Catégorie : Danses

L’imagination pour mémoire : deux créations de Marlène Myrtil

—  Par Christian Antourel —

Au Centre Culturel de Rencontre Fond Saint -Jacques

Dans une atmosphère intimiste le spectacle surgit de la lumière soyeuse et déjà qui étire les instantanés dynamiques, du mouvement et du maintien percés à jour, comme dans un théâtre d’ombres. Une femme aux prises aux fragmentations de sa mémoire danse et lutte pour ne pas sortir d’elle-même. Elle nous entraine dans une succession de figures impressionnistes ; ressouvenirs par l’âme, agités, ponctués d’états farouches indomptés. Marlène combine les langages du mouvement, des textes poétiques et de la conception visuelle dans une étrange réminiscence du lien à l’autorité et des chaînes virtuelles qui continuent de blesser. Et puis ce mur blanc comme l’écran d’une mémoire imposée, redite dans l’enfermement infernal. Sur ce mur atrocement blanc une ligne mélodique où Chopin dominant déchaine « un brillant oiseau voltigeant sur les horreurs d’un gouffre » Un gouffre obscurci de miasmes humains. Rien à voir avec un néo-polar doublement noir. C’est du théâtre social jusque dans la beauté du pire. Une monographie éperdument vraie, certainement héroïque, évidemment impérissable ; un pont entre la blessure et l’avenir.

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« Choc(s) & Art-Rose » : de la beauté et de la danse

par Roland Sabra —

   Deux chorégraphies de Christiane Emmanuel

 christiane_emmanuelDe la lecture d’un spectacle on oublie trop souvent la scénographie, le travail des lumières, l’environnement technique. Injustice. Mais que l’on se rassure ce fâcheux oubli est impossible après avoir vu les deux chorégraphies Choc(s) et Art-Rose qui nous a proposé Christiane Emmanuel les 19 et 20 novembre au Théâtre de Foyal. A moins d’être totalement aveugle. La chorégraphe a eu la belle idée de faire appel aux talents de la plasticienne Valérie John et la réussite était au rendez-vous. L’ouverture du rideau se fait sur un mur de chemises pendues à des cintres éclairées de telle sorte que l’évocation d’une lointaine Pétra bariolée, comme l’étymologie sémitique du lieu le soutient — Reqem, La Bariolée– vient immédiatement à l’esprit du spectateur. Le travail de Dominique Guesdon aux lumières est ici remarquable, on y retrouve ce souci qui est le sien de se mettre au service d’une œuvre qui n’est pas la sienne et de faire par la-même œuvre lui-même. Pure beauté plastique qui va porter le regard d’un bout à l’autre de deux prestations qui relèvent de champs problématiques que l’on aurait pu croire croire similaires mais qui se révèleront hétérogènes.

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JOSIANE ANTOUREL Chorégraphe et danseuse. Focus

 —  par Kélian Deriau. —

  De retour de Montréal où elle apporte sa conception d’une danse particulière, décloisonnée de l’Art et enrichie son œuvre au contact d’une diversité chorégraphique multiple, Josiane Antourel était au programme de la biennale de Danse à l’Atrium. Dans la « Soirée des chorégraphes » et avec « Wouvè la won’n. De la musique pour les yeux »

Qu’elle le veuille ou non la critique est fondée sur des valeurs de dogme, sur des certitudes, sur ce que l’on comprend comme des vérités opérantes absolues. Nous vivons bien des fois sur des acquis culturels imprégnés de valeurs et de modèles ambiants, mais qu’on ne peut justifier en regard de la danse et sans volonté aucune d’ostracisme rebelle, car il faut bien considérer que cette danse existe hors du langage, elle n’existe qu’à partir où les mots manquent. Essayer alors de la résumer dans un agglomérat, de mots, lui dire son fait à travers un compte rendu, un papier critique, est simplement improbable. De ce point de vu, a commencer par ce qui pourrait passer pour prétention, controverse ou apories majeures : critiquer la danse est « usurpation, abus de pouvoir », c’est ramener l’œuvre chorégraphique au rang de matière.

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Biennale de danse 2010 à Fort-de-France

 — par Roland Sabra —

Semaine 1

 

 

  « Une Tentation d’Eve »  qui s’éternise

 Les ressources financières du CMAC-ATRIUM étant ce qu’elles sont il était difficile de programmer les authentiques ballets contemporains de la Compagnie Marie-Claude Pietragalla qui mobilisent de nombreux artistes. Heureusement la chorégraphe propose aussi des pièces intimistes au nombre desquelles on trouve « Ivresse » créée une première fois en 2001, reprise en 2005 avec en accompagnement musical le groupe de musique tsigane Arbat. « Ivresse » nous était donc proposé en première partie, sans orchestre certes mais avec une bande son.

