Catégorie : Arts de la scène

Rosalie Blum

—- Par Guy Gabriel —

rosa_blum.jpgA Madiana. Rosalie BLUM : film français de Julien Rappeneau Avec Noémie Lvovsky, Kyan Khojandi, Alice Isaaz, Anémone,

Genre Comédie ;film français ; 1h35

Vincent Machot mène une vie sans histoire, presque tristounette ;en effet,il la partage entre son salon de coiffure, son cousin, son chat, et sa mère bien trop envahissante. Mais la vie réserve parfois des surprises, même aux plus prudents… Il croise par hasard Rosalie Blum épicière de son état, une femme mystérieuse et solitaire, qu’il est convaincu d’avoir déjà rencontrée. Mais où ? Intrigué, il se décide à la suivre partout, dans l’espoir d’en savoir plus. Il ne se doute pas que cette filature va l’entraîner dans une aventure pleine d’imprévus où il découvrira des personnages aussi fantasques qu’attachants. Une chose est sûre : la vie de Vincent Machot va changer…

     Julien Rappeneau nous propose une drôle d’histoire de filatures, sous forme de comédie gigogne pleine de surprises ; on découvre le personnage de Vincent Machot (Kyan Khojandi) dont la vie se partage, entre le salon de coiffure familial qu’il a repris et une mère tyrannique et acariâtre qui le harcèle (Anémone) Il se met à suivre cette femme énigmatique sans bien savoir pourquoi mais se prend très vite au jeu.

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Tigana Santana, le  » philo-chanteur « 

tigana_santanaL’artiste brésilien, en tournée, puise dans la culture bantoue et a trouvé en elle un souffle vital.

Le chanteur-guitariste Tiganá Santana est aujourd’hui le trésor le mieux caché du Brésil. S’il est caché, c’est parce qu’il vit sur la canopée, survolant la jungle des afro-sambas découverte il y a presque quarante ans par Baden Powell et Vinícius de Moraes. Mais même s’il devenait plus connu que Michael Jackson, Tiganá Santana resterait secret. Car les mystères, et les solutions, sont dans sa musique : trois albums (Maçalê en 2010, The Invention of Colour en 2012, Tempo & Magma aujourd’hui) de folk mystique, clair-obscur, brésilien mais d’abord aérien, unique en son genre.

A l’époque de son deuxième album, les critiques occidentaux l’avaient comparé à Nick Drake. Pour sa voix grave, douce et suspendue, on pense plutôt au folk-singer américain Terry Callier, période The New Folk Sound. La voix de Tiganá Santana est basse et ambiguë, un falsetto délicat, translucide, comme patiné, venu de très loin, la voix qu’on entend en collant un coquillage marin contre son oreille. Tiganá Santana chante comme un violoncelle, ou comme la trompette de Chet Baker, ou comme si Chet Baker avait joué du violoncelle.

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Christophe Chassol : « Ultrascore »

— Par Selim Lander —

Chassol (Big Sun)Belle découverte, à l’Atrium, que celle de Christophe Chassol, musicien talentueux et inventif qui mêle images et musique(s). Musique(s) parce qu’il ajoute à la bande son du film projeté sur l’écran géant derrière lui celle qu’il joue en live aux claviers, accompagné à la batterie par Lawrence Clais.

La musique enregistrée est de celles que produisent les créateurs d’aujourd’hui, un mélange de genres, beaucoup de « samples » avec quelques mesures répétées jusqu’à plus soif. La musique jouée en direct est souvent plus fluide, plus mélodique mais cela n’empêche pas non plus de temps à autre la répétition obsédante d’un ou deux accords. Qu’on soit ou non sectateur enthousiaste de cette mode influencée par les DJ, le fait est qu’elle a envahi la planète, ce qui signifie qu’elle a trouvé son public et même que ce dernier en redemande. Dont acte. En l’occurrence, le résultat n’est pas désagréable même pour des oreilles a priori rétives à ce style musical.

