Catégorie : Arts Plastiques

« Carambolages » : divertir et instruire

carambolages-0Carambolage (n.m) : terme du jeu de billard. Coup dans lequel la bille du joueur va toucher deux autres billes. fig. : coup double, ricochet.
185 œuvres d’art, issues d’époques, de styles et de pays différents, sont présentées dans un parcours conçu comme un jeu de dominos, où chaque œuvre induit la suivante par une association d’idées ou de formes. Les créations de Boucher, Giacometti, Rembrandt, Man Ray, Annette Messager et d’autres artistes anonymes dialoguent au sein d’un parcours ludique qui revisite notre approche traditionnelle de l’histoire de l’art.

Au Grand Palais, Carambolages fait se percuter 185 œuvres sans chronologie, date, ordre. Une expérience.

Qu’y a-t-il de commun entre Hitler, Churchill et Eisenhower? Gloria Freidmann : elle présente une série de reproductions de paysages peints par les trois premiers. En revanche, inutile de chercher des liens entre le tableau de Joseph Steib, charge contre le Führer, intitulé Le Conquérant (1942), et celui de François Boucher, La Jupe relevée (1742), où l’on voit les fesses d’une jeune fille.
Jeu de piste

Pourtant, ces rapprochements audacieux ont bel et bien lieu au Grand Palais, dans une exposition insolite, inhabituelle, dans laquelle se télescopent 185 œuvres disparates, présentées à la façon d’un véritable « jeu de piste ».

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La parité n’est pas encore une exception culturelle

— Par Magali Jauffret —
orlanContrairement aux idées reçues, et malgré les prises de conscience et recommandations, les métiers de l’art et de la culture sont gravement exposés aux inégalités de genre.

Voilà quelques années, l’exposition « Elles@centrepompidou » se dote d’un slogan qui sonne comme un aveu : « Au Centre Pompidou, les femmes représentent 17,7 % des artistes dans les collections. La nouvelle présentation leur est consacrée à 100 %. » Ce grand écart volontariste, peut-être même ghettoïsant – ça se discute – est pensé comme un rattrapage, après le scandale qu’a provoqué, quelque temps auparavant, en ce même lieu, « Dionysiac », dont les œuvres des femmes étaient absentes, alors que la commissaire de l’exposition était Christine Macel, conservatrice au Centre Pompidou, récemment nommée commissaire générale de la 57e Biennale de Venise.

Le pire, c’est que cette absence est théoriquement justifiée, dans le catalogue, par les propos aberrants et sexistes de l’artiste Jean-Marc Bustamante, lesquels n’ont pas empêché l’ex-ministre de la Culture, Fleur Pellerin, de le nommer, l’an dernier, à la tête des prestigieux Beaux-Arts de Paris, après en avoir évincé Nicolas Bourriaud.

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3 histoires de Belkis Ramirez

— Par Sophie Ravion d’Ingianni, Membre de l’Aica —

Le Tropiques-Atrium, scène nationale expose du 18 février au 19 mars dans la salle André Arsenec, trois œuvres de l’artiste de République Dominicaine, Belkis Ramirez. Avant de commenter cette exposition, j’ai envie de souligner qu’il y a derrière une personne, voire une personnalité, une femme toujours de bonne humeur, aimant rire, avec beaucoup d’humour et de bon sens, mais aussi manifestant de la rigueur. Je connais depuis quinze ans Belkis Ramirez, ayant vécu cinq années dans son pays, une magnifique île très contrastée, entre urbanisation et zone de nature exubérante, richesse et pauvreté, comme de nombreux endroits dans les Grandes Antilles.

Belkis a un long parcours fait de résistances, d’apports, de partages et de dons. Comme de nombreux artistes de la République Dominicaine, mais aussi de Cuba, elle expose fréquemment des œuvres qui relatent et s’inspirent des enjeux liés à l’histoire de son île, mais aussi de ses expériences en dehors de son pays. L’œuvre de Belkis Ramirez, que nous allons évoquer, traverse « au travers » d’une pratique plastique qui est essentielle pour elle, tout un registre de possibilités plastiques liant l’imaginaire à la réalité.

