Catégorie : Arts de la scène

Tjenbé larel, un festival foyalais qui chante son identité : deuxième acte

—par Janine Bailly—

Le festival, c’est aussi le cirque. Ce divertissement populaire, dans le sens noble du terme, deviendrait-il un incontournable du festival ? En 2013, nous avions succombé à la magie en ombres chinoises du spectacle Shadowland, proposé par la compagnie américaine Pilobolus. Cette année, petits et grands vibrèrent d’une même émotion aux acrobaties époustouflantes, déroulées sur fond musical en live, de « CirkAfrika », une originale prestation du cirque Phénix imaginée pour Fort-de-France. La troupe composée de soixante acrobates, danseurs, jongleurs et chanteurs venus de « toutes les Afriques », connut un vif succès, remplissant quatre soirs d’affilée la grande salle de l’Atrium jusqu’au dernier balcon, et menant son spectacle « tambour(s) battant(s) ». Le défilé sur scène des acteurs costumés, qui en sautillante grenouille, qui en girafe, qui en lion pataud, crocodile ou tortue, fit briller un peu plus fort les yeux des enfants.

Le festival, c’est encore la danse, qu’elle respecte, exalte et renouvelle la tradition, ou qu’elle nous transporte dans l’actualité vivante du siècle présent : à la soirée Bèlè « Sonjé Yo » succéda la nuit du Moov Urbain, où l’on put découvrir, en deux heures de « show battle », des groupes de Martinique et de France composés de danseurs extrêmement talentueux, et dont les prestations originales reposaient sur des chorégraphies parfaitement orchestrées.

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Tjenbé larel, un festival foyalais qui chante son identité : premier acte

— par Janine Bailly –

Si le festival de Fort-de-France fut, pour cette quarante-quatrième édition, fort pauvre en théâtre, si la promesse n’a guère été tenue d’investir d’autres lieux, tel le Parc Naturel de Tivoli, où l’on avait pu voir l’an passé « Folie », superbe lecture-spectacle offerte par une Ina Boulanger aux prises avec le vent fripon qui soulevait ses feuillets autant que ses jupons et ses rideaux de scène improvisée, il nous fut pourtant donné de connaître cette année de beaux moments de grâce et d’émotion, loisible de vivre des instants privilégiés de partage sous un ciel qui ne fut, hélas ! pas toujours clément. Et s’il arriva que parfois les festivaliers durent déplier leurs parapluies en une symphonie colorée, qu’il fut bon d’écouter, dans la douceur des nuits tropicales, les musiciens sous les frondaisons tutélaires des jardins du Parc Culturel Aimé Césaire, autant que les conférenciers du désormais rituel Cénacle en bord de baie !

Le festival, c’est un peu la vitrine du Sermac, qui présentait, dans les salles du centre Camille Darsières, les travaux réalisés dans les différents ateliers : j’ai été personnellement bluffée par la beauté de certaines poteries, l’esthétique parfaite des calebasses faites lampes, l’originalité des masques et photographies exposés.

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Avignon 2015 (20) : Épilogue ( et récapitulatif)

— Par Selim Lander —

affiche IN 15Le festival s’est achevé le 25 juillet. Après trois semaines très intenses, la ville va retrouver un calme relatif, la fréquentation estivale des touristes, quoique non négligeable – la Cité des Papes recèle tant de trésors ! – n’ayant rien à voir avec celle des festivaliers. Le 69ème festival IN a programmé 58 spectacles pour 280 représentations avec un taux de fréquentation supérieur à 93%. Avec les manifestations gratuites, 156000 entrées ont été comptabilisées. On ne dispose pas de ce dernier chiffre pour le OFF (qui fêtait cette année son 50ème anniversaire), chaque compagnie se chargeant de la vente des billets pour son ou ses spectacles, mais les chiffres disponibles sont encore plus impressionnants : 1071 compagnies (dont 128 étrangères) ont présenté 1336 spectacles. Plus de 50000 cartes du OFF (donnant droit à des réductions sur les spectacles) ont été vendues, soit 50000 spectateurs qui ont vu chacun au minimum quatre ou cinq pièces, sans compter les autres, non-encartés.

