Catégorie : Musiques

Tiken Jah Fakoly : « En aidant le Mali, la France s’aide aussi »

Poster-Tabou

Le Bob Marley africain vit depuis plus de dix ans à Bamako. À l’heure où le président par intérim se rend à Paris, le chanteur s’exprime sur son engagement.

Le Point.fr : Que pensez-vous de l’appel au secours de Dioncounda Traoré, le président par intérim, qui arrive à Paris pour demander l’aide de la France ?

Tiken Jah Fakoly : La situation du Nord-Mali concerne aussi les Occidentaux. Le combat a été mené en Afghanistan, le Mali est plus proche et il y a urgence. En tant qu’Africain, j’aurais préféré que les forces maliennes et africaines n’aient pas besoin d’aides extérieures, mais aujourd’hui, il faut régler le problème. Nous ferons ensuite notre mea culpa entre Maliens et Africains pour savoir ce qui n’a pas fonctionné. Pour maintenant, il s’agit d’en appeler à la communauté internationale pour renforcer les forces locales. Et en aidant les Maliens, la France s’aide aussi.

→   Lire Plus

A propos d’une soirée d’art lyrique, quelques réflexions sur la culture en Martinique

Par Selim Lander.

Le directeur de l’Atrium, Bernard Lagier, a eu une très bonne idée de consacrer le dernier événement de l’année 2012 à cet art qui fut jadis si populaire en Martinique, comme d’ailleurs dans toutes les provinces françaises. Il reste un public pour cette forme d’expression artistique, la salle Fanon de l’Atrium était plutôt bien remplie, ce 20 décembre, et le fait que l’un des artistes sur la scène était d’origine martiniquaise n’est sûrement pas l’unique raison de ce succès.

Sur la scène donc deux chanteurs – Steeve Vérayie Jurad, baryton-basse, le Martiniquais et Jessica Wise, soprano ; au piano Mireille Santerre. Le trio de jeunes artistes s’est constitué à Montréal, ville où Steeve Vérayie Jurad a poursuivi ses études de musique. Le programme mêlait des grands airs d’opérette et d’opéra accompagnés au piano, plus trois morceaux pour le piano seul. Le Steinway  de l’Atrium sonne encore mieux dans la salle Frantz Fanon, aux dimensions raisonnables, que dans la grande salle, celle que l’on doit désormais appeler la « salle Aimé Césaire » (sans crainte d’introduire une confusion avec le théâtre municipal déjà baptisé ainsi !)

→   Lire Plus

Ravi Shankar, sitar dans la nuit

Par FRANÇOIS-XAVIER GOMEZ

Disparition. Emblème de la musique indienne, l’instrumentiste, qui avait notamment collaboré avec Satyajit Ray et influencé les Beatles et les Rolling Stones, est mort à 92 ans.

Etrange instrument que le sitar, ce luth pansu au manche démesuré qui, à partir de son ancêtre médiéval, le setâr iranien, s’est développé en ajoutant des cordes aux trois originelles : cordes de bourdon (qui jouent une seule note en continu), et cordes sympathiques, qui entrent en vibration quand on pince les cordes principales. Un peu comme le travail de Ravi Shankar est entré en résonance avec la génération hippie, faisant de lui la première star non occidentale de l’ère rock.

Lors de ses séjours en France, Ravi Shankar aimait évoquer ses souvenirs de Paris, où il avait débarqué en 1930 dans les bagages de son frère Uday Shankar et de sa compagnie de danse. Ravi n’avait que 10 ans, il chantait et dansait sans être vedette. Dans sa passionnante autobiographie (1), le musicien, né à Bénarès en 1920, mentionne son école du XVIe arrondissement, l’appartement où les amis de passage s’appelaient Paderewski, Chaliapine, Casals, Segovia… Il liait aussi Paris, où il vécut trois ans, avec sa passion pour le cinéma.

→   Lire Plus

Le pianiste Dave Brubeck est mort

 

Le pianiste de jazz, connu pour deux grands standards, Take Five et Blue Rondo a la Turk, est mort mercredi, la veille de son 92e anniversaire.

