— Par Roland Sabra —
La brise rafraîchit. L’ Alyzé, comme son nom l’indique est lisse, régulier, poli et délicat. La bise est glaciale. Le cyclone tourne en rond et quand il se conjugue au pluriel il tourne en rond jusqu’à l’ennui. Trève de poncifs. De quoi s’agit-il dans Cyclones la pièce de Daniely Francisque mise en scène par Patrice Le Namouric dont la première a eu lieu au Pitt Colonnette à Ducos ? Sous les tropiques à l ‘approche d’un cyclone une femme solitaire, Léna, se barricade dans sa maison quand une autre femme plus jeune frappe à sa porte, lui demande refuge et se présente comme étant Aline, sa sœur. On découvrira qu’elle est sa sœur et plus encore…
Ce « plus encore », que l’on devine assez rapidement, « explique », selon la mise en scène, la déréliction de Léna, ses mouvements saccadés, ses gestes d’automates, son corps plié, cassé, broyé, son agressivité, sa violence verbale et physique, cette voix de petite fille qui surgit du fond de ses entrailles, son penchant pour la divine bouteille. Figure absolue de la victime, enfermée dans la perte de sa raison elle tourne en rond entre les quatre planches de sa baraque, entraînant sa « plus que sœur » au creux de sa folie.
Catégorie : Arts de la scène
Cinéma
« Substitute » un film de Fred Poulet & Vikash Dhorasoo
Mardi 2 février à 19h. Tropiques-Atrium
Synopsis :
L’histoire commence le 6 avril 2006. Fred Poulet propose au footballeur Vikash Dhorasoo de lui confier deux caméras super 8, pour qu’il filme son quotidien jusqu’au 9 juillet, date de la finale de la Coupe du Monde de football à Berlin. Ensemble ils écriront le film au jour le jour, au Havre, à Paris, puis en Allemagne, dans des chambres d’hôtel, dans le bus ou au téléphone. Un peu dans les Stades aussi. Vikash Dhorasso jouera 16 minutes lors de cette Coupe du Monde à rebondissements qui verra l’équipe de France atteindre la finale pour la 2e fois de son histoire.
Substitute est le journal intime de ce « douzième homme ».
La presse en parle :
Si la mélancolie et la frustration transpirent sur la pellicule super-8, l’humour n’est pas absent lors de certaines séquences. A voir !
(…) ceux qui traquent l’aventure humaine derrière l’enjeu des matchs, apprécieront cette forme inédite de témoignage, à mille lieues du prémâché médiatique qui entoure le sport de haut niveau (…) Substitute donne un petit coup de frais…
A des années-lumière des images high-tech qui accompagnent d’habitude la couverture télé du ballon rond, Substitute surprend et rafraîchit par sa modestie et sa sincérité.
Cinéma
Hommage à Jacques Rivette
C’est un immense cinéaste, le plus secret sans doute de la « bande des quatre » de la Nouvelle Vague, qui vient de nous quitter. Jacques Rivette est parti ce matin. Je veux dire à sa famille et à ses proches toute mon émotion, toute ma tristesse.
Jacques Rivette ne se contentait pas de faire du cinéma : il le vivait. Entre l’ancien assistant de Jean Renoir et la pellicule, un corps-à-corps, ou presque, s’installait. Cette façon qu’il avait de rendre le temps si palpable en l’étirant à volonté était tout simplement introuvable ailleurs. Remémorons-nous un instant Out 1 ou Céline et Julie vont en bateau. Le cinéma s’y donne à nous comme expérience, dans tous les sens du terme : ce sont des fragments de vie qui s’en exhalent. Ce sont des audaces formelles qui sont éprouvées. C’est l’existence qui se donne à voir comme celle du funambule qui marche sur son fil : l’existence comme perpétuelle mise en danger de soi.
Depuis Le coup du Berger, qui contribua à lancer la Nouvelle Vague, Rivette expérimente, et nous laisse expérimenter avec lui.
