Catégorie : Arts de la scène

Coup de tonnerre au Français

— Par Jean-Pierre Han —

La Résistible Ascension d’Arturo Ui, de Bertolt Brecht. Mise en scène de Katharina Thalbach. Comédie-Française, Place Colette, Paris 1er, à 20 h 30, en alternance. Jusqu’au 30 juin. Tél. : 01 44 58 15 15.

En décidant de faire entrer la Résistible Ascension d’Arturo Ui au répertoire de la Comédie-Française, Éric Ruf se doutait-il que les représentations commenceraient à peine un mois avant les élections présidentielles qui voient la menace de ce que dénonce Brecht (la peste brune) se faire de plus en plus précise ? Si hasard il y a, il est forcément objectif ! La pièce écrite par Brecht en 1941 faisait directement référence au nazisme qui l’avait contraint à s’exiler, en Finlande d’abord où il rédigea son texte en trois semaines, aux États-Unis ensuite. La fable qu’il invente décalque très exactement les faits et gestes qui menèrent Hitler et ses sbires au pouvoir. En France, c’est Jean Vilar qui créa Arturo Ui au TNP, en 1960. Voilà qui tom-bait fort à propos si on veut bien se rappeler ce qui s’y passait alors au plan politique.

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Félicité

— par Guy Gabriel —

Félicité

Réalisé par Alain Gomis ; avec Véronique Beya Mputu, Papi Mpaka, Gaëtan Claudia

Félicité est une femme forte et indépendante qui gagne sa vie en chantant dans un bar de Kinshasa ; des voix puissante, elle fait vibrer les spectateurs qui se défoulent en buvant plus que de besoin et dans un ambiance électrique ; elle vit séparée de son mari et élève seule son fils Samo. Sa vie bascule lorsque ce dernier a un accident de moto ; il lui faut, alors rapidement trouver l’argent qui lui permettra d’éviter l’amputation d’une jambe de Samo. Alors commence pour elle un parcours du combattant incroyable…

Félicité qui vient recevoir, après l’Ours d’Or à Berlin, l’Etalon d’or au dernier Fespaco (Festival du film de Ouagadougou) est ce qu’on appelle un petit bijou cinématographique. Centré sur un personnage de femme forte, qui va se révéler, après un de ces malheureux hasard que la vie vous réserve ; la mise en scène va d’emblée se mettre au service de sa prise en charge d’elle-même ; elle se trouve, en fait obligée de rebâtir sa vie qui va passer de musicale à dramatique.

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« Mon cœur » : texte et mise en scène : Pauline Bureau,

— Par Michèle Bigot —
Cie La Part des Anges
Le Merlan, scène nationale de Marseille, 5-6 avril 2017
A l’origine de ce projet, le combat exemplaire d’une femme-courage, Irène Frachon, médecin pneumologue qui, inquiète de voir souffrir et mourir de jeunes patients dans son CHU, découvre que tous ont consommé du Médiator sur prescription médicale : le supposé médicament était censé les faire maigrir ! Certes, ils ont maigri, mais ils ont aussi contracté une valvulopathie cardiaque qui les a gravement handicapés et a tué nombre d’entre eux. Son combat commence, qui va l’opposer au laboratoire Servier : elle va découvrir les conflits d’intérêt, le cynisme et la mauvaise foi dans toute sa splendeur. Le double jeu de certains médecins et les dysfonctionnements de l’ANSM, aussi. Le scandale éclate : 5 millions de personnes auraient consommé cet antidiabétique et le Médiator pourrait avoir tué au final entre 1000 et 2000 personnes.
En 2010, Irène Frachon publie son livre aux éditions Dialogues : Médiator, 150mg. Combien de morts ?
EN 2014, Pauline Bureau voit Irène Frachon à la télévision. Elle reconnaît en elle une héroïne telle qu’elle les aime dans la vie et au théâtre.

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« Ô vous frères humains », d’Albert Cohen, m.e.s. d’Alain Timar

Jeudi 20, vendredi 21, samedi 22 avril 2017, 19h 30 au T.A.C.

