité, guidés par une incroyable énergie cinématographique. Soit Jordan, « le loup », Belfort (Leonardo DiCaprio), fait comme un rat dans un costume à deux mille dollars, célébrant l’apogée de la firme de traders qu’il préside par un lancer de nains entre les bureaux.

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Le maestro italien Claudio Abbado ne dirigera plus

—Par Hélène Jarry —

claudio_abbadoÀ la tête des plus grands orchestres mondiaux, ce chef à la grande culture humaniste nous laisse une œuvre discographique lumineuse. Un homme dont les silences dégageaient autant de force que sa musique.

Ce lundi 20 janvier est mort l’un de ces chefs d’orchestre qui font l’histoire de la musique: Claudio Abbado. Il a atteint ce statut sans le revendiquer et sans enfourcher de chevaux de bataille. À la fois rationnel et dionysiaque, doué d’une vaste culture humaniste, il a su écouter le son profond des grandes formations qu’il a dirigées ; il a donné à travers elles les interprétations lumineuses, fougueuses ou hantées d’un répertoire qui ne se circonscrit pas facilement. Le maestro italien, rompu au répertoire lyrique de son pays, a pénétré avec une égale profondeur l’esprit germanique comme Claude Debussy.

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Le retour du Théâtre populaire en Martinique

 — Par J. José Alpha —
sainte_jeanne-4Sainte Jeanne des abattoirs ? … pétillant !  ai-je répondu à un camarade soucieux de ce que je pensais à la sortie du spectacle théâtral qui ouvrait la rentrée 2014 du Théâtre Aimé Césaire de la Ville de Fort de France.
Pétillant,… pour qui apprécie les « bulles » qui font  doucement tourner la tête, et qui vous excitent comme les images en noir et blanc d’une bande dessinée des années 30 sur fond de crise économique et sociale aux Etats unis, plus précisément à Chicago.
Etourdissant,…  pour qui accepte de se laisser emporter par le rythme enlevé et parfois frénétique du conte social de Bertold Brecht mis en scène par Irène Favier ; une mise en scène épurée et joyeuse transmise avec intelligence aux comédiens de la Compagnie Les Ehontées.
Emouvant, … par une Jeanne Dark pathétique qui croit en la bonté, à la morale politique, en la pitié du capitalisme. Avec son groupe des Chapeau noirs, elle portera « la bonne parole » aux ouvriers pour tenter de désamorcer leur colère d’exploités,  pour se rendre compte qu’en fait elle joue le jeu du « patron».

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Jeanne Dark contre Pierpont Mauler, du théâtre politique d’avant-hier

—Par Selim Lander—

 Ste Jeanne des AbattoirsPour les lecteurs de Madinin’art qui n’auraient pas vu la pièce de Brecht présentée la semaine dernière au Théâtre municipal, c’est bien de Sainte Jeanne des Abattoirs qu’il sera question ici. Les ravages du capitalisme sauvage, plus particulièrement dans sa version mafieuse du Chicago des années vingt sont bien connus. Ils l’étaient certes moins quand Brecht écrivit sa pièce, en 1931 ; celle-ci possédait donc incontestablement à l’origine une force politique hélas disparue. Qui pourrait en effet se montrer encore naïf à l’heure de la mondialisation, des délocalisations et des paradis fiscaux, à l’égard d’un capitalisme qui affiche désormais son cynisme sans la moindre vergogne ? Cela étant, c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleurs onguents, paraît-il, ce qui signifie en l’occurrence que les sujets ne sont jamais démodés au théâtre. Il n’en va pas de même de la manière de les traiter, et bien que le signataire de ces lignes n’ignore pas que nombreux sont ceux qui voient dans Brecht un auteur génial et au génie indémodable, il considère pour sa modeste part que si Brecht fut un auteur incontestablement important, qui a marqué l’histoire du théâtre, la plupart de ses pièces sont au contraire démodées.

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Einstein on the beach : un chef d’œuvre au Châtelet

— Par Nicole Duault—

einstein_on_the_beachRévolutionnaire en 1976 au Festival d’Avignon, trente huit ans plus tard, Einstein on the beach, opéra de Philip Glass mis en scène par Bob Wilson et en danse par Lucinda Childs, l’est  toujours. Il l’est peut-être plus, rétrospectivement, tant il a exploré d’autres formes d’opéra, de musique, de chorégraphie et de mises en scène contemporaines

Un choc : c’est ce que l’on ressent  à cette œuvre fleuve (4 h et demi sans entracte), à ce maelstrom onirique d’images et de musique répétitive, d’une force et d’une intensité qui vous pousseraient à la crise de nerfs. Supportable? On est d’abord irrité puis rapidement subjugué. La beauté visuelle confrontée à l’ensorcelant déferlement sonore séduit. Einstein on the beach n’a pas vieilli  trente huit ans après sa création.

