Catégorie : Arts Plastiques

Habdaphaï : des corps, du corps

Jusqu’au 16 octobre 2019. Fondation Clément, Cuverie et Salle Carrée.

— Par Roland Sabra —

A propos de l’installation  « Canal Trénelle/ Grosse Roche» Barbara Prézeau-Stephenson, la commissaire de l’exposition «  Mondes/Territoires » d’Habdaphaï visible jusqu’au 16 octobre 2019 à la fondation Clément, écrit dans le dossier de présentation « L’enfance constitue la clé de compréhension de cette installation. » Cette remarque pertinente peut s’étendre à l’ensemble de l’œuvre d’Habdaphaï. Déjà en 2006 dans une brochure consacrée à Rhinoloup, un personnage mi-homme mi animal, que l’artiste à peint et dépeint à l’infini on trouvait cette description «  Une corne : phallique, du désir de la vie, d’amour conquérante… Une bosse : celle de la curiosité, de l’enfance candide : on ne crée bien qu’avec l’enfance. » A l’approche de la soixantaine Habdaphaï préserve au plus précieux de son âme cet enfant que l’adulte assassine au matin des jours sombres de la bienséance éclairés de la pale lueur des nécessités et des convenances. Il est cet enfant qui regarde, qui aborde le monde dans une interrogation infinie, éternelle et qui offerte dans la gratuité  de l’acte qui la constitue invite le regardant au balancier de ses renoncements.

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Mondes/Territoires d’ Habdaphaï

30 août – 16 octobre 2019. Fondation Clément, Cuverie et Salle Carrée.

— Par Barbara Prézeau-Stephenson, commissaire de l’exposition —

Tel un poème sonore extrait d’un chant entier de Nicolas Guillén , l’oeuvre plastique d’Habdaphaï convoque les sensations. Pas n’importe lesquelles. La multitude d’expériences picturales, graphiques, les artefacts, les ready-made, installations, vidéos, performances, chorégraphies, qu’elles soient permanentes, vouées au marché de l’art ou éphémères, invoque une Caraïbe, univers de bruits, de sons, d’odeurs, imprégnée du « regard en arrière, un songe de l’enfance » que l’artiste pudique, souhaiterait « petit » et seulement « parfois ». Comme si toute la geste créatrice d’Habdaphaï pouvait être contenue, retenue, freinée, contrôlée par l’ordre social, la pensée cartésienne, la modernité fabriquée, imposée. Comme si l’horizon dans son immensité circulaire, déterminait l’échelle des rêves, de l’expérience, du vécu.
Parce que, l’oeuvre protéiforme d’Habdaphaï, échappe à toute doctrine, à toute velléité de fixation et par conséquent, à toute classification, ce caractère réfractaire à catégorisation, dérange les doctrinaires de l’art contemporain caribéen. De fait, il ne s’agit pas seulement d’un corpus inclassable fabriqué par un artiste libre et autodidacte, inscrit en faux vis-à-vis des institutions académiques.

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Marché de l’art: contraction des ventes malgré une demande solide

Paris – Les prix des œuvres d’art aux enchères ont continué de croître au premier semestre 2019 dans le monde, même si le volume des ventes s’est contracté fortement de 17,4%, les places principales étant fragilisées à l’exception de Hong Kong, « Mecque » de l’art asiatique.

Selon le rapport semestriel communiqué à l’AFP par Artprice, spécialiste des cotations sur le marché de l’art, les collectionneurs d’oeuvres remarquables, alors même que la demande reste solide, semblent attendre des moments plus favorables pour vendre. 

Cette étude prend en compte les enchères publiques (frais acheteurs inclus) de « Fine Art » (peintures, sculptures, dessins, photographies, estampes, vidéos, installations et tapisseries), recensant 262.300 lots (+0.1%) vendus aux enchères dans le monde, pour un chiffre d’affaires cumulé de 6,98 milliards de dollars, soit 17,4% de moins qu’au premier semestre 2018. 

