Catégorie : Arts de la scène

« Tête d’or » de Paul Claudel, à la Cartoucherie

—Par Michèle Bigot —

tete_d_orTÊTE D’OR
De Paul Claudel,
Mise en scène : Jean-Claude Fall,
Avril 2015, La Tempête, Cartoucherie

Pièce de jeunesse, écrite en 1889, Tête d’or nous revient rajeunie et comme régénérée d’un sang nouveau dans une version africaine mise en scène par Jean-Claude Fall.
Tête d’or, le héros éponyme, est une tête brulée. Ayant tout perdu, femme, parents et toute attache sociale, ce desperado se sent pourtant investi d’un destin hors normes : il sera le « sauveur suprême » d’un pays perdu. En vertu d’une audace indomptable et par la force des armes, il renverse la royauté et toute la légitimité héritée des institutions, retourne la situation politique en sa faveur et finit par exiger les pleins pouvoirs. Figure de despote, prônant les valeurs de l’ordre, de la discipline, de la force virile , de la fierté et de la volonté, il annonce l’homme providentiel du régime fasciste : son culte de la force virile et sa fascination pour la mort ne sont pas non plus sans rapport avec les terroristes d’hier et les djihadistes d’aujourd’hui.
C’est ainsi que Jean-Claude Fall explique trouver un écho de Tête d’or dans les sociétés claniques ou tribales d’aujourd’hui, que ce soit en Afrique ou en Europe de l’est.

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Festival de Cannes, calque de l’état du monde

— Par Michaël Melinard —

festival_de_cannes-2015Quatre Français, trois Italiens, un seul premier film et deux femmes cinéastes ont été retenus 
pour concourir à la palme d’or.

L’ombre de Gilles Jacob planait à la conférence de presse du Festival de Cannes. On ne reste pas impunément quarante ans à la tête de la plus prestigieuse manifestation mondiale du septième art. Néanmoins, le président Pierre Lescure s’est autorisé une boutade, « le Festival aura bien lieu », en forme de clin d’œil au nouveau roman de son prédécesseur, Le Festival n’aura pas lieu. La sélection est rarement complète lors de sa présentation à la presse. Mais, avec une compétition limitée pour l’instant à 
16 films et une sélection de 42 films, nul ne doute que des ajustements seront faits dans les jours à venir. « Je vous livre 90 % de la sélection. Nous avons reçu 1 854 films. Tous les films sont vus. Tout le monde peut postuler », rappelle Thierry Frémaux.

La compétition fait la part belle au cinéma français, signe de sa vitalité actuelle. À l’habitué Jacques Audiard, qui présente Dheepan, autour de la communauté tamoule en France, s’ajoute Maïwenn, déjà primée pour Polisse.

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La révolte : le cri d’une femme

La pièce de Villiers de l’Isle-Adam fait entendre, avant l’heure, un vibrant plaidoyer féministe.

la_revolte—- Par Annie Chénieux —

Comme chaque soir, Elisabeth est assise à sa table de travail. Mariée à Félix, banquier, elle est aussi sa comptable –elle lui a fait réaliser d’excellentes affaires- et la mère de sa fille. Après avoir terminé son travail, elle lui annonce qu’elle le quitte. Ses affaires sont prêtes, les comptes en règle, une voiture l’attend. Son mari est abasourdi. Elle lui énonce les raisons de sa décision, le renoncement à ses rêves, le désir d’une autre vie, moins matérielle. Elle part. Mais quatre heures plus tard, la voici qui revient, plus meurtrie que jamais. Il est trop tard pour changer de vie, elle a perdu son âme.

Ecrit en 1870, le plaidoyer féministe retentit avec force. Quelques années avant Ibsen et Maison de Poupée, le poète Villiers de l’Isle-Adam, alors trentenaire, donne la parole à une femme et à travers elle, évoque son rapport à la poésie, et à la vie. C’est un texte fort, d’une écriture magnifique, acérée, qui porte haut le cri de la révolte.

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Snow therapy, justement récompensé à Cannes.

