Catégorie : Arts Plastiques

Le Quai Branly, l’altérité et le miroir de soi

— Par Lucie Servin —

branly-quaiAvec en moyenne près de 1,4 million de visiteurs par an, le Quai Branly est né de la fusion du Musée national des arts d’Afrique et d’Océanie et des collections ethnographiques du musée de l’Homme. La façade végétale conçue par le botaniste Patrick Blanc se prolonge par un mur de verre qui fait barrage à la circulation des quais de Seine.
Photo : Luc Boegly/Musée Quai Branly

Le musée fête ses dix ans. Il est aujourd’hui rebaptisé en hommage à Jacques Chirac, à l’occasion d’une exposition qui lui est consacrée.

Après le centre Georges-Pompidou ou la bibliothèque François-Mitterrand, le nom de Jacques Chirac s’accole au musée du Quai Branly. La tradition du président mécène peut faire sourire, elle s’inscrit dans la lignée des pouvoirs qui utilisent l’art et la culture pour affirmer leur magnificence et redorer leur image. Né de la fusion du Musée national des arts d’Afrique et d’Océanie (Mnaao) et des collections ethnographiques du musée de l’Homme, le nouveau musée a mobilisé pour sa construction 235 millions d’euros, selon les chiffres rendus publics, sans compter les acquisitions et les frais de fonctionnement.

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Breleur total !

Arpenteur des ombres et servant de l’éclat

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— Par Patrick Chamoiseau —

Dans la vie d’un artiste, une exposition n’est jamais quelque chose d’anodin. Ce n’est pas seulement une circonstance où il se montre à son public, et partage le degré de questionnement auquel il est parvenu. C’est surtout l’instant où, d’une certaine manière, l’œuvre s’éloigne du créateur et commence à vivre, loin de lui, une vie autonome, dans ce que Saint John Perse appelait un grand « verger d’éclairs ».

Avec nos amis, nous avons toujours essayé de ritualiser le moment du décrochage. Il est pour nous bien plus important que celui du vernissage. Après l’exposition, le cordon ombilical achève de se rompre, l’œuvre se retrouve pour ainsi dire « lâchée » comme on le ferait d’un animal sauvage. Elle commence non pas une vie décidée par l’artiste, mais véritablement un marronnage dans la matière du monde, tout comme une extension imprévisible dans les consciences et les imaginaires qu’elle a pu confronter. Il est précieux pour un créateur de voir le sillage de ce qu’il a créé. Quand l’œuvre est considérable, ce sillage est tissé d’effervescences, de déclenchements, de germinations, d’émergences de toutes sortes.

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« Martinique des mornes » par Philippe Bourgade

Archiver la tendresse…

— Par Raphaël Confiant

Il y a d’abord cette rondeur maternelle, l’impression d’être en permanence sous mille regards bienveillants et à mesure-à mesure que l’on suit la montée de la trace, entre goyaviers sauvages et halliers aux noms inconnus, la certitude d’être vivant, là, au beau mitan du pays.

Le Morne est donc éternité impassible.

Il charroie avec allégresse – ô têtue ! – des fragments de lumière, des éclats argentés et tout un scintillement infini que capte miraculeusement l’objectif de Philippe Bourgade. Ce sont rigoles, ravines, torrents, rivières, tout ce qui nous ramène au royaume enchanté de l’enfance. Fugacement. La lessivière au bord de l’eau, accroupie dans l’eau, devient négresse féerique. Elle invente un chanter muet, des gestes qui subjuguent l’homme revenant de son jardin créole. Et lui de kokiyé les yeux de tendresse.

Car l’entre-jambes de la négresse, assise sur une roche, n’est point du tout obscène, pas plus que n’est hilarante la traversée, bas du pantalon relevé et jupe remontée, du couple de vieux-corps, qui brave les gués faussement calmes pour s’en aller prier à l’église.

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Denis Ninine , quésaco « ECHO » ?

Exposition à la médiathèque du Lamentin, Guadeloupe, du 13 au 28 mai 2016.

