Catégorie : Musiques

« Great Black Music » : une mosaïque de musiques noires

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—Par Stéphanie Binet et Véronique Mortaigne —
Le jazz est la musique classique américaine : le concept a été forgé par le pianiste Billy Taylor et repris à l’envi par le compositeur Duke Ellington et la chanteuse Nina Simone, dont la carrière de concertiste fut empêchée par la couleur de sa peau.

Fondé en 1968, l’Art Ensemble of Chicago, formation free-jazz et politique, étend le domaine de la lutte en utilisant le terme de great black music. Son trompettiste et idéologue, Lester Bowie, était parti à la recherche de la fierté noire en parcourant la Jamaïque, île dont étaient originaires Marcus Garvey et le rastafarisme, culte au roi noir, l’Ethiopien Haïlé Sélassié. Puis, il avait débarqué en 1977 au Nigeria, où Fela Kuti inventait l’afro-beat.

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« Chants d’exil » textes et chansons de Bertolt Bretcht

"Savoir, c'est pouvoir"- Francis Bacon (1597)

— Par Roland Sabra —

chants_d_exil_bbLe poète est fils de Vulcain et d’Orphée. La forge et la lyre.

Au levé du rideau, dans un clair-obscur, la bandéoniste sur une estrade est immobile, statufiée, sans vie sur le coté jardin de la scène. Coté cour, sur le devant, Brecht est là, massif, il dit « il faut connaître son passé, pour imaginer l’avenir ». Il s’approche de la statue, la touche de sa voix. Sous la force du verbe elle prend vie. Le dialogue entre l’instrument et le poète va se déployer tout au long de ce cabaret parlé-chanté d’un peu plus d’une heure. Ils sont du même monde, tous deux nés en Allemagne, puis exilés en Argentine, ils ont en eux une force sourde, une violence contenue, qui se dévoile dans l’effort qu’elle fait à se tapir dans l’ombre, à se maîtriser dans le dire qu’ils nous adressent.. Si l’histoire se répète de l’oubli du passé, à nous d’entendre l’avertissement de ce raccourci, osé pour qui ne sait pas, 1933-2014.

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La leçon de Gérard Mortier

— par Alain Patrick Olivier —

operaLe philosophe de l’art, professeur à l’université de Nantes (Cren), Alain Patrick Olivier, rend hommage à l’ancien directeur de l’Opéra de Paris, Gérard Mortier, décédé dimanche 9 mars : « Avec ta mort, c’est un moment de l’histoire de l’opéra qui prend fin, un certain rapport de l’opéra à la culture, à la société, à l’Europe, une volonté de continuer le grand projet de la modernité éclairée ».

Cher Gérard,

Avec ta mort, c’est un moment de l’histoire de l’opéra qui prend fin, un certain rapport de l’opéra à la culture, à la société, à l’Europe, une volonté de continuer le grand projet de la modernité éclairée. Avec toi, le monde de l’opéra n’était pas distinct du monde du savoir.

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La joie d’être de Jacques Schwarz-Bart

—Par Francis Marmande —
jazz_racine_haitiGrand absent du Nouveau Dictionnaire du jazz (Laffont, 2011), Jacques Schwarz-Bart (sax ténor) est une des meilleures nouvelles du jazz au XXIe siècle. Conscience, science, souffle, vie, la leçon des Antilles. Sonorité de messager des dieux, loyauté des rythmes, fureur incandescente, souplesse des mélodies jouées juste, juste la mélodie, capacité physique à rejoindre les sphères, tout concert de Jacques Schwarz-Bart dépasse de loin la musique. Cérémonie ? Oui, mais sans cérémonial. Avec son dernier album consacré aux racines vaudou du jazz, Jazz Racine Haïti (Motéma, Harmonia Mundi), Jacques Schwarz-Bart aggrave son cas.

