Catégorie : Arts de la scène

Avignon 2018 : « Kala », femme feu, femme volcan, femme libre

Texte Sergio Grondin, Audrey Levy, Léone Louis, m.e.s. Sergio Grondin

Perle la pluie entre larmes et fleurs de volcan dans la lumière sombre et claire d’un plateau habité tout entier d’une présence incandescente : c’est celle de Léone Louis, mise en scène par Sergio Grondin à la Chapelle du Verbe incarné. Elle est « de celles qui rêvent à voix haute, forte et claire d’un ordre du monde qui laisserait toujours ouvertes les interrogations sur le couple gémellaire altérité/identité. Elle le fait à partir de son identité de Léone Louis pour retrouver Kala, sa GrandMer Kal, une arrière arrière grand-mère réelle ou imaginaire, peu importe, aux yeux noirs d’ensorceleuse, aux amours inavoués, au corps de feu au désir d’envol malgré ses ailes bisées. GrandMer Kal est la figure de toutes les peurs, celle du volcan, du cyclone, de l’au-delà des mers. Elle est aussi la peur féminine des hommes, du colon bien sûr mais aussi des autres, du regard des semblables en servitude . Elle est sorcière qui porte en ses griffes colonisation et esclavage. Elle est aussi le fouquet prenant son envol libérateur, figure ambivalente présente dans les comptines murmurées aux oreilles des enfants.

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Avignon 2018 : « Badbug, texte de Vladimir Maïakovski, m.e.s. Meng Jinghui

—Par Michèle Bigot—

Le théâtre chinois arrive à Avignon; La Manufacture programme dans le off un spectacle de Meng Jinghui, figure emblématique de la scène contemporaine chinoise. L’un des metteurs en scène les plus influents de l’Asie et le pionnier du théâtre d’avant-garde chinois. Après avoir mis en scène des pièces du répertoire et des créations contemporaines, il se lance à la conquête de Maïakovski et ce n’est pas son moindre mérite, car qui en Occident aurait songé à représenter une pièce de Maïakovski? C’est donc un OVNI pour le spectateur français qu’une pièce d’un auteur soviétique révolutionnaire mise en scène par un chinois: quelle rencontre!
Il fait donc coup double: il dépoussière Maïakovski qui a quand même pris un sacré coup de vieux et il retrouve quelque chose d’une problématique oubliée chez nous depuis qu’on ne joue plus Brecht (ou si peu!): le sort du collectif, son articulation avec l’individuel.
L’intrigue: Prissypkine, ex-ouvrier et ancien membre du parti à la mentalité petite-bourgeoise, délaisse ses camarades ainsi que sa fiancée, Zoïa Berezkine pour se marier avec une bourgeoise, Elzévire Davidovna Renaissance.

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Avignon 2018 : « Cendres/Aske »

Cendres/Aske
Yngvild Aspeli/Plexus Polaire
Festival d’Avigon off 2018
La Manufacture

Inspiré du roman « Avant que je me consume » de Gaute Heivoll, le spectacle raconte les deux histoires parallèles d’un écrivain et d’un fils de pompier pyromane qui sévit dans le village de Finsland, au sud de la norvège. Car l’écrivain est obsédé par cette histoire: en 1978 au moment où il reçoit le baptême, l’incendiaire débute dans son entreprise criminelle. Double baptême donc, pour l’un dans la vie chrétienne, pour l’autre dans le crime. L’oeuvre scénique retrace ce double cheminement où l’un est le double inversé de l’autre. Au fur et à mesure que l’incendiaire s’enfonce dans sa pyromanie, le futur écrivain s’enfonce dans l’alcool. Il abandonne projets et études comme le premier abandonne sa famille. Et dès lors, c’est pour tous deux la descente aux enfers, dans l’abîme de l’addiction.
La thématique est saisissante, dostoievskienne, prise dans les brumes du grand nord; c’est une vraie leçon de ténèbres. La conception du spectacle épouse merveilleusement son objet: théâtre de marionnettes propre à rendre sensible sur le plateau toute forme de monstre.

