Catégorie : Arts Plastiques

Louisa Marajo

 

Louisa Marajo

Elle n’a que 18 ans mais elle sait ce quelle veut. Louisa Marajo vient tout juste de passer son bac avec la mention « Bien ». Férue d’arts plastiques, elle part pour Saint-Etienne se perfectionner dans cette voie. Mais Louisa est aussi une grande athlète qui a remporté des médailles.

Il existe une école régionale d’arts plastiques à la Martinique. Alors pourquoi partir ? 

La première raison tient à mon besoin d’évasion, j’ai envie de rompre le cordon ombilical et me retrouver face à moi-même. Je veux avancer en eau profonde. Par ailleurs je crois beaucoup à l’adage qui dit que « Les voyages forment la jeunesse”. Ce sera pour moi l’occasion de voir d’autres horizons et de rencontrer d’autres types de personnes. Je veux vivre une expérience de solitude pour affronter la vie, le froid, bref d’autres réalités.

Et pourquoi avoir choisi Saint-Etienne plutôt qu’une autre grande ville de France ?

Au mois de mai, je suis partie pour passer plusieurs concours d’entrée aux écoles d’arts. J’ai réussi à trois d’entre elles sous réserve, bien entendu, de l’obtention du bac.

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« La Martinique vue du ciel » de Patrick Chamoiseau et Anne Chopin

— Par Roland Sabra —

Trésors cachés et patrimoine naturel de

C’était il y a vingt ans de cela Yann Arthus-Bertrand publiait son premier album de vues du ciel. C’était Venise en l’occurrence. Depuis le genre a fait florès et le livre le plus connu, le plus vendu est sans doute l’album publié en 2002, ré-édité plusieurs fois depuis et qui portait comme nom « La terre vue du ciel ». Trois millions d’exemplaires plus tard et en 24 langues s’il vous plaît, le concept a fait son chemin. Le célèbre photographe, journaliste, reporter, homme d’affaire et militant écologiste a en effet multiplié les publications. Pas sûr que la Martinique ait été à l’honneur. Peu importe, la chose a été faite puisque HC Editions édite ces jours-ci « Une Martinique vue du ciel », très précisément les « Trésors cachés et patrimoine naturel de la Martinique vue du ciel ». Les photos sont prises par Anne Chopin qui « shoote » son pays d’adoption depuis quinze ans et les commentaires, excusez du peu, sont de Patrick Chamoiseau.

Revenons un instant sur cette idée enrichissante, c’est un euphémisme, de prendre des photos en sur-plomb, dans la position dominante de la plongée, de la domination, de la verticalité, dans un éloignement, une mise à distance de ce que l’on photographie.

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Kanel Brosi : le triomphe de la mètis ou comment l’œuvre recèle l’intelligence de la ruse

« Les Passeurs » à la Villa Chanteclerc

 — Par Roland Sabra —

« Tout est déjà là Le présent, Le demain Les torts et les raisons Tout est déjà là

les grandes vérités

les espérances vides

la voix qui ne sait pas

qui l’entendra. »

Gianmaria Testa, « La valse d’un jour »

 

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 Au commencement était l’acte. L’acte de création. Elle ramasse des bois flottés, et elle y voit ce qu’aucun d’entre nous ne sait voir. Le sens est déjà là, dans les veines et la déveine de l’objet livré au sable. Kanel Brosi, en mobilisant la mètis des Grecs – ou intelligence de la ruse– engagée dans le devenir et l’acte de la création, trace un chemin de rencontres éblouissantes, au sens premier du terme, entre « Femmes » (titre de sa première exposition), et « Prophètes » (nom d’un projet en devenir). Dans cet entre-deux, elle nous offre les « Passeurs », si bien nommés, à la Villa Chanteclerc. Elle fait la « passe », comme l’écrit Lacan quand il s’agit de formaliser ce passage de l’analysant à l’analyste.