 

Le grand pianiste de jazz américain Dave Brubeck est mort à l’âge de 91 ans. Celui qui a défié les conventions du genre et atteint une renommée mondiale avec des morceaux comme Take Five et Blue Rondo a la Turk a succombé à un arrêt cardiaque alors qu’il se rendait à un rendez-vous, mercredi matin, chez son cardiologue à Norwalk, dans le Connecticut sur la Côte Est. Le pianiste, marié depuis près de 70 ans avec sa collaboratrice et parolière Iola, aurait eu 92 ans ce jeudi.

Il avait révolutionné le jazz en rendant accessible au plus grand nombre des morceaux complexes dès les années 50. Partisan de l’intégration des Noirs à une époque où la ségrégation dominait encore aux États-Unis, il se faisait une fierté de jouer dans les clubs de jazz noirs. Brubeck est devenu le deuxième musicien de jazz à paraître en couverture de Time Magazine en 1954 après Louis Armstrong.

→   Lire Plus

Soirée mi-figue, mi-raisin au Martinique Jazz Festival 2012

— par Roland Sabra —

_Le 29 novembre le Martinique Jazz Festival programmait en première partie « Bélénou » de Edmond Mondésir et Chengetai en deuxième partie. « Bélénou » que nous n’avions pas vu sur une scène du CMAC-Atrium depuis dix-huit mois confirme tout le bien que nous disions déjà de lui. Intelligence d’un dialogue permanent entre l’ hier et l’aujourd’hui de la Martinique tant sur le plan des textes que sur celui des sonorités musicales. Mais ce n’est pas tout ! Il y a aussi la valorisation d’une transmission de génération à génération, sans qu’il s’agisse d’une reprise à l’identique de ce qui a été légué. Non il y a appropriation de valeurs qui du fait de leur passage se trouvent transformées tout en étant fidèles à ce qu’elles étaient. L’art d’une trahison fidèle. Qu’Edmond Mondésir ait invité sur scène Félix Casérus en est l’illustration la plus forte. Le tableau concrétisait ce qui semble être l’essentiel de son propos être trait d’union entre la génération qui pousse aux portes des compositions et celle qui leur a données si ce n’est naissance, au moins la célébrité qui leur sied.

→   Lire Plus

Lettre ouverte aux martiniquais

— par Josiane Cueff —

Mon projet culturel basé sur la diffusion, la création,  les échanges artistiques, la formation et l’éducation artistique, a permis ma nomination à Fort de France, début 2011 pour diriger le Cmac, scène nationale de Martinique.  Ce haut lieu culturel doit évoluer en tenant compte des enjeux fondamentaux impliqués dans la stratégie de développement culturel, social, économique et régional. J’ai travaillé sans compter, avec passion, pour offrir un programme organisé pour tous,  ouvert à l’émotion, à la beauté, à la réflexion, à la découverte,  à l’interrogation, enfin ouvert à la stimulation de ce que l’être humain a de plus riche, l’éveil des sens, de l’esprit, la pensée, les idéaux, l’évolution au sens noble.
Dès ma prise de fonction,  de très nombreuses difficultés se sont présentées, aussi bien pour programmer dans  les salles de spectacles, que pour mettre en place mon projet, ainsi que pour assumer mes responsabilités légitimes de directrice. 

→   Lire Plus

Les dérobades de Georges-Louis Lebon

  — Par Roland Sabra —

 

–Au delà de l’épisode bouffon et quelque peu pitoyable dont on aura la narration ci-après un véritable problème se pose pour les représentants du Ministère de la Culture en Martinique : y-a-t il un interlocuteur crédible avec lequel négocier pour mettre fin aux crises de gouvernance à répétition que connait le CMAC? —RECIT—

Monsieur Lebon et moi nous ne partirons pas en vacances ensemble. C’est comme ça! Il y a déjà longtemps que je cherchais à rencontrer l’homme qui a largement contribué à l’aggravation de la crise de gouvernance du CMAC. Toutes mes tentatives étaient restées vaines. Monsieur Lebon sans doute impressionné dans sa jeunesse par la lecture de Henri Laborit n’a gardé en mémoire, de ces écrits qui eurent un certain retentissement dans les années 70 du siècle dernier, que l‘Eloge de la fuite, titre d’un ouvrage célèbre du socio-biologiste. La fuite est en effet une attitude possible devant le poids des responsabilités, des contraintes qu’impose l’ordre social. Il est deux autres attitudes possibles, selon Laborit : la soumission ou la lutte.