—Par Scarlett Jesus —
Le contexte artistique :
Ils sont artistes et jeunes. Ils sont passés par une Ecole d’Art, sont bourrés de talent et s’inscrivent, au sein de la jeune génération de plasticiens de Guadeloupe, dans un courant qualifié d’urban pop.
« Ils » ? Ce sont Ronald Cyrille, Samuel Gelas et Denis Ninine, lequel expose pour la première fois à la médiathèque du Lamentin, en ce joli mois de mai, alors que la rue se fait l’écho de revendications sociales. Tous trois vivent résolument dans un présent qu’ils jugent chaotique, rêvant d’un futur qui reste à inventer.
Publié sur le site d’AICA Caraïbe du Sud le 5 mai 2015, Dominique Brebion, depuis la Martinique, écrivait, dans un article intitulé « La Caraïbe à l’heure du digital » : « La création plastique emprunte désormais deux voies inédites, celle du Street art et celle de l’art digital. » Matilde dos Santos ne disait d’ailleurs pas autre chose, deux mois auparavant, lors d’une conférence du CEREAP donnée le 17 mars 2015, même si elle privilégiait les seuls arts de la rue : « Le graffiti et le street art sont les deux versants majeurs d’un art urbain en pleine expansion ».

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Philippe Alexandre au 14°N 61°W – 14 Mai – 25 Juin 2016

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Philippe ALEXANDRE
Achromatopsie
14 Mai – 25 Juin 2016
caryl* ivrisse-crochemar & [creative renegades society] ont le plaisir de vous présenter l’exposition de l’artiste Philippe Alexandre. L’exposition intitulée “Achromatopsie” est la première présentation individuelle de l’artisteen Martinique et sera présentée à l’espace d’art contemporain 14°N 61°W du 14 Mai au25 Juin 2016.
La vie psychique de Philippe Alexandre n’est pas organisée par des mots mais par des images archétypales, des prototypes, des réalités perceptibles du monde. Ces images peuvent se concevoir comme des séquences de quelques secondes qu’il collecte,rassemble et défini sous le terme de photogramme mental. Ces images, ces séquences sont sans aucun doute issues de sa mémoire intime mais elles sont déformées par un probable inconscient collectif qui pollue sa psyché.
Ce concept engendre l’idée d’une certaine inauthenticité de l’existence vécue et renvoie à l’hypothèse de l’existence d’une image initiale synthétique totalisante qui s’impose à l’artiste de manière violente. Est-il donc aliéné? Pour répondre à cette question fondamentale, sa recherche artistique se développe alors sous la forme d’une quête de cette mémoire supposée authentique, cette mémoire originelle, issue d’un réel qui semble lui échapper.

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François Piquet : possibles réparations

— Par Scarlett JESUS —

La pratique d’un artiste est forcément ancrée sur le lieu dans lequel il vit et travaille. François Piquet a fait sienne la culture de la Guadeloupe dont il nourrit ses œuvres, creusant, au fil des ans, une approche dont témoignent les titres de séries, telles que  « Les Archipels du moi » ou encore « Jean de souche ». Une immersion au sein de laquelle il conserve une posture originale, à la fois distancée et critique par rapport à l’illustration convenue de revendications identitaires.

Ainsi les œuvres de François Piquet que nous avons eu l’occasion de pouvoir admirer, s’interrogent et nous interrogent sur les mentalités de ses concitoyens pour en pointer -avec compassion- les blessures, tout autant qu’il en expose -avec humour- les contradictions et les failles. S’il s’engage, loin de tout dogmatisme sectaire, dans la défense de causes communes, il pense que l’art doit permettre de surmonter les drames du passé en laissant entrevoir les contours d’une utopie qu’il veut croire possible.

Dans « les Archipels du moi », en 2012, François Piquet soumettait au questionnement le processus de créolisation qui structure les mentalités fragmentées du Guadeloupéen, comme celles de tout Caribéen.

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Au musée d’Orsay : Le Douanier Rousseau. L’innocence archaïque.

rousseau_le_douanierIl serait vain de vouloir placer une étiquette sur le travail d’Henri Rousseau : de même que son parcours artistique, sa peinture est profondément singulière.
Issu d’une famille modeste originaire de Laval, Rousseau est un peintre autodidacte, décrit par ses premiers biographes comme un « peintre du dimanche ».