 

La chorégraphe et son compagnon Julien Derouault, seul danseur en scène, ont un goût prononcé pour l’éclectisme artistique. Mêler danse et image d’animation ou arts martiaux ( Marco Polo), danse et cirque ( Sakountala) par exemple est un axe de travail qui caractérise l’intelligence créatrice de la Compagnie. On retrouve jusque dans la façon de danser ce souci d’explorer des rives étrangères. Julien Derouault en donne une illustration splendide avec un déhanché à la limite du déséquilibre qui fait irrésistiblement penser à des scènes de Bruce Lee.

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Une Biennale de danse à Cuba

  — Par Raphaël de Gubernatis —

malsonPour créer des liens et stimuler des échanges entre artistes très isolées des grandes et petites Antilles, Cultures-France a créé une Biennale de danse Caraïbes à la Havane.

La seconde édition de cette entreprise militante et généreuse s’est heurtée à la triste réalité du terrain. Elle n’aura probablement pas de suite.

Au fond, tout a débuté par une mission de Cultures France, le fer de lance de l’action culturelle du Ministère des Affaires étrangères. Une mission menée par Sophie Renaud dans la myriade d’îles qui courent entre les deux Amériques, de la pointe du Yucatan aux rivages du Venezuela et des Guyanes. Des îles jadis colonisées par les Espagnols, les Portugais, les Français, les Anglais ou les Hollandais, dont on prit bien soin de massacrer les populations aborigènes que remplacèrent bientôt des Africains arrachés à leurs terres, et bien plus tard parfois des Indiens ou des Chinois, mêlés aux Européens. Des îles on l’on parle espagnol, français, anglais, créole, peut-être même encore flamand….ou mandarin. « Un formidable laboratoire de la diversité culturelle » s’extasie justement Sophie Renaud, « mais dont on ne prend pleinement conscience qu’en volant d’île en île et en y rencontrant jour après jour artistes et personnels politiques ».

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Tanya ELISABETH : l’Art Performance

— Par Christian Antourel —

 Le corps dans le décor

  Un art qui apparaît d’autant plus vivant, qu’il semble n’obéir à aucune règle définie, fourmillant d’imprévus et d’inventions.

 Tanya Elisabeth est une artiste au devenir prometteur. L’imaginaire artistique qu’elle développe, ses représentations quelle réalise comme dans l’envolée d’une apparition de colombes font de cette artiste plasticienne, une magicienne, mais aussi une danseuse a la recherche du temps perdu qu’elle retient dans l’étreinte spontanée d’une interprétation de la nature. Elle vit une aventure qui la porte dans des ressentis tenaces, volatils et fugitifs qu’elle envisage en connivence entre corps et décors, dans un accord tacite, un périple audacieux ou des espaces vides s’habillent entre transparence et apparence de couleurs vraies et fugaces. Elle danse dans l’espace de nos regards, maintenue en équilibre entre les surfaces modulables de toute la réalité d’un rêve, par essence, évanescente et éphémère.

 Cette sensualité du risque immédiat

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« Kò an Manniman » à l’Atrium : Harmonie du désordre

 ko_an_manniman—  Par Christian Antourel —

 Dans un cadre conceptuel agité où l’Art Nègre  tente de se frayer un chemin, on observe partout  le regroupement d’artistes audacieux et de bonne volonté.

    Ils conçoivent l’art ancien en perspective, une façon de revivifier, de réhabiliter la tradition. Refusant de s’insérer dans une stratégie platonique, commune de dérision, voire de déréliction où la facilité est à son paroxysme, l’A.M.4, prend son rôle à bras le corps et exprime la singularité percutante d’une philosophie active imprégnée de réflexions, de doutes, d’émotion, de certitudes aussi. Il convient de changer le désordre établi des choses en marquant l’espace culturel d’une trace de son intégrité partisane. Rien de plus légitime en somme. C’est du corps en mouvement, dans son expression la plus exacerbée dont il est question. Bèlè – Grand Bèlè – Bélya – Dammyé – Kalennda. La source vive, le feu sacré. Ces danses et leurs musiques regar a sou koté qui vous toisent de haut en bas et inversement. Ces danses qui marronnent entre rires et grimaces quand la tradition est bien là, sous les pieds nus et dans le rythme d’une littérature dansée, parfois impudique, dékatchiyé, écorchée brut dans sa sueur qui parle dans l’accent d’un « souffle barbare ».