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« Sainte Jeanne des Abattoirs » : en noir et blanc

Au Théâtre de Foyal 16, 17 et 18 janvier

—Par M’A —

 sainte_jeanneCe n’est pas la pièce la plus légère du répertoire brechtien, c’est même, sans doute, une des moins aériennes sur le plan de la dialectique.. Écrite en 1932, elle n’a jamais été représentée du vivant de l’auteur ne donnant lieu qu’à une lecture radiophonique partielle. Ce n’est que trois ans après sa mort que la création est faite à Hambourg en 1959.

Le thème de la pièce est directement inspiré de la grande crise de 1929. Pierpont Mauler, roi de la viande et magnat de la conserve, veut se débarrasser de ses concurrents en lesconduisant à la faillite, ce qui a pour conséquence « annexe » d’accroître le chômage et le désespoir des travailleurs. Jeanne Dark (!) militante exaltée des « Chapeaux Noirs » s’épanouit dans le registre de la commisération débordante, de la compassion dégoulinante, du pacifisme béât, de la religiosité désarmante. Elle désire le bien des ouvriers, eux qui n’en n’ont déjà pas beaucoup.

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Le capital brûle les planches

— Par Marina Da Silva —

angle_alphaÀ partir de Capitalisme, désir et servitude, lecture de Marx et Spinoza par Frédéric Lordon, Judith Bernard démonte le projet néolibéral de se rendre maître de nos passions.

Judith Bernard n’a pas froid aux yeux. S’emparer de Capitalisme, désir et servitude (paru en 2010 aux Éditions la Fabrique), où Frédéric Lordon démontre, à partir de la notion de servitude conceptualisée par Marx et, plus inattendu, du désir selon Spinoza, que le projet du capitalisme néolibéral est de se rendre maître de nos passions, relevait vraiment du défi. Même revu pour la scène, le texte reste complexe et exigeant, mais elle parvient, avec cinq autres comédiens dont une danseuse, à en faire un objet théâtral intelligible et intelligent, poétique et drôle, Bienvenue dans l’angle alpha.

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Le CMAC condamné pour licenciement abusif !

— Par Roland Sabra—

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On se souvient des conditions, honteuses pour leurs auteurs, dans lesquelles Josiane Cueff, alors directrice du CMAC avait été « remerciée » pour le travail accompli à la tête de la Scène nationale de Martinique en 2011 et 2012. Si le court bilan de la Directrice pouvait et devait faire l’objet d’un débat tout à fait légitime les manières de faire utilisées pour se défaire de sa présence soulevaient et soulevent encore, rien qu’à les évoquer, des haut-le-coeur. Il est des moyens, des méthodes qui déshonorent ceux qui y ont recours. Une cabale, menée par un groupe d’artistes dépités de ne pouvoir se hisser au niveau des exigences artistiques d’une scène nationale et organisée en sous-main par un groupe d’oligarques colonisant à son profit l’encadrement de la structure, avait conduit à l’éviction de la directrice. Des arguments martinico-lepenistes avaient été avancés, des procédures dignes de patron-voyou avaient mises en œuvre. Et tout cela bien sûr par des hommes et des femmes de « gôche », de progrès.

Les voilà aujourd’hui condamnés par le Conseil des prud’hommes de Fort-de-France pour licenciement abusif.

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Juste pour rire, … savoir et tolérer

— Par Jean-José Alpha—
le_rire_grd_mystereSouvent l’humour cultivé par les minorités est l’art de transformer leurs trop nombreuses difficultés à s’intégrer et leurs humiliations, en objets de plaisanterie et en jouissance.
Pendant longtemps le cinéma américain a relégué les comédiens noirs vers de nébuleux castings de films misérables destinés à leur communauté. Pour obtenir un rôle, ces artistes ont été obligés de jouer le jeu des stéréotypes racistes de l’époque. L’évolution des mentalités leur a néanmoins permis d’établir un « afro-etablishment » au cinéma et à la télévision et d’élaborer une forme d’humour typique de leur minorité.
Ce fut par exemple le cas de Bill Cosby devenu le numéro Un de l’humour télévisé « black » avec son émission hebdomadaire : « le Cosby Show ». Par le rire, il a légitimé l’existence d’une famille noire de classe moyenne. Richard Pryor avec ses comédies irrésistibles au cinéma, a pavé la voie de son successeur, Eddie Murphy. Ce dernier a battu les recors du box- office dans les années 1980 avec « le Flic de Beverly Hills » et « Un prince à New york ».