*A Madiana Vendredi. 24 avril 15 à 19h30.

snow_therapy-3 —Par Dégé—

D’abord un happy end où le héros Tomas réussit enfin à recoller les morceaux de son manteau de héros en sauvant, cette fois, sa femme dans une tempête de neige où il a aventuré sciemment toute sa petite famille. Tout se passe dans un écran de blancheur purifiante et confuse.

Ensuite comme une excroissance qui aurait inexplicablement échappé au montage, un nouvel épilogue. Le panorama vaste, précis, en pleine lumière, laisse voir une vallée vertigineusement profonde où serpente une route en apique sur laquelle un conducteur d’autobus inexpérimenté peine à ne pas basculer dans le vide. Ebba, la femme de Tomas, lâche à son tour, tremble, veut sortir. Tant la peur est contagieuse, les autres passagers descendent et tous vont rentrer à pied. Sauf une personne. (Peu précautionneuse, seule, reste dans le car une jeune femme qui, ayant laissé en Suède ses devoirs familiaux, a passé chaque jour de sa semaine de vacances avec un homme de son choix. Liberté. Ressourcement. Elle prend tous les risques qu’une vie sans peur et sans reproche lui offre.)

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Cannes 2015 : un hommage à Ingrid Bergman

festival_de_cannes-2015À l’occasion de sa 68e édition (13-24 mai 2015), le Festival de Cannes rend hommage à Ingrid Bergman en la choisissant pour figurer sur son affiche, succédant à Marcello Mastroianni.

Icône moderne, femme libre, actrice audacieuse, Ingrid Bergman fut à la fois star hollywoodienne et figure du néoréalisme, changeant de rôles et de pays d’adoption au gré de ses passions, sans jamais perdre ce qu’elle avait de grâce et de simplicité.

Sur l’affiche, l’actrice d’Alfred Hitchcock, de Roberto Rossellini et d’Ingmar Bergman, qui a donné la réplique à Cary Grant, Humphrey Bogart ou encore Gregory Peck, se dévoile dans l’évidence de sa beauté, offrant un visage serein qui semble tourné vers un horizon de promesses.

Liberté, audace, modernité, autant de valeurs que revendique le Festival, année après année, à travers les artistes et les films qu’il choisit de mettre à l’honneur. Ingrid Bergman, qui fut Présidente du Jury en 1973, l’encourage dans cette voie…

« Ma famille et moi-même sommes très touchés que le Festival de Cannes ait choisi notre merveilleuse mère pour figurer sur l’affiche officielle, l’année du centenaire de sa naissance », déclare Isabella Rossellini.

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L’Amant anonyme : rafraîchissant et délicieusement désuet

— Par Roland Sabra —

chevalier_de_saint_georgeC’est à la générosité de la Fondation d’Entreprise SPHERE, que l’on doit la présentation de l’Amant anonyme le seul opéra du Chevalier de Saint-George qui nous soit parvenu complet. L’argument est d’une grande minceur. Qu’on en juge : Alain Guédé, apôtre zélé de la cause de Joseph Boullongne de Saint-George, rapporte ainsi les circonstances de la création de L’Amant anonyme : « Valcour, un riche aristocrate, est secrètement amoureux de la belle Léontine dont il est devenu le confident depuis que son mari l’a quitté. Mais, n’osant lui déclarer son amour, il lui adresse anonymement fleurs, présents et lettres enflammées. Le cœur de la prude Léontine finit bien vite par balancer entre la présence douce et rassurante d’un Valcour et la passion qui éclate dans les lettres de son amant anonyme. Le dilemme est tranché lorsqu’elle découvre que les deux ne forment qu’une seule et même personne. ».
Le livret est issu d’une comédie homonyme en cinq actes écrite par Stéphanie Félicité du Crest de Saint-Aubin, autrement connue sous son nom de plume  de Félicité de Genlis.