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Philippe Bourgade ou Comment photographier l’âme d’un peuple?

 — Par Roland Sabra —

Zaï mouillé.Elle lavait son linge et le voilà qui vient pour lui conter fleurette. Elle a sans doute cru qu’il était intéressé par ses talents de lavandière. Elle ne l’a pas très bien reçu.

Une superbe idée de cadeau : « L’Eau mémoire » de Philippe Bourgade

Il vous reçoit le jour de fermeture hebdomadaire de son exposition « Martinique des Mornes ». Il est venu pour vous parler de ce qui le tient debout, de ce qui lui donne sa verticalité, de son « objet petit a », si l’on peut en parler, dirait le psychanalyste. C’est d’une passion dont il est question, mais une passion tranquille, assurée, de celle qui donne sens à toute une vie, de celle qui donne l’impression de ne pas douter. Son chemin est celui-là, celui qui le fait gravir encore et encore les mornes de Martinique, de sa Martinique, à la recherche de ce qui serait son essence.

Il y a trois douzaines d’années de ça il est tombé amoureux d’un objet, un appareil photo. Le boîtier noir et son objectif, la densité de l’alliage du verre et du métal sous une forme compacte, le plaisir de le saisir, de l’avoir en main comme on a le plaisir d’avoir un vin en bouche, le poids de l’objet, l’impression de solidité et la fragilité des mécanismes qui le composent, l’objet comme un prolongement de soi, comme une pulsion, comme un concept à la limite du corps et de l’esprit.

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Fragmentations et résistances : Galerie JM’Arts

Venus noire

Créer une œuvre d’art visuel est un acte éminemment politique. Dans les enjeux de pouvoir, les images jouent aujourd’hui un rôle prépondérant. Pourtant elles se réduisent la plupart du temps à des écrans vides voilant le réel et représentant des visions appauvries, ponctuelles et limitées. Elles sont diffusées de telle manière qu’elles s’imposent, hypnotiques, paralysantes, dans l’intimité de chacun. Pour la première fois peut-être dans l’histoire humaine, elles envahissent le champ de vision, pléthoriques et aveuglantes illusions. Les outils permettant de les réaliser comme les logiciels informatiques et les appareils de toutes sortes, sont eux-mêmes conçus à partir de points de vue restreints sur le monde. Les images pourraient-elles remplacer le réel ? Il semble parfois que les experts en communication tentent de nous faire croire qu’elles en sont des représentations fidèles qui peuvent, elles, être consommées en toute sécurité. N’est-il pas étrange de constater que de nombreux individus semblent préférer la relation à l’image, à l’expérience sensible du réel ? Une véritable dictature de l’image asservit de plus en plus efficacement les imaginaires. Limitée et cadrée dans le rectangle de l’écran, elle s’impose au centre des champs de vision.

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Politique muséale : la location des œuvres d’art

— Par Michel Herland —

La publication dans Le Monde du 13 décembre 2006 d’un point de vue, de Françoise Cachin, Jean Clair et Roland Recht dénonçant la politique de location d’œuvre d’arts menée par le Louvre, a créé une sorte d’effervescence qui déborde désormais le monde des musées puisque la pétition de soutien au point de vue en question a déjà recueilli plus de 3000 signatures émanant des milieux les plus divers.

Les journaux ont largement fait écho à cette polémique, rappelé que deux des auteurs du point de vue, n’ont pas hésité eux-mêmes à monnayer les prêts des œuvres dont ils vaient la charge, la première en tant que responsable de la collection de l’Orangerie, le second comme directeur du musée Picasso. Au-delà de cette polémique, reste une question de fond posée par les trois auteurs qui considèrent que « l’utilisation commerciale des chefs d’œuvre du patrimoine national » serait moralement choquante.

De prime abord, on ne voit pas très bien ce que la morale vient faire là-dedans. La France – qui demeure la première ou la deuxième destination touristique mondiale – ne fait que cela : commercialiser son patrimoine, sans que personne y trouve à redire.

