Catégorie : Danses

Discriminations raciales et genrées dans la danse martiniquaise

— Par Roland Sabra —

C’est sous la direction de Karine Bénac-Giroux que se sont déroulées les deux journées consacrées aux « Discriminations raciales et genrées dans la danse contemporaine martiniquaise ». Les échanges ont été riches et intenses entre universitaires, artistes et public. Tables rondes avec exposés théoriques, performances d’artistes, conférences-dansées, pièce de théâtre, ont dialogué et se sont éclairés mutuellement. Jamais les discours universitaires ne se sont installés en surplomb des expériences de vie que l’ensemble des artistes ont bien voulu rapporter. La chorégraphe Agnès Dru à travers son parcours étasunien, a montré comment son identité de « frenchie » s’était construite d’une différenciation dans une confrontation à l’altérité surdéterminée par un rapport salarial porteur de discriminations. C’est l’ensemble de ce parcours qu’elle réinjecte dans sa conférence dansée. Les stéréotypes de couleur, de genre sont convoqués dans l’espace cage d’un enfermement aux murs de verre. Petite culotte noire, haut blanc, mains protectrices sur le sexe et les seins, elle va revêtir la tenue, un peu masculine d’un personnage blanc allant à la rencontre d’une femme noire en robe elle aussi noire.

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Journées d’étude sur la danse et le genre en Martinique

Mardi 30 et mercredi 31 mai 2017. Campus & Tropiques-Atrium.

  Placées sous la direction scientifique de Karine Bénac-Giroux et de Christine Bénavidès, maitres de conférences à l’Université des Antilles, ces journées, ouvertes à tous, s’inscrivent dans la dynamique de recherche du groupe « Genre et Société aux Antilles » réuni au sein du laboratoire LC2S. Conférences, débats, échanges et prestations artistiques sont au programme de ces deux journées d’activités réparties sur deux sites : le campus universitaire de Schoelcher et Tropiques Atrium Scène Nationale.

La Bibliothèque universitaire du campus de Schoelcher s’associe à cet évènement en accueillant, mardi 30 mai à 18h30, une table ronde intitulée « Genre et violence dans la danse, la danse/théâtre et la performance ». Conduit par Karine Bénac-Giroux, cet échange réunira Joëlle Kabyle et Roger Cantacuzène, membres des équipes de recherche du LC2S, ainsi que les danseurs et/ou chorégraphes Jean-Hugues Miredin et Laurent Troudart (cie Art&Fact), et Agnès Dru (ADCompagnie).

Dans un second temps, Agnès Dru, dont la démarche créatrice explore  » tout ce qui touche aux questions de la créolisation, de la différence culturelle et de la relation à l’ Autre » , nous proposera une conférence dansée.

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Jeux de genre(s) dans la danse contemporaine

— Par Hélène Marquié —

Pour une fraction de la danse contemporaine actuelle, le genre est devenu une thématique à la mode. Le phénomène s’accompagne d’une prolifération de discours et de références théoriques postmodernes. La production se caractérise par l’exposition réitérée et se voulant ludique des stéréotypes de genre, notamment de la féminité, souvent caricaturée par le travestissement. Par contre, la thématique n’est ni traitée, ni analysée, au travers des relations entre les sexes, pas plus qu’elle n’est travaillée à partir des corps et de leur motricité. On constate un profond décalage entre les discours qui proclament une radicalité subversive, et une production, focalisée sur les signes et les apparences, qui maintient, voire renforce, les dissymétries entre les sexes et les genres. Cette dissymétrie qui donne toujours la primauté au sexe masculin, constitue bel et bien un renouvellement du genre des hiérarchies.

Au tournant de l’an 2000, la question des genres et des sexualités est devenue une thématique récurrente pour une fraction de la danse contemporaine. « C’est bien ancré dans l’air du temps : les jeux de genre font partie de notre quotidien » écrit la critique de danse Rosita Boisseau (2004a : 78).

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« Mi-chaud – Mi-froid » de Catherine Dénécy : emballant !