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La Compagnie Christiane Emmanuel célèbre 25 ans de danse et de création en Martinique !

— Communiqué de presse —

cie_chris_emmanuCréée en 1989, la Compagnie Christiane Emmanuel inscrit sa ligne artistique dans un langage chorégraphique résolument contemporain et caribéen, qui puise sa source dans l’idiosyncrasie martiniquaise et caribéenne. Très active sur la scène artistique, la compagnie possède aujourd’hui un répertoire riche et diversifié qui démontre sa vivacité et sa place majeure dans la création de l’île. Tout au long de ces années, elle a connu le succès critique et la reconnaissance du public en Martinique et en dehors du territoire. Elle a également joué un rôle fondamental dans le cadre de la formation des danseurs professionnels de Martinique et dans la sensibilisation du grand public à la pratique de la danse contemporaine. Elle poursuit notamment ce travail auprès des jeunes générations par des actions en milieux scolaires et hors temps scolaires.

Afin de célébrer sa 25ème année, la Compagnie Christiane Emmanuel vous invite à suivre son actualité tout au long de l’année 2014 !

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Le Hobbit « La désolation de Smaug » : juste magistral!

— Par Christian Antourel & Ysa de Saint-Auret —

le_hobbit-2A Madiana

Ce second opus du Hobbit raconte  la suite  des aventures de Bilbon  Sacquet parti reconquérir le Mont Solitaire et le Royaume perdu des Nains d’Erebor dans les Monts Brumeux. Conseillé par le magicien Gandalf le Gris, façon Merlin l’enchanteur alchimiste chapeau pointu il est accompagné d’une belle palette  de treize nains, farfelus, vilains pas beaux mais sourires malicieux,  barbe tricotée, cheveux hirsutes, sourcils broussailleux en accents circonflexes,  héroïques et air circonspect, dont le chef est Thorïn Ecu-de-Chêne plus déterminé que jamais. Apres avoir vécu un périple inattendu, tout ce petit monde bien attachant, mélange de naïveté et d’intelligence, s’enfonce à l’est où elle croise Béorn le changeur de peau et des nuées  d’araignées  géantes de Mirkwood au cœur de la forêt noire qui réserve bien des dangers : Descentes de rivière dans des tonneaux, duels avec  la meute effrayante des orcs, rencontre avec un loup-garou. Ils sont sur le point d’être capturés par les guerriers Elfes Sylvestres,  oreilles pointues
d’un monsieur Spock. Les nains arrivent  à Esgaroth puis au Mont Solitaire où nos héros vont devoir affronter la plus terrifiante des créatures,  le dragon Smaug. 

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« Le Métis de la République » : un film écrit aux crayons de douleur

— Par Christian Antourel & Ysa de Saint-Auret  —

metis_repub-325A Madiana
Un zoom avant sur une carte d’état major cernant le département de la Sarthe et en son milieu  la ville de Sablé sur Sarthe qui s’est couverte de gloire  malgré elle en élisant Raphael Elizé premier magistrat noir d’une ville de  France Métropolitaine. « Pour les  habitants de Sablé, Elizé n’est pas noir, ce n’est pas le noir qu’on voit aux actualités dont on nous dit qu’il n’est bon que pour la danse et pour la musique. On connait ce noir personnellement. » Voila comment le film commence, sur  fond assourdi du discours de Martin Luther King : « I have a dream »

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Jane Campion va donner du sens au festival de Cannes

—Par Dominique Widemann —
JaneCampionLa réalisatrice néo-zélandaise présidera le jury du 67e Festival de Cannes. Double Palme d’or, pour son court métrage pour Peel en 1986, puis pour le long métrage pour La leçon de piano en 1993, elle devient la première femme réalisatrice présidente du jury.