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« Célimène et le Cardinal » : l’émancipation est toujours en devenir

— Par Roland Sabra —

celimene_&_le_cardinal-_afficheIl est des textes de théâtre dont il semblerait qu’ils aient été écrits autour d’un personnage. C’est le cas de cet objet nommé « Célimène et le Cardinal ». Gaëlle Billault-Danno est la septième comédienne à endosser le rôle de Célimène dans la pièce de Jacques Rampal écrite en 1992 et qui se veut une suite en alexandrins, au Misanthrope de Molière. L’idée n’est pas neuve. Georges Courteline en 1905 avait créé La Conversion d’Alceste, elle aussi en alexandrins et bien avant, en 1791 peu de temps avant d’être guillotiné, le révolutionnaire Fabre d’Eglantine avait écrit Le Philinte de Molière, ou la Suite du Misanthrope, une comédie en 5 actes et en vers. On n’oubliera pas, au cinéma cette fois, en 2013, Alceste à bicyclette, le film de Philippe Le Guay , où Lambert Wilson et Fabrice Luchini jouent alternativement le rôle transposé d’Alceste et celui de Philinte.

Célimène a pris vingt ans d’âge. La mondaine, la coquette, la séductrice sans attaches a épousé un riche marchand, dans le cadre très classique d’une alliance entre une aristocratie désargentée et une bourgeoisie en manque de reconnaissance.

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Fonds Saint-Jacques : cinéma sous les étoiles

« Des sports et des luttes »

cinema_sous_etoileMercredi 22 & jeudi 23 avril, 19 h
Domaine de Fonds Saint-Jacques
En plein air
Entrée gratuite

Fort du succès,l’année dernière, de son concept original et unique « Cinéma sous les Étoiles », le Domaine de Fonds Saint-Jacques, Centre Culturel de Rencontre reconduit, en 2015, ce moment convivial dans les jardins.
L’occasion est donnée aux petits et grands de découvrir des documentaires de grande qualité en famille.
Pour ce 1er rendez-vous, place est faite au 6e Festival du fi lm documentaire de la Martinique « Les Révoltés de l’Histoire » organisé par l’association Protea avec un programme intense de deux jours mêlant documentaires et rencontres artistiques.

Mercredi 22 avril 2015

Soirée Danmyé-Bèlè
Welcome to Fort-de-France : Danmyé, l’art martial créole
Narinderpal Singh Chandok,
ISP Production, 2013, 52 mn.
Ce film découvrir la splendide Martinique à travers cet art ancestral impulsé par des associations socio-culturelles locales.
Première partie musicale avec l’AM4
Le groupe AM4 fera une présentation de danmyé de type « Fèmen Lawonn » afi n de partager les valeurs de ce sport : esprit, force & courage.

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« L’amant anonyme » du Chevalier de Saint-George : un joli cadeau

— Par Selim Lander —

L'amant anonyme (Saint-Georges)En offrant aux Martiniquais cet opéra du Chevalier de Saint-George (1739-1799), le seul de lui dont on ait conservé la partition intégrale, l’EPCC Atrium permet de mieux connaître ce musicien né esclave en Guadeloupe, qui devint la coqueluche de la Cour, puis s’illustra comme colonel des armées de la Révolution.  Au mois de décembre dernier, un spectacle musical consacré au « Nègre des Lumières » avait raconté sa vie aventureuse en l’illustrant par des extraits de ses compositions[i]. Cette fois, c’est donc une œuvre entière de lui qui est représentée, en formation d’opéra, avec une vingtaine de musiciens de l’orchestre de Pressbourg  (Bratislava, Slovaquie ) dans la fosse (essentiellement des cordes) et les chanteurs en costume d’époque. Pour le chœur, il a été à nouveau fait appel aux ressources locales, en l’occurrence la chorale de Sainte-Thérèse qui, malgré une partie plutôt restreinte, a séduit par son ampleur et sa justesse.

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« Célimène et le Cardinal » : sur la corde raide

Par Selim Lander

celimene-et-le-cardinal-de-jacques-rampal-520091_w1000Jacques Rampal est un auteur de théâtre confirmé. Il le fallait pour s’attaquer simultanément au Misanthrope et au Tartuffe de Molière et écrire, aujourd’hui, en alexandrins, une pièce qui, au-delà de la comédie, s’avère un brûlot contre l’intégrisme religieux. Si la cible est la religion chrétienne, ou plutôt catholique et romaine, c’est bien en effet d’une dénonciation de l’arrogance des hommes d’Église(s), du pouvoir dont ils se croient investis et de l’absurdité des dogmes qu’il est question.