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« La Noosphère » : Margot Asphe expose à la CTM

margot_asphe-1Native du Périgord en 1958, Margot Asphe exerce plusieurs métiers comme : Conseillère matrimoniale à Antibes , ouvre sa boutique de  lingerie à Saint Barth, crée une ligne de vêtement «  Tryphase »  décore un piano bar  à Mallorque … à son arrivée en  2003 en Martinique, un accident,  lui confirme l’idée de consacrer toute son énergie dans l’art, elle donnera une identité à son langage et son style .

«Très tôt, dès 12 ans j’ai appris à voyager seule , toujours comme compagne, ma valise,  je suis partie à Saint Barth (7 ans), à Gran Canaria, Mallorque, Andalousie, Saint -Martin……

Déjà en quête d’un ailleurs, une force me poussait à m’envoler, sans savoir ou j’allais ni comment m’y prendre. Animée par le désir de donner un goût d’éternité à l’éphémère, Je suis une Nomade,  un funambule, qui aime l’errance intuitive. J’ai choisi la peinture comme un moyen de pénétrer cette force de vouloir saisir la trace de ce sentiment d’être . Sourde aux enseignements et aux désirs des experts de l’art, je dirige mon œil vers ma vie intérieure et l’oreille tendue, j’apprends à décoder mon questionnement sur le sens de la vie »

Démarche Artistique
Seul l’amour des hommes sauvera le monde .

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Merci pour ces moments

— Par Dégé —

moments_madrasIl ne pouvait pas exposer mieux ailleurs que dans ce lieu là : Le Vin l’Art et Vous,* derrière chez Azurel, au rond point Canal Cocotte de Ducos ! Un concept de magasin un peu nouveau mais qui nous rappelle un peu nos boutiques d’autrefois où l’on trouvait pain, pacotilles, casseroles, beurre en conserve, boutons de culottes, statues de la vierge, tableau de cerfs bramant dans les forêts de la lointaine Europe…Des nourritures terrestres, esthétiques et autres. Mais là, l’innovation est sobre, si j’ose dire : une galerie d’Art dans une cave à vins.

C’est donc au milieu des caisses de champagne, de rhum, de cidre, d’alcools divers qu’expose ISKIAS*. Il aligne le long des murs des dizaines de petits tableaux joyeux, plein d’humour, de fraîcheur, très colorés, fourmillant souvent de personnages, d’animaux, de détails…pittoresques ! C’est un vrai peintre, à la technique confirmée, à la manière et la thématique un peu vieillotte dans l’âme mais au charme fou. « Encore un petit Pinchon ? » On a envie, en contemplant les toiles, de trinquer avec ses bouteilles de Rhum perchée sur un guéridon de guingois… chaleur accablante, parasol…on rassasie sa soif.

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Vous avez dit Télémaque ?

— Par Selim Lander —

Infirmière de couleur, 2011 - CopieTélémaque, le fils d’Ulysse, bien sûr, qui ne le connaît ? Les amateurs d’art contemporain penseront plus volontiers à Hervé Télémaque, né à Port-au-Prince le 5 novembre 1937. Ce peintre a fait l’objet, l’année dernière, d’une grande exposition rétrospective d’abord au Centre Pompidou, à Paris, puis au musée Cantini, à Marseille. Il est exposé en ce moment au François.

A côté de l’État qui doit jouer son rôle dans la diffusion la plus large possible de la culture artistique, le rôle des mécènes privés demeure primordial. On sait en effet que l’art officiel n’est pas toujours le plus intéressant ni le plus original, qu’il a besoin de l’aiguillon des amateurs pour finir par intégrer les artistes les plus novateurs. La Martinique a la chance d’abriter la Fondation Clément. Dans le domaine des arts plastiques, celle-ci se voue principalement à faire connaître les créateurs caribéens, à commencer par ceux œuvrant dans notre île où, dans ce domaine comme en littérature, les talents ne font pas défaut[i]. Elle peut inviter également des artistes d’ailleurs, comme lors de l’exposition « Pigments » qui accueillit les Guyanais, en 2013[ii].