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Avignon 2018 : « Maloya » : un superbe road movie identitaire

— Par Roland Sabra —

Maloya
de Sergio Grondin, Kwalud & David Gauchard

Troujours dans la veine inépuisable du théâtre documentaire, en provenance de La Réunion, la Compagnie Karanbolaz de Sergio Grondin offre au public avignonnais un petit bijou : Maloya. Le cadre est fixé dès la scène d’exposition. « Il y a deux ans à la naissance de mon fils […] Sael, un prénom hébraïque que veut dire conciliant […] je lui ai dit Bienvenue Saël, ta maman et moi on est heureux de te voir. […] Je n’ai pas tout de suite réalisé que je lui avais parlé en français.3 Alors qu’il parle créole quotidiennement à avec sa famille le «  voilà incapable de parler créole, comme si la naissance de son fils était venue annoncer la mort de (sa) langue maternelle. ». L’’enfant serait-il la mort des parents ?

Un trouble inexorable s’installe. Le défenseur de la créolité, élément fondamental de son identité, est submergé par un flot d’interrogations qui la questionnent. Le trouble est d’autant plus grand que Sergio Grondin partage la position glissantienne de la mondialité, inverse de la mondialisation qui met en évidence la relation et la diversité des cultures.

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Avignon 2018 : « Opal Une enfant d’ailleurs »

— Par Michèle Bigot —

Opal
Une enfant d’ailleurs
de et par Aline Karnauch et Jacques Kraemer
d’après des extraits du Journal d’Opal Whiteley, 1920 traduit par Antionette Weil

Comment faire un objet théâtral avec un récit autobiographique? C’est la question que se posent aujourd’hui nombre de metteurs en scène, comme si l’aventure d’une vie avait pris le relais de l’aventure des peuples. Cependant l’entreprise signée Aline Karnauch et Jacques Kraemer reste unique dans ce genre si fréquenté: d’abord parce que le texte d’où est tiré le spectacle est lui-même absolument singulier, ensuite parce que la genèse de ce texte et l’histoire de sa réception sont exceptionnelles. On est donc en présence d’un objet théâtral puisé dans un récit autobiographique dont la réception elle-même est déjà un roman: la mise en abyme est réalisée à trois niveaux, faisant de l’objet final une énigme littéraire dans son essence, dans le goût de la tradition baroque. En d’autres termes, un couple de metteurs en scène se penche sur le miroir que lui tend un texte d’une épaisseur dont on oserait dite, en revendiquant le jeu de mots, qu’elle est inédite.

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Avignon 2018 : »Joueurs, Mao II, Les Noms, »

Don Delillo,
Julien Gosselin
Si vous pouviez lécher mon coeur,
création Festival d’Avignon juillet 2018

Julien Gosselin s’est fait une spécialité de l’adaptation théâtrale de textes romanesques: depuis « Les particules élémentaires » qui lui a valu sa première grande reconnaissance publique, en passant par « 2666 » de Roberto Bolano créé l’an dernier à Avignon jusqu’à Joueurs, Mao II et Les Noms de Don Delillo: les paris qu’ils relèvent sont de véritables gageures, surtout les deux derniers, puisqu’ils s’agit de romans longs, touffus et complexes dans leur forme. Néanmoins on y retrouve des thématiques identiques, l’obsession de la violence, du terrorisme et de la sexualité. La littérature est pourtant sa thématique de prédilection. A ce titre Don Delillo est un excellent représentant puisqu’il concentre en son oeuvre toutes ces thématiques, réflechissant sur la répercussion des séismes politiques sur la vie de l’individu. « Joueurs » raconte l’histoire d’un couple qui verse de l’ennui et la monotonie de leur vie de hipsters des années 80 pour verser dans l’action violente , Mao II dont l’intrigue croise le sort d’un écrivain en mal de solitude et mêlé à contrecoeur au terrorisme libanais des années 90, et enfin « Les Noms », l’histoire de la recherche parun homme esseulé d’une secte violente tuant ses victimes en se basant sur l’alphabet dans les années 70.

