Catégorie : Arts de la scène

« Départ » de Stéphane Martelly. José Exélis met en scène Jann Beaudry.

— Par Selim Lander —

Tropiques-Atrium-Scène Nationale contribue de plusieurs manières à la création théâtrale. Une fois par trimestre, ou à peu près, le metteur en scène José Exélis présente l’ébauche d’un spectacle qui sera appelé ou non à devenir une production à part entière. Mise en lecture, mise en espace ou davantage comme dans le cas de Départ, qui, en dehors du fait que Jann Beaudry lit une partie de son texte, lequel texte n’est que la fin de la pièce de Stéphane Martelly, apparaît déjà très abouti.

Disons tout de suite que nous fûmes constamment sous le charme de l’interprète déjà citée, J. Beaudry, qui démontre ici qu’elle est une comédienne complète, capable de montrer aussi bien la colère que la séduction, capable également de nous émouvoir en faisant sonner quelques notes sur un piano ou, dans un tout autre genre, de camper une chanteuse de music-hall accrochée à son micro dans une pose quelque peu équivoque. Dans une simple robe blanche qui pourrait être une chemise de nuit, jouant de sa longue chevelure blonde et bouclée, elle se livre devant nous à la comédie de la mort.

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« Le Fabuleux destin d’Amadou Hampâté Bâ », message subliminal ?

— Par Selim Lander —

« En Afrique, chaque fois qu’un vieillard meurt, c’est une bibliothèque qui brûle ». Cette maxime a été si souvent citée qu’on en a perdu la trace. Elle est pourtant d’un écrivain connu, Amadou Hampâté Bâ (ci-après AHB, né en 1900 – mort en 1991), qui l’a prononcée au moins à deux reprises sous des formes légèrement différentes[i]. La vie d’AHB est un roman (fils – adoptif – de chef, initié à la voie soufie des Tidianes, membre du conseil exécutif de l’Unesco, etc.) et cela pourrait suffire pour légitimer un spectacle autour de sa personne. Entre autres anecdotes, alors qu’il était admis à la prestigieuse école William Ponty de Gorée, il fut empêché par sa mère de se rendre au Sénégal. En rétorsion, l’administration coloniale le nomma « écrivain auxiliaire temporaire à titre essentiellement précaire et révocable » (sic, ce qui ne manque pas de sel quand on sait qu’AHB passera sa vie à écrire), avec obligation de rejoindre son poste à pied (à 900 km du domicile familial !) sous la surveillance d’un policier. Bienheureuse punition, puisque c’est en cheminant ainsi qu’AHB prit l’habitude transcrire les éléments de littérature orale qu’il récoltait sur sa route.

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Une figure emblématique : Amadou Hampâté Bâ

— par Janine Bailly —

Plus qu’une représentation théâtrale traditionnelle, le spectacle Le fabuleux destin d’ Amadou Hampâté Bâ, qui se donne les 13 et 14 mars à Tropiques Atrium, m’est apparu comme une leçon de littérature vivante et pleine d’intelligence, comme aussi le portrait animé d’un homme grand et sage, et de belle humanité. Une impression qui s’est confirmée lors du bord de scène final, où Hassan Kassi Kouyaté nous dit la genèse de la pièce, écrite par le conseiller littéraire Bernard Magnier, et qui s’inscrit dans un projet mené en collaboration avec le Tarmac, théâtre parisien dédié à la création francophone contemporaine. Un projet qui a pour finalité de faire découvrir, ou mieux connaître, des hommes et des femmes disparus, admirables non seulement par leur écriture, mais encore par leur engagement auprès de leurs semblables, par ce qu’ils ont été et par ce qu’ils ont fait. Après Sony Labou Tansi, dont « la chouette petite vie bien osée » nous fut montrée ici-même dans Sony Congo, après Hampâté Bâ, il est déjà prévu un opus sur Kateb Yacine, un autre sur Fanon… en espérant que place soit bientôt faite à une femme ?