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Les Palimpsestes de Valérie John

— Par Selim Lander —

Valérie John - CopieLe premier contact avec le travail de Valérie John est déroutant. Ces grandes bandes verticales un peu gondolées, surchargées de noir, apparemment vernies, qui pendent du plafond ou courent sur les cimaises, de quoi sont-elles faites et que signifient-elles ? On s’approche et l’on commence à distinguer des détails. Ce que l’on a sous les yeux, ce n’est pas tout-à-fait de la peinture, en tout cas pas ce que l’on entend par là habituellement : des coups de brosse sur de la toile ou du carton. Il y a du relief dans ces surfaces, suffisamment pour graver des motifs qui se répètent du haut en bas de l’œuvre, souvent inspirés des pétroglyphes et des poteries des Indiens caraïbes, les premiers habitants de la Martinique, visages très stylisés, cercles concentriques. On remarque aussi un quadrillage, en croyant y voir encore un motif décoratif alors qu’il s’agit de toute autre chose : de la matière même de l’œuvre qui se constitue, qui s’élabore en même temps que l’œuvre elle-même.

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Dominique Berthet : critique d’art et/ou mentor ?

Présentation de « 40 entretiens d’artistes (Martinique – Guadeloupe)« 

dominique_berthet— Par Roland Sabra —

Deux événements sont à l’origine des quelques remarques éparses ci-après exposées. En premier lieu l’ édition de la reprise d’une quarantaine d’entretiens parus initialement dans la revue de Dominique Berthet Recherches en Esthétique et en second lieu la soirée Rencontres pour les lendemains organisée autour de l’artiste martiniquais Ernest Breleur. La lecture de l’entretien inaugural de la re-publication des 40 entretiens est une interview d’Ernest Breleur par Dominique Berthet réalisée en avril 1996. Les différentes périodes qui ont ponctué l’oeuvre de l’artiste jusqu’à ce moment de son parcours sont évoquées en termes de ruptures et de continuité avec un questionnement général sur le sens de l’œuvre, de la vie, de la mort et de la résurrection. Questions posées sur un au-delà du travail d’un artiste particulier et qui contribuaient à la création d’un espace d’intimité entre l’intervieweur et l’intervieweur. Un an plus tard, en août 1997 un second entretien venait confirmer cette intuition. Les questions sont un peu plus longues, un peu plus précises et surtout l’entretien se termine par une interrogation sur l’engagement de l’artiste et la place du critique d’art, celle -ci formulée de façon on ne peut plus directe : « Abordons la question du critique d’art.

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« On a des fenètres » la photographie en liberté

— Par Christian Antourel —
chailley_photo-3Le titre de cette exposition le dit sans ambages c’est bien des fenêtres que l’œil découvre une liberté de voir. Ces deux là photographient avec les yeux d’hommes épris et ceci transparait dans leurs clichés. Visiblement c’est là que se jouent la sensualité et la vulnérabilité de ces images. Le portrait est beau, à la fois classique et moderne. Il laisse l’imagination s’envoler.

Ce que l’on perçoit au travers de ces images, c’est une honnêteté, une vision qui ne dégrade, ni ne sanctifie les lieux ni les gestes créatifs. Mais simplement les rend réelles, loin des leurres et des faux-semblants de l’imagerie plasticienne. Burrichango & Piego ont fait ensemble l’école de la rue à Montréal à Hochelaga, quartier populaire par excellence, nid de l’art urbain et depuis, semblent avoir développé une identité artistique, une sensibilité gémellaire a moins qu’ils ne soient frères siamois dans leurs expositions. Les frontières existent mais évoluent discrètement à travers les temps, les lieux et les contingences. Et au final leurs œuvres affichent un aspect très « pro » Un univers baroque et décalé où chacun joue un rôle.

