Catégorie : Expositions

Zadkine, une vie d’ateliers

— Par Dominique Daeschler —

Niché au fond d’une impasse de la rue d’Assas, le musée Zadkine est installé dans la maison atelier du sculpteur. La femme oiseau, sculpture monumentale du jardinet célèbre le quarantième anniversaire de ce musée voulu par le peintre Véronique Prax son épouse. L’exposition d’une centaine d’œuvres réparties entre les deux ateliers est accompagnée de dessins, de peintures et surtout de photos des grands photographes Morain, Vaux, Kertész, Maywald, précieux témoignages de la vie artistique d’un Montparnasse aux multiples ateliers.

Arrivé à Paris en 1910, Zadkine et un des pensionnaires de la Ruche, célèbre cité d’artistes. Plus tard, il enseignera à la Grande Chaumière créant une école d’art rue Notre Dame des champs d’atelier en atelier il ne quittera plus Montparnasse, s’installant en 1928 rue d’Assas avec quelques escapades dans sa maison du Lot ( hors période newyorkaise).

A découvrir ses nus aux longs bustes quasi hermaphrodites, ses têtes tourmentées de colère qui l’emportent sur des œuvres très composées. A New York, Venise, il côtoie Fernand Léger ,Chagall, Lipchitz. C’est dans l’atelier du jardin que l’on se sent plus proche de l’œuvre en train de se faire, les de l’artisan menuisier ( sa première formation),le modelage, le tournage étant mis à nu.

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Ouverture de la Pinacothèque et de l’exposition Roberto Diago à la Fondation Clément

— Par Selim Lander —

Jusqu’ici les œuvres de la Collection Clément, qui se comptent par centaines, n’étaient exposées qu’en très petit nombre dans la Case à Léo ou au hasard des expositions consacrées à tel ou tel artiste. L’ouverture de la Pinacothèquei, magnifique bâtiment d’expositions de plus de 500 m² au sol, permet d’en présenter un choix bien plus large. Les œuvres visibles actuellement le sont jusqu’au 10 avril, après quoi elles laisseront la place à d’autres, et ainsi de suite, ce qui permettra de découvrir au fil du temps les richesses de cette collection. La sélection actuelle ne laisse pas de place au doute, Bernard Hayot est un grand collectionneur au goût très sûr. Aucun doute également quant au talent des artistes martiniquais et plus largement caribéens qu’il a fait entrer dans sa collection. Le visiteur se régalera de découvrir nombre de pièces remarquables. Découvrir ou redécouvrir puisque, comme déjà noté, certaines œuvres ont déjà été montrées dans le cadre des expositions consacrées à tel ou tel ou dans des expositions collectives.

Parallèlement, les visiteurs pourront continuer d’admirer les peintures délicates d’Yves Marie de Malleray et ce jusqu’au 26 marsii et de faire plus ample connaissance avec l’artiste Roberto Diagoiii puisque quelques-unes de ces œuvres figuraient déjà dans l’exposition Buena Vista en 2018.

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« CRETAVIE », une exposition de Margot Asphe

« Je colore, je danse mes gestes »

— Par Christian Antourel —

Encore un supplément d’âme. Un Alliage entre sonorités d’ailleurs et un code dansant Une vague quasi «  underground » surdouée aux préoccupations esthétiques et éthiques. Une œuvre parfois « difficile d’accès » mais qui sait toucher un large public. Margot Asphe, tend à développer sous la forme de formulations artistiques des transmissions à travers son travail, le sentiment d’être vraiment vivante.

Plus que toutes ses autres œuvres « CRETAVIE» pousse la dite obsession bien au-delà, faisant de la continuité son grand sujet. Ecartelée souvent par des fictions éventuelles, des couleurs éclatées qui sentent bon la vie et les purs tours de force visuels, l’artiste tient cependant la cohérence par son propre questionnement. A chacun de leur choc ses tableaux, recomposent l’éclat du chic. Plus qu’une réflexion privée « CRETAVIE» cherche dans sa performance visuelle et ses ritournelles détournées, un état, une saveur, sinon la description minutieuse de sensations et pensées avantageuses. Elle veut sans doute reconstruire le jardin perdu. La vie, c’est le code. « Des toiles de mon passé, des techniques différentes aujourd’hui des instruments de musique et beaucoup de bleus »

D’abord, des images voluptueuses irradiées par une lumière sidérante de beauté.