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Et Paco de Lucía s’en alla…

Décédé au Mexique, l'Espagnol était l'un des plus grands guitaristes flamenco au monde.

paco-de-lucia En 2010, le virtuose confiait au JDD jouer chaque spectacle comme si c’était « peut être le dernier ». « Alors, tu laisses ta peau dans le show et un peu de ta santé chaque soir qui passe », ajoutait-il. A 66 ans, fatigué par des années de scène, Paco de Lucía a été victime d’une crise cardiaque.

« Jouer vous procure un goût fugace d’éternité. » Fin 2010, alors qu’il s’apprêtait à faire le Zénith, Paco de Lucía confiait au JDD son plaisir de vibrer sur scène. A 66 ans, ce guitariste de génie, légende du flamenco, est décédé mercredi au Mexique. C’est la mairie d’Algerciras, sa ville natale dans le sud de l’Espagne, qui a annoncé la triste nouvelle, précisant que l’artiste avait succombé à une crise cardiaque. « La mort de Paco de Lucia transforme le génie en légende. Son héritage restera pour toujours, de même que la tendresse qu’il a toujours éprouvée pour sa terre », a déclaré le maire d’Algeciras, José Ignacio Landaluce, décrétant un deuil officiel de trois jours dans la ville.

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« Échos d’amour lointains »

Œuvres vocales de Yoritsuné Matsudaïra III

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— Par Fernand Tiburce FORTUNE, Ecrivain martiniquais —

Le Maître et Yumi

Yumi Nara est une cantatrice japonaise de renommée internationale qui a travaillé avec C. Maurane, N. Perugia, M. Bouvet et tant d’autres grands artistes connus, et qui a chanté ou joué Shéhérazade de Ravel, Harawi de Messian, Pierrot lunaire de Schoenberg par exemple. Elle a chanté sous la direction de P. Boulez, de P. Méfano, de G. Sinopoli. Ses qualités dramatiques, nous dit-on, ont été remarquées dans des spectacles de P. Brooks, C. Confortès, M. Wasserman.1

J’ai fait sa connaissance au dernier colloque organisé, à Fort de France, par le Cercle Frantz Fanon, animé par Victor Permal. Toru Suzuki et elle, avaient accompagné à la Martinique, le professeur japonais Takeshi Ebisaka, spécialiste de Frantz Fanon, dont la communication portait sur l’actualité de la pensée fanoniène à l’heure du désastre provoqué par les diverses explosions des réacteurs de la centrale atomique de Fukushima.

Il faut noter, avant de poursuivre, que Yumi Nara a travaillé sur certaines scènes avec la mezzo soprano martiniquaise, Roselyne Cyrille, qui nous gâte tout au long de l’année, accompagnée de la pianiste cubaine Yolanda Suarez, avec ses prestations de choix, cueillies dans un répertoire varié et de qualité.

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Youssou N’Dour et Idylle Mamba, pour la paix en Centrafrique

— Par Alexis Campion —

one_africaOne Africa, nouvelle chanson du ministre-chanteur Youssou Ndour en duo avec la chanteuse centrafricaine Idylle Mamba, est un cri pour la paix entre chrétiens et musulmans en Centrafrique.
Toujours ministre-conseiller du président de la République du Sénégal Macky Sall, mais dernièrement libéré des portefeuilles de la Culture et du Tourisme qu’il a tous deux expérimentés en moins de deux ans, Youssou Ndour veut revenir à ses activités artistiques. Cet hiver en tournée dans son pays, il  serait aussi sur le point de se consacrer à l’écriture et à l’enregistrement d’un prochain album… Dans l‘immédiat, c’est au nom de la paix en Centrafrique qu’il veut se faire entendre.
« La situation là-bas m’a meurtri », nous a confié le chanteur de passage à Paris le 13 février. « Comme tout le monde, en regardant à la télé les images terribles venues de la Centrafrique, j’étais abasourdi. Comment l’Afrique peut-elle encore tolérer de telles situations au 21e siècle? Je me suis souvenu de la tournée Amnesty de 1989, à laquelle j’avais participé avec Peter Gabriel, je me suis dit qu’il fallait se bouger. 