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A la galerie Tout Koulé « Louise, Jeanne, Camille et les autres »

— Par Christian Antourel  & Ysa de Saint-Auret —

femme_aux_tissusClarisse Bagoé Dubosq propose un surgissement polychrome où la ligne émerge de la couleur, déjouant ainsi le piège de l’abstraction entière, à travers une œuvre spontanée. « Mes personnages se devinent et se découvrent en fonction de l’imaginaire, ces femmes de la vie, droites et fières qui avancent sans se retourner, souvent seules, souvent secrètes, toujours dignes. Elles me plaisent et l’aime les imaginer comme cela »
C’est du fond de son petit atelier, que l’on devine douillet, que l’artiste nous raconte des histoires habitées de femmes éternelles, via le langage universel de la peinture. Peut- être faut-il rechercher dans son enfance cette propension à peindre des femmes. Issue d’un milieu familial significatif, il s’y est développé une solidarité féminine très prégnante, revue dans une vision contemporaine Au fil de notre promenade picturale émergent ses personnages énigmatiques, communément étranges dans leur diversité. Son approche de la peinture est « intimiste, sans modèle, sans dessin préalable..» et passe par « une ébauche au pinceau ou au couteau de quelques lignes de composition, silhouettes, simples formes abstraites, formes surgies… d’un prétendu hasard »Dans son travail Clarisse sait évacuer les détails d’une figuration trop marquée et œuvrer par taches de couleurs, de lumière, de formes non-rationnelles.

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Le grand gâchis des politiques culturelles

Six ministres de la Culture en dix ans ! Peut-on faire subir aux arts, aux artistes et à notre patrimoine pire avanie ? L’ex-ministre Jean-Jacques Aillagon s’inquiète.

— Par Jean-Jacques Aillagon —

ministres_cultureLa République française consomme ses ministres de la Culture comme Henri VIII consommait ses épouses. Rien qu’au cours de la dernière décennie, ce sont six personnalités qui auront franchi le seuil de la Rue de Valois, dont trois pour le seul quinquennat, pas encore achevé, de François Hollande. Quelle volatilité ! Quelle fragilité ! Peut-être, aussi, quelle désinvolture à l’égard d’une fonction que la République, toutes tendances confondues, fait mine de révérer mais tient, de fait, en médiocre estime, comme si elle n’était, dans le fond, qu’un élément un peu obligé du décor politique. S’est-on interrogé sérieusement sur la possibilité de mettre en œuvre, dans de telles conditions, une véritable politique culturelle alors que celle-ci, comme toutes les politiques publiques, a besoin de perspectives et de temps pour atteindre de véritables résultats. Cela signifie-t-il que l’on n’attend plus rien d’effectif de ce ministère, sinon d’être une sorte de ministère des Relations publiques culturelles, un ministère pour cultiver de bonnes relations avec le « monde de la culture » dont on aime la compagnie et redoute les colères, un ministère pour préparer les comités de soutien des élections suivantes ?

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Du Moule… au monde. Pari gagné pour L’Artocarpe qui part à Miami au Pérez Art Museum!

Quand une modeste structure d’artistes s’affirme sur l’international.

Exposition de Sébastien Mehal à la Fondation Clément, Martinique, Avril 2015. Après une résidence à L’Artocarpe, le projet de l’artiste martiniquais a été accepté par cet important espace d’art sur l’île soeur. L’artiste est représenté aujourd’hui par quatre galeries.

L’Artocarpe est invitée aux Etats-Unis, du 19 au 21 février 2016, à témoigner de ses 7 années d’expérience au service des artistes.
Le Pérez Art Museum de Miami (PAMM) -une institution aussi imposante que le CentreGeorges Pompidou-a sélectionné s’est tenue en Martinique en Janvier 2016. plusieurs initiatives d’artistes de la Caraïbe, dont les actions sont jugées innovantes et exemplaires. Le but est d’amener ces organisations, durant trois jours, à faire le point sur leur parcours, d’échanger entre elles et de renforcer leur réseau en vue de dégager de possibles opportunités futures, favorables à toutes.

Le PAMM -réinstallé depuis 2013 en plein coeur de la ville-permet à L’Artocarpe de confirmer ce qui était initialement un pari: celui de permettre aux artistes professionnels de nos îles, d’avoir une meilleure visibilité et d’être reprérés par des instances extérieures, à travers une plateforme qui les fait rayonner sur l’internationale et leur procure plus de crédibilité.

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Fleur Pellerin, le rendez-vous manqué avec le monde de la Culture

fleur_pellerinFleur Pellerin quitte le ministère de la Culture sans avoir réussi à modifier une réputation de technocrate héritée de son passage par le Commerce extérieur et l’Economie numérique, renforcée par des déclarations maladroites.