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Senghor et les Arts au Musée du Quai Branly

Du 07 février au 19 novembre 2023

Portrait de l’écrivain, poète et homme d’État Léopold Sédar Senghor (1909-2001), à travers sa politique culturelle au lendemain de l’indépendance du Sénégal.

Senghor et les arts. Réinventer l’universel met en perspective les réflexions et réalisations dans le domaine culturel de l’intellectuel et homme d’État sénégalais, président du Sénégal de 1960 à 1980, Léopold Sédar Senghor (1909-2001). Pionnier de la Négritude, mouvement politique et littéraire initié avec Aimé Césaire, Léon-Gontran Damas, Suzanne Césaire, Jane et Paulette Nardal, Senghor a défendu l’idée d’une civilisation de l’universel, façonnée par le « rendez-vous du donner et du recevoir ». Sous cette métaphore de l’échange, du « métissage culturel », il manifeste l’espoir d’unir les traditions et d’engager « le dialogue des cultures ». En réinventant et en désoccidentalisant la notion d’universel, il affirme le rôle de l’Afrique dans l’écriture de son histoire.

L’exposition revient sur la politique et la diplomatie culturelle sénégalaise au lendemain de l’indépendance, ses réalisations majeures dans le domaine des arts plastiques et arts vivants, mais aussi ses limites. La pensée de Senghor n’a pas laissé indifférentes les générations nées au lendemain des indépendances ; elle a été largement discutée, critiquée et commentée au fil des relectures successives.

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Yves Marie de Malleray à la Fondation Clément

– Par Selim Lander —

Pour encourager davantage les amateurs d’un art d’autrefois (voir Rosa Bonheur exposée dernièrement au musée d’Orsay) poussé à la perfection, nous reproduisons ce que nous écrivions ici-même en 2015 :

Yves Marie de Malleray est un peintre et graveur délicat. Ses tableaux représentent des paysages de nature sous des cieux chargés de nuages, de sombres mornes qui tombent dans une mer aux reflets vert émeraude, des oiseaux de nos îles, quelques animaux de la savane africaine.

Chez cet artiste, la précision du dessin et du pinceau n’empêche pas mais contribue plutôt à créer dans nombre de ses toiles, même – ou plutôt surtout – lorsqu’il peint des paysages familiers, une atmosphère onirique. Etroitement fidèle à la réalité, il n’invente pas moins un autre monde, situé ailleurs, peut-être sur une autre planète demeurée à l’état sauvage. Cela tient surtout à l’éclairage, pour les marines, à une attitude ou un regard lorsqu’il peint un oiseau. Il y a également de l’orientalisme dans certains de ses grands formats et cela est moins dû au motif, parfois ouvertement oriental, qu’à une manière qui évoque alors directement l’art de l’ancienne Perse.

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Isabel Tronçon : l’art abstrait à la Bibliothèque Schoelcher

—- Par Selim Lander —
Se confronter à une œuvre abstraite est toujours une expérience intime. Certes, cela est vrai de tous les arts puisque ceux-ci, dès lors qu’ils nous touchent, nous font découvrir une part de nous-même que nous ignorions. Mais tandis que l’art figuratif impose d’emblée une forme et un sens, orientant fatalement notre propre perception, l’art abstrait, comme la musique, nous laisse d’emblée indécis, nous contraint à l’interprétation et cela est encore plus vrai de l’abstraction lyrique, celle pratiquée par Isabel Tronçon, que de l’abstraction géométrique.

Interpréter, ici, signifie moins décrypter l’histoire que – peut-être – raconte le tableau que d’entrer en nous-même pour chercher quels sentiments ils éveillent. Une expérience se situant quelque part entre l’introspection et la méditation voire le rêve éveillé.

