Catégorie : Arts de la scène

M’appelle Mohamed Ali

m_appelle_mohamed_aliÉtienne Minoungou ressemble à Mohamed Ali ; Dieudonné Niangouna et Jean Hamado Tiemtoré aussi. Si les deux premiers partagent des traits et une allure physiques, les quatre hommes ont en commun la combativité quotidienne que réclament l’affirmation de soi et le dépassement des frontières. Souple, agile et précis comme celui qui gagna des médailles sur le ring et la liberté depuis les tribunes, Étienne Minoungou entrecroise la parole de la figure mythique qu’est devenu Cassius Clay avec celle des créateurs africains d’aujourd’hui que sont, comme lui, l’auteur et le metteur en scène du spectacle. À « mi-vie », le Congolais Dieudonné Niangouna et le Burkinabé Étienne Minoungou entendent visiter l’engagement du boxeur et leur propre démarche.

Victorieux puis déchu, Mohamed Ali reconquiert son titre grâce à la ferveur collective qu’il a insufflée. Qu’en est-il des artistes africains qui, parcourant le monde, sont eux aussi les ambassadeurs d’un continent toujours mis au défi ? La pratique des hommes de culture, comme celle du boxeur, ne peut se départir d’une lutte politique. Le choix d’être africain et la décision d’en porter la fierté demandent de croire en soi et d’initier des actes de résistance.

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Annabel Guérédrat, vamp pudique et sauvage

Par Selim Lander

« La vie est trop courte : je l’approfondis par l’art », Valeska Gert

Annabel GuérébratTrès bonne surprise que ce Valeska and you, la performance d’une talentueuse Martiniquaise qui pourrait en remontrer à beaucoup de grandes. Un spectacle en « petite jauge », tous les spectateurs – chanceux d’avoir obtenu une place – installés pour la circonstance sur la scène de la grande salle de l’Atrium. On peut toujours se tromper mais si Annabel Guérédrat ne parvient pas à percer, c’est que de bien méchantes fées se seront mises en travers de sa route. Quoi qu’il en soit, merci à la nouvelle scène nationale de Martinique de nous l’avoir fait connaître (et l’on prend déjà des réservations pour son prochain spectacle !)

Son projet – évoquer le personnage d’une danseuse cabarettiste du Berlin des années vingt (juive de surcroît) – n’était pourtant pas a priori de ceux qui nous séduisent le plus. Il faut dire que nous avions été récemment échaudé, dans un lieu pourtant prestigieux, le Pavillon Noir de Preljocaj, à Aix-en-Provence, par la prestation d’une danseuse qui s’efforçait de faire revivre sans grand succès la comtesse de Castiglione, un personnage a priori intéressant (maîtresse des plus grands de son époque, dont l’empereur Napoléon III, puis choisissant une complète réclusion lorsque la beauté l’a quittée).

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Ravi Coltrane : « Le jazz a toujours été lié aux changements sociaux »

— Entretien réalisé par 
Pierre Barbancey —-

« Je pense que notre musique, le jazz, est liée aux autres formes populaires de musique. »

Ravi Coltrane, le fils de John Coltrane, saxophoniste lui-même, se produit en France à partir du 5 novembre. 
Rencontre à l’issue d’un concert à New York au mythique Village Vanguard.

New York (États-Unis), envoyé spécial. C’est au mythique club de jazz de New York le Village Vanguard (qui fête cette année ses 80 ans, créé en 1935 !) que nous avons rencontré Ravi Coltrane, à l’issue d’une semaine de sets. Dans cette même salle, son père, John Coltrane, a joué et enregistré des concerts qui restent dans les annales du jazz.

Pas facile de sortir de l’ombre de ce musicien génial. Et pourtant, Ravi y est parvenu avec le même instrument, le saxophone, en préférant aux orages de son de subtiles lignes mélodiques.

En 2015, est-ce que le jazz a la même place, la même importance dans la société qu’il pouvait avoir il y a quarante ou cinquante ans ? Qu’est-ce qui est différent ?

Ravi Coltrane C’est difficile à dire.

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La danse, comme une résurrection !