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« Du domaine des murmures » en Avignon

Tropiques-Atrium le 9 avril à 20 h

DomaineMurmures_micro— Par Selim Lander —

Nous écrivions ceci après avoir assisté à une représentation du Domaine des murmures l’été dernier en Avignon :

Carole Martinez a obtenu le « Goncourt des lycéens » en 2011 pour ce roman qui se passe dans un Moyen-Âge de légende, de mystère et de foi. La foi est d’abord celle de l’héroïne, Esclarmonde, fille du seigneur des Murmures, qui décide de se consacrer à Dieu et de se faire emmurer vivante dans un cachot plutôt que d’épouser l’homme choisi pour elle par son père. Un bébé naît, qui porte les stigmates. Il n’en faut pas plus pour faire d’Esclarmonde une sainte. Telle est l’anecdote mais le roman vaut surtout par sa langue et par l’atmosphère pressante qu’il parvient à créer. On comprend que José Pliya, qui avoue une prédilection pour le Moyen-Âge, ait désiré l’adapter pour le théâtre. Créé en 2015 au Théâtre de Poche, à Paris, avec la comédienne Valentine Krasnochok dans une mise en scène du même J. Pliya assisté par Danielle Vendé, il est repris en Avignon avec désormais Léopoldine Hummel.

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Carmen la Cubana

carmen_habaneraAdapter le célèbre opéra Carmen de Bizet en le transposant dans le monde contemporain ? Déjà Oscar Hammerstein II l’avait fait en 1943 pour Broadway avec Carmen Jones, dont Preminger devait tirer un film culte en 1954. L’œuvre devient aujourd’hui un musical cubain, le premier du genre, d’après Bizet mais en espagnol et situé cette fois à La Havane, à la veille de la révolution cubaine. Carmen travaille toujours dans une fabrique de cigares, mais la habanera retrouve ici son pays d’origine !

Situant l’action à l’époque où Castro et ses militants entreprirent de renverser le dictateur Batista, le dramaturge cubain Norge Espinosa Mendoza donne une résonance contemporaine à l’histoire intemporelle de Carmen. À Guantánamo, dans la campagne cubaine, Carmen, fille d’un soldat américain et d’une prostituée cubaine métisse, rêve d’une vie meilleure. Prisonnière de la fabrique à cigares locale, elle ne dispose que de son puissant pouvoir de séduction pour tromper l’ennui. Elle remarque José, un jeune soldat aussi naïf qu’innocent engagé dans l’armée de Batista qui finit lui aussi par succomber à sa beauté sensuelle. Croyant ainsi défendre l’honneur de son nouvel amour, José finit par tuer un sergent de son régiment ; le couple n’a d’autre alternative que de s’enfuir pour La Havane.

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Wajdi Mouawad va prendre la direction du Théâtre national de la Colline

wajdi_mouawadAprès une longue attente, l’auteur, metteur en scène et comédien libano-canadien Wajdi Mouawad a été nommé mercredi 6 avril directeur du Théâtre national de la Colline, l’une des plus grandes scènes françaises, par François Hollande, sur proposition d’Audrey Azoulay, ministre de la culture et de la communication.

« Cette nomination d’un auteur vient affirmer le choix d’un théâtre du récit, lyrique, populaire et métissé », explique la ministre de la culture, Audrey Azoulay, dans un communiqué. Dans son projet pour le Théâtre de la Colline, « il fait le pari de réunir créateurs, auteurs et penseurs qui voudront révéler, notamment aux adolescents, la nature politique de l’écriture et la place fondamentale qu’elle peut avoir dans la vie publique », précise le ministère.

Installé au Québec depuis 1983, Mouawad est très présent sur les scènes françaises et internationales. Il est artiste associé au Grand T, théâtre de Loire-Atlantique à Nantes depuis 2011.
Wajdi Mouawad est à l’affiche actuellement à Paris avec « Phèdre(s) », pièce portée par Isabelle Huppert et mise en scène par Krzysztof Warlikovski au Théâtre de l’Odéon, dont il a écrit la première partie.

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Blade MC AliMbaye, ou le rap slam conscient

— Par Fara C —

blade_mr_alimbayeAvec son CD Bleu : point zéro, le rappeur afro-français dénonce l’oppression, toutes les oppressions. Sa poésie fait la peau à la médiocrité. Assurément, un disque phare de l’année.