À en croire Guy Mamès dont un texte accompagne l’exposition, I. Tronçon se reconnaîtrait dans la Poétique de la relation glissantienne. S’il est évidemment difficile de le vérifier sur la base de tableaux qui ne véhiculent par définition aucun message explicite, on comprend aisément qu’une artiste qui se trouve transplantée en Martinique depuis sa Normandie natale puisse être séduite par une philosophie mettant en avant sous le terme créolisation l’enrichissement inhérent au croisement des cultures.

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Serge Hélénon – Palette Palimpseste

Jusqu’au 11 février 2023 / Fondation Clément

— Par Giovanni Joppolo —
La salle carrée et la Cuverie – La NEF
Pour Serge Hélénon, l’art n’est pas seulement un outil de documentation et de représentation du réel. Sur les sentiers du monde qu’il parcourt, les débris trouvés sont vivants, et le véritable enjeu qu’il poursuit est d’inventer des dispositifs plastiques capables de devenir des organismes vivants, des espaces de dialogue et de réconciliation de l’homme pour l’homme.
Hélénon participe à sa manière de la famille des constructivistes et des déconstructivistes, c’est-à-dire des équarrisseurs dont les pionniers en art furent certainement les cubistes suivis par tous ces grands artistes inventeurs que furent Schwitters, Arp, Nevelson, Arman et autres façonneurs de formes qui ont fait du vingtième siècle un immense laboratoire de dispositifs plastiques élaborés en un continuel renouvellement à partir de l’utilisation de matériaux puisés dans l’immensité du bruissement quotidien.
La priorité d’Hélénon est celle de l’homme capable de décréter et construire l’art en partant de la nature humaine.
Pour ce faire, l’artiste ramasse sur sa route les reliques les plus diverses du monde qui fabrique, consomme, jette ou recycle.

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Anthropique d’Iskias : « Expression directe »

Jusqu’au 11 février à l’Étang Zabricot

— Par Christian Antourel —

Vous êtes invités à découvrir ou redécouvrir l’artiste peintre franco-vénézuélien ISKIAS Pannier Fraino . Iskias est un artiste d’une extrême singularité. Désabusé par la dialectique conceptuelle, il occupe le terrain pictural au moyen d’un langage exsangue de tout maniérisme formel. Sa peinture ici est faite de révolte et de nostalgie. Il va à l’essentiel et traduit le malaise d’une société désengagée de la problématique sociale et politique. Il veut nous alerter avec humour maïs fermeté sur l’équilibre écologique en péril aux Antilles et dans la planète entière car : « La terre parle un langage oublié des hommes »

Le travail d’Iskias explore une fois de plus l’âme et le cœur de l’humain. Corps torturés  de notre société par trop consumériste, aliénée jusqu’à l’absurde déraison. Le Léviathan veille. Attention danger ! Mais aussi corps envisagés, apaisés corps voluptueux que l’artiste suggère pour une résurgence quasi tellurique. Il délivre son message avec son inquiétude, ses angoisses, ses espoirs, et parvient à conserver cet humour féroce dans un style post-pop qu’il exalte autant au détour du thème de la préservation des forets, notamment amazoniennes il plaide pour la défense de la population indigène.

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Dapper expose à Abidjan : L’Art dans la Cité

Du 25 janvier au 22 avril 2023
Une exposition conçue et organisée par la Fondation Dapper
Sous le commissariat de Aude Leveau Mac Elhone
En partenariat avec la Rotonde des Arts Contemporains
La Fondation Dapper s’associe à la Rotonde des Arts Contemporains pour présenter L’Art dans la Cité, sa première exposition en Côte d’Ivoire.
L’Afrique est le continent qui s’urbanise le plus rapidement au monde. Il compte aujourd’hui une quinzaine de villes de 5 millions d’habitants ou plus, dont Abidjan.
Synonyme de dynamisme et de puissance économique, cette croissance a également des effets délétères que l’on ne peut ignorer. Dès lors, quels en sont, concrètement, pour les citadins, les conséquences positives comme négatives et les enjeux ?
En évoquant Abidjan, Dakar, Nairobi, Le Cap, Johannesburg, Bamako, Lagos, Kinshasa, Cotonou ou encore Douala, les quelque vingt-cinq artistes contemporains sélectionnés par la Fondation Dapper mènent, directement ou indirectement, cette réflexion.
Loin de proposer une vision uniforme des villes du continent, chaque photographie, peinture, installation, vidéo, sculpture présente une perception propre à son
auteur(e) nourrie notamment par son cadre de vie et ses expériences personnelles.