Il y a un an, la Quinzaine des réalisateurs avait décerné à Jane Campion le carrosse d’or,  pour l’ensemble de son œuvre. Dominique Widemann, journaliste critique à l’Humanité, lui avait alors consacré un portrait, Jane Campion, le cinéma expérience sensorielle. Nous le republions:

Avant de remettre à Jane Campion le prix de la reconnaissance de son travail par hommes et femmes de métier réunis au sein de la Société des réalisateurs de films (SRF), initiatrice de la Quinzaine, une de ses œuvres a été projetée, Top of the Lake. Quête de limites émotionnelles aux délicats croisements des genres, polar et emprise psychologique, exploration des relations familiales, affinités et dissonances, Jane Campion poursuit ses thématiques en une nouvelle cristallisation.

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Lip. Puisqu’on vous dit que c’est possible!

lipEn ce début 2014, alors que l’actualité des mouvements sociaux se fait prégnante tant dans nos régions qu’au plan national, la BU-Schoelcher a choisi d’inaugurer son calendrier culturel du semestre en portant un regard historique – et actuel – sur des évènements qui marquèrent avec éclat les derniers soubresauts des regrettées Trente Glorieuses.
Projection du film documentaire « Lip. Puisqu’on vous dit que c’est possible » monté et coordonné par Chris Marker
à la « BUvette » (niveau 0 de la BU)
 le mardi 14 janvier à 19h

La séance sera suivie d’un échange/débat avec des représentants du mouvement syndical martiniquais.

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Mary Prince : le témoignage d’une esclave

—Par Selim Lander —

Affiche Mary Prince Light B (1)Mary Prince, née « vers 1788 » dans l’archipel des Bermudes, a été esclave jusqu’en 1833, date de l’abolition de l’esclavage par la Grande-Bretagne. Elle a laissé sur la condition servile un témoignage dont il n’existe pas l’équivalent en français. Les hasards de son existence l’avaient conduite à Londres où, après maintes tribulations, elle fut recueillie par Thomas Pringle, le secrétaire de la société anti-esclavagiste. C’est dans la maison de ce dernier qu’elle a dicté son récit, publié en 1831 sous le titre The History of Mary Prince, a West Indian Slave, ouvrage qui a connu deux rééditions la première année et n’a pas peu contribué à populariser la cause abolitionniste. Mary Prince raconte dans une langue sans fioriture mais avec peut-être d’autant plus d’éloquence les horreurs de l’esclavage. Elle le fait avec la naïveté d’un être simple, qui ne demande qu’à aimer et être aimé, qui a adhéré avec enthousiasme au christianisme, mais dont le destin a voulu que, après une enfance heureusement épargnée, elle tombe sur une série de maîtres vindicatifs et cruels. Les châtiments réservés aux esclaves étaient réputés plus durs dans les colonies anglaises que dans les colonies françaises (voir par exemple là-dessus le Père Labat).

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Angelin Preljocaj, la langue du signe

— Par Rosita Boisseau —
angelin_preljocajAngelin Preljocaj débarque de New York, évoque sa tournée au Kazakhstan. Il se pointe par surprise au Palais Garnier, où se joue Le Parc (la pièce y était à l’affiche jusqu’au 31 décembre), prépare une exposition au Théâtre de Chaillot, avant de repartir pour Aix-en-Provence, où il dirige le Centre chorégraphique national. Il ne semble pas avoir le tournis, dissimule le jet-lag des artistes qui vivent avec leur valise, arrive toujours à l’heure aux rendez-vous.

Preljocaj, figure de premier plan de la danse contemporaine française depuis le milieu des années 1980, vedette à l’international, a le chic de rester simple. Il répète actuellement « la saison 3 » de sa « série » autour du compositeur américain John Cage intitulée Empty Moves III, qui sera à l’affiche du festival Montpellier Danse, en juin. Décryptage du succès d’une star qui brille sans faillir ni faiblir.

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Snoop Dogg, un rappeur qui s’oxygène

— Par Stéphanie Binet —
snoop_dogSnoop Dogg a beau changer de nom à chacun de ses albums parus en 2013 – il s’appelle Snoop Lion en avril pour Reincarnated et Snoopzilla pour 7 Days of Funk publié le 10 décembre 2013 –, il a ses habitudes et s’y tient. Le rappeur de 42 ans se vante de fumer un nombre invraisemblable de joints par jour (75), il aime toujours passionnément le funk auquel il rend hommage dans son dernier disque, et… il a toujours une bonne heure et demie de retard à ses rendez-vous.