– Par Janine Bailly –

AnabelGUEREDRAT-BoxeValeska and you, présenté au centre d’un cercle magique sur le plateau de la salle Aimé Césaire, pour un public forcément restreint en raison de cette disposition particulière, ne ressemble à rien de ce que personnellement j’ai déjà pu voir dans le domaine appelé « danse ». Je pourrais donc qualifier cette performance à l’aide de l’expression  « Objet artistique non identifié ». De ce moment intense, on ne ressort pas indemne, mais bien plutôt interpellé (ainsi que le suggère déjà le titre), secoué, bouleversé dans ses certitudes et ses convictions. Et si l’art a pour fonction de nous réveiller, Annabel Guérédrat, « lanceuse d’alerte » par son corps, ses paroles, ses chants, par les textes aussi qu’elle choisit de nous dire, atteint cet objectif au-delà de toute espérance !

Aux pourtours du cercle attendent vêtements, chaussures et accessoires qui seront tour à tour et à tour de rôle utilisés puis rejetés, certaines scènes étant interprétées seins nus, et cette nudité voulue, en écho à l’énergie déployée, apporte au spectacle une intensité, une poésie et une émotion accrues.

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«Paco de Lucía, la búsqueda»

— Par Myriam Barthélémy —

paco_de_lucia-400Brillant hommage rendu à Paco de Lucia*, ce documentaire réalisé par son fils retrace le destin musical et artistique du génie de la guitare flamenco disparu en 2014. Avec les témoignages exceptionnels de Chick Corea, John McLaughin, Jorge Pardo ou encore Rubén Blades.

« Paco de Lucía no es ni flamenco ni músico, sólo tiene unos dedos listos« , cette citation du père de la guitare classique Andrés Segovia pourrait être le point d’entrée de ce magnifique documentaire dirigé par le propre fils de l’artiste Paco de Lucía.
Guitariste au talent exceptionnel, « Le » meilleur de tous le temps, ce qui frappe le spectateur c’est avant tout la force d’un homme effronté, audacieux, discret et doté d’une immense humilité qui a revendiqué toute sa vie et dans le monde entier ses racines andalouses et gitanes.
Parmi les mille mots, substantifs, adjectifs, qui pouvaient être choisis pour donner un titre à ce documentaire, pourquoi lui offrir seulement le mot « la busqueda » la recherche ? , ce mot sonne dans l’oreille du spectateur comme une ouverture, un désir à tout jamais inassouvi, celui d’atteindre la perfection absolue de la part de l’artiste lui-même.

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« La nuit des assassins » de José Triana, mise en scène Ricardo Miranda

Au T.A.C. les 19, 20 & 21 novembre 2015 – 19h30

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Une mise en scène de Ricardo Miranda d’un texte de José Triana.
Avec :
Caroline Savard: Beba
Astrid Mercier: Cuca
Guillaume MaIasné: LaIo

Compagnie L’Autre bord

Résumé

Dans la cave de La maison familiale, Cuca, Lalo et Beba jouent à mettre en scène le meurtre de leurs parents. Victimes d’une éducation castratrice et répressive, ils utilisent le jeu symbolique pour soigner leurs plaies toujours béantes.
Ils créent un artefact théâtral dans lequel ils interprètent leur propre rôle, ceux des parents et aussi des personnages liés au présumé parricide de la rue Apodaca. Emprunter l’identité des autres personnages devient alors un moyen d’exorciser leurs démons et de révéler la nature et la genèse du conflit.

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Cemetery of Splendour : ensorceleur, radical, zen, drôle, spirituel, énigmatique…

Mercredi 18 novembre à 19h30. Séances VO de Tropiques-Atrium à Madiana.

Apichatpong Weerasethakul – Thaïlande – 2cemeteru_of_splendourh02 – 2015

Sélection Un certain Regard Festival de Cannes 2015

Synopsis :
Des soldats atteints d’une mystérieuse maladie du sommeil sont transférés dans un hôpital provisoire installé dans une école abandonnée. Jenjira se porte volontaire pour s’occuper de Itt, un beau soldat auquel personne ne rend visite. Elle se lie d’amitié avec Keng, une jeune médium qui utilise ses pouvoirs pour aider les proches à communiquer avec les hommes endormis.