Rappeur, auteur, compositeur, comédien, Blade MC AliMbaye envoie voltiger les p’tites cases, les p’tits calculs, les p’tits clichés. Et, avec Bleu : point zéro – Acte 1/3, il balance un grand album. Une poésie qui fait la peau à la médiocrité, une musique qui embrasse d’un même élan tradition et modernité. On l’a remarqué comme acteur dans Brooklyn, de Pascal Tessaud, rare film positif sur la banlieue, ou encore dans des créations de Montalvo, D’de Kabal, Patrick Chamoiseau… Dans le premier acte du triptyque discographique Bleu : point zéro, on perçoit la richesse de son expérience autant que l’intransigeance de son approche artistique. À la langue de Blade, qui rappe, fredonne, percute, se combine la voix grave du comédien Jean-Michel Martial, si juste dans le ton et dans le rythme. Des mots neufs, des métaphores flamboyantes, pour dire l’oppression, toutes les oppressions.

Lui, qui a « la peau corbeau » et l’âme grêlée d’ecchymoses, célèbre la négritude, Aimé Césaire, Marcus Garvey, Cheich Anta Diop, l’abbé Pierre, Sankara (« Un homme intègre peut valoir cent carats », dans « l’Ombre d’un rêve panafricain »)… Il dénonce l’hypocrisie des commémorations non suivies d’actes concrets, dénonce « les pensions miettes de pain » concédées aux tirailleurs qui ont versé leur sang pour la France…

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La Traversée Invasion !

— Par Michèle Bigot —

la_traverseeAutour de la figure féminine noire, l’Afropéenne Eva Doumbia avec sa
compagnie La Part du Pauvre / Nina Triban, envahit le théâtre autour de
trois spectacles et trois grands textes.
Insulaires (création) de Jamaïca Kincaid, Fabienne Kanor
La vie sans fards (précédé de) Ségou d’après Maryse Condé
La grande chambre de Fabienne Kanor

L’afropéenne Eva Dumbia, metteure en scène et sa compagnie  La part du pauvre/ Nina Triban et le théâtre de la Criée à Marseille nous proposent une traversée depuis les rivages africains de Sedou jusqu’au port négrier du Havre, en passant par les Antilles. Eva Dumbia présente ici trois spectacles et cinq grands textes, qu’elle revisite, adapte ou met en scène. Il s’agit de Insulaires ou Seul l’impossible pourra m’apaiser, spectacle créé à la Criée d’après des textes de Jamaïca Kincaid et Fabienne Kanor, La Vie sans fards précédé de Ségou d’après le récit autobiographique et le roman de Maryse Condé, et enfin La Grande Chambre mise en scène d’un texte de Fabienne Kanor (A Small Place).

Les trois volets du triptyque ont en commun d’articuler des destins et des paroles de femmes Noires.

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« Feu Tante Amélie » une comédie de Dominique Eulalie

 Samedi 9 avril 2016 à 19 h au T.O.M.

pkvs_feu_tante_amelie(Téat Otonom Mawon) à la Croix-Mission Fort-de-France par la Troupe PVKS ( Pa Vini Kon Sa) de Trinité

Feu Tante Amélie une comédie en quatre actes de Dominique Eulalie à la Salle Miroir du Vert-Pré
avec Joëlle Agricole, Rose Séjean, Iris Ramathon, Marlène Martot, Hervé Poilvé, Justin Amar.

La compagnie amateure « Pa Vini Kon Sa » (PKVS) reprend « Feu Tante Amélie » qu’elle avait présentée en 2013 au Festival de Trinité et qui avait reçu deux « Sucre »  d’interprétation celui d’or et d’argent. Rappelons que ce festival était le seul en Martinique à décerner des prix avec le concours de l’usine du Galion, les fameux « Sucre » d’or, d’argent, de bronze et d’orge. La compagnie PKVS fête cette année ses dix ans d’existence. Créée au moment ou Bérard Bourdon s’éloignait de Trinité, elle a depuis initié et développé un travail de quartier avec une exigence de qualité. Chaque mois de janvier elle offre une représentation de son travail de l’année précédente aux malades hospitalisés pour une longue durée à Trinité.