A Los Angeles, où il reçoit dans les coulisses de l’émission « The Jimmy Kimmel Live » sur ABC, sa loge est aussi enfumée qu’un hammam. Ce qui n’empêche pas ses gardes du corps, ses amis et les responsables du label indépendant Stones Throw Records, qui publie son dernier CD, de se presser dans la petite pièce pour l’écouter.

Il y a vingt ans, le 23 novembre 1993, Snoop Dogg pulvérisait les records de ventes de disques avec son très attendu Doggystyle (Death Row Records/Interscope) : en une semaine, il en avait écoulé plus d’un million d’exemplaires.

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« Old Boy » à Madiana

old_boyLA CRITIQUE LORS DE LA SORTIE EN SALLE DU 01/01/2014

On n’aime pas

En 2004, Park Chan-wook avait frappé fort avec Old Boy. S’inspirant d’un manga, le cinéaste sud-coréen en tirait une variation très libre sur le Comte de Monte-Cristo, où un père de famille détenu quinze années durant dans une chambre d’hôtel sans fenêtre, puis libéré sans explication, partait en chasse de son mystérieux persécuteur… Spike Lee a le mérite de ne pas avoir adouci l’intrigue — la révélation finale ajoute même une dose de sordide. Mais le reste est une calamité. Quand Spike Lee recopie le film coréen, sa réalisation en pilotage automatique est bien incapable d’égaler le style flamboyant de Park Chan-wook. Les rares fois où il s’en démarque, c’est pire.

L’interprétation du pénible Josh Brolin n’arrange rien. Dans la première partie, il surjoue l’homme brisé façon Jack Nicholson sous cocaïne. Dans la seconde, sa palette très limitée d’expressions le rapproche davantage d’Arnold Schwarzenegger période Terminator… — Samuel Douhaire

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Archie Shepp et Rocé, rencontre au sommet de deux esprits libres

—Entretien réalisé par Fara C.—
shepp_roce-325Dans le sillage de la sortie de leurs albums respectifs, Rocé a invité Archie Shepp au Bataclan, le 10 décembre. Discussion à bâtons rompus avec le légendaire saxophoniste et le franc-tireur du rap.

Qu’est-ce qui vous a interpellé, Rocé, chez Archie Shepp ?
Rocé. J’ai tout de suite perçu, dans sa musique, davantage que de la musique : une conscience politique. J’avais lu des interviews de lui et des passages le concernant dans le livre Free Jazz, Black Power, de Philippe Carles et Jean-Louis Comolli. Parmi les albums d’Archie qui m’ont secoué, il y a eu Coral Rock et Attica Blues, dont il a récemment sorti une nouvelle version, magnifique.
Archie Shepp. J’ai accepté l’invitation de Rocé, en 2004, sur deux morceaux de son disque, Identité en crescendo, parce que j’appréciais vraiment le mélange stylistique qu’il avait opéré : hip-hop, jazz, musique de danse… Je suis convaincu qu’il existe un continuum entre le blues, le jazz, le funk, le hip-hop, le slam… Certains éléments proviennent de racines africaines communes. Le show-biz a établi des classifications pour des raisons commerciales.

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L’Etat dépense plus de 13 milliards pour la culture

— Par Alexandre Piquard —

cultures_depensesNon, la culture n’est pas le domaine de saltimbanques gourmands en subventions que l’on décrit parfois. C’est un secteur productif, crucial pour la « marque France ». C’est en substance un des messages que veut faire passer le rapport publié vendredi 3 janvier par le ministère de la culture et réalisé conjointement avec celui de l’économie.

L’exercice est politique : sont mis en avant tant les 13,4 milliards d’euros d’apports publics divers à la culture en 2012 que la richesse créée. Le document s’attache à calculer un « PIB culturel » : la valeur ajoutée des activités culturelles retenues s’élève ainsi à 57,8 milliards d’euros, soit 3,2 % de la valeur ajoutée française en 2011. Autant que la filière agricole.

La démarche rappelle celle d’une autre étude, du 7 novembre 2013, réalisée par le cabinet EY pour France Créative, un groupement d’acteurs privés emmenés par la Sacem (la société d’auteurs, compositeurs et éditeurs de musique). Ou celle d’un document publié le 22 octobre par le Centre national du cinéma (CNC).

« PRÉOCCUPATION D’EFFICIENCE »

« Le secteur culturel s’est longtemps défendu sur des bases affectives et politiques.