Plus (in fine) Solitude, Le Collier d’Hélène

Par Selim Lander

Une danseuse comme Catherine Dénécy, ça ne court pas les rues. Cette fille au gentil minois et au teint de sapotille est un joyau ! Elle a la grâce, la force, une endurance qui paraît sans limite, le tout allié à une technique impressionnante. Ce n’est pas tout car elle est également comédienne : son visage constamment expressif passe à volonté de la séduction à l’intimidation, elle plaisante, invective… Qu’on permette à un habitué des créations de Preljocaj et surtout des pièces présentées par ses invités au Pavillon Noir d’Aix-en-Provence, au format davantage comparable à celle de C. Dénécy, de réitérer que cette danseuse est vraiment exceptionnelle, un pur joyau, du genre diamant, tant sa chorégraphie peut paraître parfois tranchante. En réalité, elle semble capable de tout faire, par exemple danser comme une forcenée dans des escarpins pendant le premier quart d’heure, au point de faire douter le spectateur tout ébaubi de ce qu’il voit. On imagine la somme de travail derrière cette virtuosité mais que serait le travail sans un talent ici éclatant ?

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« Mi-chaud – Mi froid : On ne peut pas plaire à tout le monde » : que tombent les murs!

— Par Roland Sabra —

Le synopsis est paraît-il inspiré de la personnalité de Lucette Michaux-Chevry ! On veut bien le croire, mais l’intérêt de ce spectacle est ailleurs : il réside dans ses modes d’expositions, dans une volonté réaffirmée du début à la fin de casser, briser, les quatrième et cinquième murs. Si le quatrième mur est bien connu depuis qu’il a été théorisé par le philosophe et critique Denis Diderot : « Imaginez sur le bord du théâtre un grand mur qui vous sépare du parterre ; jouez comme si la toile ne se levait pas. » ( Discours sur la poésie dramatique  Chap. 11, De l’intérêt, 1758.), le concept de cinquième mur est encore balbutiant dans sa formalisation. Certains l’entendent comme une séparation entre la vie des artistes et celle des spectateurs, d’autres comme celle qui passe entre comédiens/danseurs et musiciens. Catherine Dénécy semble danser de l’une à l’autre.

Elle arrive sur la scène venant de la salle. Elle y trouve un plateau presque vide, structures mises à nues, rideaux levés, une batterie coté cour, coté jardin une table de mixage et une guitare basse.

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Noémie Caruge : « Jayanti »

06 mai 2017 à 19H30 au Grand Carbet de Foyal

— Par Christian Antourel —

Réalisation d’un Arangetram de Bhârata natyam. Virtuosité incisive.

D’entre les huit styles de danses classiques de l’Inde, le Bhârata natyam séduit tout particulièrement le public français. La rigoureuse géométrie de cet alliage de danse pure (nritta) guidée par les rythmes de la musique et de la danse expressive (nâtya) qui convoque gestes des mains et expressions du visage, concourt à apprécier la richesse poétique d’une culture tant chorégraphique que spirituelle.

Art composite le Bharata natyam synthétise la mélodie, le rythme, la poésie et le théâtre, l’essence narrative et l.’abstraction ornementale « C’est un yoga artistique qui a pour but de révéler le spirituel à travers le corporel » Mais d’où vient que cette forme extrêmement codifiée, hermétique pour un spectateur novice, puisse si bien selon les interprétations toucher à la plus éblouissante des éloquences ? A la manière peut-être de Noémie Caruge qui possède à ce point le langage de sa danse qu’elle semble pouvoir exprimer directement la substance des émotions.. Elle fait partie d’une génération qui a su reprendre en héritage la plus ancienne danse de l’Inde

Noémie Caruge parle de la réalisation d’un Arangetram.

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« Depwofondis », de Max Diatok

Mémorial Acte – Guadeloupe le 26 avril 2017 à 19h 30

— Par Roland Sabra —

Des profondeurs, je crie vers toi…! L’adresse peut être une prière, une chanson paillarde, une œuvre musicale, un chant d’amour (Oscar Wilde). Elle peut être celle d’un dieu quelconque, d’un amant du fond de sa prison mais c’est toujours un cri et Depwonfondis du chorégraphe guadeloupéen Max Diatok est un cri dansé. Un cri contre la dérive du monde vers les récifs naufrageurs du « Meilleur des monde » et de « 1984 ».