Théâtre
« Cyclones » de Daniely Francisque
Samedi 30 janvier 2016 à 19h au Pitt Colonnette à Ducos*
Synopsis
Par une nuit de cyclone, une femme solitaire se barricade dans sa case délabrée, lorsqu’une jeune étrangère lui demande refuge…
Pluie forte. La radio annonce l’approche d’un cyclone. Leyna s’affaire à barricader sa maison délabrée afin qu’elle
résiste aux fortes rafales. Elle cloue des planches aux portes et aux fenêtres puis s’abrite sous une table, se préparant à une nuit tumultueuse, en serrant un verre d’alcool entre ses doigts fébriles.
On frappe à la porte. Leyna se redresse. Personne ne vient jamais chez elle. Elle a fermé sa porte au monde. On frappe en criant son nom. Elle se lève, arrache les clous et ouvre, armée d’une planche.
Une jeune étrangère grelotte devant elle, valise à la main, lui demandant refuge : Aline, 16 ans, qui déclare être sa soeur, photos de famille à l’appui. Leyna n’a pas de soeur. Aline insiste. Leyna pousse hors de chez elle la jeune affabulatrice, verrouille à nouveau sa porte, avale cul sec son verre d’alcool, en espérant que le vent l’emporte.
Leyna a rompu avec sa famille depuis des lustres.
Théâtre
« Fuck America » : entre humour et gravité
— Par Christian Antourel & Ysa de Saint-Auret —
Allemagne 1938, la famille juive allemande Bronsky se sent menacée par le nazisme et demande un visa d’émigration aux Etats Unis. La pièce commence par un échange épistolaire entre le père Bronsky et le consul des Etats Unis qui lui oppose une fin de non recevoir prétextant des quotas déjà atteints. Ce n’est qu’en 1952 que les Bronsky parviennent enfin aux States après avoir subi les pires outrages et avoir tout perdu.
Jacob le fils est un type un brin farfelu, au langage brut de décoffrage, sans la moindre fioriture et aux envies à forte inclinaison tendancieuses. Il a échappé par miracle aux rafles allemandes. Le voici sans le sous, quasi clodo dans le quartier interlope de Manhattan parmi de vieux clochards, les putes, les maquereaux. Il survit grâce à une multitude de jobs à la petite semaine. Jacob a deux obsessions écrire un roman où il pourrait raconter le ghetto, et trouver une femme de temps en temps. Son quotidien est bien loin d’être un long fleuve tranquille. Les péripéties de sa vie dans les bas fonds de New York sont émaillées de rencontres de personnages sordides ou cocasses que les trois comédiens se partagent au rythme de la pièce.
Théâtre
Fuck « Fuck America »
Par Selim Lander
Au théâtre, il y a des soirs avec et des soirs sans. On veut dire par là avec ou sans cette fascination que connaît le spectateur lorsque les trois conditions d’une pièce réussie se trouvent réunies : le bon texte, la bonne mise en scène et le(s) bon(s) comédien(s). Tout commence par le texte (sauf pour le mime ou un certain théâtre d’objets, évidemment). Fuck America est un roman qui, d’après ce que l’on en sait, est fortement inspiré par l’expérience personnelle de l’auteur, Edgar Hilsenrath, plus particulièrement ses années de « galère » en Amérique (États-Unis). Connaissant l’humour juif new-yorkais, on imagine aisément qu’un bon écrivain puisse tirer d’une telle expérience un roman à succès (et l’on nous dit que, en l’occurrence, le succès fut bien au rendez-vous). Le théâtre, néanmoins, semblable d’ailleurs à cet égard au cinéma, est obligé d’opérer des coupes sombres dans le texte romanesque. L’adaptation est un exercice difficile, pas toujours réussi. C’est malheureusement le cas dans cette pièce (adaptée par l’un des trois comédiens) où l’on enfile les lieux communs, par exemple les stéréotypes racistes.
Cinéma
Va y avoir du sport… au Tropiques-Atrium !
VIKASH DHORASOO à la rencontre des jeunes Martiniquais mardi 2 février
Va y avoir du sport… à Tropiques-Atrium !