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Avignon 2015 (19) : Patrice Chéreau – Un musée imaginaire

Par Selim Lander

Chéreau afficheOuvert en 2000 dans l’Hôtel de Caumont, en Avignon, la Fondation Lambert d’art contemporain se prolonge depuis cette année dans l’Hôtel mitoyen de Montfaucon. Les deux bâtiments entièrement rénovés pour la circonstance (agence Berger&Berger) sont voués pour l’un au fonds permanent (qui a fait l’objet d’une dation à l’Etat), pour l’autre aux expositions temporaires. C’est donc là où se tient en ce moment, et jusqu’au 11 octobre 2015, une exposition qui présente à la fois des documents tirés des archives que Chéreau a léguées à l’IMEC (Institut Mémoires de l’édition contemporaine) et des œuvres de plasticiens ayant nourri son imaginaire ou qui, du moins, sont censées entretenir avec lui un certain rapport « sensible ».

Patrice Chéreau (1944-2013) est tombé très tôt dans le théâtre. C’est en effet au lycée Louis-Le-Grand, à Paris, qu’il tiendra ses premiers rôles et assurera ses premières mises en scène (en compagnie de Jean-Pierre Vincent). La troupe se fait remarquer et fera le voyage de Nancy, invitée par Jack Lang.

La suite ira tout aussi vite. Chéreau prend la direction, à 22 ans, du Théâtre de Sartrouville et c’est là qu’il s’associera Richard Peduzzi, son décorateur jusqu’à la fin.

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Avignon 2015 (18) : Qui sommes-nous ? – Mariano Pensotti

— Par Selim Lander —

Cuando vuelva a casa voy a ser otro – Quand je rentrerai à la maison je serai un autre

Cuando3Au cinéma, au théâtre aussi, on reconnaît les œuvres d’Amérique du Sud. Il est difficile de dire à quoi cela tient exactement, peut-être avant tout à une certaine manière de considérer l’humain qui combine l’empathie avec une certaine dérision, également à une certaine manière de traiter des sujets graves sans se prendre au sérieux. Mariano Pensotti est argentin (né en 1973). Sa renommée a largement dépassé les frontières et Cuando est une coproduction internationale à laquelle le festival d’Avignon s’est pertinemment associé. On aime en effet ce spectacle (en espagnol sous-titré) astucieusement construit et bien mis en scène et qui pose adroitement une question essentielle – c’est le cas de le dire – à savoir la grande question existentialiste : y a-t-il une « essence » de l’individu donnée une fois pour toutes, ou l’existence précède-t-elle l’essence ?

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Avignon 2015 (17) : La religion – Carole Martinez, Diderot

Par Selim Lander

DomaineMurmures_r« Le premier pas vers la philosophie, c’est l’incrédulité » (Denis Diderot). En nos temps troublés par des adeptes d’une certaine religion, cette vérité est bonne à entendre. Deux pièces qui n’abordent pas cette religion-là mais le christianisme nous amènent à réfléchir sur les conséquences de cette bizarrerie intellectuelle qu’est la foi en un dieu invisible et muet. La première saisit une femme au plus intime d’elle-même. La seconde emprunte la forme du débat socratique, version XVIIIe siècle.

Du domaine des murmures

Carole Martinez a obtenu le « Goncourt des lycéens » en 2011 pour ce roman qui se passe dans un Moyen-Âge de légende, de mystère et de foi.

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Baâda le malade imaginaire et Candide l’africain

— Par Roland Sabra —

candide_africainToinette mesure un mètre quatre-vingt-quinze, pèse bien ses quatre-vingt dix kilos et porte une belle barbe noire. Monsieur Purgon est un féticheur. Candide ne vit pas en Westphalie mais fréquente la cour de sa majesté Toukguili de Gongonbili Gongoni. Les scènes sont agrémentées de chants en dioula et en moré, de danses traditionnelles rythmées au son de balafon, djembé et kora. Et c’est de Molière et Voltaire dont il est question !
La compagnie Marbayassa, par deux fois lauréate du grand prix national du théâtre burkinabé transpose Candide ou l’Optimisme et Le Malade imaginaire au cœur de l’Afrique contemporaine et c’est un pur bonheur.
Molière qui, dans sa pièce testamentaire, dénonce le despotisme de la médecine et l’obscurantisme religieux et Voltaire, qui s’en prend à la noblesse rétrograde et à l’optimisme béat, sont magnifiés dans une démarche qui célèbre l’universalité de leurs propos. Au delà des modifications mentionnées, le travail présenté fait preuve d’une grande fidélité aux auteurs. Dans Candide, la trame du récit voltairien est respectée, un griot assure la transition entre les scènes, dans Baäda les vers sont ceux de Molière.