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« Cahier d’un retour mal assuré au pays des bonnes intentions» « Mann ist, was mann isst »

— Par Roland Sabra —

Yé Mystikwi! et Mangeons!

Photo Philippe

Yé Mystikwi ! Deux spectacles pour clore la biennale de danse contemporaine. Tout d’abord une chorégraphie de Lucien Peter inspirée du « Cahier d’un retour au pays natal » dont on retiendra la belle mise en lumière de José Cloquel et la difficulté à passer des bonnes intentions à la réalisation. Dès la lecture du prologue(1) par le psychanalyste Guillaume Suréna, les danseurs apparaissent sur scène un peu, et dans la salle, beaucoup, en se déplaçant comme des automates, de façon mécanique mi zombies mi-âmes errantes à la recherche d’un havre sur le fond de la scène une sorte de lune bleue tordue qui servira d’écran aux projections multimédia, à dire vrai beaucoup d’écrans de veille repiqués d’un Winamp quelconque. Sur la scène se dessine un espace qui semble figurer l’île yougoslave dont le nom et la vue vont déclencher l’écriture du cahier. En fond musical plus qu’en accompagnement la voix de Césaire se fait entendre dans un environnement sonore confus : sur la voix du poète la gestuelle de la danseuse se construit en opposition aux gestes des automates.

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Manuel Césaire aux commandes

— Par Roland Sabra —

Poster-TabouEdito du 20/10/2007

  La rentrée des Mercredi-Cinéma de l’Atrium s’est faite sur les chapeaux de roues. Il y eu d’abord  » L’avenir est ailleurs« , déjà vu et puis l’admirable « Persépolis » d’après la B.D. de Marjane Satrapi. . Plusieurs projections avec débats sont prévues pour « Gouverneurs de la rosée » déjà vu lui aussi. Côté théâtre nous avons déjà évoqué « Manteca« , et nous attendons vivement « L’échange » de Paul Claudel (08 & 09-XI-07) et « L’amour » adaptation de José Pliya du roman « Amour, Colère et Folie » de Marie Vieux-Chauvet ». Monter Claudel est une gageure difficile à soutenir. On lira avec intérêt les propos de  Brigitte Salino, confirmés à postériori par le relatif échec de « L’échange » de Julie Brochen, cet été en Avignon , dont on  a constaté, avec regret, que la profondeur, indiscutable, de sa lecture avait été trahie par une distribution un peu faible.

« Circus baobab » nous a offert un numéro de cirque, convenu, sans surprise, qui a ravi de joie une bonne partie du public, nombreux.

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Le tambour dans la peau

Une voix, du rythme et beaucoup d’énergie : les ingrédients du bèlè sont simples. Longtemps méprisée, cette musique héritée des esclaves martiniquais reprend vie. Enfin.

Avec son tambour, il fait corps, il le chevauche, un pied à l’air, l’autre chaussé de cuir. Ce talon nu est ­essentiel à son jeu. Il glisse sur la peau de chèvre tendue pour en moduler les sonorités, tandis que les mains tambourinent frénétiquement. Par sa frappe précise, en rafales subites, en syncopes acrobatiques, Félix ­Casérus, 74 ans, un petit air de Paul Meurisse mâtiné de Cary Grant, ­dirige le pas des danseurs qui tournoient et sautillent, jambes écartées, buste en avant. Le bèlè (le « bel air »), revigorant chant au tambour martiniquais hérité du temps de l’esclavage, allie la jubilation des rythmes à la mélancolie des voix éraillées. Une musique qui soigne les plaies de l’âme et donne de l’énergie.

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UMOJA : un show superbe comme une planche de salut pour les jeunes des townships de Soweto

— Par Roland Sabra —



Raconter l’histoire multimillénaire d’un peuple à travers sa musique, ses chants et ses danses tel est le pari magnifiquement réussi de deux femmes sud-africaines, Thelmi Nyandemi, ancienne danseuse étoile d’un spectacle renommé «  Ipi Ntombi » et Todd Twala, chorégraphe qui dans les vingt dernières années du vingtième siècle décidèrent d’unir leur forces et de mettre au service d’une noble cause : sortir les enfants des boulevards qui mènent au crime et leur offrir une possibilité de s’approprier leur histoire niée par le régime de l’apartheid. Umoja nous conte une histoire éternelle, universelle, parce que très précisément inscrite en un lieu géographique, historique, ethnographique on ne peut plus précis, celui du peuple Zoulou. A travers toutes les vicissitudes de l’histoire, mais aussi ses moments flamboyants, dans les rites de la naissance, de l’initiation, des mariages, de la mort des proches et des ancêtres UMOJA nous rappelle que l’ histoire de l’humanité n’est rien d’autre que l’histoire des hommes et des femmes, de leurs amours, de leurs rivalités, de leurs différences irréductibles, et de leurs rencontres possibles et impossibles.