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De trois petits chefs- d’oeuvre, japonais, chinois et indien…

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— Par Roland Sabra —

Depuis dix ans déjà Hirokazu Kore-Eda, questionne la famille. En 2004, dans Nobody Knows, s’inspirantd’une histoire vraie, une mère avait abandonné ses quatre enfants dans un appartement pour se livrer à la prostitution, il interrogeait : peut-on avoir comme mère une putain? Still Walking ( 2008) abordait l’impossible deuil d’un fils aîné mort en sauvant de la noyade un enfant. Air Doll à travers l’amour possessif d’un célibataire pour une poupée gonflable qui finira par prendre vie et s’autonomiser traitait des thèmes de l’isolement et de la solitude dans les sociétés modernes et celui du pouvoir dans une relation de couple. Dans I wish (2011) deux frères séparés par le divorce de leurs parents essaient de renouer lors d’un voyage initiatique avec le « paradis perdu » de leur enfance.

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Y a-t-il un jazz cubain ?

 — Lino Betancourt Molina —

jazzmenLa ville de La Havane est le siège du Festival Jazz Plaza depuis 29 ans, là se donnent rendez-vous des jazzistes cubains et d’autres pays. Le festival est appelé ainsi car le premier de ces événements a eu lieu dans la Maison de la Culture de la municipalité havanaise Plaza de la Révolución. La maison de la rue Calzada et 8, dans le quartier El Vedado, était occupée anciennement par la Société Lyceum Tennis Club, ensuite, en 1968, elle a accueilli le Centre d´Information et des Études de la Culture, où les mardis, dans la soirée, le spécialiste Horacio Hernández, une autorité du jazz, offrait des conférences avec des enregistrements d´artistes du monde de ce genre. Ces réunions des passionnés de cette musique  ont entraîné que le premier festival de jazz ait lieu dans cet endroit en 1979, présidé par le talentueux Bobby Carcassés, qui cette année est encore une fois à la tête de l´organisation de l´événement.

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Et si Joséphine Baker entrait au Panthéon ?

—Par Régis Debray (Ecrivain et philosophe) —

baker_josephC’est toujours le présent qui se célèbre lui-même en consacrant tel ou tel fantôme tutélaire. Pourquoi, dès lors, ne pas jouer cartes sur table, sans trop se mentir à soi-même ?

En rendant les honneurs du Panthéon à Joséphine Baker, l’époque ne ferait qu’endosser haut et fort ce qu’elle a de singulier, et de plus dynamique. Elle se distingue de ses devancières par ceci que la femme libre, le colonisé, le coloré des confins, le bi ou l’homosexuel, ont fait irruption à l’avant-scène, avec des formes d’art jusqu’alors dédaignées, la danse, le rythme, le jazz, la chanson.

L’esprit des hauteurs a trop censuré le corps, le grand absent des annales homologuées républicaines – même si le sport, la mode et la publicité le rendent omniprésent. Tous ces nouveaux venus, exotiques ou excentriques, n’ont-il pas éventé notre province ? Ils ont, en nous perturbant, beaucoup donné. Notre modernité leur doit son merveilleux, le plus clair de ses battements d’aile et de coeur. On peut leur en rendre grâce.

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Cinéma en décembre

—Par Selim Lander —

hunger_games-2Heureuse moisson, ce mois de décembre, à Madiana, avec en particulier une sortie récente que l’on ne serait pas attendue à voir à l’affiche, Les Garçons et Guillaume, de et avec Guillaume Gallienne, ce comédien talentueux qui fait des lectures sur France Inter tous les samedis en milieu de journée – cette émission, « Un peu de lecture, ça peut pas faire de mal », d’autant plus prisée par les auditeurs martiniquais qu’il ne risquent pas de trouver l’équivalent sur les chaînes locales dont la programmation est toujours aussi vulgaire et désolante. Pour en revenir à ce film dont on peut résumer l’argument – un garçon que tout le monde croit homosexuel effectue un apprentissage de la vie compliqué avant de s’apercevoir que s’il aime beaucoup la féminité et les femmes, au point d’avoir voulu leur ressembler, il en est aussi tout simplement amoureux – c’est une merveille de grâce, de poésie, de délicatesse, avec ce qu’il faut d’humour et de recul de la part du principal protagoniste (interprété donc par l’auteur qui joue également le rôle de la mère) pour que cette histoire au fond douloureuse reste constamment légère.

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