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Le fabuleux destin d’Amadou Hampâté Bâ

Mardi 13 et Mercredi 14 Mars – 20h Tropiques Atrium

Texte : Bernard Magnier
Mise en scène : Hassane Kassi Kouyaté
Avec : Habib Dembélé, Tom Diakité
« En Afrique, un vieillard qui meurt est une bibliothèque qui brûle ». Une phrase prononcée l’un des plus grands auteurs maliens, Amadou Hampâté Bâ, à l’Unesco en 1960. Bernard Magnier et Hassane Kassi Kouyaté rendent hommage à l’homme aux multiples vies, dans un spectacle plein d’humour et de sagesse.

De la falaise dogon de Bandiagara au Mali, où il est né en 1900, aux assemblées de l’Unesco et aux palais présidentiels, des bureaux de l’Institut Français d’Afrique Noire de Dakar aux pupitres des conférences internationales, des correspondances échangées de par le monde aux audiences accordées dans sa résidence d’Abidjan jusqu’à la fin de sa vie en 1990, Amadou Hampâté Bâ n’a cessé de s’adresser au plus grand nombre. Les multiples variantes de ses contes en attestent, de la version savante à la traduction littérale et à la version aménagée pour les jeunes lecteurs, une même volonté de transmettre, de partager.

Sur scène, Abib Dembélé, acteur incontournable au Mali, donne vie à l’écrivain et penseur malien.

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« Wild West Women » : des femmes à la conquête d’elles-mêmes

— par Janine Bailly —

Sur scène, elles ne seront, pendant ces presque quatre heures de spectacle, que trois comédiennes, pour nous entraîner à leur suite dans cette épopée américaine, sorte de western palpitant, version femmes. Elles nous guideront, dans une sorte de “chevauchée fantastique” à la John Ford, mais légèrement parodique car poussant à l’extrême les codes du genre, sur la route des pionniers partis à la conquête de l’Ouest. Elles nous feront suivre la piste de l’Oregon et partager leurs aventures tumultueuses, au hasard de rencontres imprévues, heureuses ou malheureuses, et soumises souvent à la cruauté des hommes comme aux rigueurs du climat, car ici tout est paroxystique — chaleur, froidure extrême, tempête de neige qui oblige à rebrousser chemin…

Mais dans notre imaginaire, ils seront bien des dizaines, les personnages qu’elles auront créés dans une dynamique, une fougue, une inventivité qui ne se démentiront jamais, bien que l’on ait noté une certaine baisse  d’intensité dramatique dans le second volet, due sans doute à la multiplication de ces hommes  pris “du côté obscur de la force”, et qui ne font dans l’histoire qu’un rapide passage.

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« Wild West Women » de Caroline Le Forestier

Au Far West, les filles n’ont pas froid aux yeux

— Par Selim Lander —

Trois femmes américaines. Parmi elles Charlotte, une esclave noire échappée à la recherche de son fils blanc de peau, le fils du maître que ce dernier a confié à un orphelinat. Sally, la seconde, est une prostituée trop adroite au pistolet, d’où sa fuite du saloon où elle exerçait ses talents. Quant à la troisième, Rose, la tête pensante du trio, féministe qui croit au progrès de l’humanité, elle a quitté son mari, sombre brute épousée par erreur. A la recherche de l’enfant de Charlotte qui a été adopté par des pionniers, elles entament la traversée de l’Amérique par la piste de l’Oregon… où les attendent diverses aventures.

Nous sommes en 1851 dans l’Amérique des westerns, avec des bons et des méchants, les premiers finissant inévitablement par gagner et les seconds par se faire trucider. Mais ici la fin arrive moins vite que dans un film, le spectacle dure presque quatre heures (deux entractes compris) ce qui laisse de l’espace pour de nombreuses péripéties. Les trois jeunes femmes sont aimées tour à tour par des hommes qui les tirent des pattes des mauvais coucheurs rencontrés sur leur route, avant, le plus souvent, de disparaître à leur tour.