Un jour, Jenjira trouve le journal intime de Itt, couvert d’écrits et de croquis étranges. Peut-être existe-t-il une connexion entre l’énigmatique syndrome des soldats et le site ancien mythique qui s’étend sous l’école ? La magie, la guérison, la romance et les rêves se mêlent sur la fragile route de Jenjira vers une conscience profonde d’elle-même et du monde qui l’entoure.

Critikat.com

Par Morgan Pokée: Il faut reconnaître à Apichatpong la douce puissance inébranlable de son cinéma, son audace souveraine et son amour pour les récits de maladie tropicale.

Le Nouvel Observateur

Par Nicolas Schaller :« Tout film qui peut être décrit par des mots n’en est pas un », disait Antonioni.

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Gwoka : 1er anniversaire de l’inscription au patrimoine culturel immatériel de l’humanité

gwoka_unescoSamedi 21 novembre 2015
9h00-12h30 / 14h30-17h30 au Centre Rèpriz, 2 rue Dubouchage à Pointe-à-Pitre
SEMINAIRE : COLLECTE, ARCHIVAGE ET VALORISATION DU PATRIMOINE CULTUREL IMMATÉRIEL : ENJEUX ET PROBLÉMATIQUES DU TERRAIN
9h-9h30 : Mots de bienvenue et tour de table
9h30-10h45 :
> La collecte du PCI à travers les actions de sauvegarde du Centre Repriz Intervention de Dominique Cyrille, Docteur ès Musicologie de l’Université Paris-IV Sorbonne, Maître de Conférence Department of African and African-American Studies, Lehman College – City University of New York (CUNY), Responsable de la mission Patrimoine au Centre des Musiques et Danses Traditionnelles de la Guadeloupe.
> La valorisation du PCI par la Médiathèque Caraibe (LAMECA) du Conseil Départemental de la Guadeloupe – Intervention de Gustave MICHAUX-VIGNES, Responsable de l’Espace Musique et Cinéma à la Médiathèque Caraïbe
> La collecte du PCI à travers les archives sonores : l’expérience de la phonothèque de la MMSH (Maison Mediterranéenne des Sciences de l’Homme) – Intervention de Véronique GINOUVES, Responsable des archives sonores de la MMSH – Aix-en-Provence, Ingénieure de recherche CNRS – 1re classe.

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Lazare : « Artistes, mettez les yeux 
en face des cœurs ! »

Par Lazare, auteur dramatique, metteur en scène
Aujourd’hui, je pense avec inquiétude à tous ceux, issus de l’immigration, qui ne cessent d’être stigmatisés, inévitablement excédés par la façon dont ils sont perçus. Les extrémistes m’inquiètent mais tout autant la fascination terrible qu’ils peuvent exercer, et le regard qu’on va poser sur ceux qui sont déjà séparés.
Il y a trois jours, j’ai tourné des séquences d’un film à Pantin, avec le cheval Arto et Olivier Martin-Salvan. Je savourais le plaisir d’être avec un cheval, un acteur généreux et Netty, Victorine et Nicos, parmi les gamins de Pantin. Un homme avec tous les signes du religieux est venu me voir et m’a dit : « Ça va être l’apocalypse. »
Il savait la catastrophe à venir.
Le jour était trop beau et, immédiatement dans ma peau, j’ai senti ses inquiétudes. Vendredi soir, j’ai pleuré et je me sentais succomber. Des hommes ont tué. D’autres sur le sol où palpite le sang, et la vie s’éloigne d’eux, les lèvres entrouvertes sur des dernières paroles d’incompréhension.
Je me réveille ce matin et ces événements se sont réellement passés.

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Les inédits de Frantz Fanon

— Par Michel Herland —

Fanon Inédits« Nous sommes les uns et les autres trop éloignés de soi-même, trop à la dérive dans les choses… c’est au sein des choses, de l’objet que nous nous retrouverons. »[1]

Frantz Fanon, Écrits sur l’aliénation et la liberté. Textes inédits réunis, introduits et présentés par Jean Khalfa et Robert Young, Paris, La Découverte, 2015, 678 p., 26 €.