Cette bosseuse au parcours sans faute, diplômée de Sciences-Po, de l’Ena et de l’Essec a pourtant réussi à stopper l’hémorragie du budget de la Culture, en baisse sous le mandat d’Aurélie Filippetti.

Les crédits de son ministère se sont stabilisés en 2015 et affichent une hausse de 2,7% pour 2016.

L’une de ses principales décisions aura été de relever fortement le crédit d’impôt pour le cinéma, qui a permis début 2016 de faire revenir en France des tournages de films français et de séries qui avaient tendance à se délocaliser.

Elle peut aussi revendiquer l’inscription de la liberté de création dans le projet de loi « Création et patrimoine », encore devant le Parlement.

Elle a, d’autre part, obtenu un accord au sein de la filière musicale pour une « juste répartition » des revenus issus du numérique, même si, là encore, le mise en oeuvre opérationnelle pose encore des questions.

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La Fondation Clément, à l’avant-garde de la préservation du patrimoine Martiniquais.

fondation_clement-1Le Groupe Bernard Hayot (GBH) s’est investi dans la conservation et la valorisation du patrimoine architectural de la Martinique dès le milieu des années 80. La Fondation Clément est née au fil des actions de mécénat culturel et des actions de patrimonialisation, initiées au sein de l’habitation du même nom. La Fondation Clément en mettant le secteur marchand au service du patrimoine architectural et culturel de la Martinique joue sur le plan local, un rôle novateur de conservation des richesses historiques et artistiques de l’île. Ses actions se caractérisent par la volonté de mise en valeur des typicités culturelles de la Martinique. A l’occasion des dernières journées du patrimoine, nous avions rencontré Florent Plasse en charge de la gestion du patrimoine, de la conservation des collections documentaires et d’œuvres d’art et de la coordination des travaux de restauration des bâtiments patrimoniaux de GBH, pour la Fondation Clément.

 

Interview de Florent Plasse par Nathalie Laulé

Antilla : Que signifie la notion de patrimoine ?

Florent Plasse : Le patrimoine est l’ensemble des biens matériels et immatériels porteurs d’une valeur culturelle qu’une société choisit de conserver et de transmettre aux générations futures.

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Jérémie Paul, « Opaline et Väyou »

Galerie Maëlle, Paris, du 8 janvier au 6 février 2016

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— Par Scralett Jesus —

«Une errance enracinée »
«Le monde est grand mais en nous il est profond comme la mer».
Rainer Maria RILKE.
« L’imagination crée à l’homme des Indes toujours suscitées »1
Édouard GLISSANT

 

Les origines guadeloupéennes, et donc multiples comme tout Créole, de Jérémie PAUL peuvent-elles expliquer la singularité d’une démarche artistique prenant appui sur les notions d’hybridité et de métissage ? Comme le faisaient les Surréalistes, il tend à provoquer des rencontres fortuites entre des lieux, des cultures et des mouvements artistiques très éloignés les uns des autres. Pour que, de ce choc surgisse l’imprévu et, avec lui, une ouverture possible sur l’opacité du monde.

C’est, visiblement, à partir d’une recréation poétique de l’Espace que l’exposition s’organise. D’un espace clos et urbain, limité à ses 23 m2, situé dans le quartier multiracial de Belleville, la Galerie Maëlle, Jérémie PAUL va donner une représentation du Tout-Monde. Un Tout-Monde qui se réclame d’Edouard GLISSANT et qu’il place délibérément sous le signe de la Relation.

Le Tout-Monde qu’il s’agit de recréer renvoie à une géopolitique « archipelique » figurant un continent morcelé et comme démembré, celui d’une Caraïbe qu’entoure de toute part la mer.

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Le caricaturiste ARES remporte le prix de caricature politique des Nations-Unies

— Par Adan Iglesias —

aresAprès le terrible attentat à l’hebdomadaire français Charlie Hebdo au début de 2015, de nombreux caricaturistes se sont solidarisés avec les collègues assassinés et, en signe de soutien, ont envoyé leurs œuvres à plusieurs médias du monde entier.