Noir sur le plateau. On les entend marcher avant même de les voir. A l’aveugle. Pas saccadés sur une bande son qui accompagne. Peu importe la destination. L’important est qu’ils marchent. Lumières. Ils sont trois. L’un en costume de ville, un autre en jogging coloré, baskets et veste à capuche, et le dernier en jean et tee-shirt marron col rond et manches courtes. Ils marchent donc, se croisent sans se voir, enfermés en eux-mêmes, dans l’ignorance du monde qui les entoure. Ensemble séparément, vraiment séparément. Atomisation du lien social. A la croisée des solitudes, ils se touchent par hasard et c’est la découverte d’une communauté de destin.

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Conférence/Performance à la BU du campus

Mardi 14 février 2017  à 18h45

En préfiguration du 1er Festival International d’Art Performance (Martinique, avril 2017), la Cie. ArtIncidence, associée au CEREAP, fera une halte à la BU Schoelcher, mardi 14 février, pour une soirée performative en deux temps/deux actions qui donneront à apprécier une fois de plus la grande diversité créative de ce mode d’expression artistique.

El Nuevo Mundo, avec Henri Tauliaut (plasticien, VDjing), Annabel Guérédrat (performeuse) et Franck Martin (Sound designer)
Fake Nature, avec Ana Monteiro (Performeuse/chorégraphe)

L’évènement se prolongera par une conférence d’Olivia Berthon, suivie d’un échange avec le public.

Cette manifestation s’inscrit dans le cadre d’un cycle de cinq soirées conférences/performances qui, de janvier à avril, mobilise la coopération de différents partenaires et lieux d’accueil martiniquais – voir détail et calendrier sur le site d’ArtIncidence. Aux côtés des institutions culturelles de la CTM, des médiathèques municipales et de l’ESPE, la BU, troisième étape du programme, est naturellement au nombre de ces acteurs. Ces cinq rendez-vous sont autant de soirées de préfiguration du FIAP17 qui se tiendra du 17 au 23 avril prochains en Martinique.

Cette première édition du FIAP réunira des artistes internationaux venus de tous les coins du monde : Caraïbe, USA, Europe Amérique du sud….

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« Po chapé » une création de Difé Kako

Vendredi 10 février 2017 à 20 h Tropiques-Atrium

En tournée en Guadeloupe et en Martinique

La compagnie Difé Kako s’inspire depuis plus de 20 ans des cultures africaines et antillaises.

Chantal Loïal s’attache à créer un langage chorégraphique basé sur un métissage des danses africaines et antillaises ainsi que sur les répertoires musicaux traditionnels et contemporains.

La compagnie présente en Martinique et en Guadeloupe, sa dernière création 2017, Po Chapé.

Dates :

-Martinique : Vendredi 10 février à 20h, au Tropiques Atrium, à Fort de France

1ere partie : Lycée Centre Sud de Ducos | Moment d’échange à la fin du spectacle

Tarif plein : 15€ / Tarif réduit (étudiants, retraités, moins de 12 ans, chômeur) : 10€

Réservations tout public : par téléphone : Maryse Bolnet, 06.96.27.35.12 / Sur place : mer. 8/02 de 15h à 18h – jeu. 9/02 de 8h30 à 11h30 et de 13h30 à 17h30 – ven. 10/02 de 16h à 20h

– Guadeloupe : Mardi 14 février à 20h, à la Salle Robert Loyson au Moule

1ere partie : Lycée Faustin Fléret de Morne-à-l’eau & Association Bandayo de Sainte-Anne

Moment d’échange à la fin du spectacle

Tarif plein : 15€ / Tarif réduit (étudiants, retraités, moins de 12 ans, chômeur) : 10€

Réservations tout public : dac@mairie-le-moule.fr

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Rencontre-audition avec Difé Kako

Le dimanche 5 février 2017 de 9h à 13h30

Autour de la prochaine création 2018 à l’école des arts, Le François (site rivière-bambou), Martinique

Quelques mots sur la compagnie

Depuis 1995, date de sa création, la compagnie de danse Difé Kako s’inspire des cultures africaines et antillaises. Chantal Loïal, chorégraphe et directrice artistique, s’attache à créer un langage chorégraphique basé sur un métissage des danses africaines et antillaises ainsi que sur les répertoires musicaux traditionnels et contemporains.

