— Par Benoît Legemble —
Avec Music to Be Murdured By, l’enfant terrible de l’Amérique revient aux racines du rap qui a fait son succès. Entre idées noires et contes macabres, Eminem frappe fort. Là où l’occident a mal. Un brillant exercice de style et de vélocité, situé dans les pas du maître du suspense, Alfred Hitchcock. Glaçant, sanglant, le nouvel album du Slim Shady. Parler d’Eminem est un exercice périlleux, tant le sale gosse de l’Amérique « White Trash » paraît échapper aux catégories. Originaire du Missouri, où il est né en 1972, le rappeur blanc se distingue rapidement sur la scène de Détroit, où il s’est installé avec une mère instable et un beau-père violent. Tous ceux qui ont vu le prodigieux film autobiographique 8 Miles, en 2002, en connaissent l’histoire. Son quotidien, dès son plus jeune âge, Eminem le passait à perfectionner son art de l’improvisation au cours de joutes verbales appelées « battle », qui consistait à affronter tout ce que Détroit comptait de compositeurs affutés et un rien chambreurs. Eminem a ainsi fait ses armes sur des scènes improvisées et dans des hangars interlopes où il était le seul blanc, pauvre, logeant dans une caravane, éduqué par une mère aux mœurs légères, voire irresponsable.