Vikash Dhorasoo va balader ses crampons en Martinique à l’occasion de la projection de SUBSTITUTE, un film documentaire consacré à son expérience de remplaçant sur le banc de touche, lors de la coupe du Monde 2006.
Défenseur d’un football éthique, le sportif viendra pour rencontrer des lycéens, collégiens et jeunes de la PJJ, tous bénéficiant, depuis le 5 janvier, d’ateliers d’écriture et de réalisation documentaire.
C’est dans le cadre de l’Oeil du Doc, une action portée par Tchok en Doc, que ces 200 jeunes participent à des ateliers animés par des professionnelles du documentaire. La mission : développer un regard critique sur les images déversées en flux sur les écrans. Les jeunes réaliseront, en outre, des courts films qui seront projetés à l’issue des 3 mois d’atelier.
Mais en attendant de montrer leurs propres réalisations, ce sont eux qui seront sur le banc de touche de l’Atrium pour regarder Substitute et discuter avec Vikash Dhorasoo et Fred Poulet, le co-réalisateur du film !
Musiques
Soeuf Elbadawi en concert
Samedi 30 Janvier 2016. Tropiques-Atrium
Mwezi WaQ, Chants de lune et d’espérance est le titre du dernier album produit par le Comorien Soeuf Elbadawi. Musicien, mais aussi dramaturge et homme de spectacles, l’ancien journaliste de RFI a prolongé la magie de ce disque ancré dans la mélodie du quotidien des Comores, en proposant une version live qui reprend les moments les plus forts du CD. « Comme l’esquisse d’un poème s’adressant au monde… », dixit Elbadawi.
Soeuf Elbadawi, né en 1970 à Moroni, est un acteur majeur de la scène artistique comorienne. Ancien journaliste passé au théâtre, il dirige, aujourd’hui, le Muzdalifa House à Moroni à Moroni, O Mcezo* Cie et Mwezi WaQ., après avoir oeuvré, plusieurs années, au sein de Radio France internationale à Paris.
Auteur publié en France et aux Comores, son écriture parle de la difficulté de la relation entre les êtres, lorsque viennent s’y mêler fantasmes et fictions collectives. Elle questionne la mémoire et le vécu politique de ses concitoyens. Soeuf Elbadawi conçoit également des installations à caractère pluridisciplinaire, faisant se rencontrer l’image, le son et le spectacle vivant.
Musiques
A State of Mind ou le pouvoir magique de l’amulette de jade
— Entretien réalisé par Victor Hache —
Le très créatif collectif de hip-hop emmené par DJ Fade et les MC’s Green et FP part en tournée avec son troisième album, The Jade Amulet, sorti cet automne. Une épopée musicale et cinématique inspirée de la mythologie, des westerns spaghettis, des films de Tarantino et de samouraïs !
Comment est née l’idée de cette odyssée musicale et cinématographique qu’est The Jade Amulet ?
Green Cela faisait un moment qu’on songeait à ce projet. Quand on se lance dans ce genre d’aventure extraordinaire, il faut aller jusqu’au bout, sinon ce n’est pas la peine de le faire. Dans l’histoire, je suis le narrateur et FP joue le personnage principal, Shalim, le héros. Pour nous, c’était intéressant parce qu’on aime la littérature et dans un livre, on a souvent la voix de l’auteur, les dialogues… Au début, on a fait ça pour un seul morceau et ensuite on s’est dit que si on arrivait à trouver une dynamique, un bon chemin pour l’écriture, on pourrait imaginer une histoire épique et faire un album narratif entier.
Cinéma
De Carol à The Danish Girl : ce si long chemin vers soi-même !
— Par Janine Bailly —
À l’heure où, dans l’île sœur, on déplore les actes de torture commis à l’encontre d’un jeune homme en raison de sa seule orientation sexuelle, à l’heure où Christiane Taubira, ardente avocate du Mariage pour tous, doit à mon grand regret quitter un gouvernement devenu par trop réactionnaire, deux films à Madiana nous invitent à repenser notre rapport aux autres, qu’ils nous soient semblables ou différents.
