Catégorie : Arts de la scène

Cinéma – « Cold War », « Ultra rêve »

 — Par Selim Lander —

Cold War de Pawel Pawlikowski : magistral.

Au premier plan, une route et un grand arbre, le tronc nu presque jusqu’à mi-hauteur avant les branches qui forment comme une boule touffue ; derrière un champ de maïs avec un ciel gris, une pâle lumière d’hiver, même si l’absence de neige, les feuilles de l’arbre et le maïs appartiennent plutôt à la fin de l’été ; du vent dans les feuilles : cette image en noir et blanc résume à elle seule un premier aspect du film, son esthétique sobre et sombre à la fois : nous sommes en effet après-guerre, en Pologne, il fait froid, on porte des longs manteaux.

Autre image, un cœur de jeunes filles qui chantent a capella sur une musique traditionnelle ; la beauté de la mélodie, la fraîcheur des interprètes, leurs sourires mêmes ne parviennent pas à dissiper l’atmosphère pesante des pays de l’Est avant la perestroïka.

Une dernière image, une boite de jazz à Paris, une femme qui chante en polonais accompagnée au piano par son amoureux, polonais lui aussi.

Ces deux-là sont les personnages principaux du film de Pawlikowski – partiellement inspiré de l’histoire de ses propres parents – reparti avec le prix de la mise en scène lors du dernier festival de Cannes.

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« Mémoires d’îles », une pièce d’Ina Césaire

Vendredi 16 novembre 2018 à 20 h. Tropiques-Atrium

— Par Selim Lander —

Ina Césaire, née en 1942, quatrième enfant d’Aimé et Suzanne Césaire, est connue en dehors de ses œuvres littéraires pour ses travaux ethnographiques sur la Martinique. Mémoires d’îles peut être considérée comme un sous-produit de ces derniers, tant l’auteur s’y entend à faire vivre des personnages plus vrais que nature, ici deux vieilles femmes nées à la fin du XIXe siècle, avec leur préjugés, leurs obsessions, leurs tics de langage.

Ces deux-là sont demi-sœurs, qui partagent le même père et même sans doute davantage. Tout devrait pourtant les séparer et si elles sont ici réunies à l’occasion d’un mariage, il est clair qu’elles ne se rencontrent pas tous les jours, ce qui explique qu’elles aient tant de choses à se raconter. La pièce est construite sur l’opposition binaire entre Hermancia et Aurore. L’une négresse « bitaco », l’autre institutrice mulâtresse. L’une marmonne La Main noire, un chant d’incantation magique, tandis que l’autre se perd dans un Ave Maria. L’une qui mélange son français de créole et ponctue ses phrases de « Eh oui, eh oui » ou « tout bonnement », s’obstine à évoquer la « renonce », là où l’autre, fière de son bon parler, insiste : c’est « communion solennelle » qu’il faut dire[i].

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Prélude au Martinique Jazz Festival 2018

Mercredi 21 Novembre à 19h30

Withney

 Kevin Mac Donald – USA – 2018- 2h00

Synopsis :

Elle a vendu 200 millions d’albums. Elle détient le record du plus grand nombre de numéros 1 consécutifs. Sa chanson « I Will Always Love You » est le single le plus vendu par une chanteuse. Derrière les records, les rumeurs, les scandales, les secrets et la gloire, voici la vraie Whitney Houston .

 La presse en parle :
L’Express par Antoine Le Fur
Riche d’archives rares et de témoignages de ses proches, le film apporte un éclairage inédit sur la carrière d’une star dont le destin tragique semblait inévitable. Étonnant et bouleversant.

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« Une Maison de poupée » d’Henrik Ibsen les 15, 16 et 17 novembre

— Par Selim Lander —

Il nous est arrivé d’émettre l’hypothèse qu’Ibsen soit le plus grand dramaturge du XIXe siècle, toutes langues confondues. Ce n’est pas Une Maison de poupée, reconnue comme l’une de ses meilleures pièces, qui nous fera changer d’avis, surtout dans l’interprétation qu’en donnent Florence Le Corre (Nora) et Philippe Calvario[i] (Torvald Helmer) dans la M.E.S. de Philippe Person (qui joue lui-même Krogstad).

