Catégorie : Arts de la scène

Fête patronale du Lamentin : « Dynamique plurielle »

Du 8 au 13 août 2017

Le Maire de la Ville du Lamentin vous invite à participer nombreux aux différentes manifestations de la fête patronale du mardi 8 au dimanche 13 août 2017 sur le thème « DYNAMIQUE PLURIELLE ». Attention !!! Ce programme est à titre indicatif et est susceptible d’être modifié.

Au programme :

Mardi 8 Août

+ Place André Aliker

17h : 10ème Relais dévidoir proposé par l’Amicale des sapeurs-pompiers du Lamentin

+ Hôtel de ville

20h30 : Remise des récompenses du relais dévidoir

 

Mercredi 9 Août

+ Morne Cabri

– 8h à 13h : Challenge Big Daddy – Défis sur paddles géants proposé par l’Office de Tourisme. Inscriptions sur place

+ Jardin Maison Pierre Zobda-Quitman

9h à 13h : « Initiation aux arts » proposée par l’Office de la Culture. Atelier arts plastiques, danse modern’jazz, danse urbaine, percussions et fabrication jeux d’antan

+ Place André Aliker

18h30 : Conférence sur le thème « pluies et vents sur la famille martiniquaise – entre clichés du passé et notre réalité d’aujourd’hui » animée par Daniel Milard assisté de Cédric Adrassé. « De nombreux constats de spécialistes sont convergents : La famille martiniquaise a du mal à résister au délitement, au « détricotement » du lien social auquel on assiste aujourd’hui.

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« La Planète des singes : suprématie » de Matt Reeves

A Madiana. Voir les horaires.

de Matt Reeves
Avec Andy Serkis, Woody Harrelson, Steve Zahn
Genres Science fiction, Action, Aventure
Nationalité américain

Synopsis : Protégés par la jungle, César et les singes sont confrontés à l’armée d’un colonel humain sanguinaire qui cherche à tout prix à retrouver César pour installer la domination des hommes sur les primates. Défaits lors d’un assaut violent, le colonel se déplace en personne dans le refuge de César pour le tuer alors que ce dernier venait de prendre la décision de faire avancer la colonie vers un désert repéré par son fils et son ami Rocket, où les humains ne pourraient plus leur causer d’ennuis. Le Colonel tue le fils de César ainsi que sa femme, épargnant sans le savoir un autre nouveau-né du singe. César tente de le tuer pour cet acte mais n’y parvient pas. Il se lance alors à sa poursuite, aidé par Maurice, Rocket et Luca tandis que la colonie avance vers le désert promis…

La presse en parle :

CinemaTeaser par Emmanuelle Spadacenta
La trilogie préquelle de « La Planète des singes » se conclut en apothéose, avec violence, passion et une faim de cinéma folle.

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Bourgogne : entre résidences et festival, l’expérience réussie de la Bergerie, espace culturel en milieu rural

— Par Dominique Daeschler —

Photos de Christophe Casimir : Alfred et Lucie les coorganisateurs, Mustafa, public et Bergerie, Danse au lavoir

Insolite et roots, le festival de danse contemporaine conduit par les chorégraphes et danseurs Alfred Alerte et Lucie Anceau, à Soffin (Bourgogne, 38 habitants l’hiver) draine de jeunes équipes venues des quatre coins du monde. La Bergerie, bien connue du milieu professionnel, adoptée par la population locale et les vacanciers, est le lieu de résidence (création, ateliers) et de diffusion qui accueille cette 13ième mouture.
La Bergerie ? Au départ la ruine d’un bâtiment d’accueil des pèlerins de Compostelle que le martiniquais Alfred Alerte achète en l’état. Avec la complicité et l’aide des villageois, il se transforme en menuisier, charpentier, maçon, construit une vraie salle de spectacles dans le bâtiment avec régie et grill technique, des chambres, des espaces de repos, une scène en plein air, un espace camping avec douches …La dijonnaise Lucie n’est pas en reste, elle assure l’intendance, l’administration, le relationnel, décore. Ce travail, c’est leurs petites mains et leurs salaires avec la débrouille, les coups de main.