Bien loin des scènes torrides, un brin sulfureuses, qu’Abdellatif Kechiche nous montra dans La vie d’Adèle, c’est tout en subtilité et en élégance qu’ici on nous parle de ceux qui, en des temps pas si lointains, et qui peut-être perdurent, furent mis au ban de leur famille comme de la société. Ce choix de la délicatesse et de la pudeur n’exclut pourtant pas la dure réalité de la violence exercée à l’encontre d’hommes et de femmes écorchés vifs, violence souvent sourde et insidieuse, mais violence tout autant condamnable et destructrice !
Carol, de Todd Haynes, illustre la rencontre amoureuse, dans l’euphorie des préparatifs et des éclats de Noël, d’une grande bourgeoise (Cate Blanchett) et d’une jeune vendeuse de jouets au physique androgyne (Rooney Mara, Prix d’interprétation féminine à Cannes en 2015).
Cinéma
La folie de Marguerite
Par Selim Lander
André Marcon, Catherine Frot et Denis Mpunga incarnent au cinéma, respectivement le comte de Beaumont, la comtesse épousée pour son argent et enfin le majordome noir en proie à de troubles sentiments qu’il exorcise en photographiant la comtesse dans les tenues de scène, parfois un peu osées, qu’elle collectionne. Car elle est passionnée d’opéra au point de travailler plusieurs heures par jour les grands airs du répertoire. Même si la musique est chez elle une passion ancienne, elle s’y est littéralement plongée après son mariage, compensant ainsi la négligence dans laquelle la tient un mari volage. Las, elle chante (très) faux.
Tout cela se passe dans le beau monde, l’argent ne manque pas. Ce sont les années folles, la comtesse est contente de s’encanailler dans des boites interlopes conduites par des jeunes gens autant intéressés par son argent qu’émus par son rêve impossible. Car elle s’imagine en diva. Et personne n’a osé lui révéler que même son argent sera impuissant à réaliser ce genre de miracle. Son argent qui n’a servi qu’à l’isoler dans le monde fantasmagorique où elle a plongé jusqu’à s’y noyer…
Arts de la scène
« Bow’trail » Création chorégraphique de Rhodnie Désir
Dimanche 31 janvier à 16h30. A Fonds Saint-Jacques.
Le Domaine de Fonds Saint-Jacques présente la restitution de la résidence de création de la chorégraphe-interprète canadienne d’origine haïtienne avec en avant-première et en unique représentation en Martinique, la création « BOW’T TRAIL » .
Un spectacle en partenariat avec Tropiques Atrium dans le cadre du dispositif Territoire en culture.
Un hommage à ceux qui ont laissé leur terre
Sans jamais réellement la quitter ;
Qui rêvent encore d’y revenir
Et qui jettent l’ancre au coeur de leurs valeurs profondes…
Rhodnie Désir soulève le propos de la psyché de l’exilé, qu’il s’agisse d’une migration ou d’une déportation. Avec force et comme un cri de liberté, elle porte le poids de ceux qui ont quitté leur terre. Un miroir universel entre celui qui fut enchainé et déporté contre son gré et cet autre qui a choisi de plier bagages; mais qui gardent toujours en eux, l’ancrage d’une terre du passé. Une oeuvre poétique, d’une sensibilité profonde et chavirante !
Avec
Rhodnie DESIR, chorégraphe-interprète
Alain PINEL-FEREOL, musicien
ENTREE GRATUITE
Infoline: 0596 69 10 12
www.domainedefondsaintjacques.com
Cinéma
La folie de Saul
— Par Selim Lander —
Le Fils de Saul, ce film hongrois de Lazlo Nemes qui a reçu un accueil plutôt enthousiaste de la critique, qui est donné favori pour recevoir l’oscar du meilleur film en 2016, aurait pu s’intituler tout aussi bien la folie de Saul. L’histoire, comme on sait, se déroule dans un camp de concentration. Saul fait partie d’un Sonderkommando, il est un ouvrier de l’industrie nazie de la mort : il réceptionne les déportés à la descente du train ou des camions, les conduit au vestiaire, les fait se déshabiller, les dirige vers la « douche », en fait la chambre à gaz, puis débarrasse les cadavres. Le premier mérite du film est peut-être de nous rappeler cette réalité : oui, les camps de la mort ont existé en Europe, il n’y a pas tant d’années que cela, et les ouvriers de cette industrie hors norme n’étaient pas tous de farouches antisémites, il y avait parmi eux des juifs, comme Saul, pris dans la logique implacable de la terreur et contraints de participer au génocide de leur propre race.