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Avignon 2015 (16) : Qu’est-ce que l’art ? Botho Strauss, Jacques Mougenot

— Par Selim Lander —

Trilogie du revoir

TrilogieLa Trilogie de la Villégiature de Goldoni (1761), Les Estivants de Gorki (1904), La Trilogie du revoir de Botho Strauss (Trilogie des Wiedersehens, 1977) : trois textes dans un intervalle de deux siècles pour décrire de riches personnes en vacances. Des trois, le Goldoni est sûrement le meilleur. Celui de Gorki, malgré des qualités, ne laisse pas un souvenir impérissable, en tout cas dans la version présentée cette année à la Comédie Française[i]. La Trilogie de Botho Strauss créée cet été en Avignon a partagé le public. On a vu quelques personnes déserter précocement le théâtre mais peut-être était-ce dû pour une part à l’acoustique défaillante de la salle dans une configuration telle que le décor, n’occupant pas toute la largeur de la scène, laissait les spectateurs des côtés en fort mauvaise posture pour entendre. Or les déserteurs étaient des vieilles personnes, lesquelles, comme l’on sait, ont souvent des difficultés d’audition.

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Avignon 2015 (15) : Stig Larsson monté par Lavelli, Ahmed El Attar

Par Selim Lander

Deux pièces sur l’incommunicabilité, l’une dans le OFF montée par Lavelli, l’autre dans le IN du metteur en scène égyptien Ahmed El Attar.

On ne l’attendait pas

on-ne-lattendait-pas Dans un précédent article consacré à Crises de Lars Noren, nous écrivions de cet auteur qu’il se rattachait à une tradition psychologique typiquement suédoise depuis Strindberg et Bergman. On peut dire la même chose de Stig Larsson, né en 1955 (qu’on ne confondra pas avec Stieg Larsson, l’auteur de Millenium). Sur une grande scène de Présence Pasteur, un lieu du OFF installé dans un lycée privé, un plancher rond en bois clair délimite l’espace de jeu. A la périphérie du cercle, quelques rares meubles également en bois clair : au fond un banc, à jardin deux fauteuils, à cour un autre fauteuil sur lequel se trouve assise, de dos, une femme, la mère. Debout de l’autre côté, la fille.

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Avignon 2015 (14) : Pierre Meunier et Samuel Achache

— Par Selim Lander —

Drôle de journée, dans le IN, avec deux spectacles aux intentions graves qui se traduisent en gags.

Forbidden di Sporgersi d’après Algorithme éponyme de Babouillec

Forbidden1Pierre Meunier interprète ou plutôt évoque, enfin s’efforce d’évoquer avec deux autres comédiens (dont l’un, J.-F. Pauvros, surtout chargé de la musique) et une comédienne un texte produit par une jeune autiste appelée Babouillec. Un texte empli de fulgurances.

« Quelqu’un t’interpelle,
Otage de ton Silence, tu perds la Raison de ton Acte.

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« L’Affamée », le désarroi amoureux comme un pouvoir sur le monde…

—Par Michèle Bigot —

l_affamee-2L’Affamée,

D’après Violette Leduc,

Festival d’Avignon off, Espace Roseau,

4-26 juillet 2015-07-21

MES et jeu : Catherine Decastel

La Compagnie des Myosotis nous propose ici le premier volet d’un triptyque forgé autour des trois premières oeuvres (L’affamée, Ravages et L’asphyxie) de Violette Leduc, figure féminine et littéraire du XXè siècle dont on redécouvre l’importance aujourd’hui. Son écriture, fiévreuse et passionnée sans rien perdre de son acuité et de sa justesse verbale, parvient à nous faire ressentir par le détail les affres de la passion amoureuse : tourments et éblouissement du désir féminin.

Ce premier volet est consacré à l’amour malheureux que L’auteure portait à Simone de Beauvoir. Comment porter sur le plateau un tel sentiment, sinon par le seul verbe ? Il est vrai que l’incandescence de l’écriture est déjà en soi un objet théâtral fascinant, sans qu’il soit besoin de lui ajouter décor, lumière ou musique ! Pourtant la formidable trouvaille de la Compagnie des Myosotis a été de faire porter ce texte par un corps féminin, qui déploie le verbe dans sa matérialité charnelle.