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Les déchirements du spectacle vivant

— Par Valérie de Saint-Do —

Pour la première fois depuis des décennies, la France voit des théâtres fermer et des festivals jeter l’éponge, victimes des restrictions budgétaires et de l’indifférence politique de nouveaux élus pour qui spectacle vivant ne rime plus qu’avec divertissement. Face à cela, la plupart des acteurs installés du spectacle vivant font le dos rond et naviguent entre clientélisme et renoncement. Une enquête parue dans le dernier numéro de la Revue du Crieur disponible en librairie et Relay.

Si l’on ne devait se fier qu’au foisonnement de créations ( théâtrale, musicale, chorégraphique ), la France pourrait passer pour un pays où le spectacle vivant a le vent en poupe. Rien que dans la capitale, la liste des spectacles à l’affiche donne le tournis. Et, dans tout l’Hexagone, rares sont les lieux où l’on se trouve vraiment éloigné d’une scène proposant une programmation de qualité. Une jungle inextricable, où les productions théâtrales coûteuses côtoient les expériences aussi fauchées que passionnées, où le moindre village propose son festival… À première vue, donc, le spectacle est bien vivant en France.

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Un OVNI théâtral : « Mur Mur » de Nicolas Dewynter.

— Par Dégé —
Compagnie Du Oui. Avignon 2017

On sort de là assommé. On a besoin d’en parler. Par petits groupes sur le trottoir… Les gens échangent volontiers à Avignon. Dans les files d’attente trop longues, chacun interroge ou conseille sur ses coups de cœur. Mais pour Mur Mur, il faut prendre une pause avant de courir vers un autre spectacle. Se remettre, essayer de comprendre.
C’est une pièce particulière, à part. D’une violence inouïe. Sur le fond comme sur la forme. C’est bien du théâtre mais sans dialogue, sans monologue. Des phrases de temps en temps. échappées des coulisses ou d’un discours simulé.Ce n’est pas du mime non plus car il n’y a pas de silences. Beaucoup de bruits, d’onomatopées,de musiques hurlantes. Les gestes, les déplacements sans élégance ni souplesse sont saccadésheurtés, mécaniques.Ce n’est ni une comédie ni un drame ni une tragi-comédie et en même temps c’est tout cela.Nicolas Dewynter, l’auteur, « le compositeur de la pièce », la qualifie de «tragédie clownesque ». Il y a des rires, des larmes, des caresses, un jeu, des jeux, de la maltraitance, un mariage, de la peur, de l’amour, des cris de toutes sortes, de la danse…la mort.

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Jeanne Moreau au théâtre, l’essence d’une comédienne exigeante

Par Fabienne Darge

Si le parcours de nne Moreau au cinéma est impressionnant, c’est au théâtre que l’on pouvait sans doute le mieux sentir l’essence d’une comédienne insoumise et exigeante.

Une reine, impériale et libre. Abîmée, blessée et somptueuse tout ensemble… Si le parcours de Jeanne Moreau au cinéma est impressionnant, c’est au théâtre, où elle a débuté et où elle n’a cessé de revenir, que l’on pouvait sans doute le mieux sentir l’essence d’une comédienne insoumise et exigeante. C’est au théâtre que l’on avait sa présence réelle, son corps, son être tout entier et sa voix, cette voix à la fois grave et caressante, ensorcelante, troublante, qui condensait ce qu’elle était.

Une femme absolument libre, seule en scène et qui, par la magie d’une voix, tient le spectateur captif, ensorcelé, c’est ce qu’elle fut dans un spectacle d’anthologie, Le Récit de la servante Zerline, d’après Hermann Broch, par le regretté Klaus Michael Grüber.