Le Cubain Aristídes Hernández (ARES), comme tant d’autres, a fait son interprétation des tragiques événements et a dessiné un fanatique terroriste en train d’égorger un crayon. Pour contribuer à la dénonciation de l’assassinat, ARES a envoyé son œuvre à des médias européens comme Courrier International, Punto Final, 360 Grados Press, ​​Le Monde, FECO News, et les sites cubains Dedeté et Cubasí.

L’Organisation des Nations Unies, qui convoque chaque année au Prix Ranan Lurie de caricature politique afin de promouvoir les œuvres réalisées en un an et de représenter l’esprit de cette organisation, a décidé de récompenser ARES, vice-président de l’Union nationale des Écrivains et Artistes de Cuba (UNEAC), par la synthèse émouvante de son dessin.

Le premier prix obtenu par ARES est suivi par le brésilien Raimundo Rucke (deuxième prix) et par l’étasunien Mike Luckovich (troisième).

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CUBARTE 20.01.2016

cubarte

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Combo, street artist engagé.

coexisteEn commémoration des grandes marches républicaines de janvier 2015, l’Institut du monde arabe accueille Combo, street artist engagé.

En janvier dernier déjà, Combo avait donné rendez-vous aux Parisiens devant l’IMA afin de diffuser des centaines d’affiches portant le mot « Coexist » et prônant la paix et la tolérance entre les religions. Cette campagne s’inspirait de celle de l’artiste polonais Piotr Mlodozeniec, lancée en 2001 à Jérusalem. A la clé, une même volonté de résistance populaire et pacifique au joug de l’extrémisme religieux.

L’exposition présentée à l’IMA poursuit ce dialogue. En confrontant les images ou en les détournant, Combo interroge le spectateur sur des idées reçues qui mettent en péril le « vivre ensemble » et enveniment le débat sur la laïcité.

Peinture, dessin, photographie et installation constituent la matière de cette manifestation qui se déroulera également hors les murs : dans la rue, ainsi que dans l’atelier de l’artiste qui sera pour la première fois ouvert au public.

Linda N’Guyen, commissaire de l’exposition

Combo : ou l’art de détourner les icônes dans la rue

— Par Sabrina Silamo Publié le 07/01/2016 sur Télérama —

coexiste-2Il est l’auteur des affiches “CoeXisT”, sur lesquelles cohabitent un croissant, une étoile et une croix… Ce qui lui a valu d’être agressé peu après les attentats contre “Charlie Hebdo” et d’être exposé aujourd’hui à l’Institut du monde arabe.

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Dominique Berthet : « 40 entretiens d’artistes. Martinique, Guadeloupe »

berthet_40_entretiens-1Les 40 entretiens d’artistes contemporains de Martinique et de Guadeloupe rassemblés dans ces deux volumes ont été publiés dans un premier temps dans la revue Recherches en Esthétique, entre 1996 et 2014. Les artistes s’y dévoilent, donnent des informations importantes permettant de mieux comprendre leur démarche, les raisons de leurs choix artistiques et esthétiques. Ces témoignages informent sur leurs motivations, leurs préoccupations, leurs croyances, leurs aspirations, cela sur le mode d’un dialogue stimulant, ouvert, instructif et éclairant.
Ces entretiens attestent de la diversité des pratiques, des démarches, des supports et des médiums utilisés, mais également de préoccupations communes. L’art des Antilles se caractérise-t-il par un certain nombre d’aspects spécifiques ? Est-il identifiable comme tel ? Ces entretiens apportent des réponses et des éclairages sur ces questions.
Le premier tome rassemble les entretiens publiés entre 1996 et 1999. Ils constituent une première série de témoignages inédits. Les thématiques traitées sont : « Appropriation » (1996), « La critique » (1997), « Trace(s) » (1998), « Hybridation, métissage, mélange des arts » (1999). Tout en présentant leur travail et leur démarche, les artistes expliquent ce en quoi ces notions les concernent.