→   Lire Plus

Le CMAC en crise : historique

Opération de déstabilisation au CMAC : après Manuel Césaire, Josiane Cueff ?

— par Roland Sabra —

Le débrayage du 06-12-2011

Le 30 avril 2010 Claude Lise, alors Président du Conseil Général mettait fin aux fonctions de Manuel Césaire, administrateur de l’éphémère regroupement CMAC-Atrium et qui de toute façon ne souhaitait pas s’aventurer davantage sur une planche savonnée.  Ce n’était là que l’épilogue, provisoire et non définitif, on va le voir, d’un énième épisode de la guerre picrocholine qui agite le vaisseau amarré rue Cazotte à Fort-de-France. Manuel Césaire avait estimé que les entraves du Conseil Général de l’époque à l’accomplissement de ce pourquoi il avait été nommé, « filialement » relayées à l’intérieur de la structure par des enjeux de pouvoir lui rendaient impossible l’accomplissement de sa mission, en conséquence de quoi il préférait jeter l’éponge. Parmi les chausse-trappes, on assista à une grève minoritaire, sept grévistes en tout et pour tout, se conclure en quelques heures par une augmentation de salaire de 150 Euros. Officiellement le conflit avait la forme d’une opposition entre deux projets de fusion des structures du CMAC et de l’Atrium.

→   Lire Plus

« Porter la plume dans la plaie »

— Par Roland Sabra —

  Ils sont plus de cent cinquante à former  ce qui n’a  de collectif que le nom pour dire leur attachement au label « Scène nationale » et à « une direction indépendante des pouvoirs politiques et de tout groupe de pression« . On ne sait pas trop comment ils se sont trouvés. Une plasticienne martiniquaise a pris son carnet d’adresses, a téléphoné à des amis pour  dire son émotion  face au risque de disparition du CMAC et s’est entendue dire par ses interlocuteurs des choses qui faisaient écho à ses inquiétudes. Que faire alors? Elle s’est souvenue que le droit de pétition, droit à l’expression de l’individu, est reconnu comme un des droit fondamentaux par les textes constitutionnels depuis 1791 :  » Chacun a le droit d’adresser une pétition écrite aux pouvoirs publics afin de provoquer l’examen de problèmes d’intérêt individuel ou collectif « ).  La révolution a commencé par des cahiers de doléances. Elle dit qu’il lui a fallu une semaine pour rédiger un texte  prenant en compte le point de vue du spectateur  et suffisamment consensuel pour qu’en quelques jours plus cent cinquante  connaissances la rejoignent. 

→   Lire Plus

Mission d’expertise au CMAC : trop tard !

— par Roland Sabra —

La mission du Ministère de la Culture chargée d’une expertise sur les dysfonctionnements du CMAC arrive en Martinique cette semaine. Elle arrive un peu tard puisque mise devant le fait accompli par le coup de force de Georges-Louis Lebon qui en procédant au changement de serrure du bureau de la Directrice du CMAC interdit à l’intéressée d’accéder à son lieu de travail. Il faut bien parler de coup de force puisque le dernier Conseil d’Administration du CMAC le 27 juin 2012 avait décidé de solliciter une expertiseavant de se prononcer sur l’avenir de la Direction du CMAC. Décision qui ne convenait pas à David Zobda, Vice-Président du Conseil Général, membre de droit du C.A. et encore moins à G-L. Lebon, Président, titre plus honorifique que doté de réel pouvoir, du CMAC. L’un et l’autre, très proches, ils se connaissent depuis de longues années, il leur arrive de partir ensemble à des Festivals en France, refusaient d’envisager que la Directrice puisse continuer sa mission. On ne connaît pas encore le degré d’implication du Vice-président du Conseil Général, dans ce coup de force réalisé, en « loucedé », au beau milieu des vacances scolaires, le 31 juillet 2012.