Danses
« Danse volumineuse »
Six femmes font des pirouettes, pliés, jets et autres mouvements de ballet classique dans le Théâtre National du Cuba. Ce qui est inhabituel de cette image est que toutes les ballerines portent des tutus de taille XXL et qu’elles dansent dans le vestibule au lieu de le faire sur la scène. Les gens surveillent par les fenêtres de la façade du théâtre avec une perplexité manifeste. « Nous ne disposons pas de local propre pour essayer, de sorte que parfois ils nous laissent venir ici », dit Juan Miguel Mas, chorégraphe, producteur, dessinateur de costumes et danseur occasionnel de Danse Volumineuse. Il salue entre temps de la tête les spectateurs non invités restés à l’extérieur, il dit : « Ils croient qu’il s’agit d’un cours de gymnastique et que nous voulons perdre du poids ». En réalité, Danse Volumineuse est comme tout autre compagnie de danse professionnelle, seulement un peu plus » lourde », beaucoup plus lourde ( Mailín lourde Daza, première danseur de la compagnie, pèse près de 130 kilos). Peut-être que ce qui est petit est ce qui est est joli, mais Danse Volumineuse c’est avant tout une raison de poids en faveur de la beauté de ce qui est grand.
Cinéma
« Retour au cahier » des sœurs Kanor
Jeudi 28 janvier 2016 à 18h 30. Médiathèque du Saint-Esprit.
Les sœurs martiniquaises Fabienne et Véronique Kanor, respectivement écrivain et réalisatrice, mettent la dernière main à un documentaire sur le « Cahier d’un retour au pays natal » d’Aimé Césaire, qui sortira à la fin du mois de juin.
Le sujet du film est surtout consacré au poète Aimé Césaire, inséparable de son œuvre littéraire majeure, le Cahier d’un retour au pays natal. Le Cahier est en effet le livre emblématique de l’écrivain martiniquais, un ouvrage qui a eu au fil du temps un retentissement dans le monde entier. La préparation et le tournage du film ont conduit Véronique et Fabienne Kanor en Martinique, en Croatie, où Césaire commença à rédiger son texte, et dans l’Hexagone où le cofondateur du mouvement de la négritude vécut dans sa jeunesse et publia ses livres.
Avec un petit budget de 38.000 euros, les réalisatrices se sont accrochées malgré les galères, et sans rémunération. Le documentaire de 52mn, intitulé « Retour au Cahier », est actuellement en fin de montage. Il sera diffusé à la fin du mois de juin par France Ô et le réseau des chaînes Outremer 1ere, qui l’ont coproduit.
Théâtre
« Fuck America » d’après le roman d’Edgar Hilsentath
Jeudi 28 janvier 2016 à 20h. Tropiques-Atrium
« Fuck America » est l’histoire de Jakob Bronsky, un émigrant juif arrivé à New York quelques années après la fin de la seconde guerre mondiale, qui enchaîne les boulots précaires pour pouvoir écrire le livre de sa vie : « Le branleur », dont il compte bien faire un best seller !
« Le dialogue est la forme qui me va le mieux. La langue est simple mais pas la pensée », dit Edgar Hilsenrath à propos de Fuck America. Vincent Jaspard a adapté ce roman, d’emblée théâtral dans sa forme, avec le souci d’arriver à un texte épuré, délivré de tout artifice. Le texte de la pièce met en valeur l’humour caustique, décapant, de Hilsenrath qui fait de lui, une sorte de Woody Allen des bas-fonds, mâtiné d’un Bukowski espiègle.