La compagnie Difé Kako se compose de danseuses possédant une formation de danse pluridisciplinaire (classique, moderne, jazz, danses traditionnelles de l’Afrique de l’Ouest, de l’Afrique Centrale, du Maghreb, de la Guadeloupe, de la Martinique) et de musiciens maîtrisant différentes percussions et instruments (djembé, dum-dum, tambours ka, maracas, cha-cha, accordéon, basse, balafon, ti-bwa, steel pan).

La Compagnie, toujours à la recherche d’innovation et dans un souci de diversification artistique, développe plusieurs concepts pédagogiques et chorégraphiques pour amener le public à la découverte de cette danse métissée. Difé Kako s’implique depuis plus de 20 ans autour du patrimoine culturel aux Antilles-Guyane.

La création 2018 : « Cercle égal demi cercle au carré »

Après « On t’appelle Vénus », « Noir de boue et d’obus » et « Po Chapé», Chantal Loïal souhaite en 2018 créer une pièce pour huit danseurs et quatre musiciens autour des danses de société.

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Viktor Lazlo ; « Love me tender »

— Par Selim Lander —

Avant le festival des Petites Formes qui commence dès mardi, la fin de la semaine dernière a fait s’enchaîner deux spectacles « martiniquais » de grande qualité : jazz d’abord avec Viktor Lazlo ; danse ensuite avec Jean-Hugues Mirédin et la cie Art&fact.

Viktor Lazlo, chanteuse d’origine martiniquaise qui poursuit une brillante carrière internationale chante le jazz tel qu’on l’aime. Si cela avait un sens, on dirait que le meilleur concert du Martinique Jazz Festival 2016 a eu lieu hors festival, le 13 janvier 2017, et que c’était le récital de Viktor Lazlo. Pourquoi apprécions-nous tant cette interprète ? Pas tellement pour sa voix, belle mais pas exceptionnelle, mais parce qu’elle a l’humilité de faire entendre la quintessence du jazz sans aucune esbroufe. On peut déjà en juger par les instruments qui l’accompagnent : piano, guitare et basse. Oui, vous avez bien lu ! Pas de batterie[1], alors qu’elle fut omniprésente pendant le festival, avec même certains batteurs leaders.

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Danse : Les turqueries de Christian Rizzo

— Par Selim Lander —

Tropiques-Atrium, comme chacun sait, a obtenu/retrouvé le label scène nationale jadis perdu par le défunt CMAC. C’est une chance pour les Martiniquais qui ont ainsi accès à un large panorama de la création contemporaine dans les domaines de la danse, de la musique, du théâtre. Cela étant, les artistes vivants, dans la mesure où ils ne se contentent pas de répéter le passé, encourent le risque de heurter le public. Qui dit création dit nouveauté ; qui dit nouveauté dit danger. Un danger partagé : l’artiste risque de se heurter à l’incompréhension du public ; le public risque de s’ennuyer, voire d’être heurté dans ses convictions intimes. Comme nous l’avons signalé à plusieurs reprises, le risque est d’autant plus grand, aujourd’hui, que les artistes se sont accordés, en matière de création, une liberté inimaginable par les générations antérieures aux Duchamp, Picasso, etc. « Le presque rien, le n’importe quoi » côtoient désormais les œuvres conjuguant une imagination puissante et un véritable savoir-faire. 

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Love Me Tender

Samedi 14 janvier 2017 à 20h Tropiques-Atrium

Love Me Tender explore et questionne le positionnement et la symbolique du couple dans la société, dans différents contextes géographiques, sociaux…
Ne peut-on pas parler du couple comme d’une société miniature, lieu de toutes les utopies, mais aussi bien des naufrages ? Résurgence d’élans archaïques,
fusionnels ? Valeur contemporaine ? Entre opposition/confrontation et équilibre et partage, cette pièce porte un regard sur les lieux d’expression du couple
et les forces qui s’y exercent.
Ce projet s’est inscrit dans le cadre de l’opération « Cuba en France – Eté 2016 » et participe au développement d’une dynamique de coopération caribéenne en danse contemporaine.