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Films d’Extrême-Orient (mars 2016)

— Par Selim Lander —

The assassinBelle moisson de films d’Extrême-Orient au mois de mars dans le cadre du partenariat entre Tropiques-Atrium et les cinémas Madiana.

Deux films de cape et d’épée heureusement atypiques : A Touch of Zen de King Hu (Hong-Kong, 1971) en noir et blanc, qui commence bien en racontant la vie bien tranquille d’un écrivain et peintre public, avant de sombrer dans les batailles invraisemblables où les méchants sont sûrs de perdre et les bons de gagner, quel que soit leurs nombres respectifs. Le second, The Assassin, de Hou Hsiao-Hsien (Taïwan) dont le titre pouvait faire craindre le pire mais qui se révèle une merveille de préciosité –  la beauté presqu’écrasante des paysages, la somptuosité des costumes et des coiffures, le raffinement des matières et des manières, les dialogues réduits à presque rien, les inévitables bagarres transformées en quelques duels stylisés entre des personnages complices qui se défient sans faire couler le sang.

Quatre films japonais : Une femme dans la tourmente de Mikio Naruse (1964), en noir et blanc : l’histoire d’une jeune veuve de guerre qui s’est dévouée pour remonter la boutique de la belle-famille et la faire prospérer, élever son jeune beau-frère.

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« Au temps des isles à sucre » de Patrick Baucelin : parmi les 26 meilleurs documentaires du monde entier!

au_temps_des_iles_a_sucreLe cinéaste martiniquais, Patrick Baucelin, a présenté son dernier film des Caraïbes intitulé « Au temps des isles à sucre »

Les quarante minutes du documentaire dépeignent les diverses plantations de sucre qui existaient dans les Caraïbes au temps de l’esclavage, ainsi que la vie des esclaves sur les plantations.

Ce film, qui a été présenté à Roseau au bureau du Comité  du Festival de la Dominique  le mardi 29 Mars 2016, fait partie d’un ensemble que Patrick Baucelin consacre à la Caraïbe.

Prenant la parole lors du lancement du film, Patrick Baucelin il a déclaré:  » «Mon travail ne se fait pas dans une optique commerciale parce que je pense que cela est très important pour les jeunes et les gens des Caraïbes en général et dans le monde de connaître l’histoire« .

Et c’est avec une certaine fierté justifié qu’il ajoute : « Ce documentaire a été nominé au Festival du film de New York et a nommé à Hollywood comme l’un des 26 meilleurs documentaires du monde entier. »

Le documentaire rappelle que les Portugais ont établi plusieurs usines à sucre dans la CaraIbe et présente les différents moulins à sucre, moulins à vent qui existaient autrefois, notamment à la Barbade,  Saint-Kitts, St Croix, Antigua, Guadeloupe, Marie Galante, et un moulin à eau en Dominique.

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Le procès du coq de Ti Sonson, Cocorico!

 Au T.A.C. le 9 avril 2016 à 19h 30

proces_coq_ti-sonson— Par Christian Antourel —

A la manière du Théâtre de boulevard, image à peine grossi d’une entreprise de pur divertissement, avec une dimension littéraire et esthétique bien déterminée pour une critique sociale réinventée.

Puisque les spectateurs ont aimé et en redemandent la troupe « Sa Se Nou » propose donc une nouvelle mouture revue et corrigée de ce spectacle joué en 2011 dans la plus pure tradition du théâtre populaire martiniquais. A peine rentré au pays, de métropole où il a vécu plusieurs année d’une longue carrière ; Ti-Sonson s’occupe d’élever des coqs de combat. Sa voisine de son coté élève des poules « bien éduquées » dont elle prend soin comme de ses propres filles. Elle refuse catégoriquement les germes des coqs dans les œufs de ses poules. Le tribunal jugera un procès humoristique, avec des rebondissements en cascades et malentendus qui rythment la pièce d’une agitation burlesque. Rire et humour seront au programme et s’enchaineront sans répit pour les spectateurs. Ici l’homme tranquille, dans un monde du bon sens se retrouve dans la personne du brave Ti-Sonson, l’exact contraire de la dame aux poules imbue de sa personne et fière de ses poules.