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Comme en hommage à Simone Veil

— par Janine Bailly —

Quatre comédiennes, appartenant à la compagnie Les Buv’Art, maintenant bien connue des scènes martiniquaises, ont eu la judicieuse idée, pour marquer de leur pierre cette semaine où l’on célèbre la Femme, de s’attaquer à un monument du théâtre dit populaire, Et pendant ce temps, Simone veille, qui tient la scène à Paris depuis de longs mois, et qui s’apparenterait plutôt au genre cabaret-théâtre, par ses jeux de mots, ses calembours, ses chansons, qu’elles soient dans leur forme originelle ou réécrites en version humoristique sur des airs célèbres, comme par une certaine volonté caricaturale dans la composition de ses personnages. On n’oubliera pas la parodie de “Bambino”, mimée et chantée, extrêmement drôle, où il est parlé de la libido des femmes, et des transformations qui se sont opérées grâce à la contraception.

Idée généreuse aussi, la première s’étant donnée gratuitement au restaurant Les Arômes du Carbet, dans la salle transformée pour accueillir un public venu nombreux, et qui s’est montré enthousiaste devant la prestation enlevée de la petite troupe. Troupe féminine à l’exception de Rachid, habituellement acteur mais préposé à la technique, qui accomplit, dans ces circonstances improvisées, la performance d’illustrer le propos à l’aide d’une bande-son originale et de projections vidéo d’époque particulièrement parlantes.

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« Simone Veille » : divertissant et instructif

Le 10 mars au Robert à 19h30.

Quatre comédiennes de la troupe martiniquaise les « Buv’Art » ont monté Simone Veille, résultat d’une écriture de plateau par quatre comédiennes (TrinidadCorinne BerronBonbonHélène SerresVanina Sicurani), parisiennes celles-là. Sous les apparences d’une comédie, elles déroulent l’histoire du féminisme, en France, depuis la fin de la deuxième guerre mondiale. Un thème sérieux et toujours d’actualité traité avec humour et fantaisie : martingale gagnante qui explique que la pièce ait été jouée presque sans interruption, en Métropole, depuis sa création.

Elles sont donc quatre sur la scène, quatre jeunes dames pleines d’entrain qui nous font partager leur récit enjoué des transformations de la condition féminine. La plus grande, qui incarne Simone Veil, tient le rôle de la meneuse de jeu, celle aussi qui est chargée des rappels historiques qui s’imposent concernant les principales lois qui ont fait évoluer les règles concernant la participation des femmes à la politique, le divorce, la contraception, l’avortement, la parité…

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« Wild West Women », de Caroline Le Foretsier, m.e.s. Augustin Bécard

Jeudi 8 Mars  2018 à 20h. Tropiques-Atrium

Un spectacle drôle et touchant, haletant, composé de multiples rebondissements..

Wild West Women est un feuilleton théâtral, une épopée de 3200 kms pour deux comédiennes et une bruiteuse dans l’Amérique du 19e siècle.

Trois femmes issues de milieux différents mais toutes privées de liberté, décident un jour de bousculer le cours de leur vie. L’une est esclave dans une plantation, l’autre esclave domestique, tyrannisée tant moralement que physiquement par son époux qui lui refuse tout accès à la culture, et la dernière, esclave sexuelle.
Elles se rencontrent en mai 1851, au cours de leur fuite vers l’Ouest, seule destination pouvant leur faire espérer un avenir meilleur. Mais cette traversée de l’Amérique d’Est en Ouest est loin d’être de tout repos. Traquées par leurs tortionnaires, moquées, attaquées, elles ne baissent jamais les bras et continuent leur périple vaille que vaille. Bousculant les stéréotypes du Far West et de ses virils héros, le spectacle parle des profondes mutations qui émergent en cette fin de siècle. Les bruitages en direct nous transportent immédiatement dans les vastes plaines de la piste de l’Oregon, au rythme des chevaux et des coups de feu… Yeehaw !

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Théâtre : « Et pendant ce temps, Simone veille ! »

Un spectacle désopilant sur l’histoire des droits des femmes

Ce spectacle concocté par quatre auteures, TrinidadCorinne BerronBonbonHélène Serres et Vanina Sicurani, raconte avec humour l’évolution de la condition féminine en France, des années 50 à nos jours, au travers de trois lignées de femmes sous le regard historico-comique de Simone qui veille.