Chorégraphie & Concept : Jean-Hugues Mirédin & Interprètes
Interprètes : Gabriela Burdsall (Cuba), Rhodnie Désir (Canada/Haïti), Luvyen Mederos Gutierrez (Cuba), Tricia Moore (Martinique/Trinidad & Tobago) & Laurent Troudart (Martinique)

Cie Art&Fact est née il y a 5 ans de la rencontre de Jean-Hugues Mirédin et Laurent Troudart qui reviennent en Martinique après une carrière internationale afin de donner plus de visibilité à la danse contemporaine en Martinique et aux Antilles.
© visuel : Agnès Brézéphin

Reprise des infos du site Tropiques-Atrium

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Sakinan göze çöp batar. C’est l’œil que tu protèges qui sera perforé

Vendredi 6 janvier 20h Tropiques-Atrium

Jeune danseur d’origine turque, vivant à Paris, dansant régulièrement en France, Kerem Gelebek est presque un double de Christian Rizzo. Il porte d’ailleurs ses vêtements et reprend des gestes que le chorégraphe-danseur a produit dans d’autres spectacles. C’est également un jeune artiste virtuose dont le corps porte les traces des danses traditionnelles apprises dans l’enfance. S’installant dans cet aller-retour, Christian Rizzo déploie un univers fait d’objets épars – on ne dira jamais assez la poésie de l’espace chez cet artiste – évoquant l’exil et la mélancolie qui l’escortent souvent. Exil géographique sans doute mais plus métaphoriquement exil à soi-même, disant la nécessité de quitter un territoire intime ; s’éloigner de soi-même pour se trouver.
Tel un poème, le plateau devient alors l’écrin d’une expérience partagée d’une rare douceur, le dévoilement d’un homme qui avance sans masque, riche de toutes ses mémoires, en chemin vers ses désirs.

Conception, Chorégraphie & Scénographie : Christian Rizzo
Interprète : Kerem Gelebek
Lumière : Caty Olive
Régie générale & Lumière : Jean-Michel Hugo ou Erik Houllier

Lire Plus=> Centre Pompidou-Metz

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Après quelques jours de travail à l’opéra de Lille… Kerem Gelebek, danseur et performer, m’a rejoint depuis 2008 sur plusieurs projets.

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Le classique, c’est fantastique

— Par Rosita Boisseau —
Les ballets font carton plein que ce soit sur scène ou au cinéma. Une tradition que revisite même la danse contemporaine après des années passées à s’en démarquer.

Quatre Lac des cygnes, trois Casse-noisette, trois Belle au bois dormant… Par où commencer et à quelle sauce ? Française, russe, mixée, sur scène ou au cinéma ? Le menu chorégraphique de cette fin d’année, courant jusqu’au mois de février 2017 et au-delà, s’annonce roboratif. Cette offre massive en dit long sur l’attrait de ces monuments classiques qui ­séduisent tous les publics, de l’Opéra Bastille, à Paris, jusqu’au réseau des Zénith.

Ces nombreux spectacles avec ballerines sur pointes et princes tout velours portent avec eux des enjeux esthétiques et sociétaux. Ils donnent la température d’une époque qui renoue avec les récits. Effet boomerang du chahutage social ? Crise des valeurs avec refuge du côté du patrimoine ? « Ce retour au classique signale, selon moi, le goût retrouvé pour la narration, voire le mythe, explique Sylvie Jacq-Mioche, historienne. Il se fait sentir en littérature où le roman est de plus en plus présent, dans le traitement de l’information avec le storytelling, mais aussi au cinéma et à la télévision avec les séries.