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« Du domaine des murmures »

Tropiques-Atrium le 9 avril à 20 h

du_domaine_des_murmures

Résumé :

En 1187, le jour de son mariage, la jeune Esclarmonde refuse de dire « oui » : elle veut faire respecter son vœu de s’offrir à Dieu, contre la décision de son père, le châtelain régnant sur le domaine des Murmures. La jeune femme est emmurée dans une cellule attenante à la chapelle du château, avec pour seule ouverture sur le monde une fenestrelle pourvue de barreaux. Mais elle ne se doute pas de ce qui est entré avec elle dans sa tombe…

Loin de gagner la solitude à laquelle elle aspirait, Esclarmonde se retrouve au carrefour des vivants et des morts. Depuis son réduit, elle soufflera sa volonté́ sur le fief de son père et ce souffle l’entraînera jusqu’en Terre sainte.

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« Du domaine des murmures »,

une mise en scène de José Pliya

—Par Roland Sabra —

Au Théâtre de Poche de Montparnasse Du domaine des murmures mis en scène par José Pliya est une reprise d’un travail déjà présenté l’an dernier, notamment au Festival de Caves (26 avril-27 juin 2014).

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Quand l’opéra dénonce les crimes contre l’humanité

— Par Alain Boeuf —

Avec son festival annuel, l’Opéra national de Lyon ose la prise de risque avec des œuvres rares et une création.

Lyon, correspondance. Il y eut Claude de Thierry Escaich, sur un livret de Robert Badinter, et cette année Benjamin, dernière nuit, de Michel Tabachnik sur un livret de Régis Debray. Pour Serge Dorny, le directeur de la scène lyonnaise, si l’art divertit, également il questionne et « c’est essentiel dans notre civilisation menacée par le repli sur soi, l’intolérance et la violence ». Dans ce festival intitulé « Pour l’humanité », quatre œuvres sont en alternance à l’affiche, qui résonnent comme des voix de la liberté : violence des intégrismes et des religions sources de conflits, avec la Juive de Halévy, chants des ténèbres venus des camps de concentration d’où Viktor Ullmann (l’Empereur d’Atlantis) et Hans Kràsa (Brundibar) font entendre leurs voix et, comme pour enrichir le patrimoine de demain, la création mondiale de Benjamin, dernière nuit.

Ce drame lyrique relate la dernière nuit que passe Walter Benjamin, le grand philosophe allemand pourchassé par les nazis, dans un hôtel de Portbou, village frontalier de la Catalogne espagnole.

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Théâtre La Licorne : une joyeuse inauguration

— Par Annie Chénieux —

theatre_la_licorneA Dunkerque, un outil de création européen pour la marionnette contemporaine a ouvert ses portes.

Elle l’annonce : l’inauguration sera joyeuse, avec tambours et trompettes. Pas étonnant quand on connaît les créations audacieuses et originales de Claire Dancoisne, pour qui l’ouverture officielle du Théâtre de la Licorne est un aboutissement. Trente ans après sa création, la compagnie qu’elle dirige a désormais un lieu à son image, un ancien garage Opel réaménagé par les architectes Anne Fauvarque et Jean Dupond qui ont redimensionné les espaces dans un alliage de fer et de bois. Ouvert depuis novembre 2015, l’endroit, unique et atypique, est entièrement dédié à la création dans le domaine de la marionnette. Il sera inauguré officiellement le 29 mars.

Il faut aller à Dunkerque pour le découvrir. Installé dans un quartier populaire, le lieu, magnifique, ouvert à tous les imaginaires, accueille une grande halle modulable, dont on peut ouvrir ou fermer le plafond, dotée d’un matériel scéno-technique adapté. Encadrée par des échafaudages, elle peut accueillir des propositions à géométrie variable et des résidences de compagnies. Les loges donnent sur le plateau, et le grand atelier de construction des marionnettes débouche sur une cour accessible aux camions.