Si 262.300 lots sont été vendus – une légère hausse de 0,1% -, la contraction du chiffre d’affaires est remarquable et affecte tous les plus grands marchés: USA (3,3 milliards USD, -20%), Chine (1,7 milliard USD, -12%), Royaume-Uni (1,4 milliard USD, -25%) mais aussi les marchés plus secondaires comme la France (329 millions USD, -12%).

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Les fils rouges de l’archipélie dans l’installation de Gwladys Gambie

— Par Anna Garzetta —
Lors de la 34ème édition du Festival culturel de Fort-de-France, La Manufacture nous proposait du 18 au 21 juillet au Parc culturel Aimé Césaire sa 3ème édition sur le thème de la cinesthésie. Selon Mylène Emika, responsable de cette édition, la cinesthésie est la « sensibilité organique, émanant de l’ensemble de sensations internes imprécises, qui suscite chez l’être humain le sentiment d’existence, indépendamment du rôle spécifique des sens ».
La Manufacture est le déploiement éphémère d’une culture alternative des arts visuels et des arts vivants. Les palettes qui délimitaient son entrée sont remballées, les food trucks sont partis régaler d’autres publics, l’arène de pierre est vide. Les œuvres présentées, installations, ateliers, danses, concerts, restent pourtant dans notre mémoire. Ces traces dans la mémoire sont le signe que la Manufacture suscite une réflexion non éphémère sur les manières d’écrire, de voir et d’entendre le monde.
Dans cette partie en friche du Parc culturel Aimé Césaire, l’événement se déroulait en nocturne. Le lieu était chichement éclairé. La promenade en prenait des allures fantasmatiques, et l’illusion de l’intimité se mêlait à l’attente d’un rite initiatique.

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« La peinture en éclats » de Julie Bessard

Du 2 août au 23 septembre 2019 à la Fondation Clément

— Par Roland Sabra —

Haute en couleurs est la remarque la plus sûre, la plus évidente qui vient à l’esprit du haut du balcon de verre qui domine la grande nef de la salle d’exposition de la Fondation Clément quand on découvre la scénographie ( muséographie?) construite pour « La peinture en éclats » de Julie Bessard. L’artiste propose une explosion d’émotions visuelles venues comme des cris tendus par des espérances de lumières. De l’éternelle et précieuse enfance qu’elle garde en elle comme source d’un devenir inépuisable elle célèbre le noir du tableau d’école sur lequel le geste de peindre emprunte au souvenir de la craie de couleur. Le trait est vif, nerveux, il s’enroule du ventre de la toile et surgit comme des éclaboussures de vagues. Aux arrondis maternels se mêlent les élans brisés de laves incandescentes qu’ils dessinent et contournent tout autant. Flammes, amandes éclatées, brisures de rêve, feuilles d’arbres infiniment étirées par des soleils de feu brûlent le trou noir de la toile qui toujours par sa constance, son intensité, son impassibilité les ré-hausse et les flatte.

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Julie Bessard : la peinture en éclats

Du 2 août au 23 septembre 2019 à la Fondation Clément

Le travail de Julie Bessard montre une puissante gestuelle, une sorte de rythme organique intérieurement éprouvé qui n’est pas de l’ordre de la figuration, mais est un pur produit d’un effet visuel et émotionnel.
Julie Bessard donne aux pastels à l’huile – en bricolant, en grattant, en repoussant, en effaçant, en usant du support comme d’un palimpseste où la mémoire d’une couleur va en enrichir une autre – une matérialité qui transporte le regardeur dans une abstraction propre à ce médium et à la peinture. Ce travail est un dialogue avec le vécu, une manière de fixer sur le papier les fugitives sensations visuelles, tactiles, émotionnelles ressenties.
Chaque oeuvre présentée, peinte, sculptée ou dessinée a quelque chose à raconter, à dire pour devenir unique dans le regard de celui qui va permettre à ces couleurs, à ces formes de venir jusqu’à lui.