→   Lire Plus

Quelles réponses aux appels à projets de Gérard Lockel, David Murray et Kenny Garrett ?

 — Par Alain Maurin —

 Début 2012, publication du dernier ouvrage de Gérard Lockel, véritable livre testament et guide de lecture pour comprendre l’univers du gwoka et déchiffrer les clés et les paradoxes du gwoka moderne. Génie autodidacte non reconnu au plan local mais dont l’œuvre autorise à le classer dans le gotha mondial des musiciens qui ont apporté quelque chose de nouveau à la musique, Gérard Lockel est un trésor humain vivant, poursuivant encore aujourd’hui ses offrandes de contribution à la constitution de la musique guadeloupéenne.

Mars 2012, sortie mondiale de l’album Seeds from the underground, nouvel opus du saxophoniste américain Kenny Garrett, salué et applaudi par la critique internationale. L’ex sideman de Miles Davis n’est pas le premier venu de la planète jazz. Relatant les propos recueillis lors d’un entretien récent, Bruno Pfeiffer journaliste passionné de jazz depuis plus de trente ans, rappelle s’il en est besoin que « Miles Davis déclarait qu’aucun saxophoniste ne l’avait autant estomaqué, cela depuis John Coltrane ». Vincent Bessières, membre de l’Académie du jazz, témoin reconnu de l’histoire du jazz livre des propos allant dans le même sens pour mettre en lumière que « Kenny Garrett a démontré le premier que le saxophone alto pouvait à nouveau rivaliser avec le ténor, instrument par excellence de la quête musicale depuis John Coltrane

→   Lire Plus

Gustave Francisque… en concert autour de la musique traditionnelle

 — Par Christian Antourel —

   C’est comme revenir à l’époque où la musique ne s’écoutait qu’en temps réel. Le lien entre le silence, la musique et la mémoire, c’est le son.

 Il va falloir se faire à cette idée, Gustave Francisque est une des mémoires de notre patrimoine musical. Musicien rigoureux et opiniâtre, l’homme joue avec un égal talent du saxophone, de la clarinette et de la flûte. Auteur, compositeur interprète il est désormais professeur de l’école de musique « Cuivres et Bois d’ébène » et reste néanmoins le charismatique leader du groupe « Sapotie Kréol », ardent défenseur de la musique traditionnelle. Outre ses propres compositions telles que l’éternel « Kantik des mornes » ou la superbe « Bernadette » prix SACEM 2004 qu’il interprète lors d’interventions aussi nombreuses que populaires, le musicien rend régulièrement de vibrants et mélodieux hommages à des artistes réputés tels Barel Coppet, Eugene Mona, Max Ransay et d’autres encore, Il met son irrésistible brio au service du grand ballet de Martinique, comme autant de poésies, de sons, d’ambiance nostalgique présente et songeuse ; libres interprétations quasi métaphysiques jouées ensemble avec les ténors instrumentistes de son groupe : De belles fictions musicales qui réussissent à créer un ailleurs.

→   Lire Plus

Pierre Williet en concert au Jedi Mizik

«  Obstination », titre une des qualités d’un musicien aujourd’hui…il doit être obstiné afin de poursuivre son chemin, pas toujours facile… »

–__-

 

«  OBSTINATION  »

L’album  « Obstination »constitue le 3ème volet de la trilogie «  Bleue Biguine » toujours dans le même axe de recherche et de mélange de musique antillaise et de jazz. Une musique résolument signée biguine –jazz, entre jazz fusion et esthétique caribéenne. Avec un swing impétueux à géométrie variable. Pierre Williet nous confie que « ce sont des compositions originales, dont deux dédiées a ses filles qui font parties de sa source d’inspiration ; les autres titres sont aussi dédiés à des proches ou à des artistes qui ont marqués le monde musical… Un hommage particulier à Eugène Mona « Mona Lizo, Ti mouton »   composition qui souhaite exprimer toute la force et la magie de l’œuvre musicale du maître. Une incursion dans les rythmes caribéens, le bélé et la relecture de standards ». Et un clin d’œil a la sonorité Be- Bop de Charlie Parker. Nous avons apprécié un exemple de son évolution stylistique et de sa créativité.