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La samba : cent ans et toujours jeune

Sous un palmier solitaire de la Pedra do Sal, un quartier de Rio surnommé « la petite Afrique » où la samba est née officiellement il y a 100 ans, les jeunes se réunissent pour écouter et entonner de vieux classiques devenus des hymnes.
Au milieu de la foule, sept jeunes musiciens assis autour d’une table jouent du cavaquinho (petite guitare), de la cuica (tambour à friction) et du tambourin, comme ont commencé à le faire au XIXe siècle, de façon clandestine, les esclaves noirs venus du nord-est pour travailler dans les docks de Rio.
« La samba est à nous! », crie dans un micro Walmir Pimentel, un percussionniste de 34 ans, sous les applaudissements d’un public bravant la chaleur avec bières et caïpirinhas.
Pendant des années, le quartier est resté abandonné par les autorités.
Ce n’est qu’en 2006, quand le groupe de ce musicien coiffé de dreadlocks a mis en place sa « roda de samba » (cercle de samba) tous les lundis soirs, que la musique a retrouvé son berceau, là où les esclaves déchargeaient leurs sacs de sel.

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Comment s’émouvoir encore, avec « Poil de Carotte »

— par Janine Bailly —

Maître de la formule incisive, Sacha Guitry, dans son ouvrage intitulé Toutes réflexions faites, écrit ceci : « Lorsqu’on vient d’entendre un morceau de Mozart, le silence qui lui succède est encore de lui ». Bien qu’elle paraisse galvaudée, j’ose reprendre à mon compte cette jolie déclaration, puisqu’au sortir du spectacle de Fábio Lopez, Poil de Carotte, hantée par les images qu’il a si joliment créées, je suis allée nuitamment dans ma bibliothèque déterrer ce vieil ouvrage écorné, qu’autrefois je fis lire, non sans frémir, à de chères têtes, blondes ou pas. Et remettant ainsi des noms plus précis sur les personnages dansés, me remémorant les scènes vues sur le plateau de la salle Frantz Fanon, lieu enchanté ce soir-là d’arabesques, sauts, entrelacements et autres figures parfaites, j’ai retrouvé toute la cruauté et toute la saveur du récit — autobiographique ? — de Jules Renard.

Aussi les tableaux qui s’enchaînent, judicieusement sélectionnés par le chorégraphe parmi les courts récits successifs qui constituent la nouvelle, suffisent-ils à faire renaître, sous les yeux d’un public où se comptent de nombreux enfants — public sage, attentif et visiblement conquis — le jeune garçon roux qui lentement s’acheminera vers l’adolescence et ses premiers émois amoureux, celui qui, en dépit de tous les vents contraires, levés sous les pas des danseurs comme sous la plume de l’écrivain, parviendra avec son père, après une tentative de suicide échouée, à une ébauche de résilience.

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Danse : « Poil de carottes » et autres pièces

— Par Selim Lander —

Les ballets classiques racontent des histoires que les amateurs d’antan connaissaient généralement par cœur. Si le public des ballets a passablement changé depuis la IIIe République, si l’opéra n’est plus cet endroit mondain où se rencontraient des habitués sélectionnés par l’argent, les arguments des ballets classiques sont suffisamment clairs pour être facilement compris par des spectateurs moins « imprégnés » que jadis.

La danse contemporaine, c’est une autre histoire. Quand on regarde une sculpture de Rodin (par exemple), on voit tout de suite de quoi il s’agit. On n’en dira pas autant d’une sculpture contemporaine faite de trois bouts de ferrailles (ou de ficelles !) : il est préférable que l’artiste nous explique ce qu’il a voulu dire ! Il en va souvent – mais pas toujours – de même avec la danse contemporaine, à ceci près, bien sûr, qu’il n’y a aucune tricherie possible : on ne s’improvise pas danseur comme on peut le faire dans les arts plastiques.

