Catégorie : Arts de la scène

« Un obus dans le coeur » : mort et renaissance dans le silence de la mère

—Par Roland Sabra —
obus_ds_le_coeurC’est un moment d’émotions d’une rare intensité que nous a offert Hassane K. Kouyaté en programmant Un obus dans le coeur, le magnifique texte de Wadji Mouawad interprété par Julien Bleitrach qui signe la mise en scène avec Jean-Baptiste Epiard. C’était une nuit. Une nuit de rage. Une tempête sur la ville et dans la tête. Il neigeait et elle agonisait sur un lit d’hôpital.   Le téléphone avare de mots avait juste lancé : « Viens vite !  » Elle ? La mère ! Lui, Wahab le fils se dit : « Ma mère meurt, elle meurt, la salope, et elle ne me fera plus chier ! »» mais aussi : « Le clignement de mes yeux fait fondre le givre de mes cils et c’est l’hiver au complet qui pleure sur mon visage « . Même attendue, la mort est toujours une surprise. Elle survient au détour d’un chemin. « Nawal. J’étais dans l’autobus. Sawda, j’étais avec eux! Quand ils nous ont arrosés d’essence j’ai hurlé :  Je ne suis pas du camp, je suis comme vous!

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« Conducta », du cinéaste cubain Ernesto Daranas reçoit une mention à New York

conductaNew York – Le film cubain Conducta, du cinéaste Ernesto Daranas, a reçu une mention spéciale lors du gala de l’Association des Chroniqueurs du Spectacle de New York (ACE) durant la 47e édition de ses traditionnels prix.

Durant le gala qui a eu lieu dans le Kaufman Center de Manhattan, le film qui relate les vicissitudes d’un jeune étudiant et le grand effort de son institutrice pour faire sortir tout son potentiel positif, a reçu cette mention par son haut contenu humain.

Une des protagonistes du film, l’actrice Silvia Águila, est montée sur la scène pour recevoir le prix de l’ACE, que préside le journaliste dominicain Fernando Campos.

Le film mexicain Cantinflas, réalisé par Sebastián del Amo, a été élu le meilleur pour la façon originale avec laquelle il narre des passages de l’histoire personnelle du légendaire acteur et comédien mexicain Mario Moreno (Cantinflas).

Le prix a été remis aux producteurs du film, Alejandro Barrón et Vidal Cantú, qui ont souligné « la capacité du cinéma mexicain à être à la fois commercial et global pour arriver dans les salles étasuniennes ».

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« Le clou du spectacle » : virtuose !

Par Selim Lander

le clou du spectacleDeux jeunes comédiens brûlent les planches au Guichet Montparnasse dans un spectacle délirant qui met surtout en évidence le talent des deux interprètes, l’aisance avec laquelle ils passent sans transition d’un personnage à l’un des quinze autres qui peuplent tour à tour la scène. Il s’agit en effet de jouer Roméo et Juliette, ce qui n’est pas une mince affaire, on le reconnaîtra aisément. La preuve : au commencement de la pièce, Julien et Denis sont face à saint Pierre qui les interroge sur les circonstances de leur mort, avant de décider de leur sort. La suite nous apprendra pourquoi et comment la représentation du chef d’œuvre de Shakespeare a très mal tourné. La pièce – co-écrite et co-créée par Mathieu Davidson et Alexandre Foulon et désormais interprétée par Mathieu Davidson et Yam Koen – est donc une satire du théâtre. Très drôle de bout en bout, même si la deuxième partie, celle où, après les répétitions et autres préparatifs, on passe à la représentation elle-même, vire un peu trop – à notre goût – à la grosse farce.

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« Célimène et le Cardinal», de Jacques Rampal au T.A.C.