Lire la critique de la pièce, lors de sa création, par Michèle Bigot sur Madinin’Art

Extrait
« Et je suis parti, éternelle minorité, le dos soudain courbé et avec une habitude de sourire sur la lèvre, je suis parti, à jamais banni de la famille humaine, sangsue du pauvre monde et mauvais comme la gale, je suis parti sous les rires de la majorité satisfaite, braves gens qui s’aimaient de détester ensemble, niaisement communiant en un ennemi commun, l’étranger, je suis parti, affreux sourire tremblé, sourire de la honte. »

Albert Cohen

Mise en scène: Alain Timár
Adaptation : Danielle Paume
Avec : Paul Camus, Gilbert Laumord, Issam Rachyq-Ahrad

Le metteur en scène Alain Timar
Alain Timár, metteur en scène, scénographe, officier dans l’Ordre des Arts et des Lettres, Chevalier dans l’Ordre national du Mérite en 2014, Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres en 2008, Prix Jean-Pierre Bloch remis par la LICRA en 2003.
Après des études supérieures en France et un parcours dans diverses compagnies théâtrales, Alain Timár décide de s’installer à Avignon où il fonde le Théâtre des Halles qu’il dirige et anime depuis 1983.

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Jean-Claude Montredon en concert au New Morning le 19 avril 2017

Sortie Nationale le 31 / 03 / 2017
(Q-Mix / Rue Stendhal)
BAND
• Jon Handelsman (tenor & fl ûte)
• Michel Alibo (basse)
• Jean-Claude Montredon
(batterie & harmonica)
• Alain Jean-Marie (piano)
• Stéphane Belmondo (bugle & trompette ; avec l’aimable accord de sa maison de disque Naïve)
*****

En grandissant rue de la Batterie à Fort-de France, le choix de vie de Jean-Claude Montredon pour l’instrument du même nom, sonne comme un air de destinée qui s’accomplit.
Professionnel dès l’âge de 12 ans, les congas furent ses premières partenaires pour accompagner les orchestres de bals de son île natale, la Martinique. La batterie ne tarda pas à faire son entrée dans la vie du jeune Montredon qui, pris de passion pour cet instrument travailla son jeu 8h par jour des années durant et créa un son unique, empreint de subtilité, tout en nuance, qui le conduisit naturellement vers le jazz… Le talent n’ayant pas de frontière, en 1967 Jean- Claude s’envole au Canada en compagnie du pianiste Marius Cultier avec qui il partagera de nombreuses scènes. La rencontre avec le pianiste Alain Jean-Marie sera primordiale.

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Une pensée pour la culture

— Par Magali Jauffret —

A quelques jours du premier tour, le Palais de Tokyo se mobilise, en partenariat avec le Quotidien de l’art, et invite artistes, intellectuels, professionnels du monde de la culture et associatif, ainsi que tous les amateurs d’art à produire « une pensée pour la culture ».

Les organisateurs de cette initiative déclarent : « Oubliée, instrumentalisée ou diabolisée, la culture est l’un des angles morts de cette campagne présidentielle. Absente de la plupart des débats, reléguée par certains à une fonction d’animation, conspuée par d’autres pour qui elle rime avec « marché de la spéculation » ou « idéologie de l’absurde », la culture, aujourd’hui en France, a besoin de tout notre soutien.

Le mépris et les méprises dont elle fait parfois l’objet ne doivent pas pour autant nous faire oublier l’extraordinaire vitalité des artistes, des metteurs en scène, des chorégraphes, des écrivains, des cinéastes ou des musiciens qui tissent chaque jour un épais maillage intellectuel et artistique, mais surtout participent depuis toujours à l’invention de notre langue commune.

A quelques jours du premier tour, ayons une pensée pour la culture…

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M- a trouvé son âme au Mali

— Par Alexis Campion —

Matthieu Chedid sort un album afro-pop né de sa rencontre avec l’Afrique et de sa complicité avec Toumani Diabaté.