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Festival International d’Art Performance (FIAP Martinique)

Du 27 janvier au 28 février 2023 aux Archives Territoriales de Martinique

Dans le cadre de la quatrième édition du Festival International d’Art Performance (FIAP Martinique), l’association Artincidence présente une exposition des créations réalisées pendant le temps fort qui s’est tenu en mai 2022.

Cette exposition se déroule aux Archives Territoriales de Martinique du 27 janvier au 28 février 2023.

En janvier et février 2023, les Archives Territoriales de Martinique reçoivent une édition spéciale du Festival International d’Art Performance (FIAP Martinique).

Pour cette occasion, les co-commissaires du festival, Annabel Guérédrat, Alicja Korek et Henri Tauliaut ont monté une exposition regroupant une sélection de photographies, de précieux objets d’art utilisés pendant les performances et de montages vidéos des performances captées en mai dernier.

13 artistes locaux et internationaux, invités du FIAP 2022 Martinique sont ainsi mis à l’honneur pour cette 4ème édition.

Le but de cette exposition est de donner une seconde vie à ces performances captées, afin de les rendre accessibles au grand public, de rendre pérenne l’art de la performance éphémère et également de décloisonner cet art et de l’inscrire dans nos réalités contemporaines.

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Serge Hélénon à la Fondation Clément

— Par Selim Lander —

Édouard Glissant, dans la préface au livre de Dominique Berthet consacré à Serge Hélénon i voyait dans les œuvres de ce dernier des « portes ». L’image est encore bonne pour la plupart des œuvres exposées cet hiver, rectangles approximatifs en matériaux composites où domine le bois. « Les travaux d’Hélénon, ajoute Glissant, rameutent les vieux bois, les bois-caisse, le matériau-bidonville, toute barrière ébranlée, les planches raboutées ». Hélénon pratique un art brut, très rarement figuratif, il noircit ses planches pour un effet de brûlé, combine les matériaux et les couleurs. A côté des « portes », des sculptures se dressent, tout aussi énigmatiques.

A quatre-vingt-huit ans, Serge Hélénon est toujours actif. Il continue de récupérer, trier, modifier ses matériaux avant de les assembler et de les peindre, suivant le chemin tracé lors de son séjour africain où il enseigna les arts plastiques pendant vingt-quatre années. On se souvient peut-être que c’est à Abidjan, en 1970, qu’il fonda avec Louis Laouchez (1934-2016), son ami de jeunesse, martiniquais comme lui, rencontré à l’École des Arts appliqués de Fort-de-France, retrouvé en Afrique, une « École négro-caraïbe » qui se voulait avant tout « fidèle à ses soubassements nègres ».

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Exposition « Sé dèyè bwa ki ni bwa ! » de Patricia Lollia

Du 10 au 20 Décembre 2022 au Pavillon de la Ville de Pointe-à-Pitre

« Sé dèyè bwa ki ni bwa », tels sont les mots qui m’ont traversé l’esprit quand j’ai eu à nommer cette exposition.

« Sé dèyè bwa ki ni bwa ». S’il nous fallait révéler le sens de cette métaphore, sans doute, y aurait-il autant

d’interprétations qu’il y a de personnes au Pavillon de la Ville.

Nous savons que la langue créole, dans sa substance intime, fait un usage de métaphores que nous déchiffrons au gré de nos expériences personnelles.

« Sé dèyè bwa ki ni bwa », je laisse le soin à mon imagination de vous en proposer une première traduction.

Peut-être, s’agit-il d’un avertissement, d’une mise en garde contre notre penchant à nous satisfaire de peu en proclamant souvent : « I bon kon sa ! », ce qui justifie la négligence et la frivolité dans toute leur banalité.

Eh bien NON! « I pa bon kon sa!” car il y a toujours à faire, toujours à construire, à conquérir, à inventer, à créer, à se dépasser.