Tous les Fanoniens, et au-delà tous ceux qui souhaitent mieux connaître le militant exemplaire de la lutte anticoloniale, le « guerrier-silex » de Césaire[2], vont devoir se précipiter sur un ouvrage désormais indispensable. Ce gros recueil présente les diverses facettes de l’œuvre de Fanon, à l’exclusion de l’homme intime : la médecine psychiatrique, la politique et – plus inattendue – la littérature, puisque il fut aussi, pendant ses années d’étudiant, l’auteur de deux pièces de théâtre (L’œil se noie et Les Mains parallèles). Les textes rassemblés dans ces Écrits ne constituent pas toujours des « inédits » au sens strict : une thèse de médecine est « publiée » et a fortiori les actes d’un congrès médical ou des articles d’El Moudjahid.

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« Crime et Châtiment » et quelques considérations sur le spectateur de théâtre

— Par Selim Lander —

crime et châtimentAdapter Crime et Châtiment de Dostoïevski au théâtre : pas facile. Virgil Tanase, cet écrivain d’origine roumaine que l’on connaît par ailleurs pour ses romans, l’a fait et bien fait. Son adaptation qu’il a lui-même mise en scène enchaîne les principales scènes du livre sans aucun temps mort, les protagonistes de la scène suivante étant déjà présents sur le plateau lorsqu’une scène s’achève. Les costumes ont leur importance, s’agissant d’un texte de la fin du XIXème siècle. V. Tanase a demandé à sa costumière habituelle – il n’en est pas en effet à sa première expérience théâtrale – Doïna Levintza, roumaine comme lui, des « costumes d’époque simplifiés », comme cela est de plus en plus fréquent. Idem pour le décor. Le théâtre est fait de conventions et l’expérience prouve que celles-là sont facilement acceptées par le spectateur. Il serait d’ailleurs intéressant d’expliquer précisément pourquoi car cela touche à la nature même du théâtre, ce en quoi il se distingue essentiellement du cinéma (on n’imaginerait pas en effet un « film d’époque » avec des costumes et un décor approximatifs).

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Mort d’Allen Toussaint, piano pivot de La Nouvelle-Orléans

— Par Sylvain Siclier —
allen_toussaintCélébré par Bob Dylan, Dr. John ou les Rolling Stones, le musicien s’est éteint le 9 novembre. Il avait 77 ans

Lors d’une rencontre, en 1993, notre confrère Thomas Sotinel avait qualifié Allen Toussaint de  » personnage central de la musique noire-américaine « . Le pianiste, chanteur, producteur, arrangeur, orchestrateur et auteur-compositeur, mort lundi 9 novembre, à l’âge de 77 ans, à Madrid, avait de fait à son actif plusieurs centaines de chansons – dont une majorité enregistrées par d’autres que lui – et des collaborations avec tous ceux qui comptent dans sa ville natale, La Nouvelle-Orléans (Louisiane).

Et parmi d’autres vedettes de la pop et du rock, Paul Simon, Bob Dylan, Paul McCartney ou Elvis Costello l’ont régulièrement célébré. Les raisons de la mort du musicien, survenue après un concert de sa tournée européenne, n’ont pas été indiquées dans le communiqué diffusé par sa famille.

Auréolé de la reconnaissance de ses pairs, suivi par un public d’amateurs, Allen Toussaint reste pourtant un musicien peu connu en dehors de son pays. Sa discographie personnelle est peu abondante, une quinzaine d’albums sous son nom comme instrumentiste et chanteur depuis le premier, From a Whisper to a Scream en 1970.

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« Des doutes et des errances»… de la théâtralité ?

— Par Roland Sabra —

des_doutes_&_des_errances-3« La théâtralité, c’est le théâtre moins le texte ». On connaît la formule, approximative et qui dans ce raccourci déforme la pensée de son auteur plus attaché qu’il n’y paraît à l’équilibre entre scène, texte et présence du spectateur. Qu’un de ces trois pôles disparaisse, s’effondre ou simplement faiblisse et il n’y a plus de représentation théâtrale. C’est qui est arrivé à « Des doutes et des errances » la pièce de Gerty Dambury, mise en scène par Jalil Leclaire et présentée au public martiniquais le 07/11/2015.
Peu après la grande grève de 2009 en Guadeloupe Gerty Dambury écrit une pièce de théâtre «  Les Atlantiques amers » dans laquelle sept personnages  échangent, s’interrogent s’affrontent, de part et d’autre de l’océan, à propos de ce mouvement qui dans son antienne «  « La Gwadloup sé tan nou, la Gwadloup a pa ta yo, yo péké fè sa yo vlé an péyi an nou » pose clairement faute de pouvoir y répondre la question de l’identité. Qui est ce « nou » ? et par conséquence qui est ce « yo » Quelles en sont les composantes ?