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« Poil de carotte »

— Par Roland Sabra —

« Une esthétique académico-contemporaine », Voilà ce dont se réclame la Compagnie « Illicite » du danseur-choéragphe Fàbio Lopez qui présentait à Fort-de France « Poil de Carotte ». Et la promesse à été tenue. Le prologue « Molto Sostenuto » est inspiré d’un poème de Vladimir Nabokov « Le Pélerin » :

Ô, comme soudain l’étranger éclatant,
le lointain chemin seront attirants,
quel fardeau de se traîner jusqu’à la fenêtre,
comme je voudrais faire revenir
tout ce qui pleurait en moi,
le plus tremblant, le plus printanier,
et – plus parfait que toute la réalité –
le songe du pays natal…

Retour au pays natal, retour vers la terre maternelle, vers le corps de la mère. Accrochage à’un temps qui n’est plus et qui toujours fait retour. La mère dont il sera question dans la deuxième partie du spectacle sous la figure de la mauvaise mère, Mme Lepic la persécutrice que Poil de carotte pour autant ne pourra jamais vraiment détester. Au delà de cette dimension psychologique il y a dans le poème de Nabokov une douleur et un espoir, celui d’un cosmopolitisme en gestation, comme l’annonciation d’un temps à venir, celui de ce siècle présent.

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« Poil de carotte » un ballet de Fábio Lopez

10 décembre, 20h à Tropiques-Atrium

poil_de_caroote_afficheC’est l’histoire d’un mal-aimé. Poil de Carotte ainsi surnommé parce que cheveux roux et tâches de rousseur. Surnom qui efface nom et prénom, l’identité. Ici, la haine est maternelle. Elle s’avance sans masque. « Tout le monde n’a pas la chance d’être orphelin ». La résilience emprunte les voies de la ruse, de l’intériorité et de l’intelligence.

C’est à partir du roman de Jules Renard que le chorégraphe et danseur Fabio Lopez construit un ballet inspiré dans son esthétique par les deux adaptations cinématographiques réalisées par Julien Duvivier en 1926 et 1932. Jules renard en fit une version pour le théâtre en 1900, qui connu un beau succès populaire. Inscrite au répertoire de la Comédie Française en 1912 elle a aujourd’hui quasiment disparue des scènes de théâtre. La maltraitance des enfants ne serait plus d’époque ?

“Ma priorité est de sensibiliser grâce à la danse, le jeune public aux enjeux du vivre ensemble, de la difficulté de grandir, de l’éducation… qui pourrait paraître de nos jours bien différente de celle de l’époque pendant laquelle fut écrit Poil de Carotte… et pourtant !

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« Antipodes » recherche une danseuse guadeloupéenne pour sa tournée

metis_gwaANTIPODES, une pièce artistique Cirque et Danse pour 10 interprètes, qui croise danses, cirque, rythmes, tradition, cultures et écritures d’aujourd’hui… (Guadeloupe, Haïti, Grenade, Sainte Lucie, France métropole, Suède et Argentine)

ANTIPODES recherche une danseuse Guadeloupéenne pour sa Tournée (Guadeloupe, Guyane, France, Caraïbe, Réunion…)

AUDITION POUR UNE DANSEUSE POLYVALENTE

Vendredi 25/11/2016

Ecole de danse Mod’Est de Jean Claude Bardu
Chemin de saint Sauveur
97111 Dubelloy (Morne à l’eau)
10h à 12h

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« Monchichi » : la danse comme un art de combat

— Par Selim Lander —

monchichi-danseLa danse contemporaine réserve le meilleur et le pire, jusqu’à la négation de toute danse chez une Teresa de Keersmaeker, par exemple[i]. Gageons que l’unique représentation du duo Wang-Ramirez en Martinique marquera durablement les esprits. C’est en tout cas ce qu’indique cet indicateur en général très fiable de la qualité d’un spectacle qu’est l’applaudimètre. Un argument de plus en faveur de la conception kantienne de la beauté : il n’est nul besoin d’un long apprentissage pour l’apprécier, elle s’impose naturellement à chacun (« sans concept », écrit Kant). Et ceci vaut a contrario pour toutes les productions d’un certain « Art Contemporain » qui laissent de marbre les spectateurs. Ah, ces expositions d’art plastique « où il est de bon ton de se montrer » qui voient défiler devant les « Œuvres » d’artistes bouffis de prétention des cohortes de visiteurs, lesquels ne peuvent dissimuler leur indifférence quand ils n’ont pas l’audace de se montrer sarcastiques ! Laissons donc aux « Initiés » ces « Œuvres » qui ne suscitent chez le plus grand nombre que le mépris et l’ennui, découragent le regard et contredisent donc la définition kantienne et remercions plutôt tous ceux, artistes et programmateurs, qui continuent à penser que l’art et la beauté ont partie liée.