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Avignon 2015 (13) : Revisiter les classiques – Molière, Hugo

Par Selim Lander

Des Précieuses pas si ridicules

DES PRECIEUSESDepuis Molière on garde des précieux et précieuses l’image de personnages ridicules utilisant des métaphores absurdes pour exprimer les choses les plus simples (comme « commodité de la conversation » en lieu et place de « fauteuil »). Molière, néanmoins, avait pris soin de laisser planer un doute en présentant les ennemis des précieuses comme passablement rétrograde. On se souvient, à cet égard, de ce qu’il fait dire à Chrysale, le « bon bourgeois » des Femmes Savantes, le frère en esprit du Gorgius des Précieuses, père de Magdelon et oncle de Cathos :

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Avignon 2015 (11) : Danser la guerre – Eszter Salamon, Angelin Preljocaj

Par Selim Lander

Retour au IN avec deux chorégraphies sur le thème de la guerre.

Monument 0 : Hanté par la guerre (1913-2013)

Monument 01Ezter Salamon est hongroise ; elle a créé ses premières pièces en 2001. Elle est aujourd’hui artiste associée au Centre National de la Danse. Monument : 0 est le premier opus d’une série « explorant à la fois la notion de monument et la pratique d’une réécriture de l’histoire » (le dossier de presse). Pour l’heure, il s’agit de revisiter les danses de guerre de certaines tribus primitives. Les revisiter, pas les imiter servilement. Quoi qu’il en soit, le résultat semble assez proche des modèles, les mouvements des danseurs demeurant fort rudimentaires, pour ne pas dire… primitifs. Il en va d’une certaine danse contemporaine comme de la peinture qui a connu une courbe ascendante depuis les primitifs du Moyen Âge jusqu’aux grands maîtres de l’époque classique et baroque avant d’amorcer une descente qui l’a conduite sinon en enfer du moins au minimalisme du monochrome.

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Avignon 2015 (11) : Perec, Ionesco

— Par Selim Lander —

Deux grands auteurs « comiques » du XXème siècle qui, chacun à sa manière, ont dénoncé le totalitarisme.

W ou le souvenir d’enfance

w-perecMarie Guyonnet, la directrice du théâtre La Boderie, a déjà adapté il y a quelques années L’Art et la manière d’aborder son chef de service pour lui demander une augmentation de Georges Perec. Elle revient à cet auteur avec l’adaptation, cette fois, de W ou le souvenir d’enfance, un texte qui mêle autobiographie et fiction. Elle utilise à nouveau quatre comédiens (dont deux figuraient déjà dans l’Augmentation). Le décor est constitué au départ par des colonnes de bambou, qui pourront être déplacées, recomposées en fonction des besoins pour construire un bateau, un portique, dessiner une étoile jaune, etc.

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Aimez-moi … pour que j’existe

Comment réagir face à un mauvais spectacle de théâtre ?

aimez-moi— Vu par José Alpha —

Le spectateur au théâtre du spectacle vivant qu’il soit dansé, chanté, ou en voltige, vient à la rencontre de l’histoire racontée par un (ou plusieurs) personnage qui incarne les situations de la tragédie, de la comédie ou du Théâtre du silence. Et c’est bien à partir d’un récit toujours fantasmagorique, dramatique ou de méprise, en tout cas, de rencontres entre inattendu, intrigue et émerveillement que l’organisation poétique du metteur en scène donne du sens à la projection théâtrale.
L’artiste en scène pour la circonstance, Mme Suzy Singa de la Cie Sinji, nous invite à découvrir « Aimez-moi », sa création au 44eme Festival culturel de la ville de Fort de France Tjebé Larèl.
Favorablement observée notamment pour son courage et son engagement professionnel, la comédienne s’entoure de trois créatifs de la scène théâtrale martiniquaise dont les expériences ont, à un moment de leur évolution respective, rencontré disent-ils, la force poétique et politique de l’écrivain dramaturge du « Cahier d’un retour au pays natal », du « Discours sur le colonialisme », d’ « Une tempête » et de « la tragédie du Roi Christophe ».