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Abd Al Malik met de l’électro dans son rap pour mieux vibrer

— Entretien réalisé par Victor Hache —

abb_al_malikLe rappeur-slameur, qui a grandi dans le quartier de Neuhof à Strasbourg, continue d’ouvrir des voies originales et sort « Scarifications ». Un album au flow détonnant, réalisé par le DJ Laurent Garnier, qui mêle hip-hop radical aux contours littéraires et musiques technoïdes teintées de spleen.

Depuis les débuts de sa carrière solo, l’ancien membre du groupe de rap NAP ne cesse d’étonner par son talent et son inventivité. Il le prouve une fois encore avec un nouvel album, Scarifications (Label Pias.) où se mêlent scansion hip-hop et musique électronique. Soit un rap qui claque, un flow radical aux contours underground, où Abd Al Malik fait vibrer les mots comme jamais, galvanisé par l’univers électro du très créatif Laurent Garnier. Ici, rien n’est plaqué. Tout n’est que fusion et dialogue entre deux planètes où sonorités technoïdes et rap dessinent des territoires emplis de pépites. Un registre bouillonnant qui sollicite constamment l’auditeur par des rimes aux nombreuses références littéraires et un verbe détonnant où la surprise est constante, avec, en prime, deux beaux hommages à Daniel Darc et à Juliette Gréco.

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« Crime et châtiment », mise en scène Virgil Tanase

Au T.A.C. de Fort-de-France les mercredi 11, jeudi 12, vendredi 13, samedi 14 novembre 2015 – 19h30 crime_&_chatiment

Compagnie TADA avec :

Serge Le Lay, Thibaut Wacksmann, Arthur Toullet, Morgan Perez, Laurence Guillermaz , Liana Fulga, Noémie Daliès, Laurent Le Doyen, Barbara Grau
Résumé
Un meurtre odieux a été commis. Porphyre Petrovitchi, juge d’instruction, soupçonne un jeune étudiant en droit, Raskolnikov, qui, dans ses articles, exalte le crime au bénéfice d’une cause supérieure. Plutôt que de le confondre sur le terrain du droit, vulgaire et insignifiant, qui transforme l’enquête en un jeu où gagne le plus habile dans la manipulation des arguments, par un processus aussi palpitant qu’une intrigue policière, il conduit le suspect vers ces zones de la conscience où le meurtre est insupportable car il détruit la raison d’être de l’homme en tant qu’homme. Autour de ce noyau, gravitent plusieurs personnages dont chacun offre une image édifiante de la difficulté de vivre, et dont le destin particulier parlicipe au cheminement qui conduit Raskolnilkov aux aveux. De la mort d’un ivrogne qui rêve du pardon de Dieu à la folie de sa femme, de la passion amoureuse de Svidrigaïlov, qui finit par se tuer, à la détresse de Sonia, obligée de se vendre pour secourir ses parents, et de l’exaltation de Raskolnikov à celle de sa sæur qui tire deux balles de revolver sur l’homme qu’elle aime justement parce qu’elle l’aime, il est rare de trouver en littérature – et sur scène également – un tel tableau d’une
condition humaine d’autant plus tragique qu’elle est l’expression de I’impuissance des individus de vivre selon le grain de lumière qui est en eLlx et qu’ils considèrent cornme leur bien le plus précieux.

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« Des doutes et des errances » de Gerty Dambury.

Topiques-Atrium le 07 novembre 2015  à 20 h

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Représentation du 06/11 annulée en raison des intempéries!