De scènes de la vie quotidienne en parodies de chansons, une autre façon de parler des femmes.

Mi revue, mi comédie, le spectacle est amusant, son grand mérite étant de ne se prendre jamais au sérieux.

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« Mami Wata » de et avec Astrid Bayiha

— Par Selim Lander —

Astrid Bayiha est une comédienne talentueuse et l’on est toujours curieux de la retrouver dans des rôles où elle tient la vedette (l’adaptation de La Vie sans fard de Maryse Condé, Jazz de Koffi Kwahulé), ou non (Tram 83, au dernier festival de Limoges, d’après le roman du Congolais YY). Dans Mami Wata elle est à la fois auteure, metteuse en scène et interprète.

La pièce se tient dans la chambre d’un hôpital psychiatrique. Lorsque les spectateurs pénètrent dans la salle, A. Bayiha est déjà là, couchée sur un lit blanc, unique élément de décor (mais qui deviendra pendant un moment l’ébauche d’une table de restaurant). Rêve-t-elle où les deux personnages supplémentaires qui apparaissent lorsque les lumières s’éteignent sur les gradins sont-ils des créatures autonomes, comme la note d’intention nous invite à le penser ? Peu importe, en fait, car Mami Wata ne raconte pas vraiment une histoire. C’est une pièce plus visuelle que bavarde, une affaire d’instincts, d’élans brisés et repris, de corps qui se défient et s’entrechoquent. Avec deux ennemis qui peuvent néanmoins se montrer tendres et complices, Mami Wata et « Lui », la fille et le garçon, l’envers et l’endroit.

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« Billes de verre, éclats de plomb » de Thérèse Bonnétat

—Par Selim Lander —

Langue des signes. On a beau aller et re-aller au théâtre, assister à quelques dizaines de pièces chaque année, une surprise est toujours possible. On ne pense pas seulement aux grosses machines comme le festival d’Avignon les affectionne, qui jouent sur une esthétique parfaite (The Great Tamer de Dimitris Papaioannou, en 2017) ou vous frappent comme un coup de poing (Bestie di scena d’Emma Dante, la même année). On pense plutôt ici à des productions plus modestes, qui relèvent d’un théâtre expérimental. L’originalité de Billes de verre, éclats de plomb réside dans la présence sur la scène d’un interprète de la langue des signes à côté d’un conteur. Interprète et non pas simple traducteur : Carlos Carreras est un comédien à part entière, un mime à la gestuelle aussi précise qu’éloquente, qui rend le texte accessible aux malentendants tout en fascinant le public ordinaire (celui dont l’ouïe fonctionne encore à peu près).

Si C. Carrera semble le principal atout de cette pièce hors norme, il est au service du beau texte de Thérèse Bonnétat, une réminiscence poétique de Marseille, de son Vieux-Port, devenu le lieu d’une rencontre imaginaire entre deux figures capitales, néanmoins en marge, du XXe siècle français, le psychiatre Fanon et Arthaud l’insensé qui se rejoignent pourtant dans la conception d’un engagement sans concession et dont quelques citations bien choisies viennent émailler la partition écrite par Th.

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« Billes de verre, éclats de plomb », chronique phantasmée d’une rencontre

— par Janine Bailly —

Dans le « paysage » qu’est Artaud, il faut  « s’y promener, il faut prendre le temps d’aller de saillie en trou, de sentier en piste, il faut s’y exposer, s’y aventurer. » (Kenneth White, in Le monde d’Antonin Artaud, essai, 1989). C’est bien à cette sorte d’aventure que nous convie l’écrivaine, responsable de la mise en scène de son propre texte, Billes de verre, éclats de plomb, avec la complicité de deux comédiens chargés d’assumer ses paroles, comme aussi celles d’ Antonin Artaud et Frantz Fanon, qui traversent en fulgurantes insertions l’écriture ardente et métaphorique de Thérèse Bonnétat.