Lire aussi : Mort de Jeanne Moreau, grande comédienne et personnalité insoumise

La Moreau y fit sentir comme aucune autre le poids d’une vie de femme et celui du temps.

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« Les assoiffés » de Wajdi Mouawad.

— par Dégé —
Cie québécoise Le bruit de la rouille. OFF Avignon 2017.

Au Canada. Un anthropologue judiciaire, chargé d’identifier un couple d’inconnus repêché quinze ans après sa disparition, découvre qu’il s’agit de proches. Mais son enquête le mène à la découverte de lui-même. Loin d’être morbide, cette pièce qui analyse les causes du désespoir des jeunes propose des antidotes au suicide qui menace tant nos adolescents. « Les Assoiffés » s’adresse aux parents, aux éducateurs, aux enseignants… aux jeunes révoltés également ! En finir avec la vie n’est pas la solution.
L’auteur, Wajdi Mouawad , attire l’attention sur un suicide moins spectaculaire qu’une pendaison, une noyade ou une ouverture des veines : un suicide intérieur. Invisible. Celui qui fait que l’on continue à vivre normalement en apparence. On rit, on chante, on reste bon élève, on devient quelqu’un, respecté, bien inséré dans la société. Par exemple, anthropologue judiciaire. Mais à l’intérieur, au fond de soi, on est mort.Combien parmi nos adolescents, nos très jeunes enfants mêmes, combien parmi nous, adultes, combien de zombies ? Sages, dociles, sans histoires parce que sans vie.

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Bilan du festival d’Avignon : attention fragile !

— par Marie-José Sirach —

C’est dans les jardins du musée Calvet qu’Olivier Py a convié la presse pour le bilan de la 71e édition. Une fréquentation qui accuse un léger fléchissement. Mais l’engouement du public est toujours là.

Que retenir de cette 71e édition ? Des sentiments contradictoires, des moments de joie et de déception, beaucoup d’intensité et de fragilité. Mais c’est beau la fragilité. C’est important. Réhabilitons la fragilité ! Dans un monde « start-upisé », ubérisé, la fragilité crée de l’empathie, du dialogue. Elle nous oblige tous à rester humble, d’où que l’on parle.

Ainsi Robin Renucci. Tous les soirs, il a sillonné les routes du département, avec son complice pianistique Nicolas Stavy. Ils ont joué dans des salles des fêtes, une cimenterie, un centre de formation professionnelle, un collège en zone sensible ou dans la prison du Pontet. Ils ont porté cette « Enfance à l’œuvre » sur des tréteaux, simplement ; donné à entendre les mots de Paul Valéry, Romain Gary, Rimbaud et Proust à des gens qui peut-être ne les avaient jamais lus. Avant chaque représentation, Renucci est allé à la rencontre des spectateurs pour les accueillir, leur souhaiter la bienvenue.

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« L’Avenir dure longtemps » d’après Louis Althusser, adaptation Michel Bernard, jeu Angelo Bison

— Par Michèle Bigot —
Festival d’Avignon off 2017, Théâtre des Doms, 06 => 26/07

Le trio Michel Bernard (adaptation), Thomas Delord (mise en scène) et Angelo Bison (interprétation) fait merveille dans ce seul en scène proposé par Unités/nomade.
C’est d’abord un condensé du texte poignant de Louis Althusser.
Au petit matin du dimanche 16 novembre 1980, Louis Althusser, dans un état de totale confusion mentale, étrangle sa femme sans le vouloir. En fait il était en train de lui prodiguer un massage, selon leur commune habitude, quand il prend brusquement conscience que le regard d’Hélène est fixe et qu’un petit morceau de langue dépasse de ses dents. Crime pathologique, acte délirant. On a aussi parlé de suicide altruiste : emmener l’autre dans la mort, comme il semble bien que Hélène l’y invitait.
Le livre d’Althusser et son adaptation théâtrale représente des tentatives de réponse à la question : pourquoi ? Tout commence par ce passage à l’acte qui échappe à la conscience et reviendra sur cet acte pour terminer. Entre l’ouverture et le final se déroule le récit d’une vie, marquée par un profonde mélancolie.