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Les estampes fantastiques du XIXe siècle

— Par Lucie Servin —
kuniyoshiFantastique ! Le Petit Palais présente jusqu’au 17 janvier, à Paris, une double exposition d’estampes 
sur le Japon de Kuniyoshi et la France du noir. Une visite en deux temps.
Le succès commercial de l’estampe au XIXe siècle, soutenu par les progrès techniques et industriels, fait exploser la production aussi bien au Japon qu’en Europe. Les images se démocratisent. Le Petit Palais, à Paris, s’en fait l’écho avec une grande exposition qui présente, en parallèle, les œuvres en couleurs de Kuniyoshi et les variations sur le noir de Goya à Redon. Kuniyoshi est considéré au Japon comme un des grands maîtres des ukiyo-e (gravures sur bois) au même titre qu’Utamaro, Hokusai et Hiroshige. La commercialisation des estampes japonaises amène en France la mode du « japonisme », mais l’intérêt des artistes français se porte surtout sur le traitement des paysages ou des scènes du quotidien. À l’époque d’Utagawa Kuniyoshi (1797-1861), la ville d’Edo (Tokyo) compte déjà plus d’un million d’habitants et abrite de nombreux divertissements populaires, spectacles de toutes sortes, comme le théâtre du kabuki ou les combats de sumos.

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2016: Douze rendez-vous pour la culture africaine

— Par Siegfried Forster —

afrique_2016Au théâtre, au cinéma, dans la littérature, la photographie ou les arts plastiques, quels seront les rendez-vous incontournables de la culture africaine en 2016 ? Douze propositions pour les douze mois à venir.

Janvier
Après Rwanda, la vie après, des Belges Benoît Dervaux et André Versaille, après Between Rings, un documentaire de Salla Sorri et Jessie Chisi sur la boxeuse zambienne Esther Phiri, quel sera le regard porté sur l’Afrique et le regard de cinéastes africains sur le monde lors du Festival international de programmes audiovisuels (FIPA) à Biarritz ? Réponse entre le 19 et le 24 janvier, à la 29e édition du seul festival international défendant tous les genres de la création audiovisuelle. 

Février
Le danseur et chorégraphe franco-algérien Abou Lagraa continue la tournée de sa nouvelle création « Le Cantique des Cantiques » le 19 février au Théâtre Jean Vilar, à Vitry-sur-Seine. Une suite de poèmes et de chants d’amour, interprétée par six danseurs et deux comédiennes.

Mars
Le photographe malien Seydou Keïta (1921-2001), considéré comme l’un des plus grands photographes du XXe siècle, sera à l’affiche du Grand Palais, à Paris.

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KhoKho à DaKar : AneKdotes…

— Par Dégé —

khokho_corailIl est déjà entré dans la légende notre Khokho. On ne compte plus le nombre de témoins ayant participé à ses beuveries ou ayant payé d’un verre de rhum une de ses toiles. Lui aurait pu répondre que, certes bon buveur, il n’était victime que des vapeurs de White Spirit ou autres produits d’expérimentations.
Rétablissons sa vérité : KhoKho est victime de ses recherches techniques et non pas de Saint-Etienne (comme son portrait, « Le visage de l’authenticité », sur l’affiche publicitaire du dit rhum pourrait le faire croire.).
Il connaissait la valeur de ses œuvres qu’il ne monnayait pas : il pouvait les donner mais non pas les vendre au rabais à un acheteur mesquin. Il ne brade pas et on ne spécule pas non plus sur son dos. Un Seigneur de légende…
Donc en remerciement à Césaire, Le président Léopold Sédar Senghor invite à son tour des artistes martiniquais à retrouver leurs racines au Sénégal. Le Conseil Général offre les  billets d’avion aller et KhoKho débarque à Dakar, en 1977, avec une quantité impressionnante de ses œuvres.

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La revanche de l’art contemporain africain

— Par Marie-Anne Kleiber —

Oubliés à la Fiac mais présents à Venise, les artistes contemporains africains ont le vent en poupe et font parler d’eux, notamment à la fondation Cartier avec l’exposition « Beauté Congo ».
Tôt ou tard, le monde changera. C’est le titre d’un grand tableau de Monsengo Shula, exposé à la fondation Cartier, à Paris. Le peintre congolais a réalisé une métaphore « de l’Afrique qui va émerger, peut-être pas tout de suite, mais elle va émerger ».