Quand commence le jeu, l’un se tient de dos en fond de plateau, l’autre est couché au devant de la scène, blotti sous des linges qui d’abord le dissimulent. Et le temps s’arrête, un moment qui peut sembler durer, un moment fait de silence, d’immobilité recueillie, comme une transition entre le « ici-maintenant » et « l’ailleurs » d’un univers théâtral où on nous inviterait à entrer. Pour venir à nous, il faudra à l’un se retourner, à l’autre émerger de linges qu’il déposera à l’avant-scène ; l’un de ces linges, clair, étant à prendre quand il sera parlé pour la première fois d’Antonin Artaud, poète maudit né sous le ciel de Provence, « grand Monsieur masqué de blanc », qui « tel un oiseau de proie » s’offre au grand vent ; l’autre de ces linges, sombre, étant à saisir pour parler de Frantz Fanon, médecin-psychiatre et essayiste, « petit Monsieur à la peau noire », imaginé se tenant face au poète sur le port de Marseille.

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« Corps étranger », trouble et troublant.

de Raja Amari
avec Hiam Abbass, Sara Hanachi, Salim Kechiouche
Synopsis :
Samia, échoue comme beaucoup de clandestins sur les rivages de l’Europe. Hantée par l’idée d’être rattrapée par un frère radicalisé qu’elle avait dénoncé, elle trouve d’abord refuge chez Imed une connaissance de son village, puis chez Leila pour qui elle travaille. Entre les trois personnages, le désir et la peur exacerbent les tensions…

Corps étranger s’ouvre sur un chaos de corps jetés à la mer. Evocation du drame des réfugies ou souvenir personnel de Samia qui à l’occasion de la Révolution de Jasmin a fui la Tunisie, ou bien signe annonciateur de la confusion des sentiments qui va lier cette jeune femme à un ami d’enfance et à une veuve chez qui elle va s’installer. Raja amari tisse autour de ses trois personnages une toile où s’entremêlent jeu de pouvoir et jeu de séduction, identité musulmane et rapports de classes. Samia, farouchemnt indépendante se trouve ballotée de ricochets en ricochets sur les univers d’Imed, barman fauché, et Leila, veuve embourgeoisée. Ce triange est aussi sensuel que ses angles sont aigus, pour un portrait d’époque et de troubles à la manière d’un Chabrol oriental

La presse en parle :
Culturebox – France Télévisions par Jacky Bornet
Un très beau film réalisé sur le mode d’une fugue musicale.

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« Mamiwata », texte et m.e.s. d’Astrid Bayiha

Vendredi 2 mars 2018 à 20 h. Tropiques-Atrium

« Je me présente
Je m’appelle Mamiwata
Ou l’Arrache-coeur
Pour les intimes
Je suis l’Arrache-coeur au sens figuré comme au sens propre
Je n’y peux rien
C’est pas tout à fait volontaire
C’est la faute à ma mère
Vous aussi
Je sais oui
Mais là c’est plus compliqué
Parce que ma mère était une fille de l’eau
Une sirène si vous préférez
Petite parenthèse
Quand je vois quelqu’un marcher dans la rue je me demande toujours d’où il vient comment il va
crever comment il dort la nuit ou chie
Oui
Moi je viens de l’eau vous savez
Et je retournerai dans l’eau
C’est comme ça
Je m’appelle Mamiwata »

Quelque part, très très loin, au bord de l’Océan Atlantique.
Trois êtres dans un asile. Leur terre d’asile. Trio de fêlures, ambulantes, rescapées de cataclysmes.
Mamiwata au centre, serial killeuse, monstrueuse femme monstre, descendante d’une fille de l’eau, plus communément appelée sirène. Son histoire ancrée en elle, comme un mythe imprégné d’autres mythes, indélébiles. Êtres Réels ou créatures fantastiques ?… Dire, raconter, inventer par nécessité de survivre et peut-être… réinventer.

