— par Janine Bailly —
Le décor est minimaliste, table-chaises et fauteuil qui tend à évoquer de douloureuses séances d’extraction dentaire… puisqu’aussi bien toute rupture dans le couple a pour motivation le désir d’échapper à ce qui contraint, au quotidien qui enferme, à l’autre qui soudain nous insupporte ! La scène est donc intemporelle, hors d’un lieu défini, elle pourrait être d’ici, de là-bas ou d’ailleurs. Que nous importe !
Ils sont deux, ou trois si entre eux se matérialise la haine debout, compacte et drue. Elle, plutôt dans sa belle maturité, Lui en un âge déjà quelque peu déclinant — mais il est dans la « vraie vie » des couples, fussent-ils présidentiels, qui eux aussi font fi de ce paramètre. Elle, dans une beauté un peu agressive, un rien vulgaire, talons hauts et maquillage accentué. Lui un tantinet négligé, ventre rebondi sur ceinture serrée, à qui elle pourrait bien retourner la belle déclaration misogyne de Charles Aznavour : « Non… tu t’laisses aller, tu t’laisses aller ». Lui, cheveux grisonnants plus ou moins peignés selon la scène, Elle dont on ne sait si la fixité implacable de la noire chevelure est due à la nature ou au truchement d’une perruque ; et son personnage exude une certaine artificialité de poupée Barbie, opposée à la pesante présence terrienne de l’Autre.