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Avignon 2018 : « Ce qui demeure » : ce qui ne peut être dit

Texte et mise en scène d’Élise Chatauret

Keravis, Elsa Guedj et Julia Robert

Elise Chateauret présente à « La Manufacture » « Ce qui demeure «  construit à partir d’une longue série d’entretiens avec une amie de 93 ans qu’elle sollicite autour d’un questionnement sur ce qu’il reste des traces mnésiques au terme d’une longue vie. Tout commence par un noir qui dans sa disparition laisse surgir , comme prises dans bocal, deux femmes, la trentaine, dans une hypothétique cuisine des années soixante du siècle dernier avec sa table en formica rouge. Lune grande brune et une petite blonde. Elles devisent. L’une sur la vie et l’autre sur les composantes du repas. Alors que le pitch évoquait le dialogue d’une jeune femme avec une personne âgée de 90 ans et plus l’indétermination des rôles installe un moment de flottement qui ne prendra fin qu’à l’arrivée du second tableau quand une voix enregistrée de vieille femme reprendra mot pour mot les paroles d’une des deux comédiennes. Le dédoublement de la parole construit sur ces deux niveaux, celui d’une différence d’âge et celui d’une opposition entre parole théâtralisée et parole de reportage documentaire instaure intemporalité et universalité d’un propos sur qu’est-ce que vieillir sans que jamais le récit de vie ne soit instrumentalisé dans une mise-en-spectacle.

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Avignon 2018 : « Trans » (Mes Enlla)

POUR : :Michèle Bigot

Trans (Mes Enlla)
Festival d’Avignon 2018,
Gymnase du Lycée Mistral, 8>16/7/2018

Programmée dans le festival IN d’Avignon, la pièce se jouait à guichet fermé avant même d’avoir démarré. Difficile d’obtenir des places.
Tant il est vrai que le sujet du transformisme, aussi bien que celui de l’homosexualité et en général de l’indétermination sexuelle touche au vif des questions sociétales.
C’est vrai aussi parce que la réputation de Didier Ruiz l’a précédé. Moins en France qu’en Espagne, mais néanmoins il s’est fait connaître pour ses spectacles que d’autres appellent « théâtre documentaire » mais que lui préfère appeler « Théâtre politique, du monde , de l’humanité ». Il a déjà réalisé ce genre de performance théâtrale (« Dale recuerdos ») sur la question de la vieillesse, comme il a aussi travaillé avec des ouvriers, des scientifiques et des détenus.
Écoutons-le : « Avec ces spectacles, je cherche à faire entendre une réalité que le public ne connaît pas afin de changer sa perception du monde, voire qu’il se fasse l’écho de cette parole libérée et qu’il la répande ».

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« Le Monstre » au T.A.C.

Synopsis : Le Monstre serait […] le rêve d’un idéaliste pur et dur, appelé Nob, qui cherche à se débarrasser du monstre échoué dans son village. Une créature étrange avec un dos couvert de fleurs dont le parfum rend les gens heureux. Certains, dans l’euphorie du moment, tombent entre les pattes de la bête qui n’en fait qu’une bouchée. Ainsi gavé, l’animal devient gigantesque. Nob persuade quelques braves d’empêcher les habitants d’approcher le monstre afin qu’il se désagrège. La garde extermine peu à peu tout le village incapable de renoncer à sa drogue, et Nob assassine la garde, tentée à son tour par la félicité illusoire. La bête disparaît, mais Nob se retrouve seul dans un monde sans monstre, seul pour vivre, seul pour mourir.