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« Juste la fin du monde » de Jean-Luc Lagarce. Théâtre du Petit Louvre, Avignon 2017

— par Dégé —
C’est Jean-Charles Mouveaux, le metteur en scène, qui joue le rôle de Louis, le fils prodigue, mort au moment où il va nous raconter son histoire, celle de sa famille.C’est une performance pour les spectateurs d’affronter la langue de Lagarce. Une performance plus encore pour les acteurs de dire ce texte aux infinies répétitions du même mot, d’énumérations, de synonymes, de retour en arrière sur le même. On s’y noye, on perd le fil de l’histoire comme le reproche à Louis son frère Antoine, excellemment interprété par Philippe Calvaire. Jean-Charles Mouveaux s’est donc efforcé à chaque moment, à chaque mot, de donner du sens, de faire varier les intonations, d’enlever les ambiguïtés…Presque trop. L’écriture de Jean-Luc Lagarce est comme ces dessins dont le trait maintes fois repris semble hésiter alors que ses superpositions, maladroites en apparence, esquissent au contraire le mouvement. Les « non/si/peut-être , jamais/tout à l’heure/maintenant » qui se succèdent dans la bouche des personnages expriment moins leurs indécisions que leur désir de rendre compte de la dynamique et de la complexité de leurs pensées.C’est

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« Talents de l’outremer »: prolongation des inscriptions jusqu’au 14 août 2017

Initiée depuis 2005 par le CASODOM, l’opération “ Talents de l’Outremer” distingue, tous les deux ans, des jeunes Français originaires de tous les Outremer , ayant réussi des parcours d’excellence en métropole ou qui y ont enrichi leurs compétences par des formations sélectives.
Par cette initiative, le CASODOM poursuit trois objectifs: rendre visibles les Ultramarins qui se sont illustrés dans des parcours de haut niveau, les promouvoir en modèles susceptibles d’inciter les jeunes à tendre vers l’excellence quel s que soient les obstacles rencontrés, et donner à nos concitoyens une image plus positive de nos Outremer .
Ouverte aux filières manuelles et intellectuelles, la sélection accueille également les talents artistiques dans les domaines du chant, de la danse et de la musique classiques.
Deux catégories sont proposées aux candidats :
Celle des Jeunes talents ,pour les étudiants en fin de cursus, les jeunes diplômés ou les jeunes actifs ayant notablement amélioré leurs potentialités.
Et celle des Talents confirmés , pour les candidats déjà reconnus dans leur domaine professionnel .
Un Comité de sélection composé de personnalités reconnues pour leur expertise dans leurs domaines de compétences désigne les lauréats.

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« Tabula rasa » une création écrite et dirigée par Violette Pallaro

— Par Michèle Bigot —

Ils sont cinq à table. Ou plutôt quatre, car il y a toujours une place vide pour la mystérieuse narratrice. La table est le symbole du cercle familial ; en tout cas, elle représente le lieu de la relation : on y mange, on y parle, on s’y retrouve ou bien on s’y querelle. Au fond, c’est comme un nouveau lieu scénique imbriqué dans le premier, car chacun joue un rôle dans la configuration familiale. Les caractères s’y affirment, les conflits y naissent : la place qu’occupe chacun autour de la table fonde et symbolise son rôle. La mère est près de la cuisine, le père trône en bout de table, et les enfants mâles tentent de se rapprocher de la place du père ou à la lui usurper en cas d’absence. Et les filles, elles ont ce qui reste : variables d’ajustement. Les révoltes et les insurrections commencent à table, lorsqu’il y en a un qui veut changer de place. Pour tout changer ne dit-on pas « renverser la table » ? c’est ce que fera la mère quand elle sera venue au sommet de son exaspération.