Non je ne connais pas l’Afrique » chantait-il en 1999 dans Mama Sam. Depuis, Matthieu Chedid a « un peu » comblé ce manque, pris le temps de découvrir le Sénégal et le Mali. Chemin faisant, de concerts en aéroports, le chanteur-guitariste s’est lié avec des artistes comme Amadou et Mariam, Fatoumata Diawara, Ayo ou Tony Allen. « On partage tous l’évidence du blues. »

Ces dernières années, -M- a fréquenté aussi le grand joueur de kora Toumani Diabaté et son fils Sidiki, star montante du hip-hop malien en plus d’être un virtuose de cet instrument emblématique, en forme de harpe-luth à 21 cordes. Ensemble, les trois artistes cosignent Lamomali, un disque éclectique et bouillonnant où les ballades planantes cohabitent avec des airs plus musclés, où la pureté acoustique peut à tout moment bifurquer vers des riffs électriques plus remuants, à l’instar de Bal de Bamako, le single enregistré avec Oxmo Puccino. « Fatoumata Diawara, qui chante sur presque tous les morceaux, a beaucoup compté aussi, précise-t-il.

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Mort d’Armand Gatti, militant du théâtre et de la culture

Résistant, déporté, Armand Gatti a été tour à tour et tout à la fois journaliste, écrivain, cinéaste, poète, dramaturge et metteur en scène. Grand intellectuel engagé, il a rencontré Malraux, Mao, Castro, Leiris, Che Guevara ou Michaux et baroudeur, il a sillonné le monde, de l’Algérie à la Chine et à l’Amérique latine. Le théâtre a été son refuge. Il est mort à 93 ans à Saint-Mandé.
Armand Gatti, né en 1924, est un fils d’immigrés italiens installés à Monaco pour fuir le régime de Mussolini. Son père est balayeur et anarchiste, sa mère, femme de ménage. C’est au bidonville du Tonkin de Monaco qu’il passe son enfance.
Résistant et journaliste
Alors qu’il suit ses études au séminaire Saint-Paul à Cannes, Armand Gatti s’engage dès l’âge de 15 ans dans la résistance : maquisard, arrêté, il est condamné à mort, évadé, engagé dans les parachutistes du Special Air Service, arrêté à nouveau, puis déporté.

Après la guerre Gatti devient journaliste et se fait une place comme grand reporter. Célèbres seront ses rencontres avec des figures contrales de la culture comme Michaux, Deleuze, Tournier, Kateb Yacine, Chris Marker, Malraux, et de la politique internationale : Mao et Che Guevara par exemple.

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« Intra-muros », m.e.s. d’Alexis Michalik : magistral!

 — Par Roland Sabra —

D’Alexis Michalik, la Martinique a pu voir récemment « Le porteur d’histoire », pièce inaugurale d’un succès qui se confirme d’œuvre en œuvre.

Lire : Les contes merveilleux d’Alexis Michalik  par Selim Lander

Qu’il s’agisse du « Cercle des illusionnistes », ou d’« Edmond » et maintenant d’ « Intra-muros » elles se jouent à guichet fermé et les listes d’attentes sont longues. On mettra en regard de cette gloire naissante le fait que chaque jour à Paris et en Ile-de-France, plus de 300 pièces sont jouées , faisant de la France une exception culturelle sans équivalent dans le monde. (Source : L’Officiel des Spectacles, n° 3667). La reconnaissance dont jouit Alexis Michalik est donc celle d’un public exigeant confronté à une offre pléthorique et d’une qualité singulière.

Les travaux du metteur-en-scène relève de deux approches différentes en fonction de la structure qui accueille leur création. Pour les théâtres privés il présente un texte qui a pour but de rassurer les financiers toujours sensibles aux enjeux économiques d’une création. Pour les théâtres publics il préfère créer sur le plateau à partir d’improvisations dirigées.

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Hervé Deluge : « Tout reste à faire… »

— Propos recueillis par Jean Durosier Desrivières —

Hervé Deluge, comédien, metteur en scène, vous êtes celui qui est entré violemment dans le hall de l’Atrium avec votre 4 x 4. Qu’est-ce qui vous a poussé à poser un tel acte ?