Célimène, chassée de la cour, s’est heureusement mariée à un riche bourgeois. Mais peut-être reste-t-il dans son cœur un sentiment pour Alceste. Ce dernier, pour échapper à ses démons, est entré dans les ordres. Son intransigeance faisant merveille, il revient de son exil romain avec le chapeau de cardinal (lequel chapeau aura sa part dans l’intrigue). Un beau jour, il décide de rendre visite à Célimène. La pièce raconte leur entrevue, plus que houleuse car Célimène, brillante et caustique, armée de surcroît d’un solide bon sens, ne peut que heurter les convictions d’Alceste, lesquelles n’ont pour elles que d’avoir été mille fois récitées.

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La Cathédrale de Saint Pierre a accueilli la douleur de Lazare

— Par Michel Thimon —

lazare_st_pierreC’est devant un parterre de plus d’une centaine de spectateurs installés samedi dernier, en fin d’après-midi, sur le parvis de la Cathédrale Notre dame de l’Assomption de Saint Pierre, que les six comédiens amateurs du Théâtre de l’Histoire de la ville, ont raconté avec une grande émotion partagée, la tragédie de Lazare réécrite par le poète libanais Khalil Gibran (1883-1931) et mise en scène par José Alpha .

« Le jeu des acteurs était émouvant diront plusieurs spectateurs, et ce texte si beau, et puis devant la cathédrale; quel bon moment de grâce ! »
C’est vrai que Marthe, la sœur de Lazare interprétée par Béatrice Sieurac, en chaise roulante, a bouleversé plus d’un, et puis Christelle Hamelberg dans le rôle de la douce Marie qui tente en vain de ramener son frère Lazare à la raison, quand celui-ci accuse Jésus de l’avoir ressuscité contre son gré. Surtout de l’avoir « ramené à cet enfer terrestre  par pitié pour la douleur de sa mère et de ses sœurs, parce qu’il fallait un miracle ! »
Le public ne s’attendait visiblement pas à une telle accusation à l’encontre de Jésus, mais le Père David Rondof qui avait pris lecture du texte avant de donner son accord pour la représentation, a rassuré l’auditoire en avant-propos, sur les tourments de « ce  Lazare » imaginé par le poète.

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Trois films, trois visions d’une humanité en souffrance !

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— Par Janine Bailly —
L’opération « Séance VO », qui se déroule sous la double égide de l’Atrium et de Madiana, commence en force ce mois d’avril ! Les trois films que j’ai vus ne peuvent laisser indifférents, et l’on sort de la salle ému, perplexe, indigné, satisfait ou contrarié, en tout cas porté à la réflexion et à l’échange avec ceux qui ont assisté aux mêmes séances. Quand le cinéma pousse à la discussion et rapproche les pauvres humains trop solitaires que nous sommes parfois, quand il renoue des liens distendus et génère la communication, c’est forcément un bon, un grand cinéma !
Snow Therapy, drame réalisé en 2014 par Ruben Östlund, ou comment le couple se délite à la faveur d’une avalanche venue troubler la photo de famille idéale qui ouvre le film. Des enfants âpres, qui semblent prendre le pas sur des parents obligés, pour pouvoir se parler, de se tenir dans ces couloirs de beau bois blond, mais cependant kafkaïens, d’un hôtel de luxe étrangement désert. Un père qui n’a pas assumé le rôle de héros, rôle auquel il est tenu par une société qui sait si bien attribuer à chacun sa place.

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« Taxi Téhéran », Ours d’Or à Berlin, ne roule toujours pas en Martinique

taxi_teheranCe taxi-là roule sans permis. Ce taxi-là n’est pas un taxi. C’est un plateau de cinéma clandestin, un camouflage monté sur roues, le véhicule d’un insoumis. Combien d’interdits l’Iranien Jafar Panahi (Le Cercle, Le Ballon blanc) brave-t-il en prenant lui-même le volant ? En installant une petite caméra dans l’habitacle ? Depuis 2010, pour avoir osé contester la réélection frauduleuse du président Mahmoud Ahmadinejad, le cinéaste n’a pratiquement plus aucun droit : ni ­parler en public, ni quitter le pays. Et surtout pas exercer son métier.