Tribune Libre sur agoavox.fr :
Fuck America
par Orélien Péréol
mercredi 10 avril 2013
Voici un spectacle d’une simplicité biblique, si j’ose m’amuser d’entrée de jeu. Trois tabourets. Trois comédiens (deux hommes, une femme) et une multitude de personnages. Jacob Bronsky est fixe : c’est son histoire qu’on raconte.
Cinéma
Ateliers d’écriture et de réalisation de films documentaires
L’oeil du doc est une action portée par tchokendocasso@gmail.com
Facebook : L’oeil du doc
- Première projection le jeudi 28 janvier à la Médiathèque du Saint-Esprit avec le documentaire de Véronique et Fabienne Kanor, RETOUR AU CAHIER, un read-movie qui retrace l’aventure du Cahier d’un retour au pays natal d’Aimé Césaire.
- Deuxième projection le mardi 2 février à Tropiques-Atrium avec SUBSTITUTE de Fred Poulet et VIkash Dhorasoo, en présence du réalisateur et du footballeur, personnage principal du film.
POURQUOI OUVRIR L’OEIL DES JEUNES AU DOCUMENTAIRE ?
Dans une société dominée par l’image, impossible de faire et de dire le monde sans elle ! Pourtant nous n’avons jamais été aussi pauvres d’esprit que depuis que nous sommes pleins aux as d’images ! Certaines sont justes et nécessaires. Beaucoup sont toxiques et rendent ababa : images-colon envahissant l’imaginaire, images-parasites empêchant la réflexion, images-chiendent difficiles à arracher… Une submersion qui déroute les jeunes esprits ignorant des procédés de manipulation propres à cette image qui, aujourd’hui, règne en maitre. Cette surabondance a créé du vide.
C’est dans cette béance que s’inscrivent les ateliers proposés aux élèves des collèges, lycées généraux, professionnels ou agricoles comme aux jeunes pris en charge par la Protection Judiciaire de la Jeunesse.
Théâtre
« Au nom du père », etc. : une comédie pour un désastre
— Par Selim Lander —
Dans une ville complètement dévastée, au point que les quartiers eux-mêmes ne sont plus reconnaissables, deux demi-frères, Criss et Cross, sont en quête des ruines de la maison familiale. Sur scène, des cordes en tas symbolisent les ruines. Ce devrait être tragique mais les deux larrons sont des « sapeurs » qui prennent la vie du bon côté. Aussi leur quête s’avère-t-elle plus comique qu’autre chose. Un troisième comédien fait quelques apparitions muettes avant d’investir la scène et de devenir un personnage à part entière, le vieux voisin des deux frères. Il sera le seul à prendre au tragique le drame qui s’est produit, lorsqu’il raconte le martyre d’une famille assaillie par des soudards en uniforme de footballeur. Et encore finit-il son récit sur une pirouette, si bien qu’on ne sait pas s’il l’a inventé pour faire peur ou s’il est réel (réel au sens du théâtre, bien sûr).
Le décalage entre la forme (presque tout le temps comique) et le fond (tragique) n’est pas exceptionnel dans le théâtre contemporain. Reste à savoir de quoi il est productif.
Théâtre
« Au nom du père et et du fils et de J.M. Weston » : un renouveau du théâtre
— Par Roland Sabra —
« L’humour est la politesse du désespoir. » Chris Marker.
« Le désespoir est une forme supérieure de la critique. » Léo Ferré.
1990. Congo. Pointe-Noire. Un leader politique (Victor TSIKA-BAKALA?) est assassiné. La population proteste et entre en rébellion. Le pouvoir la réprime dans la violence et la terreur. C’est sans doute le fait réel qui inspire le comédien, auteur et metteur en scène Julien Mabiala Bissila quand il écrit « Au nom du père et et du fils et de J.M. Weston ».