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Ovation populaire pour la musique créole

Les clarinettistes et saxophonistes de l’atelier de musique de Gustave Francisque ont été ovationnés à l’Atrium ce week end dernier.

—Vu et dansé par José Alpha—

musique_creole_atrium La salle Aimé Césaire pleine à craquer a vibré de plaisirs samedi soir et dimanche après midi aux mélodies créoles interprétées par la nouvelle génération de musiciens formés dans les ateliers du maestro.
Un orchestre composé de plus de 50 musiciens, eux aussi en formation, au sein duquel le groupe Sapotille bien connu des bals et « Midi-Minuit », placé sous la direction du talentueux clarinettiste et saxophoniste, a chauffé les oreilles, les coeurs et les corps disponibles à l’ouverture du Carnaval 2014.
C’est vrai que ce rendez vous musical annuel organisé cette année par Gustave Francisque, le Cmac et RCI, placé intelligemment à l’ouverture du Wélélé (défoulement) populaire, auquel répond massivement depuis trois ans les aficionados de la musique créole et caribéenne, a impressionné tant par l’originalité du répertoire orchestré pour la circonstance que par la qualité des musiciens, même si le niveau est quelque peu inégal. Mais les degrés de classes étant parfaitement identifiés, le public a encouragé, chanté et dansé les biguines, les valses créoles, les boléros, les mazurkas de Fernand Donatien, Faysal Vainduc, Francisco, Loulou Boislaville, Eugène Delouche, voire même celles de Saint Pierre,  dans des orchestrations magnifiées par des groupes de danses traditionnelles comme Tchè Kréyol et Couleurs créoles.

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Festival de musique classique des Nuits Caraïbes

—  D’après le dossier de presse—

nuit_caraibesPour cette 12è édition du festival de musique classique des Nuits Caraïbes, Bernadette Beuzelin a souhaité retrouver tout à la fois l’esprit d’origine du festival en renouant avec des lieux de concert intimes, ancrer encore plus la programmation autour de la Guadeloupe et de la Martinique en mettant en avant le Chevalier de Saint-George et Saint-John Perse, étendre les échanges entre artistes invités et artistes locaux, tout ceci pour faire de ces Nuits Caraïbes une succession de moments magiques à partager avec le plus grand nombre.

Ce sont donc dix concerts d’exception qui vous sont proposés du 13 au 28 février.

Bernadette Beuzelin, présidente du festival, remercie tous les partenaires qui l’accompagnent dans ce beau projet.

1. Jeudi 13 février / 20h / Madiana / Schœlcher « La voix et le violon », dialogue musical autour du Chevalier de Saint-George.

2. Vendredi 14 février / 20h / La Poterie / Les Trois Îlets «concert voix et piano sur le thème de l’amour» à l’occasion de la Saint-Valentin…

3. Mercredi 19 février / 20h / Salle George Tarer / Bergevin « La voix et le violon », dialogue musical autour du Chevalier de Saint-George.

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Pete Seeger La conscience américaine d’un working-class hero

—Par Victor Hache —
pete_seegerLégende du folk américain Pete 
Seeger est mort 
à New York à l’âge de 94 ans. Sa musique puisait sa poésie 
et sa conscience 
du côté de l’histoire de la classe ouvrière des États-Unis.

Il portait haut la chanson humaniste, dont il se servait comme d’un drapeau contre tous les sectarismes. Pete Seeger est mort lundi à New York. Il avait quatre-vingt-quatorze ans. Icône de la musique populaire aux États-Unis, légende du folk américain, il était à l’origine de la protest song, puisant son inspiration du côté de la classe ouvrière américaine. Humble, refusant les honneurs et le star-système, il n’aimait rien tant que faire partager sa musique au plus grand nombre. Il chanta jusque très tard, se produisant aussi bien dans les clubs que devant des foules immenses. Lors de son 90e anniversaire, au cours d’un concert au Madison Square Garden de New York, Bruce Springsteen lui rendit hommage.