Longtemps employé à l’octroi de Paris (d’où le surnom de « Douanier » dont il est, par approximation, gratifié par son ami Alfred Jarry), il commence à peindre vers l’âge de quarante ans. Il n’a jamais bénéficié de formation académique, mais cherche à apprendre les codes de la peinture officielle auprès de peintres comme Gérôme, Clément, dont il est un temps le voisin, ou Bouguereau, dont il admire la « couleur chair ».
En 1884, l’apprenti peintre obtient l’autorisation d’exécuter des copies au Louvre ; il se rend aussi au musée du Luxembourg ou à Versailles.

Rousseau ne suit pourtant de règles que les siennes propres, transformant la peinture lisse des académiques en un langage singulier aux accents oniriques. Très conscient de l’originalité de son art, il s’attache à en conserver l’apparente naïveté, acquise, selon ses propres mots, « par un travail opiniâtre ».

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« Les Rencontres pour le lendemain » – Premier bilan

— Par Selim Lander —

mairie Saint-EspritOrganisées à la médiathèque du Saint-Esprit, à l’initiative d’un écrivain philosophe, Faubert Bolivar, épaulé par un petit groupe de volontaires passionné(e)s, les Rencontres du lendemain dont la première a eu lieu au mois de janvier 2016 se sont déroulées jusqu’ici au rythme annoncé d’une par mois. Il s’agit à chaque fois de donner à la personnalité autour de laquelle s’organise la soirée l’occasion de se faire connaître du public autrement que par ses œuvres, d’une manière plus personnelle, plus intime. Le déroulement de chaque soirée suit toujours à peu près le même canevas : les deux ou trois personnes que la tête d’affiche a souhaité avoir auprès d’elle pour témoigner s’expriment avant qu’elle ne prenne elle-même la parole, puis un débat s’ouvre avec le public. Dans les intervalles, un film peut être projeté à la demande de la personnalité invitée et les organisateurs s’arrangent pour lui ménager quelques « surprises » : la lecture à plusieurs voix d’un de ses textes, une chanson accompagnée au clavier ou au tambour, un témoignage qu’elle n’avait pas sollicité, par exemple de la part de quelqu’un d’éloigné qui se sera fait filmer pour la circonstance…

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Le portraitiste Malick Sidibé tire sa révérence

malick_sidibeLe photographe malien s’est éteint à Bamako le 14 avril à l’âge de 80 ans des suites d’un cancer.

Né à Soloba dans une famille peule, Malick Sidibé a d’abord été bijoutieravant d’apprendre la photographie en 1955 auprès de Gérard Guillat. Trois ans plus tard, il ouvrira son propre studio à Bamako dans le quartier de Bagadadji. Portraitiste comme Seydou Keïta, le maitre en la matière, il choisi de ne pas se focaliser sur les femmes élégantes, mais de rechercher des modèles plus populaires. Il capture ainsi la jeunesse noctambule de Bamako des annnées 1960 et 1970. Il est alors de toutes les fêtes.
Lauréat de plusieurs prix internationaux, il est alors considéré comme un des pionniers africains de son art, premier artiste africain exposé seul au Grand Palais, à Paris, pour une rétrospective jusqu’en juillet.

L’oeuvre de Malick Sidibé avait été récompensée par le Lion d’Or à la Biennale de Venise, les prix Hasselblad (Suède) et de l’ICP (Centre International de la Photographie, New York), entre autres. «Je suis un portraitiste naturaliste, pas philosophique», aimait à répéter cet artiste révélé au monde en 1994 lors des premières Rencontres africaines de la photographie de Bamako.

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« Excentricités VII » à Besançon avec Habdaphaï…l’excentrique

— Par Dominique Daeschler —

habdaphai-4Excentrée dans le domaine des pratiques plastiques, avec un spectre si large qu’elle évoque parfois « la thérapeutique parapluie », la performance appelle à la réflexion, à la diversité des conceptions et des expressions. C’est la raison d’être d’Excentricités (septièmes rencontres internationales de la performance) organisées début avril organisées par l’Isba( école des beaux-arts de Besançon) permettant la rencontre d’artistes en herbe et d’artistes confirmés : échanger, bâtir ensemble, un souci constant de la direction qui, au-delà des formations diplômantes, a su s’imposer comme un équipement culturel pratiquant la découverte artistique en partage au sein de son école et dans une itinérance régionale de bon aloi.