Et pourtant, il tourne. Taxi Téhéran (Ours d’or au dernier festival de Berlin) est sa troisième oeuvre « illégale ». Mais c’est aussi la première fois qu’il s’échappe au-dehors depuis sa condamnation. Le documentaire Ceci n’est pas un film (2011) et la fiction Pardé (2013) étaient restés « assignés à résidence », huis clos où bouillonnait sa réflexion d’artiste censuré, claquemuré. L’intérieur d’une voiture est certes exigu, et prolonge délibérément la même sensation carcérale. Mais c’est un enfermement différent. Dans les rues bruyantes et les rocades bétonnées de Téhéran, Jafar Panahi retrouve le monde, son monde.

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Célimène et le Cardinal : de Molière à Rampal

Le 17 & 18 avril au T.A.C. à 19 h 30

celimene_&_le_cardinal-400— Par Christian Antourel & Ysa de Saint-Auret —

Voici une œuvre crée en 1992. C’est une comédie romantique d’où le temps n’a pas effacé certains des traits de caractère et ce qui en fait un petit bijou de littérature c’est son style, l’intelligence des digressions, cocasse, émouvante et érotique ; le style Rampal, c’est ici l’ambigüité si plaisante, et merveilleuse à l’oreille à la lecture, de la ponctuation, des styles directs et indirects, des conditionnels et des futurs… à la manière de Molière. Et toujours l’humour, véritable garantie de son authenticité. Le tout en alexandrins, dans une fraicheur de langage et de ton actuels, par un auteur contemporain. Une gageure, un exploit !

L’atrabilaire amoureux, Misanthrope s’est achevé par la rupture d’Alceste et de Célimène. Après le refus de la jeune femme de se retirer du monde et de le suivre, Alceste s’isole dans la religion et devient un homme de pouvoir, un puisant cardinal. De son côté Célimène rompt avec la Cour et épouse un bourgeois dont elle à quatre enfants et se dit heureuse.

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Gente de bien

A voir en VO le 22 avril à Madiana

gente_de_bien-400— Par Myriam Barthélémy —
On sort du cinéma très ému par la fin de ce film qui nous trame la relation d’un jeune garçon Eric et de son père Gabriel tous deux issus d’un milieu humble de la société colombienne.

Après la séparation avec sa mère le jeune Eric , accompagné de sa chienne « Lupe », se voit contraint de partager le quotidien d’un père qu’il ne connaît guère pour ne pas dire qu’il ne connaît pas. D’ailleurs, assez rapidement Franco Lolli , le réalisateur, amène son spectateur à partager les relations qui s’établissent entre les trois protagonistes le trio fils/père et chienne « Lupe », qui ne semblent reliées que par l’affection portée autour de cette chienne.
Cet homme d’une quarantaine d’années aux traits marqués ressemble davantage à un marginal dépressif et tourmenté qu’à un homme réellement inséré dans la société.
Le film nous montre très vite que l’activité professionnelle du père (Gabriel) se limite à poncer de vieux meubles pour des gens « riches » ou du moins ayant un niveau socioéconomique bien supérieur au sien !

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« Enfant 44 » : Méfions-nous de ceux en qui nous avons confiance

— Par Roland Sabra —

enfant_44_400A Madiana à partir du 17 et en VO les 27 & 29  avril 2015.