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Les Vérificateurs de l’Insolite 

— Par Dégé —

Bien sûr nous savons tous ce qu’est l’Insolite. Vérifions-le dans le cadre déjà bien connu du Créole art Café à Saint-Pierre puisqu’on y déjeune au milieu d’objets hétéroclites anciens comme une table gynécologique, des menus cadeaux de dernière minute, des casseroles rétamées… Le concept « moderne » de cette mini galerie d’art rappelle nos magasins d’autrefois qui vendaient du pain, des fichus de madras, des coutelas, des boutons de culottes, des milans… 

L’insolite a-t-il un lien avec l’ancien, l’hétéroclite, le bazar, le baroque, l’inhabituel, l’étrange…What else ? En tout cas l’effet produit semble bien être la surprise, l’étonnement, le choc, le désarroi, le dérangeant…quoi d’autre ? 

Suivons le guide du PABE. Dès le rez-de-chaussée, la scénographie (*1) nous conforte avec le Crapaud surfeur*(4) ou les Lèvres*(6) : la surprise est là, on sourit, on rit même car l’Insolite et le rire sont proches dans le décalage produit par l’inattendu positif. Mais nous sommes décontenancés par la Pietà et le cartel qui accompagne les magnifiques polyptyques (*1) : il s’agit de mort ! La photographe nous propose-t-elle ici paradoxalement un chemin de vie, un cycle de création allant du figuratif le plus achevé à l’abstrait aléatoire en passant par l’imaginaire arbitraire ? 

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Anthropique

ANTHROPIQUE du samedi 19 novembre au samedi 11 février 2023

Par le collage de deux mots «anthropos», l’homme, et le lieu tropical, le titre ANTHROPIQUE, invente un concept et infuse le thème et la pratique engagée de l’artiste ISKIAS. En opposant dans ses représentations, la fragilité de la nature au système économique écrasant, la tradition à la modernité, l’artiste veut nous interpeler sur l’urgence à réagir pour sauver l’équilibre écologique en péril des Antilles et plus largement de la planète entière. Les titres des tableaux jouent des mots et des situations critiques représentées et contribuent à la poétique de l’œuvre.

ISKIAS conçoit sa démarche artistique comme un collage où se superposent et se juxtaposent des fonds et des inserts contrastés, peints selon une hiérarchie de la surface, qui fait sens. Toute la composition est soutenue par une technique de dessin et de peinture en une figuration maîtrisée.

Ses images peintes utilisent et détournent les codes de la publicité dans une expression originale et engagée pour un meilleur ordre sociétal. Par l’insertion de chiffres et des noms de marques, certaines toiles d’ISKIAS plus humoristiques, adoptent par endroit des manières du Pop Art revisité dans l’actualité tropicale.

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De l’art d’alerter : les actions des militants écologistes dans les musées ont-elles un sens ?

Des actions militantes provocatrices se multiplient dans différents musées en Europe et dans le monde. Que veulent-elles dire ? Sont-elles efficaces ? Les analyses de Sylvie Ollitrault, directrice de rehcerche au CNRS, et Emmanuel Tibloux, directeur de l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs.

Latifa Madani

Par leurs actes de régression, les activistes veulent remettre les compteurs à zéro et rappeler que nous sommes des êtres vivants comme les autres.

— Par Emmanuel Tibloux, Directeur de l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs —

Si beaucoup de choses ont été dites sur les actions menées dans les musées par les militants écologistes de Just Stop Oil et autres mouvements apparentés, on est loin d’en avoir pris la pleine mesure. Au contraire, on aura tout fait pour en minimiser la portée. On aura dit : ils ne savent pas ce qu’ils font, ils mélangent le réel et le symbolique, ils sont la proie de la pulsion de mort, ils sont manipulés, ils détestent l’art, ils ne comprennent rien, ce sont des voyous.

Comme s’ils souffraient tout à la fois d’un manque d’intelligence, de culture et d’éducation.

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Expositions : du monochrome à l’hyperréalisme

— Par Selim Lander —

Deux expositions simultanées, l’une à Aix-en-Provence consacrée à Yves Klein, l’autre à Paris qui présente trente sculpteurs hyperréalistes, entre lesquelles on ne saurait réaliser un écart plus grand. Ces deux manières d’aborder l’art ont néanmoins un point commun, les deux rencontrent des réfractaires qui leur dénient toute prétention artistique, le monochrome étant rabaissé au travail des peintres en bâtiment qui appliquent une couche uniforme sur les murs et l’hyperréalisme à un recopiage dépourvu d’inspiration, une reproduction servile à base de photos (les tableaux) ou de moulages (les sculptures).