Poète, dramaturge et metteuse en scène, elle est née à Pointe-à-Pitre. Son écriture, marquée par son pays, décrit un pays qui oscille entre colère, violence, folie et indulgence, sourires devant l’adversité. Directrice artistique de la La Fabrique insomniaque, elle a publié une dizaine d’ouvrages.
Suzanne, Lucie et Jo – trois amis de longue date, comédiens et auteurs/metteurs en scène, vivant à Paris – se retrouvent pour répéter une nouvelle pièce, Les Atlantiques amers, qui traite essentiellement d’un grand mouvement social ayant eu lieu dans leur pays d’origine, la Guadeloupe.
C’est l’occasion de se redire leur affection mais aussi de laisser éclater les tensions qui règnent entre eux, les jalousies, leur colère, leur frustration de ne pas voir émerger ce dont ils rêvent tant dans le monde clos du théâtre que sur la scène politique et sociale de ce pays aimé à distance.
La crise a pour point de départ cette « vérité » qui, pour Suzanne, divise le monde en deux parts irréconciliables : « eux » et « nous ».

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« Armine, sister » dans une mise en scène de Jaroslaw Fret

— Par Michèle Bigot —

Le spectacle est précédé d’une rencontre avec Ludwig Flaszen, animée par Georges Banu, avec Thomas Richard et Jaroslaw Fret. La rencontre est suivie de la projection de la captation cinématographique d’Akropolis, mis en scène par Jerzy Grotowski, à Wroclaw en 1962.

Grotowski aujourd’hui encore
La rencontre organisée par Ph. Adrien autour de Ludwig FLashen est un hommage à Grotowski, dont l’occasion était offerte par la publication du livre de L. Flaszen intitulé Grotowski et l’invitation au Théâtre de la Tempête de la « performance theâtrale » de Jaroslaw Fret. L. Flashen, critique dramatique et écrivain, est une des personnes les plus autorisées à témoigner de l’histoire et des pratiques théâtrales de Grotowski, puisque, dans les années 1950, il fut avec lui à l’origine de la création du Theâtre des 13 rangs à Opole, qui deviendra le Teatr Laboratorium. C’est donc un grand moment d’émotion pour les spectateurs parisiens d’assister à cette rencontre et d’entendre de vive voix ses souvenirs et son témoignage. C’est aussi l’occasion de constater que la voie ouverte par Grotowski est poursuivie par ses disciples non moins en Pologne (ce dont témoigne le travail de Jaroslaw Flet autant que ses propos) que dans l’ensemble de l’univers du théâtre occidental.

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Drépaction Martinique 2015 : du 08 au 15 novembre 2015

drepaction_concertDrépanositoz, sé zafè nou tout !

Le Drépaction s’installe en Martinique !

La drépanocytose : cette pathologie méconnue due à une anomalie de l’hémoglobine a le triste privilège d’être la maladie génétique la plus répandue dans le monde et aussi la plus mal connue. Elle touche, en Martinique, 2 000 malades et plus de 40 000 porteurs sains avérés, c’est-à-dire des transmetteurs.
Sur le plan national, 1 enfant naissant sur 2 546 est atteint par la forme la plus grave de ce fléau. Conséquences : une morbidité excessive et des crises extrêmement douloureuses qui plongent le malade dans un abyme de souffrance physique et morale, une espérance de vie du malade amputée au moins de 30 ans et un absentéisme récurrent pour les écoliers et les salariés…
La drépanocytose est galopante et en dehors des populations dites à risque, de par le métissage, elle commence à concerner tout le monde. Elle a été classée en quatrième priorité de santé publique et une journée mondiale lui a été consacrée. Pourtant, on en parle peu et la maladie continue de faire des ravages.

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Les coups de coeur de Fara C.

— Par Fara C. —

Le rappeur sud-africain Tumi et le trio marseillais Chinese Man poursuivent leur fructueuse collaboration, le vingtième album d’Alpha Blondy, « Positive Energy » et la ballade suave, savoureuse country, funk fulminant de la chanteuse américaine, Lizz Wright.

Lizz Wright, suave

La chanteuse américaine présente Freedom & Surrender, son premier album chez Concord. Le joaillier Larry Klein, producteur du CD, a serti d’or et de pénombre cette voix aux harmonies profondes et à la sensualité retenue mais saisissante. Ballade suave, savoureuse country, funk fulminant… En tout contexte, la chanteuse puise avec justesse dans les émotions et, comme en Freedom, ne renonce jamais à ses rêves de justice.

