— Présentation par Christian Boutant —
Biguine Jazz est un terme générique, un jonction de deux mots qui fait voyager par son mélange de style, de couleur, de metissage, de jeu, d’expression et de composition dont les précurseurs sont : Al Lirvat, Francisco, Emilien Antille, Alain Jean-Marie, Marius Cultier, Polo Rosine, Ernest Léardé et bien d’autres…
Le remarquable travail de ces piliers connaît aujourd’hui des prolongements avec des groupes et formations artistiques tels que : Fal Frett, Mario Canonge, Bwakoré, Gilles Rosine, Gregory Privat, Tricia Evy, Guy-Marc Vadeleux, Maher Beauroy en autres⋅
Les musiques antillaises révèlent progressivement d’autres identités, une nouvelle créativité, contemporaine, talentueuse, et prometteuse, intégrant les influences de la musique noire américaine et de toutes les identités rythmiques du monde⋅
Merci à ces Créateurs, ces musiciens et artistes qui ont su franchir le cap des traditions locales pour explorer de nouvelles pistes de compositions et d’improvisations à partir des univers rythmiques des traditions afro Antillaise et surtout des expressions artistiques étrangères à nos territoires⋅
Par ce concept novateur et identitaire qu’est Biguine Jazz, la Biguine et les rythmes liés considérés comme des musiques traditionnelles des îles ont été littéralement portée à un niveau supérieur.
Catégorie : Arts de la scène
Musiques, Théâtre
Festival Biguine Jazz : menu du 06 août 2014
Domaine de Fonds Saint-Jacques
Mercredi 06 Août 19H – Entrée Libre
Le CCR Domaine de Fonds Saint-Jacques accueille le Festival Biguine Jazz.
Dans le cadre de sa 12ème édition, le Domaine de Fonds Saint-Jacques accueille une résidence de création en partenariat avec le Festival Biguine Jazz.
Le talentueux quartet de la nouvelle garde des jazzmen caribéens mené par le saxophoniste virtuose haitiano-canadienJowee Omicil élabore une création « Tribute to Stellio », pour un hommage musical à la figure majeure de la Biguine et des bals nègres parisiens des années 30.
Cinéma
« La planète des singes : l’affrontement » : malin et bien fichu
A Madiana
Dans un futur proche, l’humanité, réduite de trois quarts par un virus, a perdu son leadership sur le monde alors que César, chimpanzé de laboratoire émancipé, s’est établi avec les siens dans la forêt de San Francisco, régnant sur une société simiesque pacifique et prospère.
Avec une finesse d’exécution si rare pour ce type de blockbuster, « la Planète des singes : l’affrontement » (deuxième volet d’un prequel au roman de Pierre Boule, sorti en 2011), s’amuse à rapprocher puis à confronter les deux communautés, jouant d’un équilibre malin entre grand spectacle hollywoodien et tragédie shakespearienne, instinct et calcul, destins individuels et répercutions collectives⋅ De ce programme intelligent mais un chouïa trop mécanique (sur la fin), il émerge pourtant une force émotionnelle qui doit autant à la puissance du récit qu’à celle générée par la pureté cristalline des effets spéciaux⋅ Le singe César, créature numérique à qui le comédien Andy Serkis prête sa gestuelle et son impayable regard, est un formidable héros de cinéma.
Danses, Musiques
« Bèlè Kouli » de Suzy Manyri : de l’oxymore dansé
— par Daniele Daude —
La production de Suzy Manyri interpelle en premier lieu par son titre. Si étymologiquement le terme « kouli » se réfère d’abord au travail journalier c’est bien dans le cadre colonial dont nous sommes aujourd’hui encore les héritiers qu’il prend son essor international(1). A ce terme déjà ambivalent vient s’ajouter ce qu’il convient d’appeler le symbole paradigmatique d’une prise de conscience identitaire martiniquaise : le bèlè. Issues du contexte historique des plantations les danses et musiques bèlè sont intimement liées à l’histoire coloniale de la Martinique⋅ Ainsi elles ne peuvent être exécutées ou lues sans la prise en compte de ce facteur constituant⋅⋅ Ceci posé il se dégage une série de questions quant à l’alliance apparemment improbable entre des contextes, des genres, des styles, des musiques, des chorégraphies, des dramaturgies, des mise-en-scènes, des scénographies ou encore des performances que tout semble éloigner⋅ Le pari de la compagnie Suryakantamani de Suzy Manyri est à cet égard audacieux⋅ Sans rendre compte de « Bèlè Kouli » de façon exhaustive nous proposons de dégager deux axes qui constituent des temps forts de la re-présentation : la dramaturgie et la gestion des groupes dans l’espace scénique.