Vous comprendrez qu’au moment où nous parlons, mon procès est dans quatre jours, je suis tenu à une certaine réserve sur cette question. Autrement dit, je réserve mes réponses à la justice. Toutefois, je peux vous dire que cet incident, que je considère comme un accident, en tout cas dans ma vie d’homme, ce n’est pas quelque chose que je revendique, que je porte comme un drapeau. J’ai toujours considéré que ma vocation en tant qu’artiste est de me situer du côté de la joie, de la beauté et de la réflexion, à travers mes créations, mes spectacles… et non du côté de l’autoritarisme, de la peur ou de l’intimidation…

Est-ce à dire que vous regrettez un peu ce qui s’est passé ?

Aujourd’hui, je n’ai plus de voiture. J’ai des obligations. Je suis en procès pour une multitude de délits évidents.

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Jean-Marc Médeuf : concert annulé

Jeudi 13 avril 2017 à 20h Tropiques-Atrium

Il se forme à Paris dans plusieurs conservatoires dont 5 ans d’études supérieures au conservatoire national de musique de Boulogne. Il est aussi diplômé du conservatoire du XIIIe arrondissement de Paris et se perfectionne auprès de Francis Kleynjans et Louis Lautrec.
Rentré en Martinique, il mène une carrière d’enseignantformateur,fonde l’institut pédagogique de la guitare en 1995 et approfondie sa formation universitaire.
Jean-Marc Médeuf s’est produit aux Antilles ou lors du Carrefour mondial de la guitare du CMAC, comme soliste ou accompagnateur de musiciens référents des Amériques : Aldo Rodriguez, Amos Coulanges, Rodrigo Riera… Ce récital sera l’occasion d’un voyage musical, de la guitare classique à la guitare créole,via les Amériques.

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M’appelle Mohamed Ali

Jeudi 6 avril 2017 à 20h. Tropiques-Atrium

Texte : Dieudonné Niangouna
Mise en scène & Scénographie : Jean Hamado Tiemtoré
Musique : Julien Truddaïu
Coach artistique : François Ebouélé
Création lumière : Rémy Brans & Herman Coulibaly
Avec : Étienne Minoungou
© crédit photo : B. Mullenaerts
Cette pièce met en scène le boxeur du siècle : brillant, investi, provocateur… On y raconte ses combats les plus importants, son titre de champion du monde qu’il perdit en refusant de faire son service militaire car « jamais un Viêt-cong ne m’a traité de nègre ». Ce titre qu’il récupère 7 ans plus tard face à Foreman lors du match du siècle, organisé par Mobutu au Zaïre en 1974, porté par la ferveur d’une salle en ébullition.
Pour gagner ? Il faut voler comme un papillon, piquer comme une abeille… Il y a une forte ressemblance physique entre Etienne Minoungou et Mohamed Ali…
Aujourd’hui « à mi-vie », Minoungou et Niangouna en appellent à Ali pour réfléchir à une Afrique moderne, pour laquelle relever des défis est encore toujours une activité quotidienne. Avec Ali, ils s’interrogent sur la valeur de l’existence.

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Cahier d’un retour au pays natal

Mardi 4 avril 2017 à 20h. Tropiques-Atrium

Coproduction : Cie La Charge du Rhinocéros, Théâtre en Liberté & Cie Falinga

Avec ce texte-phare de la littérature, Césaire pose pour les générations à venir les ferments d’une nouvelle fraternité, en affirmant l’égale dignité de tous les humains et de toutes les cultures. C’est un texte fondamental symbolisant la fierté et la dignité retrouvée des peuples noirs.
Et la poésie comme arme des opprimés.
Sur la grève, sur la scène, un homme hirsute, échoué, rescapé d’on ne sait quelle errance, exclu, oublié de toutes les histoires. Il émerge d’un tas de vêtements au bout du petit matin…
Etienne Minoungou s’empare du Cahier d’un retour au pays natal, il le porte dans ses veines, habite ce texte exigeant et bouleversant, creusant les entrailles de sa négritude. La langue éblouissante du nègre-carrefour est là. Une langue qui démande à être dite autant qu’à être entendue.
« Minoungou, magnétique, nous touche » – Le Canard Enchaîné
Mise en scène : Daniel Scahaise
Assistant à la mise en scène : François Ebouelé
Avec : Étienne Minoungou
© crédit photo : Adrian Zapico
Scolaire le 4 à 9h 30

Aimé Césaire Écrivain, homme politique, à la fois poète, dramaturge, essayiste, il est l’un des fondateurs avec Senghor et Damas du mouvement littéraire de la Négritude.