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Tartuffe en gospel singer?

— Par Roland Sabra —

gospelLa demande de réservation de la salle Aimé Césaire du Tropiques-Atrium avait été faite de façon orale en juin 2015 auprès de Steeve Zebina, renouvelée au téléphone en juillet et août 2015 auprès de Bernard Lagier puis par un mail privé le 17 septembre auquel il fût répondu le jour même que les dates des 13 et 14 novembre étaient retenues sous réserves d’identification précise de la demande. Le 12 octobre 2015, tout juste un mois avant les concerts, Daniel Robin, en tant que «simple bénévole» de l’Association Caribbean Gospel Festival mais par ailleurs Deuxième Vice-Président du Conseil Régional, Vice-Président de la commission des affaires financières et du budget, Président de la commission Éducation, Formation Professionnelle, Président du Centre caribéen des Arts et Directeur Général de Madiana, etc. dévoile le projet et se présente comme le seul interlocuteur et le garant financier des événements. Il s’agit bien de deux concerts de l’Association Caribbean Gospel Festival présidée par Jocelyne GOMA dont le site qu’elle dirige avec son pasteur de mari précise : « Après avoir commencé une carrière dans le commerce international, elle se consacre pleinement à sa vocation de pasteur aux cotés de son mari avec qui elle fonde le Centre du Réveil Chrétien, le Gospel Festival de Paris et le Caribbean Gospel Festival.

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Festival de Théâtre de La Havane

festival_theatre_la_havaneChaque édition du Festival de Théâtre de La Havane organise des moments dédiés aux conférences magistrales, aux espaces théoriques et aux ateliers. Cette année, l’art de la mise en scène est le point de départ pour repenser les manières de faire du théâtre dans notre pays ainsi que les nouvelles tendances et les reconfigurations de l’art des planches dans l’actualité.

Diverses scènes sont les sièges de ces débats théoriques qui ont commencé hier avec la projection du documentaire Tell me lies, de Peter Brook, à qui l’évènement est dédié, dans le cinéma Charlie Chaplin.

Aujourd’hui, la salle Villena de l’Union des Écrivains et des Artistes de Cuba (UNEAC), accueillera une réflexion sur les 30 ans de travail de la compagnie théâtrale Buendía, une compagnie à qui l’on rend aussi hommage dans l’évènement. Avec la question : « Comment continuer de faire un théâtre d’aujourd’hui ? » plusieurs artistes, metteurs en scène et théoriciens dialogueront sur le savoir-faire théâtrale de l’Île.

Des thèmes tels que le théâtre latin aux États-Unis, le théâtre mexicain contemporain, la performance et les politiques culturelles dans le théâtre cubain seront des motifs et des points de rencontres pour les participants durant tout le Festival.

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Mick Jagger révolutionne le monde depuis Cuba

— Par Michel Hernández —
Traduit par Alain de Cullant.
La présence de Mick à La Havane transcende la simple note de couleur et se convertit en fait culturel qui ouvre un nouveau chapitre dans l’héritage émotionnel des Cubains leur permettant de rêver à un grand concert des Rolling Stones dans l’Île.

Mick Jagger a volé les titres dans les journaux et les chaînes de télévision de la moitié du monde. Le leader et chanteur des Rolling Stones a été nouvellement à la une, non pas pour un de ses concerts avec les mythiques Rolling, ni pour ses shows explosifs dans lesquels, à 72 ans, il bouge comme un jeune de 15 ans tandis qu’il semble qu’on lui parle à l’oreille de l’esprit de James Brown ou d’Elvis Presley.

Mick Jagger a été nouvelle ni plus ni moins que pour sa première visite à La Havane, qui a été publiée dans l’édition numérique du journal Granma, faisant le tour du monde et pour les milliers de fans cubains des Stones qui, depuis des décennies, se couchent en rêvant d’un concert dans l’Île de la bande commandée depuis 50 ans par Mick et le guitariste Keith Richards.

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« D’une rive à l’Autre » à Fonds St-Jacques : un régal !