Deux frères, l’un Criss (Criss Niangouna) écrivain qui n’a encore rien écrit et l’autre Cross ( l’auteur en personne) danseur qui a peur de danser devant un public, rescapés d’une guerre qui a détruit le pays rentrent chez eux. Enfin chez ce qu’il reste de « chez eux », c’est-à-dire pas grand chose, un océan de décombres. Ils recherchent la maison de leur enfance et plus précisément la sépulture de leur père, enterré avec un précieux trésor : une paire de Weston. Au pays de la Sape (la Société des Ambianceurs et des Personnes Élégantes) une telle possession surclasse définitivement celui qui la porte.
Arts de la scène
Pschuuu, qu’est-ce que c’est ?
Tropiques-Atrium le 23/01/2016 à 15h30 & 17h. Entrée 5 €.
PSCHUUU est un spectacle d’air et de sable. C’est un dispositif plastique et technologique, à la frontière du théâtre d’objet et des arts plastiques.
Ce qu’ils en disent…
Le public (enfants):
« Tu le sens d’ici le vent? »
« Et il est où le monsieur qui souffle ? »
« Wouahhhhhh !!! »
« On dirait du feu ! »
« C’est joli, il faut tout regarder! »
« Ca va revenir? »
« Monsieur, je voulais te dire que c’était vraiment très très beau. »
« C’est du sable magique !!! »
Les critiques:
« Ce n’est que vision pure, mystère et envoûtement. C’est de nature abstraite et c’est fascinant. » Gilles Costaz, Web Théâtre.
« Pschuuu, une belle performance de sable projeté dans des tourbillons de lumières. Un concerto de silice, magique ! » Merryl Messaoudi.
« L’émouvant Pschuuuu, une chorégraphie mouvante à base d’air et de sable par Christoph Guillermet » Digital Arti News.
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Théâtre
« Les irrévérencieux » : un théâtre populaire de qualité.
— Par Roland Sabra —
Pantalone est un des principaux personnages de la Commédia dell’ arte. Il en est d’autres comme Le capitaine. Ces deux là on les retrouve dans « Les irrévérencieux » de la Compagnie Théâtre des Asphodèles. Drôle de nom pour une troupe de théâtre. S’agit-il des fleurs ou de la Plaine des Asphodèles ce lieux des enfers où séjournent les fantômes des morts qui durant leur vie n’ont commis ni bien ni mal et sont néanmoins condamnés à une errance infinie ?
Thierry Auzer, personnage volubile et directeur de la troupe, un jour comme ça au cours d’une conversation lance « le hip-hop c’est la Commédia dell’Art de ce siècle ! ». Surprise dans un premier temps et puis à bien y réfléchir on se dit que peut-être le raccourcis contient plus de vérité qu’il n’y paraît à la première écoute. Que peut-être les qualités d’improvisations, l’extraordinaire souplesse corporelle des comédiens, véritables gymnastes accomplis, n’est pas sans rapport avec l’énergie et la vitalité gestuelle exigée par la breakdance. Le metteur en scène de la troupe, Luca Franceschi et Stéphane Lam soumettent l’idée aux comédiens qui vont proposer, suggérer, improviser, et finalement permettre la construction d’un spectacle à la fois fidèle à la Commédia dell’Arte et follement innovant.
Théâtre
« Les Irrévérencieux »
— Par Selim Lander —
Bonne nouvelle : des « irrévérencieux » ont investi le Théâtre municipal. Pendant trois jours les Martiniquais assez chanceux pour obtenir une place peuvent assister à un spectacle de pure comédie, avec des masques, du mime, de la danse, du rap, sans oublier la « musique de bouche » (human beatbox) ni les démonstrations d’une contorsionniste, bref la commedia dell’arte revisitée à la sauce du XXIe siècle par la troupe des Asphodèles, basée à Lyon et dirigée par Thierry Auzer. La pièce qu’elle nous présente ces jours-ci doit être le premier volet d’un triptyque (on attend la suite !). Elle a été mise en scène par Luca Franceschi qui l’a lui-même écrite en collaboration avec les comédiens.
L’argument dans cette sorte de divertissement importe peu. Résumons-en le début : soit un M. Pantalone qui fut l’époux trois femmes venues de trois pays différents. Elles l’ont quitté lui laissant trois filles parlant chacune la langue de leur mère (espagnol, finnois, français). Ce M. Pantalone possède aussi une servante qui s’exprime pour sa part en anglais.