Lire aussi dans Madinin’Art « Le Monstre »

On pourrait voir dans cette fable une métaphore des régimes totalitaires et de leurs purges pour le triomphe de la Cause… Mais Guy Beausoleil m’a appris que ce n’était pas cela qu’Agota Kristof avait voulu explorer.…

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Taxe Spéciale Additionnelle : une des sources parmi d’autres du cinéma

— Communiqué —

Faisant suite aux messages d’inquiétudes des producteurs et réalisateurs martiniquais diffusés par le biais du SPICAM et de AUTREAM, le syndicat des exploitants de salles de cinéma Outre-Mer (SECOM) tient à rassurer les différents acteurs de la filière cinéma ultra-marine.

Si la survie des salles de cinéma nous semble être un enjeu majeur, elle ne peut s’envisager au détriment de la production antillo-guyanaise. Dans tous ses échanges, le syndicat veille et veillera à ce que les producteurs et réalisateurs des DROM ne soient pas impactés par un gel de la TSA en étant moins aidés que ceux de l’hexagone.

Les mesures compensatrices prises pour préserver les salles ne doivent pas conduire à donner moins à la production ultra-marine comme ça a pourtant été le cas pendant des années.

Il convient de préciser que la TSA (Taxe Spéciale Additionnelle) collectée dans l’hexagone et dans les DROM va dans un pot commun national qui est alimenté par d’autres sources que les cinémas comme la VOD ou la télévision. Le cinéma français, et donc domien, ne dépend pas uniquement de la TSA.

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Poétesse & Rappeur

Vendredi 06 juillet 19h au T.O.M. à  Fort-de-France

Quand la poétesse (Nicole Cage) et le rappeur (Ange 2 Ailes)…
Quand la tatie et le neveu…
Quand « la vieille » et le « djeun »… se donnent rendez-vous au détour d’une scène…
Cela donne une improbable et belle rencontre artistique

Cela se passe au TOM, Téyat Otonom Mawon, Croix-Mission, Fort-de-France
Avec José Zébina: direction musicale, cajon, batterie
Yoan Zébina: basse
Dominique Moutoussamy: chant, choeurs

Tarif: 15€
Infoline: 0696 82 73 73

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« Reine Pokou », dans une lecture de Françoise Dô

— par Janine Bailly —

De Stéphanie Loïk, actrice, metteur en scène et dramaturge, nous avions découvert en 2016 à Tropiques-Atrium, un spectacle présenté comme une « adaptation-lecture théâtrale » de l’ouvrage éponyme d’Alain-Gilles Bastide, Tchernobyl Forever ; puis en 2017, La fin de l’Homme rouge, pièce issue d’un livre de témoignages recueillis, en Russie et Biélorussie, par Svatlana Alexievitch. De Françoise Dô, comédienne écrivaine metteur en scène, nous connaissions L’Aliénation noire, monologue écrit, mis en scène et merveilleusement interprété par elle-même, en ce même lieu en 2017, avant qu’elle ne le reprenne sous le titre de Aliénation(s) à la Bibliothèque Universitaire de Fort-de-France en 2018.

Il était donc normal que ces deux talents se rejoignent, dans le cadre de ce « dispositif national de compagnonnage à la mise en scène/dramaturgie » initié par le Ministère de la Culture et de la Communication, et pour lequel Françoise Dô a eu le privilège d’être retenue. Normal que les deux femmes se rejoignent dans cette volonté de faire découvrir, en les adaptant et les mettant en scène, des œuvres qui à priori n’avaient pas été écrites pour le théâtre, puisque le travail présenté ce mardi dans l’intimité de La Terrasse, Reine Pokou, est tiré du roman de Véronique Tadjo, Reine Pokou, concerto pour un sacrifice.

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Favoriser le développement du cinéma dans les DROM

Des auteurs, réalisateurs et producteurs martiniquais prennent officiellement position contre le gel du taux actuel de la TSA à 3%

—Communiqué —

Les groupements professionnels AUTREAM (AUTeurs REAlisateurs de Martinique) et SPICAM (Syndicat des Producteurs Indépendants du Cinéma et de l’Audiovisuel de Martinique) associés à des réalisateurs et des producteurs indépendants, s’opposent radicalement au gel du taux actuel de la TSA à 3% demandé par le SECOM (Syndicat des Exploitants de salles de cinéma Outre-mer) pour les cinémas des départements et régions d’Outre-Mer.