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« Coupédécalé » de Bernardo Montet

 

 

Mon amour, mon impossible’ pourrait être le titre de la pièce. Traverser un territoire de conflits, de réconciliations, de contradictions avec soi, avec l’autre. Le spectacle met sur le devant de la scène une manière libre et instantanée de travailler, sans figer le propos par la narration ou l’affect. Tamar Getter peint avec de la craie, matière effaçable qui disparaît. Tout s’efface aussi dans ce spectacle en forme de palimpseste. La craie dérape, casse. Eran Tzur appuie un peu plus sur les cordes électriques, les corps se tendent. Le rouge des costumes est pictural, iconique. Tout bouge en un seul mouvement, que rien ne paraît guider. ‘Coupédécalé’ porte bien son nom. Coupé de chez soi, décalé dans un mouvement instinctif de survie. Le spectacle est aussi à l’image de tout ce qui se concocte dans un centre qui ne propose pas que des productions maison, mais qui invite d’autres artistes à partager le lieu et à présenter leurs propres travaux.

evene.fr

COUPÉDÉCALÉ

Au départ de cette création, une pièce plus ancienne, Ma Lov’ raconte Bernardo Montet“ : On s’est dernièrement retrouvé presque la même équipe qu’en1998, année de Ma Lov’.

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« Substance de vie » de la Cie Tête Grainée

— Par Roland Sabra —


José Chalons

 

Chorégraphie et auteur du projet : José Chalons. Interprètes: Yna Boulangé et José Chalons. Création musicale : Maurice Bouchard et Alfred Fantone. Collaboration artistique, son- lumière : Dominique Guesdon et Valéry Petris.

1959 au Japon, un jeune garçon, seul sur scène, danse ( Bu) frappant des pieds(Tô) sans musique, couvert de craie, mime un rapport sexuel avec un poulet suivi de l’étranglement du volatile entre ses cuisses, puis se laisse approcher, dans l’ombre, par un homme plus âgé… Le scandale immense, préside à la naissance du Butô. Tatsumi Hijikata, avec son spectacle « Hijinsky » (« couleur interdite ») vient de poser un acte.

En moins d’un siècle depuis l’avènement de l’ère Meiji, le Japon féodal a fait alliance de la façon la plus totale, totalitaire même, avec la modernité la plus extrême dont la dernière ponctuation porte les noms douloureux d’Hiroshima, Nagasaki. Le Butô est est un non qui fait nom. Non à cette alliance barbare au nom d’une autre alliance critique, d’une part celle de l’ « Ausdrucktanz »,celle des « maudits » tels Sade, Lautréamont, Artaud, Bataille, Genet et d’autre part celle de la lenteur, du minimalisme, de l’ésotérisme de la tradition Nô et d’anciens rites shintô.

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« Où va la lune ? » « Mingus, moins qu’un chien »

— Par Roland Sabra —

Cette année2005-2006 s’annonce donc décidément sous le signe de la reprise, puisque « Mingus ou moins qu’un chien » de Neil King, déjà présentée au Lamentin il ya deux ou trois ans, succédait à la pièce de William Gibson, « Miracle en Alabama« . En deux mots on regrettera l’absence de mise en scène et l’absence de direction d’acteur à moins qu’il ne s’agisse dans ce cas d’une impossibilité liée au comédien lui-même. Dommage, vraiment dommage! Le CMAC ne va pas mieux quand on songe à l’affligeant spectacle que nous a vendu La Cie Zadith Ballet Théâtre : «  Où va la lune? » Où va Jean-Claude Zadith? Nulle part, il semble figé, immobilisé empêtré dans le début des années 70 du siècle dernier, privé de toute capacité créatrice, incapable de susciter la moindre émotion. Un spectacle ennuyeux au possible, d’une immense platitude, à peine sauvé par « La Métamorphose » des cubains de la Cie Narcisco Medina.

 

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