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La grande escroquerie du Palais de Tokyo

— par Michel Herland —

Le débat sur l’art contemporain fait déjà rage et l’on devrait sans doute se retenir d’y intervenir lorsqu’on ne possède pas les patentes et certifications reconnues dans un univers où l’on se retranche d’autant plus volontiers derrière l’élitisme esthétique que l’on est forcément conscient du regard goguenard de la majorité du public. Il y a des moments, néanmoins, où critiquer devient un devoir civique. Et l’exposition actuellement en cours au palais de Tokyo (à Paris, jusqu’au 14 janvier) est une telle caricature de ce que peut produire l’art ( ?) contemporain que l’on ne saurait passer outre au devoir d’indignation.

Pour les lecteurs qui ne seraient pas familiers avec cette forme d’expression artistique, il faut préciser qu’on n’attend pas des artistes contemporains qu’ils proposent du « beau ». Ou bien le beau en question ne peut être que le sous-produit, généralement non désiré, de la démarche de l’artiste. L’art contemporain se doit d’être troublant ; il s’agit de choquer (et bien souvent de choquer « le bourgeois »). Cet art prend le plus souvent la forme d’ « installations » : on confie à l’artiste une pièce ou une partie de pièce dans le musée, espace dans lequel il a la liberté de disposer dans l’ordre ou le désordre qui lui conviennent le mieux une série d’objets, parfois fabriqués pour la circonstance, parfois simplement rassemblés là et c’est alors de leur juxtaposition que doit naître la surprise, le trouble, puisque ce sont là les ressorts principaux de cette sorte d’art.

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Yves JEAN-FRANÇOIS

— Par Pierre Pinalie —

Dix ans après sa disparition, Yvon Jean-François, le peintre est toujours parmi nous par l’intensité de la vie qui émane de ses œuvres. Par la couleur ou le crayon noir, dans la racine de fougère ou la pierre ponce, et par l’intermédiaire de l’âme du bois, il nous a laissé un merveilleux sens de la vie et du plaisir de vivre. Et comment ne pas le rejoindre quand l’amour de la femme semble avoir guidé sa main dans le dessin et la sculpture faisant de chaque représentation du corps féminin un chant d’allégresse, voire un cantique ? C’est à chaque fois un hommage à celle qui nous met au monde en raison de la beauté que nous admirons et désirons forcément depuis l’aube de l’humanité.

Une forte sensualité, mystérieuse, quant à son origine, enrobe chaque création et renforce l’harmonie des formes sur les silhouettes qui ondulent ou somnolent au cœur des toiles ou des dessins. Soit elles offrent leurs courbes sous de légères étoffes, soit elles sont nues laissant apparaître l’harmonie de poitrines modestes ou de fessiers musclés.

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Hélénon, « lieux de peinture »

— Par Jean Marie-Louise —

 Dans un précédent livre consacré à l’œuvre de Serge Hélénon, Daniel Radford introduit sa contribution en ces termes : « L’œuvre d’art est-elle muette, qu’elle ait besoin d’un texte qui la renforce et qui l’anime ? Souvent le mot l’endort, l’anesthésie, fouille à côté et, par redondance, la tue. Rien n’est plus beau qu’une peinture qui se raconte toute seule car tel est son destin, et le risque du peintre. Le mot accapare son espace et, voulant la dévoiler, lui vole sons sens et invente un discours à partir de sa forme.»

Pourtant ayant constaté cela faut-il se priver de toute analyse ? Doit-on s’interdire de parler d’une œuvre sous prétexte qu’elle est irréductible au discours ? Évidemment non, répond Dominique Berthet, qui se livre dans cet autre et nouvel ouvrage à une investigation toute personnelle du travail d’Hélénon. Évidemment non. D’autant que l’œuvre si elle résiste au discours, paradoxalement l’encourage.