Évènements associés
Samedi 3 août – 15h
Atelier créatif adulte
(Inscription obligatoire sur fondation.clement@gbh.fr)
Dimanche 4 août – 10h
Visite commentée en présence de la commissaire
Dimanche 11 août – 15h
Atelier créatif famille
(Inscription obligatoire sur fondation.clement@gbh.fr)

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8ème édition de l’ IPAF (International public art festival ) au coeur de Fort-de-France

Pour la 8e édition de l’International public art festival, dédiée à la valorisation du patrimoine naturel et culturel de la Martinique, une dizaine d’artistes locaux et internationaux sont invités à créer, sur les murs de la capitale, des fresques murales sur le thème de la faune et de la flore. Le projet est d’enrichir la vie artistique locale dans le cadre d’un festival éco-responsable.

Jusqu’au Lundi 01 Juillet 2019, au coeur de Fort-de-France, une quinzaine d’artistes internationaux tels que Pokras Lampas, Waone Interesni Kazki, John Wentz, Brothers of Light, Delphyne V, Stew, Ana Marietta, Danaé Brissonnet, Ruben Carrasco mais ausi des artistes locaux comme Hélène Raffestin, Gwladys Gambie, Fort Paul, Amylee vont réaliser leurs oeuvres en utilisant exclusivement des pinceaux et de la peinture acrylique.

Programme

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Yan Pei-Ming face à Courbet

 Du 11juin au 30 septembre 2019 au Musée Courbet

— Par Dominique Daeschler —

À Ornans le département du Doubs n’a pas lésiné sur les manifestations (expositions, théâtre, concerts…) réparties sur toute l’année pour célébrer en fanfare le bicentenaire d’un de ses « alternatifs » sans doute le plus célèbre (Fourier, Proudhon Considérant, ne soyez pas jaloux). J’ai nommé Gustave Courbet qui accueille en son musée Yan Pei-Ming : pari malicieux et tonique conduit par la pétillante conservatrice en chef Frédérique Thomas-Maurin. Banco ! L’exposition fait partie des 15 (au sein des Musées de France) ayant reçu le label « d’intérêt national » donné par le Ministère de la Culture.

Au Musée

Se toisent, conspirent, des œuvres du « maître » venues du monde entier (musées et collections privées : Orsay et petit Palais Paris, Japon, St Louis Art Museum, National Gallery of Art Washington …) des œuvres de Ming dont beaucoup ont été réalisées sur place au cours d’une résidence dans l’atelier même de Courbet. Deux hommes « à stature », ayant fait bagage d’évènements politiques forts (la Commune, la Révolution culturelle), connaissant la violence des choix, la conquête de sa propre liberté s’observent dans un face à face conduit tout le long de l’exposition.

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Exposition philatélique : Paul Gauguin, de la Martinique à la Polynésie

Du 12 au 27 juin 2019 au Centre P.Gauguin au Carbet

Le Centre d’Interprétation Paul GAUGUIN, au Carbet, accueillera l’exposition des collections philatéliques de l’association PHILAPOSTEL MARTINIQUE sur le thème « Paul GAUGUIN, de la Martinique à la Polynésie ».
Vous y retrouverez les différentes périodes du peintre inspirées par la Martinique, la Bretagne et la Polynésie.
Ces collections ont été réalisées par des membres de cette association, seule association philatélique des Antilles-Guyane.
Vous pourrez y découvrir et admirer ces petits chefs-d’œuvres que sont les tableaux de Gauguin reproduits en timbres dans le monde entier et qui constituent un véritable patrimoine miniature d’une partie de la peinture française.

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Exposition « Ensemble », Catherine Bland et Sandrine Zedame

Du 8 au 22 juin 2019 à Le Vin L’Art et Vous. Ducos.

— Par Michèle Arretche, amateur d’art —

Quel beau titre pour cette exposition « duo », entre deux membres de l’Association PABE, dont le projet est justement le créer ensemble, le vivre ensemble !

Et quel bel ensemble produit cette rencontre entre deux plasticiennes : Sandrine Zedame peintre, et Catherine Bland céramiste. A partir d’une œuvre à quatre mains réalisée l’an dernier, une sphère en céramique qui accueille le visiteur, elles ont construit cette très originale exposition que nous pouvons voir à la Cave Galerie le Vin , l’Art et Vous à Ducos.