→   Lire Plus

Martinique Jazz Festival 2011 Le renouveau d’un festival plus ouvert sur le monde

 — par Roland Sabra —

 

L’audace ne paie pas toujours. Samedi 26 novembre dans la salle Aimé Césaire du CMAC s’ouvrait le Martinique Jazz Festival ( notez l’ordre des mots!) avec en première partie en formation Quartet Grégory Privat, pianiste fils de son père José lui même pianiste du groupe Malavoi. Le public a apprécié et s’est laissé séduire par le manque de naturel du jeu quelque peu affecté de l’artiste qui en fait des tonnes, dans une gesticulation imitative qui emprunte vaguement à Glenn Gould et plus surement au grand guignol pour montrer à quel point il est traversé, travaillé, envahi par les morceaux qu’il interprète. Il faut dire que son toucher de clavier n’est pas aussi expressif et fait preuve d’une assez grande pauvreté, comme s’il lui fallait souligner par le geste ce que son interprétation ne sait dire. Taper n’est pas jouer. La complicité qu’il entretient avec Sonny Troupé à la batterie et au ka lors d’un duo est néanmoins l’occasion d’un rare moment de plaisir. Manu Godja à la guitare tire son épingle du jeu, tandis que Damian Nueva à la basse est totalement sous-employé.

→   Lire Plus

Clôture du Martinique Jazz Festival 2011 Le renouveau d’un festival

 

par Roland Sabra

–__-

   Brillantissime, c’est à dire extrêmement brillant, très séduisant et intelligent, voilà le mot qui vient à l’esprit en sortant du concert de clôture du Martinique Jazz Festival donné comme une offrande par Omar Sosa le 08 décembre 2011 au CMAC de Fort-de-France. Ce cubain, il est né à Camagüey et partage sa vie aujourd’hui entre Quito et San Francisco, est un fin explorateur des cultures musicales africaines, sud-américaines et caribéennes dont il cultive le syncrétisme, à l’image de la religion dont il est imprégné, la Santeria. Nombre de ses morceaux évoquent les Orishas, ces divinités afro-américaines originaires des traditions religieuses Yoruba. Loin d’être un assemblage de styles sa musique est une construction cohérente qui s’enroule autour d’une recherche de spiritualité en invitant à la méditation. « Chaque chanson est une inspiration pour la suivante, et l’improvisation est la base de l’expression musicale. Je voulais jouer du début à la fin sans réfléchir, seulement ressentir où chaque note m’emmènerait, en suivant la voix de mon âme. Il est possible que le silence, la nostalgie, l’espoir, l’optimisme, et la tristesse voyagent tous main dans la main dans la plupart de ces morceaux » déclarait-il à propos de son cinquième album de piano solo.

→   Lire Plus

Martinique Jazz Festival 2011 De l’art de cultiver les contrastes

— Par Roland Sabra —

 

Improbable ! Voilà le mot qui vient à l’esprit lors de la découverte, le 02 décembre 2011 au CMAC de Fort-de-France dans le cadre du Martinique Jazz Festival, du groupe NoJazz, qui s’impose d’emblée comme une non-évidence. Difficile de définir les contours de NoJazz. D’abord combien sont-ils ?sont-ils quatre ? Sont-ils cinq ? Question vertigineuse quand on découvre que chacune d’eux est plusieurs à la fois. Commençons par le plus simple, enfin ce qui peut paraître le plus simple, tellement NoJazz échappe à toute catégorisation. Le groupe est né il y a une dizaine d’années, on n’en saura pas plus, de la rencontre de copains musiciens engagés dans des champs musicaux hétérogènes, le rock, le jazz, l’électro, le hip-hop, le R&B, le funk etc . Et voilà qu’ils décident de jouer ensemble, d’abord des impros, se trouvent immédiatement un nom, puis vient le premier concert deux mois plus tard au Sunset. Un autre mois passe et Teo Macero, le producteur de Miles Davis, fait une entorse aux règles de vie que lui impose ses 75 ans, à savoir se mettre au lit à 23 heurs au plus tard, et reste à danser, oui, oui, à danser devant eux jusqu’à plus d’heure.