Pour rappel, la TSA (taxe spéciale additionnelle) est une taxe créée en 1948 par le CNC (Centre National du Cinéma et de l’Image Animée), directement prélevée sur chaque ticket de cinéma vendu. Elle est à un taux plein et unique de 10,72 % dans l’hexagone depuis 2007.

La Loi 2014-1655 de Finances rectificatives pour 2014 a imposé la mise en place de la TSA au 1er janvier 2016 dans les DROM selon l’échelonnement suivant jusqu’en 2022 : 1% en 2016 – 2% en 2017 – 3% en 2018 – 5% en 2019 – 6,5% en 2020 – 8% en 2021 – 10,72% en 2022.

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« Mektoub my love » : Kechiche se laisse aller

— Par Selim Lander —

Un film qui s’étale sur près de trois heures, sans aucune intrigue véritable, avec des séquences qui durent jusqu’à plus soif : tout au plaisir de montrer son petit monde de Maghrébins installés sur la rive de la Méditerranée, côté français, Abdellatif Kechiche n’a pas cru devoir se retenir, quitte à user les nerfs des spectateurs… qui ont néanmoins, lors de la séance à laquelle nous avons assisté, tous (et nous donc) bu le calice jusqu’à la lie.

Il est vrai que le film commence très fort par une scène de lit entre la star du film, Ophélie (Ophélie Bau) et Tony (Salim Kechiouche), le coq de la bande de jeunes gars et filles qui sont les principaux personnages du film, séquence qui manquerait de piment – encore que : on sait depuis la Vie d’Adèle ce que Kechiche est capable de tirer de ce genre de scènes (ou de ces scènes de genre) – si elle n’était observée par Amin (Shaïn Boumedine), l’(anti)héros du film. En effet, contrairement à tous les autres mâles de Mektoub…, dragueurs impénitents, Amin a un problème avec les filles, n’osant même pas « s’attaquer » à celles qui le draguent ostensiblement (car il est plutôt beau gosse).

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« Ouaga girls » de Theresa Traore Dahlberg

— Par Selim Lander —

Pas un docu-fiction, Ouaga Girls est à ranger dans la catégorie des faux-vrais documentaires. Vrai parce que les personnages d’apprenties, de professeurs, de garagistes, etc. sont interprétés par de vrais apprenties, professeurs, etc. Faux parce que, sauf erreur, le film est scénarisé, les dialogues ont été répétés et les scènes rejouées autant de fois que nécessaire. Ceci admis, le film reste une formidable incursion dans un univers complètement exotique pour les spectateurs occidentaux auxquels ce film est destiné en priorité (produit avec des fonds suisses et français, présent dans les festivals internationaux), même s’il peut atteindre aussi, quoique plus difficilement, le public africain.

Sans vouloir faire la leçon à nos collègues critiques de cinéma plus patentés que nous-même, le statut de ces films qui visent deux publics radicalement différents (pour ne pas dire aux antipodes l’un de l’autre) mériterait d’être mieux examiné. Ouaga Girls, par exemple, est centré sur quelques élèves d’une institution burkinabé destinée à former des jeunes femmes (uniquement des jeunes femmes) aux métiers de l’automobile, héritage probable de l’ère Sankara et de l’orthodoxie communiste suivant laquelle, rappelons-le, il n’y a pas de métier spécifiquement masculin ou spécifiquement féminin.

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Lafèt lanmizik-nou

— Par Daniel M. Berté —

Yéééé! Jòdi ventéyen Jen, nou ka’y fè an ti-bef
Bien aksé… Balansé !
Mizik djèl ! Jwé !
Yélélé yélala… lalé-lala !

An bari viann-salé ek an lapo kabrit
Bien tiré… Tanbou !
Tanbouyé! Jwé!
Boudoumbé boudoumba… lalé-lala !