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Sons d’hiver, bouillonnements et questionnements

roscoe_mitchellAvec l’ébouriffant Roscoe Mitchell ou le son mortel de Death, avec le guitar hero James Blood Ulmer, le soulman Cody Chesnutt ou la rappeuse Invincible, l’acte artistique rejoint la geste politique.

Qu’est-ce que la musique ? Aux antipodes de l’objet de consommation, séduisant comme un fruit dopé aux pesticides, que fabrique l’industrie, Sons d’hiver nous apporte chaque année des éléments de réponse, des pistes à explorer ensemble. « La musique interpelle le politique dans ses bouillonnements brûlants et dérangeants comme la subjectivité individuelle la plus profonde », souligne Fabien Barontini, ­directeur du festival. Ce n’est pas un hasard si les artistes qu’il invite, en synergie avec les villes partenaires et le conseil général du Val-de-Marne, sont compositeurs – ou, en définitive, « décompositeurs », par leur volonté de disséquer pour reconstruire. Avec eux, la musique est bien plus qu’une affaire de sons : une question de sens.

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Quand le piano repousse les frontières musicales

beyond_my_pianoAu Théâtre des Bouffes du Nord, se déroule la première édition du festival Beyond my piano, alliant les musiques électroniques.

Nouveau rendez-vous musical, Beyond my piano, n’est pas un simple festival de piano. Véritable laboratoire musical ouvert à la création, il va, ce week-end, faire planer un vent futuriste sur le Théâtre des Bouffes du Nord grâce à la participation de musiciens de renommée internationale qui entendent repousser les « frontières des genres musicaux ». Un voyage orchestré par des pianistes d’aujourd’hui. Issus des scènes classiques, jazz, électro ou pop, ils tenteront de réinventer les sonorités du piano, instrument historique et intemporel capable de tout jouer, des mélodies classiques aux compositions les plus avant-gardistes grâce à l’apport des technologies numériques qui ont permis aux claviers et autres synthés de s’imposer dans le monde des musiques actuelles. Parmi les artistes présents, dimanche 26 janvier (14 heures), la pianiste classique Vanessa Wagner dialoguera avec le musicien électro mexicain Murcof.

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Le maestro italien Claudio Abbado ne dirigera plus

—Par Hélène Jarry —

claudio_abbadoÀ la tête des plus grands orchestres mondiaux, ce chef à la grande culture humaniste nous laisse une œuvre discographique lumineuse. Un homme dont les silences dégageaient autant de force que sa musique.

Ce lundi 20 janvier est mort l’un de ces chefs d’orchestre qui font l’histoire de la musique: Claudio Abbado. Il a atteint ce statut sans le revendiquer et sans enfourcher de chevaux de bataille. À la fois rationnel et dionysiaque, doué d’une vaste culture humaniste, il a su écouter le son profond des grandes formations qu’il a dirigées ; il a donné à travers elles les interprétations lumineuses, fougueuses ou hantées d’un répertoire qui ne se circonscrit pas facilement. Le maestro italien, rompu au répertoire lyrique de son pays, a pénétré avec une égale profondeur l’esprit germanique comme Claude Debussy.

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Einstein on the beach : un chef d’œuvre au Châtelet

— Par Nicole Duault—

einstein_on_the_beachRévolutionnaire en 1976 au Festival d’Avignon, trente huit ans plus tard, Einstein on the beach, opéra de Philip Glass mis en scène par Bob Wilson et en danse par Lucinda Childs, l’est  toujours. Il l’est peut-être plus, rétrospectivement, tant il a exploré d’autres formes d’opéra, de musique, de chorégraphie et de mises en scène contemporaines

Un choc : c’est ce que l’on ressent  à cette œuvre fleuve (4 h et demi sans entracte), à ce maelstrom onirique d’images et de musique répétitive, d’une force et d’une intensité qui vous pousseraient à la crise de nerfs. Supportable? On est d’abord irrité puis rapidement subjugué. La beauté visuelle confrontée à l’ensorcelant déferlement sonore séduit. Einstein on the beach n’a pas vieilli  trente huit ans après sa création.