Sandrine Zedame propose une peinture en all over, un art brut qui serait cultivé, une figuration libre qui nous rappelle Robert Combas ou Hervé di Rosa. Un travail qui regorge de détails, de couleurs, d’histoires de vie, de regards. Un corps-paysage qui nous interroge, nous déroute, nous inquiète ou nous ravit. Allez voir de plus près en particulier une toile intitulée « Précipices », technique mixte sur toile 120/60 cm, où tous les thèmes chers à l’auteure sont réunis : les arbres, le destin, la chute, le monde à l’envers, le cycle de la vie, le rétablissement, la résilience.

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Exposition “Parades” de Nicolas Derné

Du 28 mai au 29 juin 2019. Tropiques-Atrium Galerie André Arsenec

« PARADES » de Nicolas Derné est un projet de recherche et de création photographique qui s’approprie ce phénomène [le carnaval] éphémère sociopolitico-culturel.
L’artiste rompt avec la vision stéréotypée du carnaval et de la Caraïbe, symbole de couleurs et de brouhahas, vu depuis les trottoirs ou les balcons.

Nicolas Derné explore d’autres esthétiques, d’autres façons de raconter qui nous saisissent et invitent à participer.
Le premier geste consiste à supprimer la couleur, nous obligeant, en tant que spectateurs, à penser ces couleurs vibrantes et vitaminées déguisées d’une nostalgie sincère avec beaucoup de vérité : nous n’avons pas besoin de la couleur pour percevoir la puissance de l’impact.

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Le monde, par-delà les couleurs (2) : « Invisible(s) »

Exposition Philippe Alexandre jusqu’au 13 juillet 2019

 — par Janine Bailly —

Espace d’Art contemporain 14°N 61°W

À Fort-de-France, dire, se dire. Ou dire le monde en soi. Ou dire les autres dans le monde et le monde en eux. Se tenir face aux autres, au milieu d’eux, et les regarder. Puis les décrire depuis ce centre, les écrire, en mots, en images qu’elles soient peintures ou dessins. Convier presque exclusivement le noir et le blanc. Appréhender le monde par-delà les couleurs, et par le prisme privilégié de l’être humain.

« Invisible(s) », le titre par sa parenthèse ouvre au double sens. Le singulier dirait qu’autour de nous, au-delà du visible le monde est mystère, qu’il est des choses que nous ne saurions voir. Le pluriel nommerait des femmes et des hommes, de ces êtres qu’on ne voit pas, que l’on côtoie sans les regarder, sans deviner leur présence silencieuse. De ces êtres de l’ombre, sur qui la société ne porte ni ses yeux ni ses bienfaits ni sa lumière, auxquels elle ne tend ni l’oreille ni la main, et qui auraient cependant beaucoup à nous dire, beaucoup à nous apprendre.

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Le monde, par-delà les couleurs (1): Nicolas Derné

Galerie André Arsenic, à Tropiques-Atrium, jusqu’au 29 juin 

— par Janine Bailly —

Se tenir tantôt au centre de la Fête, tantôt à sa périphérie : « Oui, c’est ça, accoudé à la fenêtre… ». Pour dire les autres, les regarder et les prendre dans les rets de l’objectif. Les emprisonner ou les libérer ? Leur donner en noir et blanc un nouveau lieu d’existence, les immortaliser peut-être. Ainsi fait le photographe. Et le visiteur à son tour reçoit, comprend ou s’interroge. Enchanté ou perplexe, il prolonge encore par sa lecture, personnelle et secrète, cette vie supplémentaire qui leur a été accordée.

« Parades », tissées donc en noir et blanc. Le titre évoque le défilé, le vidé antillais, le peuple descendu dans la rue, jusqu’à la nuit tombée, et qui a osé jeter son bonnet par-dessus les moulins ! La cérémonie ostentatoire, peut-être aussi le rite renouvelé. La tradition du Carnaval caribéen sera ici revivifiée, et s’il nous incombe d’en recréer les couleurs, libre à nous de garder la bichromie, comme on préfèrerait à la photographie son négatif, ou à l’endroit, l’envers des choses.