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Quand les Rolling Stones ne pensaient pas venir à Cuba

— Par Guille Vilar —

rolling_stones_logoBien sûr que tout genre a une matrice, il a une source d’où coule l’ambiance sonore d’un univers musical qui continue son évolution. Par conséquent, on ne peut pas parler du rock britannique et des Rolling Stones si nous ne parlons pas avant du rock and roll né aux États-Unis.

Depuis l’époque lointaine où proliféraient les plantations de coton étasuniennes soutenues par le travail des esclaves noirs en même temps que l’arrivée des colons européens, les conditions préalables sont nées pour que chaque groupe social ajoute les condiments pertinents à sa propre structure culturelle sans prendre en compte qu’un jour ils seront fusionnés dans un courant musical qui transformera, dans l’avenir, la jeunesse de la nation étasunienne.

Les appelées « chansons de travail » ont résultées emblématique pour atteindre cette évolution. Elles étaient interprétées par les esclaves noirs lors de récolte du coton ou dans les chorales de gospel dans les églises pour les Noirs. De nombreuses figures telles que Sonny Boy Williamson, Clarence Gatemouth Brown et l’appelé Père du Blues W.C. Handy, proviennent de cette culture opprimée qui, depuis la musique, défend son droit à une vie pleine comme citoyens libres.

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Mort du rappeur américain Phife Dawg

phife_dawgC’est un scénario auquel ne s’attendaient pas les fans de rap. Phife Dawg, de son vrai nom Malik Taylor, 45 ans, un des quatre membres fondateurs du groupe A Tribe Called Quest (ATCQ), est mort dans la nuit du mardi 22 au mercredi 23 mars à la suite de complications dues à son diabète. Il avait immortalisé nombre de slogans du rap dans ses performances scéniques, dont le fameux  » Here we go, Yo ! So what, so what the scenario ?  » (Scenario, 1991) ou l’introductif  » Microphone check, one two, what is this ?  » (Buggin’Out, 1991) que beaucoup d’artistes hip-hop ont repris. Fer de lance du collectif Native Tongues, ATCQ s’était démarqué de ses concurrents à la fin des années 1980 en empruntant leurs musiques aux jazzmen plutôt qu’aux traditionnels James Brown et autres classiques de la soul.

Malgré ses problèmes de santé récurrents, Dawg était en pleine forme lors de sa dernière apparition télévisée en novembre 2015. A l’occasion de la réédition de leur premier album, People’s Instinctive Travels and the Paths of Rythm, la formation incontournable du hip-hop des années 1990, dont Kendrick Lamar, Pharrell Williams ou Kanye West sont les héritiers directs, célébrait le 25e anniversaire de la sortie de leur disque, sur le plateau du  » Tonight Show « , de Jimmy Fallon.

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« Le Marchand de Venise » : comment ne pas prendre parti?

— Par Roland Sabra —

le_marchand_de_venise-4Dire que « Le Marchand de Venise » est antisémite est un anachronisme. Le mot n’a été créé qu’à la fin du XIXème siècle quand à l’aide du scientisme triomphant il a supplanté le terme d’anti-judaïsme. Qu’il s’agisse des Évangiles synoptiques, de l’épître aux Romains, de la première épître aux Thessaloniciens ou des Actes des Apôtres revient régulièrement la thèse d’un peuple meurtrier de Christ, meurtrier du fils de Dieu, meurtrier de Dieu lui-même. Cette thèse sera condensée au XIXeme siècle sous la notion de peuple déicide. Mais n’en déplaise aux anciens babyloniens, en l’occasion la chose n’avait pas besoin d’un nom pour exister, et il fallu attendre Vatican II, en1962 pour que Nostra Ætate, admette que les Juifs ne pouvaient être reconnu responsables de la Passion !

Le Marchand de Venise est une pièce bien plus complexe qu’il n’y paraît. On pourra lire avec profit (!) l’analyse de Christophe Perrot.