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« Moi Ève, la pire de toutes », une expérience théâtrale

— par Janine Bailly —

De ce titre énigmatique, proposé par Ricardo Miranda pour sa nouvelle création, nous n’aurons l’explication qu’assez tardivement , dans un des rares passages parlés de ce théâtre dansé — ou de cette danse théâtralisée ? Recherche, pour dire la femme dans un univers d’hommes, d’une forme singulière qui, si elle ne semble pas toujours très bien aboutie, a le mérite d’être servie avec enthousiasme et sincérité par trois complices, soit deux femmes, Lindy et Émilie, et un homme, Ricardo lui-même.

Pourquoi donc Ève serait-elle « la pire de toutes » ? Présentée comme figure inverse de Lilith, cette Ève-là, cette « côtelette cruche », avatar de son Adam, incarnerait une forme de soumission, plus signifiante qu’une certaine histoire de pomme, encore que ce “coup de la pomme” ne soit pas oublié — fruit vert à croquer sauvagement par les trois protagonistes, et panier de fruits jaunes déversé sur la tête de la coupable ! Lilith, elle, se targue d’avoir été la toute première, créée non d’une côte de l’homme mais pétrie de la même argile que lui, et donc mise au monde pour être son égale.

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« Cas de conscience » : mise en examen au scalpel de la société iranienne

De Vahid Jalilvand
Avec Navid Mohammadzadeh, Amir Aghaei, Zakieh Behbahani
Genre Drame
Nationalité iranien

*****

Un autre grand cinéaste nous vient d’Iran : Vahid Jalilvand, qui croise les voies de la tragédie et celles du film noir pour son second long métrage. Il met en scène avec brio des acteurs de première force.

L’argument du « cas de conscience » qui va nous être soumis sera exposé en séquences précises et bien construites. La nuit, sur une route grise, un bref moment d’aveuglement entraîne un conducteur à percuter un scooter. Toute une famille s’est perchée sur la longue selle de l’engin. Moussa (Navid Mohammadzadeh), Leyla (Zakieh Behbahani), son épouse, qui tient une petite fille, leur fils de 8 ans, Amir. Le choc est rude. Toutes les pistes cinématographiques sont ouvertes. Vahid Jalilvand opte pour une sorte de nuancier raisonné. En apparence. Le chauffeur n’est pas un chauffard. Il s’agit du docteur Nariman (Amir Aghaei), médecin qui va en toute déontologie examiner les membres de la famille. Aucun n’a subi de lésion grave. S’il propose à Moussa un dédommagement pécuniaire, c’est qu’il n’est pas à jour avec son contrat d’assurance, négligence vénielle.

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« Knee Deep » : les nouveaux acrobates

— Par Selim Lander —

Complètement à part dans l’univers du spectacle vivant, le Nouveau Cirque suscite chez les spectateurs des émotions sans pareille (à l’exception du patinage artistique, mais qui à l’occasion d’en voir ailleurs que sur un écran de télévision ?). Bien qu’il tende parfois à se rapprocher de la danse (comme c’est le cas dans certaines séquences de Knee Deep), il fait appel à un imaginaire différent, presque atavique, celui de l’enfance, des premiers émerveillements devant le gros nez des clowns, les lions rugissant, les écuyères debout sur leur monture, les jongleurs si adroits, les acrobates si audacieux. S’il n’y a plus d’animaux dans le Nouveau Cirque, et plus guère de clowns – bien que les adeptes de ce nouvel art mêlent volontiers l’humour à leurs exploits –, notre émerveillement demeure intact. Cela tient d’abord à l’étonnement suscité par des performances physiques que l’on peine à croire accessibles à des corps humains a priori semblables au nôtre. Or ce que nous voyons est bien réel : il n’y a pas de magie, pas de tour de passe-passe, tout cela qui paraît impossible à réaliser se produit sous nos yeux.

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« Moi Eve » : démonstratif

— Par Selim Lander —

On connaît et apprécie Ricardo Miranda pour sa fantaisie et sa créativité en tant que metteur en scène. Le voici de retour sur la scène du Théâtre municipal avec une pièce de « danse-théâtre» dont il est l’auteur et qu’il interprète avec deux comédiennes-danseuses. Le propos – donner la parole aux femmes dans un monde d’hommes – tombe à pic au moment où l’affaire Weinstein et quelques autres rappellent que, effectivement, les femmes ne sont trop souvent pour les hommes que des ménagères ou des objets de plaisir.