Le peintre congolais fait partie des artistes kinois présentés à la fondation, dans la très jubilatoire exposition « Beauté Congo » (1926-2015). L’événement a attiré plus de 110.000 visiteurs depuis cet été. En raison de son succès, il a été prolongé de deux mois. « Ce monument historique, esthétique et politique », selon le commissaire d’exposition, le galeriste et expert André Magnin, devrait marquer les esprits, comme l’ont fait « Les Magiciens de la Terre » au Centre Pompidou, en 1989, le sculpteur Ousmane Sow sur le pont des Arts en 1999, ou en 2005 à Beaubourg, « Africa Remix ».

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Steek et Tatane à la Galerie T§T de Jarry, deux jeunes graffeurs entre quatre murs

— Par Scralett Jesus —

Scarlett 10BD« Depuis longtemps je me vantais de posséder tous les paysages possibles et trouvais dérisoire les célébrités de la peinture et de la poésie moderne.
J’aimais les peintures idiotes, dessus de portes, toiles de saltimbanques, enluminures populaires… ».
Arthur Rimbaud, Poésies, « Alchimie du Verbe ».

 

Les Arawaks gravaient des pierres sans prétendre faire œuvre d’art.
Les graffeurs d’aujourd’hui bombent le béton des murs de nos villes et se voient parallèlement invités dans des galeries d’art.
Initialement illégal et contestataire, ce mode d’expression avait surgi au sein d’autres pratiques culturelles issues de la rue, le hip-hop et le rap. Existerait-il un mur entre deux pratiques apparemment antagonistes opposant la rue et la galerie ? Ce n’est pas simple car l’artiste reconnu et adulé est souvent, à l’origine, un marginal, un révolté, perçu comme un « troublion », synonyme de voyou. A l’image du poète Rimbaud dont le propos se démarquait déjà du Beau et du bon goût dont se réclamait l’Art à son époque. Aujourd’hui l’art contemporain intègre résolument ce qui, longtemps taxé de mauvais goût et relevant d’une contre culture, était considéré comme du non art.

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Street-art : à Aubervilliers, une exposition en plein air pour la défense de la planète

cop21_street_artÀ l’occasion de la COP21, des street-artists ont investi la station de métro Fort d’Aubervilliers sous l’égide de l’association Art en Ville. Objectif : sensibiliser la population sur l’état d’urgence climatique.

Quand l’art se met au service de la planète. Alors que la COP21 s’achève le 11 décembre à Paris, la station de métro Fort d’Aubervilliers (93) est devenu le repère de street-artists engagés.

Sous l’égide de l’association Art en Ville et de son fondateur Olivier Landes, sept graffeurs exposent des œuvres sur le thème de l’écologie. Si certains artistes ont utilisé les abris bus en guise de support, d’autres ont préféré dessiner à même le sol, à l’image de Michael Beerens. Ce street-artist de 31 ans a choisi comme sujet l’océan et a imaginé, à quelques mètres de la sortie du métro, un gigantesque cercle bleu rempli de poissons.

Quelques mètres plus loin, le collectif EvazéSir a peint sur l’un des abri bus une femme cultivant son jardin, avec pour ambition de soutenir l’agriculture solidaire et responsable. Sur un autre, le street-artist Steve Pitocco a dessiné des oiseaux resplendissants de couleurs.

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Yves Marie de Malleray expose à l’Habitation du Simon

— Par Selim Lander —

dans-les-cannes-246x300Yves Marie de Malleray est un peintre et graveur délicat. Ses tableaux représentent des paysages de nature sous des cieux chargés de nuages, de sombres mornes qui tombent dans une mer aux reflets vert émeraude, des oiseaux de nos îles, quelques animaux de la savane africaine.

Chez cet artiste, la précision du dessin et du pinceau n’empêche pas mais contribue plutôt à créer dans nombre de ses toiles, même – ou plutôt surtout – lorsqu’il peint des paysages familiers, une atmosphère onirique. Etroitement fidèle à la réalité, il n’invente pas moins un autre monde, situé ailleurs, peut-être sur une autre planète demeurée à l’état sauvage. Cela tient surtout à l’éclairage, pour les marines, à une attitude ou un regard lorsqu’il peint un oiseau. Il y a également de l’orientalisme dans certains de ses grands formats et cela est moins dû au motif, parfois ouvertement oriental, qu’à une manière qui évoque alors directement l’art de l’ancienne Perse.

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