Il n’est peut-être pas anodin de savoir que cette pièce féministe (écrite en 1879) fut inspirée d’un fait réel. Une certaine Laura, une amie du couple Ibsen, vécut une histoire semblable à celle de Nora de la pièce, en plus tragique. Nora comme Laura ont emprunté de l’argent pour soigner leur mari malade, mais là où la Nora de la pièce voit son problème résolu par un « miracle » et quitte son mari la tête haute, la vraie Laura fut contrainte au divorce et internée dans un asile !

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19ème édition du mois du film documentaire par Ciné Woulé Company

Le mois du film documentaire est une action nationale organisée par l’association Image en bibliothèque. Une opération qui permet à un large public de découvrir une programmation de films documentaires dans différents lieux culturels, établissements scolaires, bibliothèques.
L’objectif ? Promouvoir le cinéma documentaire en proposant une programmation de films originaux pour tous les publics et dans toute la France.
Cette année la 19ème édition du mois du film documentaire est coordonné en Martinique par Ciné Woulé Company. Elle aura lieu du jeudi 15 au vendredi 28 novembre.

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Les chants de Noël nuiraient à notre santé mentale

Elles sont censées être joyeuses et nous faire plaisir lors de moments festifs. Mais si nous les écoutons trop tôt et régulièrement, les musiques de Noël peuvent avoir des effets néfastes sur notre santé mentale… voire nous inciter à faire plus de dépenses !

Nous ne sommes qu’au mois de novembre, mais l’esprit de Noël est déjà là. Les magasins de jouets ne se font pas prier pour diffuser à longueur de journée Petit Papa Noël, All I want for Christmas is You et autres Jingle Bells. Étrangement, ces chansons festives pourraient avoir un effet néfaste sur notre santé mentale si nous les écoutons trop régulièrement.

Nocif pour les employés des magasins de jouets

Linda Blair, psychologue clinicienne et auteure britannique, avait établi en 2017 que l’écoute « répétitive de toutes ces chansons de Noël jouées dans les magasins pourrait être mauvaise pour votre état mental ». Les employés de magasins de jouets sont donc particulièrement touchés.

Les employés de magasins de jouets sont particulièrement exposés à ces musiques.

Mais plus largement, ces chants sont associés à la pression financière et émotionnelle d’une saison qui est censée être forcément joyeuse.

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Rose-Aimée, un douloureux destin

Dimanche 18 novembre 2018 à 16 h. Tropiques-Atrium.

Drame musical inspiré du roman « Rêves Amers » de Maryse Condé : Rose-Aimée vit heureuse dans son petit village à Haïti, jusqu’au jour où la misère l’oblige à quitter les siens. Placée en ville comme restavek (esclave domestique), elle doit supporter le mépris et la méchanceté de sa patronne. Heureusement, elle a l’amitié de Lisa. Fraternité contre méchanceté, courage contre cruauté, à quel prix la liberté quand le quotidien est l’enfer ?
C’est le drame de l’immigration, haïtienne en particulier, qui est ici mis en scène. Cette réalisation a pour objectif de susciter la réflexion de chacun autour des thèmes ô combien d’actualité de l’immigration et de l’esclavage moderne.
Idée originale : Joëlle Fremcourt
Mise en scène & Direction : José Alpha
Assistantes : Mireille Quimbert & Mady Ursulet
Création musicale : Elysé Domergue & Axel Fremcourt-Guy
Chorégraphie : Steeve-Yann Louis-Joseph-Dogué
Costumes : Joëlle Fremcourt & Staff Chorale Arpège
Décors : Armelle Janvion & Ford Paul
Ingénieur du son : Yvan Brard
Batterie : Thomas Bellon
Guitare : Kévin Toris
Percussions : Daniel Dantin
Basse : Axel Fremcourt-Guy
Claviers, programmation & Arrangements musicaux :
Elysé Domergue
Arrangements voix : Elysé Domergue & Joëlle Fremcourt
Chef de choeur Chorale Arpège : Joëlle Fremcourt
Livret : Mireille Quimbert, Mady Ursulet & Joëlle Fremcourt
© crédit photo : Jean-Michel Terrine

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Une maison de poupée : un thriller hitchockien

15, 16 & 17 novembre 2018 à 19h 30 au T.A.C.