Yves Klein Intime à l’Hôtel de Caumont

Yves Klein représente un cas tout à fait à part dans l’histoire de l’art du siècle dernier. Pour la brièveté de sa carrière, de 1954 à 1962, année de sa mort brutale à trente-quatre ans et pour la manière unique dont il a mis en scène sa pratique artistique. Aussi est-ce une très bonne idée que de mêler dans une exposition la présentation de l’œuvre à celle de la vie de l’artiste.

Klein est connu pour ses fameux monochromes peint dans le bleu « IKB » (International Klein Blue) préparé suivant ses instructions, des monochromes déclinés sous diverses formes, des toiles de format plus ou moins imposant et d’autres supports plus inattendus comme des éponges.

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« Interfaces » Exposition d’Henri Tauliaut

Tropiques-Atrium Galerie Arsenec du 8 novembre au 3 décembre 2022

Dans la veine et l’esprit de Empowerment, exposition présentée au Fonds d’Art Contemporain de Guadeloupe en 2018, et d’ADN Caraïbe proposée en juillet dernier toujours sur l’île papillon, Henri Tauliaut poursuit ses explorations croisées entre nature, sciences, art et rituels avec son nouvel opus titré Interfaces. Les propositions de l’artiste et son postulat de recherches ne peuvent se départir du principe que l’interface représente bien l’idée d’une rencontre entre deux éléments, milieux ou systèmes distincts ; il permet donc le passage d’un système à un autre, par exemple du monde analogique au monde numérique, du réel au virtuel. Henri Tauliaut va alors développer la question sous-jacente à cette exposition : quel type de dispositif pourrait permettre la relation entre humains et non humains?

C’est avec une série d’installations et d’oeuvres interactives que l’artiste guadeloupéen installé de longue date en Martinique va investir la Galerie Arsenec pour partager ses expériences pluridisciplinaires. Vous êtes cordialement invités à participer à cette aventure artistique et sensorielle et trouverez ci-­‐dessous la biographie de l’artiste, le carton d’invitation pour le vernissage de l’exposition, ainsi que le visuel de INTERFACES.

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Un séminaire en faveur des grandes expositions dans les musées africains

— Par Pierre Firtion —

Le ministère français de la Culture accueille depuis près de 30 ans des professionnels étrangers qui travaillent dans le monde de la culture pour leur faire découvrir les politiques culturelles mise en place dans le pays. Dans ce cadre, un séminaire était organisé du 10 au 20 octobre, rassemblant 15 responsables de musées africains dans l’objectif de les aider à organiser des expositions temporaires dans leurs établissements respectifs.

Ce matin-là, les échanges tournent autour des partenariats à nouer pour organiser des expositions temporaires dans les pays. Calixte Biah, le conservateur du musée d’histoire de Ouidah au Bénin, écoute attentivement car le sujet l’interpelle :

Quand on parle du mécénat, par exemple, c’est quelque chose qui est très difficile à aborder dans nos institutions, mais c’est très développé ici en France. Ce sont des choses très intéressantes.

Financement, techniques de demandes de prêts : de nombreuses problématiques ont été abordées tout au long de ce séminaire. Muséologue au musée des civilisations de Côte d’Ivoire, Goury Antonio Gnagbo se réjouit d’avoir pu trouver des idées pour la mise en valeur du Djidi Djidji Ayôkwé, un tambour que la France va prochainement restituer à la Côte d’Ivoire :

« Comment imaginer un conte autour de cet objet-là pour que les enfants apprennent mieux, nous l’avons appris au Musée du Louvre.

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Le musée Soulages

Le musée Soulages est un musée d’art contemporain situé à Rodez, dans l’Aveyron, en région Occitanie.