Dé mòso bwa-griyav ki tayé dwèt-pitjèt
Bien pliché… Ti-bwa !
Tibwatè ! Jwé !
Takpité takpita… lalé-lala !

An kalbas dévidé épi trant grenn légliz
Bien soukwé… Chacha !
Chachayè ! Jwé !
Chachawé chachawa… lalé-lala !

An mòso ti-banbou pèsé épi fè cho
Bien souflé… Toutoun-banbou !
Flitis ! Jwé !
Fiyolé fiyola… lalé-lala !

Tanbou, ti-bwa, chacha épi toutoun-banbou
Bien akòwdé… Mizik !
Mizik-chen ! Jwé !
Woulé wouli woula… lalé-lala !.

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Avec les Buv’ Art, pour une autre société

Dernière représentation mercredi 20 juin au TOM à 19H30

« Comédies tragiques », d’après Catherine Anne

— par Janine Bailly —

Après nous avoir l’an passé conquis en nous faisant entrer, sur les pas de Sacha Guitry, dans l’intimité de quelques couples particuliers, la compagnie de théâtre-amateur Les Buv’Art a choisi, pour son nouveau spectacle, d’élargir son horizon, et donc aussi le nôtre, car le théâtre, s’il est fait pour distraire, peut aussi nous inviter à regarder d’un œil sagace le monde comme il va, ou plutôt comme il bégaie. Laurence, actrice et responsable de la mise en scène, soutenue par de fidèles acteurs que l’on aime retrouver, nous convie à une pièce intitulée Comédies tragiques. Écrite et créée en 2011 par Catherine Anne, alors en charge du TEP (Théâtre de l’Est Parisien), l’œuvre est, selon les paroles mêmes de la dramaturge, une prise de position politique : « Je crois à la force de l’écriture dramatique pour saisir au présent ce qui nous trouble et ce qui trouble notre société. Je me sens violemment interpellée par la tournure que prend notre monde, et suffisamment touchée dans mon identité de citoyenne, de femme et d’artiste pour éprouver l’ardent besoin d’écrire… Comédies tragiques ».

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27e Soirées d’été en Lubéron

Rien n’a voir

de Martin Gadreau

Exposition photographique en partenariat avec l’Office de Tourisme Pays d’Apt Luberon

23 JUIN > 4 JUILLET INCLUS
APT
Vernissage le 23 juin à 11h.
OFFICE DE TOURISME PAYS D’apt Luberon 788 avenue victor hugo

Rien à voir, comme circuler y’a rien à voir !
Martin Gadreau n’est pas un enfant du pays. Martin est né, vit et travaille à Paris. Les Soirées d’été en Luberon l’ont déjà invité en 2007 lors de la 16ème édition, comme photographe de plateau.
Cette fois-ci, l’invitation est une occasion tant pour lui que pour nous de présenter au public son propre travail photographique et artistique. Le théâtre se nourrit de mots mais aussi de beaucoup d’images. A vous de découvrir son univers entre graphisme et ethnographique contemporaine.

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La Compagnie d‘Entrainement formation professionnelle du Théâtre des Ateliers d’Aix en Provence

Reconstruction(s) Bouffonnerie interactive

de Guy Régis junior
Théâtre en partenariat avec le Théâtre des Ateliers Aix en Provence

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90 minutes polyphoniques

Le 21 juin 2018 de 18h 30 à 20h au T.A.C.