— Par Roland Sabra —

Régal : de l’ancien français gale «réjouissance».
Un régal et on pourrait ajouter inouï, au sens éthymologique du terme ( qu’on n’a jamais entendu). Voilà ce qui a été offert au public nombreux de la Purgerie de Fonds Saint-Jacques lors de la restitution de la résidence et première création musicale «  Dune rive à l’Autre ce samedi 31 octobre 2015. De l’ océan Atlantique à l’océan indien avec l’Afrique au cœur et la Caraïbe en tête, entre tablas, sitar, tambour bèlè, piano, contrebasse, instruments à vents et batterie, balancé par les chants, le concert a été la célébration d’un universalisme musical et interculturel emprunt de douceur de poésie, d’humour, de bonheur partagé.
Au centre du dispositif ils sont deux, complices depuis longtemps : Subrata De, sitariste chanteur, venu de New Delhi avec sa science de l’instrument, son sens aigu de l’improvisation son aptitude à transmettre des émotions et Nantha Kumar,né à Singapour, son partenaire de jeu, aux tablas et aux chants, leader d’une formation pluriethnique, avide de dialogues et d’échanges entre grâce et puissance. Coté cour, comme on dit au théâtre, Philippe Gouyer-Montout dit «  Philo », voix, danse et tambour bèlè, délaissait pour l’occasion sa formation Kanigwé et célébrait les épousailles des rythmes traditionnels martiniquais avec ceux venus d’Asie et passés au tamis des champs de coton.

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Les Villes des Musiques du Monde célèbrent l’esprit de tolérance de l’Al-Andalus

— Par Fara C. —

Fiesta sévillane, superbes concerts et créations, ateliers de cuisine, spectacles pour enfants… Le festival du 9-3 invite à la rencontre, sous un seul étendard : celui de notre humanité partagée.

Au son joyeux des guitares flamencas et gitanes, le public a inauguré, le 10 octobre, le 16e festival Villes des Musiques du Monde, lors de la Canal’cade. Cette croisière musicale sur le canal de l’Ourq, du quai de la Loire au débarcadère à la Porte d’Aubervilliers, vise à relier Paris et la périphérie.

Cette édition, sous-titrée « Les Andalouses », souhaite raviver l’esprit de tolérance de l’Al-Andalus, qui rassembla les terres de la péninsule Ibérique sous autorité musulmane de 711 à 1492, et où les savants et artistes musulmans, juifs et chrétiens, grâce à leurs échanges, firent d’Al-Andalus un foyer culturel européen.

La parade andalouse a amené le public au Magic Mirror d’Aubervilliers, où plus de six cents spectateurs ont découvert la création « Les Andalousies – du Bosphore à Gibraltar ». Le festival s’attache à faire découvrir le quartier de Saint-Denis, surnommé « la petite Espagne », bâtie au gré des vagues d’immigration espagnole.

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Karavan’Karaïb : « Autour d’Écritures Féminines », les enjeux de pouvoir.

karavan_karaib-lecturesBelle soirée de lecture théâtrale et littéraire le 29/10/2015 à Tropiques-Atrium.
Les intempéries et les travaux en cours sur la terrasse du bâtiment avaient déplacé la lecture dans la «  Case à vent » pleine à craquer d’un public de tout âge, plutôt féminin, attentif et passioné, « professionnels » et amateurs confondus.

Énigme du théâtre ? Magie de la mise en scène ? Miracle de l’interprétation ? le texte de Laura Clerc déjà mis en scène avec réussite dans « Embouteillages » au lycée Schoelcher et présenté cette fois dans une lecture en demi-teinte ouvrait la soirée.
« Je me souviens des chèvres »de Marie-Thérèse Picard, un superbe texte qui « parle des guerres, comme des situations de crise où héros et bourreaux se confondent, partageant la bravoure et la violence. » nous a fait toucher du doigt ce que pourrait être le théâtre radiophonique en Martinique. Texte poignant, bouleversant, poétique refusant tout manichéisme l’auteure l’a construit à partir d’un événement familial : sa grand-mère à la veille de sa mort lui raconte que pendant la Seconde Guerre mondiale, elle avait été dénoncée par son propre mari, bien plus âgé qu’elle pour avoir nourri des résistants.

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