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Ernest Pignon-Ernest : « Mes interventions visent à faire ressurgir l’histoire d’un lieu »

— Par Gérald Rossi —

Depuis les années 1970, Ernest Pignon-Ernest court les rues du monde. Le plasticien y colle ses dessins grandeur nature de personnages, toujours en s’inscrivant dans une démarche historique ou sociale. Un numéro de « Passage des arts » lui est consacré. Rencontre.

On vous présente souvent comme le « père » du street art, cette action artistique qui s’exprime dans les rues et que vous avez débutée un peu avant les années 1970. Quelle définition, aujourd’hui, en donnez-vous ?

Dans un de ses derniers ouvrages, le philosophe Régis Debray a eu cette phrase : « Les gens du “street art” font de la rue une galerie, Ernest en fait une œuvre d’art. » J’en suis touché, mais, moi qui doute toujours, je suis aussi un peu insatisfait. Il y a là pour certains un effet de mode. On entend parfois parler de « la plus grande galerie du monde ». Alors que moi, j’aborde d’abord la rue d’un point de vue plastique, avec la couleur des murs, leur texture, et ce qui ne se voit pas ou plus, c’est-à-dire la mémoire des lieux.

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Alain Joséphine, « Habiter l’Espace »

— par Janine Bailly —

Se dire, dire l’espace, se dire dans l’espace. En couleurs, dans l’ombre et la lumière. Par la photographie, la peinture, l’écriture. Avec des pinceaux, des balais. De la toile, du papier. De l’acrylique et de l’huile, du brou de noix, de l’encre de Chine, des crayons de couleur… Avec son corps, son regard, avec toutes les sensations, vécues et fantasmées.

À la Galerie La Véranda de Tropiques Atrium, Alain Joséphine donne à appréhender la nature, celle de la Martinique natale, dans sa force de vie, ses paysages, sa plénitude et ses tourments. Ses grandes œuvres restent sans titre, en diptyques parfois comme s’il fallait, pour « habiter l’espace » sur la toile, dépasser les limites d’un cadre, ou d’une surface donnée. Pas d’encadrement d’ailleurs pour celles-ci, à la différence des petits formats sur papier, qui saisissant un morceau plus fragile d’univers et de temps, ont besoin d’être  assurés dans les limites du cadre. Les grands formats sont pour moi plus chargés d’émotions, j’y ressens davantage ce que disent ces mots, presqu’en forme de haïku, écrits à l’un des murs de la salle : « Autour de moi / Profondes et pures / Mille épiphanies ».

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L’Espace Habité d’Alain Joséphine

Tropiques Atrium du 27 mai au 29 juin 2019

— Par Michèle Arretche, Amateur d’Art —

A La véranda de Tropiques Atrium, « l’Espace Habité » par Alain Joséphine, nous donne à voir une mise en scène lumineuse où se répondent petits dessins et grandes, très grandes toiles.

L’artiste nous convie à une promenade à travers les paysages de son enfance, dans la campagne martiniquaise, ou plutôt à travers les impressions qu’ils ont gravées en lui.

Pour ce résultat il en appelle au hasard et aux postures du corps.

Le hasard est revendiqué par l’artiste dans son processus de création, la place de l’aléatoire fait partie de sa réflexion.

Citons Dominique Berthet dans une conférence sur art et hasard : « Jean Dubuffet par exemple, dans L’Homme du commun à l’ouvrage, a souvent parlé de son rapport au hasard. Il y présente l’œuvre d’art comme « l’empreinte d’une aventure » dont on ignore où elle nous mène et dans laquelle « on y lit tous les combats intervenus entre l’artiste et les indocilités des matériaux qu’il a mis en œuvre ». La dimension imprévisible du résultat était pour lui ce qui faisait l’intérêt de la création, ce qui rendait l’œuvre captivante ; à l’artiste de composer avec le fortuit, de l’exploiter et de tenter d’en tirer bénéfice.