— Par Christian Antourel —

« La vraie femme est un produit artificiel que la civilisation fabrique. Ses prétendus instincts de coquetterie ; de docilité, lui sont insufflés comme à l’homme l’orgueil phallique , il n’accepte pas toujours sa vocation virile ;elle a de bonnes raisons pour accepter moins docilement encore celle qui lui est assignée » Ecrit Simone de Beauvoir en 1949. Ibsen écrit « une maison de poupée » en 1879.

Henrik Ibsen ,(1838-1906) est un grand auteur norvégien. Son théâtre, miroir brisé de la société bourgeoise, fait que ses pièces s’appuient sur une réflexion philosophique et sociale, elle dénoncent les défauts de la société en particulier ses aspects conformistes et hypocrites.
C’est l’histoire d’un couple Nora et Torvald qui explose en trois actes en direct. Montrer cette pièce maintenant permet d’explorer l’intimité de deux êtres qui ne sont jamais partis en quête de leur propre vérité et de repenser le cadre que Nora fait exploser un siècle et demi après
la Nora d’Ibsen. Où en est- on aujourd’hui de ces paradigmes masculin/féminin qui malgré une époque en progrès concernant l’égalité des droits, restent violemment héritiers d’un profond déséquilibre et d’un malaise socio- culturel latent ?C’est

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Les chefs d’Etat des démocraties doivent obtenir la libération d’Oleg Sentsov

Dans une lettre ouverte, un collectif s’adresse aux chefs d’État et de gouvernement des démocraties afin que le cinéaste ukrainien Oleg Sentsov, qui a mené une grève de la faim pendant cinq mois pour attirer l’attention sur le sort des Ukrainiens indûment détenus en Russie, soit libéré. Face au silence du Kremlin, il est temps que les dirigeants européens, réunis pour les commémorations du 11-Novembre, se mobilisent
En 1980, Andreï Sakharov est exilé dans la ville fermée de Gorki pour avoir alerté le monde du danger que représentait l’URSS. Assigné à résidence et surveillé en permanence par le KGB, il est coupé du monde par le pouvoir soviétique durant plusieurs années, pendant lesquelles il effectuera deux grèves de la faim et sera torturé, intubé et nourri de force. Il faudra la perestroïka (restructuration) et la glasnost (transparence) en 1986 pour que Mikhaïl Gorbatchev mette fin à son exil et à son calvaire.

Cela n’empêche pas un autre dissident russe, Anatoli Martchenko, de mourir dans sa cellule la même année, le 8 décembre 1986, après onze ans d’emprisonnement et une grève de la faim de 117 jours.

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« Au plus noir de la nuit » : de la lumière à l’ombre

— par Janine Bailly —

D’André Brink, je garde le souvenir ému d’une soirée au Grand Carbet de Fort-de-France, où il assista en compagnie de la réalisatrice Euzhan Palzy à la projection du film « Une saison blanche et sèche » qu’elle avait, avec l’autorisation de son auteur, adapté du roman éponyme. Aujourd’hui, l’Afrique du Sud nous revient en plein cœur, sur la scène de Tropiques-Atrium, par la grâce du spectacle « Au plus noir de la nuit » que le metteur en scène Nelson-Rafaell Madel nous apporte, après avoir connu le succès au Théâtre de la Tempête, à Paris. Une représentation en direction des scolaires, deux seulement en direction du public, cela semble hélas bien peu.