Le Théâtre Aimé Césaire fête la musique à sa façon et met à l’honneur le chant à plusieurs voix en réunissant trois ensembles vocaux : la chorale Airs de Rien et les deux groupes vocaux à capella : Jane Tonix et X Five.
Entrée gratuite, c’est la fête de la musique !
►La chorale Airs De Rien compte aujourd’hui plus de 50 inscrits, tous unis par leur passion du chant à plusieurs voix, ils se retrouvent tous les lundis à l’aéroport Aimé Césaire du Lamentin pour répéter.
Jane Harris a créé le groupe en 2015 et continue à le diriger. Le répertoire est composé de variétés françaises et anglo-saxonnes, de chants créoles et traditionnels, de chants du monde, harmonisés « sur mesure » par Jane.
►Jane Tonix est un groupe vocal a capella de 6 voix solistes créé en 2016. Ils interprètent les grands classiques du Barber Shop américain des années 50, mais aussi tout le répertoire de la variété internationale qui peut prêter à une harmonisation complexe. L’inspiration est collégiale.

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Othello, pirate des Caraïbe – Adaptation de José Alpha

Les 15, 16 & 17 juin 2018 au T.A.C. à 19h 30

— Par Selim Lander —

C’est depuis des décennies l’ambition de José Alpha et de son Téat’Lari que d’apporter le théâtre au public populaire. Il a ainsi, jadis, monté plusieurs pièces de Vincent Placoly en créole et/ou français. Souvent à l’œuvre dans la rue, voire dans le hall de la gare Saint-Lazare pour interpréter des textes de Césaire, ses comédiens font preuve d’une belle abnégation. C’est donc certainement pour eux une récompense de se produire sur le plateau du théâtre municipal de Fort-de-France dans un spectacle doublement ambitieux, au demeurant, autant par le choix d’une des pièces les plus célèbres du répertoire shakespearien que par le nombre des comédiens mobilisés : dix en comptant la brève apparition de J. Alpha lui-même dans le rôle de Brabandio, le père de Desdémone, épouse d’Othello, (malheureuse héroïne s’il en fut).

J. Alpha fait le choix de transposer Othello dans nos Caraïbes. Choix judicieux quand on fait appel à des comédiens qui – comme c’est malheureusement le cas en Martinique – n’ont pas la possibilité de jouer régulièrement.

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Pianos et pianistes à l’Atrium

– Par Selim Lander —

Piano kon sa ékri : du piano autant que vous en voudrez ! N’est-ce pas le cas quand quatre jeunes femmes habiles se succèdent sur les touches de deux pianos, tantôt une, tantôt deux et même toutes les quatre ensemble – deux sur chaque piano – pour le bouquet final ? Il y avait donc la Japonaise, Yayoi Ikawa, la plus expérimentée, la plus titrée. La Cubaine, Janysett McPherson, la plus belle présence, aussi à l’aise en français qu’en espagnol, qui sait enflammer une salle. La Martiniquaise, Florat Sicot, la plus riche voix des quatre quand elle chante le blues. Enfin la Réunionnaise, Valérie Chane-Tef complétait le quatuor.

Elles étaient soutenues par une section rythmique de trois musiciens – Alex Bernard à la basse, Dominique Bougrainville à la batterie et Alain Dracius aux congas, trois musiciens martiniquais qui ont noué une vraie complicité avec les pianistes, lesquelles ont d’ailleurs joué certaines de leurs compositions.

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« Hôtel  Salvation» de Shubhashish Bhutiani : mourir à Bénarès

— Par Selim Lander —

Mourir, est-ce enfin le moment pour l’âme de se libérer des tracas de l’existence ? Pour l’Occidental qui ne croit plus à dieu ni à diable, la croyance des hindous apparaît infiniment naïve, et même quelque peu contradictoire puisque l’âme est amenée à se réincarner dans une autre créature qui aura également son lot de tracas. Mais comment ce même Occidental ne serait-il pas envieux d’une culture qui apprivoise la mort à ce point-là ? Telle est certainement l’impression dominante qu’on retirera d’un film qui aborde ce sujet délicat entre tous avec une infinie délicatesse, gommant tous les aspects les moins ragoutants de la mort à Bénarès, la puanteur des bûchers, l’eau souillée du Gange dans laquelle les fidèles n’hésitent pas à s’immerger complètement, et même, réduits à la dernière extrémité, d’en boire l’eau réputée sacrée. Comment oserions-nous, au demeurant, critiquer ces mœurs ? Question pollution, nous n’avons rien à apprendre de personne. Les Parisiens en savent quelque chose qui boivent certes de l’eau potable mais respirent une atmosphère qui les rend malades. Quant aux Martiniquais qui boivent, avalent des produits chlordéconés et battent des records en matière de cancer, ils seront bien les derniers à se moquer des Indiens.