Jeudi 16 avril 2015 à 19h 30

celimene_&cardinalCardinal ! C’est, vingt ans plus tard, Ie destin qui attendait Ie Misanthrope imaginé par Molière ! Voici Alceste dans la situation très confortable d’un homme coupé d’un monde qu’il réprime de sa main de fer : au XVIIème siècle, Ie pouvoir d’un prélat est considérable. Vingt ans après, il s’invite donc chez son ancienne amante pour trouver une jolie quadragénaire, qui, loin de la Cour qu’elle a « trahie » en épousant un bourgeois, semble parfaitement comblée avec ses quatre enfants. Mais qu’est donc venu faire I’égal de Mazarin chez cette mère de famille sans histoire ? Convaincu d’être l’ambassadeur de Dieu auprès des hommes, Alceste décide de confesser cette brebis égarée, trop heureuse pour être honnête. Cette « confession », tour à tour cocasse et émouvante… tournera vite à Ia joute oratoire entre un janséniste ancré dans son époque et une libertine avant l’heure, figure de proue, selon Alceste, d’un XVIIIème siècle qui arrive à grands pas. Mais de ce conflit seul I’Amour sortira vainqueur.
Avec : Gaëlle Billaut-Danno : Célimène /Pierre Azema : Alceste Le Cardinal

 Au Théâtre Aimé Césaire (T.A.C.)

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Tony Allen perpétue la flamme Afro-Beat

tony_allenINTERVIEW – Il fut l’architecte rythmique de l’afro-beat, cette musique éruptive de combat et de la fierté noire inventée par Fela à l’entame des années 70 à Lagos, capitale bouillonnante du Nigéria. Batteur d’exception, célébré par nombre de ses pairs afro-américains mais aussi des artistes pop comme Damon Albarn, Tony Allen poursuit une carrière féconde en solo. Il sera en concert samedi à La Gaité Lyrique dans la foulée de son nouvel album, Film of Life.

Avec Film of Life, vous semblez prendre vos distances avec l’orthodoxie afro-beat…
Je suis mon propre chemin. Je refuse de m’enfermer dans un style, une grammaire, ce serait ennuyeux pour moi. Secret Agent était différent de Lagos No Shaking, qui était différent de Home Cooking etc… Alors parfois le public peut être surpris par certains morceaux. Tant mieux, je ne cherche pas à lui donner ce qu’il veut entendre. Mais le rythme, le « Beat » de l’Afro-Beat est bien présent. Et il peut s’accommoder de toutes les sauces musicales. On ne mange pas la même nourriture tout le temps. Il faut varier les plaisirs.

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Festival : Ma parole, c’est Mythos!

— Entretien réalisé par Victor Hache —

mythosDepuis près de vingt ans, le festival Mythos de Rennes défend la question de l’oralité au travers des histoires qu’il met en avant de manière originale. Aujourd’hui l’événement a élargi sa proposition pour englober les arts de la parole au sens large du conte, au récit, du théâtre à la chanson (1). Une programmation délibérément éclectique qui propose une cinquantaine de spectacles à l’occasion de la 19è édition de Mythos. Rencontre avec Mael Le Goff, son directeur artistique.

Mythos depuis sa création met en valeur les arts de l’oralité. En quoi est-ce important de défendre la parole dans nos sociétés contemporaines?

Mael Le Goff : J’ai le sentiment qu’aujourd’hui on communique beaucoup mais qu’on ne se parle plus vraiment. On voit bien qu’un certain nombre de propositions artistiques mettent en avant la forme, les images. On reproduit ce qui attire les gens par des images un peu choc et des choses à consommer facilement. Aujourd’hui il s’agit de reformer le cercle, de redonner place à cette parole millénaire qui a toujours existé, que les sociétés traditionnelles entretenaient de génération en génération.

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« Pour un théâtre de la vérité et de l’inexplicable »

Message International de la Journée Mondiale du Théâtre 2015

— Par Krzysztof Warlikowski —

krzysztof_warlikowskiLes vrais maîtres du théâtre se trouvent généralement loin de la scène. Et ils n’ont souvent que peu d’intérêt pour le théâtre en tant que machine à copier les conventions et à reproduire les clichés. Ils recherchent plutôt la source de l’impulsion, les courants de vie qui ont tendance à éviter les salles de spectacles et les foules promptes à copier un monde ou un autre. Nous copions au lieu de créer des mondes ciblés ou même dépendants de débats avec un public, et d’émotions sous-jacentes. Alors qu’en réalité, il n’y a rien qui révèle mieux les passions cachées que le théâtre.