Quoi de plus normal que d’y retrouver Habdaphaï avec lequel l’Isba conduit un fidèle compagnonnage : DU Art-Danse-Performance, résidence, DNSEP-Art et bientôt une participation à Back to the trees (installations en forêt) et une exposition dans le sud de l’hexagone. A vos marques, prêts, partez ! Retrouvons le dans Bois sans savoir pourquoi. Dans cette fable dur la consommation Habdaphaï crée avec Julie Le Toquin ne performance à deux voix CES voix sont aussi deux voies, deux directions de la performance.

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Contester le monde des assis : Fromanger au Centre Pompidou

— Par Dominique Daeschler —

gerard_fromangerUne rétrospective orchestrée avec maestria au Centre Pompidou : l’accrochage est ramassé, les commentaires limités. L’exposition donne plus d’importance aux vibrations de l’artiste avec l’air du temps qu’à une chronologie. La définition donnée par Michel Foucault de la peinture de Fromanger « comme fronde à image » est un guide précieux.

Appartenant à « la figuration narrative »avec Monory, Aillaud, Cueco, Rancillac, Télémaque pour un temps, il capte le réel en utilisant la photographie et l’épiscope qui permet de reproduire les images sur les toiles et de les détourer au crayon. Triomphe du talent graphique et des aplats.

Critique du pop américain, Fromanger affirme un militantisme politique et social qui aborde les foules, mai 68. L’album rouge composé de vingt et une affiches sérigraphiées est à la fois d’une brûlante actualité et une critique violente d’une absence de « tout monde ». Les « souffles » sortes d’immenses phares couleur sang, plantés ça et là dans l’exposition, comme naguère dans les grandes avenues de Paris, conjuguent contestation et humour, ce qui n’avait pas échappé aux forces de l’ordre.

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EROICA, un roman sur l’alchimie entre Basquiat et New York

— Par Dominique Daeschler —

eroica_ducrozetTroisième ouvrage publié chez Grasset du jeune auteur Pierre Ducrozet, Eroica nous entraîne dans le New York des squats, dans Harlem et le South Bronx. Un New York respiré, sniffé à en perdre la vie par Basquiat, entre ciel et trottoir.

« Le garçon est sorti de l’imagination du garçon. C’est sa plus belle création. Mais gaffe garçon. Ca glisse aussi dans la fiction ».

Le ton est donné, le pari posé. Pierre Ducrozet possède l’écriture pressée des jeunes gens d’aujourd’hui : on s’y émerveille de faire une phrase avec sujet-verbe-complément ! Cependant cette écriture à l’américaine, cinématographique en diable(les champs, contre-champs y remplaçant toute analyse psychologique), est héritière, dans ses qualités descriptives, d’un Dos Passos, ce qui n’est pas un mince compliment. Ecrit le plus souvent à la première personne (c’est Basquiat qui parle), comme un scénario, avec beaucoup de dialogues, l’auteur nous entraîne dans l’intimité de Basquiat, nous donnant l’impression de le suivre à la trace.

A New York, après les tags signés SAMO « comme de grands sacs de réel emballés », Basquiat devient Jay et célèbre en un an (81-82).

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Wi’anArt, 4ème édition

Exposition au Fort Fleur d’Epée du Gosier du 16 avril au 6 mai 2016

wi_anart-2016-0Entrée libre et gratuite Tous les jours de 9h à 17h
Wi’anArt, 4ème édition, est une manifestation guadeloupéenne de promotion de l’art contemporain.
Avec l’aide des artistes Félie Line-Lucol et Laurence Roussas du collectif Rip’Art et le photographe Philippe Virapin, pas moins de 20 écoles, collèges et lycées de toute la Guadeloupe ont créé des œuvres visuelles et originales sur le thème Je consomme, je crée.
L’exposition invite le public à une réflexion engagée avec les jeunes guadeloupéens sur notre relation à la société de consommation et les nombreux déchets qui envahissent
notre environnement. L’exposition questionne aussi la notion de récupération en art, technique très présente dans la Caraïbe. Artistes et jeunes ne manqueront pas non plus de détourner les icônes de notre société de consommation et les messages publicitaires qui submergent notre quotidien.
Le vernissage, vendredi 15 avril à partir de 18h, sera l’occasion de performances spectaculaires dont celle, très visuelle, de la troupe Correspon’danse de Saint-François, un spectacle de danse de 30 min.