« Au plus noir de la nuit » est à l’origine un épais roman de plus de cinq cents pages publié en 1974 par l’écrivain afrikaner André Brink, et qui fut à sa sortie censuré. En tirer une heure cinquante de texte, en faire un spectacle cohérent en dépit des ellipses temporelles, des omissions nécessaires et des mystères qui faute d’avoir lu le livre resteront pour nous inexpliqués, cela tient déjà du prodige.

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Une maison de poupée de Henrik Ibsen, adaptation et m.e.s. Philippe Person

15, 16 & 17 novembre 2018 à 19h 30 au T.A.C.

Emprunter, mentir, falsifier des signatures, c’est tout ce que Torvald Helmer, employé de banque, condamne. C’est pourtant ce que sa femme Nora a fait en cachette pour qu’il puisse se soigner. Elle a presque fini de rembourser sa dette quand Torvald Helmer est nommé Directeur. Il décide alors de renvoyer le commis Krogstad, en raison de son passé douteux. Or, Krogstad n’est autre que le créancier de Nora. Pour se défendre, il vient faire du chantage sur cette dernière en la menaçant de tout révéler à son mari. Au même moment arrive Madame Linde, ancienne amie de Nora et ancienne maîtresse de Krogstad. Femme seule, elle vient demander une place dans la banque de T. Helmer. Nora fera tout pour déjouer les intentions de Krogstad malgré les conseils de Madame Linde qui l’incite au contraire à tout révéler à son mari. La maison de poupée se transforme peu à peu en un huis clos suffocant. C’est donc asphyxiée, acculée à se dénoncer, que Nora se livre à son mari. Hors de lui, ce dernier se révèle être non plus le mari protecteur mais l’homme blessé.

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Cinéma : Sofia, Les Vieux Fourneaux

— Par Selim Lander —

Sofia de Meyrem Benm’Barek

Un film de la sélection un certain regard récompensé par le prix du scénario à Cannes en 2018. On s’attend donc à une construction sophistiquée avec une construction non linéaire, des retournements de situation inattendus, or ce n’est pourtant pas ce qu’offre ce film qui vaut plutôt par la peinture de quelques femmes marocaines à l’âme bien trempée… contrairement au personnage éponyme dont l’attitude geignarde agacerait plutôt. Sofia est enceinte sans le savoir et même tellement enceinte qu’elle est sur le point d’accoucher quand débute le film. La condition féminine, le tabou sur les relations sexuelles avant le mariage sont des thèmes récurrents dans les films marocains, ce qui s’explique par l’hypocrisie qui prévaut dans ce pays l’égard de tout ce qu’interdit une religion obscurantiste mais toujours officielle, dans un pays qui avance néanmoins à grand pas dans la modernité. Donc Sofia est enceinte sans le savoir et sans, bien évidemment, être mariée. Lorsque le bébé naît, elle ne peut plus ni se le cacher ni le cacher. Pour l’honneur de la famille, il faut vite épouser.

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Vues sur Cannes Acte 2

Les séances V.O. de Tropiques-Atrium déportées à Madiana.

Les horaires sont toujours  à vérifier

Vues Sur Cannes 2018 (Acte 2) & Documentaires RCM 2018

Programme ci-dessous

Pourquoi la France double les films au lieu de les laisser en VO alors que cela nous permettrait d’apprendre plus facilement l’anglais ?

— Par John Katt —

Parce qu’il y a des bureaucrates et des politiciens qui peuvent se permettent des séjours dans des pays anglophones et recevoir des leçons privées en anglais avec des anglophones. De nos jours, comme d’autres l’ont dit, il y a PirateBay pour des téléchargements de VO ce qui permettra de niveler vers le … haut.

Quant à savoir si les bureaucrates/politiciens sont cons ou sont séduits par l’industrie du doublage (les acteurs), difficile à savoir. Ils sont trop intelligents (disent-ils, croient-ils) pour nous répondre.

En tout cas, la population qui ne peut pas se payer les voyages aurait la chance d’apprendre l’anglais. Il est ARCHIFAUX de dire que cela ne permettrait pas d’apprendre ou de peaufiner l’anglais. Ils diront le contraire. Je suis prof et bilingue. Je suis linguiste aussi.