Le plus souvent je me tourne vers la prose pour me guider dans la bonne voie. Chaque jour qui passe, je me rends compte que je pense à des écrivains qui ont décrit il y a plus de cent ans, de façon prophétique mais contenue, le déclin des dieux européens, le crépuscule qui a plongé notre civilisation dans une obscurité qui doit encore être illuminée.

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Des sports et des luttes : festival du docu de la Martinique

16 au 25 avril 2015 

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Fort-de-France, Le Carbet, Les Anses d’Arlet, Sainte-Luce et Sainte-Marie.
Renseignements et réservations au 06 96 29 95 62
www.associationprotea.com l
Entrée libre et gratuite dans la limite des places disponibles, réservation recommandée

Si les compétitions sportives peuvent aujourd’hui mettre en contact les Noirs et les Blancs, les riches et les pauvres, les hommes et les femmes, il n’en a pas toujours été ainsi. En effet, les médailles remportées par Jesse Owens aux Jeux Olympiques de Berlin en 1936 et le poing levé de Tommie Smith et John Carlos à Mexico en 1968 rappellent que le sport a accompagné les luttes politiques et sociales des afrodescendants et peuples d’Afrique. En créant des modèles de réussite pour des générations entières (Mohammed Ali, Pelé, Lilian Thuram, etc.), le sport s’illustre comme un espace de revendications sociales et d’affirmation identitaire. Reflet de l’évolution des mœurs sur des thématiques liées au vivre ensemble, le sport apporte aussi une réflexion plus large sur les formes de rivalités et de solidarités qui traversent nos sociétés. Athlétisme, football, boxe, danses de combat… : « Des sports et des luttes !

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« Les yeux dorés de Rose », conte contemporain d’après « Toxic Island » d’Ernest Pépin

Samedi 18 avril 2015 à 19h30 au Centre culturel du Bourg du Lamentin.

les_yeux_dores_de_roseAdaptation  et écriture : Laurence Couzinet-Letchimy
Avec : Jean l’Océan
Public : A partir de 15 ans
Durée: 1h

On dit souvent que les soukougnans sont affaires de conteur.
Mais si elles existaient vraiment, ces femmes qui à la nuit tombée ôtent leurs peaux et se transforment en boule d’énergie incandescente? Si elles étaient là pour nous tenir la main et nous guider sur le fil qui tisse nos vies?

Lire aussi : « En marge du cahier »

Dans la Martinique d’aujourd’hui, Rose, fille d’un temps indéfinissable, fait la rencontre de Colo qui flambe sa vie comme une roche de crack. Artisan- taxi, il réceptionne les touristes. Ça, c’est pour la vitrine et calmer son vieux !
Pour le reste, il vit à-toute et, avec ses potes, il enchaine petites combines à droite et « foutépamal » à gauche. Tout est bon pour frimer, consommer et coquer la fourmilière des femmes.

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« Lignes de faille ». Du roman au théâtre

— Par Selim Lander —

Lignes de faille1Nancy Huston a obtenu le prix Femina pour Lignes de faille en 2006. Ce gros roman de presque 500 pages, polyphonique, a fait l’objet d’une adaptation par Catherine Marnas (actuelle directrice du Théâtre national de Bordeaux en Aquitaine – TnBA), adaptation actuellement présentée au Rond-Point, à Paris. Le livre est une sorte de saga familiale qui, partant de Sol (Solomon) remonte successivement au père Randall, à la grand-mère Sadie et enfin à l’arrière-grand-mère (« AGM ») Kristina. Passer du roman au théâtre s’avère particulièrement délicat, en l’occurrence, non seulement en raison de l’ampleur du premier mais encore parce qu’il est constitué de quatre monologues successifs qui sont situés dans la tête des personnages alors âgés de six ans !