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Exposition « Habiter l’espace » d’Alain Joséphine :

Du 28 mai au 29 juin 2019. Tropiques Atrium  Galerie la Véranda

Le peintre occupe l’espace lorsqu’il rentre en peinture. C’est-à-dire qu’il y apporte son corps. Il investit l’espace de la toile mais également celui de l’atelier.

Investir l’espace c’est en somme manifester sa présence, se signaler, laisser des traces, marquer son territoire. Cet investissement se traduit également par le fait de se déplacer dans l’épaisseur de l’air c’est-à-dire du visible. Mais il se révèle surtout lorsque le corps en mouvement déploie de l’énergie pour organiser cet espace.

Je peins des toiles de grand format posées à plat au sol afin que tout mon corps rentre en mouvement. J’évolue autour et dans la toile avec mes balais et mes pinceaux. C’est une gestion de l’espace pictural qui n’est pas sans rappeler celle du travailleur de la terre, dans l’effort et l’énergie à l’oeuvre. Ce sont ces postures du corps que je veux retrouver en peignant.

Dans le cadre de l’exposition d’Alain Joséphine, « Habiter l’Espace » , aura lieu une conférence d’Alain Joséphine : « Le hasard dans le processus de création » ce mercredi 29 mai, à 19h, salle Case à vent.

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Rencontre avec Jesús Nonato Barrón, sculpteur mexicain de talent

 — Par Myriam Barthélémy —

L’histoire commence y a quelques mois par la rencontre deux artistes sculpteurs à Metepec au Mexique.

Jean Luc Toussaint, sculpteur ferronnier d’art résidant en Martinique depuis de nombreuses années et Jesús Nonato Barrón, sculpteur sur marbre. C’est lors du festival « Quimera » que les deux artistes feront connaissance et se lieront d’amitié autour d’une passion commune la sculpture.

De cet échange, Jean – Luc Toussaint souhaite montrer d’une part sa reconnaissance envers cet homme qui lui a permis de partager son atelier pendant plusieurs semaines au Mexique mais aussi diffuser et faire connaître son travail artistique dans la Caraïbe , plus précisément ici en Martinique.

Mais qui est Jesús Nonato ?

Jesús Nonato Barrón est mexicain, licencié dans des Arts Visuels de l’Université d’Art de l’Institut  Allende, à San Miguel de Allende (2010). Dès 2007, il met en place un atelier pour les enfants dans la maison de la culture de la commune de Xichu au Méxique.

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« Invisible(s) », une exposition de Philippe Alexandre

Du 1er juin 2019 au 13 juillet 2019 à l’espace d’art contemporain 14N 61W.

caryl* ivrisse-crochemar & [creative renegades society.] ont le plaisir de vous présenter la deuxième exposition individuelle de l’artiste peintre Philippe Alexandre, à l’espace d’art contemporain 14N 61W.
Dans une visée platonicienne s’appuyant sur l’allégorie de la caverne, l’artiste est-il celui qui, cruellement ébloui par la lumière d’une vérité indescriptible, peut présenter à nouveau ce monde, en pleine conscience et dans sa vérité indicible ?
Et, s’il est vrai qu’il fait office de vecteur de lumière pour l’homme, comment peut-il révéler alors sa propre vérité ?
Merleau-Ponty pense qu’ « il nous faut retrouver un commerce avec le monde et une présence au monde plus vieux que l’intelligence». Et si cette présence antérieure était cette faculté quasi originelle de produire des images ?
L’artiste est celui qui au-delà des âges a conservé cette liberté de mettre à l’index une réalité qu’il craint voir échapper aux autres. Avec prétention il pense que la création permet, par cet acte aussi messianique qu’angélique, d’imaginer une réalité qui aurait échappé au commun des mortels.