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Centaures, quand nous étions enfants

— Par Michèle Bigot —

Omniprésence de la question animale sur la scène littéraire : essais, romans, traités philosophiques, poésie…… Elisabeth de Fontenay a ouvert le débat en France depuis longtemps, vite suivie dans sa réflexion par le mouvement associatif. Le spectacle vivant n’est pas en reste. On sait que le dernier festival d’Avignon avait pour centre la problématique du genre : dans les deux cas, c’est la même question des frontières et de l’identité. Où passe la frontière entre l’humanité et le règne animal, où passe-t-elle entre le féminin et la masculin, la bipolarité a-t-elle lieu d’être ou bien faut-il désormais penser davantage en termes de continuum que de polarité ? Le théâtre s’empare à son tour de cette question brûlante. De façon plus spécifique, parce que plus théâtrale, c’est sous la forme de la métamorphose que la scène envisage la question. Depuis Ovide, La métamorphose témoigne de façon exemplaire de la perméabilité des frontières entre espèces ou entre genres. Et c’est souvent le désir qui préside à ces transferts.

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La mort du trompettiste états-unien Roy Hargrove


Le trompettiste américain Roy Hargrove, fréquent visiteur des festivals de jazz européens, est décédé à l’âge de 49 ans, a-t-il été annoncé samedi sur sa page Facebook.

«C’est avec grande tristesse et le coeur dévasté que nous faisons part de la disparition de Roy Hargrove le 2 novembre, à l’âge de 49 ans», est-il indiqué.

Roy Hargrove avait percé très jeune, à la fin des années 1980, devenant l’un des chefs de file du mouvement néo-bop, une forme de jazz très rythmé qui a notamment influencé le R&B et le hip-hop.

Selon son agent Larry Clothier à la radio NPR, il a eu un infarctus, après une hospitalisation liée à des problèmes de reins, l’artiste ayant été sous dialyse durant de longues années.

Né le 16 octobre 1969 à Waco, Texas, Roy Hargrove débute le cornet à l’âge de neuf ans, et passe rapidement à la trompette. Elève de Dean Hill, il découvre Clifford Brown, Freddie Hubard, Lee Morgan et Fats Navarro. De passage au Dallas Arts Magnet, en 1987, le trompettiste Wynton Marsalis le remarque et le présente à Larry Clothier, producteur qui lui donne l’occasion de tourner à New York, et d’effectuer son premier voyage en Europe en 1988, aux côtés de Jerome Richardson et Clifford Jordan.

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Le CNC veut il la fermeture des cinémas des DROM ?

— Par Alexandra ÉLIZÉ, Présidente —

Pourquoi le CNC ne veut-il pas nous transmettre le rapport de l’inspecteur des finances sur l’impact de la Taxe Spéciale Additionnelle dans les DROM rendu le 20 Octobre dernier et devant servir de base à la demande d’un taux réduit ?

Lire aussi : l’ensemble des articles sur la T.S.A. parus dans Madinin’Art

Depuis toujours les cinémas des DROMS expliquent les surcoûts colossaux auxquels les salles sont confrontées par rapport à celles de métropole. Malgré cela, sans étude chiffrée et sans que nos chiffres nous soient même demandés, le CNC demande de mettre en place la Taxe Spéciale Additionnelle dans les DROM et l’obtient dans le Projet de Loi de Finances 2014 avec, une application au 1er janvier 2016 et une progressivité pour atteindre le taux métropole de 10,72% du chiffre d’affaire en 2022.

Les exploitants de salles de cinéma outre-mer ont donc tiré la sonnette d’alarme en expliquant que ce taux allait tuer les exploitations ! Le CNC accepte finalement en 2015 de réaliser une étude d’impact via le cabinet Millot-Pernin. En 2017 les éléments du rapport sont envoyés aux exploitants qui apportent des corrections lors de deux réunions en Avril et Juin 2017.