La version littéraire du roman fonctionne à merveille. Au théâtre, c’est plus compliqué. D’abord, restituer ne serait-ce que l’essentiel d’une histoire aussi longue prend beaucoup de temps et le spectacle s’étire sur quatre heures (entracte non compris). Or, entendre quasiment tout au long de la pièce des comédiens adultes monologuer en s’efforçant de prendre une voix de fausset (par ailleurs amplifiée) peut devenir assez rapidement une épreuve pour le spectateur.

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L’amant anonyme

 Atrium : Jeudi 16 & Vendredi  17 avril à 20h

amant_anonyme-afficValcour, riche aristocrate, aime en secret Léontine dont il est le meilleur ami. Il se confie à Ophémon, son ami. De peur d’être rejeté, il n’ose se déclarer et lui envoie d’une manière anonyme des cadeaux et des lettres enflammées, ce qui intrigue fortement Léontine qui se confie à son amie Jeannette et à Valcour pour chercher à savoir qui est cet homme.
Jeannette, elle, est amoureuse de Colin mais elle est aussi sensible au riche et puissant Ophémon, l’ami et confident de Valcour. Léontine ne sait plus que faire entre les lettres enflammées de l’inconnu et la douce amitié de Valcour. Perdue dans ses sentiments, elle revit lorsqu’enfin Valcour se déclare comme étant l’amant anonyme pendant que le coeur de Jeannette fond pour Colin.
L’amour triomphe tandis que les villageois chantent la joie de voir les amants et qu’Ophémon laisse les amoureux à leur heureux destin.

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Le Chevalier de Saint-George
Né esclave en Guadeloupe en 1739, il sera l’une des figures de la société parisienne des Lumières. Escrimeur, cavalier, séducteur… Premier violoniste de Paris, il sera sacré, en 1775, meilleur chef d’orchestre d’Europe.

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« The Servant » ou le maître domestiqué

— Par Selim Lander —

The Servant 1  Brigitte EnguerandQu’est-ce qui fait une bonne pièce de théâtre, l’une de ces pièces d’où l’on sort parfaitement content, heureux comme le roi en France ? L’image n’est pas complètement hors de propos ; ces pièces rares communiquent en effet un sentiment de plénitude, proche sans doute de celui qui peut être ressenti par celui qui est en mesure d’obtenir ce qu’il désire simplement par un simple claquement des doigts. Du pouvoir il est beaucoup question, au demeurant, dans The Servant, le pouvoir – évident mais trompeur – du maître et celui – caché et bien plus pernicieux – du serviteur. Le roman de Robin Maugham (neveu de Somerset Maugham), publié en 1948, a connu une postérité éclatante grâce au film de Losey, avec Dirk Bogarde dans le rôle titre. L’auteur en avait lui-même tiré une pièce actuellement présentée au Théâtre de Poche Montparnasse – dont la programmation, en règle générale, ne déçoit pas. C’est encore le cas avec ce Servant qui procure, comme déjà signalé, un vrai « plaisir de théâtre ».

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Lumière : le cinéma inventé

lumiere_affiche_expo2À l’occasion du 120e anniversaire de la naissance du Cinématographe, l’Institut Lumière organise au Grand Palais à Paris une exposition inédite dédiée à leurs inventeurs Louis et Auguste Lumière.
Cette histoire est intimement liée à Paris : après le tournage du premier film à Lyon, la première projection eut lieu à Paris le 22 mars 1895, puis la première séance publique payante fut organisée au Salon Indien du Grand Café le 28 décembre 1895.
Enfin des vues Lumière furent présentées avec succès sur écran géant lors de l’Exposition universelle de 1900, non loin du Grand Palais, qui en fut l’une des grandes figures.
Du 27 mars au 14 juin 2015, dans le Salon d’Honneur du Grand Palais, l’exposition Lumière ! Le cinéma inventé ouvre ses portes au public en l’invitant à découvrir l’œuvre riche, créative et avant-gardiste  des Lumière, à se questionner sur leurs inspirations comme sur leur héritage esthétique et technique et à percevoir l’évolution du cinéma et de notre rapport aux images.