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« Is there life on Mars ? » Héloïse Meire, Compagnie What’s up? Théâtre national Wallonie-Bruxelles

— par Michèle Bigot —
Festival d’Avignon off 2017, Théâtre des Doms, 06 => 26/07

Bonne question ! Que sait-on de Mars, en dehors de ce que le nom véhicule de connotations viriles issues de la mythologie grecque ? Et des martiens, ou supposés tels ? Et de l’autisme, que sait-on ? C’est la question que posent les quatre comédiens aux spectateurs avant le spectacle. Munis d’un enregistreur, chacun d’eux choisit quelques spectateurs pour l’interviewer sur ce problème et la réponse des spectateurs fournira l’ouverture du spectacle, réinterprété par les comédiens, installés à une table d’enregistrement. On ne peut s’empêcher de penser qu’entre « autiste » à « artiste » les consonances sont riches. Mais voyons!
D’emblée nous sommes embarqués pour un autre univers : le voyage se fera en lumière, en sons et en images. Le texte ne sera autre que les paroles recueillies des personnes avec autisme, ou de leurs proches. Les acteurs écoutent les montages des interviews qu’ils retransmettent aux spectateurs. La dimension proprement créatrice et artistique est dans cette transposition qui se fait par la voix, le jeu des acteurs, mais aussi par toute une chorégraphie de leurs corps habités par une vitalité surprenante et une force mystérieuse.

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Ibsen Huis-Toneelgroep-In

— par Dominique Daeschler —
Le metteur en scène Simon Stone, pour la première fois à Avignon nous offre une lecture très fouillée de l’univers d’Ibsen sur lequel il a longuement travaillé avec ses acteurs. Ce n’est pas une adaptation mais une transposition du sujet où se mêlent réflexion autobiographique et apport spécifique des acteurs dans la création des personnages. Nous entrons dans la vie ordinaire d’une famille qui se réunit dans une maison de vacances, réalisée sur scène sur un plateau tournant (très beau travail de scénographie de Lizzie Clachan). Par les larges baies vitrées nous avons accès à toutes les pièces : nous voilà voyeurs-violeurs de l’intime, entrant de plein pied dans la pathologie d’une famille du non dit. « Le temps ne fait rien à l’affaire », les générations se succèdent et on continue à se mentir, à se parler s’en s’entendre : inceste, homosexualité, drogue, rapports professionnels pipés où l’on se pique les projets, brouilles, arnaque immobilière….Le spectateur est mis en situation de travailler avec sa mémoire, il est sans cesse en train de refaire la généalogie car le récit n’est pas linéaire.

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« Livret de famille » au théâtre Essaïon

— par Dégé —

C’est parfait, une pièce parfaite, comme on les attend pour se distraire.

Un décor parfait de Olivier Hébert : une mansarde à deux fenêtres donnant sur un toit en zinc où l’on aimerait méditer. Un texte parfait de Eric Rouquette qui signe aussi la mise en scène, tout aussi irréprochable…Des acteurs parfaits : Christophe de Mareuil et Guillaume Destrem, dans une vraie complicité fraternelle et professionnelle. Un thème innovant celui d’Oedipe mais inversé : Qui à un moment ou un autre ne souhaite, n’a souhaité ou ne souhaitera tuer sa mère ?

Marc est un écrivain raté, un homme à la vie ratée non parce qu’elle lui aurait échappé car il prétend la diriger. Avec cet objectif : réussir ses échecs. Quoi alors de supérieur à un matricide ? A moins que sous son aspect bourru…?

Son plus jeune frère, lui, à toutes les apparences de la réussite sociale : cadre compétitif, père de famille modèle, mari aimant toujours sa femme qui l’a préféré à son aîné…serait-ce l’origine de la tension entre les deux frères ? Les ambiguïtés sont nombreuses dans leur relation et objet de nombreux rebondissements dans la pièce.