→   Lire Plus

Martinique Jazz Festival 2011 Une ouverture controversée !

 

Deux styles, deux poses…

par Roland Sabra

L’audace ne paie pas toujours. Samedi 26 novembre dans la salle Aimé Césaire du CMAC s’ouvrait le Martinique Jazz Festival ( notez l’ordre des mots!) avec en première partie en formation Quartet Grégory Privat, pianiste fils de son père José lui même pianiste du groupe Malavoi. Le public a apprécié et s’est laissé séduire par le manque de naturel du jeu quelque peu affecté de l’artiste qui en fait des tonnes, dans une gesticulation imitative qui emprunte vaguement à Glenn Gould et plus surement au grand guignol pour montrer à quel point il est traversé, travaillé, envahi par les morceaux qu’il interprète. Il faut dire que son toucher de clavier n’est pas aussi expressif et fait preuve d’une assez grande pauvreté, comme s’il lui fallait souligner par le geste ce que son interprétation ne sait dire. Taper n’est pas jouer. La complicité qu’il entretient avec Sonny Troupé à la batterie et au ka lors d’un duo est néanmoins l’occasion d’un rare moment de plaisir. Manu Godja à la guitare tire son épingle du jeu, tandis que Damian Nueva à la basse est totalement sous-employé.

→   Lire Plus

Au pianiste il faut un piano !

— Par Roland Sabra —

  La saison du CMAC s’est ouverte avec un très beau concert de Nicolas Stavy qui nous a proposé comme programme le contenu de son dernier CD consacré comme il se doit l’année du bicentenaire de la naissance de Franz Liszt au compositeur hongrois. Peu de musiciens ont autant que Liszt puisé leur inspiration dans les œuvres littéraires. Il laisse d’ailleurs derrière lui une abondante masse d’écrits. Mais ce n’est pas dans ce domaine que le compositeur a brillé de tout son éclat. On dit son style quelque peu ampoulé. L’apport pianistique essentiel de Liszt se situe dans le domaine de l’impressionnisme musical dont il sera l’initiateur et qui triomphera avec  le poème symphonique de Claude Debussy « Prélude à l’après-midi d’un faune« . Transposition musicale du sonnet des couleurs de Rimbaud ( A noir, I rouge, U vert, O bleu : voyelles Je dirai quelque jour vos naissances latentes…) il existerait des correspondances entre couleurs et musique. Il s’agit de rompre avec la linéarité de l’écriture et de favoriser l’émergence d’une succession d’impressions en utilisant toutes les sonorités du piano et en accentuant à l’extrême les diverses intensités du toucher de clavier.

→   Lire Plus

K’Bich : L’école du rythme

Par Christian Antourel —

8
Pas de liberté sans rigueur

 

 

« K’BICH fait sa rentrée et poursuit les projets déjà lancés. Nous travaillons le
Solfège rythmique, la batterie, le tambour, des percussions diverses. Souvent sur des bandes sonores ou accompagnés par des musiciens. Nous tenons particulièrement à permettre à nos élèves de vivre des expériences variées et mener des projets personnels » 
Dans son école de musique, Hervé Laval dispense des cours individuels et collectifs, pour débutants, intermédiaires et avancés. Adultes et enfants à partir de 7 ans. Des plus jeunes sont acceptés lorsqu’ils présentent des dispositions évidentes et manifestent un talent inné, déjà annonciateur d’autre chose. Outre le subtil mélange entre cours magistral et travaux dirigés, pour un enseignement efficace, l’école organise au long de l’année des manifestations culturelles fortes, qui viennent appuyer et mettre en application la chose apprise en classe :
Création du K’BICH STREET BAND (monté avec les élèves et leurs parents) Parade carnavalesque pendant les jours gras. 22 mai sur le parvis de l’Atrium. Fête de la musique sur la scène Aimé Césaire de l’Atrium.