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« Mata Hoata » : arts et société aux îles Marquises

mata_hoataDe Gauguin à Brel, de Stevenson à Melville, les îles Marquises ont fasciné les plus grands artistes. L’exposition leur rend hommage, à travers 300 pièces et œuvres témoignant de la force d’une culture qui a su traverser les époques et dompter l’histoire.

À propos de l’exposition

Écrivains, peintres, musiciens… Nombreux furent les artistes occidentaux qui s’aventurèrent dès le XIXe siècle dans cet ailleurs lointain, séduits par la culture traditionnelle de l’archipel polynésien. Une esthétique sophistiquée et complexe caractérise alors les arts des îles Marquises, marqués par la prégnance de la figure humaine (mata en langue marquisienne), et en particulier les très grands yeux qui ornent les sculptures et les tatouages.

Si la culture traditionnelle a subi les assauts de l’histoire au contact des Occidentaux à la fin du XIXe siècle, elle a réussi à en conserver ses principaux codes, jouant d’ingéniosité pour y intégrer et adapter le regard de l’extérieur. Le profond métissage qui en a résulté, particulièrement visible dans l’artisanat commercial fécond à cette période, a permis aux arts marquisiens de survivre. Un tour de force qui a autorisé le maintien de la culture traditionnelle mais aussi le renouveau actuel des festivals de danse, des arts traditionnels et la résurgence du tatouage.

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« Des vanités… des vanités » : de la poésie et de la science

A Tropiques Atrium du 31 mars au 30 avril 2016

vanite_j-p_breleur-1— Par Christian Antourel —

L’artiste interpelle la problématique du corps qu’il convient de mettre en relation avec des questions liées au temps qui passe, à la vie et à la mort.

Avec « Des vanités…des vanités » il est question de digital painting, sur support plexiglas, ce mouvement de l’art qui consiste à utiliser des outils numériques au moyen d’un programme informatique en remplacement des outils traditionnels de l’art pictural, est une pratique émergente que Jean-Philippe Breleur maitrise à la perfection. Quant aux vanités, elles même, c’est un genre singulier de la nature morte évoquant l’éphémère du vivant. Ici l’œuvre d’art nous rappellent par son expression que nous sommes mortels, donc vains, c’est-à-dire ce qui est vide, creux, inutile et illusoire. Une vanité désigne par conséquent tout ce qui est frivole et insignifiant. L’intention de l’artiste est de donner une « forme au vide » chercher à faire la part des choses donner à voir l’absence dans la présence d’une matière plastique. Dire finalement le triomphe de la mort sur la vie, certainement.

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« La mise en jouissance du sens chez Hervé Télémaque » par Alexandre Alaric

Dimanche 10 avril 2016 , 10h à la Fondation Clément

Cycle de conférences

Alexandre Alaric présentera une lecture de l’oeuvre d’Hervé Télémaque en mettant en évidence son profond et majeur enseignement quant à ce que suppose peindre en Caraïbe en contexte colonial et postcolonial. À n’en pas douter, il s’agit autant d’un itinéraire que d’une méditation sur la relation au monde de l’artiste, comme d’une éducation sentimentale.
En poursuivant son cheminement, Alexandre Alaric ne cherche pas à en donner des clefs, mais plutôt à rendre sensible l’énigme de sa démarche.
ALEXANDRE ALARIC
Maître de conférences à l’Université des Antilles, Alexandre Alaric enseigne la philosophie du langage, la linguistique générale, l’esthétique littéraire et la théorie du discours dans les Caraïbes. Il est actuellement
Directeur du Département de Lettres Modernes de l’UA
CONTACTS PRESSE
Régine Bonnaire
Fondation Clément
Tel : 05 96 54 75 47
courriel : regine.bonnaire_at_gbh.fr