Le langage ne peut s’approprier totalement l’œuvre. Il échoue à vouloir la cerner. Entre le discours et le référent qui le motive et l’occasionne existe une distance.

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Serge Hélénon : une esthétique de l’inesthétique

— par Gerry L’Etang —

 

 Dans le beau livre, Hélénon Lieux de peinture, que nous offre Dominique Berthet, il est donné à voir une tendance essentielle de la démarche artistique de Serge Hélénon : une quête du beau à partir du dérisoire, une esthétique de l’inesthétique.

A partir de matériaux de récupération apparemment hétéroclites et improbables, Serge Hélénon s’attache à produire de l’harmonie, de l’émotion. D’abord en les associant, en les combinant, ensuite en les peignant.

Les éléments a partir desquels sont réalisés les assemblages : bois-caisse, clous, bouts de tissus, couvercles de boîtes de fer-blanc ou d’aluminium, poignées rouillées, etc., ne sont hétéroclites qu’en apparence. Car il y a un trait sémantique commun à tous ces objets : ce sont des éléments périphériques, généralement des contenants.

Ces œuvres trouvent leur modèle, leur référent, dans la construction bidonvillaire, d’où le concept “ d’expression-bidonville ” créé par l’artiste. La construction bidonvillaire est inspirée par la nécessité et par l’urgence, celle de se loger, de se construire un abri afin de résister aux intempéries, et aussi permettre la réunion, la survie de la famille, du foyer.

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Statues du Cap 110 de Laurent Valère : abolir le mal

Abolir le mal

— par Pierre Pinalie —

Statues de Laurent
Valère au Cap 110

Face au rocher-vaisseau du Diamant, stigmate dressé d’une ancienne puissance coloniale, quinze blanches silhouettes hurlent silencieusement leur appétit de respirer libres. Tournées vers la mer qui les a amenées, prisonnières, sur ces rivages, bien plantées dans la terre martiniquaise devenue la leur, elles clament la souffrance. La masse imposante de chacune d’elles, à l’image d’un totem, force l’espoir dans la revendication muette, exigence d’esclave qui ne tolère plus de ramper sous le joug. La tête inclinée vers le sol, le corps fiché dans le socle du malheur, chacune a laissé pendre ses bras jusqu’à ramasser la dignité en allée. Chacune s’apprête à rebondir hors du champ imposé par la volonté de l’Autre, parce qu’il n’est pas tolérable de demeurer attaché au sillon comme une bête de somme.

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« Les défis de la critique d’art » de Dominique Berthet

— Par Laurent Luquet

Comment s’y retrouver dans le foisonnement des discours de la critique autour de l’œuvre d’art ? Entre autres qualités, l’ouvrage de Dominique Berthet fournit à la fois les moyens d’une orientation et l’occasion d’un questionnement de la « relation particulière qu’entretient celui qui projette de parler d’une œuvre avec l’œuvre elle-même » (p. 7). N’hésitons pas à saluer d’emblée l’agencement du texte : l’auteur réussit le tour de force de présenter une progression à la fois historique et analytique. D’une part, trois grandes figures littéraires – Lessing, Diderot, Baudelaire – sont l’occasion d’une archéologie des enjeux de la critique d’art. Ensuite, dans un chapitre en épi, D. Berthet fait dialoguer les apports méthodologiques de Panofsky et Francastel. Enfin, après cette clé de voûte quasiment épistémologique, l’auteur termine l’autre partie de son cintre par trois chapitres résolument tournés vers la critique contemporaine. C’est dire que cet ouvrage présente une réelle architecture qui, dans sa composition même, jette un pont entre une tradition et notre contemporanéité.