 Insuffler le mouvement : le cinéma des premiers temps

Dans la première moitié du XIXe siècle, un événement majeur marque l’histoire des images : la naissance de la photographie qui confère à l’Art la possibilité de ne plus représenter le réel à l’instar de la peinture, mais de le capturer.

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Le tambour ! Attention ! Un danger potentiel pour l’audition

— Par René Bernard —
tambourNous assistons depuis un certain temps à une remise au gout du jour des traditions dites culturelles dont certaines peuvent représenter un risque potentiel pour la santé. C’est le cas de la pratique du tambour. Ce sujet tabou sur cette ile et qui peut créer polémique, mérite d’être abordé pour les risques auditifs qui peuvent être irréversibles. Le bruit est dans notre département un phénomène qui est délibérément négligé par les autorités locales. Pourtant, les conséquences sont néfastes pour la santé. Ce n’est plus une hypothèse, mais une certitude. Pendant longtemps, le bruit n’a été considéré qu’en tant que phénomène physique agissant sur le seul système auditif. Aujourd’hui, on sait que cette conception est fausse. Le bruit entraine aussi des réactions qui mettent en jeu l’ensemble de l’organisme. Le cout financier n’est pas négligeable, et n’est pas forcément à la portée de toutes les bourses. Apparemment, ce n’est pas une préoccupation qui mobilise nos élus, notamment l’association des Maires de Martinique. Les campagnes nationales de sensibilisation sur l’audition n’arrivent pas jusqu’aux oreilles de nos télévisions locales, ni de nos radios locales, dites de proximité.

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Yael Naim, en pleine conscience

— Par Charlotte Pons —

yael_naim-400L’expression ne serait pas si galvaudée et le titre de l’album si explicite, on dirait volontiers que Older est l’opus de la maturité. Question de puissance, de sincérité, de don de soi. Mais pour les raisons sus-citées, on préférera dire que le nouvel album de Yael Naim et David Donatien est celui d’une femme et d’un homme arrivés à un point de leur vie où ils savent qui ils sont et ce qu’ils veulent, celui d’artistes maîtrisant suffisamment leurs outils pour faire oeuvre de leurs émotions.

En fait, plus que de la maturité, Older est sans doute l’album de l’accomplissement, celui dont on jouit, que l’on savoure, parce qu’il est en pleine conscience – et à ce titre, la (magnifique) pochette de l’album sur laquelle la moitié de chacun des visages des deux artistes est mangée par un hibou, symbole de clairvoyance, n’est pas anodine.

Le cycle de la vie

Compagnons à la ville comme en studio, tous deux jouent comme d’autres marchent ou respirent. À l’origine de l’album, il y a donc la recherche de sonorités nouvelles.

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Hanokh Levin prend la Bastille

—  Par Selim Lander —

schitz-de-hanokh-levinHanokh Levin (1943-1999) est un dramaturge israélien de gauche, communiste, auteur prolifique (52 pièces dont 32 montées de son vivant en Israël). Son théâtre engagé, anti-militariste, anti-matérialiste, a suscité autant de louanges que – on s’en doute – d’opposition virulente dans son pays. Wikipedia cite par exemple ce jugement d’un certain Uri Porat, qui sonne comme une condamnation à mort: « Ce théâtre dépotoir fait de nous des meurtriers abjects, citoyens âpres au gain d’un état militariste ». C’est néanmoins le cancer qui a emporté Levin prématurément, à croire que les saltimbanques ne font peur à personne.

Une troupe flamande joue en ce moment à Paris, en français, l’une de ses pièces, Schitz. C’est l’occasion pour ceux qui ne connaissent pas encore cet auteur hors norme (« hénaurme » serait-on tenté d’écrire) de le découvrir.