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Snoop Dogg, un rappeur qui s’oxygène

— Par Stéphanie Binet —
snoop_dogSnoop Dogg a beau changer de nom à chacun de ses albums parus en 2013 – il s’appelle Snoop Lion en avril pour Reincarnated et Snoopzilla pour 7 Days of Funk publié le 10 décembre 2013 –, il a ses habitudes et s’y tient. Le rappeur de 42 ans se vante de fumer un nombre invraisemblable de joints par jour (75), il aime toujours passionnément le funk auquel il rend hommage dans son dernier disque, et… il a toujours une bonne heure et demie de retard à ses rendez-vous.

A Los Angeles, où il reçoit dans les coulisses de l’émission « The Jimmy Kimmel Live » sur ABC, sa loge est aussi enfumée qu’un hammam. Ce qui n’empêche pas ses gardes du corps, ses amis et les responsables du label indépendant Stones Throw Records, qui publie son dernier CD, de se presser dans la petite pièce pour l’écouter.

Il y a vingt ans, le 23 novembre 1993, Snoop Dogg pulvérisait les records de ventes de disques avec son très attendu Doggystyle (Death Row Records/Interscope) : en une semaine, il en avait écoulé plus d’un million d’exemplaires.

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Archie Shepp et Rocé, rencontre au sommet de deux esprits libres

—Entretien réalisé par Fara C.—
shepp_roce-325Dans le sillage de la sortie de leurs albums respectifs, Rocé a invité Archie Shepp au Bataclan, le 10 décembre. Discussion à bâtons rompus avec le légendaire saxophoniste et le franc-tireur du rap.

Qu’est-ce qui vous a interpellé, Rocé, chez Archie Shepp ?
Rocé. J’ai tout de suite perçu, dans sa musique, davantage que de la musique : une conscience politique. J’avais lu des interviews de lui et des passages le concernant dans le livre Free Jazz, Black Power, de Philippe Carles et Jean-Louis Comolli. Parmi les albums d’Archie qui m’ont secoué, il y a eu Coral Rock et Attica Blues, dont il a récemment sorti une nouvelle version, magnifique.
Archie Shepp. J’ai accepté l’invitation de Rocé, en 2004, sur deux morceaux de son disque, Identité en crescendo, parce que j’appréciais vraiment le mélange stylistique qu’il avait opéré : hip-hop, jazz, musique de danse… Je suis convaincu qu’il existe un continuum entre le blues, le jazz, le funk, le hip-hop, le slam… Certains éléments proviennent de racines africaines communes. Le show-biz a établi des classifications pour des raisons commerciales.

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Y a-t-il un jazz cubain ?

 — Lino Betancourt Molina —

jazzmenLa ville de La Havane est le siège du Festival Jazz Plaza depuis 29 ans, là se donnent rendez-vous des jazzistes cubains et d’autres pays. Le festival est appelé ainsi car le premier de ces événements a eu lieu dans la Maison de la Culture de la municipalité havanaise Plaza de la Révolución. La maison de la rue Calzada et 8, dans le quartier El Vedado, était occupée anciennement par la Société Lyceum Tennis Club, ensuite, en 1968, elle a accueilli le Centre d´Information et des Études de la Culture, où les mardis, dans la soirée, le spécialiste Horacio Hernández, une autorité du jazz, offrait des conférences avec des enregistrements d´artistes du monde de ce genre. Ces réunions des passionnés de cette musique  ont entraîné que le premier festival de jazz ait lieu dans cet endroit en 1979, présidé par le talentueux Bobby Carcassés, qui cette année est encore une fois à la tête de l´organisation de l´événement.

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Et si Joséphine Baker entrait au Panthéon ?

—Par Régis Debray (Ecrivain et philosophe) —

baker_josephC’est toujours le présent qui se célèbre lui-même en consacrant tel ou tel fantôme tutélaire. Pourquoi, dès lors, ne pas jouer cartes sur table, sans trop se mentir à soi-même ?