Avignon, Théâtre
Souterrain blues
— Par Michèle Bigot —
Souterrain blues
Texte de Peter Handke
Mise en scène : Xavier Bazin
Compagnie la Bataille. Festival d’Avignon 2014
Peter Handke, compatriote de T. Bernhard, hérite du Wiener Gruppe son goût de la satire sociale et de l’écriture expérimentale. Il a, entre autres, le génie des titres et cette nouvelle pièce ne le dément pas, que l’on considère le titre lui-même ou le sous-titre : « un drame en vingt stations ». Stations de métro, bien sûr mais aussi stations du Christ dans son chemin de croix. Le drame montre que les deux parcours, la montée au Golgotha comme le trajet en métro sont des chemins de croix, des traversées de l’humanité en souffrance.
L’humour, pour amer qu’il soit ne fait pas défaut à P.Handke et donne au texte une respiration que l’ expression nue de la haine menacerait de lui couper⋅ Le dégoût de l’humanité que le texte exprime est traversé par une immense pitié et par la quête d’une beauté transcendantale⋅
Comme souvent, le drame repose sur l’angoisse engendrée par le monde contemporain, l’incommunicabilité et l’errance de l’être dans le monde comme dans le langage⋅ Mais dans ce texte, l’errance est physique puisqu’elle est portée par un cheminement dans le souterrain du métro⋅ Dans ce voyage sous terre, nous sommes guidés par la voix d’un témoin qui observe les voyageurs et voit en chacun d’eux un type humain représentatif des maux de notre société.
Théâtre
Entretien avec Claude Régy
Après La Barque le Soir, qu’est-ce qui vous a poussé à reprendre Intérieur de Maurice Maeterlinck, que vous aviez déjà mis en scène en 1985 ?
Claude Régy : En général, je ne reviens pas sur les textes que j’ai déjà mis en scène – je préfère travailler sur des textes nouveaux.Là, c’est la demande du théâtre de Shizuoka qui m’a poussé à le faire. M. Miyagi, son directeur, vient en Europe assez souvent, il avait vu plusieurs de mes spectacles – et pas parmi les plus simples… Il me semble qu’il avait vu les Psaumes, Comme un chant de David⋅ Brume de dieu également⋅ Il avait invité Ode maritime au Japon, et c’est pendant que l’on jouait cette pièce qu’il m’a demandé si j’accepterais de faire une création en langue japonaise avec sa troupe⋅ C’est là que j’ai pensé à Intérieur – d’instinct je dirais⋅ Mais en y réfléchissant plus avant, je me suis dit que la division qui organise cette pièce – entre une image muette et des acteurs délivrant le texte – pouvait être intéressante à traiter dans ce contexte⋅ Par exemple, parce que cette division entre image et parole est au fondement du Bunraku japonais⋅ En même temps, le sujet même d’Intérieur, son thème central, est la mort⋅ Et dans tous les Nô,la mort est un élément extrêmement présent : l’échange entre le monde des morts et le monde des vivants se fait de manière très fluide.