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« Le Papalagui » : Le théâtre encore, pour vivre et survivre

Marin (Auditorium) : mercredi 8 avril 19 heures
Prêcheur (Salle Félix-Grélet) : jeudi 9 avril à 19 heures

le_papalagui-3— Par Janine Bailly —
En cette fin de mois, le nouveau directeur de l’EPCC-Atrium nous offre avant l’heure de bien jolies fêtes pascales : samedi, nous avons grâce à lui vibré au spectacle de The Island (lire sur ce journal l’article de Roland Sabra). Ce lundi, c’est à un spectacle gratuit que Hassane Kassi Kouyaté nous a conviés à l’Université des Antilles, dans le cadre d’une opération lancée sous l’appellation de Territoires en cultures, opération de décentralisation des spectacles, présentement en partenariat avec la ville et l’université de Schœlcher.
En ce qui concerne The Island, j’aimerais juste partager ces deux moments d’émotion forte qui furent les miens.Tout d’abord, au récit de la traversée qui mena les prisonniers à l’île, comment ne pas songer au destin tragique que connurent les passagers des tristement célèbres bateaux négriers de la traite ? Ensuite, comment ne pas comprendre que, enfermés dans cette cellule, on ne peut continuer à vivre et s’échapper que par l’imaginaire : dans un rituel quotidien, l’un des détenus ramasse une timbale et passe un appel à sa famille ou à ses amis, son monologue s’interrompant brusquement, et l’on peut lire alors sur le visage de l’acteur, redevenu étrangement silencieux, toute la détresse d’un retour à une trop cruelle réalité.

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« Les Estivants » ou les frustrés en vacances

— Par Selim Lander —

les estivantsMaxime Gorki a écrit cette satire de la petite bourgeoisie russe dans les premières années du XXe siècle. La pièce, disons-le tout de suite, est loin d’être un chef d’œuvre et l’on est en droit de se demander pourquoi la Comédie Française a éprouvé le besoin de la monter à nouveau, après la version adaptée par Michel Vinaver en 1983. La version présentée aujourd’hui est celle, antérieure, de Peter Stein et de Botho Strauss, qui fut créée à la Schaubühne. Elle transforme quelque peu le texte initial en mettant les quinze protagonistes ensemble sur scène dès le départ, ce qui permet de créer un spectacle un peu plus dynamique, avec des scènes découpées en brèves séquences. Cela ne suffit pourtant pas à sauver les spectateurs de l’ennui, au moins pendant la première partie d’exposition qui se prolonge pendant une heure et vingt minutes, avant l’entracte. Les quelques-uns qui sont partis à ce moment-là n’ont pourtant pas fait le meilleur choix car la suite, pendant laquelle se nouent (et se dénouent) quelques intrigues amoureuses, est nettement plus enlevée et la fin entre (enfin) dans le vif du sujet : la « question sociale ».

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« Un obus dans le coeur » de Wajdi Mouawad

obus_ds_coeurb-400« Un jour, ma mère s’est mise à avoir un visage autre. C’est peut-être ça le début de mon histoire.« 

Wahab est réveillé en pleine nuit par un coup de téléphone lui apprenant que sa mère, malade d’un cancer, agonise. En s’acheminant vers l’hôpital, Wahab se prépare à dompter la mort, à nouveau, la dernière fois il avait 7 ans. Tout le mène à ce face à face avec la mort, avec sa peur d’enfant, qu’il doit terrasser pour enfin se libérer. Le chemin de Wahab est un chemin douloureux, où se côtoient l’innocence, la colère, l’incompréhension, la tendresse et aussi l’humour.

Ma mère meurt, elle meurt, la salope, et elle ne me fera plus chier !

*****

La salle est petite, nous sommes près, tout près du comédien. Mise en scène discrète et efficace, gros travail des lumières qui créent diverses atmosphères, la rue, la nuit et l’hopital, décor léger, deux chaises, nous sommes vraiment avec lui, Wahab, un jeune homme en colère. Wahab vient d’apprendre au téléphone qu’il doit se rendre au chevet de sa mère, mourante. Et durant le trajet, il exprime tout ce qui lui passe par la tête.

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Foxcatcher : lutte et chute dans l’ère trouble du vide

— Par Roland Sabra —

foxcatcher

Vu à Madiana.