En rendant les honneurs du Panthéon à Joséphine Baker, l’époque ne ferait qu’endosser haut et fort ce qu’elle a de singulier, et de plus dynamique. Elle se distingue de ses devancières par ceci que la femme libre, le colonisé, le coloré des confins, le bi ou l’homosexuel, ont fait irruption à l’avant-scène, avec des formes d’art jusqu’alors dédaignées, la danse, le rythme, le jazz, la chanson.

L’esprit des hauteurs a trop censuré le corps, le grand absent des annales homologuées républicaines – même si le sport, la mode et la publicité le rendent omniprésent. Tous ces nouveaux venus, exotiques ou excentriques, n’ont-il pas éventé notre province ? Ils ont, en nous perturbant, beaucoup donné. Notre modernité leur doit son merveilleux, le plus clair de ses battements d’aile et de coeur. On peut leur en rendre grâce.

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Festival Africolor, riche traversée de la mémoire

— Par Fara C. —
africolorLe 25e festival de musiques afros 
de Seine-Saint-Denis célèbre les sons et les sens avec Rokia Traoré, le collectif Mixatac d’Essaouira et le Réunionnais Zanmari Baré.

Tandis que sonne le 25e Africolor à travers seize villes de Seine-Saint-Denis et des escales parisiennes, cet âtre d’inventivité artistique et de citoyenneté conjuguées s’avère plus nécessaire que jamais. En ces temps où une certaine extrême droite avance masquée, réfutant sa sombre idéologie originelle tout en attisant la parole raciste, le festival s’attache aux musiques surgies de différentes déportations : razzias arabes au cours de l’islamisation de l’Afrique, qui engendrèrent les confréries gnawas du Maroc, traites négrières organisées par les puissances occidentales, mais aussi vagues migratoires suscitées par le capitalisme. Le cinéma la Clef (Paris), proposant cinq séances cinématographiques, nourrit la réflexion lors de débats.

un patrimoine multiséculaire valorisé

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Femi Kuti :  » L’afro-beat, une musique faite pour s’élever spirituellement et pour danser »

INTERVIEW – Femi Kuti, le fils du père de l’Afro-Beat, sort un nouvel album. Rencontre.
—Par Eric Mandel —
femi_kutiAppartenir à la caste des « Fils de… » peut se révéler un cadeau empoisonné, un privilège et une malédiction. Comment perpétuer l’héritage d’un paternel héroïque, tout en affirmant sa propre identité, sans sombrer dans le mimétisme? Femi Anikulapo Kuti le sait trop bien. Il est le fils d’une légende: Fela, le génial inventeur de l’afro-beat nigérian, cette musique de transe née au début des années 70 de la fusion entre musiques africaines (high-life, tradition yoruba) et musiques afro-américaines (jazz, funk)… Un personnage charismatique, parfois controversé, mais unanimement salué comme le champion du petit peuple et la bête noire des militaires qui se sont succédé à la tête du Nigéria depuis l’indépendance du pays, jusqu’en 1999. A sa façon, Femi a su affirmer sa marque sous l’ombre tutélaire de son illustre paternel, explorant des pistes plus personnelles pour s’affranchir de l’orthodoxie afro-beat, sans jamais trahir son essence. Interview à l’occasion de la sortie de son nouvel album ; No Place for my dream.

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« Radiolaires » : « Les nuits Césaire » à Saint-Pierre et aux Trois-Ilets

 radiolairesles 23 et 24 novembre 2013

Radiolaires est un duo dans lequel Isabelle Fruleux interprète la poésie d’Aimé Césaire avec le pianiste Alain Jean-Marie.

 Venue du théâtre avec une formation de danseuse,Isabelle Fruleurx est sensible à ce qui lie ces deux expressions : Elle écrit sur son blog :

Mes prédécesseurs du spoken word l’ont bien compris, la poésie est la partition idéale à faire résonner, mais à incarner aussi, dans le sens charnel du terme.