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Le Musée d’Aquitaine affiche un cartel aux relents révisionnistes sur la traite négrière

Un collectif d’écrivains, emmené par Anne-Marie Garat, déplore, dans une tribune au « Monde », la réécriture douteuse de l’histoire à laquelle se livre le Musée d’Aquitaine dans un texte explicatif qui accompagne l’une des salles consacrées à la traite négrière.

 Il semble que les instances scientifiques du Musée d’Aquitaine valident décidément un cartel pédagogique apposé dans l’une des salles consacrées à la traite négrière du port de Bordeaux car, objection ayant été présentée à son directeur il y a plus d’un an, et malgré sa réponse laissant alors espérer une modification, celui-ci est maintenu tel quel à ce jour. Le contexte muséal étant par ailleurs de grande qualité historique et documentaire, ce cartel en est d’autant plus choquant.

Selon celui-ci, « Noirs et gens de couleur viennent à Bordeaux au XVIIIe siècle. » De leur propre chef, par goût du voyage, si prisé à cette époque ? « Pour l’essentiel, il s’agit de domestiques suivant leurs maîtres. » Domestiques ? Ont-ils ce statut qui entend des gages ? L’essentiel ? Pas vraiment puisque, est-il précisé plus loin, « deux tiers sont des esclaves » : appartient-il à ce « bien meuble » de venir à Bordeaux, d’y suivre ou non son maître, qui a sur lui tout pouvoir de vente et achat, de travail forcé, de sévices, de mort… Le mot de déportation ne serait-il pas plus approprié quand le propriétaire s’exempte de l’affranchir, en contravention avec la loi qui dès alors limite le maintien d’esclaves sur le sol métropolitain ?

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Les tableaux rouges et bleus se vendent beaucoup plus cher. Pourquoi?

— Par Céline Delurzache —
On se demande parfois comment certaines œuvres d’art contemporain ultra-simplistes peuvent atteindre des prix exorbitants. Il semblerait que certaines couleurs, en particulier le bleu et le rouge, en soient pour partie la cause.

En 2013, un tableau entièrement bleu de l’artiste américain Barnett Newman, intitulé Ornement VI, s’est vendu pour 43,8 millions de dollars à un acheteur italien. La même année, une autre de ses œuvres composée de trois panneaux rouge vif, Anna’s Light, a été achetée pour 105,7 millions de dollars par une société étrangère (photo en tête d’article).

En 2012, une peinture de Mark Rothko, une des figures de l’expressionnisme abstrait américain, avait atteint le prix record de 388,5 millions de dollars devenant (à l’époque) l’œuvre contemporaine la plus chère du monde. Un tableau composé de deux grosses taches orange et d’une ligne jaune sur fond rouge.

53 200 dollars pour une touche de bleu

Ne vous avisez pas d’essayer de battre ce record avec du noir. Une nouvelle étude néerlandaise publiée par le CentERlab de l’université de Tilburg nous apprend en effet que les tableaux à dominante bleue et rouge se vendent beaucoup plus cher que les autres.

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Mon week-end caribéen

— par Janine Bailly —

Les îles ne sont pas ce qu’on pourrait être tenté de croire en regardant déferler aux débarcadères les touristes que vomissent par milliers les ventres de gigantesques paquebots. S’il est vrai qu’il y a comme le dit la chanson, « le ciel, le soleil et la mer », que la luxuriance de la nature, la beauté des plages et des jardins tropicaux, la chaleur du rhum sur les habitations ont des attraits incontestables, il est loisible à chacun de trouver à la Martinique d’autres occupations conformes à d’autres goûts. Ce week-end, outre qu’il était celui de « La nuit européenne des Musées », s’est montré si riche en propositions singulières qu’il fallut bien faire un choix.

« Manmzèl Julie » :

Vendredi soir, au Centre culturel de Basse-Gondeau, séance de rattrapage pour ceux qui n’avaient pu voir « Manmzèl Julie » en juin dernier. La pièce est une « variation caribéenne » à partir de l’œuvre de Strindberg, variation imaginée par Jean-Durosier Desrivières et mise en scène par Hervé Deluge, qui y tient aussi le rôle de Monsieur Jean. Trois personnages dans le huis-clos nocturne d’une cuisine, sur l’habitation du « Vénérable », Monsieur Auguste, qu’on ne verra pas mais qui est là, présence en creux qui conditionne, qu’ils en soient ou non conscients, les comportements de Jean son majordome, de Kristin sa cuisinière, et de celle qui croyant être la maîtresse du jeu se piègera à ses propres filets, sa fille Manmzèl Julie.