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« Au plus noir de la nuit », adaptation et m.e.s. Nelson-Rafaell Madel

Jeudi 8 & vendredi 9 novembre 2018 à 20 h. Tropiques-Atrium

D’après le roman Looking on darkness d’André Brink

Création

Il s’appelle Joseph Malan. Il naît en Afrique du Sud en plein apartheid. Il est noir. Il vient d’une lignée aux destins tragiques, misérables et extraordinaires à la fois. Presque mythologiques. Il grandit à la ferme, son père meurt très tôt, sa mère pas beaucoup plus tard. Il découvre le théâtre et sa dimension de liberté. Il devient comédien. Après quelques années à succès à Londres, il retourne au pays natal. Il crée une troupe de théâtre qui sillonne le pays. Il rencontre Jessica, une femme blanche, avec qui il vivra, malgré les interdits, une passion amoureuse.

Amour et théâtre animent alors ses jours, jusqu’à l’obscurité.

Lire ci-dessous l’élogieuse revue de presse

André Brink (1935 – 2015), -écrivain sud-africain d’expressions afrikaans et anglaise, il obtient à trois reprises le Central News Agency Literary Award, le Prix de traduction de l’Académie sud-africaine des Sciences et des Arts. Nominé pour le Booker Prize, il reçoit le Prix Médicis étranger pour « Une saison blanche et sèche » et « Martin Luther King Memorial Prize », qui lui vaut une reconnaissance mondiale mais qui est censuré en Afrique du Sud.

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« Soleil couchant », quand l’homme est astre qui s’éteint

— par Janine Bailly —

Si son existence est attestée dès l’Antiquité, d’abord dans des cérémonies religieuses puis comme accessoire de spectacle, la marionnette est devenue aujourd’hui un personnage de théâtre à part entière. Parce qu’elle a toujours fasciné non seulement les enfants mais aussi les grands, en cela qu’elle est une figurine, une figure animée créée à notre propre image, elle s’est vue à son tour imitée par l’homme, dans certaines mises en scène où l’acteur adopte son maintien et ses mouvements.

De cette ambiguïté, dans Soleil Couchant Alain Moreau se joue, acteur de chair et d’os mais aussi marionnette dont le vêtement l’habille, à qui il prête ses jambes et ses bras, l’un chargé d’en manipuler la tête, l’autre destiné aux gestes de la vie à accomplir. Par cette manipulation à vue, et qui reste minimaliste en raison de l’âge supposé du personnage joué, le comédien et son double pourront au fil du récit se rejoindre, entrer en connivence, l’un buvant la bière que l’autre lui tend, comme aussi tous deux respirent émus le parfum de ce que l’on suppose être châle, ou vêtement d’une épouse disparue.

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À ETC Caraïbe : Françoise Dô, ou le théâtre en devenir

— par Janine Bailly —

Après Bernard Lagier, invité à ouvrir en septembre la nouvelle saison des « Mercredis d’ETC Caraïbe » à l’Université des Antilles, c’est Françoise Dô, jeune artiste martiniquaise de talent, qui était ce 24 octobre reçue par Axel Artheron, Maître de conférence en Études Théâtrales et qui anime avec compétence et conviction des entretiens intitulés « Paroles d’auteur.e.s ».

La salle de cours L3, prêtée à ces rencontres, accueillait un public trop restreint, où peu d’auditeurs extérieurs s’étaient joints aux étudiants présents. Une absence regrettable en comparaison de la qualité inhérente à ce type de rencontre ! Une qualité qui fit oublier la relative tristesse des murs, comme le parasitage des bruits alentour !

Cheveux fous aujourd’hui disciplinés en une natte sage, toute de noir vêtue, tantôt grave tantôt souriante, Françoise Dô s’est livrée volontiers à l’exercice, répondant à toutes les questions, avec une sincérité sans faille. Un sérieux n’excluant pas l’humour, un désir de parler au plus juste, une disponibilité réelle ont permis que l’échange soit chaleureux, enrichissant, et qu’il ne distille pas une seule once d’ennui.