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Avignon 2015 (10) : Dennis Kelly – « Love and Money »

— Par Selim Lander —

love_and_money_avignon_off_2015Dennis Kelly est un dramaturge anglais né en 1970. Sa pièce Love and Money (2006) est sans doute la plus connue à ce jour. Créée en France au Rond-Point par Blandine Savatier, elle fait l’objet d’une nouvelle production par une compagnie de Mulhouse dans une mise en scène d’Illia Delaigle avec sept comédiens. Le titre est trompeur : il est beaucoup plus question de dépenses compulsives, de surendettement, de course à l’argent que d’amour, même si ce dernier, naturellement, n’est pas totalement absent dans cette pièce qui, en dépit de ses apparences un peu folles, se veut une peinture à peine caricaturale de la condition de l’homme (et de la femme) moderne.

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Avignon 2015 (9) : Corps meurtris, esprits troublés – Aïda Asgharzadeh, Côme de Bellescize, Lars Noren, Lacan

—Par Selim Lander —

Quatre pièces sur les corps et les esprits souffrants, que ce soit par suite des ravages de la guerre, d’un accident de la route ou d’une maladie mentale.

Les Vibrants

Les VibrantsCette pièce justement ovationnée par la presse et le public l’année dernière, de retour en Avignon pour une deuxième saison, est celle que nous  classons en premier parmi toutes celles que nous avons vues jusqu’ici. On y trouve tous les ingrédients nécessaires, à notre sens, pour réussir dans un certain théâtre, de moins en moins présent de nos jours, il faut le dire, bien que toujours très prisé des spectateurs : un propos pertinent et prenant, une langue qui n’est ni celle de l’écrit, ni celle de l’oral mais bien celle du théâtre, une histoire bien tournée qui ménage des surprises, des comédiens affutés qui respirent le bonheur de jouer, même dans le malheur, un décor capable de créer l’illusion que nous sommes bien là où dit le texte, sans qu’il ait besoin pour autant d’être réaliste, enfin une musique et des lumières intervenant à bon escient sans nécessairement se faire remarquer.

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Jusqu’où ira le Off d’Avignon?

festival_off_50eme— Par Alexis Campion —
Alors qu’il fête ses 50 ans, ce « hors-festival » est devenu un marché international du spectacle vivant.

« Notre ténacité a payé! Le Off est enfin reconnu pour ce qu’il est, non pas une foire livrée aux appétits de producteurs sans foi ni loi, mais un marché international du spectacle vivant, le seul de notre pays. » Pour le comédien Greg Germain, président du Off d’Avignon depuis six ans, ça y est, « la révolution copernicienne » du plus grand festival dédié au théâtre s’opère. Plus question d’opposer, tels deux frères ennemis, l’honorable In soutenu par l’État et le tonitruant Off qui croît inexorablement sans subvention et bombarde chaque été la Cité des papes de ses milliards d’affiches bariolées. L’utilité publique de la manifestation, qui cette année mobilise 127 lieux en majorité intra-muros (théâtres, chapelles, garages…), programme 1.336 spectacles dont 126 venus de l’étranger, se voit enfin admise par les responsables politiques.
L’ignorance de l’État

Cet été 2015, celui de sa 50e édition, le Off n’aura jamais vu autant d’entre eux défiler dans son « village » : Ségolène Royal, Karine Berger, NKM, Bruno Le Maire, Claude Bartolone, Najat Vallaud-Belkacem… Sans oublier la ministre de la Culture, Fleur Pellerin, « une personnalité atypique et peut-être mieux à même de comprendre ce que nous sommes », note Greg Germain.

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Avignon 2015 (8) : Akapo, Brecht, Carbunariu, Dickens, Kermann

— Par Selim Lander —

Sélection cosmopolite et aléatoire de cinq pièces du OFF dues à des auteurs de cinq pays différents, soit dans l’ordre : le Togo, L’Allemagne, la Roumanie, L’Angleterre et enfin la France.