Avignon, Théâtre
Intérieur
— Par Michèle Bigot —
Intérieur
Maurice Maeterlinck
Adaptation et mise en scène Claude Régy
Texte japonais de Yoshiji Yokoyama
Festival d’Avignon in, salle de Montfavet, juillet 2014
Spectacle créé le 15 juin 2013 au Japon, au World Theatre Shizuoka under Mt. Fuji, Intérieur est en tournée en Europe en 2014, avec des représentations à Vienne, Bruxelles, Avignon, et enfin à Paris en septembre à la Maison de la Culture du Japon, lors du Festival d’Automne. Il est issu d’un projet de rencontre internationale des pratiques de théâtre, né lors des représentations d’Odes Maritime de Fernando Pessoa à l’édition 2010 du World Theatre Festival Shizuoka. C’est Satoshi Miyagi (le réalisateur qui a signé le Mahabharata-Nalacharitam, dans la carrière de Boulbon), directeur du Shizuoka Performing Arts Center (SPAC), qui a exprimé à C. Régy son désir de travailler avec lui⋅ A la lumière du spectacle qu’on a pu voir dans la carrière de Boulbon, on comprend combien les approches de la mise en scène sont différentes chez les deux hommes⋅
C⋅ Régy propose pourtant à S.Miyagi de se lancer dans une aventure théâtrale à haut risque, le pari étant de reprendre une pièce de M.Maeterlinck
Avignon, Théâtre
Avignon 2014 : Enfant soldat en Afrique
Par Selim Lander – Serge Amisi (au centre sur la première photo), né en 1986, a publié un extraordinaire témoignage (1) de sa vie d’enfant soldat entre 1997 et 2001, d’abord dans les troupes rwandaises du rebelle Kabila, puis, après la victoire de ce dernier contre Mobutu, dans l’armée régulière (!) de la République Démocratique du Congo, soit pendant les deux guerres dites du Congo (1996-1997 et 1998-2002). Il n’était donc encore qu’un adolescent quand il a été démobilisé. Accueilli au sein du centre d’art et d’artisanat de Kinshasa, il s’est mis à sculpter du métal de récupération, puis il est entré dans une troupe de marionnettes à gaine qui a tourné en RDC et en Europe. Au début de L’Enfant de demain, auquel il participe en personne, il apparaît d’ailleurs dissimulé derrière une marionnette plus grande que nature, dont la tête et la main sont faites à partir de plaques de métal, du cuivre apparemment⋅ L’effet est saisissant⋅ La marionnette représente l’oncle qu’on l’obligera à tuer, suivant le rite barbare destiné à couper les enfants soldats de leur communauté d’origine.
Théâtre
Une sacrée religieuse au festival Paris quartier d’été
— Par Annie Chénieux —
Les Parisiens ont de la chance : un duo aussi brillant qu’inattendu est au programme du festival Paris quartier d’été.
Un court spectacle, délicieux et original, a fait fureur au Festival d’Avignon. On peut le voir à Paris pour quelques représentations. Que se cache-t-il derrière cette Religieuse à la fraise? Un couple de 160 kilos sur la balance, inégalement répartis. Cette disproportion (120 kilos pour lui, 40 pour elle, ou à peu près) a inspiré à Olivier Martin-Salvan et Kaori Ito un spectacle hors du commun, épatant, vif, cocasse et malicieux. Elle est danseuse, japonaise, a travaillé avec de grands chorégraphes (et aussi James Thierrée), lui est comédien, chanteur, mime, volontiers ogre dévorant du texte (Novarina, O Carmen, Pantagruel,…). Là, il se tait. Tout le spectacle repose sur la découverte de l’autre et la différence. Sans paroles, le pas de deux du « gros » et de la « petite » joue avec, et se joue de l’inégalité⋅ Géant assoupi (où l’on pense aux dessins de Gustave Doré), son corps à lui peut se faire arbre, vague, rocher, montagne, devenir un paysage, un continent inconnu à explorer⋅ Elle, tantôt moule agrippée à son rocher ou insecte virevoltant, s’accorde aux mouvements de ce territoire étranger, en suit les mouvements, les respirations, le titille et l’agace, avant de l’apprivoiser dans un corps à corps acrobate et cannibale qui déroule des figures inédites, des images de corps à deux têtes, de centaure ou de duel de bêtes à cornes… Ils sont formidables.
Théâtre
« Un petit déjeuner » : Aurélie Dalmat en représentation
— Par Roland Sabra —
« Un petit déjeuner »
Ecriture, mise en scène et scénographie: François Raffenaud
avec Aurélie Dalmat, les 24 et 25 juillet au T.A.C de Fort-de-france
Lui, Alfred de Clairie, fils pour toujours de béké , éternellement en conflit avec la figure du père. Elle, Marie-Juliette, belle négresse interdite. Il l’épouse, non pas tant pour ce qu’elle est que pour continument s’opposer au père. Un enfant mulâtre donc, Jean-Daniel ramené au domaine comme un défi. Le grand-père adopte l’enfant de la mésalliance, en fait son fils, par dessus son propre fils. Et la mort qui survient, provoquant la liquidation de l’habitation endettée qui n’a pas su prendre le tournant de l’ananas et de la banane. Elle, persuadée d’avoir épousé, un noble, un chef en devenir, découvre n’avoir été mariée qu’à un éternel enfant qui désormais vit à ses crochets. Duperie partagée du mariage. Elle croyait prendre un ascenseur social, elle se retrouve au fond de la cave. Il croyait se poser en s’opposant il se décompose au rang de déchet. A minuit quand tombent les masques : Oh !