1953, Moscou, l’hiver. Le corps mutilé d’un gamin est retrouvé le long d’une voie ferrée. Léo Demidow (Tom Hardy), brillant officier promis à un bel avenir au sein du MGB, la police d’État chargée du contre-espionnage et ancêtre du KGB, est contraint de classer l’affaire, puisque « le meurtre ne peut exister au paradis (communiste) ». La version officielle, celle d’un accident est délivrée aux parents des amis de Léo. Le père est pourtant un proche de Léo avec le quel il a partagé des moments extrêmement difficiles pendant la Seconde Guerre Mondiale. Mais le parti a toujours raison. La foi de Léo dans le système va vaciller le jour où lui-même et sa femme Raïssa (Noomi Rapace) vont être soupçonnés à leur tour de trahison suite à une dénonciation calomnieuse d’un subordonné ayant des vues sur Raïssa⋅ Éloignés à Voualsk, dans une petite ville à 800 km à l’Est de Moscou, Léo est intégré comme simple exécutant de la milice locale et Raïssa, éducatrice est confinée à des taches ménagère dans la petite école de la localité.

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Un somptueux coffret consacré à Sidney Bechet

— Par Fara C. —

sidney_bechetPrimée par l’Académie du jazz, l’anthologie suisse de 4 CD remet les pendules à l’heure du génie de Bechet.

On ne s’en rend plus vraiment compte, mais Sidney Bechet a été une des premières vedettes internationales du jazz, à l’instar de Louis Armstrong. Le coffret de quatre CD, « In Switzerland / En Suisse », vient remettre magistralement les pendules à l’heure, précisément à l’heure helvétique. Il réunit plus de quatre heures et quart de concerts, d’émissions radiophoniques et d’entretiens, rares ou inédits, exhumés des archives de Radio-Lausanne, Radio-Genève et de collections privées. Les enregistrements ont été réalisés entre 1949 et 1958 : des titres moins connus du grand public (par exemple, « Muskrat Ramble ») jusqu’aux tubes qui, comme « Les oignons », ont fait le tour de la terre, de purs standards et des chansons populaires dont le jazz s’est emparé (« Saint Louis Blues », « Summertime », « Love For Sale » « September Song »…), ainsi que des partitions pour ballet signées de Bechet. Une merveille.

Le clarinettiste et saxophoniste a vu le jour à la Nouvelle-Orléans et grandi dans le chaudron musical de l’ancienne cité française.

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Les ventes mondiales de musique numérique égalent les ventes physiques

deezerC’est une première: profitant de l’essor du streaming, les ventes mondiales de musique numérique ont égalé les ventes de CD et de vinyle en 2014. Et ce dans un contexte de stagnation du marché mondial de la musique enregistrée
Les CD et les vinyles ont du souci à se faire. En 2014, les ventes mondiales de musique numérique ont, pour la première fois, fait jeu égal les ventes physiques, selon les chiffres de la Fédération internationale de l’industrie phonographique (Ifpi). Numérique et physique représentent respectivement 46% du marché. Le reste provient des droits de radiodiffusion, de publicité ou de films notamment.

La raison? L’écoute de musique en direct ou streaming ne cesse de progresser. « Nous constatons que le streaming domine vraiment le marché numérique et nous pouvons imaginer qu’un jour le numérique constituera la majorité des ventes de musique », explique Frances Moore, directrice générale de l’Ifpi à l’AFP.
Un marché de la musique qui stagne

Les abonnements au streaming ne constituent encore qu’une portion relativement modeste de l’industrie. Leurs revenus ont tout de même progressé de 39% en 2014, à 1,57 milliard de dollars, selon l’Ifpi.

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Judas, le disciple sous de nouvelles lumières

— Par Dominique Widemann —

Judas, de Rabah Ameur-Zaïmeche. France. 1 h 39.

De « Wes wesh qu’est-ce qui se passe ? » au « Dernier Maquis » en passant par « les Chants de Mandrin », Rabah Ameur-Zaïmeche ne cesse de mettre en œuvre la puissance du cinéma pour faire bouger les lignes. Cette fois, il réinvente « Judas » et son rôle dans un film superbe.