Questions de méthode :

D. Berthet établit donc d’abord les principaux apports de Lessing à la critique d’art.

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Moi, Corps…

 

La vie nous l’impose quotidiennement puisque c’est en lui et par lui que nous sentons, désirons, agissons, exprimons, créons. Bien plus, toute autre réalisation vivante ne s’offre à nous que dans les formes concrètes et singulières d’un corps mobile, attrayant ou non, rassurant ou menaçant. Vivre en ce sens n’est pour chacun d’entre nous qu’assumer la condition charnelle d’un organisme dont les structures, les fonctions et les pouvoirs nous donnent accès au monde, nous ouvrent à la présence corporelle d’autrui.

Michel Bernard, Le corps, éditions du Seuil, Paris 1972, introduction, p.7
Isabelle de Maison Rouge, Mythologies personnelles, l’Art contemporain et l’intime, Editions Scala

 


Le corps à la première personne

Le corps féminin, objet du désir masculin, devient pour les femmes artistes objet d’attention et de réflexion. Elles s’interrogent sur leur identité culturelle, sexuelle, sociale ; elles doivent se positionner par rapport aux artistes masculins d’où le double questionnement de femme et d’artiste.

Trois générations de femmes se succèdent dans un travail sur la nature féminine. La première génération inaugure un travail plus violent sur le corps désexualisé et personnel au point de procéder parfois à des automutilations ou à des mises en scène de leur corps souffrant.

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acte en retour : Jean-François Boclé

 


Tout doit disparaître! 2004 Installation, 15 000 sacs plastiques, dimensions variables. Ekotechnické Museum Prague, République Tchèque

Mémoire anti-mémoire

pour une traversée dans l’oeuvre de l’artiste Jean-François Boclé

Est-ce que ce que je vois c’est quelque chose d’autre…

On nous a lâchés dans le monde et on nous a dit qu’il fallait trouver quelque chose. Nous ne savons pas où ? Nous ignorons quoi chercher. Nous demandons la réponse à ceux qui sont passés avant(1)

… C’est l’anti-mémoire…(2)

Si on considère l’artiste comme un être éminemment subversif, capable d’interroger ce qu’il est pour mieux s’en défaire et inventer de nouveau possible, il faut considérer que l’artiste Jean-François Boclé se positionne en tant qu’anthropologue capable de faire l’étude de l’espèce humaine de notre temps des points de vue anatomique, physiologique, phylogénique ; de faire l’étude des cultures des différentes collectivités humaines. Il se transforme alors en observateur des maux du monde. S’il tutoie le passé c’est pour mieux s’inscrire dans le présent. Il en sort des signes. Le déplacement peut commencer. Il réalise une synthèse du temps par possibilité de retour et de re-parcours, en même temps il instaure un désir de rencontre avec l’autre, notre ancêtre ou celui que l’on ne veut pas connaître ou reconnaître…

L’artiste donne à voir une installation complexe.

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Monique Mirabel : à corps et en corps

Les saisons de la vie

Les saisons de la vie Les poètes, les écrivains ont su magnifier les différents cycles de la vie. Mais comment les artistes plasticiens ont-ils pu les représenter ou les évoquer ? Ghirlandaio, dans son tableau Portrait d’un vieillard et d’un jeune homme, montre la jeunesse et la vieillesse. Rembrandt, lui, ponctue chaque moment essentiel de sa vie par des autoportraits et nous voyons dérouler, sous nos yeux, les changements effectués par le temps.

Gauguin nous donne une réponse au problème de la destinée en montrant côte à côte les différents âges de la vie, de l’enfant à la vieille femme dans D’où venons nous ? Que sommes nous ? Où allons nous ?

  • Cependant, Picasso, vieillissant, affrontant cet état nouveau, se représente soit dans des scènes burlesques et ironiques entouré de modèles – scènes déjà visibles dans ses dessins de jeunesse – soit accentuant ses défauts physiques. Bien différente est l’attitude d’Opalka qui, à chaque toile, joint une photographie témoignant de son vieillissement progressif, ainsi qu’un enregistrement de sa voix énumérant les chiffres qu’il peint.