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Othello, le guerrier vaincu par la passion, m.e.s. de Jean-José Alpha

Les 15, 16 & 17 juin 2018 au T.A.C. à 19h 30

—D’après Shakespeare —

Argument : Othello est le chef d’une bande d’asociaux dont s’occupe Brabantio, un éducateur social auprès du Tribunal. Brabantio est le père de la désirable Desdémone convoitée par de nombreux garçons. C’est pourtant Othello qu’elle choisit.
Subjuguée par l’anticonformisme de son existence, le récit de ses aventures, les incroyables défis relevés, et surtout par la confiance vouée au chef de bande, Desdémone se donne à lui et tombe amoureuse, au point de suivre Othello jusque dans le ghetto perché au-dessus de la ville.
Le père de Desdémone qui voyait en Othello, le chef respecté du clan, un allié dans sa mission d’intégration sociale, acceptera-t-il la trahison de sa fille ? Quant à Iago, le complice du chef, qui fomente le complot qui va gangrener jusqu’à la Mort, l’amour du guerrier pour Desdémone, rappellera-t-il au public sa cruauté à l‘égard de ses héros ?

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Kanye West sort un nouvel album en duo avec Kid Cudi

Après la sortie de « Ye » il y a une semaine, le rappeur présente « Kids See Ghosts », fruit de sa collaboration avec Kid Cudi.

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Deux semaines, deux albums. L’omniprésent Kanye West a sorti vendredi 8 juin un album intitulé Kids See Ghosts au côté de son protégé Kid Cudi. Le 1er juin, l’artiste avait diffusé son huitième album studio Ye, une introspection de sept titres sur ses insécurités, qui semblait moins ambitieux que ses opus à rallonge sortis il y a dix ans. Kids See Ghosts (« Les enfants voient des fantômes ») relève plus de l’univers électro-psychédélique de Kid Cudi auxquelles s’ajoutent des rimes sombres du chanteur de 41 ans.

« Je suis libre »
Le titre Freeee (Ghost Town Part 2) ouvre l’album avec une citation du pan-africaniste du début du XXe siècle Marcus Garvey avant que le duo rap déclame, l’un après l’autre, avoir trouvé la paix. « Je ne ressens plus de douleur ! Devine quoi bébé ? Je suis libre », allusion probable aux commentaires polémiques de Kanye West et la lutte contre la dépression de Kid Cudi.

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« Résurgence », m.e.s. de Jocelyn Régina

Le 15 juin à 19h 30 à Coridon

RÉSURGENCE

Textes d’Aimé CESAIRE et de Jocelyn REGINA
Distribution
Le vieil homme ( Anglio )………… Jocelyn REGINA
La garde-malade ( Gertrude )….… Laëtitia SAVARIAMA
L’amant ( Firmin )………………… Virgil VENANCE
Synopsis
Dans ce quartier de Volga-Plage, il y a bien longtemps que ce vieil homme ne reçoit plus de visites. Il entretenait une relation amicale avec Aimé Césaire qui se faisait une joie de frapper à sa porte lors de ses déplacements dans le quartier. Et c’était un plaisir pour les deux de refaire le monde et de discuter de tout et de rien. Sauf que depuis une dizaine d’années, il n’a plus eu la moindre nouvelle de son ami poète. Que s’est-il passé ? Il n’a pas les moyens de le savoir d’autant plus que rongé par l’âge et la maladie, il lui a été affecté une garde-malade à domicile sans vergogne et sans humanité qui le tient dans un dénuement inqualifiable et dans un retranchement total qui ne lui permettent pas d’être au fait de la disparition du chantre de la négritude.

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