D’entrée, l’immensité verticale d’une falaise de pierre confère au paysage une dimension mythologique. Nous éprouvons avec celui qui la gravit à pas d’homme la durée de l’ascension, la ferveur qui le hisse à un trou de roche élevé. Autour, le désert, étiques broussailles agitées par le vent, sentes tracées par les troupeaux. Judas (Rabah Ameur-Zaïmeche en personne) accueille Jésus (Nabil Djedouani) qui vient de regagner la terre de Judée où l’attendent ses disciples. Judas, le plus proche de ses compagnons de vie, le garde et le guide, assure l’intendance et le parcours de ce maître spirituel dont la lumière lui a toujours comblé l’âme. Cette lumière nous parvient par la plénitude joyeuse du regard de Judas, le soin fraternel de ses gestes quand il arrange autour du front de Jésus les plis d’un châle, oriente vers Jérusalem ses épaules qu’il vient de revêtir d’un manteau de laine et le contemple rejoignant son peuple, beau comme un fiancé.

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« Ivanov » ou le loser exténué

— Par Selim Lander —

Ivanov2 (2)La première « vraie » pièce de Tchekhov[i], créée à Moscou en 1887, Ivanov n’est pas la plus célèbre et l’on comprend pourquoi depuis qu’elle est montrée à l’Odéon. Contrairement aux pièces les plus connues de Tchekhov, où la déréliction se trouve agréablement compensée par la poésie et l’humour, Ivanov est littéralement plombée par le personnage éponyme, le type même du looser, désespéré de surcroît, incapable du moindre sursaut, tout au plus capable de se juger avec une lucidité telle qu’elle ne peut que renforcer sa désespérance. Sa première épouse est atteinte de la tuberculose (comme Tchekhov lui-même) et meurt pendant l’entre-acte, ce qui ne contribue pas à nous ragaillardir. Quant à la deuxième épouse (le mariage occupe la deuxième partie de la pièce), elle essaye bien de ranimer un peu le malheureux Ivanov mais sans succès. L’amour éperdu de ces deux femmes pour un individu réduit à l’état de loque humaine n’aide d’ailleurs pas à la vraisemblance de la pièce. Les comparses sont censés apporter un élément comique ; hélas, ils ne parviennent pas à dérider la salle, sinon sporadiquement.

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Faada Freddy, du gospel qui claque

— Par Fara C. —
faada_freddyL’artiste sénégalais présente « Gospel Journey », son CD sans instrument mêlant voix et percussions corporelles, contre le règne du fric, du look et du toc.

Il faut chérir l’audace et, surtout, son public, pour conclure son concert au Trianon en accompagnant les spectateurs jusque dans les couloirs du métro, comme l’a fait, en 2014, l’époustouflant Faada Freddy. À la grande joie des voyageurs, stupéfaits, mais à l’enthousiasme immédiat devant tant de talent et de générosité, l’auteur, interprète et compositeur sénégalais continuait de chanter a cappella, leur offrant à la volée l’or de sa voix.

Étourdissante, ductile à souhait, elle s’élève à tire-d’aile vers des harmonies éthérées. Elle constitue la sève du CD Gospel Journey, conçu sans instrument. « Alors que règnent l’artificiel, l’argent et son lot de contre-valeurs, j’ai souhaité mettre en lumière l’essentiel, explique Freddy. Et cela, à travers ce qu’on a de plus naturel et intime : la voix, le corps. » Il a ainsi baptisé son disque, car le gospel en forme la matrice. « Pour moi, le gospel relie fondamentalement les chants de travail, jadis, des esclaves dans les champs et la vaste Great Black Music contemporaine, en laquelle j’inclus le hip-hop.

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La Nuits des Molières : les Nommés 2015

les_molieresLa première cérémonie des Molières a eu lieu le 23 mai 1987 au Théâtre du Châtelet, retransmise en direct sur Antenne 2. Ces trophées récompensent chaque année les artistes et les spectacles les plus remarquables de la saison théâtrale.L’association a salué, au cours de ses vingt-six premières éditions les comédiens et artistes les plus talentueux et révélé de jeunes talents unanimement reconnus aujourd’hui Les Molières ne sont pas seuls au monde, ils ont deux proches cousins : les Tony Awards du théâtre américain, à Broadway, et les Laurence Olivier du théâtre anglais, dans le west-end londonien. Et comme parents éloignés, ils ont les « César » du cinéma français,
nés il y a 37 ans ; et encore plus lointains, les Oscars qui ont 84 années
d’existence.
Toutes ces cérémonies, qui célèbrent un art vieux de 100 ans pour le cinéma et de plusieurs siècles pour le théâtre, fonctionnent selon une procédure de vote à bulletin secret, sous contrôle d’huissier La force des Molières : à ce jour, il s’agit du seul organisme professionnel présentant chaque année le panorama de la création théâtrale en France, en réunissant en son sein théâtre public et théâtre privé.