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« L’attentat », m.e.s. de Franck Berthier : un pétard mouillé!

— Par Roland Sabra —

Tel Aviv. Une bombe explose dans un fast-food où des dizaines d’enfants célébraient l’anniversaire de l’un d’entre eux. Amine Jaafari chirurgien réputé à Tel Aviv aussi intégré qu’il est possible pour un israélien arabe, opère sans discontinuité, ampute, recoud, sauve des vies. Épuisé, à bout de force, il rentre chez lui. On l’appelle, on lui demande de revenir à l’hôpital. Il rechigne, explique qu’il a opéré sans trève depuis vingt-quatre heures. On insiste. Il cède. A son arrivée, il apprend que la kamikaze s’appelle Silhem Jaafari. Son épouse. Sa vie s’effondre. Comment est-ce possible ? Comment a-t-il pu ne pas savoir ? Comment l’être le plus cher, celle avec laquelle on partage sa vie dans l’intimité la plus grande, a-t-elle pu avoir une vie aussi secrète, aussi opposée aux valeurs humanistes qu’ensemble ils affichaient? Un sentiment de trahison envahit Amine Jaafari. Il s’engage dans une enquête au cours de laquelle le sentiment de trahison qui le foudroie, tel un boomerang va lui être renvoyé en pleine face. Lui ce modèle de réussite sociale n’a-t-il pas oublié sur son chemin ses frères palestiniens ?

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Un regard autre sur le film : Le professeur de violon

— Par Paul Chéneau —

Les RCM, en ce qu’elles présentent des films différents, ouvrent le regard à la création cinématographique des Caraïbes, du continent américain, du monde aussi parfois. Raison pour laquelle il semble important d’aller, pendant ce festival, à la rencontre des jeunes, et de leur proposer, en version originale, autre chose que ce à quoi ils sont sans doute habitués.
C’est dans ce cadre qu’eut lieu, à Madiana, une séance scolaire, organisée à la demande des enseignants de portugais, et qui offrit à quelque quatre cents élèves, venus de toute l’île, la primeur du film brésilien Le professeur de violon. Titre que les élèves ci-dessous, apprenants en langue portugaise au lycée de Bellevue, vous donneront en VO, bien plus signifiant, avant de vous en expliquer la teneur exacte.
Au sortir de la salle, si l’on hésitait entre sourires de satisfaction et larmes d’émotion retenues, on s’accordait dans les rangs à dire combien on avait aimé le film, et qu’il avait soulevé des questions intéressantes, propres à faire naître réflexions et débats. Voici donc un petit panégyrique, fait en portugais d’abord, puis en français pour être lisible de tous, de ce que se dirent les élèves, sous la houlette de leur professeur et de son assistante Pedrita, venue cette année tout droit de Rio de Janeiro à la Martinique. Par

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Les contes merveilleux d’Alexis Michalik

— Par Selim Lander—

Le Porteur d’histoire

Alexis Michalik a reçu deux Molières en 2014 en tant qu’auteur et metteur en scène de cette pièce. Autant dire qu’on n’allait pas rater Le Porteur d’histoire de passage pour une seule soirée en Martinique. Et l’on n’a pas été déçu. La pièce est en effet très bien construite avec une histoire prenante bien que (ou parce que) passablement fantaisiste et des comédiens à la hauteur (pas tous la même, cependant…)

Les amateurs de théâtre connaissent sans doute la pièce d’Aristophane qui met en scène une certaine Lysistrata, initiatrice de la grève du sexe… C’est sans doute le point de départ de l’invention par Michalik des « Lysistrates », cette lignée des femmes qui aurait accumulé richesse et pouvoir tout au long des siècles. Un mauvais garçon de notre XXIe siècle commençant a eu vent de l’existence de leur trésor et se lance à sa recherche.