 

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Buika, noire flamenca, sort un nouvel album

—Par Alexis Campion  —
buikaExplosive sur scène, la chanteuse préférée de Pedro Almodóvar entrelace avec brio musiques afro-cubaine, jazz, soul et andalouses.

« Sa voix me rappelle la rage de La Lupe avec, parfois, un soupçon d’Olga Guillot », a déclaré Pedro Almodóvar la première fois qu’il a entendu Buika, la comparant d’emblée aux plus grandes voix hispaniques des années 1930 et 1940. En 2009, sur le livret du disque El último trago, le cinéaste ajoutait ceci : « On ne peut pas s’empêcher de croire à un avenir meilleur tant qu’on sera là pour assister aux évolutions imprévisibles de cette interprète sans limites. »

Sans limites en effet. Sur son dernier album, sorti cet été et nommé aux prochains Latin Grammy Awards, La noche más larga, la belle et volcanique Concha Buika a étoffé son répertoire de standards jazz réputés difficiles (Don’t Explain, Siboney, Throw It Away), ainsi que d’une brûlante version de Ne me quitte pas, dont elle ne reprend que deux couplets. « Peut-être un jour serai-je capable de la chanter en entier sans m’effondrer, mais pour l’heure, je ne suis pas sûre d’y arriver sans être brisée en deux », dit la chanteuse, capable de se rouler à terre en implorant tous les cieux au milieu d’une complainte.

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Le roi de l’Ethio-jazz à Paris

—Par Alexis Campion – —
mulatu_astatkeInspiré par la diversité de son pays, le percussionniste et compositeur Mulatu Astatké publie Sketches Of Ethiopia. Un disque éclectique et charmeur dont le groove contagieux doit autant au jazz qu’à la tradition tribale.
Père de l’Ethio-jazz », le percussionniste et compositeur Mulatu Astatké, 70 ans, est une légende pour de nombreux mélomanes qui, au tournant de l’an 2000, prirent connaissance de sa musique à travers la collection Ethiopiques, une série de disques mythiques qui se proposait de compiler le meilleur du jazz éthiopien tel qu’il fut enregistré au début des années 70. Ce qui ne veut pas dire que la carrière du musicien n’appartient qu’au passé, bien au contraire.
Relancées en 2005 avec la sortie du film Broken Flowers, de Jim Jarmush, dont il signa la bande originale, la notoriété et l’inspiration de Mulatu Astatké sont toujours au beau fixe. On le vérifiera ce jeudi 10 octobre au Trianon, à Paris, qui affiche quasi complet en son honneur. On le vérifie aussi dans  ses albums récents, Mulatu Steps Ahead (2010) et surtout Sketches Of Ethiopia, qu’il vient de publier chez Jazz Village.

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Astrid Maria Ravaud en concert : la musique qu’on aime…

— Par Christian Antourel—

astrid_maria_ravaudLa première rencontre d’Astrid-Maria Ravaud avec la musique classique remonte à l’âge où d’autres jouent à la poupée. Elle présentera un programme d’œuvres variées, allant du style baroque au contemporain, en passant par le classique et le romantique.

Jeune prodige issue d’une famille de musiciens, elle commence l’étude du piano à 2 ans. A quatre ans, elle chante de mémoire tout le 1er mouvement du concerto N° 3 de Beethoven pour piano. A 5 ans elle lit la musique couramment. A 9 ans, elle se tourne vers la flute traversière. Il a fallu une bonne dose  de détermination et de passion  à Astrid Maria pour mener parallèlement, avec succès des études de chirurgien dentiste. Avec son bagage musicologique pointu, sa science de la flute et sa connaissance intime des caractères et dispositions affectives de l’esprit des auteurs. De  leurs impulsions, de leurs caprices et extravagances. Des traités et partitions originaux, Astrid-Maria Ravaud entretient une complicité avec les compositeurs du répertoire, ne serait-ce que par la présence d’une cadence  pour les différents organes musicaux.

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