→   Lire Plus

Belle soirée de Bélènou au CMAC-Atrium

–__-

Trente ans plus tard le groupe Bélénou créé en 1980 par Edmond Mondésir et Léon Bertide est en train de réussir son pari. Le Bélé instrumental que développe le groupe, le renouveau des mélodies et des textes inscrits au cœur de la réalité caribéenne que l’on a pu découvrir le jeudi 12 mai au CMAC en témoignent, ainsi que les reconnaissances  internationales qui commencent auréoler Bélénou. Le 24 mars dernier Olivier Morel Maroger directeur délégué de France Musique décernait à Edmond Mondésir le Prix France Musique du Monde lors de l’ouverture du Forum Babel Med à Marseille. Ce forum international participe aux rencontres professionnelles de la World Music connues sous le nom de Dock du Sud. La grande intelligence créatrice du groupe se manifeste par une alliance, un dialogue permanent entre l’hier et l’aujourd’hui, on serait même tenté de dire, compte tenue de la formation universitaire de philosophe d’Edmond Mondésir une dialectique vivante et enrichissante. Comme quoi on peut être ( ou avoir été) marxiste et musicien! Défenseur d »une authenticité qui s’enracine dans les luttes contre l’esclavage, puis dans les luttes ouvrières et paysannes il développe donc des formes instrumentales, mélodiques et harmoniques nouvelles  avec des emprunts venus du blues, du jazz etc.

→   Lire Plus

Chasseurs de swing

— Par Christian Antourel —

3 FEY 3 RASIN

   Swing se dit des musiques ou des musiciens qui donnent envie de danser, de faire onduler son corps.

Comme les trois mousquetaires ils sont quatre. Un pour tous et tous pour un. D’abord il y a Johan Jean-Alexis et Jean Damien Poullet violonistes impeccables. Il faut dire qu’ils échappent ici à la formation Malavoi, d’autant que leur agilité instrumentale se multiplie encore dans une virtuosité aiguisée de l’art du synthétiseur pour le premier et de la basse pour l’autre. Subtilités qu’ils alternent sur scène dans une fluidité de jeux improbable. Ces deux la ont en mémoire et gravé dans les doigts les armoiries respectivement du conservatoire de Paris et de Montpellier. Le troisième larron, le très talentueux percussionniste «  Pidou » Réviton , un personnage dans le monde du théâtre du conte et du tambour. Bien sûr, tous trois enseignent leur art avec le plaisir et la volonté non dissimulée de faire passer le message de la musique à travers les générations. De l’ombre apparaît aussi Joseph Valey en D’Artagnan très beau, la tête pensante, le manager du groupe.

→   Lire Plus

« L’esprit du jazz » mise en scène de Rosemonde CATHALA

— Par Roland Sabra —

Thelonious Monk

 Thelonious Monk est un personnage peu ordinaire. Ce pianiste de jazz est un prodige. Né en 1917, il touche son premier clavier vers l’âge de cinq ans, prend quelques rares leçons aux environs de 12ans et gagne trop souvent le concours des pianistes amateurs au « Theater Apollo » de New York qu’il est interdit de participation à 13 ans.  il se définira comme un autodidacte :  » « En fait, je n’ai jamais eu besoin d’apprendre à jouer : j’étais doué. Il me semble que j’ai toujours su lire les notes et les traduire en sons. Ma sœur aînée prenait des leçons de solfège ; moi, je lisais par-dessus son épaule. Lorsque j’ai pris des leçons à mon tour, je n’ai pas eu à apprendre, j’en savais assez pour pouvoir me débrouiller. » Hors du commun il ne pouvait qu’inventer, créer de toutes pièces. On lui doit un nouveau style musical le be-bop. Sa façon de jouer créa aussi de l’incompréhension, en bousculant la mélodie, l’harmonie, le rythme et en développant, ( jusqu’à l’excès?)