Théâtre
Le Songe d’une autre nuit
D’après Le Songe d’une nuit d’été de William Shakespeare
Selon une idée et une mise en scène de Jacques Martial
Un spectacle proposé par la Compagnie KS and CO, le Théâtre Ecole Kokolampoe (TEK), dans le cadre de la programmation du Théâtre Paris-Villette, en partenariat avec Paris quartier d’été
Sait-on seulement situer la Guyane sur une carte ? Sait-on que c’est à côté du Brésil que se trouve le plus grand département français, presque entièrement recouvert par les forêts équatoriales ?
Théâtre
« Folie » : de corps et d’âme (2)
Yna Boulangé dans une mise en scène de José Exélis du troisième volet de l’œuvre de Marie Vieux-Chauvet ( Photo Philippe Bourgade)
18 h 30 – Quartier Tivoli -Parc Naturel de Tivoli « Folie »Lecture-spectacle avec Ina Boulanger.
— Par Roland Sabra —
« Folie » le troisième volet de l’œuvre de Marie Vieux-Chauvet nous est proposé dans une adaptation de José Pliya et une mise en scène de José Exélis avec pour unique comédienne Yna Boulangé. Il y a toujours cette difficulté de l’adaptation d’un texte romanesque au théâtre. José Pliya, spécialiste en la matière, en connait les affres et les tourments avec d’assez belles réussites quoique toujours limitées par la structure du texte qui quelques fois fait résistance. Adapter sans trahir, telle est la gageure. Pour « Folie » le pari est gagné, dans la mesure où l’on croit, par instant, reconnaître le texte en l’entendant. La fidélité est d’esprit. C’est la plus sûre.
Avignon, Théâtre
Les irrévérencieux
— Par Michèle Bigot —
Les irrévérencieux
Compagnie du Théâtre des Asphodèles,
Festival d’Avignon off, Théâtre Golovine, juillet 2014
« Quand la commedia dell’arte rencontre le Human Beatbox et la danse Hip hop »
La troupe du Théâtre des Asphodèles nous donne ici un spectacle singulier et résolument contemporain, qui emprunte pourtant beaucoup à la Commedia dell’arte. elle avait déjà remporté un vif succès dans le off 2013, à la Chapelle du Verbe Incarné, mais cette année elle fait un tabac⋅ Au cours de l’année 2014, ces comédiens se sont produits au Festival Cap Excellence de Guadeloupe⋅ Emportée par la thématique de l’irrévérence, comme vecteur d’insolence, d’irrespect et de novation, la troupe renouvelle l’approche de l’écriture théâtrale en puisant aux sources du théâtre populaire, tout en lui insufflant une inspiration nouvelle, tirée de la culture Hip-hop.
Avignon, Théâtre
Mangez-le si vous voulez
— Par Michèle Bigot —
Mangez-le si vous voulez
D’après le texte de Jean Teulé,
Adaptation et mise en scène J.-C. Dollé et C. Morgiève
Festival d’Avignon off, Atelier Théâtre actuel
L’histoire racontée par Jean Teulé est exemplaire : l’action se situe en 1870, en pleine guerre contre les Prussiens, après le désastre de Reichshoffen ; le climat anti-prussine est à son comble, et le cadre des événements est le petit village de Hautefaye dans le Périgord⋅ Un homme du nom d’Alain Monéys va être lynché et partiellement dévoré par ses concitoyens et amis au motif qu’il aurait dit un mot de travers⋅ En fait ses propos sont délibérément interprétés à contresens par des paysans hostiles visant à se venger de la supériorité de classe d’Alain et cherchant un exutoire à leur haine du Prussien⋅
Ce fait divers fait partie des événements honteux de l’histoire française, dont il est peu parlé.
Le texte de Jean Teulé vient à point pour fournir un exemple de ce que peut faire la xénophobie et la haine de l’autre.