« Avec le temps, avec le temps va… » On connait la chanson. Pour les films c’est du pareil au même. Le souvenir s’amenuise et on oublie. Pas toujours pourtant. Il y en a, peu il est vrai, qui parcourt le chemin inverse ils grandissent avec le temps qui passe. Ils font retour, ils insistent, intranquilles et obsédants. Ils ne nous lâchent pas. Ils ont des choses à nous dire et ils nous le font savoir. « Les chiens errants » le film de Tsai Ming-liang qu’une toute petite une poignée de spectateurs a pu voir le 03 juin 2014 à Madiana est de ceux-là. Foxcatcher aussi, sans doute. Le film s’inspire d’une histoire vraie. John Éleuthère Irénée du Pont de Nemours, est l’héritier d’une famille aristocratique française qui fuyant la Révolution a fondé aux Etats-Unis un empire dans la poudre à canon puis dans l’industrie chimique. Il s’intéresse vivement à un sport de combat : la lutte. Il propose à Mark Schultz médaille d’or aux J.O de Los Angeles de 1984 de le prendre sous son aile, en vue de le préparer aux prochains jeux qui se dérouleront à Séoul en 1988.

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« La machine à beauté » ou l’éloge de la différence

Machine à beauté2— Par Roland Sabra —

Catou Clin d’oeil, photographe, lors de l’inauguration de son studio rue de lent a Trapéziste, annonce qu’elle offrira gratuitement de prendre en photo quiconque se présentera à son magasin. Aussitôt dit, aussitôt fait voilà hommes et femmes devant leurs portraits sur lesquels ils ne relèvent que leurs défauts. Ils se voient plutôt laids. Arrive alors un scientifique, Arsène Clou, qui leur propose de passer dans une » « machine à »beauté » de son invention pour les embellir, ce qu’ils acceptent. Mais voilà la machine n’offre qu’un type de beauté par sexe, modèle unique qui transforme les villageois en clônes d’un modèle abstrait enfermé dans la machine. Domine alors le monde du même, de l’identique. On l’aura compris la machine à beauté est en réalité une machine à fabriquer de l’uniforme. Une machine diabolique et mortifère qui traque la singularité. Pauline le chef policier emprisonne son subordonné Jean Betterave dont elle pense qu’il s’agit d’un imposteur ayant enfilé les habits du véritable Jean Betterave. Joséphat Pavillon, le Maire, ne reconnait plus la chapelière Zézette qui est pourtant son épouse.

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Médée, poème enragé

—Par Michèle Bigot —

medee_poeme_enrage-400Médée, poème enragé
Texte et mise en scène : Jean-René Lemoine,
Festival du standard idéal, 10è édition
MC93, hors les murs, TGP, Saint-Denis,

Le poète et dramaturge Jean-René Lemoine et le musicien Romain Kronenberg, responsable de la création musicale et sonore, nous proposent ici un spectacle d’un genre inédit que l’auteur lui-même catégorise comme « opéra parlé ». Ce spectacle a été produit en 2013 par la MC93 et revient en 2015 avec un succès très mérité.
Certes, on peut parler à son propos d’une version moderne du mythe de Médée, forgé pour et par le théâtre (Euripide, Sénèque, Corneille). J.-R. Lemoine avoue d’ailleurs avoir été marqué par la version qu’en donna naguère Heiner Müller (« Médée-matériau »), dans la mise en scène d’Anatoli Vassiliev ; mais il s’agit ici d’une total refonte du mythe, dans une forme dramatique essentiellement musicale. La genèse de cette œuvre le dit assez : au départ, l’architecture globale se décide entre le musicien et l’auteur : l’écriture du texte se trouve modelée par cette trame musicale : les effets rythmiques, les variations de tempo, la musicalité du verbe, la facture même du poème dramatique s’en nourrissent.