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La révolution Dada a 100 ans et toutes ses dents

— Par Jean-Jacques Régibier —

C’est en février 1916, en violente réaction contre les horreurs de la guerre, que surgit dans un cabaret de Zurich le mouvement Dada. Internationaliste dès son origine – des dizaines d’artistes du monde entier y participeront – le dadaïsme s’affiche d’emblée comme une contestation radicale de toute la culture dominante jugée complice du massacre, mais aussi de tout l’ordre social qui l’a rendu possible. Il inspirera de nombreux courants artistiques du XXème siècle, comme le surréalisme et le Pop Art. Toute l’année, la ville de Zurich fête la révolution Dada.

Faut-il n’y voir qu’une coïncidence ? C’est dans la même rue malfamée du vieux Zurich que des artistes exilés fondèrent le mouvement Dada, à quelques mètres seulement de l’appartement où avait trouvé refuge, au même moment, un autre exilé qui allait lui aussi devenir célèbre, Lénine. Un des fondateurs de Dada, Marcel Jacno, se souvient même l’avoir vu dans le cabaret improvisé qui servira de base au groupe : « Dans la fumée épaisse, au milieu du bruit des déclamations ou d’une chanson populaire, il y eut des apparitions soudaines comme celle de l’impressionnante figure mongole de Lénine, encadré d’un groupe.

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Seydou Keita dans la lumière du Grand Palais

— Par Alexis Campion —
seydou_keita_photosLe photographe malien Seydou Keita, célèbre pour ses portraits noir et blanc réalisés avant l’indépendance de son pays, est exposé aux Galeries nationales. Une première.

« C’est la première fois que le Grand Palais consacre un photographe africain. Seydou Keïta représente une génération élevée sous la colonisation et faisant le lien avec l’indépendance. » Pour Yves Aupetitallot, commissaire général de la rétrospective Seydou Keïta, pas de doute, l’exposition qui s’ouvre au Grand Palais, à Paris, a une valeur symbolique forte car elle rend hommage non seulement à un grand artiste, mais à celui qui fut un pionnier de l’art photographique de son pays, le Mali, avant même l’indépendance, en 1960.
« Seydou était un parfait businessman »

Les oeuvres montrées, pas moins de 300 photographies en tout, parmi lesquelles ses clichés les plus anciens et les plus rares, reflètent une période tout à fait singulière dans l’Afrique de l’Ouest, courant de 1948 à 1959, parcourant ainsi les dernières années de la domination coloniale française. Sous forme de portraits posés, très nets et cadrés avec le plus grand soin, ces images révèlent les multiples visages et aspirations d’une population désireuse de se montrer prospère, élégante, moderne et pourquoi pas bourgeoise.

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Michel Gogny-Goubert, un adepte du « réalisme poétique » en photogtaphie

EXPOSITION Galerie Michèle CAZANOVE, GOSIER, des 7 et 8 Avril 2016.

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— Par Scarlett Jesus* —

« Il paraît qu’en latin « photographie » se disait « imago lucis opera expressa »,
c’est-à-dire image révélée, « sortie », « montrée »,
« exprimée […] par l’action de la lumière ».
Roland BARTHES, La Chambre claire. Note sur la photographie,
Paris, Gallimard, coll. « Cahiers du cinéma », 1980, p. 127.

 

Si Michel Gogny-Goubert ne dévoile qu’aujourd’hui une partie de ses œuvres, son intérêt pour la photographie est très, très ancien. Pourquoi ce « scientifique », libéré de ses contraintes professionnelles, ne pourrait-il aujourd’hui s’inventer une autre identité et se rêver « artiste » ?

Désormais Michel Gogny-Goubert a opté pour le numérique. Mais reste attaché à une pratique photographique de type artisanale, celle du « tout main », depuis les prises de vues jusqu’aux agrandissements et encadrements, en passant par les impressions sur papier. Michel Gogny-Goubert est un perfectionniste qui ne s’interdit pas d’avoir recours aux possibilités offertes par la technologie moderne, tout en refusant délibérément les trucages. Esprit scientifique, il aime la précision quasi chirurgicale.