A petites pierres

A-Petites-Pierres_c Ronan LietardGustave Akopo est né en 1974 au Togo. Sa pièce, A petites pierres a reçu le prix d’écriture théâtrale de Guérande en 2006. Elle est montée par Ewelyne Guillaume avec de jeunes comédiens issus de Kokolampoe, le théâtre école plurilingue installé à Saint-Laurent du Maroni, en Guyane. L’histoire est édifiante. Dans un village africain aux mœurs très austères, une jeune fille fiancée à un jeune homme du village est séduite par un émigré de retour au village, auréolé du prestige du « Parisien ». Leur « affaire » est découverte. Gros émois au village. L’honneur du père, celui du père du fiancé sont bafoués. La règle doit s’appliquer : lapidation pour la fautive et amende pour le fautif. Cependant le séducteur n’est pas celui qu’on croit. Il est révolté par la sanction qui s’abat sur la jeune fille plus innocente que coupable et décide de la défendre.

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Appel : le théâtre paie sa dette à la Grèce !

theatre_grecAristophane, Eschyle, Euripide, Sophocle : Nous proposons de payer notre dette poélitique à la Grèce par une “Agora des mots et des idées“ où les artistes et les citoyens pourront dire à leur manière les mots d’hier et d’aujourd’hui le Jeudi 16 Juillet à 20h30 à la place du Petit Palais d’Avignon.
Nous, hommes et femmes dont le théâtre est une part de notre vie, devons tant à la Grèce.
Notre dette est immense.
Le théâtre et la démocratie sont nés en même temps, et au même endroit, sur l’Agora d’Athènes. Ils ont grandi au cœur de notre continent et du monde. Nous ne perdons pas la mémoire.
Nous croyons en l’Europe, celle du savoir et de l’imaginaire partagé. Nous croyons en l’Europe démocratique, celle où chaque citoyen compte pour un. Nous croyons que la crise actuelle sera demain un levier pour bâtir cette Europe-là, celle qui sera au service d’une mondialité de l’échange et du co-développement.
Nous sommes solidaires des Grecs, nous sommes à leurs côtés. Ils sont notre meilleur soutien pour chasser l’austérité de notre continent et remettre l’être humain et la solidarité au cœur de notre projet commun.

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« Jazz Night » Omer Avital, Arturo Sandoval au Parc Culturel Aimé Césaire

jazz_night-2015Dans le cadre de la 44ème Édition du Festival Culturel de la ville de Fort-de-France , rendez-vous le samedi 18 Juillet 2015 à 18h30 à 00h où soufflera comme un air de Dolce Vita sur Foyal.

Au cœur du Parc Culturel Aimé Césaire , sous les étoiles, en pelouse, gradin ou autour d’une table, embarquez pour la 5ème Édition de la Jazz Night !

Un voyage entre musique et découverte culinaire. Un public de plus en plus nombreux à chaque édition.

Cette année encore le Festival de Fort-de-France propose de voyager au rythme du swing .

A noter la présence cette année encore du Jardin des saveurs , Village Culinaire – possibilité de se restaurer sur place.

Au programme :
-Jug Band Matnik
– Carte Blanche de Jojo Grocravla au menu :
– Saveurs locales en compagnie de Jojo , Alfred Varasse et la plume de la Slameuse Flo.
– Frantz Laurac et Malika Tirolien
– Omer AVITAL ( Israël / USA)
– Arturo Sandoval ( Cuba/USA)

Omer Avital

Parmi les nombreux musiciens israéliens talentueux qui sont apparus sur la scène de jazz du monde au cours des dernières années, Omer Avital se démarque du reste.

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« Civilisation & rythmes des Mornes »

Domaine de Fonds Saint-Jacques : dimanche 19 juillet 2015 à 17 h

max_cilla-2Surnommé «le père de la flûte des mornes, « L’artiste-flûtiste Max Cilla proposera le dimanche 19 juillet au Domaine de Fonds Saint-Jacques, un concept musical inédit entouré de ses musiciens. Un concert dans lequel il mettra en exergue toutes la richesse de l’oralité des mornes et cette relation toute particulière qu’il entretient avec la nature. Ce sera l’occasion pour Max Cilla de partager avec le public le fruit de ses nombreuses expériences artistiques, humaines & spirituelles.
Un concert-événement autour d’un artiste majeur du patrimoine musical martiniquais à ne pas manquer!
Avec :
> Marcé : chant & percussions
> Michel Cilla : tambou-di-bass, guiro,chant
> Sissi Percussions : tambou-bèlè, congas, chant
> Christian Eugenia : congas
> Alfred Varasse : ti-bwa & timbales
> Patrick Féré : guitare basse
> Max Cilla : fl ûtes, guiro & chant
Et de nombreux amis flûtistes & autres musiciens invités…
EN OUVERTURE : le groupe de souffleurs de conques de lambi Watabwi
Concert Hommage à Max Cilla avec MARCÉ en invité spécial !