C’est un réquisitoire, mené sur le mode du récit historique.
Avignon, Théâtre
Money
— Par Michèle Bigot —
Money
Création Zoo Théâtre, écriture collective
Mise en scène Françoise Bloch,
Festival d’Avignon off, juillet 2014
Le théâtre est-il en mesure de malmener la « chose économique » ? On a quelque raison de penser qu’il peut du moins l’interroger, en démonter les mécanismes, en dénoncer la phraséologie, et qu’il est même très bien placé pour le faire⋅ L’univers économique, en ces temps de financiarisation intense, repose avant tout sur une logomachie, un discours oiseux emprunt de verbalisme, qu’un public naïf prend pour argent comptant, si on peut se permettre ce mot⋅ Le triomphe des marchés financiers repose sur des mécanismes occultes, mais non moins sur la crédulité des gogos⋅ Malheureusement, nous sommes tous des gogos face à nos banquiers et le discours de la classe politique, comme celui des media ne fait que renforcer cette duperie.
Avignon, Théâtre
Avignon 2014 : Gianina Cărbunariu, Claude Cohen
— Par Selim Lander —
Solitaritate
Mise en scène de Gianina Cărbunariu
Festival d’Avignon in, juillet 2014, Gymnase du lycée Mistral
La dernière œuvre de la metteuse en scène roumaine Gianina Cărbunariu, s’inscrit dans le programme « Villes en scène » et bénéficie à ce titre de subventions européennes. Outre Avignon et Sibiu (Roumanie), elle doit être montrée à Bruxelles, à Paris, à Göteborg, à Naples et à Madrid. Cela fait beaucoup d’honneur pour une pièce qui déçoit en dépit de ses bonnes intentions. Le point de départ, pourtant, ne manquait pas d’intérêt : présenter en quelques tableaux certains aspects de la société roumaine contemporaine. Défilent ainsi successivement la décision d’édifier dans la ville de Baia Mare un mur pour isoler le quartier des Roms (avec la complicité du chef de leur communauté !.)
Musiques
Soirée spéciale d’hommage à Nelson Mandela
Jeudi 17 juillet, soirée spéciale d’hommage à Nelson Mandela aux Suds. Au programme : le « zoulou blanc » Johnny Clegg et le mbaquanga des Mahotella Queens. Partenaire du festival arlésien, ArteLiveWeb diffuse le concert en direct du Théâtre antique à partir de 21h30.
Musiques
Le FJ5C, 15 ans et les forces vives du jazz
— Par Fara C. —
Le Brésilien Sergio Mendes, Herbie Hancock avec Wayne Shorter, le funky George Clinton… Au Festival Jazz des 5 Continents à Marseille, un grisant cocktail musical!
Le Festival Jazz des Cinq Continents – FJ5C, de son petit nom – fête ses quinze ans avec tambours et trompettes ! Son succès n’a cessé de croître auprès du public, et aussi des artistes, qui y reviennent avec plaisir, à l’instar de Wayne Shorter. En effet, le légendaire saxophoniste, dont le concert avec son quartette en 2013 a marqué les esprits, revient cette fois en duo avec le pianiste Herbie Hancock : un rendez-vous incontournable pour ceux qui n’ont pu savourer, le 15 juillet à l’Olympia, le pur moment de grâce que distillèrent ces artistes d’exception, amis depuis un demi-siècle.
Avignon, Théâtre
Avignon 2014 : « La Imaginación del Futuro »
Par Selim Lander – Neuf comédiens : sept garçons et deux filles. Parmi les garçons, deux n’ouvriront pas la bouche : celui qui interprète l’adolescent (cf. infra) et celui qui, dissimulé sous un masque de gorille, fait le machiniste sur le plateau. Au centre, un bureau imposant et le fauteuil qui va avec. Sur les côtés, des tables, un divan, quelques chaises, une caméra, des micros. Au départ, le rideau de fond de scène représente la façade endommagée du palais de La Moneda, siège de la présidence chilienne, là où Salvador Allende s’est suicidé le 11 septembre 1973. L’action de la pièce, qui se passe ce jour-là, n’est nullement respectueuse des faits. Nous assisterons à plusieurs tentatives parodiques du président pour enregistrer son discours (authentique) d’adieu au peuple chilien, entouré par quelques-uns de ses ministres qui le houspillent et donnent de lui l’image d’un pantin sans consistance : une satire du monde de la télévision et de ses animateurs (ici les ministres) et de leur comportement de diva⋅ Marco Layera, le directeur de la troupe chilienne La Re-Sentida, vise à un théâtre insolent et provocateur, et il y parvient incontestablement⋅ Il faut, en effet, un certain culot pour déboulonner l’idole de la gauche chilienne, ce qui explique que La Imaginación del Futuro ne soit pas toujours bien accueillie par les Latino-Américains.
