Adapter le célèbre opéra Carmen de Bizet en le transposant dans le monde contemporain ? Déjà Oscar Hammerstein II l’avait fait en 1943 pour Broadway avec Carmen Jones, dont Preminger devait tirer un film culte en 1954. L’œuvre devient aujourd’hui un musical cubain, le premier du genre, d’après Bizet mais en espagnol et situé cette fois à La Havane, à la veille de la révolution cubaine. Carmen travaille toujours dans une fabrique de cigares, mais la habanera retrouve ici son pays d’origine !
Situant l’action à l’époque où Castro et ses militants entreprirent de renverser le dictateur Batista, le dramaturge cubain Norge Espinosa Mendoza donne une résonance contemporaine à l’histoire intemporelle de Carmen. À Guantánamo, dans la campagne cubaine, Carmen, fille d’un soldat américain et d’une prostituée cubaine métisse, rêve d’une vie meilleure. Prisonnière de la fabrique à cigares locale, elle ne dispose que de son puissant pouvoir de séduction pour tromper l’ennui. Elle remarque José, un jeune soldat aussi naïf qu’innocent engagé dans l’armée de Batista qui finit lui aussi par succomber à sa beauté sensuelle. Croyant ainsi défendre l’honneur de son nouvel amour, José finit par tuer un sergent de son régiment ; le couple n’a d’autre alternative que de s’enfuir pour La Havane. Comme Rome à la veille de sa chute, La Havane des jours qui précèdent la Révolution est une ville gagnée par la corruption des mœurs et par les vices. La luxure est omniprésente et Carmen se fait vite remarquer. Devenue « La reine de La Havane », elle se lasse de José, dont la passion dévorante l’étouffe autant qu’elle l’inquiète. Bientôt, elle fait la rencontre du redoutable et charismatique El Niño Martinez, le plus célèbre boxeur de l’île. Cette rencontre scelle son destin,tandis que La Havane est en proie à la destruction et aux pillages des forces rebelles de Castro…
Avant dernière grande production scénique de la saison 2015-2016, Carmen la Cubana fait le lien entre l’opéra populaire et la création contemporaine.