Construit pour exposer des œuvres du peintre français Pierre Soulages, il reçoit également des expositions temporaires d’autres artistes contemporains. Il obtient le label « Musée de France » le 20 décembre 2005, avant même que la première pierre ne soit posée. Il est construit sur le plateau du Foirail, aux portes du centre historique de Rodez et de la cathédrale Notre-Dame. L’inauguration se déroule en présence du président de la République, François Hollande, le 30 mai 2014.

Le projet
Genèse
L’idée de construire un musée vient de Marc Censi, maire UMP de Rodez de 1983 à 2008. Cette idée est validée par l’artiste en raison de la proximité de la cité ruthénoise et du village de Conques :

« J’ai accepté, car ce projet est lié à l’abbatiale de Conques, un lieu proche de Rodez, auquel je suis très attaché. Adolescent, j’ai tellement été bouleversé par la beauté de l’architecture de cette église que j’ai décidé de me consacrer à l’art. Lorsqu’on m’a demandé de réaliser ses vitraux, je n’ai pas hésité.

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La grande exposition de « L’Art Gonds Tout » à Tropiques-Atrium

Du 26 septembre au 29 octobre 2022

— Par Selim Lander —

Pour sa première apparition sur les cimaises prestigieuses de Tropiques-Atrium, à Fort-de-France, l’association L’Art Gonds Tout a réalisé un coup de maître. Le commissaire de l’exposition, Fabrice Gerardin, par ailleurs président de L’Art Gonds Tout, a réuni des œuvres de onze plasticiens appartenant à l’association, dont une majorité d’artistes femmes et quatre hommes. Les habitués des expositions d’art contemporain ne connaissent que trop les déceptions face à des œuvres absconses et prétentieuses, quand elles ne sont pas tout simplement d’une grande laideur. Quel soulagement, ici, de se trouver environné par la beauté. Rien qui puisse choquer, alors que l’ambition de tant de pratiquants de l’art dit contemporain se ramène à vouloir « choquer le bourgeois », le simple mot « beauté » étant pour ceux-là presque une grossièreté. Les œuvres réunies ici sont faites au contraire pour être admirées et, pourquoi pas, si l’envie vous en prend, acquises et emportées afin d’en profiter durablement.

Seule concession à la mode, l’exposition n’est pas qu’une réunion d’œuvres sélectionnées comme pour les « salons » d’antan.

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« Écolo…Graphie », 26 septembre-29 octobre à L’Atrium

Le mot du commissaire :

Pour ce qui est du thème, nous avons pensé à celui de l’écologie, thème très actuel et prégnant dans nos sociétés d’aujourd’hui et de demain.

Sur les grands thèmes liés à l’environnement, au développement durable, à la biodiversité, à l’éco féminisme et à l’avenir de la planète, à propos de phénomènes aussi bien mondiaux que locaux, chaque artiste exposant permet d’ouvrir le débat, de susciter le dialogue et la réflexion à partir de ses créations personnelles.

Cette exposition regroupe les créations originales de dix artistes plasticiens de l’île, et d’un créateur de Guadeloupe.

Parce que nous sommes tous concernés par les dérèglements climatiques, les phénomènes de réchauffement, la pollution … et par la préservation de la planète Terre, cette exposition se veut aussi bien pédagogique que pragmatique.

Fabrice GERARDIN

Président de l’association L’Art Gonds Tout

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« Hardboiled Wonderland », de Carla Rebelo, au Saint-Esprit

15 juillet – 10 août 2022 Médiathèque Alfred Melon-Degras au Saint-Esprit
19 juillet 2022 à 15h Atelier Photographique en présence de l’artiste
19 juillet 2022 à 19h Présentation de l’exposition en présence de la photographe Carlo Rebelo
RSVP : zaka@sist.co
Hardboiled Wonderland : La Station Culturelle, en partenariat avec l’association Zist, présente l’exposition Hardboiled Wonderland de la photographe santoméenne Carla Rebelo visible du 15 juillet au 10 août 2022 à la Médiathèque Alfred Melon-Dégras au Saint-Esprit (durant les horaires d’ouvertures de la médiathèque).