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« Le garçon incassable » d’après le roman de Florence Seyvos adaptation et m.e.s. Laurent Vacher

— par Michèle Bigot —
Festival d’Avignon off 2017

Sur scène trois coffres à roulettes, deux acteurs et une actrice qui joue du ukulélé. En fond de scène un rideau de franges qui dissimule un écran vidéo. Au son de la musique, commence l’histoire de Buster Keaton, de son vrai nom Joseph Keaton. Il est né en 1895 dans le Kansas, ses parents sont saltimbanques, musiciens et acrobates. Enfant de la balle, à l’instar de Chaplin, il va connaître une enfance aussi difficile. A six mois, il dévale les escaliers. Cette chute mémorable arrache à son père l’exclamation : « What a buster ! ». Le surnom lui restera. A peine a-t-il appris à marcher que son père l’enrôle dans ses numéros où il joue le rôle d’une chose. Il se sert de lui comme d’un projectile. Buster se fracasse, se blesse mais retourne à son rôle. Il apprend à tomber et il va devenir le spécialiste de la chute. Mais un second récit avance en parallèle : c’est celui de Henry, le demi-frère de la narratrice, lui aussi enfant martyr, né handicapé, auquel son père va faire subir la plus cruelle des rééducations.

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4 Voix pour 1 Fin

— par Dégé —

Il est loin le temps ou des mouvements black révolutionnaires faisaient défiler « Femme nue » sur les images d’une main noire caressant le corps d’une femme blanche dénonçant ainsi l’hypocrisie senghorienne.
Ce poème autrefois encensé autant que décrié est devenu emblématique au point d’illustrer la clôture du Festival d’Avignon 2017. Le visage de Léopold Sédar SENGHOR immense sur la façade immense de la cour d’honneur du Palais des Papes…
Désormais pour ce public acquis au « Tous ensemble », le phénotype n’est plus discriminant, aussi a-t-il pu apprécier de découvrir, ou retrouver avec plaisir, la belle et chaude voix de ISAAC DE BANCOLE. Son phrasé et son rythme car la reconnaissance des poèmes n’était pas évidente. « Élégie pour la reine de Saba », « Prière » en partage avec A. KIDJO fut marquant, de même que le duo avec le jeune slameur, MHD, qui avait ses fans dans les gradins. Le guitariste Dominic JAMES, excellent, mais on peut regretté qu’une vraie kora n’ait représenté la sonorité naturelle de l’Afrique.
La mise en scène, plus que sobre et minimaliste, de Frédéric Maragnani donne bien l’impression de l’ensemble du spectacle.

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Avignon 2017 (18) « L’avenir dure longtemps », « Santa Estasi – Atridi : Otto Ritrato di famiglia »

— Par Selim Lander —

L’Avenir dure longtemps de Louis Althusser (OFF)

Louis Althusser (1918-1990) est un philosophe français structuralo-marxiste qui, quoique membre du PCF, eut une grande influence sur le mouvement gauchiste. Agrégé préparateur de philosophie à l’Ecole Normale Supérieure de la rue d’Ulm, il devint tout naturellement le maître à penser de nombre de jeunes philosophes qui s’engagèrent dans la mouvance maoïste dans les années 60 et 70 du siècle dernier.

Bien qu’il fut cet intellectuel très brillant qui initia une nouvelle lecture de Marx, il souffrait de crises récurrentes qui le conduisirent à séjourner en hôpital psychiatrique à plusieurs reprises. En 1980, à une époque où il se trouvait particulièrement perturbé, il étrangla sa compagne de toujours, Hélène Ryman. Il bénéficia alors d’un non-lieu en vertu de l’article 64 du code pénal : « il n’y a ni crime ni délit lorsque l’accusé était en état de démence au moment des faits ». Cependant un doute planait sur sa culpabilité dans la mesure où Hélène Ryman était sur le point de le quitter au moment des faits. C’est pour s’expliquer sur le meurtre mais également sur l’évolution de sa philosophie qu’Althusser écrivit L’Avenir dure longtemps qui parut après sa mort.