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Jean-Baptiste Barret : Mythologiques

 Tropiques-Atrium du 31 mars au 30 avril 2016

Les Mythologiques— Par Christian Antourel —

L’exposition proposée par Atrium Tropiques apparaît tel un dispositif performeur, à l’image de la façon dont s’organise et se déploie depuis plusieurs années le travail de Jean-Baptiste Barret autour de la perception des lieux et des paysages. Toutes ces formes ont des caractères communs qui tiennent à la nature de son art et le distinguent de tout autre mode de représentation et d’expression.

L’artiste aurait donc ce don de percevoir le monde autrement que ne le font les hommes ordinaires : ceux-ci ne retiennent des choses que l’utilisation qu’ils peuvent en faire dans le discours d’une sociabilité, ces images banales qu’évoquent le langage commun ; l’artiste lui, les perçoit dans « leur pureté originelle » il nous dévoile la réalité. Si nous pouvions rentrer en communication immédiate avec les choses et avec nous-mêmes, nous serions tous artistes, car notre âme vibrerait continuellement à l’unisson de la nature Photographe Jean Baptiste Baret participe à la représentation du réel en créant des images plus ou moins fidèles il « invente les figures d’une mythologie chimérique » et distille son art.

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Recherches en Esthétique n° 21, « La Réception de l’art ». Présentation.

— Par Olivia Berthon —

recherche_en_esthetique_n°21Le mardi 14 mars 2016, ESPE Martinique

Considérer l’art dans sa dimension sociale, s’interroger sur ce que l’art représente pour nous, pour moi, pour eux, pour les autres, voilà une des acceptions de la réception de l’art.

L’éditorial de ce 21e volume de la revue Recherches en Esthétique nous le précise : ce sont les évènements tragiques, survenus en janvier 2015, les tristement célèbres attentats de Charlie Hebdo qui ont incité Dominique Berthet et son équipe de chercheurs, contributeurs et collaborateurs, à s’interroger sur cette notion, celle de la réception de l’art, qui aujourd’hui, à l’ère d’Internet et des nouveaux médias de communication, se pose en de nouveaux termes.

En s’appuyant, sur la réception d’un dessin qui aurait pu porter la mention « ceci n’est pas le Prophète », pour faire référence à une des trahisons les plus célèbres, celle des images de René Magritte, la question posée se concentre, entre autres, sur la manière dont seront reçus différents « objets » qui tendent à se déployer dans un contexte donné. Contexte qui, à l’heure actuelle ne cesse de se développer, de s’étendre, grâce, comme je le disais à l’instant, à Internet, qui permet une diffusion massive et instantanée d’images flux, au-delà des cultures et des frontières.

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 » Je suis » : exposition de Jean-Claude Bonne

Vendredi 18 mars au samedi 02 Avril

je_suis-1— Par Fernand Tiburce Fortuné * —

Centre Auto, Place d’Armes au Lamentin Martinique

Cette exposition de Jean-Claude Bonne (JCB) nous donne à voir des femmes. Non pas que le thème de la femme ait été absent de son œuvre depuis longtemps, mais ici, il la donne toute, la dévoile, en fait une véritable statue, et le symbole du siècle, qui l’a rehaussée à l’égalité, à la fraternité, à la liberté, après ses combats, ses défaites et ses victoires, enfin.

Nous entrons, grâce à ses œuvres, si caractéristiques qui définitivement portent l’empreinte de Jean-Claude (son graphisme unique, ses couleurs et surtout cette ligne dans laquelle il a créé son mythe féminin), dans une sorte de mémorial, qui nécessairement fait remonter dans notre inconscient l’histoire de leurs luttes, et en même temps dans une actualité gourmande de liberté et d’expression de cette même liberté à travers les corps libérés, les corps que l’on montre, les corps que l’on cache pour mieux les révéler, comme pour dire : « me voici, me voilà, j’existe ! ».

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SENTIER. A l’ombre du panoptique.