Rappelons l’argument. « Bassanio, ruiné, demande à son ami Antonio de lui prêter de l’argent pour séduire Portia, une riche héritière. Antonio se présente chez le Juif Shylock pour lui emprunter de l’argent contre intérêt alors qu’il n’a cessé de l’insulter publiquement à cause de la pratique Juive de l’usure.

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A perfect day : engagé et jubilatoire

— Par Guy Gabriel —

a_perfect_dayA perfect day (Un jour comme un autre) », film de Fernando Leon de Aranoa, avec : Tim Robbins, Benicio Del Toro, Olga Kurylenko, Mélanie Thierry, Fedja Stukan, Comédie dramatique ; film espagnol Durée : 1h46min Festival : Festival de Cannes 2015

Nous sommes en1995. La guerre en Bosnie touche à sa fin. Les casques bleus préparent leur retrait et celui des aides humanitaires. Il ne reste qu’un jour aux quatre membres d’une ONG pour extraire un cadavre qui stagne au fond d’un puits et empêche toute une région d’avoir accès à l’eau potable. Problème : le macchabée est obèse. La mission, banale, vire au périple ubuesque ; on va suivre les péripétie d’un groupe d’humanitaires en mission dans cette zone en guerre : Sophie, nouvelle recrue, veut absolument aider ; Mambru, désabusé, veut juste rentrer chez lui ; Katya, voulait Mambru ; Damir veut que le conflit se termine ; et B ne sait pas ce qu’il veut, des personnages aux motivations, en apparence, divergents, mais qui se retrouvent devant les problèmes que pose l’après-guerre

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« Le Marchand de Venise »

— Par Selim Lander —

le-marchand-de-veniseLe Marchand de Venise n’est pas la pièce la plus jouée de Shakespeare. On peut le comprendre de deux manières. Le négatif : la faiblesse de l’intrigue qui repose sur une série de ressorts tous plus incroyables les uns que les autres. Certes, la comédie romantique n’est pas nécessairement subtile mais quand elle s’affranchit complètement des règles de la vraisemblance, on n’est pas obligé d’adhérer… sauf si c’est parfaitement interprété (ce qui ne sera hélas pas tout-à-fait le cas ici – cf. infra). Le positif : le véritable sujet qui est celui de l’intolérance, du racisme et des droits, dans ce cas, de la victime. Le sujet est universel, même s’il prend une résonnance particulière dans une ancienne « île des esclaves ». En l’occurrence, il s’agit du statut des juifs à Venise, à l’époque où la Sérénissime était le centre d’une « économie-monde » braudellienne, des juifs relégués dans leur ghetto où ils faisaient commerce de l’argent, un commerce alors interdit (en principe) aux chrétiens.

Donc un juif, un usurier, Shylock, qui a souffert toute sa vie du mépris de ses partenaires chrétiens et qui saisit la première occasion qui se présente pour se venger : il prêtera 3000 ducats à un marchand vénitien, qui ne l’a jamais traité qu’avec mépris, par un contrat stipulant que si le marchand fait défaut, le créancier pourra prélever sur sa poitrine, du côté du cœur, une livre de chair.

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Christiane Emmanuel, présidente de Tropiques-Atrium

— Par Roland Sabra —

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Deux crocodiles mâles dans le même marigot…

C’est à l’unanimité que Christiane Emmanuel a été nommée Présidente de Tropiques-Atrium. Les élu.e.s de Gran sanblè pou péyi-a an chans, les représentants de l’Etat ont voté comme un seul homme pour la chorégraphe et directrice de la Compagnie Christiane Emmanuel. Son spectacle « Choc(s) », une reprise d’un travail déjà présenté en 2010 au T.A.C. avait ouvert la saison 2015-2016 de Tropiques-Atrium. Désormais deux créateurs se trouvent en responsabilité à la tête de de la structure qui a tout juste un an d’existence. Est-ce raisonnable ? Christaine Emmanuel ne déclarait-elle pas en 2014 à propos d’une situation connexe : « Le CMAC avait perdu son label de scène nationale. Dès le départ il y a eu une erreur, celle de mettre une direction bicéphale. A l’époque ont avait l’Atrium dirigée par Jean-Paul Césaire et le CMAC dirigé par Fanny Auguiac. Deux directeurs dans une enceinte telle que l’Atrium et un gaspillage d’argent qui a duré plus d’une dizaine d’années, avec une programmation partie en vrille. » On lira avec profit l’ensemble de l‘entretien qu’elle accordait alors à Lisa David, peu de temps après l’inauguration de sa Maison Rouge- Maison des Arts à Fort-de-France.