Arts de la scène
« Cyclones ». Restitution de résidence.
Fonds Saint-Jacques le 23 janvier 2016 à 19 h
Synopsis
Par une nuit de cyclone, une femme solitaire se barricade dans sa case délabrée, lorsqu’une jeune étrangère lui demande refuge…
Pluie forte. La radio annonce l’approche d’un cyclone. Leyna s’affaire à barricader sa maison délabrée afin qu’elle
résiste aux fortes rafales. Elle cloue des planches aux portes et aux fenêtres puis s’abrite sous une table, se préparant à une nuit tumultueuse, en serrant un verre d’alcool entre ses doigts fébriles.
On frappe à la porte. Leyna se redresse. Personne ne vient jamais chez elle. Elle a fermé sa porte au monde. On frappe en criant son nom. Elle se lève, arrache les clous et ouvre, armée d’une planche.
Une jeune étrangère grelotte devant elle, valise à la main, lui demandant refuge : Aline, 16 ans, qui déclare être sa soeur, photos de famille à l’appui. Leyna n’a pas de soeur. Aline insiste. Leyna pousse hors de chez elle la jeune affabulatrice, verrouille à nouveau sa porte, avale cul sec son verre d’alcool, en espérant que le vent l’emporte.
Leyna a rompu avec sa famille depuis des lustres.
Théâtre
Biogâtre* : quand le théâtre devient biographe.
— Par DEGE —
Des mystères du Moyen-âge en passant par les spectacles grandioses et lucratifs de R. Hossein, les biographies religieuses ou politiques ont vu le jour : Jésus, Thomas More, Luther…quelques scientifiques comme Galilée, ou des personnages tirés de faits divers… (A ne pas confondre avec les pures fictions sur un type humain que sont par exemple l’Avare ou le Faiseur). Les auteurs de ces biographies en font le prétexte à l’exposition de leurs réflexions philosophiques, à leur analyse de l’âme humaine, à la critique d’un système, etc.
Les biographies dramaturgiques dont il est question ici, appelons-les « biogâtres », s’intéressent à la vie et l’œuvre d’un…écrivain ! Un être dont on peut traiter de l’imaginaire mais et puisqu’il a réellement existé, écrit, créé : il s’agit, pour l’auteur d’un biogâtre, de faire l’éloge posthume d’une œuvre et d’une pensée qui résonnent insuffisamment.
Curieusement, même quand des écrivains se sont imposé la lourde tâche de guides, il n’y a pas ou prou de reconnaissance théâtrale de leur vie et œuvre sous forme biographique. Ainsi de V. Hugo, Lamartine pour les anciens par exemple, ou pour les nôtres et la francophonie, Fanon, Césaire…ils mériteraient un biogâtre.
Cinéma
Au-delà des montagnes
— Par Selim Lander —
A Madiana. Séance V.O.
Une rue d’une bourgade chinoise pas encore touchée par la modernité ; la même bourgade vue de l’autre côté du fleuve qui la baigne, à moitié pris par les glaces ; un scooter et une Volkswagen (en 1999), une Audi (en 2014) ; des trains vieillots ; une mine de charbon ; une pagode perdue dans le paysage minier ; deux trousseaux de clés en gage d’amour fidèle ; deux chiens ; des vues à couper le souffle sur une ville moderne de la côte australienne ; l’océan Pacifique.
Un couple chinois qui se fait photographier en tenue de cérémonie, avant le mariage devant la photo de l’opéra de Sydney (en 1999) ; seul le futur mari partira finalement pour l’Australie, avec leur fils « Dollar », après le divorce. En 2024, Tao, l’épouse délaissée, assiste au mariage d’une amie avec un Français. Avant de se décider à se marier, Tao a hésité entre Liang-zi, un mineur pauvre et peu communicatif, et Zhang, un jeune homme d’affaires en pleine ascension sociale. Celui-ci, comme de juste, l’emporta.