27 Février – 07 mai 2016 à l’espace d’art contemporain 14°N 61°W (FdF)

sentier_ombre_du_panoptiqueMise en scène de travaux sur papier, de photographies et d’objets dans un espace clos.

En tant qu’individu, le réel apparaît à Sentier comme dominé par la fragmentation, par la dislocation, des processus toutefois indissociables pour lui des idées d’assemblage, d’entrelacement, et de relation. C’est un constat que chacun peut faire. Le désastre est une force puissante présente dans tout l’univers macrocosmique dans toutes ses dimensions, et l’homme ne saurait bien sûr s’y soustraire, mais il y résiste par la création. La société est fragmentée en sujets, en individualités sur lesquels elle exerce toutes sortes de pouvoirs. À bien des égards, elle ressemble à une prison et plus précisément à un panoptique, cette forme singulière d’architecture carcérale conçue au XVIIIe siècle pour permettre une surveillance étroite de chaque détenu. Michel Foucault, interprète ce concept dans son ouvrage Surveiller et punir comme un paradigme de notre société qui isole les individus les uns des autres afin de mieux les contrôler. Nous avons tous pris conscience ces dernières années, grâce à ceux que l’on nomme aujourd’hui des lanceurs d’alerte, combien nous ne savons jamais qui nous regarde ou nous écoute.

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Jocelyn Akwaba-Matignon à la Galerie Colette Nimar

Les 17, 18, 19 & 20 mars 2016

jocelyn_akwaba-matignonLa Galerie Colette Nimar aura le plaisir de vous présenter les créations du plasticien guadeloupéen Jocelyn Akwaba-Matignon . Quatre jours pour rencontrer un artiste talentueux empreint d’une profonde humanité, pour échanger en toute convivialité avec lui autour de sa démarche de création, découvrir ses oeuvres et vous laisser séduire !
Jeudi 17 mars permanence de 15h30 à 19h
Vendredi 18 mars « After work » de 16h à 20h
Samedi 19 et Dimanche 20 mars « Portes ouvertes » à partir de 10h .Présentation de Jocelyn Akwaba-Matignon
Artiste peintre guadeloupéen né en 1961, titulaire du Diplôme National Supérieur d’ Expression Plastique, Jocelyn Akwaba-Matignon réalise régulièrement depuis vingt cinq ans des expositions ici et ailleurs où il dévoile sa recherche artistique sur les multiples facettes de ses origines.
Son parcours triangulaire (Europe-Afrique-Amérique) à l’image de son logo, est une quête de l’Être, une recherche et un questionnement permanent sur la magie du monde et le mystère de la vie.
Depuis 2003, il vit et travaille sur son île natale, la Guadeloupe, et sa démarche actuelle se situe dans l’espace caribéen et amérindien.

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« Carambolages » : divertir et instruire

carambolages-0Carambolage (n.m) : terme du jeu de billard. Coup dans lequel la bille du joueur va toucher deux autres billes. fig. : coup double, ricochet.
185 œuvres d’art, issues d’époques, de styles et de pays différents, sont présentées dans un parcours conçu comme un jeu de dominos, où chaque œuvre induit la suivante par une association d’idées ou de formes. Les créations de Boucher, Giacometti, Rembrandt, Man Ray, Annette Messager et d’autres artistes anonymes dialoguent au sein d’un parcours ludique qui revisite notre approche traditionnelle de l’histoire de l’art.

Au Grand Palais, Carambolages fait se percuter 185 œuvres sans chronologie, date, ordre. Une expérience.

Qu’y a-t-il de commun entre Hitler, Churchill et Eisenhower? Gloria Freidmann : elle présente une série de reproductions de paysages peints par les trois premiers. En revanche, inutile de chercher des liens entre le tableau de Joseph Steib, charge contre le Führer, intitulé Le Conquérant (1942), et celui de François Boucher, La Jupe relevée (1742), où l’on voit les fesses d’une jeune fille.
Jeu de piste

Pourtant, ces rapprochements audacieux ont bel et bien lieu au Grand Palais, dans une exposition insolite, inhabituelle, dans laquelle se télescopent 185 œuvres disparates, présentées à la façon d’un véritable « jeu de piste ».

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