Passons sur la note d’intention qui peut laisser perplexe : « Quand on cherche des informations sur la femme en tant que groupe social, on constate l’absence d’historicité, d’études sur elles » (sic). N’y a-t-il pas plutôt pléthore dans ce domaine depuis – pour ne citer que deux noms français – Simone de Beauvoir et Françoise L’Héritier et le développement exponentiel des « études de genres ».

Peu importe, après tout, que R. Miranda se présente comme pionnier en matière de féminisme. Nous sommes au théâtre : ce qui compte, c’est moins le propos que la manière dont il est porté à la scène.

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Marée d’éloges pour le «conte de fées» La Forme de l’eau

A voir à Madiana

De Guillermo del Toro
Avec Sally Hawkins, Michael Shannon, Richard Jenkins
Genres Fantastique, Drame, Romance
Nationalité américain

Synopsis:
Modeste employée d’un laboratoire gouvernemental ultrasecret, Elisa mène une existence solitaire, d’autant plus isolée qu’elle est muette. Sa vie bascule à jamais lorsqu’elle et sa collègue Zelda découvrent une expérience encore plus secrète que les autres…

REVUE DE PRESSE – La critique s’est laissée emporter dans un tourbillon de louanges pour ce «conte de fées humaniste» au «charme lyrique inédit» signé Guillermo del Toro.

Nommé dans 13 catégories à la 90e cérémonie des Oscars, La Forme de l’eau débarque dans les salles de cinéma françaises ce mercredi. La presse hexagonale ne tarit pas d’éloges, majoritairement conquise par le dixième long-métrage de Guillermo del Toro, qui conte la romance entre une jeune femme muette et une créature aquatique.

Elsa (Sally Hawkins) est employée en tant que modeste femme de ménage au centre ultraconfidentiel de recherches aérospatiales de Baltimore. Cette dernière, isolée par son mutisme, peut compter sur son amie «grande gueule» Zelda pour la protéger. La vie d’Elsa va basculer le jour où un monstre marin, capturé par les militaires américains, est confiné dans un aquarium souterrain du centre.

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« Billes de verre, éclats de plomb », un dialogue imaginaire entre Frantz Fanon et Antonin Artaud

Samedi 3 mars 2018 à 19h 30 au T.A.C.

La Petite Fabrique et Le Collectif 2 Poings Communiqué

Dans le cadre global du projet artistique et d’une tournée performance en Martinique du 27 Février au 15 Mars 2018

Billes de verre, éclats de plomb,

Un dialogue imaginaire entre Frantz Fanon et Antonin Artaud

Invitation Au Théâtre Aimé Césaire

97200 Fort-de-France

le samedi 3 Mars 2018 à 19 heures 30 représentation tout public

le jeudi 1 Mars  et le vendredi 2 mars 2018 à 9h30 représentations scolaires

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Wajib, l’invitation au mariage d’Annemarie Jacir.

De Annemarie Jacir
Avec Mohammad Bakri, Saleh Bakri, Maria Zreik
Genre Drame
Nationalité palestinien

Synopsis : Abu Shadi, 65 ans, divorcé, professeur à Nazareth, prépare le mariage de sa fille. Dans un mois, il vivra seul. Shadi, son fils, architecte à Rome depuis des années, rentre quelques jours pour l’aider à distribuer les invitations au mariage, de la main à la main, comme le veut la coutume palestinienne du « wajib ». Tandis qu’ils enchaînent les visites chez les amis et les proches, les tensions entre le père et le fils remontent à la surface et mettent à l’épreuve leurs regards divergents sur la vie.

De père en fils, les voix multiples de la Palestine

—Par Dominique Widemann —

La réalisatrice palestinienne, donne un troisième long métrage qui prolonge son récit du quotidien de son peuple avec sensibilité. Elle révèle femmes et hommes de chair et aux destinées singulières.

Abu Shadi (Mohammad Bakri) vit à Nazareth. Il prépare le mariage de sa fille. Selon la coutume palestinienne, les invitations doivent être remises de la main à la main par les hommes de la famille.