Avignon, Théâtre
Oblomov
— Par Michèle Bigot —
Oblomov,
D’après Ivan Gontcharov,
Conception et mise en scène : Dorian Rossel,
Festival d’Avignon off, La Caserne des Pompiers, juillet 2014
La troupe qui est à l’origine de cette création résulte de la rencontre de deux compagnies suisses sur ce projet : « O’Brother Company » et « La Compagnie STT (super Trop top) ». Dorain Rossel qui assure la mise en scène insiste sur l’ouverture de cette écriture théâtrale qui prétend interroger des textes ou une problématique contemporaine. Le spectacle résulte du travail d’une équipe de créateurs, qui revendiquent une écriture scénique polysémique et plurielle. Dans un tel projet collaborent à la création collective dramaturgie, scénographie, créations musique et lumière⋅
La pièce repose sur une adaptation pour la scène du roman éponyme de I⋅ Gontcharov (1859)⋅ Le protagoniste Oblomov est un anti-héros avant la lettre, jeune aristocrate russe s’enlisant dans une paresse et une indifférence au monde qui confine à la dépression⋅ Mythe littéraire russe, il représenta aussi, d’un point de vue plus réaliste l’oisiveté et le désenchantement de l’aristocratie russe, dont sortira l’anarchisme et le mouvement révolutionnaire⋅
Mais le mal-être du héros excède de beaucoup le caractère fataliste et paresseux du petit propriétaire terrien russe pour accéder au rang de parangon de l’homme dépressif, en proie à la procrastination, au défaitisme, à l’indolence pour se complaire dans une vie végétative.
Avignon, Théâtre
La persécution et son délire
— Par Michèle Bigot —
Largo Desolato
Cycle Václav Havel,
Mise en scène : Nikson Pitaqaj,
Festival d’Avignon off, Espace Alya, juillet 2014
La persécution et son délire
Partie du cycle Václav Havel, soutenue par le centre tchèque de Paris, la troupe « Libre d’Esprit », en résidence à l’épée de bois à la Cartoucherie de Vincennes, présente Largo Desolato , visites à Léopold, la pièce de Václav Havel écrite en 1984, à sa sortie de prison, dont l’accent autobiographique est persuasif. Son héros se nomme Léopold Kopriva. Ce double de l’auteur vit cloîtré dans son appartement, tenaillé entre un fantasme de persécution et une persécution réelle. Dans ce pays totalitaire, à l’instar de Galilée, il est harcelé par les autorités qui veulent lui faire désapprouver publiquement un texte qu’il a signé et qui fait des vagues.
Avignon, Théâtre
Le Prince de Hombourg
— Par Michèle Bigot —
Le Prince de Hombourg
Heinrich von Kleist
Mise en scène : Giorgio Barberio Corsetti
Scénographie : Girogio Barberio Corsetti et Massimo Troncanetti
Festival d’Avignon in, juillet 2014, cour d’honneur du Palais des papes
Après la Tempesta mise en scène à Avignon à l’Opéra Théâtre en 1999, et tant de textes de Kafka et d’opéras italiens mis en scène par ses soins, Giorgio Barberio Corsetti nous revient avec La Prince de Hombourg.
Et dans la cour d’honneur, il a trouvé le lieu par excellence, celui qui est le plus adapté à son lyrisme intrinsèque. C’est l’espace idéal pour les mises en scène spectaculaires. Le mur de fond se prête merveilleusement au déploiement des images vidéo. On se souvient de Le maître et Marguerite mis en scène par Simon McBurney en 2012 qui voyait les murs du palais se lézarder et s’effondrer dans une vision ahurissante. Le dispositif savant de vidéo, laser, lumière et musique se donne libre champ dans un tel espace, conférant au spectacle la magie qui lui est essentielle⋅ Mais un tel décor naturel commande le choix du texte⋅ On se souvient aussi que l’an dernier Stanislas Nordey avait épousé le contre-pied de ce genre de scénographie en choisissant un décor minimaliste fait de baraques de chantier pour monter Par les villages de Peter Handke, laissant au acteurs le soin d’incarner la tension dramatique, ce qu’ils réussirent à merveille.