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« Les Figures de l’ombre »un film de Theodore Melfi

De Theodore Melfi | Par Allison Schroeder
Avec Taraji P. Henson, Octavia Spencer, Janelle Monáe
8 mars 2017 en salle | 2h 07min | Biopic, Drame
Synopsis :
« Les Figures de l’ombre » (Hidden Figures) est un film dramatique biographique américain réalisé par Theodore Melfi, sorti en 2016. Adapté du livre de Margot Lee Shetterly, il raconte l’histoire de trois femmes afro-américaines, Katherine Johnson, Dorothy Vaughan et Mary Jackson, qui ont joué un rôle crucial dans les programmes aéronautiques et spatiaux de la NASA. Katherine Johnson est reconnue pour avoir calculé les trajectoires du programme Mercury et de la mission Apollo 11, Dorothy Vaughan devient la première superviseuse afro-américaine du département de calculs informatiques, et Mary Jackson devient la première ingénieure afro-américaine en aéronautique.
Le film débute dans les années 1920, lorsque les parents de Katherine découvrent son don pour les mathématiques, lui permettant de poursuivre des études malgré la ségrégation. En 1962, Katherine travaille avec Dorothy et Mary au Centre de recherche Langley, où elle est affectée au groupe du Space Task Group pour vérifier des calculs critiques. Malgré les discriminations, elle parvient à démontrer son expertise, notamment en résolvant des problèmes mathématiques complexes pour les missions spatiales.

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Piano classique à l’Atrium

— Par Selim Lander —

Dans toutes les époques les vieux réactionnaires ont été inaudibles et même ridiculisés. Qu’on permette quand même à l’un d’entre eux d’exprimer son bonheur (nul n’est obligé à le lire). Oui, ce fut un bonheur d’écouter enfin, pour la première fois en Martinique lors de cette saison 2016-2017, un instrument, le piano en l’occurrence, dans toute sa pureté ou sa simplicité, comme on voudra. Car si nous avons déjà entendu cet instrument pendant le festival de jazz, il était systématiquement amplifié, à l’instar des autres instruments, comme si désormais, pour les musiciens d’aujourd’hui, l’important avant toute chose était d’en mettre plein les oreilles des auditeurs. Il y eut certes des moments de grâce : parfois, dans ces concerts, le batteur a accepté de se calmer, les guitares et basses électriques se sont tues, et l’on a pu avoir une idée de ce que furent les petites formations de jazz d’antan lors d’un bref solo du piano ou un duo piano-contrebasse avec ou non accompagnement discret de la batterie. Si ces instruments restaient amplifiés, au moins le bruit avait-il cessé.

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De la négritude au Tout-Monde, histoire d’un dépassement.

— Par Roland Sabra —

« Nous sommes de ceux qui disent non à l’ombre », m.e.s. de Margaux Eskenazi

Ils étaient trois, comme les rois mages, les pyramides, les Parques, les Grâces, ou les marches du podium. Sur la plus haute sans doute Césaire, sur la seconde Senghor, sur la troisième Damas le moins connu mais surement le plus combatif, le plus passionné.

Au cours de la bal(l)ade qui va des pères de la négritude aux chantres de la créolisation du monde Margaux Eskenazi dans « Nous sommes de ceux qui disent non à l’ombre » revisite les textes fondateurs autour desquels s’articule la recherche identitaire afro-caribéenne. C’est par un extrait opportun d’ « Écrire en pays dominé » qui d’emblée contextualise le propos que se fait l’ouverture, vite suivie de Black Label avec son refrain incantatoire et imprécatoire, Black-Label à boire / Pour ne pas changer / Black-Label à boire / A quoi bon changer. Puis c’est Aimé Césaire, incarné par Armelle Abibou qui rappelle les conditions d’émergence de la négritude «  …simple reconnaissance du fait d’être noir, et l’acceptation de ce fait, de notre destin de noir, de notre histoire et de notre culture.

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Festival d’Avignon, un programme à l’international

— Par Marie-José Sirach —

Olivier Py a présenté le menu de la prochaine édition. Avec, en guest star, Christiane Taubira.