→   Lire Plus

Le festival de Jazz de Martinique 2008

— Par Roland Sabra —

Chyco Jéhelmann au piano -Photo Philippe Bourgade- Droits réservés-

Il y a treize ans que Chyco Jéhelmann ne s’était pas produit sur scène. C’est dire l’attente du public le 27 novembre 2008 dans la grande salle de l’Atrium à Fort-de-France ! Attente comblée. Le pianiste martiniquais, seul en scène, en s’installant dans la durée a su créer un climat d’échanges intimes avec le public fort nombreux ce soir là. Quelques phrases musicales, en vérité peu nombreuses, mais exprimées sur une large palette de tonalités, avec des découpes, des inflexions, des reprises, des inversions de schèmes musicaux, des réitérations voilées, qui s’articulent autour d’une thématique servant de fil conducteur, ont donné une cohérence au propos pianistique. Il y a quelque chose  qui inexorablement faisait penser aux Exercices de style façon Queneau. Chyco Jéhelmann, tour à tour mordant et caressant, enjôleur et distant, livre un corps à corps bienveillant avec son piano. La thématique est déclinée, par moment avec une dextérité, au sens fort du mot, et curieusement ce ne sont pas ces passages les plus applaudis. L’approbation du public se manifeste aux passages joués les plus fortement.

→   Lire Plus

Rap et politique

— par Roland Sabra —

Editorial du 07 février 2008

Poster-Tabou

Le rap a trente-trois ans, l’âge du Chirst, mais s’il grimpe c’est au box office pas sur le Golgotha. Il est né à New York de joutes verbales, plutôt poétiques dans les prisons et franchement militantes sur les trottoirs du Bronx, du Queens ou de Brooklyn. N’en déplaise aux rombières c’est un mouvement artistique complet, un mode de vie, le hip hop. A la musique se joignent la danse, break, smurf etc., l’expression picturale, graffitis, tags et des codes vestimentaires et comportementaux déterminants, baggies, look XXL, bijoux en or et rollex ostentatoires. La généalogie du rap est rhizomatique, elle emprunte à la fin des années soixante aux Last poets, un collectifs de jeunes noirs militants qui clament en musique leurs révoltes à caractère politique, mais elle est reliée aux sounds systems jamaïquains et à leurs discos mobiles qui parcouraient l’île sono hurlante pour faire connaître les derniers tubes. Au milieux des années soixante-dix dans le Bronx, un surnommé Kool Herc organise une fête et a l’idée d’utiliser deux platines pour mieux assurer l’enchainement des morceaux et faire durer les breaks, ces moments où ne reste que le tempo, le beat.

→   Lire Plus

Archie Shepp : l’Art du métissage noir, mais surtout celui du partage

—Par Roland Sabra —

En concert à l’Atrium

Photo avec l’aimable autorisation de Philippe Bourgade

 Cela faisait dix-huit ans qu’il n’était pas revenu en Martinique. Vendredi 23 novembre 2007 à l’Atrium de Fort-de-France il a retrouvé près d’un millier d’amis qu’en vérité il n’avait pas quittés. Archie Shepp est un jeune homme qui, s’il vient de fêter ses soixante-dix ans cette année, est toujours prêt à défricher des pistes musicales inexplorées pour les rattacher, les lier à cet ensemble imprécis, aux contours flous que l’on appelle le Jazz. Énumérer les facettes du talent de cet immense artiste est un travail de longue haleine. Jugez -en brièvement : il apprend successivement le banjo, le piano, le saxo alto, le saxo soprano, il fait des études de théâtre, il écrit des pièces, il les monte, il en produit, entre temps, après des études universitaires rondement menées, il dispense des cours d’ethnomusicologie au sein de l’Université de Amherst au Massachusetts. Ce qui ne le dispense pas, bien au contraire de s’engager politiquement dans le mouvement pour les droits civiques aux USA, tout en passant un grande partie de son temps en France, une terre d’adoption.

→   Lire Plus