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« Panama et les Antilles : hier et aujourd’hui »

Du 18 au 31 mai 2019 au Centre d’interprétation Paul Gauguin (Carbet)

L’Association Martiniquaise Paul Gauguin, l’AMEL (Association Martiniquaise des Enseignants de Langues) et PHILAPOSTEL vous invitent à l’exposition PANAMA ET LES ANTILLES : hier et aujourd’hui en hommage à Joseph JOS et André STELLA au Centre d’interprétation Paul Gauguin (Anse Turin, LE CARBET).

Leurs routes se sont croisées au Panama
1887 : Paul GAUGUIN et un ami peintre Charles LAVAL quittent la France pour le Panama, en quête d’un paradis tropical, source de nouvelles inspirations pour leur peinture. Gauguin est contraint, pour vivre, de se faire embaucher comme terrassier au Canal interocéanique.
Déçus du Panama les deux peintres s’embarquent pour la Martinique et s’installent au Carbet.

A la même période des cargaisons de Guadeloupéens et Martiniquais quittent Pointe-à-Pitre et Saint-Pierre, poussés par la misère et le chômage, en quête d’un eldorado appelé « Canal de Panama ». Beaucoup mourront dans cette aventure; les autres seront contraints, malgré eux, à rester à jamais au Panama.

Le Canal de Panama, une aventure humaine, une avancée technique extraordinaires…

Le centre d’interprétation Paul-Gauguin, à l’origine connu sous le nom de musée Gauguin, situé au Carbet en Martinique, est consacré au séjour du peintre Paul Gauguin sur l’île en 1887.

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Extra ordinaire Banane… l’exposition !

A la découverte de la banane des Antilles

Culture agricole emblématique de la Martinique et véritable star de la culture populaire, du Banana split de Lio à celle d’Andy Warhol pour le Velvet Underground, la banane est le deuxième fruit le plus consommé en France.

L’exposition « Extra ordinaire banane » revisite l’histoire du plus sympathique des fruits dans un voyage des Antilles jusqu’à Dunkerque. À travers les époques, l’exposition met en lumière la culture de la banane en Martinique et en Guadeloupe. Elle montre comment ce fruit tropical fragile a pu être exporté vers l’Europe en questionnant les progrès du transport maritime et ses répercussions sur les ports, l’étape mystérieuse du mûrissage et la commercialisation.

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Un tableau de Nelson Mandela adjugé pour 112 575 dollars à New York

C’est la première fois qu’une œuvre de l’ancien président sud-africain, qui a peint une vingtaine de toiles, est vendue sur le marché. Signe de l’effervescence mondiale autour de l’art africain.
Regardez bien ce dessin au crayon de pastel à la cire. La toile dépouillée et de petite taille (59 cm sur 42) représente les barreaux de la cellule n° 5 de Robben Island, vue de l’extérieur, en couleur mauve, avec une clef dans la serrure. Cette œuvre est l’une des rares que Mandela – qui a été emprisonné pendant 27 ans au total et qui a inspiré la lutte contre l’apartheid – a gardées jusqu’à sa mort en 2013. Voici ce qu’il écrivait à propos de son œuvre : « Aujourd’hui, quand je regarde Robben Island, je le vois comme une célébration de la lutte et un symbole des plus belles qualités de l’esprit humain, plutôt que comme un monument à la tyrannie brutale et l’oppression de l’apartheid. Robben Island est un endroit où le courage a résisté devant des difficultés sans fin, un endroit où les gens continuaient à croire, quand il semblait que leurs rêves étaient sans espoir et un lieu où la sagesse et la détermination ont vaincu la peur et la fragilité humaine.

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