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Une ouverture aux comédiens en formation

— Par Dominique Daeschler —

En choisissant d’ouvrir les portes du in à des élèves comédiens (CNSAD) dans deux spectacles : On aura tout,  Claire, Anton et eux, Olivier Py  a eu souci de rappeler qu’être comédien est un métier….

Claire, Anton et eux-Cervantes-CNSAD – In

En fond de scène un portant chargé de costumes, à cour et à jardin des chaises et 14 comédiens qui bataillent avec leurs souvenirs, des pays, des situations, des familles, des rêves. Ils énoncent, partagent, prennent le relais, s’accueillent dans la mémoire et le corps de l’autre. Le plateau vibre du plaisir de jouer et de porter le besoin de parler. Un exercice réussi mais sans émotion.

Du côté du Off : le tout jeune  théâtre des deux galeries a ouvert sa première programmation à de jeunes comédiens élèves de grandes écoles.

Deux Frères-Compagnie de l’Illustre théâtre.

Trois comédiens qui souhaitent partager des textes d’auteurs  aux écritures singulières  et ont choisi  le nom d’une très célèbre troupe pour leur compagnie mettent collectivement en scène  la pièce d’un  jeune auteur italien Fausto Paravidino. Ce dernier travaille l’écriture au plan et à la séquence.

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Populations déplacées, migrants, déportés Du In au Off

— Par Dominique Daeschler —

Grensgeval-Tonelhuis -In

A partir des Suppliants de Elfriede Jelinek,  texte qui fait référence à notre histoire culturelle et européenne  en associant ses mouvements de population à l’histoire d’aujourd’hui, Guy Cassiers metteur en scène et Maud le Pladec  chorégraphe plongent dans la réponse ambigüe, protectionniste de l’Europe à l’égard des réfugiés. Avec quatre comédiens, seize danseurs, de la vidéo et un son ultra présent, le choix est fait de dire avec plusieurs voix, plusieurs corps. La parole est absorbée par les jeunes danseurs (du conservatoire royal d’Anvers) qui s’engagent et résistent tout à la fois : porosité, mouvement, distance. Le spectacle se présente comme un triptyque : le périple en bateau (atmosphère sombre, projection agrandie des corps et lents déplacements des planches), la marche en Europe en plein feu avec une profusion d’images et d’informations qui se catapultent sur un écran géant, l’arrivée dans une église (protection et huis clos) où chaque être est fondu dans la pénombre en une masse  informe. La réussite du spectacle tient beaucoup à son absence totale de redondance, d’illustration : chacun joue sa partition sans qu’on sache toujours qui parle, quelle image est la plus forte car le récit provocateur, violent coure comme torrent furieux.

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TOMA : un petit tour de piste avec Marie Pierre Bousquet

— Par Dominique Daeschler —

Prendre le petit escalier en colimaçon et s’arrêter au premier : à droite, à gauche ça bourdonne autour des téléphones, des ordinateurs, des imprimantes. On charge les photos ,consulte la presse, revoit un texte, prend des rendez vous ,s’occupe d l’intendance au sens premier ( les buffets du Toma font appel à tous les talents culinaires de la maison) et si l’on s’écroule dans le divan du petit salon ( esprit « puces » garanti) c’est encore pour prendre le temps d’expliquer, de résoudre, de rencontrer…C’est le domaine de Marie Pierre Bousquet codirectrice qui officie dans un petit bureau surchargé de paperasse rebelle en compagnie de Séverine l’administratrice : les murs cependant attestent avec consignes et planning d’une vraie conscience organisationnelle !
DD Vous avez un parcours de manager plongé jusqu’au cou dans l’économie libérale et hop, d’un coup le théâtre, c’est un changement radical …
MPB Oui, Sup de Co, IBM, ITACHI, la Banque, une société de super calculateurs, les marchés boursiers c’est un autre monde. Il y a eu toute une conjoncture d’évènements (époque du fameux serpent budgétaire européen) qui ont fait que les risques du change devenaient trop élevés.