Avignon, Théâtre
Mahabharata-Nalacharitam
— Par Michèle Bigot —
Mahabharata-Nalacharitam
Mise en scène Satochi Miyagi
Festival d’Avignon, in, Juillet 2014, carrière de Boulbon
Ceux qui ont eu la chance d’assister à la représentation du Bahabharata adapté et mis en scène par Peter Brook en 1985 (et ils étaient légion dans l’assistance) gardant un souvenir ébloui de cette première mise en scène, n’ont pas été déçus. Celle de Satochi Miyagi, d’inspiration très différente, puisque issue de la tradition du théâtre japonais, ne le cédait en rien à la précédente en terme de féerie. Lui-même avoue avoir été fasciné par la mise en scène de Peter Brook et il reprend pour son compte cette saga indienne dans des conditions très différentes : d’abord il choisit un seul épisode -le Nalacharitan- nous racontant l’histoire du roi Nala qui joue aux dés toutes ses possessions, y compris son royaume⋅ Dépouillé de ses biens, et même de son épouse bien aimée, il doit partir en exil avec ses frères, laissant la branche ennemie de la famille au pouvoir.
Avignon, Théâtre
Le plus grand metteur en scène japonais s’appelle Claude Régy
« Intéreur » une pièce de Maurice Maeterlinck
Mise en scène : Claude Régy
Festival d’Avignon, salle de Montfavet, en japonais surtitré en français,18 heures, jusqu’au 27 juillet (sauf les 18 et 23)
Avignon. Claude Régy et le Japon étaient faits pour se rencontrer. C’est fait. Et c’est un bonheur de tous les instants. Pour l’occasion, Régy retrouve « Intérieur » de Maurice Maeterlinck, une pièce et un auteur qui lui sont chers. Et c’est peu dire que les acteurs japonais sont entrés avec une sidérante compréhension dans la façon de travailler et de faire entendre et voir un texte, propre au metteur en scène.
Maeterlinck, Japon, Régy : un trio royal
Cette rencontre, on la doit à Satoshi Miyagi, le metteur en scène qui présente au festival d’Avignon un épisode du « Mahabharata » dans la carrière Boulbon. Il voue à Régy une légitime admiration, on le comprend. Alors, comme il l’avait déjà fait avec Daniel Jeanneteau qui fut naguère le décorateur de Régy (il a signé là-bas une mise en scène de « La Ménagerie de verre » de toute beauté), après avoir accueilli son spectacle « Brume de dieu », Miyagi a proposé à Claude Régy de venir travailler avec les acteurs du Spac (le Shizuoka Performing Arts Center) qu’il dirige.
Avignon, Théâtre
Avignon 2014 : « I Am » de Lemi Ponifasio
Par Selim Lander – Lemi Ponifasio est l’un de ces metteurs en scène internationaux en vogue invités dans le monde entier. L’engouement des programmateurs des festivals les plus prestigieux pour certains hommes de théâtre sortis de nulle part et qui deviennent des vedettes que l’on s’arrache, est semblable à celui qui favorise certains plasticiens contemporains, chouchous de toutes les biennales, sans que leur supériorité apparaisse toujours évidente par rapport à leurs concurrents sur le marché de l’art. En l’occurrence, Lemi Ponifasio nous vient de Samoa, dans le Pacifique, accompagné d’une troupe de Maoris. Son travail, qui se situe « à la lisière du poétique et du mystique » selon le tract distribué aux spectateurs, est censé créer « les conditions d’un abandon, d’un état d’éveil ». Dans un entretien reproduit dans le dossier de presse, Ponifasio déclare que « le théâtre est l’endroit où écouter [notre] âme ». Participer à son spectacle, ce serait, selon lui, « une prière, un cri, une cérémonie pour célébrer une nouvelle vie… C’est être le silence, avec la vérité ». « La vérité » : rien de moins !