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Le Prince travesti sans mauvais pli

— Par Gérald Rossi —

Théâtre. Daniel Mesguich met en lumière les recou XIIe siècle, mais l’indéfini importe peu. Le décor unique de panneaux portant des miroirs plus ou moins déformants le confirme. Tout se joue dans les mots. Et dans l’exploration de la nature humaine que le prince de Léon, avant de monter sur le trône, s’est donné pour mission d’explorer, voire de tenter d’en percer quelques mystères. Dans l’habit d’un noble aventurier dénommé Lélio, ledit prince espère bien aussi trouver l’épouse idéale.

Ce qui nous conduit vite dans un autre labyrinthe, puisque s’il est aimé de la princesse de Barcelone, il est épris de Hortense, cependant mariée de son côté, et qu’il sauva de la main d’un groupe de brigands. De cette confusion, dans laquelle apparait aussi l’ambassadeur du roi de Castille, qui n’est autre, on ne le saura qu’à la fin, le roi lui même, Daniel Mesguich n’esquive pas les zones d’ombre pas plus que les éclairs des sentiments. Et sans doute en fait-il même beaucoup en ponctuant l’histoire d’éclairs violents et de flash sonores implacables…

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L’irrésistible attrait de l’amour et de la mort

— Par Marie-José Sirach —

Arthur Nauzyciel met en scène Splendid’s, une pièce de Jean Genet publiée après sa mort en 1993. Une œuvre toujours aussi sulfureuse, une pièce d’actualité qui traite de l’homosexualité sans fard.

C’est par la projection d’Un chant d’amour que le spectacle commence. Une œuvre en noir et blanc filmée au plus près des corps et des visages, où le grain de la peau des hommes se confond avec celui de la pellicule. Deux prisonniers dans leur cellule tournent en rond. À travers la paroi qui les sépare, on assiste à un étrange ballet des corps où le désir, la pulsion sexuelle suintent par tous les pores de la peau. Ils se hèlent, se séduisent, s’ignorent, se caressent, s’enlacent. Une danse de l’amour funèbre et virtuelle nimbée de flash-back, à moins que tout soit rêvé, où les deux hommes courent et s’aiment éperdument dans une forêt trouée d’éclaircies solaires. Derrière la porte de leur cellule, le maton, que la vision des corps des deux hommes excite, observe derrière le judas. C’est sous la menace d’une arme qu’il obligera l’un d’eux à lui faire une fellation.

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Bobo 1er, ni roi ni reine, mais il porte la couronne

— Par Roland Sabra —

Il est arrivé le premier sur la scène. Les autres, il les attend et il les attendra longtemps. Ils ne viendront pas. Alors il soliloque. Il parle de Pauline, de sa Pauline. Il lui parle et elle lui parle. Pauline ? « C’est son Amérique à lui, même qu’il est trop bien pour elle » Lui ? Il s’écrit en majuscules de noblesse. Bobo 1er, roi de personne. Bobo dans l’entre deux des langues qui le traversent qu’il habite, qu’il unit et démarie entre « l’observancement » du monde et « l’emmerdation » qui en résulte. Et il explique : «  Si kréyol exerce sa vie rien qu’à montrer qu’il n’est pas français, c’est pas une vie. C’est en vérité français qui lui dicte une telle conduite. Même-pareil si français ne sert qu’à touffer kréyol… C’est pas un métier pour une langue d’emmerder les autres langues… Je suis venu au monde en trouvant autour de moi des mots rangés à ma disposition dans deux sacs séparés et plein de poussières de mots entre eux… Eh bien je me les ramasse tous pour en faire ma cuisine à moi.

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