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« Monchichi » : un enchantement !

— Par Roland Sabra —

monchichi-2Elle s’appelle Mme Wang et lui M Ramirez. Elle est allemande par son père et coréenne par sa mère. Il est né français de parents ibériques parlant catalan et castillan. Elle est ballerine. Il danseur de breakdance ( b-boy). L’une et l’autre vivent dans deux univers que beaucoup de choses séparent. Mais Cupidon est capricieux. Ils tombent follement amoureux l’un de l’autre et vont donc s’inventer un monde à eux, rien qu’à eux. Enfin pas tout à fait puisqu’ils vont nous en faire part, nous invitant à le visiter. Cette langue commune qu’ils créent n’est pas un entre deux, n’est pas un syncrétisme, un mélange hétéroclite, un migan. Elle n’est pas un pot-pourri de ballet et de breakdance. Elle puise dans ce courant de la danse expressionniste né sous la République de Weimar dans les années vingt du siècle dernier et que l’on appelle le Tanztheater. Le terme et le mouvement qu’il désignait avait disparu avant de ressurgir dans les années 80 pour identifier par exemple le travail de Pina Bausch et de ce qu’on a appelé de façon plus générique la nouvelle danse française.

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« Monchichi » par la Cie Wang Ramirez

Samedi 12 Novembre – 20h – Salle Frantz Fanon

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Créé en 2011 Monchichi est la pièce fondatrice du duo Wang Ramirez. Un spectacle à la frontière du hip hop et de la danse contemporaine Monchichi chorégraphie avec humour et poésie le portrait d’une nouvelle génération urbaine, mobile et interculturelle.

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Elle s’appelle Mme Wang et lui M Ramirez. Elle est allemande par son père et coréenne par sa mère. Il est né français de parents ibériques parlant catalan et castillan. Elle est ballerine. Il danseur de breakdance ( b-boy). L’une et l’autre vivent dans deux univers que beaucoup de choses séparent. Mais Cupidon est capricieux. Ils tombent follement amoureux l’un de l’autre et vont donc s’inventer un monde à eux, rien qu’à eux. Enfin pas tout à fait puisqu’ils vont nous en faire part, nous invitant à le visiter. Cette langue commune qu’ils créent n’est pas un entre deux, n’est pas un syncrétisme, un mélange hétéroclite, un migan. Elle n’est pas un pot-pourri de ballet et de breakdance. Elle puise dans ce courant de la danse expressionniste né sous la République de Weimar dans les années vingt du siècle dernier et que l’on appelle le Tanztheater.

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La Fresque, cet obscur objet du désir

— Par Julie Briand —

Angelin Preljocaj est l’auteur de ce ballet sombre et splendide, qui questionne la relation entre le réel et sa représentation. Créé au Grand Théâtre de Provence, il est en tournée dans toute la France.

«Il était une fois deux voyageurs, l’un nommé Chu et l’autre, Meng. » C’est ainsi que débute la Peinture sur le mur, célèbre conte chinois dont Angelin Preljocaj s’est inspiré pour composer sa dernière création. Les deux voyageurs en question vont passer la nuit dans un temple à l’abandon et découvrir une magnifique fresque représentant un groupe de jeunes filles. Chu, saisi par la beauté de l’une d’entre elles, la fixe si intensément qu’il la rejoint, par-delà les frontières de la représentation. Ils se reconnaissent et s’aiment, avant que Chu ne revienne à la réalité. La fresque est toujours là, immobile. Mais la chevelure de l’aimée est désormais attachée en chignon, comme il est d’usage pour les femmes mariées.
Entre la puissance des danses rituelles et la légèreté aérienne des portés

Beau point de départ pour s’élancer vers des questions sans fin : la frontière entre le réel et sa représentation, le rêve et la réalité, le pouvoir hypnotisant des images… Autant de thèmes qui irriguent l’œuvre d’Angelin Preljocaj depuis plus de trente ans.

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