Comment définir le théâtre ? Pour elle c’est d’abord un lieu, lieu clos où l’on va comme dans un autre monde.

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Cinéma : alerte écologique, voyous marseillais

— Par Selim Lander —

Décidément, les cinémas Madiana ont du mal à respecter leur programmation. Il semblerait qu’il n’y ait d’autre solution pour s’informer des films effectivement projetés que d’aller le jour-même sur le site du cinéma. Que font dans ce cas les malheureux privés d’internet ? Sans doute la direction du cinéma les tient-elle comme quantité négligeable, estimant que son public n’est constitué, « globalement », que de gens connectés, ce qui est probablement vrai, même dans notre Martinique au taux de chômage record (nous nous comptons personnellement parmi les quelques dinosaures non connectés en permanence promis à l’extinction prochaine). Tout cela pour dire que le film La Sapienza, prévu le 19 octobre, a été annulé sous prétexte de l’inauguration du cinéma rénové (comme si cette inauguration n’avait pas été planifiée à l’avance !) et que ce dimanche 21, c’est le film Girl qui a été déprogrammé au profit de Shéhérazade.

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La Terre vue du cœur

Titre mélo pour un film de propagande écologique mais passons, de même que nous passerons sur la présence d’Hubert Reeves en tête d’affiche, alors que sa prestation est bien moins intéressante que celle des chercheurs qui interviennent par ailleurs.

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Jowee Omicil, un nouvel album au nom de l’amour

— Par Alexis Campion —

Le saxophoniste et multi-instrumentiste Jowee Omicil célèbre l’amour en général et ses racines afro-caribéennes en particulier dans son nouvel album Love Matters!.

A peine un an après qu’il fut révélé en France avec l’album Let’s BasH!, revoilà le pétulant Jowee Omicil, saxophoniste canadien d’origine haïtienne. Love Matters!, nouvel opus intitulé en clin d’œil au mouvement américain « Black Lives Matter », reflète son état d’esprit d’improvisateur afro-jazz libre et impatient, arrivé à la musique sur le tard mais fin prêt à en découdre avec ses jams aussi dansants qu’exubérants. Avec son look de rapper un poil dandy et un poil mystique, ce zigue de 40 ans n’est pas si typique dans l’eco-système du jazz et des musiques du monde.

Telle une pop-star en devenir, cet admirateur de Fela Kuti et de Thelonious Monk a par exemple fait le choix de marchandiser des créations vestimentaires de son cru sur son site en ligne : tee-shirts colorés et blousons mode flanqués de messages positifs… L’été dernier, au festival de jazz de Montreux, c’est lui que le légendaire Quincy Jones a choisi pour officier en tant que maître de cérémonie au concert célébrant ses 85 ans en présence de Manu Katché, Ibrahim Maalouf, Mos Def, Talib Kweli etc.

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« La Danse des trois ponts » : et de trois !

— Par Selim Lander —

Jamais deux sans … trois : après Trois visages, de Jafar Panahi, au cinéma, Trois ruptures, de Rémi de Vos, au théâtre, la semaine dernière, voici donc, cette semaine, La Danse des trois ponts, à nouveau au théâtre. En dehors de cette redondance troublante, il est bien difficile au critique de s’exprimer face à ce … troisième spectacle. Sa présence dans la programmation officielle de Tropiques-Atrium est une énigme. Car si l’on voit souvent du théâtre amateur très abouti, on ne saurait en dire autant de cette pièce écrite et mise en scène par Nady Nelzy, qui manque totalement de rythme, avec des comédiens qui n’ont d’autre arme que leur naturel pour interpréter leur personnage.

La pièce est située à Saint-Pierre avant la catastrophe, par mauvais temps : pluies abondantes et rivières qui sortent de leur lit, comme on l’a connu récemment. La ville basse de Saint-Pierre s’enorgueillissait de trois ponts : des Roches, de la Roxelane et des Ursulines, d’où le titre de la pièce. Sur l’un d’eux était prévue une ronde Bèlè pour la jeunesse.