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Lire et Dire pour le plaisir 2015 : honneur à Frantz Fanon

Du mardi 7 avril au samedi 18 avril 2015

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Un écrivain incontournable de la Martinique mis à l’honneur : Frantz FANON
Cinq Femmes Artistes :
Halima HAMDANE, Maroc
Samia DIAR, Algérie
Kalthoum BEN M’BAREK, Tunisie
Nathalie DEBENNE, France
Yawa, MartiniqueDes représentations sur toute la Martinique autour des écrits de Frantz FANON durant dix jours
Un plateau exclusivement féminin entièrement dédié à l’œuvre de Frantz FANON
Une (re)découverte de ce grand penseur, parfois méconnu dans notre Ile
Le contraste de mots forts, vrais et parfois durs par des voix de Femmes
Fanon est né le 20 juillet 1925 à Fort-de-France et décédé le 6 décembre 1961 à Bethesda aux États-Unis.
C’est un psychiatre et essayiste français martiniquais fortement impliqué dans la lutte pour l’indépendance de l’Algérie et dans un combat international dressant une solidarité entre « frères » opprimés.
Il est l’un des fondateurs du courant de pensée tiers-mondiste.
Durant toute sa vie, il cherche à analyser les conséquences psychologiques de la colonisation à la fois sur le colon et sur le colonisé.
Dans ses livres les plus connus, il analyse le processus de décolonisation sous les angles sociologique, philosophique et psychiatrique.

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Hope, de Boris Lojkine, ou comment rester humain ?

— Par Dégé —

hopeOn va voir Hope à reculons. Malgré une critique favorable voire élogieuse. Le synopsis est décourageant : a-t-on besoin après tous les reportages radios ou télévisuels, les documentaires, les articles de journaux d’aller voir un film sur l’émigration, sur l’amour entre deux émigrés ? On sait leurs difficultés, leurs malheurs…mais que peut-on y faire ? Se donner bonne conscience en regardant en face un peu de toute cette misère du monde qu’on ne peut pas prendre en charge ? On a tous un petit côté Le Pen en nous qui nous fait frissonner de peur quand nous voyons ces hordes humaines, puantes et dépenaillées, à l’assaut de l’Europe, agrippant les grillages barbelés vertigineusement hauts de l’enclave de Melilla et … « ils » les franchisent ! Avant de se faire incarcérer en Espagne, en Italie, partout, dans des camps de tri, de stagnation, d’expulsion qui nous protègent ! On sait tout ça. On le sait.

Mais le sentiment d’impuissance est lui aussi culpabilisant et pour cette raison ou d’autres plus culturelles, on va voir Hope.

Et on n’est pas déçu.

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Ou comment interroger l’absence de diversité sur les plateaux de théâtre*

— Par Claire Diao —

acteursLundi 30 mars 2015, le Théâtre de la Colline de Paris, en partenariat avec la Fondation Edmond de Roschild et la Fondation SNCF, organisait une lecture de texte de la première promotion de sa formation théâtrale Ier Acte, précédée par une table-ronde autour de l’absence de diversité sur les plateaux de théâtre français. Compte-rendu d’un débat musclé.
Ils sont plusieurs centaines, en ce 30 mars 2015, les curieux et les passionnés, professionnels ou amateurs, acteurs, metteurs en scène, scénographes, techniciens ou simples spectateurs, à venir assister à une table-ronde sur l’absence de diversité sur les plateaux de théâtre français.

Dans la rue Malte-Brun du XXe arrondissement de Paris, les participants fument une cigarette, discutent, se saluent puis se pressent dans le hall et l’escalier pour faire la queue, retirer leur invitation, puis s’installer dans le Grand Théâtre de La Colline – théâtre national.

Sur la scène, Firoz Ladak, directeur général des Fondations Edmond de Rotschild; Zinedine Soualem, comédien de théâtre et cinéma; Frédéric Hocquard, directeur d’ARCADI Île de France (1); Monia Triki, chargée des mécénats à La Colline; Laure Adler, journaliste et modératrice de la table-ronde; Eric Fassin, sociologue, professeur à l’Université Paris 8 et chercheur au Laboratoire d’études de genre et de sexualité (LEGS); Jean-Baptiste Anoumon, comédien; Marianne Eshet, déléguée générale de la Fondation SNCF et Stanislas Nordey, metteur en scène, directeur du Théâtre National de Strasbourg et directeur artistique du programme Ier Acte sont installés face à la salle.

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