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Snow therapy : regarde l’image des hommes tomber

De nouveau à l’affiche le vendredi 24!

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— Par Roland Sabra —

Tout est dans le premier plan, comme souvent dans les grands films. Filmé de dos, un gamin en tenue de ski, dans les pissotières d’un grand hotel d’une station d’hiver est concentré sur sa tâche. Il pourrait pisser en regardant ailleurs, la tête en l’air. Non le regard est fixé sur l’observation de ses attributs. On le voit se secouer, se rhabiller, puis disparaître hors champ, côté cour dirait-on au théâtre. Et si la masculinité ne tenait qu’à ça ? Et si tous les malheurs du monde ne tenaient qu’à cette survalorisation fétichiste de l’objet ? Telle pourrait être la grille de lecture du beau film d’ Östlund. En effet de quoi s’agit-il ? D’un rien. Ce rien qui fait basculer l’univers de représentations que nous habitons et qui nous habite. Une famille suédoise, très middle class, très convenue, mari, femme, deux enfants, fille et garçon, fait un break dans une station de sports d’hiver en France. Besoin d’une bouffée d’air pour le couple et la famille car l’homme était très occupé.

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Marcus Miller célèbre la tolérance

— Par Fara C.—

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Le musicien, touche-à-tout de génie, livre son CD « Afrodeezia » : une éblouissante fresque sonore.

Alors que Marcus Miller présente, en tournée, son CD Afrodeezia, fruit d’une quête assidue sur ses origines africaines, il a reçu en plein cœur la nouvelle de la mort de Walter Scott, quinquagénaire afro-américain qu’un policier a tué en lui tirant dans le dos. « Chaque fois qu’une bavure policière meurtrière se réitère, le traumatisme de l’esclavage et de la longue ségrégation raciale qui a suivi ressurgit avec véhémence au sein de la diaspora afro-américaine », confie-t-il. Pour lui, l’outil premier pour lutter contre tout type de stigmatisation, c’est l’éducation. « Je tente d’apporter ma contribution comme porte-parole de l’Unesco pour la commémoration de la Route de l’esclave. Je vais discuter, dans les villes où je me produis, avec des jeunes sur l’absolue nécessité de la tolérance. »

En avril, après son Olympia (le 13 avril), il jouera à l’Unesco, lors de la Journée internationale du jazz (le 30, à Paris), lancée, rappelle-t-il, par l’institution onusienne et des musiciens soucieux de promouvoir la paix.

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« Petra von Kant » de Fassbinder : un mauvais béguin chez les L(G)B(T)

— Par Selim Lander —

Petra von KantRainer Werner Fassbinder (1945-1982) a écrit aussi bien pour le théâtre que pour le cinéma, passant de l’un à l’autre comme ce fut le cas pour Les Larmes amères de Petra von Kant, une pièce créée en 1971 par sa troupe (baptisée Anti-Teater), avant de faire l’objet d’un film, l’année suivante, avec Hanna Schygulla dans le rôle-titre. Pas d’intrigue dans cette pièce mais la descente aux enfers d’une bourgeoise arrivée, créatrice de mode en vogue, Petra, qui s’est prise de passion pour une jeune et ravissante prolétaire, Karine. L’argent ne peut pas tout acheter : la morale de la pièce est donc politique, en ce sens, mais le sujet principal est bien celui des ravages de la passion.

Deux personnages qui s’affrontent, deux femmes bisexuelles : Petra sort d’une mauvaise expérience avec un homme ; Karine, mariée, est prête à courir vers son mari dès qu’il se manifestera. Cela ne l’empêche pas de faire le premier pas vers Petra, en venant lui donner un baiser. Et Petra s’embrase immédiatement.

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