C’est au Conservatoire national supérieur d’art dramatique, à Paris, qu’Olivier Py a joué les maîtres de cérémonie pour présenter à la presse la teneur de la 71e édition du Festival d’Avignon: 34 créations, 41 spectacles, du jeune public, du moins jeune public, des expositions, un spectacle itinérant, du théâtre, de la danse, de l’entre-deux baptisé « indiscipliné », des habitués, des pas habitués…

La cour d’Honneur accueillera un spectacle de l’immense metteur en scène japonais Satoshi Miyagi, qui, il y a trois ans, à la carrière Boulbon, nous avait enthousiasmés avec son Mahabharata. Il a choisi de monter Antigone, de Sophocle, féministe avant l’heure, une rebelle, celle qui dit non. Il sera beaucoup question de femmes dans les pièces montées de cette prochaine édition, qu’elles soient héroïnes ou metteures en scène. Il sera aussi beaucoup question d’Afrique, avec des metteurs en scène et chorégraphes qui viendront présenter la vitalité et l’énergie de la scène subsaharienne : Afrique du Sud, Rwanda, République démocratique du Congo, Bénin, Burkina Faso…

Christiane Taubira s’est vu confier le feuilleton inauguré il y a deux ans par Alain Badiou, un rendez-vous quotidien ouvert au public (gratuit).

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RCM 2017 – Suite (4) et Fin

Félicité, Clôture

—Par Selim Lander —

Félicité d’Alain Gomis

Voilà un film reconnu par la critique (sélectionné à Berlin, Étalon d’or au dernier FESPACO) qui laisse néanmoins une impression mitigée. Le résumé dans le programme du RCM est parfaitement exact. L’héroïne, Félicité est bien une chanteuse qui se produit dans un bar, « libre et fière » ; à la suite de l’accident de moto de son fils, elle se lance dans Kinshasa à la recherche de l’argent nécessaire pour l’opération ; il y a également un homme, un mécanicien, Tabu, qui s’intéresse à elle : assez d’ingrédients pour faire un bon film.

De fait, on peut regarder ce film comme une tragédie, au sens moderne du terme. Voilà en effet une femme dure, une femme « debout » qui traverse les épreuves avec un courage indomptable. Et les épreuves ne manquent pas quand on est une femme seule, obligée de se débrouiller par elle-même dans la jungle d’une grande ville du Tiers-Monde. La partie centrale du film qui montre Félicité se débattant pour que son fils soit correctement soigné peut être regardée comme une docu-fiction.

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« Moonligth » de Barry Jenkins

— Par Guy Gabriel —

film américain; avec Ashton Sanders,Trevan Rhodes, Mahershala Ali, Naomis Harris

Le destin étrange d’un jeune américain noir dans un Miami qui se bat contre la drogue se présente comme une sorte de triptyque étouffant et passionnant à la fois ; Moonlight est la peinture d’une vie, celle, d’abord, de Little enfant mutique, puis de Chiron (Little devenu adolescent) cet enfant sans père élevé par une mère encore plus perturbée que lui et qui deviendra un jeune adulte violent, une manière pour lui de vivre dans un contexte chaotique, comme si il avait trouvé un moyen d’exister vraiment. Très curieusement, Moonligth est un film plutôt lumineux à la construction classique, en somme, mais mis en scène avec un certain brio ; on assiste à la prise de conscience de sa sexualité de ce garçon, d’abord par le regard des autres, puis par l’expérience ; tout cela est montré avec presque de la tendresse, même si, plus on avance dans le film, on sent que la violence va finir par s’installer dans vie à la fois banale dans cette société, mais où le désir de s’en sortir est loin d’être absent, quelqu’en soit les moyens utilisés ; car on sent bien que le propos du film, ne serait-ce qu’en filigrane, c’est la fracture sociale d’un pays qui s’avère être de moins en moins un pays où l’intelligence occupe une place prépondérante (l’arrivée de son actuel président au pouvoir en est la preuve évidente).