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Festival d’Avignon : les critiques de Madinin’Art

Avignon 2017 (17) « Une maison de poupée », « Les Larmes amères de Petra von Kant »

— Par Selim Lander —

Une Maison de poupée d’Henrik Ibsen (OFF)

Dans un billet précédent nous émettions l’hypothèse qu’Ibsen est le plus grand dramaturge du XIXe siècle, toutes langues confondues. Ce n’est pas Une Maison de poupée, reconnue comme l’une de ses meilleures pièces, qui nous fera changer d’avis, surtout dans l’interprétation qu’en donnent Florence Le Corre (Nora) et Philippe Calvario[i] (Torvald Helmer) dans la M.E.S. de Philippe Person (qui joue lui-même Krogstad).

Il n’est peut-être pas anodin de savoir que cette pièce féministe (écrite en 1879) fut inspirée d’un fait réel. Une certaine Laura, une amie du couple Ibsen, vécut une histoire semblable à celle de Nora de la pièce, en plus tragique. Nora comme Laura ont emprunté de l’argent pour soigner leur mari malade, mais là où la Nora de la pièce voit son problème résolu par un « miracle » et quitte son mari la tête haute, la vraie Laura fut contrainte au divorce et internée dans un asile !

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Avignon 2017 (16) « Bestie di scena », « L’Age libre », « Gros Chagrins, etc. »

— Par Selim Lander —

Bestie di scena d’Emma Dante (IN)

Emma Dante est déjà venue en Avignon en 2014 avec Sorelle Macaluso. Elle disait alors : « Pour moi le théâtre consiste pour l’artiste à mettre en scène sa propre réflexion sur le présent – sa propre vision du monde contemporain et du monde dans lequel il vit. Un théâtre social signifie révéler les malaises et les problèmes que les gens ont tendance à refouler ».

Pourtant, à la sortie de Sorelle Macaluso , nous nous disions « enthousiasmé, euphorisé par le dynamisme du spectacle, l’inventivité de la mise en scène, le bonheur des interprètes… mais pas vraiment  touché par le message social » [i]. La pièce qu’elle présente cette année, Bestie di scena, est d’une autre veine. Elle illustre plutôt une définition proposée par Romeo Castellucci selon qui le théâtre « sert à soulever un voile qui s’est posé sur le monde, le temps de l’entrevoir ».

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Olivier Py et François Cervantès aux prises avec l’univers carcéral

— Par Dominique Daeschler —

Chacun l’aborde à sa façon. Depuis 2014 Olivier Py conduit un atelier de création avec Enzo Verdet au centre pénitentiaire du Pontet. Après Prométhée enchaîné, Hamlet est répété, joué l’an dernier dans le cadre de la prison et cette année au festival dans le salon de la mouette dans le cadre prestigieux de la Maison Jean Vilar pour trois représentations données, vu la petite jauge, à une poignée de spectateurs tirés au sort. Les détenus ont choisi Hamlet le révolté qui affronte l’autorité, la loi et le pouvoir et clame l’effondrement du politique. Hamlet impuissant à agir sur le monde se réfugie dans le théâtre. Le pont était lancé. Sur une scène dépouillée à l’extrême (une toile peinte en fond de scène et se déroulant au sol), Hamlet est empoigné à bras le corps et chacun joue sa partition avec un verbe qui sonne, vibre. Ces voix qui s’entendent, s’écoutent redonnent vie aux corps grandis par la dignité de la verticalité. Force des mots qui à travers le lien social introduisent le jeu avec des gestes à soi et de temps à autre des mots repères comme délinquant, petite pute, vieux con, pourri.

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