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« The great disaster » de Patrick Kerman,

MES Anne-Laure Liégeois
Festival d’Avignon, juillet 2015, La Manufacture

the_great_disaster— Par Michèle Bigot —

Voici surement le spectacle le plus original qu’il nous ait été donné de voir dans le off à Avignon ; et aussi le plus audacieux. La gageure repose moins sur le texte que sur la mise en scène, la plus minilaiste qu’on puisse imaginer.
Alors de quoi s’agit-il ? Le texte est le récit par une de ses victimes du naufrage du Titanic, le 14 avril 1912. Giovanni Pastore, travailleur italien clandestin, recruté pour travailler à la plonge, et plus particulièrement pour nettoyer les 3177 petites cuillers, est enfermé dans les troisièmes classes, avec les autres travailleurs qui n’auront pas la moindre chance de s’en sortir et vont périr noyés, prisonniers de la ferraille. Il revient en pensée sur sa vie : descendu des montagnes du Frioul, il va s’exiler comme nombre de ses compatriotes à la recherche d’un avenir meilleur. Il traverse la France où il est fort mal accueilli, l’Allemagne, en changeant de nom au gré des pays traversés : Giovanni Pastore devient donc Jean Berger, John Shepherd, Hans Schäfer, et finit par trouver du travail sur le paquebot Titanic, en route vers l’Amérique de ses rêves.

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Avignon 2015 (7) : Les fâcheux – Koltès, Molière

« Sous quel astre bon dieu faut-il que je sois né
Pour être de fâcheux toujours assassiné ? » (Molière)

Dans la solitude des champs de Coton

Koltès

— Par Selim Lander —

Qui ne connaît le titre, au moins, de cette pièce de Bernard-Marie Koltès montée pour la première fois en 1987 par Patrice Chéreau (auquel justement la Fondation Lambert rend hommage par une exposition en Avignon) ? Dans la solitude des champs de Coton est jouée aujourd’hui et pas par n’importe qui, puisque le comédien dans le rôle du client est celui-là même pour qui Koltès écrivit La Nuit juste avant les forêts et qui l’a créée, en 1977. Mais revenons au Champ de coton. Deux personnages se rencontrent la nuit, dans un lieu obscur : le « dealer » (mais le mot n’est pas prononcé ; il se dit simplement prêt à satisfaire tous les désirs, sans préciser lesquels) et le « client », lequel prétend aller à ses affaires et n’avoir besoin de rien. Il se revendique comme étant du monde d’en haut, où l’on travaille suivant des règles strictes dans des bureaux éclairés à la lumière électrique, contrairement à son interlocuteur qui se plaît dans la noirceur et se livre à des trafics de toute façon inavouables.

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Femme non rééducable

De Stéphano Massini
MES : Vincent Franchi

— Par Michèle Bigot —

femme_non_reeducableLa compagnie Souricière, créée en 2008 avec la vocation de défendre un théâtre de texte, s’est lancée avec Marat-sade de Peter Weiss en 2009. Après l’avoir présentée en octobre 2014 au théâtre de Lenche à Marseille, elle nous propose aujourd’hui, au théâtre du Balcon, dans le cadre du off du Festival d’Avignon, Femme non-rééducable, une pièce de Stéphano Massini.
Cette pièce a été jouée naguère dans une mise en scène d’Arnaud Meunier , avec Anne Alvaro dans le rôle d’Anna. Dans cette nouvelle mouture, mise en scène par Vincent Franchi, elle est magistralement interprétée par la comédienne Maud Narboni, endossant avec ferveur le rôle d’Anna Politkovskaïa, et son comparse Amine Adjina, qui lui donne la réplique dans tous les autres rôles.
Proche du théâtre documentaire dont elle hérite la structure fragmentaire, la pièce n’en reste pas moins une véritable tragédie dans sa composition, son intensité dramatique et la force de son héroïne, qui rejoint les grandes figures de la tragédie grecque, les grandes sacrifiées au pouvoir d’Etat : en voyant la passion de la vérité qui l’anime on pense à Antigone ; le sacrifice de soi évoque Alceste.

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