Prises à Sao Tome en 2017, et ce, de façon improvisée pendant un évènement consacré à la mode et à la danse, Hardboiled Wonderland se défini comme un espace performatif où la libre expression entre la photographe et les participants mène à des échanges sur l’identité, les éventualités futures et les nouvelles issues. Ce travail découle des sentiments d’incertitude de Carla Rebelo concernant l’avenir. Il s’efforce de revendiquer le droit de réinventer et de s’écarter des récits traditionnels, à travers l’art, en  particulier lorsque les paysages environnementaux, économiques et politiques semblent précaires.

Autour des expositions en cours :

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L’exposition « Aspiration aux voyages » au Musée Gauguin, au Carbet

— Par Selim Lander —

L’idée de cette exposition collective est née lors du premier confinement en mars 2020. L’horizon s’était brutalement rétréci, ne restaient que les pouvoirs de limagination et lenvie de créer quelque chose.

Du voyage intérieur, immobile au tourisme de masse en passant par le voyage initiatique, spirituel, musical et onirique , voire lexil où le voyage devient arrachement, cette exposition organisée par lassociation Lartgondstout propose une rencontre dans lunivers intime de 7 artistes : Marie ALBA, Hélène JACOB, Chantal NOTRELET, Isabelle PIN, Jerôme SAINTE-LUCE, Garance VENNAT, Sandrine ZEDAME.

Marie Alba a désormais une solide pratique de « l’upcycling ». Elle présente ici une installation réunissant l’un de ses mannequins masculins richement décoré à côté d’une authentique valise. Elle évoque ainsi puissamment l’exil, un exil d’une sorte inouïe cependant, car son mannequin n’est pas seulement arrivé d’ailleurs, il vient d’un autre temps – passé ou avenir ?

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Avignon 2022 : l’artiste afghane Kubra Khademi met en scène des corps libres

Exposition. À Avignon, l’artiste afghane, autrice de l’affiche du Festival, présente à la collection Lambert une sélection de ses œuvres dans « First but not last time in America ».

Correspondance particulière.

L’artiste afghane Kubra Khademi entre dans la pièce, déroule une bobine de fil doré et commence à tisser une toile sur un tas de vestes éparpillées au sol. Elle ignore le public qui l’observe, concentrée sur sa création. La performance De l’armure aux gilets accompagne l’exposition « First but not last time in America » à la collection Lambert, sur toute la durée du Festival d’Avignon. Kubra Khademi est aussi l’autrice de l’affiche de la 76e édition du Festival, une colonne de jeunes femmes nues qui regardent à l’horizon.

S’affranchir de toute sexualisation

Bien loin de la polémique qui accuse l’artiste de promouvoir la pédophilie, Kubra Khademi défend un art engagé, inspiré de la culture afghane et mettant en scène des corps libres. Les fresques exposées à Avignon s’affranchissent de toute sexualisation du corps des femmes. Les lignes sont nettes, l’artiste a choisi des gouaches ocre et bleu uni, et les silhouettes rappellent des miniatures mongoles.

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Fabien Wesner Fleurant, un artiste confirmé

— Par Jean-Robert Léonidas* —

Je viens de découvrir un artiste confirmé et je suis désolé de ne pas pouvoir être à Larchmont, N.Y. pour apprécier toute la panoplie de ce one-man-show, étant plutôt à l’autre bout du monde, dans la Grand-Anse profonde baignée de ses quatre rivières. Cependant j’ai vite apprécié le tableau ci-dessus présenté comme modèle. Et j’ai envie de me dire : Va cours , vole et engrange !

Côté médecine et scientifique mis à part, nous sommes heureux de présenter un artiste qui a pénétré avec succès dans le sanctuaire des couleurs et des ombres. Une idée m’est soudain venue en tête, port-au-princienne, je dirais, comme la naissance et la jeunesse de l’artiste. Que dis-je ? Une idée plutôt toute haïtienne. Un mythe provincial et créole, celui de l’arc-en-ciel qui se désaltère dans le courant d’une rivière et dont un plasticien a volé le bonnet. Alors le voleur d’arc-en-ciel, mieux qu’un voleur de pervenche, s’enrichit à l’instant. Pas nécessairement en pognon. Mais en inspiration, en rêves, en pouvoir de composition, en manipulation maitrisée de la roue des couleurs.

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