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Demeurez, gai don !

— Par Jean Durosier Desrivières —
Je suis entré chez vous par effraction, par la porte d’une toile morcelée. Je suis entré chez vous comme un fou, en toute clandestinité. J’ai veillé avant la mort. C’était veille de carnaval, en plein carnaval, chez vous. J’ai traversé des yeux vos formes éloquentes qui me coupent silencieusement le regard ; vos couleurs ardentes qui me brûlent les cils ; vos visages inquiétants qui font peur à la peur. Et je me suis dit : ce grand bal masqué vous a saccagé l’âme. Ah Lam ! subtile présence en votre miroir, multicolore. A quelques traces de là, assaut à Picasso ! Et moi, debout chez vous, pris de vertige par les vestiges de votre fameux blues de bric et de broc : miracle !
Etait-ce l’ultime geste, Clément ? J’entends une note emplie d’infini, via une toile mise en relief, telle une étoile qui danse avec un totem étincelant dans les bras… Je vous découvre à peine, juste au seuil, ô créateur ! Et vous détalez… Non ! vous demeurez, gai don !

Jean Durosier Desrivières,
Enseignant (Collège du Carbet) et comédien haïtien.

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Femmes, je vous aime. A propos de Kanel Brosi et Brigitte Lamure

— Par Pierre Pinalie —
kanel_brosi_sculpturesC’est une profonde émotion que d’entrer dans la très belle et très lumineuse Galerie « Arts Pluriels », et d’y serpenter entre les saisissantes pièces réalisées par Kanel Brosi et Brigitte Lamure. Et c’est vrai qu’il est surprenant d’admirer, dans une permanente tension érotique, la ronde quasiment ininterrompue des formes joliment dessinées et des chairs élégamment façonnées des corps féminins, par deux femmes artistes. Dans les bois et les couleurs, à travers les protubérances et les cavités, c’est effectivement la femme qui est chantée, représentée et encensée par les mains magiques des deux sculptrices qui ont su, en récupérant de belles matières nobles comme le bois et en y ajoutant des pigments, nous offrir des symboles de beauté dans un émouvant ballet de statuettes, qui semblent danser dans le brun et l’amarante, dans le noir et dans l’incarnat.

Sources de Vie
Qu’elles soient dressées ou allongées, tendues ou offertes, les créatures qui se présentent à nos yeux comme elles tournoient dans nos phantasmes, nous offrent toutes les courbes enchanteresses dans les positions les plus voluptueusement variées.

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Julie BESSARD du 25 mai au 21 juin 2005

 

 

Mémoires- Installation 2004 paille et agrafes 6m X 4m

L’œuvre, le lieu, le public

Les Ombres Portées de Julie Bessard, entre dessin et sculpture, bousculent les catégories artistiques. Reflets de son monde intérieur, projections de son imaginaire secret, traces d’une absence, ces silhouettes abandonnées, masques, ailes, mandibules, corsets, cocons, chrysalides, insectes sont repeuplées par les phantasmes lovés dans les coulisses de l’inconscient.

Ces formes-signes sont de véritables dessins dans l’espace. Elles s’inscrivent dans le prolongement des contestations de la sculpture moderne apparues dans les années vingt et trente. Œuvres – processus plus qu’objets terminés, elles flottent, autonomes, en suspens et questionnent la notion de l’installation, de la relation de l’œuvre avec le lieu d’exposition et du partage d’un espace sensible avec le public. Cependant le génie du lieu n’est pas, comme pour la plupart des artistes qui pratiquent l’in-situ, la source inspiratrice de l’œuvre. Au contraire, l’architecture de l’œuvre s’impose au lieu, le crée en quelque sorte. Une multitude d’éléments fins installés rythmiquement ponctuent l’espace. Le matériau, de la paille de modiste, renforce la remise en question de ce que l’on considère traditionnellement comme l’objet sculptural.

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