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« La Confession », film de Nicolas Boukhrief

Par Guy Gabriel

 film français avec Romain Duris, Marine Vacth, Ann Le Ny

Nous sommes en pleine seconde Guerre mondiale, pendant l’Occupation ; Léon Morin est le jeune prêtre fraichement nommé dans un petit village français ; son arrivée provoque un certain émoi dans la population ; il est jeune et beau ; les hommes sont au front ou emprisonnés. Emoustillée par ses collègues de bureau, Barny, une jeune communiste, athée, et dont le mari est emprisonné au front, va finir par chercher à rencontrer ce prêtre afin de confronter ses idées aux siennes. Le rapport va être tendu, dans un premier temps….

Après Jean-Pierre Melville (1961), Nicolas Boukhrief s’empare du roman (Prix Goncourt 1952) de Béatrix Beck Léon Morin prêtre, pour en faire un film magnifique, à la fois sur une relation ambigüe entre une jeune femme, aux idées qu’on pourrait qualifier de progressistes et un jeune prêtre intelligent, généreux et attentif au monde qui l’entoure, et sur une époque trouble et troublée ; nous sommes, en effet, en pleine seconde Guerre mondiale.

La Confession traite, avec subtilité, les rapports qui se nouent entre les deux personnages ; rapports qui passent de la joute verbale, où chacun s’ingénie à faire passer ses idées, diamétralement opposées à une part de séduction indéniable.

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Hommage à Henri Melon

— Par Edouard Ancet —

A Henri Melon

Cher Henri,

A hauteur de notre proche amitié et également sous le signe de « Raconte-moi ta Commune », associant ma voix à celles de Philippe CUPIT et Daniel BERTE, j’ai plaisir à te présenter très brièvement… (parce que ce soir, nécessité fait loi.)
Nous sommes heureux de te voir honoré en ton Saint-Esprit même, en qualité d’Invité de la présente édition de «  Rencontres pour le lendemain ».

En Acte I, notre Martinique
Tu y vois le jour en 1935, « route du François, à Saint-Esprit, Antilles Françaises, colonie de la Martinique »…
Ainsi parla ton Ainé Alfred, dont cette toute neuve Maison Culturelle perpétue la mémoire. Tu enjambes avec succès tes scolarités spiritaines et lycéennes, couronnées en 1954 par ton succès au baccalauréat de Sciences Expérimentales.
En 1957, tu as 22 ans et, toujours dans le parfait sillage du Grand Frère, du prends le bateau pour la France.

En Acte II, à nous deux la France.
A ta bonne installation en tant que surveillant de lycée à Versailles, à la bonne conduite et au succès de ta licence de lettres modernes effectuée à La Sorbonne,s’associent des activités littéraires et culturelles dont principalement le théâtre que tu aimes bien pour avoir été un abonné fidèle, attentif, parfois critique lors des tournées martiniquaises de la Compagnie Jean Gosselin.

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Aux RCM 2017, d’un continent à l’autre, les derniers feux sur la toile.

— par Janine Bailly —

De ces ultimes séances aux RCM, j’ai eu loisir de voir trois films, venus de continents ou pays différents, Afrique, Amérique, République de Haïti. Trois films propres à nous dépayser, par les lieux, par les personnages, par la forme ou par les sujets abordés.

Guetty Felin a écrit une ode à son île, Haïti, un poème d’images en forme de déclaration, et c’est  Ayiti mon amour, qui sur fond de mer et sable blond, entrelace la vie réelle aux fantasmes de ses personnages. De son île, quand bien même certains plans sont aptes à nous faire entrevoir la pollution des eaux, chiffons épars dans la mer, débris sur la côte au milieu des galets, quand aussi le jeune Orphée pleure son père disparu dans le dernier tremblement de terre, elle donne une vision belle et positive, presque idyllique, effaçant les clichés qui toujours nous parlent de misère et pauvreté, de catastrophes, cyclones et séismes.

L’intrigue reste assez mince, qui entremêle pourtant trois vies. Celle d’Orphée qui découvre la Femme, mais perd alors ce don étrange grâce auquel il communiquait aux autres l’électricité, par son corps adolescent produite.

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