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Peer Gynt d’Henrik Ibsen, adaptation et m.e.s. David Bobée

— Par Roland Sabra —

1981… Année mémorable. Après Wagner, après Beyrouth, Patrice Chéreau revient au théâtre et offre, avec Gérard Desarthe et Maria Casarès, la version intégrale de Peer Gynt, le chef d’œuvre d’Ibsen.

Sept heures de théâtre en deux temps avec entracte au Théâtre de la Ville. À Paris. Éblouis, fascinés, certains y retourneront plusieurs fois.

 » Il s’agit d’un grand poème dramatique, dont le personnage principal est l’une de ces figures à demi mythiques et légendaires qui peuplent la Norvège du temps présent« .( Lettre d’Ibsen à son éditeur le 05/01/1867). Le texte n’a donc pas été écrit spécifiquement pour une représentation scénique et néanmoins il va connaître un destin théâtral hors du commun. Nombreux sont les metteurs en scène qui depuis 1876, date de la première représentation en Norvège, s’attellent à cette pièce-fleuve avec ses dizaines de personnages et de décors, et qui défie les lois du théâtre.

De quoi s’agit-il ? Un paysan norvégien d’une vingtaine d’années tente de fuir la réalité en se réfugiant dans l’affabulation. Pour le dire plus crûment : c’est un infini menteur, un égoïste débraillé, un affreux vaurien, un anti-héros hâbleur et querelleur.

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« Tertullien » d’après le traité « Sur les spectacles », adaptation et interprétation : Hervé Briaux

— Par Michèle Bigot —

À partir d’une lecture du traité de Tertullien Sur les spectacles, rédigé au début du troisième siècle par un nouveau converti au christianisme, Hervé Briaux opère une réécriture qui puise dans le traité les passages les plus éloquents pour en faire un montage simple, cohérent et lisible pour la scène. Il s’agit de transformer un traité en matière théâtrale, d’en extraire la substance sans le trahir. Pari réussi car le texte théâtral ainsi produit ne souffre d’aucune obscurité. Il se déroule implacablement, et progresse dans l’intensité. Il culmine dans une détestation absolue de tous les arts. En fait le texte épouse la même progression qui a gouverné la vie de Tertullien, de la conversation tardive à la radicalisation absolue à la fin de sa vie. A partir de 197, cet homme, brillant lettré et épicurien raffiné, destiné à une carrière d’avocat, tourne le dos au monde dans une ascèse impitoyable qui cherche à entraîner les chrétiens dans son puritanisme. Son traité témoigne d’une fièvre fanatique servie par une éloquence éprouvée. Paradoxalement, sa charge contre les arts et en particulier contre le théâtre témoigne d’une parfaite maîtrise de l’art de convaincre les esprits, d’émouvoir les cœurs, bref du meilleur de l’art théâtral.

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Moi Eve, la pire de toutes

22, 23, 24 février 2018 à 19h 30 au T.A.C.

Saint Jean Chrysostome disait, « Quand la la première femme a parlé, a provoqué le péché originelle » Et Saint Ambroise conclu par « Si on permet a la femme de parler elle provoquerait a nouveau la ruine des hommes ».
L’église catholique lui interdit la parole. Les fondamentalistes musulmans mutilent son sexe et cachent son visage. Les juifs très orthodoxes commencent le jour en disant « Merci seigneur de ne pas m’avoir fait femme »
Elles savent coudre, elles savent broder, elles savent souffrir et cuisiner. Filles obéissantes, mères dévouées, épouses résignées. Ce fut ainsi pendant des siècles.Connaissant bien peu sur elles. Échos des voix masculines, ombres d’autres corps.
Pour faire des éloges a un haut personnage ou une éminence on dit « derrière un grand homme se cache une grande femme » La réduisant ainsi, a la triste condition de dossier de chaise.(Eduardo Galeano.)
C’est une rélexion sur l’intimité au féminin, ses conlits face à une société patriarcale au travers du temps, l’ histoire et de son avenir.

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