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L’autre Césaire : Suzanne, lumineuse dissidente

— Par Dominique Daeschler —

En fond d’un plateau noir, de dos, trois femmes accoudées à une table de bar, nous offrent, sur un air jazzy mâtiné de lumières tamisées, la vision de postérieurs joliment gainés. Atmosphère ! Atmosphère ! La volteface n’en est que plus saisissante !
En s’avançant sur le devant de la scène avec table et sièges, le temps d’un verre partagé, elles saisissent à bras le corps le verbe de Suzanne Césaire, proche des surréalistes et plume acérée de Tropiques.
C’est dans les écrits de dissidence que Daniel Maximin (auteur d’un livre sur Suzanne Césaire) s’est plongé pour constituer ce qui fait spectacle. Bonne pioche. Hassane Kouyaté, pour servir sa mise en scène les a assemblés à sa guise, prenant comme point de départ la terre insulaire.
L’écriture de Suzanne Césaire est dansante, imagée dans la forme, maniant la formule et l’incise. C’est sans détours ni ménagements qu’elle trace l’histoire de « sa » Martinique, nous faisant entrer, presque par effraction, dans sa terre. Odeur de la canne, chant du pipiri, luxuriance de la végétation : : on est loin d’un exotisme de carte postale.

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« Trois ruptures », ou la tragi-comédie du désamour

— par Janine Bailly —

Le décor est minimaliste, table-chaises et fauteuil qui tend à évoquer de douloureuses séances d’extraction dentaire… puisqu’aussi bien toute rupture dans le couple a pour motivation le désir d’échapper à ce qui contraint, au quotidien qui enferme, à l’autre qui soudain nous insupporte ! La scène est donc intemporelle, hors d’un lieu défini, elle pourrait être d’ici, de là-bas ou d’ailleurs. Que nous importe !

Ils sont deux, ou trois si entre eux se matérialise la haine debout, compacte et drue. Elle, plutôt dans sa belle maturité, Lui en un âge déjà quelque peu déclinant  — mais il est dans la « vraie vie » des couples, fussent-ils présidentiels, qui eux aussi font fi de ce paramètre. Elle, dans une beauté un peu agressive, un rien vulgaire, talons hauts et maquillage accentué. Lui un tantinet négligé, ventre rebondi sur ceinture serrée, à qui elle pourrait bien retourner la belle déclaration misogyne de Charles Aznavour : « Non… tu t’laisses aller, tu t’laisses aller ». Lui, cheveux grisonnants plus ou moins peignés selon la scène, Elle dont on ne sait si la fixité implacable de la noire chevelure est due à la nature ou au truchement d’une perruque ; et son personnage exude une certaine artificialité de poupée Barbie, opposée à la pesante présence terrienne de l’Autre.

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Cinéma : « Trois visages », « Burning »

— Par Selim Lander —

Trois visages de Jafar Panahi

Ouverture de la saison cinéma 2018-2019 de Tropiques-Atrium avec Jafar Panahi, cinéaste maudit par le régime iranien qui le condamne à faire des films avec des bouts de ficelle, ce qu’il compense par son inventivité, son sens de la construction cinématographique. Pour Trois visages il a disposé néanmoins d’un peu plus de moyens que pour Taxi Téhéran que l’on avait déjà pu voir – et apprécier – toujours grâce à Tropiques-Atrium et à son « monsieur cinéma », Steve Zebina.

Trois visages a reçu le prix du scénario au dernier festival de Cannes. De fait, pendant presque tout le film (la fin s’avérant un peu décevante), on est subjugué par la manière dont Panahi instille le douce dans l’esprit du spectateur. Tout commence avec la vidéo de Marziyeh, une jeune fille qui a filmé son suicide sur son téléphone. Son film est destiné à Behnaz Jafari, une star de la télévision iranienne accusée par Marziyeh de ne pas avoir répondu à ses appels à l’aide, car sa famille paysanne s’oppose à sa vocation de comédienne.

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